Romana.

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00:00Salut Roumane, merci pour ta participation à cet entretien et plus d'abord est-ce que
00:05tu peux te présenter à nos abonnés ?
00:07Bonjour Irina, oui bien sûr, donc je m'appelle Roumane, j'ai 28 ans, je suis française,
00:14je vis actuellement dans le sud de la France, je travaille dans le secteur du transport
00:22de la logistique industrielle, j'ai 28 ans, j'ai été en Russie plusieurs fois sur les
00:31dernières années avant la période Covid etc. en 2018 et en 2019, là où j'ai effectué
00:38deux stages dans une entreprise française spécialisée en logistique, donc bien évidemment
00:45étant russophile et je me considère comme russe de cœur entre guillemets, on va dire que j'ai
00:53beaucoup aimé la culture russe, moi à côté de ça j'aime aussi tout ce qui va tourner autour de
00:57l'histoire, de la géopolitique, de la culture et également tout ce qui va être plus attrait à tout
01:03ce qui va être skincare, beauty etc. Voilà. Voilà, c'était quelques raisons pourquoi on a
01:11décidé de filmer cette interview, mais quand même selon toi, pourquoi tu as décidé, pourquoi tu
01:21voulais faire cette vidéo avec moi ? Eh bien en fait je t'ai suivie il y a quelques mois maintenant
01:29sur Instagram via des reels et j'ai trouvé ton contenu intéressant parce que moi je scrolle
01:36toujours pour voir un petit peu ce qui se passe et j'ai très souvent des... avec l'algorithme j'ai
01:41très souvent des professeurs de russe pour les francophones et en fait donc j'ai vu ta story,
01:50j'ai vu ta story que tu avais postée, il me semble que c'était lundi ou mardi, 23 janvier,
01:55pour ceux qui verront ça après plus tard, et en fait tu évoquais le contexte politique en Russie,
02:04tu parlais que tu avais été très touchée que des gens considèrent qu'il y avait cette métaphore
02:11d'Hitler en Russie, et j'ai été très touchée parce que j'ai senti beaucoup d'émotions dans...
02:17beaucoup d'émotions en fait dans ta voix, à travers tes mots, et je sentais que ça t'avait
02:23beaucoup blessée. Je pense que toute personne qui aurait été critiquée pareil sur son pays
02:29se serait sentie aussi autant touchée, et en fait je me suis un petit peu reconnue dans ce que
02:37tu as évoqué, quand tu disais par exemple, et là regardez il n'y a pas Hitler, ma vie en Russie
02:43est normale, ça m'a beaucoup touchée parce que ça m'a rappelé aussi à quel point moi aussi auprès
02:48de mes proches j'ai dû déconstruire entre guillemets l'image très autoritaire et très
02:55dictatorielle, si je puis dire, de la Russie. Et ça m'a motivée et du coup je me suis dit que ça
03:02aurait pu être intéressant d'échanger avec toi sur ce point de vue-là, toi étant en Russie,
03:08étant francophile, moi étant russophile et ayant vécu aussi en Russie quelques temps. Oui mais en
03:14général je ne parle pas de la politique, je parle des peuples, de l'amitié franco-russe et je pense
03:22que ton histoire, c'est un des exemples de cette amitié. Tu as fait deux stages en Russie, c'est ça ?
03:31C'était quoi exactement ces stages et pourquoi en Russie et pas dans un autre pays ? Alors bon,
03:38pour le côté russophile, il va falloir remonter à très très loin. Donc quand j'étais plus jeune,
03:46j'adorais la musique allemande et j'ai toujours aimé les langues très compliquées à apprendre,
03:51donc pour moi l'allemand était une langue très compliquée mais que j'adorais. J'écoutais
03:56beaucoup de musique allemande et notamment un groupe qui s'appelait Cinéma Bizarre qui était
04:01très très connu en Russie à l'époque, qui faisait des fan parties avec leurs fans et il passait
04:06beaucoup de musique russe à ce moment-là, notamment Tattoo, il passait Vesta 27, il passait Not
04:18Gonna Get Us, il y a aussi Yes I Shall Soar, et moi je connaissais les versions anglaises de ces
04:24chansons et à travers ça j'ai pu découvrir les versions russes, donc j'ai commencé à écouter
04:30Tattoo en boucle pendant des années, des années et j'ai commencé à trouver la langue hyper
04:37mélodieuse. Autour de moi à ce moment-là, j'avais une amie qui était franco-russe, qui était fan
04:42comme moi de musique allemande, donc je trouvais ça magnifique, la langue je la trouvais sublime
04:47et par la suite j'avais aussi rencontré une amie biélorusse à ce moment-là, qui elle parlait très
04:54bien anglais mais je trouvais que le russe était magnifique aussi. Et après le lycée, au lycée,
05:01j'ai commencé à m'intéresser vraiment à l'alphabet, que j'ai commencé à apprendre toute seule,
05:06de moi-même, et j'avais téléchargé le clavier russe sur mon téléphone et je m'amusais à taper
05:14des mots même sans comprendre ce que ça voulait dire, mais je trouvais ça intéressant. Arrivé à
05:19la fac, moi j'ai fait une fac de langues étrangères appliquées au commerce international
05:26et j'ai été aux portes ouvertes et je voulais rencontrer les professeurs de russe qui sont
05:33avérés des linguistes, les linguistes les plus qualifiés que je connaissais, avec des termes très
05:41précis sur la langue en fait, et ça m'a donné davantage envie d'apprendre le russe. Donc,
05:48durant ces trois années de licence, j'avais trois langues, j'avais anglais, allemand et russe,
05:54russe en débutant, et ma passion grandissait davantage et j'avais rencontré pour le master
06:01pour lequel je candidatais, qui était un master en logistique internationale, je candidatais en
06:08me disant que je voulais prendre le russe et je voulais laisser l'allemand derrière moi parce
06:14que l'allemand n'était plus... j'avais plus la même passion pour l'allemand que celle que j'avais
06:19pour le russe, donc j'ai décidé de tout plaquer entre guillemets pour apprendre le russe et j'ai
06:24rencontré deux personnes qui avaient... deux filles qui avaient fait également leur stage l'année
06:29d'avant dans l'entreprise où j'étais en Russie, et je les ai rencontrées, je leur ai demandé si
06:35elles avaient des contacts ou si je pouvais éventuellement postuler. Donc, on est parti
06:39à deux avec un ami à l'époque, on a candidaté tous les deux. À l'époque, forcément, on n'avait
06:45pas forcément toutes les connaissances que nous avons maintenant sur le transport et la logistique,
06:48mais on a passé un entretien et en décembre 2017, nous savions que nous étions pris et que nous
06:57allions partir trois mois en Russie ensemble. Ça, c'était en 2018, et en 2019, je suis retournée
07:03toute seule cette fois-ci, dans la même entreprise, mais cette fois six mois.
07:07Tu peux dire quelque chose en russe ? Tu parles russe ?
07:11Oui, je parle russe, j'ai étudié le russe pendant 5 ans à l'université. Je suis allée en
07:26Russie quelques fois. En 2018 et en 2019, j'ai vécu à Moscou. Pour moi, Moscou, c'est le plus beau
07:44du monde, avec l'architecture, la culture, l'atmosphère de Moscou.
07:51C'est un beau lieu, j'adore Moscou, ce n'est pas ma ville natale, mais quand même, j'adore Moscou,
07:56c'est grand, j'adore me promener à Moscou, partout, et vraiment, c'est très riche. Parlons de ta vie
08:05quotidienne en Russie. Quel type de logement avais-tu ? Comment as-tu mangé ? Quel temps
08:11faisait-il ? C'est très drôle que tu me poses cette question, parce que ça fait partie des
08:18anecdotes que je préfère raconter. Donc avant tout, il faut savoir que quand je suis partie en
08:25Russie, pour aller en Russie, que vous soyez touriste ou que vous souhaitez vous rendre
08:31pour travailler là-bas, vous êtes obligé d'avoir un visa, que ça soit de touriste ou de... Donc
08:38moi, c'était un visa de spécialiste, qu'ils appelaient, et également pour le travail,
08:43vous avez aussi le VKS. Donc juste avant ça, j'ai été en Russie en janvier 2018 pour pouvoir
08:50passer des examens médicaux, qui sont obligatoires, et un test de langue aussi que j'ai eu,
08:56que j'ai eu parce que ça, c'est des étapes indispensables. Donc une fois ce visa en poche,
09:02vous devez avoir une lettre officielle de l'État russe qui vous invite à venir dans le pays,
09:07c'est l'entreprise en gros qui vous sponsorise entre guillemets, donc ce qu'on appelle un
09:12voucher. Donc la première année, au début, nous étions logés à l'hôtel et après,
09:20nous avions une agence qui nous aidait à faire des recherches dans les appartements. J'ai oublié
09:26le nom du site qui était le plus important, qui est le plus connu en Russie pour la recherche
09:31d'appartements. J'ai oublié le nom. Mais en tout cas, on cherchait...
09:34Avitotsen ?
09:35Comment ?
09:36Avitotsen ?
09:37Kan. Oui, c'est ça, c'est ça. Donc nous avions une agence à ce moment-là en 2018 qui nous
09:45aidait à trouver un appartement. Donc un appartement typiquement russe, meublé, avec un lit dans le
09:51salon, une chambre avec un canapé qui s'étendait, une cuisine toute simple, voilà. Dans les anciens
09:57jeux. Alors à ce moment-là, j'étais vers Dinama, sur la plage de la station Dinama. J'ai vécu là-bas
10:07deux fois du coup. Donc je pense qu'on était dans les anciens communal-naya parce qu'on était au
10:18cinquième étage et tous les bâtiments se ressemblaient et on vivait dedans. Donc on avait
10:24des appartements, j'ai envie de vous dire, si je puis dire, typiquement russes. Et ce fut là-même
10:28aussi quand je suis retour en 2019.
10:31Non, en russe, c'est comment ?
10:32Comment dire ? Alors, typiquement russe, pour moi, c'est quand vous avez le séchoir à vaisselle qui
10:45est rangé en haut. Ça, c'est génial parce qu'on n'a pas ça en France. Et ça, pour moi, ça fait
10:51partie des rencontres qu'on a dans les maisons russes.
10:55Je sais, typiquement russes et typiquement soviétiques, ça existe aussi.
11:00Ah d'accord ! Alors, pour tout ce qui était soviétique, je ne sais pas.
11:04Non, je pense que tu parles du type... C'était typiquement russe.
11:11Ah oui, c'était ça.
11:13Je pense que c'était comme ça. Mais tu sais, il y a aussi des appartements de type soviétique et on
11:20dit comme «babushkina kvartira» comme appartement de babushkas. Voilà, c'est très soviétique.
11:28Mais il y a quelque chose de l'ambiance. Alors, c'était typiquement russe.
11:35Oui, tout à fait. Avec un papier peint typiquement russe, avec des jolies arabesques,
11:42des couleurs assez claires. Donc oui, voilà, c'était ça. Et puis, en tout cas,
11:48le bâtiment était typiquement russe. Chauffage collectif, coupage d'eau chaude pour vérifier
11:58les canalisations, ça, je l'ai vécu aussi. Donc pour moi aussi, ça fait partie de la vie typique
12:03dans un appartement russe. Donc ça, c'était à peu près ce que j'avais quand j'étais là-bas.
12:11Les loyers étaient à peu près comme en France, comme là où je suis actuellement dans le sud.
12:18Le premier appartement, pour lui, était à 50 000 roubles et le deuxième, pour moi,
12:22était à 35 000. Donc c'était des belles surfaces et tout était meublé. L'électricité était moins
12:30chère, Internet était moins cher, l'eau était moins chère aussi. Donc tout ça a été très
12:36facilité. Après, pour ce que je mangeais, alors j'allais très souvent au «periklyostak»,
12:46donc l'équivalent de Carrefour pour ceux qui ne savent pas. Il y avait aussi Outkonos,
12:51qui était un site un petit peu comme Foucaultville. Je ne sais pas si ça existe toujours.
13:03Et je vais regarder, j'avais l'application à l'époque, mais je crois que j'ai toujours
13:09les applications. Alors non, je crois que j'ai dû l'enlever, mais je sais que je recevais encore
13:18des SMS de caviar poutine, ce qui était très drôle. Je ne sais pas, je n'ai jamais goûté.
13:27Donc après, au niveau des courses, on y avait... Pardon ? Qu'est-ce que t'as mangé d'habitude ?
13:34Oh là ! Alors moi, typiquement, quand j'étais toute seule chez moi ou avec mon ami à l'époque,
13:43on ne cuisinait pas spécifiquement au russe. Par contre, on avait beaucoup de snacks russes,
13:49type les bryaniki, qui sont toujours mes gâteaux, mes cookies préférées. On avait des pitchéniers
13:57aussi. Après, on avait tout ce qui était plutôt kéfir, la smetana russe, que j'adore aussi. Après,
14:05pour tout ce qui était plus typique, j'ai goûté le khaladets. J'ai détesté. J'adore. J'ai détesté.
14:13Mais ça dépend, ça dépend. Parfois c'est bon, parfois pas du tout. Voilà, ça dépend comment
14:18c'est fait. Ouais, c'est ça. Alors, la salade russe, la salade Olivier, bien évidemment, j'ai goûté.
14:29Et oui, la... Pardon ? Borsche. Borsche, bien sûr. Mais je n'ai pas aimé ça. J'ai préféré les pelmeni.
14:42Les pelmeni ou les bryaniki. Tu vas venir écouter mon borsche. Je vais cuisiner pour toi, ok ?
14:50Ok, borsche, pelmeni. C'est pas vraiment russe, mais les syrniki, même si c'est
15:02georgien, j'ai adoré ça. Syrniki, c'est mon petit déjeuner d'aujourd'hui. Quelle chance ! Le dvorak, bien évidemment.
15:14Le dvorak, j'ai goûté. J'ai beaucoup aimé. C'était très bon. Le kefir et après, bon, j'avoue
15:26qu'il y a sûrement d'autres choses aussi, mais c'est les choses qui me reviennent le plus souvent
15:31en tout cas. Ah, aussi les petites saucisses pas farcées, mais j'ai oublié comment ça s'appelle.
15:38Il me semble qu'il y avait... J'avais vu une fois au Pialek Rostak des petites saucisses comme ça
15:42qui étaient fourrées, ou des petits... Je sais plus le nom, mais tout ce qui était surgelé aussi, c'était
15:48le rêve, parce qu'il y avait beaucoup de pelmeni, de bryaniki. Donc moi, je prenais très souvent ça.
15:53Je faisais ça le soir et j'étais contente. La cuisine est très riche, c'est ça. Et les produits ? Oui, j'en avais.
16:01Quelle impression as-tu du peuple russe après ces deux visites en Russie ? Alors, donc moi j'ai le
16:10côté où j'étais touriste la première fois et le côté aussi où j'ai vraiment vécu dans le pays.
16:14Quand je suis arrivée en tant que touriste la toute première fois pour faire mes papiers,
16:21j'ai trouvé que les gens étaient froids au début, mais pas froid dans le sens où on n'est pas ouverts...
16:29Pas froid dans le sens où on n'est pas ouverts aux gens, c'est que je pense que c'est juste une barrière
16:35qu'on se met pour se protéger. Mais voilà, on apprend à connaître la personne après. Et je trouvais
16:42que les gens n'étaient pas souriants. Et en fait, au fur et à mesure, les gens nous ont aidés...
16:48Les gens, quand je suis partie avec eux au Romain, ils s'appellent, quand on était dans les taxis,
16:53etc., ils étaient très intrigués que l'on soit français, nous poser des questions. « Qu'est-ce
16:58que vous faites là ? » On avait très souvent la question aussi « qu'est-ce que vous pensez de
17:02Poutine, du gouvernement ? » Et moi, je sais que je disais « ça n'est pas mon pays, je ne veux pas me prononcer. »
17:08À cause de la propagande russe, parce que parfois les Russes pensent que les gens en Europe, les
17:17Français, etc., pensent quelque chose des Russes... Comment dire ? Quelque chose de mauvaise, etc.
17:28Oui. C'est à cause de la propagande et c'est pourquoi très très souvent quand les Russes,
17:34en Russie, voient les étrangers, parfois ils posent des questions comme ça. C'est ça.
17:41C'est vrai, on s'intéresse aux étrangers et à ce qu'ils pensent de nous. Oui, c'est vrai que cette
17:51question-là m'a été posée plusieurs fois. Après, au niveau des gens, des petits peuples russes en
17:59général, moi ce que j'ai beaucoup aimé, c'est que... Déjà, au début, je les ai tous trouvés
18:06froids, mais finalement, en fait, quand on découvre les gens, ils ne sourient pas parce qu'ils sont
18:12énervés contre la personne, c'est qu'ils n'ont pas de raison de sourire. Donc, pourquoi sourire quand
18:16il n'y a pas de raison de sourire ? Les gens du Nord. La Russie, c'est un pays du Nord, mais il faut
18:25comprendre que la Russie est très très grande et les gens sont vraiment différents. Et si tu vas
18:30au Sud de la Russie, c'est une autre chose. Les gens sont... Oui. ...souriants et tout ça. Voilà.
18:39Il faut comprendre. Un petit peu comme en France. Peut-être. En général, oui, on ne sourit pas
18:47beaucoup. Parfois, on est froid. Même moi, par exemple, quand tu m'as écrit « Salut, Rina,
18:55j'espère que tu vas bien, blablabla ». Et moi, très court. Mes messages sont très courts,
19:00mais ce n'est pas... Mes messages sont très courts, comme « Salut, ça va ? Faisons la vidéo demain ». Et
19:09c'est tout. Très très court. Ce n'est pas parce que je veux être impolie. C'est la culture. Oui,
19:16c'est la culture du concret. Oui, concret. Très concret. L'information, l'information concrète,
19:23etc. Oui. Et je... Parfois, j'ai beaucoup de messages des Français. Et ces messages sont
19:30assez souvent vraiment grands. Et très très polis. « Salut, Rina, j'espère que tu vas bien. Et ton
19:38chat va bien. Ta mère va bien. Tes amis vont bien. » Etc. Oui. Etc. Oui, c'est vrai. Mais
19:46les Russes, à mon avis... Je ne sais pas. Peut-être que je dis comme ça parce que je suis
19:52Russe. Mais à mon avis, les Russes sont très très accueillants. Oui. Est-ce que peut-être tu as
19:59rendu quelques visites ? Est-ce que... Chez quelques familles Russes, est-ce que tu as vu
20:06cette table ? Oui. Cette table grande avec beaucoup de plats. Oui. Oui. En fait, j'ai eu l'occasion
20:13de faire toutes les saisons à Moscou presque, sauf l'automne. L'été, ce n'était pas vraiment
20:19l'été en 2019 parce qu'il faisait 6 degrés le matin et que j'avais mon manteau d'hiver. Mais
20:24oui, oui, oui, les Russes sont très très accueillants. Alors, comme partout, il y a des
20:28imbéciles partout. Mais je sais que... Je sais que oui, les Russes sont très accueillants. Mon ex-compagnon
20:38était Arminio Russe. Et j'ai eu l'occasion et même le privilège, si je puis dire, d'être accueilli,
20:44d'être accueilli chez lui pour fêter la nouvelle année. Donc la première partie avec toute sa
20:50famille. On avait regardé le discours, un film soviétique. Et c'est vrai que la table était
20:55remplie. On avait cuisiné. C'était très accueillant. Ah ouais. Oui, c'était très accueillant, très
21:03convivial. Et je dirais même aussi que quand on est dans une situation un petit peu compliquée,
21:13quand moi je suis arrivée en 2019, en mars 2019, mes valises avaient été perdues. Et pendant deux
21:20jours, je n'avais pas mes valises. Et une amie à l'époque m'avait dit écoute, viens chez moi,
21:23même si j'avais un hôtel. Elle m'a dit viens chez moi, tu m'empruntes des affaires. Et quand tu
21:28récupéreras tes valises, tu me rendras plus tard. Et ça, ça avait été du fait qu'on était très très
21:35amis et qu'elle m'avait aidée. Mais c'est vrai que quand j'avais été dans la famille de mon
21:40ex compagnon, j'avais été accueillie comme un membre de la famille alors que c'était peut-être
21:45la deuxième ou troisième fois qu'il me voyait. Mais j'ai trouvé que oui, il y avait une chaleur
21:50humaine. Aussi, je dirais une certaine loyauté en amitié. Les gens sont très loyaux, je trouve.
21:56Et oui, ils sont vraiment très loyaux. Ils ne vont pas hésiter à être là si besoin. Et je trouve que
22:06ça, c'est important. Et ça, ce n'est pas quelque chose, malheureusement, que l'on retrouve partout
22:10dans certaines mentalités. Et c'est vrai que moi, j'ai des amis que je n'ai pas vus depuis 5 ans.
22:18On parle encore de temps en temps. Il y en a d'autres à qui, malheureusement, j'ai perdu un
22:22peu de contact. Mais je pense que si je reviens et que je leur dis que je suis là, je pense qu'il
22:27y aura de fortes chances que l'on se revoie. Et c'était comme si on s'était quitté la veille.
22:32Et à ton avis, est-ce que tu as réussi à t'améliorer dans la culture russe ?
22:40Oui. Oui, complètement. Oui, complètement parce que pendant des mois, je n'étais qu'avec des
22:47Russes. J'ai fréquenté mon ex qui était Russe. Mes amis étaient Russes. À un moment,
22:51j'avais aussi rencontré des Français qui, eux aussi, étaient avec des Russes. Donc,
22:57on avait ce côté-là où on se comprenait. Et oui, on s'est très vite intégrés. Enfin,
23:02moi, je me suis très vite intégrée en tout cas. Et je pense que l'exemple le plus parlant,
23:08c'était de ne pas me moucher en public, par exemple. Parce que pour une femme,
23:14je sais que ce n'est pas bien de se moucher en public là-bas. Donc, j'avais du mal à le faire.
23:17Et du coup, j'allais me cacher aux toilettes pour pouvoir me moucher, par exemple. Oui,
23:24après aussi le fait de... J'ai envie de dire, est-ce que s'intégrer, ça va dépendre de quoi
23:30on parle. Parce qu'à partir du moment où dans un pays, vous êtes en mesure de pouvoir vous
23:34comporter normalement et comprendre un petit peu avant de partir dans un pays que vous ne connaissez
23:41pas la culture, les habitudes des gens, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Je pense qu'il
23:47n'y a pas de problème, en fait. Et moi, c'est ce que j'avais fait. C'est que j'avais longuement
23:51étudié une liste de choses que je pouvais faire et d'autres que je ne pouvais pas faire. Et j'y
23:56m'y suis tenue. Et après, j'ai aussi découvert sur place ce que c'était aussi. Et donc oui,
24:02je pense que l'intégration a été très, très rapide pour moi, en tout cas.
24:06Mais avant de partir en Russie, est-ce que tu avais des stéréotypes sur ce pays?
24:12Oui, oui, beaucoup. Alors il y avait, je me rappellerai toujours de ça quand, avant que je
24:25parte. Je me disais, oh, les Russes doivent bien boire, bien boire et boire une cachette à l'après-midi.
24:34Voilà tout ça. C'était ce que je me disais à ce moment là. Il y avait un très faux,
24:41un petit peu sur la gouttée, comme on dit en français, que les femmes étaient toutes
24:46magnifiques, mais qu'elles étaient toutes superficielles. Voilà ce stéréotype de la
24:52femme russe qui est belle et qui va dans des écoles pour trouver un riche. J'avais tous ces
24:58stéréotypes là, j'ai envie de dire, qui maintenant sont très arriérés. Et quand je suis arrivée
25:03là-bas, eh bien pas du tout. Les gens, certes les femmes russes sont toutes magnifiques, mais
25:12elles ne sont pas superficielles comme on pourrait le croire en France, par exemple. Et je trouve
25:22que bon, il n'y a pas autant de personnes qui boivent tous les jours, même s'il y a un taux
25:28d'alcoolisme. On travaille aussi parfois. Voilà, vous travaillez aussi. Et je trouve aussi que le
25:36travail, le management à la russe au niveau du travail est complètement différent. On n'a rien
25:41à voir avec ce que j'ai connu, moi, en France. Et c'est intéressant aussi, mais il y a du respect,
25:47c'est une vie en entreprise normale aussi. Voilà, c'était les stéréotypes que j'avais,
25:53maintenant je n'en ai plus, plus du tout. D'accord, d'accord. Et tes amis ont-ils approuvé
25:59le voyage en Russie ? Et qu'est-ce qu'ils ont dit ? Alors mes amis de l'époque, et même encore
26:07maintenant, ont trouvé l'expérience très intéressante parce que j'ai, comme je le disais,
26:14il y a beaucoup de stéréotypes que j'ai cassés entre guillemets. Ils voyaient que je m'éclatais
26:19là-bas, ils voyaient que tout allait bien, que j'étais en sécurité, que je vivais ma vie comme
26:24si je la vivais en France à ce moment-là. Ils n'ont pas été dérangés, au contraire, ils étaient
26:31très heureux que je puisse réaliser mon rêve. C'est plus au niveau de ma famille que ça a été,
26:36que ça a été, comment dire, plus délicat, notamment ma mère, parce que c'était la première fois que
26:44je partais dans un pays étranger pour elle. Elle s'inquiétait ? Oui, elle s'inquiétait,
26:48elle me disait « tu feras attention à ce que tu diras, tu feras attention à ne pas dire des choses
26:54qu'il ne faut pas, etc. Et puis en plus, fais attention aux hommes là-bas, etc. » Et c'est
27:02vrai que ma mère était plus inquiète, mais par contre, elle m'encourageait quand même à poursuivre
27:08ce rêve. Et quand elle a vu que j'étais partie la première fois avec mon ami d'époque, Romain,
27:15qu'on est partis tous les deux et qu'on était vraiment toujours ensemble, elle s'est sentie
27:19très rassurée. On avait des contacts quasiment au quotidien et elle était rassurée. Et la deuxième
27:26fois, quand j'y suis allée toute seule, elle savait que ça allait très bien se passer parce
27:32qu'elle était plus sereine, parce que je connaissais le pays, je connaissais les formalités. Et je
27:38pense que ça l'a aidé à être plus sereine et plus confiante sur mon départ la deuxième fois.
27:43Voudriez-vous retourner en Russie?
27:45Oui. Je pense maintenant, avec le recul, qu'au début, je voulais rester travailler en Russie.
27:54Bon, les événements ont fait que ça n'a pas pu se faire après la fin de mon deuxième stage. Donc,
28:01j'étais... Je suis rentrée en France, mais pour moi, j'avais toujours pour but de revenir en vacances,
28:08de refaire des activités comme je faisais avant. Et je voulais retourner. Et oui, c'est un objectif
28:15que je n'ai pas perdu de vue. Ça fait cinq ans que je suis en France maintenant, bien établi.
28:20Mais c'est vrai que, quelque part, quand on a vécu une expérience en tant qu'étranger qui s'est
28:27aussi bien passée que la mienne, je pense que tous les francophones qui ont pu se rendre en Russie
28:35et qui ont vécu aussi cette expérience d'Iran, il faut vraiment vivre cette expérience pour la
28:39comprendre. Mais on garde toujours une partie un peu de nous, on garde toujours un peu une partie
28:45de la Russie en nous. Et on n'a pas un manque constant, mais on a beaucoup de nostalgie quand
28:49on revoit les souvenirs. Et moi, c'est un petit peu ce que j'ai. Mais oui, je souhaite y retourner
28:56quand ça sera possible et quand je pourrai. Et dès que je pourrai, oui, sans hésiter.
29:03Bienvenue ! Qu'est-ce que tu voudrais dire aux Français qui pourraient voir cette vidéo ?
29:09J'ai envie de dire que déjà, avant de vous rendre en Russie, si vous avez envie d'y aller pour
29:16travailler ou même pour des vacances, apprenez des bases en russe. Parce que les Russes ne
29:24parlent pas anglais. Ils peuvent se forcer à, mais ils vont préférer quelqu'un qui va parler
29:30leur langue, même des petits mots. Apprenez l'alphabet parce que tout n'est pas forcément
29:37toujours écrit en anglais. Et surtout, renseignez-vous. Ne prenez pas pour acquis ce que
29:44l'on peut entendre dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Ne prenez pas pour acquis ce que
29:48vous avez pu apprendre à l'école. La Russie est un pays qui a une histoire très, très riche.
29:54Oui, c'est ça. Voilà. Donc une histoire très riche, une culture extrêmement riche. Il n'y a pas
30:00que Moscou. Il y a aussi d'autres parties de la Russie qui sont aussi à découvrir. Chaque
30:07mentalité est différente aussi. C'est le plus grand pays du monde, donc il faudrait toute une vie
30:12pour visiter tout le pays. Donc oui, se renseigner, apprenez à apprivoiser la culture russe,
30:18à comprendre pourquoi certaines choses ne se font pas, pourquoi d'autres choses vont se faire plus
30:24facilement en Russie et pas dans votre pays d'origine. Donc ici, je parle de choc culturel
30:31parce que ça peut arriver. Renseignez-vous aussi bien sur les formalités pour entrer sur le pays.
30:37Ça, c'est très, très important. Et juste, comportez-vous normalement, tout simplement.
30:43Et aussi, si vous arrivez à, je pense, déconstruire tous les stéréotypes, on va dire,
30:56ne pas écouter les médias et autres, et que vous arrivez seulement à suivre votre instinct,
31:01vous passerez un séjour incroyable. Ça, c'est sûr. Merci. Qu'est-ce que tu voudrais dire aux
31:09Russes qui pourraient voir cette vidéo ? Non, j'aimerais dire, j'aimerais surtout dire que,
31:22si je... je réfléchis parce que là aussi, c'est pareil, c'est tellement compliqué et j'ai pas
31:30envie de dire quelque chose qui pourrait offenser. Moi, je dirais, continuez d'être fiers de votre
31:37pays, de votre culture et de ce que vous êtes. Vous, en tant que peuple, et pas... J'ai pas envie
31:44d'associer ça avec ce qui se passe en ce moment. Ce sont des choses complètement différentes. Mais
31:50restez fiers de qui vous êtes, de la culture de votre pays. Vous avez une culture qui est
31:58incroyable et juste continuez comme ça. N'ayez pas peur non plus de venir en France, on est gentils.
32:06Non, ça tu pourras couper. Mais non, juste continuez à être... tout simplement à être vous-même.
32:14Continuez à développer votre pays, continuez à améliorer votre qualité de vie. Moi, j'y étais
32:25il y a cinq ans et je sais que la qualité de vie était incroyable. Déjà, à ce moment-là,
32:28comparée aux années de la perestroïka. Et là, je vois qu'il y avait eu beaucoup de progrès. Donc,
32:34j'espère que... j'espère de tout cœur que ça continuera. Et puis, soyez libres d'être qui
32:42vous êtes, tout simplement. Et je pense que c'est... je pense que c'est le... ce que je
32:47peux dire de mieux pour tous les Russes qui nous regardent. Et apprenez le français aussi si vous
32:52voulez. Bien sûr, bien sûr. J'adore ton histoire. Merci beaucoup pour cette conversation. Ton
33:00histoire est très très précieuse. Et j'espère que tu reviendras très bientôt en Russie et
33:06profiteras de ce voyage, de ton voyage. T'es toujours la bienvenue, tu sais. Et merci beaucoup.
33:14J'adore, vraiment, j'adore ton histoire. Merci beaucoup Irina pour ce partage et pour ton temps.
33:20J'ai passé un très très bon moment en ta compagnie. C'était un plaisir de partager tout ça avec toi.