• il y a 2 mois
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00:00:00Au milieu des années 80, les Américains consomment plus de 20 milliards de dollars de cocaïne chaque année.
00:00:08Un homme en fournit plus de 80%.
00:00:11Pablo Escobar était le plus grand seigneur de la drogue que le monde ait jamais connu.
00:00:15Malgré tous nos efforts, la cocaïne rentre illégalement dans notre pays à un niveau alarmant.
00:00:20Pablo Escobar était responsable d'une véritable épidémie américaine de cocaïne.
00:00:25Il a bâti un empire rivalisant avec les plus grandes multinationales.
00:00:29On estimait sa fortune à 30 milliards, pas millions.
00:00:33Milliards, milliards de dollars.
00:00:35Il récompensait la loyauté par ses largesses, et la défiance par une brutalité sans pitié.
00:00:40Il ne vous tuait pas seulement vous, il tuait vos enfants, votre femme, des familles entières.
00:00:45Il disposait d'une force de frappe pouvant mettre tout un pays à genoux.
00:00:49Mettre une bombe dans un avion de ligne commercial ?
00:00:52Le gouvernement était complètement ébranlé.
00:00:55Pourtant, au fait de son pouvoir, une seule chose terrifiait Pablo Escobar.
00:00:59La justice américaine.
00:01:01Je suis là aujourd'hui pour vous parler de guerre.
00:01:04Dans la guerre contre la drogue, Escobar était la cible numéro un.
00:01:07Voici l'histoire d'une poignée de braves agents du gouvernement américain
00:01:11qui sont partis derrière les lignes ennemies pour s'attaquer à l'armée d'un seigneur.
00:01:15Nous étions les principaux agents américains des stupéfiants pour l'enquête sur Pablo Escobar.
00:01:20Vous nous connaissez sûrement mieux comme étant les gars de la série Narcos.
00:01:24Escobar, d'une manière ou d'une autre, il paye.
00:01:28C'est une violente guerre extérieure contre une épidémie américaine.
00:01:32Oubliez ce que vous avez lu ou vu à la télévision, ça ne fait qu'effleurer la surface.
00:01:37Un combat à mort pour arrêter un monstre, raconté par ceux qui ont aidé à le faire tomber.
00:01:43Pour moi, la traque de Pablo Escobar était personnelle, car il a tué certains de mes amis.
00:01:49Pablo Escobar, la traque du baron de la drogue.
00:01:55Pablo Escobar, la traque du baron de la drogue.
00:02:08Medellín, la deuxième plus grande ville de Colombie, est l'une des plus pauvres.
00:02:13Le travail est rare en 1980, les pauvres sont touchés par la faim et l'absence de logements.
00:02:18À cette époque, la Colombie était moins développée, c'était le tiers-monde.
00:02:22Chaque jour à Medellín, le danger plane.
00:02:25À Medellín, tous les espoirs et les tragédies de la Colombie sont vécues plus intensément.
00:02:31Cette ville se cherche un héros.
00:02:33Elle s'en trouve un étrange, avec l'ascension du baron de la drogue, Pablo Escobar.
00:02:38En 1986, l'empire de la cocaïne d'Escobar lui rapporte 420 millions de dollars par semaine.
00:02:44Il voulait être extrêmement riche, ce qu'il est devenu, très très riche.
00:02:49En 1987, le magazine Forbes a classé Pablo Escobar parmi les hommes les plus riches du monde.
00:02:54Sept ans d'affilée.
00:02:56Escobar n'hésite pas à partager sa fortune avec les pauvres de Medellín.
00:03:00Il donnait de l'argent à ces gens parce qu'eux n'avaient rien.
00:03:03C'était la première fois que quelqu'un faisait quelque chose pour eux.
00:03:06C'était une toute petite dépense pour lui quand on regarde combien il gagnait.
00:03:10Il pouvait jouer à Robin des Bois.
00:03:13La générosité de Pablo avait un avantage appréciable pour lui.
00:03:16Elle lui assurait une loyauté qui lui a permis de faire de sa ville une forteresse,
00:03:21l'épicentre du plus grand empire de la drogue que le monde ait connu.
00:03:28Pablo Escobar est né en décembre 1949 à Medellín en Colombie.
00:03:32Il a grandi dans la pauvreté, de ce que j'ai compris.
00:03:35Pas le plus pauvre d'entre tous, mais dans un cadre très démuni.
00:03:39Sa mère était enseignante, son père un saisonnier agricole.
00:03:43Il avait une coiffure un peu bizarre, il n'était pas très grand.
00:03:46Il n'était personne, il mesurait un mètre soixante-sept.
00:03:49Il était toujours enrobé.
00:03:51Il n'avait rien de remarquable.
00:03:53Mais l'apparence quelconque d'Escobar cache une ambition sans limite
00:03:57qui va changer l'histoire de la Colombie.
00:03:59Son entreprise criminelle commence modestement.
00:04:02Pour moi, Escobar n'était pas très intelligent.
00:04:05Mais il avait l'instinct de la rue.
00:04:08Il savait traiter avec les gens.
00:04:11C'était un voleur de voitures, il volait aussi des pierres tombales.
00:04:14Il ponçait le nom sur les pierres et les revendait aux compagnies qui les commercialisaient.
00:04:18Il volait les marchandises des camions et tentait de les écouler.
00:04:22Mais c'est le talent d'Escobar pour la contrebande
00:04:25qui va le distinguer des voyous ordinaires.
00:04:28En 1975, il trafique du cannabis,
00:04:31traçant les premières routes de contrebande qui formeront son empire de la cocaïne.
00:04:36Il vendait de petites quantités de cannabis.
00:04:39Il a commencé à travailler avec un homme qui était alors le plus gros trafiquant de Medellin.
00:04:44Pablo travaille pour un dealer colombien plein d'avenir, Fabio Restrepo.
00:04:49Mais le jeune Pablo a déjà pour but de devenir millionnaire à 22 ans.
00:04:53Cette ambition place Restrepo sur le chemin d'Escobar.
00:04:57Il est allé travailler pour lui et un jour, on l'a retrouvé mort.
00:05:00Une balle dans la tête.
00:05:03Quand Pablo a compris combien il pouvait gagner avec la cocaïne,
00:05:06il a tué Restrepo. Il a créé une ouverture.
00:05:09Les employés de Restrepo apprennent qu'ils ont un nouveau patron, Pablo Escobar,
00:05:13et qu'ils n'ont pas leur mot à dire en la matière.
00:05:16Ils ont grandi dans la rue, n'ont pas beaucoup d'éducation.
00:05:19Ils ne connaissent que le pouvoir et la violence.
00:05:21Ils savent que pour obtenir le pouvoir, il faut devenir violent.
00:05:24C'était un instinct primaire.
00:05:26S'il s'était agi de jarret de porc, il aurait fait des jarrets de porc.
00:05:29C'était une façon de devenir riche, peu importe ce qu'il fallait faire pour ça.
00:05:34La violence particulière de Pablo devient la pierre angulaire de son empire naissant.
00:05:38Escobar a montré comment l'usage de la violence extrême permet de faire marcher son affaire.
00:05:44À la fin des années 70, alors qu'Escobar emploie une violence mortelle
00:05:48pour asseoir son pouvoir en Colombie,
00:05:50les États-Unis entament un changement dans leur approche des stupéfiants.
00:05:54La drogue la plus demandée à cette époque était le cannabis.
00:05:57Il y avait un peu d'héroïne mexicaine.
00:05:59On voyait apparaître un peu de cocaïne, mais en faible quantité.
00:06:03En 1978, l'organisation Herrera met en place son autoroute de l'héroïne
00:06:07entre le Mexique et les États-Unis.
00:06:09Il transfère 60 millions de dollars d'héroïne.
00:06:12Mais en 1980, la cocaïne commence à se déverser sur les États-Unis.
00:06:17Dans les années 80, la cocaïne commence à dépasser toutes les autres.
00:06:21C'était la drogue la plus prisée.
00:06:23C'était la drogue d'Hollywood.
00:06:25C'était une drogue d'élite pour des médecins, des avocats.
00:06:28Il y avait une forme de tolérance.
00:06:30En prendre n'était pas censé faire du mal aux autres.
00:06:33Très souvent, les gens voyaient ça comme faisant partie de la fête,
00:06:36dans les clubs à la mode.
00:06:38Je crois qu'on a été surpris par la vitesse à laquelle ça s'est imposé
00:06:42et adopté par le public américain.
00:06:45Aujourd'hui, il y a une nouvelle épidémie.
00:06:48La cocaïne fumable, autrement dit le crack.
00:06:51C'est une substance destructrice et souvent mortelle
00:06:54qui écrase ses utilisateurs.
00:06:56C'est un incendie hors de contrôle.
00:06:58C'est devenu une drogue recherchée.
00:07:00D'abord pour les gens qui en avaient les moyens.
00:07:02Puis elle est devenue accessible parce que des gens comme Pablo Escobar
00:07:05ont développé des façons de la rendre accessible, moins chère
00:07:08et distribuée à grande échelle dans tout le pays.
00:07:11Aujourd'hui à Washington, un politicien a déclaré
00:07:14que nous nous trompons de priorité.
00:07:16L'usage de la cocaïne est selon lui plus dangereuse pour le pays
00:07:19que le terrorisme.
00:07:20Les années 80 sont festives et la demande de cocaïne s'envole.
00:07:23Des tonnes sont envoyées à travers les frontières américaines
00:07:26jusqu'aux rues de New York, Los Angeles, Chicago,
00:07:29essentiellement depuis la Colombie.
00:07:32Combattre cette contrebande devient le périlleux travail
00:07:35d'une nouvelle agence fédérale, très spécialisée,
00:07:38créée en 1973 par le président Nixon.
00:07:41L'agence de lutte contre les stupéfiants, la DEA.
00:07:45Nous voulons stopper à la source la drogue qui entre dans notre pays.
00:07:49Nous allons appliquer la loi qui punit les fournisseurs et les vendeurs.
00:07:54La DEA est une des plus petites agences de police fédérale des Etats-Unis,
00:07:58mais elle a le plus large impact à l'étranger
00:08:01de toutes les agences fédérales.
00:08:03Avec son quartier général à Springfield, en Virginie,
00:08:06la DEA est trois fois plus petite que le FBI,
00:08:09mais elle a trois fois plus d'agents à l'étranger,
00:08:11couvrant 70 pays dans le monde.
00:08:13Contrairement au FBI, la DEA travaille sur une mission bien précise,
00:08:18les stupéfiants bien sûr.
00:08:21Leur mission n'est pas de cibler les usagers,
00:08:24elle consiste à frapper les organisations criminelles
00:08:26au plus haut niveau possible sur toute la planète.
00:08:29Ils ont des agents qui travaillent sous couverture
00:08:31pour tenter d'infiltrer ces organisations.
00:08:34Et Pablo Escobar est rapidement devenu une cible pour la DEA.
00:08:391980, grâce à une ingénieuse opération de contrebande particulièrement élaborée,
00:08:44Pablo envoie 150 tonnes de cocaïne en un an
00:08:47de ses laboratoires perdus dans la jungle colombienne
00:08:50jusqu'à Miami en Floride.
00:08:52Il y a établi une base opérationnelle idéale pour les Etats-Unis
00:08:55à seulement 1500 kilomètres, soit trois heures d'avion de la Colombie.
00:09:02Une phrase qui résume parfaitement la ville de Miami depuis toujours,
00:09:05c'est un endroit ensoleillé pour les hommes de l'ombre.
00:09:08Dans les années 50, Miami était une station balnéaire du Sud
00:09:11où peu de gens venaient.
00:09:13Quand la cocaïne est devenue la reine de la Floride du Sud,
00:09:17la ville est passée d'une station touristique dormante
00:09:20à la capitale de la cocaïne aux Etats-Unis.
00:09:23On a commencé à avoir ces énormes immeubles.
00:09:27On a commencé à avoir partout des voitures de sport hors de prix.
00:09:31En fait, Miami était l'endroit rêvé pour Pablo et son organisation
00:09:35parce que Miami a déjà un passé de laxisme,
00:09:38voire de facilitation du travail illicite et de l'argent illégal.
00:09:43Miami offre à Pablo un autre avantage.
00:09:46Avec près de 1800 km de côtes et 18 000 km de voies navigables,
00:09:50la Floride fournit d'innombrables chemins
00:09:53pour envoyer les stupéfiants vers l'intérieur des Etats-Unis.
00:09:56Miami est au bord des eaux chaudes de la mer des Caraïbes.
00:09:59Il y a un millier d'îles au Bahamas.
00:10:02Les trafiquants ont un réseau d'officiels corrompus chez eux
00:10:06et dans les Caraïbes pour les utiliser.
00:10:10Le réseau de corruption des scobards est si complexe
00:10:13que la DEA se rend rapidement à l'évidence.
00:10:15La seule façon de stopper son flot de cocaïne, c'est de frapper à la source.
00:10:19Pablo Escobar et les Etats-Unis entrent dans un affrontement féroce.
00:10:23Dans la guerre contre la drogue, Escobar était l'objectif numéro un.
00:10:28En 1982, Pablo Escobar est bien parti pour devenir le plus riche
00:10:32et le plus violent trafiquant de drogue de l'histoire.
00:10:35Les gens le comparent à El Chapo,
00:10:37mais El Chapo n'est rien comparé à Pablo Escobar.
00:10:40Chaque semaine, 10 tonnes de sa cocaïne traversent la frontière sud.
00:10:44Notre travail n'est jamais facile, car les trafiquants de drogue sont ingénieux.
00:10:49Pour chaque porte que nous ouvrons, ils en ouvrent une autre à la mort.
00:10:53Dites oui à votre vie.
00:10:55Quant à la drogue et à l'alcool, dites seulement non.
00:10:59Mais Pablo n'exporte pas seulement de la cocaïne vers les villes américaines,
00:11:03il exporte aussi de la violence.
00:11:05Que ce soit à New York, Atlanta, Houston, Los Angeles,
00:11:08la violence est aggravée partout.
00:11:11Les meurtres liés à la drogue explosent à New York et Miami.
00:11:14Le taux d'homicide s'envole de 50% par rapport aux années 60.
00:11:20Aujourd'hui, le maire de Washington a indiqué aux journalistes
00:11:24que le record de mort violente de la ville n'est pas dû à une violence ordinaire.
00:11:28Selon le maire Marion Berry, les tueurs et les victimes sont liés au trafic de drogue.
00:11:32Cependant, le taux d'homicide ayant presque doublé cette année,
00:11:35les autorités locales et fédérales se demandent comment arrêter ce bain de sang.
00:11:40Dans les années 80, la violence dépassait tous les records.
00:11:43En tant qu'agent des forces de l'ordre, je n'avais jamais vu ça.
00:11:47La vie ne valait rien.
00:11:49Chaque jour, malheureusement, je savais sans surprise que quelque chose allait mal tourner.
00:11:53Au milieu de ce chaos, Pablo Escobar ne gagne pas seulement des milliards,
00:11:58il se fait aussi un nom qui fait trembler.
00:12:01Bientôt, il est placé bien haut sur le radar des forces de l'ordre américaines.
00:12:06Le vice-président Bush a créé une brigade des stupéfiants au début des années 80.
00:12:11Elle réunissait des agents de la DEA, du FBI, de la répression des fraudes,
00:12:15des agents de presque toutes les agences fédérales,
00:12:18pour tenter de comprendre un peu ce qui se passait.
00:12:21Leur mission, identifier et démanteler le réseau de trafic de stupéfiants d'un multimilliardaire.
00:12:28Et lui couper la tête.
00:12:30Depuis sa récente création, la force de frappe de Floride du Sud
00:12:35a permis une hausse de 27% des arrestations liées aux stupéfiants,
00:12:39avec la confiscation de 3 millions de dollars de drogues illégales.
00:12:47La guerre contre la drogue se durcit.
00:12:49Certains des meilleurs officiers des polices locales
00:12:52quittent leur poste pour monter au front avec la DEA.
00:12:56J'étais au bureau du shérif. J'ai vu une annonce. La DEA recrutait.
00:13:01Je me souviens qu'il payait 17 000 dollars l'année.
00:13:04À l'époque, je gagnais 10 000 dollars.
00:13:06En 1984, Rabier Peña quitte la relative tranquillité de son poste de shérif à Laredo, au Texas.
00:13:13Il rejoint la guerre contre la drogue de la DEA.
00:13:15Sa nouvelle mission le place face à la contrebande de cocaïne et d'héroïne,
00:13:19traversant la frontière mexicaine, à East Austin, au Texas.
00:13:24J'ai beaucoup opéré dans la rue.
00:13:26Il y avait beaucoup de Mexicains qui trafiquaient beaucoup d'héroïnes.
00:13:29J'ai travaillé sous couverture avec des informateurs, des caméras.
00:13:34On apprend sur le tas. Il faut mettre les mains dans le cambouis.
00:13:40Trois ans plus tard, en 1987, Steve Murphy, né au Tennessee et élevé en Virginie-Occidentale,
00:13:46quitte son poste de police locale et rejoint la DEA.
00:13:49Il est aussitôt envoyé au point de départ de la guerre contre la drogue aux États-Unis,
00:13:53un lieu infiltré par Pablo Escobar et son cartel Miami, en Floride.
00:13:58J'ai intégré ce qu'on appelait le groupe de lutte des caraïbes.
00:14:02On enquêtait sur l'importation de cocaïne aux États-Unis.
00:14:05Mon premier travail sous couverture, c'était un deal de 400 kilos de cocaïne.
00:14:10Avant de travailler à la DEA, la plus grosse quantité de poudre que j'avais vue, c'était 800 grammes.
00:14:16Avec quatre quintaux, je savais que j'avais pris la bonne carrière. J'avais choisi la bonne agence.
00:14:22Il a fallu des années à la DEA pour remonter tout le trafic de stupéfiants.
00:14:27Pendant ce temps, en Colombie, Pablo Escobar est devenu le roi de la cocaïne,
00:14:31consacrant une large part de la décennie à affermir sa position.
00:14:35Il forme des alliances avec d'autres trafiquants de médellin,
00:14:38des fabricants et des contrebandiers, forgeant le cartel de Medellín.
00:14:42Le cartel de Medellín a été formé parce qu'il permettait d'avoir plus de puissance.
00:14:47En quête d'une fortune inimaginable, ils mettent en commun leurs ressources individuelles
00:14:51en cherchant à contrôler toute la chaîne d'approvisionnement de la cocaïne.
00:14:56C'était une entreprise criminelle dans laquelle tous ces gens étaient censés être des membres égaux.
00:15:01Mais c'est faux. Ils craignaient tous Escobar.
00:15:04Les premiers prétendus partenaires d'Escobar sont les frères Ochoa,
00:15:08Jorge Luis, Juan David et Fabio.
00:15:11Les frères Ochoa avaient déjà beaucoup d'argent en Colombie,
00:15:14beaucoup de ranches et de terres, mais ils aimaient le trafic.
00:15:19Escobar sait que pour contrôler le marché de la cocaïne colombienne,
00:15:22il faut contrôler l'approvisionnement en feuilles de coca et en pâtes de coca,
00:15:26nécessaires à la fabrication de la poudre.
00:15:28Avec le soutien financier de la famille Ochoa, le cartel de Medellín s'étend rapidement,
00:15:33achetant les stocks de coca avant ses rivaux.
00:15:36Puis Escobar se tourne vers José Gonzalo Rodríguez Gatcha, el mexicano.
00:15:42Gatcha a fondé tous les laboratoires de cocaïne de Colombie.
00:15:46Avec les Ochoa qui livrent la coca, les laboratoires de Gatcha
00:15:49peuvent produire les énormes quantités de cocaïne qu'il faut à Escobar pour le marché américain.
00:15:54Ces laboratoires étaient énormes. Quand je dis ça, c'était quasiment des petites villes.
00:15:59Ils dirigeaient les opérations comme une entreprise.
00:16:02Ils avaient leur propre presse. Ils mettaient la poudre, ils la pressaient, ils en sortaient un kilo.
00:16:07Je me souviens du premier paquet que j'ai vu. On l'appelait Centavo.
00:16:11Aux Etats-Unis, quand les gens voyaient le Centavo, ils disaient
00:16:14« C'est de la première qualité, ça vient de chez Gatcha ».
00:16:17Toute la cocaïne de Colombie n'aurait servi à rien au cartel si elle n'entrait pas aux Etats-Unis.
00:16:23Pour déplacer la cocaïne, Escobar faisait confiance à Carlos Leder.
00:16:29Carlos Leder était un visionnaire.
00:16:31Il a acheté Normandsky, une île de l'archipel des Bahamas, avec une longue piste d'atterrissage.
00:16:36Il en a fait un point de transit pour la cocaïne entrant aux Etats-Unis.
00:16:40Pablo en a largement tiré profit.
00:16:43Grâce à l'île de Leder, Escobar met en œuvre des techniques de contrebande plus osées que jamais.
00:16:48Quand on parle de contrebande, il n'y a qu'une seule limite. Cette limite, c'est votre imagination.
00:16:54Ils jetaient des ballots de cocaïne dans l'océan, les récupéraient et les emmenaient à terre à Miami.
00:17:01On a vu de tout, depuis les avions et les bateaux jusqu'aux conteneurs maritimes.
00:17:07On a vu des gens qui étaient prêts à prendre des préservatifs remplis de cocaïne.
00:17:12Ils avalaient jusqu'à 800 grammes de cocaïne.
00:17:15Ils prenaient des pompes le mousse, les coupaient en deux, retiraient la pulpe, mettaient les sachets de cocaïne dedans,
00:17:22recollaient les deux moitiés ensemble et mettaient ça dans un panier de fruits pour l'envoyer.
00:17:27Et ça marchait !
00:17:32Ça prenait un peu de temps pour comprendre et mettre la main dessus.
00:17:35Et on ne mettait jamais la main dessus parce que dès qu'on comprenait une méthode de contrebande, ils en mettaient une autre en place.
00:17:41Pendant que les agents de la DEA comme Peña et Murphy luttent durant des années
00:17:45pour intercepter les tonnes de cocaïne qui ruissellent de Medellin jusqu'aux États-Unis,
00:17:50Pablo Escobar renforce son empire chez lui.
00:17:53Il dirige le commerce de drogues colombiens au grand jour.
00:17:56Il renforce son pouvoir et pérennise son statut de héros populaire auprès des pauvres de Medellin.
00:18:04Il a dépensé des sommes vertigineuses pour avoir le soutien des plus pauvres et se créer une assise.
00:18:10Il construisait des cliniques, il donnait de la nourriture, il allait voir ceux qui vivaient sur des décharges
00:18:15et leur construisait des logements pour qu'ils déshabitent.
00:18:19Il a créé le quartier Pablo Escobar-Gabiria.
00:18:22Si vous allez aujourd'hui à Medellin, vous verrez ce quartier.
00:18:26Qu'il construise un terrain de sport pour que les gamins puissent jouer au foot
00:18:30ou qu'il électrifie un quartier tout entier,
00:18:32les gens voyaient une personne qui aimait redistribuer vers le peuple
00:18:36la fortune et les privilèges caractéristiques de la haute société.
00:18:41Escobar sait que ses bonnes œuvres lui vaudront la loyauté de Medellin,
00:18:45car les habitants comprennent vite que le succès et la sécurité de Pablo induisent leur prospérité.
00:18:50Mais même avec le soutien de sa ville natale,
00:18:52l'assassinat par des rivaux ou une arrestation sont des menaces constantes.
00:18:56Il lui faut des hommes, il en trouve des quantités dans les bidonvilles de Medellin.
00:19:00On les appelait ses sicarios, une légion féroce de gardes du corps et de tueurs.
00:19:05Pablo avait au moins 500 sicarios qui travaillaient pour lui.
00:19:09Il allait recruter ces gens-là, en personne.
00:19:13Parfois, ils étaient mis à l'épreuve.
00:19:14À un jeune de 16 ans, il pouvait dire « Tu veux travailler avec nous ?
00:19:17Va au coin là-bas et mets une balle dans la tête de quelqu'un qui attend le bus. »
00:19:20Il fallait y aller et prouver qu'il pouvait le faire.
00:19:22Alors ils étaient engagés.
00:19:24Ne vous y trompez pas, ils auraient tué pour lui.
00:19:27Ils l'ont fait.
00:19:28Ils seraient morts pour lui.
00:19:29Ils l'ont fait.
00:19:32Avec la dévotion de son peuple et une armée avec lui,
00:19:35Pablo impose sa volonté à ses rivaux, mais aussi aux membres du gouvernement,
00:19:39en leur laissant un choix simple.
00:19:41Pablo a inventé une formule.
00:19:43Plata au plomb.
00:19:45L'argent ou le plomb.
00:19:46Tu travailles avec moi et je te donne l'argent.
00:19:48Tu es contre moi et tu prends du plomb, une balle.
00:19:51Avec une offre simple, Pablo commence à étendre son influence sur le gouvernement colombien.
00:19:57Sous les ordres de Pablo, deux sicarios allaient voir un juge pour lui montrer une photo de sa femme.
00:20:02« Juge, c'est ta femme ? »
00:20:05Puis, ils montraient une photo de ses enfants.
00:20:07« Juge, ce sont tes enfants dans leur école ? »
00:20:10Puis ils disaient « Juge, M. Escobar veut que vous cessiez les poursuites contre lui. »
00:20:15« Si vous cessez les poursuites, voici une mallette pleine d'argent. »
00:20:20On pouvait être traité comme un roi, prendre sa retraite, avoir sa famille à l'abri sur deux générations,
00:20:26ou on pouvait mourir horriblement.
00:20:28Il n'y avait pas d'entre deux.
00:20:30Je me souviens, un des premiers juges a refusé de prendre l'argent.
00:20:34Pablo Escobar l'a fait tuer avec toute sa famille.
00:20:37Jour ordinaire en Colombie.
00:20:39Trois nouveaux juges ont démissionné après avoir été menacés par les cartels de la drogue.
00:20:43Avec un cartel féroce et des ressources illimitées en cash et armement,
00:20:47Pablo Escobar semble contrôler la Colombie sans craindre de compétition.
00:20:52Ceux qu'il ne peut pas acheter, il les intimide ou les tue.
00:20:55Mais avec l'aggravation de la situation aux Etats-Unis,
00:20:57la DEA est prête à combattre la contrebande à sa source.
00:21:01Si une chose peut empêcher de dormir le pivot de la cocaïne colombienne,
00:21:05c'est la menace de la justice américaine.
00:21:08Pablo Escobar craignait la prison américaine parce qu'il ne pouvait pas y acheter sa libération.
00:21:12Il aurait été enfermé dans deux mètres sur deux jusqu'à la fin de sa vie.
00:21:18En 1987, le cartel de Medellín de Pablo Escobar
00:21:22écoule pas moins de 15 tonnes de cocaïne aux Etats-Unis chaque jour,
00:21:26qui lui rapporte 400 millions de dollars par semaine.
00:21:30La drogue est un problème dans toutes les grandes villes américaines.
00:21:33C'est au moment où la drogue arrive de plus en plus dans des endroits reculés
00:21:37que l'on comprend l'ampleur du problème.
00:21:40Les demandes croissantes de cocaïne et de crack
00:21:42transforment des villes comme New York ou Miami en zone de guerre.
00:21:46Il ne fait aucun doute que le problème de la drogue reçoit toute l'attention aujourd'hui,
00:21:50surtout la nouvelle forme de cocaïne plus puissante appelée crack.
00:21:54Les arrestations liées à la drogue augmentent de 210%.
00:21:57Les meurtres se multiplient.
00:21:59A New York, près de la moitié des crimes sont liés à la drogue.
00:22:02On n'était pas au bon endroit dans ce train.
00:22:05Ce sont eux qui conduisaient.
00:22:07C'était frustrant pour les forces de l'ordre.
00:22:09Dépassés et frustrés, les agents de la DEA sont convaincus
00:22:12que la seule façon de tarir le flot constant de cocaïne aux Etats-Unis
00:22:16consiste à remonter à la source en Colombie.
00:22:19Le problème, faire que le gouvernement colombien reconnaisse où est cette source.
00:22:24Dans une déclaration télévisée, le président Barco a clairement soutenu
00:22:28que la demande était responsable de l'offre.
00:22:31Pendant des années, il y a eu une déconnexion claire
00:22:34entre la façon dont les USA voyaient le problème
00:22:36et la façon dont les Colombiens le regardaient.
00:22:39Les Etats-Unis voyaient l'épidémie de cocaïne
00:22:41comme étant un problème d'approvisionnement et non de demande.
00:22:44Les Colombiens voyaient le problème comme une question de demande
00:22:47puisque les fournisseurs se contentaient de répondre à cette demande.
00:22:52Les agents de la DEA savent que pour casser les reins du cartel
00:22:55et mettre un terme à ces opérations,
00:22:57il faut mettre les chefs du cartel colombien dans des prisons américaines.
00:23:01Mais Pablo Escobar a passé toute une décennie à se protéger contre le destin.
00:23:06Il tirera toutes les ficelles, dépensera ce qui sera nécessaire,
00:23:10tuera ce qu'il faudra pour ne pas se retrouver dans une cellule aux Etats-Unis.
00:23:14Escobar se sentait en sécurité en Colombie.
00:23:17Il sentait qu'il pouvait contrôler son destin dans son pays
00:23:20grâce à la corruption, l'argent, l'intimidation.
00:23:24Le danger d'une incarcération aux Etats-Unis devient réel pour Escobar le 4 mars 1982.
00:23:30L'administration Reagan signe un traité d'extradition avec le gouvernement colombien.
00:23:35Désormais, si les Etats-Unis peuvent prouver qu'Escobar a commis un crime sur le sol américain,
00:23:39le gouvernement colombien peut mettre Pablo dans un avion pour qu'il soit jugé aux Etats-Unis.
00:23:44La seule chose qu'il craignait, c'était l'extradition.
00:23:47Il avait compris qu'il ne pouvait pas corrompre le système américain
00:23:50et qu'il allait passer le reste de sa vie en prison.
00:23:55Apprenant que le traité d'extradition est en négociation,
00:23:58Pablo Escobar tente un coup audacieux.
00:24:01Le président du cartel de Medellín devient candidat aux élections.
00:24:05Vous savez quel était son slogan ?
00:24:07« Anti-extradition ».
00:24:09Il ne voulait pas qu'un citoyen colombien soit extradé vers les Etats-Unis,
00:24:13surtout lui et ses associés du trafic de drogue.
00:24:16C'était ça son programme.
00:24:18En 1982, Pablo se présente comme candidat suppléant à la Chambre des députés de Colombie.
00:24:24S'il est élu, il ira aux sessions parlementaires quand son titulaire sera absent.
00:24:28Une des raisons de la candidature de Pablo, c'est l'immunité qui vient avec.
00:24:32Beaucoup de trafiquants se contentent d'être les rois dans leur domaine.
00:24:36Lui, il voulait avoir un pouvoir politique bien réel.
00:24:39Le 14 mars 1982, dix jours après la prise des faits du traité d'extradition,
00:24:46Escobar est élu.
00:24:49Il voyait ça comme un bouclier lui évitant d'être jeté dans un avion et extradé vers les Etats-Unis.
00:24:54Évidemment, pour quelqu'un qui est impliqué dans des activités illégales, c'est très séduisant.
00:24:59Les motivations cachées de Pablo sont claires pour le nouveau ministre de la Justice,
00:25:04Rodrigo Lara Bonilla, qui met sa vie en jeu en prenant position.
00:25:08Bonilla haïssait les trafiquants.
00:25:11Il a commencé à poursuivre les trafiquants, à les arrêter.
00:25:14Donc, les trafiquants n'aimaient pas Rodrigo Lara Bonilla.
00:25:17Le 16 août 1983, quand Escobar se présente à sa première session parlementaire,
00:25:23lui et Bonilla se font face.
00:25:25Lors d'une session parlementaire,
00:25:28Lara Bonilla en arrive finalement à décrire Pablo Escobar tel qu'il est.
00:25:33Un voyou, un criminel, un assassin, un trafiquant de drogue.
00:25:39Il n'a pas gagné honnêtement son argent et n'a pas sa place à l'Assemblée.
00:25:44En 1982, une grande partie de la haute société colombienne
00:25:48fermait les yeux sur le passé sordide de Pablo.
00:25:51Les autres avaient peur de le défier ou en profitaient.
00:25:54Ces crimes dénoncés en place publique, le Parlement est obligé d'agir et l'expulse.
00:26:00Je tire mon chapeau à Lara Bonilla pour avoir eu le cran de se dresser et de l'appeler comme ça.
00:26:06Il disait 100% vrai.
00:26:08Mais peu de temps après, il rentrait chez lui un soir.
00:26:11Une moto avec deux personnes s'arrête à côté de lui.
00:26:14Le passager a une mitraillette et tue Lara Bonilla juste là, dans sa voiture.
00:26:20Le ministre de la Justice, Rodrigo Lara Bonilla, est assassiné le 30 avril 1984,
00:26:26ce qui ébranle la Colombie et le gouvernement américain.
00:26:29C'était un avertissement au monde entier, un avertissement au gouvernement colombien.
00:26:34Mais à mon avis, c'était une erreur,
00:26:36parce que le meurtre de Bonilla a été un révélateur pour tout le monde,
00:26:40y compris la DEA et le gouvernement colombien, sur la vraie nature de cet homme.
00:26:47Le meurtre de Bonilla est plus qu'une insulte pour le gouvernement colombien.
00:26:52C'est le signe d'une guerre sanglante à venir.
00:26:55Ayant été publiquement humilié, ayant perdu l'immunité politique qu'il convoitait,
00:27:00Pablo Escobar entame un règne de terreur.
00:27:05Pablo Escobar a été le premier narcoterroriste au monde.
00:27:09Un narcoterroriste, c'est un trafiquant qui s'adonne à des activités terroristes.
00:27:14Il employait des voitures piégées.
00:27:16On n'avait jamais vu ça dans les enquêtes criminelles.
00:27:20Pablo Escobar plaçait 10 à 15 voitures piégées par jour.
00:27:26Il plaçait ses bombes dans les centres commerciaux, les endroits publics.
00:27:31Pablo Escobar essayait de tuer autant de personnes que possible.
00:27:36Pour Escobar, la violence a un objectif simple.
00:27:39Montrer au gouvernement colombien que tant que l'accord d'extradition existe,
00:27:43personne n'est en sécurité en Colombie.
00:27:46Il voulait montrer à la Colombie qu'il gagnait, grâce à ses actes terroristes.
00:27:52Les gens avaient peur de Pablo Escobar, et c'est ce que Pablo Escobar voulait.
00:27:58Entre 83 et 87, le taux d'homicide de la Colombie est quatre fois plus élevé que celui des États-Unis.
00:28:04Elle devient la capitale mondiale du crime, sous les ordres de Pablo Escobar.
00:28:08En Colombie, c'est l'une des nuits les plus violentes depuis la dernière tentative pour mettre à bas les cartels.
00:28:1413 bombes ont explosé cette nuit, 35 personnes ont été blessées.
00:28:18À Medellín, deux employés du journal El Expectador, en croisade contre le trafic de drogue, ont été assassinés.
00:28:25En réponse à ce carnage, le gouvernement colombien finit par accepter plus d'agents de la DEA sur son sol.
00:28:32Je suis allé en Colombie et j'ai cru être préparé pour ce dans quoi je m'engageais.
00:28:36Je savais que la situation serait tendue, que ce serait difficile.
00:28:39Je savais que ce serait très dangereux, mais je n'avais pas idée à quel point ça allait être dur.
00:28:44Quand Joe Toft arrive en Colombie en tant que chef d'antenne de la DEA à Bogotá, en 87, sa mission est de capturer Escobar.
00:28:52Mais son rôle le plus ardu est de mener les délicates relations avec le gouvernement colombien.
00:28:57Nous n'avons aucune autorité dans un pays étranger.
00:29:00Tout pouvoir que l'on peut avoir dans ces endroits est informel.
00:29:05On a eu une approche bien plus traditionnelle.
00:29:07Peut-on faire ceci ? Nous permettez-vous de faire cela ?
00:29:10C'est ce qui se fait à l'étranger, mais souvent, on nous répondait, non, vous ne pouvez pas.
00:29:14Non, désolé, on ne veut pas que ça se fasse. Non, il faut demander pour faire ci et ça.
00:29:20Dans un pays où Escobar a passé des années à corrompre police et gouvernement, la confiance est difficile à instaurer.
00:29:27Le niveau de corruption était tel qu'il atteignait les plus hautes sphères.
00:29:31Beaucoup de policiers qui étaient supposés traquer Pablo Escobar étaient en fait payés par Pablo Escobar.
00:29:37Quand on travaille dans ces environnements du tiers monde comme la Colombie, la police n'est pas bien payée.
00:29:42Du coup, il y avait beaucoup de policiers dans la poche.
00:29:45Les gens demandent le niveau de corruption.
00:29:4795% des opérations que menait la police étaient compromises.
00:29:51C'était un obstacle difficile à surmonter.
00:29:54En Colombie, où un pot de vin d'un cartel peut représenter 10 à 12 fois le salaire annuel d'un agent, la corruption est partout.
00:30:01Toutefois, les agents de la DEA ont souvent coordonné leurs efforts avec ceux du DAS, l'équivalent colombien du FBI.
00:30:07Au lieu d'envoyer la DEA enfoncer des portes et en quelque sorte dicter sa loi,
00:30:11il fallait créer un certain niveau de coopération avec le gouvernement colombien.
00:30:15Pour les agents américains de la DEA sur le terrain, le renseignement est essentiel.
00:30:19Pour en obtenir, il faut intercepter les communications du cartel.
00:30:24Chaque organisation au monde, légale ou illégale, doit pouvoir communiquer.
00:30:28Quand on veut infiltrer une organisation, on se concentre là-dessus.
00:30:33Une méthode indispensable, c'est l'écoute téléphonique, quand un agent peut intercepter la ligne d'un suspect.
00:30:39On avait habituellement 50 lignes sur écoute, avec de vieux enregistreurs.
00:30:43Et on avait 5 analystes.
00:30:46Au-delà de la technologie, les agents comptent sur les atouts humains.
00:30:49Les informateurs risquent leur vie pour aider la police.
00:30:53Pablo haïssait les indics, mais il ne les tuait pas simplement.
00:30:57Il les torturait d'abord pour savoir tout ce qu'ils avaient dit au gouvernement.
00:31:01J'ai vu des photos des corps.
00:31:04C'est indescriptible.
00:31:07Grâce à la corruption et à l'extorsion, Pablo a passé des années à se forger un destin favorable.
00:31:13Mais il sait que la DEA met en place une force contre lui.
00:31:16Or, l'extradition dans une prison américaine est sa plus grande crainte.
00:31:21Pablo Escobar répond à toutes les menaces de la même façon, par la violence.
00:31:28En 1987, les Colombiens sont quotidiennement soumis à des actes de narcoterrorisme violent.
00:31:34La violence liée à la drogue est si présente en Colombie que la menace de mort, la peur même de la mort, touche tous les niveaux de la société, jusqu'aux enfants.
00:31:42Tout cela est dû à Pablo Escobar et à son cartel de Médellin.
00:31:45Quand il tue quelqu'un, il veut qu'on le sache.
00:31:48La motivation d'Escobar est simple.
00:31:50Sachant qu'il ne peut échapper à une arrestation américaine par l'intimidation ou la corruption,
00:31:55il utilise la violence pour faire pression sur le gouvernement colombien afin qu'il révoque l'accord d'extradition avec les Etats-Unis.
00:32:01Il ne se contente pas de vous tuer.
00:32:03Il tue vos enfants, votre femme, des familles entières.
00:32:06Il est prêt à aller jusque là pour assurer sa protection.
00:32:09On en revient toujours à l'extradition.
00:32:13Escobar et ses collaborateurs du cartel ont même lancé une sinistre campagne de communication
00:32:19pour que l'opinion publique comprenne qui est derrière cette violence et pourquoi.
00:32:23Ils ont formé un groupe appelé les Extradables.
00:32:26Il a fait des tracts et des cartes de visite.
00:32:29C'était marqué les Extradables.
00:32:31En gras, en dessous, leur slogan.
00:32:33Plutôt une tombe en Colombie qu'une prison aux Etats-Unis.
00:32:36Il envoyait simplement un message au gouvernement.
00:32:40Aussi longtemps que vous soutiendrez l'extradition, je vais continuer ma campagne meurtrière en tuant des innocents.
00:32:46Il voulait qu'on sache qu'il gardait toujours le contrôle.
00:32:50La violente stratégie d'Escobar fonctionne.
00:32:53En 1987, après plus de 3 000 voitures piégées, 22 000 meurtres dont des juges,
00:32:58la Cour suprême colombienne craque et supprime le traité d'extradition avec les Etats-Unis.
00:33:03Le gouvernement américain perd son arme la plus puissante contre Escobar.
00:33:09Mais la DEA est toujours déterminée à ce que justice soit faite.
00:33:13Les agents américains doivent donc trouver des agents colombiens fiables pour traquer Escobar ensemble.
00:33:19J'ai vite compris que c'était leur pays, ce n'est pas le nôtre.
00:33:22On n'allait pas dans le même sens.
00:33:24En 1988, Javier Peña arrive à Bogotá en tant qu'agent de terrain aguerri.
00:33:29Il a travaillé sous couverture pour lutter contre la contrebande au nord de la frontière.
00:33:33Sa mission est claire, utiliser ses compétences en renseignement
00:33:36pour aider les forces colombiennes à capturer ou tuer Pablo Escobar et faire cesser son règne de terreur.
00:33:42Pour moi, la traque de Pablo Escobar était personnelle, car il a tué certains de mes amis.
00:33:49Aux Etats-Unis, Javier s'est taillé une réputation de recruteur d'indic
00:33:53avec un instinct naturel pour démêler les informations et les pièges.
00:33:57La clé de tout, c'est de corroborer.
00:33:59Une fois qu'ils ont commencé à donner des informations qui donnent des résultats,
00:34:04on savait qui on pouvait croire.
00:34:06Mais l'instinct de Rabier ne peut le protéger de la violence aveugle,
00:34:10qui est la marque de fabrique d'Escobar.
00:34:12J'avais peur de Pablo Escobar.
00:34:14Ma plus grande crainte, c'était d'être au mauvais endroit au mauvais moment.
00:34:18Plus Rabier passe du temps à Bogotá, plus il devient évident que le danger qu'il affronte n'est pas aléatoire.
00:34:24Il est dans le radar d'Escobar, là où il ne fait pas bon se trouver.
00:34:30On a intercepté des appels téléphoniques qui montraient que les trafiquants du cartel de Medellín
00:34:35avaient identifié l'adresse de Rabier, son adresse exacte avec le numéro d'appartement.
00:34:40L'ambassade lui a trouvé un autre logement.
00:34:43Il n'a pas fallu longtemps pour que ça recommence.
00:34:45Ils avaient trouvé le deuxième appartement.
00:34:48Il était tellement impliqué dans sa mission qu'il a dit « Trouvez-moi un autre appart ».
00:34:52Et il a continué son travail. Il est resté concentré.
00:34:56Dans un pays inondé d'argent sale et gangréné par la corruption,
00:34:59trouver des membres des forces de l'ordre sur lesquels compter est difficile
00:35:03pour les agents de terrain de la DEA en Colombie.
00:35:06Mais aucun Colombien n'a pris part au combat contre Pablo Escobar
00:35:09comme le général Maza Marquez, le directeur du DAS, l'équivalent colombien du FBI.
00:35:14Pablo Escobar haïssait le général Maza Marquez.
00:35:17Escobar essayait toujours de le tuer.
00:35:19Pablo a essayé de le tuer à sept reprises.
00:35:21Il a envoyé une lettre piégée à son bureau.
00:35:23Il mettait des bombes dans les rues de Bogotá où pouvait se trouver sa voiture.
00:35:28Désespérant de tuer le général Maza Marquez,
00:35:31Escobar coordonne sa plus grande série d'attentats.
00:35:34A l'automne 1989, il s'en prend directement au siège du DAS.
00:35:39Il a mis 500 kilos de dynamite du TNT et il les a placés dans un bus
00:35:43qu'il a garé devant le quartier général du DAS.
00:35:47Et il a fait sauter la bombe.
00:35:50Je me rappelle que j'étais à notre ancienne ambassade.
00:35:52L'ambassade a tremblé quand la bombe a sauté.
00:35:55Il y a eu un cratère dans la rue, peut-être 5 mètres de profondeur.
00:35:58Le châssis du bus qui contenait la bombe a atterri au 11ème étage du bâtiment.
00:36:05Le général survit, mais des dizaines d'innocents sont morts.
00:36:09Comment peut-on être vicieux à ce point ?
00:36:12C'est incroyable.
00:36:15Alors que la violence d'Escobar ne fait qu'augmenter,
00:36:18le gouvernement américain redouble ses efforts.
00:36:20Quand le président Bush prête serment en 1989,
00:36:23il accroît l'effort de guerre des États-Unis contre la drogue
00:36:26en déversant du cash et en jurant de faire tomber Escobar.
00:36:30Ceci est du crack saisi il y a quelques jours par la DEA
00:36:34dans un parc en face de la Maison Blanche.
00:36:37Son aspect est celui d'un innocent bonbon.
00:36:41Mais il transforme nos villes en zones de combat et il tue nos enfants.
00:36:45Cette chose est un poison.
00:36:48Si nous affrontons cela comme une nation unie,
00:36:51ce ne sera plus qu'un simple produit chimique inutile.
00:36:55Le président Bush avait dirigé la CIA.
00:36:58Il avait une vision internationale sur le déroulement de ces choses-là.
00:37:03Le gouvernement des États-Unis est prêt, avec de l'argent,
00:37:06des agents entraînés et la volonté de se salir les mains dans la lutte contre Escobar.
00:37:10Ce qu'il lui faut, c'est au sein du gouvernement colombien
00:37:13un partenaire qui soit prêt à accepter cette aide.
00:37:16En 1989, tous les espoirs reposent sur le candidat à la présidentielle, Carlos Galán.
00:37:21Oui, on adorait Luis Carlos Galán.
00:37:24Et il est prêt à affronter les trafiquants.
00:37:27Galán était une vraie menace pour Escobar
00:37:30car il a fait de la guerre contre la drogue et les cartels
00:37:34une priorité de sa candidature.
00:37:37Il a commencé sa campagne en disant simplement
00:37:40« Si je suis élu, je réinstaurerai l'extradition. »
00:37:43C'est une menace que Pablo Escobar ne prend pas à la légère.
00:37:48En 1989, Pablo Escobar dirige le cartel de drogue
00:37:52le plus vaste et le plus craint de toute l'histoire.
00:37:55Chaque jour, il fait entrer 15 tonnes de cocaïne aux États-Unis
00:38:00et fait régner la terreur en Colombie.
00:38:03Il envoyait simplement un message au gouvernement
00:38:06« Aussi longtemps que vous soutiendrez l'extradition,
00:38:09je vais continuer ma campagne meurtrière en tuant des innocents. »
00:38:13Mais un nouvel adversaire vient menacer l'empire d'Escobar
00:38:16devenant l'espoir d'une nation.
00:38:19Le 18 août 1989, le candidat à la présidentielle colombienne
00:38:23Luis Carlos Galán se présente devant une foule de 10 000 personnes
00:38:27à un meeting aux abords de la capitale.
00:38:30Luis Carlos Galán était, je pense, considéré comme la pire menace par les trafiquants.
00:38:35C'est quelqu'un qui les aurait réellement extradés vers les États-Unis.
00:38:39En cas de victoire, il a promis de mener la vie dure aux trafiquants
00:38:43qui ont semé le chaos dans le pays.
00:38:45En particulier Pablo Escobar, dont la violente campagne terroriste
00:38:49a tué 400 Colombiens au cours de la seule année précédente.
00:38:55Alors que Galán monte sur l'estrade, un tireur ouvre le feu
00:39:01et l'assassine.
00:39:05Je n'oublierai jamais. J'étais au restaurant.
00:39:07La serveuse est venue pour nous dire
00:39:09ils viennent de tuer Galán, tout le monde dehors.
00:39:11La loi martiale est décrétée.
00:39:13On a quitté le restaurant, c'était le chaos.
00:39:15Je me souviens des sirènes, de la police et de l'armée.
00:39:17Je me souviens avoir pleuré pour Luis Carlos Galán.
00:39:20Galán était l'espoir de tout un pays.
00:39:23C'était la fin d'un rêve.
00:39:25Le meurtre d'un candidat à la présidentielle
00:39:27est un séisme pour le pays et pour le monde entier.
00:39:30Le président colombien a décrété l'état de siège pour son pays
00:39:33après que des tueurs ont assassiné le favori de l'élection présidentielle
00:39:37blessant également dix personnes.
00:39:40Pablo Escobar est allé trop loin.
00:39:42Quelques heures après la mort de Galán,
00:39:44le président colombien, Berrio Barco,
00:39:47déclare enfin la guerre à Escobar
00:39:49et demande l'aide des États-Unis.
00:39:52La survie de la Colombie est en danger.
00:39:56J'étais si content que Barco déclare la guerre.
00:39:59Le fait que le gouvernement colombien
00:40:01prenne les choses au sérieux
00:40:03était un très bon signe pour la DEA.
00:40:06L'ambassadeur McNamara et moi sommes allés voir le président Barco.
00:40:10Au bout d'un moment, il nous a dit ce qu'il allait faire
00:40:13et en retour, je lui ai dit que nous soutiendrions ses efforts autant que possible.
00:40:18Il a fait appel à l'armée.
00:40:20Il a envoyé la police faire des descentes
00:40:22dans tous les lieux qui étaient associés à Escobar.
00:40:26Avec l'appui de la DEA,
00:40:28plus de 350 descentes sont effectuées
00:40:30dans les trois premiers jours de la guerre contre Pablo.
00:40:35L'une d'elles s'opère très près de chez lui.
00:40:38Finca Napoles faisait sa fierté.
00:40:40C'était son premier ranch, une vraie vitrine pour lui.
00:40:43Le portail de l'entrée du ranch était un avion monomoteur.
00:40:47Il aimait frimer.
00:40:48Il disait, c'est le premier avion que j'ai utilisé pour livrer de la cocaïne.
00:40:53Son joyau, il adorait Finca Napoles.
00:40:56La maison était énorme avec une piscine.
00:40:59Il y avait aussi une piste d'atterrissage.
00:41:01Il avait une flotte aérienne qui comprenait des jets,
00:41:04plein de voitures, des hydroglisseurs, des jetski, des bateaux.
00:41:08Il avait un zoo avec tout un tas d'animaux exotiques.
00:41:11Rhinocéros, zèbres, chameaux, il a introduit l'éléphant en Colombie.
00:41:17Chassé de chez lui, Escobar est en fuite.
00:41:20Alors que la guerre contre lui continue,
00:41:22le gouvernement colombien saisit 4 tonnes de cocaïne
00:41:25et arrête 11 000 membres du cartel, mais pas Pablo.
00:41:29Son investissement massif dans la loyauté des pauvres de Medellín lui rapporte beaucoup.
00:41:34Le défi avec Pablo, c'est qu'il avait tracé sa route de telle façon
00:41:38qu'il savait toujours ce qu'allait faire la police.
00:41:40Et il avait une loyauté absolue de la part d'une armée de gens
00:41:43qu'il suffisait de payer pour savoir dès qu'un camion
00:41:46ou une voiture de police se mettait en route.
00:41:48Quelqu'un allait toujours décrocher son téléphone
00:41:51pour lui dire où allait tel convoi ou telle voiture.
00:41:54Cependant, alors qu'il prend le large,
00:41:56la vie de fugitif coûte cher à Escobar et son business multimilliardaire.
00:42:01Il dirigeait toujours son affaire, mais sa position était très inconfortable.
00:42:05La pression que mettait le gouvernement était intense.
00:42:08Dans les mois qui ont suivi, il a répondu par davantage de bombes,
00:42:11d'intimidation, d'enlèvements et de menaces.
00:42:15Pendant ce temps, le jour de l'élection présidentielle colombienne de 1989 approche.
00:42:22Le candidat Gallan est remplacé par un de ses proches,
00:42:24ancien ministre des Finances, César Gaviria.
00:42:28Il rejoint le combat colombien contre Escobar et accentue la traque.
00:42:33Sous pression, Pablo désespère de mettre fin à ses poursuites.
00:42:38Pour y parvenir, il va commettre son acte le plus fou.
00:42:42Escobar pensait que César Gaviria serait à bord d'un avion de ligne
00:42:46de la compagnie Avienca, reliant Bogota à Cali.
00:42:50Pablo confie la coordination de cette mission à l'un de ses plus fidèles sicarios, la Kika.
00:42:55La Kika avait une mallette et il a dit à un autre sicario,
00:42:58le patron Pablo Escobar, il te fait confiance pour ce travail.
00:43:02Voilà une mallette, c'est un enregistreur.
00:43:04Il veut que tu enregistres le gars qui sera à ta droite.
00:43:09Quand l'avion a décollé, le sicario a appuyé sur un bouton.
00:43:12C'était une bombe.
00:43:15Plus de 100 passagers ont été tués quand l'avion a explosé juste après le décollage de Bogota.
00:43:20Le 27 novembre 1989, 110 civils perdent la vie dans l'attentat, dont deux américains.
00:43:26Une vie est épargnée, la cible elle-même.
00:43:30Gaviria échappe de peu à la mort grâce à un renseignement de dernière minute qu'il éloigne de l'avion.
00:43:36On ne peut pas descendre plus bas.
00:43:39Ça montre le degré de haine de ce type.
00:43:42Pablo Escobar était diabolique.
00:43:44J'ai pas assez de mots à mon vocabulaire pour décrire précisément combien cet homme était terrible.
00:43:50Vraiment horrible.
00:43:52C'est le genre de terrorisme qu'aucun pays ne peut laisser impuni.
00:43:55La destruction du vol 203 de l'Avianca montre clairement une chose.
00:44:00Pour combattre Pablo Escobar, il faut être aussi violent que Pablo Escobar.
00:44:04En Colombie, certains sont enfin prêts à l'être.
00:44:08En 1989, après plus d'une décennie de violences et de destructions orchestrées de la main de Pablo Escobar,
00:44:15les forces américaines et colombiennes coordonnent enfin une attaque générale contre le baron de la cocaïne.
00:44:21Je suis là aujourd'hui pour vous parler de guerre.
00:44:23Sa maison est prise d'assaut.
00:44:25Finca Napoles faisait sa fierté, c'était son premier ranch.
00:44:28Ça lui servait de vitrine.
00:44:30De la drogue et beaucoup d'argent sont saisis.
00:44:32Il se retrouve en cavale.
00:44:35Sa situation était très inconfortable et la pression que mettait le gouvernement était très efficace.
00:44:40Mais les millions dépensés pour acheter la loyauté des pauvres de Medellín aident Escobar à survivre.
00:44:46Toute une armée de gens lui vouait une loyauté absolue.
00:44:49Et quoi qu'il arrive, même en luttant pour éviter l'arrestation, Escobar réussit à diriger son empire,
00:44:55déterminé à échapper à sa pire crainte, une prison américaine.
00:44:58Durant les mois suivants, il réplique avec davantage de bombes et d'intimidation.
00:45:03Acculé, Escobar procède à son action la plus violente.
00:45:07L'attentat du vol 203 d'Avianca avec 110 victimes.
00:45:11Escobar n'est plus seulement une menace pour les gouvernements américains et colombiens,
00:45:15mais un terroriste international.
00:45:18Je pense que le niveau de violence que Pablo voulait atteindre avec cet attentat
00:45:23a changé le point de vue des Etats-Unis sur cette menace.
00:45:28César Gaviria Trujillo !
00:45:31César Gaviria, la vraie cible de cet attentat, remporte haut la main l'élection présidentielle de 1989.
00:45:38Au départ, quand le président Gaviria a été élu, j'étais optimiste,
00:45:42car il a souligné l'importance de ramener la paix en Colombie.
00:45:46Dix ans après le début de la guerre contre la drogue menée par les Etats-Unis,
00:45:50les efforts américains ont souvent été contrecarrés par les interférences du gouvernement colombien,
00:45:55peu enclin à provoquer Escobar ou à le menacer d'extradition.
00:45:59Les Etats-Unis espèrent que l'élection de Gaviria livrera enfin Escobar aux agents américains de la DEA.
00:46:05Mais en décembre 1990, Gaviria promulgue un décret qui douche les espoirs nourris par la DEA
00:46:11de livrer Escobar à la justice américaine.
00:46:14Gaviria, président d'une Colombie en guerre, propose un marché que tout patron de cartel ne peut qu'accepter.
00:46:20Tout trafiquant qui se rend peut avouer un seul crime,
00:46:23aller dans une prison spéciale et ne peut en aucun cas être extradé.
00:46:27Il accorde tout ce que Pablo Escobar a toujours exigé.
00:46:31Mais Pablo veut voir ça noir sur blanc.
00:46:33Sa chance se présente en 1991, quand le parlement colombien entre en session pour préparer une nouvelle constitution.
00:46:40D'après nos renseignements, il était évident qu'Escobar a utilisé des méthodes particulièrement agressives
00:46:46pour tenter d'influencer l'Assemblée en achetant des votes.
00:46:51Le 19 juin 1991, 4 ans après l'arrivée de Jotoft à Bogotá pour capturer Escobar,
00:46:57le parlement colombien vote pour rendre toute extradition inconstitutionnelle.
00:47:02Quelques heures plus tard, Pablo se rend selon ses propres conditions.
00:47:06Pablo Escobar, le baron du cartel de la drogue de Medellín,
00:47:10s'est rendu quelques heures après que l'Assemblée constituante de Colombie a dit non à toute extradition vers les Etats-Unis.
00:47:16Plus tard, dans la journée, un hélicoptère emporte Pablo dans sa prison privée, la cathédrale,
00:47:22où il purgera une peine de 5 ans seulement.
00:47:25Je me souviens d'avoir regardé ça à la télé. Personne n'avait le droit d'aller près du lieu de l'arrêtition.
00:47:31Les agents de la DEA, qui avaient risqué leur vie pour combattre le cartel,
00:47:34ne peuvent qu'observer Pablo se placer hors de portée des Etats-Unis.
00:47:38Le jour de l'arrêtition d'Escobar, j'en étais malade.
00:47:44C'est un de ces moments dans la vie où l'on se dit tout ça pour ça.
00:47:51Et tous les innocents qui ont été tués, les officiers de police assassinés, tout ça pour rien.
00:47:59Alors que beaucoup d'agents de la DEA au bureau de Bogota sont démoralisés par la manœuvre de Pablo,
00:48:05Steve Murphy arrive, toujours déterminé à démanteler le cartel de Medellín.
00:48:10C'est un agent aguerri, mais il est nouveau en Colombie et parle très peu espagnol.
00:48:14Javier Peña devient rapidement son partenaire idéal en tant qu'agent de terrain rompu à Bogota.
00:48:19Pour ma première semaine en Colombie, je suis arrivé un dimanche.
00:48:23Le mercredi, Pablo Escobar s'est rendu à sa prison, taillée sur mesure.
00:48:28Dans les montagnes au sud de Medellín, Escobar choisit une prison avec vue sur la capitale de son empire.
00:48:34Il sélectionne personnellement ceux qui seront ses gardiens
00:48:37et choisit le seul crime pour lequel il plaide coupable.
00:48:40Tous les autres crimes que cet homme a commis dans sa vie, y compris des milliers de meurtres, ont été absous, effacés.
00:48:49Il n'a pas été question de lui enlever sa fortune.
00:48:53En plus de cela, Escobar déclare qu'aucun policier colombien ne sera admis dans un rayon de 18 km autour de sa prison.
00:49:01Pour la DEA, il est évident que Pablo compte diriger ses opérations à l'intérieur.
00:49:05La seule façon de lui faire du mal, c'est de continuer d'attaquer son cartel.
00:49:10On savait qu'il n'allait pas cesser ses activités criminelles.
00:49:13J'ai rencontré la police nationale colombienne avec Javier, on a essayé de récolter des renseignements et d'enquêter sur Escobar.
00:49:19Les informateurs de Peña & Murphy donnent des nouvelles alarmantes.
00:49:23La prison de Pablo n'est pas du tout une prison.
00:49:26Son incarcération à la cathédrale a toujours été une farce.
00:49:30Dès qu'Escobar est entré dans la prison, il a commencé à la meubler.
00:49:34Il utilise un camion avec un double fond pour faire passer en contrebande tout ce qu'il désire.
00:49:40La cellule de Pablo était une suite de deux pièces avec un grand réfrigérateur,
00:49:45des rideaux fleuris assortis au-dessus de lits, des œuvres d'art coûtant des millions de dollars au mur.
00:49:51Il avait tout un équipement audiovisuel.
00:49:54Il menait simplement la vie d'un millionnaire de la drogue avec des barbecues, des fêtes et des jolies filles.
00:50:00Sa prison est plutôt une forteresse, rapidement rebaptisée Hôtel Escobar.
00:50:04La DEA essaie de dire au gouvernement colombien qu'Escobar les déshonore,
00:50:08mais tous les avertissements restent lettres mortes.
00:50:11On a commencé à partager nos informations avec le président,
00:50:14et le président nous a répondu que ce n'était pas vrai, que ce qu'on disait était faux.
00:50:19Mais s'il reconnaissait que nos informations étaient vraies,
00:50:23il devait accepter le fait que l'accord avec Escobar était un échec.
00:50:27En sécurité derrière les murs de sa prison, sans la menace d'une extradition vers les États-Unis,
00:50:32et avec une armée de sicarios prêts à exécuter ses ordres,
00:50:35Pablo redouble d'efforts pour assurer la suprématie de son cartel.
00:50:39Le contrôle au jour le jour de son empire est placé entre les mains de ses amis d'enfance,
00:50:43Fernando Galeano et Gerardo Moncada.
00:50:46Quand Pablo s'est rendu de lui-même dans la prison,
00:50:49il a imposé ce qu'on a appelé une guerre des taxes à ses camarades du cartel de Medellín.
00:50:54En échange de ces sacrifices, Escobar demande à chacun de ses lieutenants
00:50:58de lui verser 200 000 dollars par semaine.
00:51:01Dans l'année suivante, Escobar a amassé des centaines de millions de dollars.
00:51:07Un jour, des sicarios ont trouvé une montagne d'argent appartenant aux frères Moncada et Galeano.
00:51:12Cet argent était emballé et caché au fond d'une grotte.
00:51:15L'argent commençait à pourrir.
00:51:17Ils ont dit « Pablo, tu es là à souffrir en prison »,
00:51:20et eux croient que c'est une blague. Ils laissent l'argent pourrir.
00:51:23La prison dorée de Pablo a écarté la menace d'une extradition,
00:51:26mais être tenu éloigné de ses opérations de contrebande le rend complètement paranoïaque,
00:51:31craignant la menace de son propre cartel.
00:51:34Pablo voit des trahisons partout.
00:51:36Il convoque Moncada et Galeano pour un entretien.
00:51:40Ils essaient d'expliquer à Pablo.
00:51:42« Pablo, ce n'est pas ce que tu crois. On ne te cachait pas cet argent. »
00:51:47Pablo est devenu tellement furieux qu'il a pris un bâton et a tué Moncada lui-même.
00:51:52De ses propres mains.
00:51:54Les sicarios sont bondis pour tuer Fernando Galeano.
00:51:58Quand Moncada et Galeano ne reviennent pas de leur visite à la cathédrale,
00:52:01le scandale se répand à travers la Colombie.
00:52:04La police a commencé à enquêter, puis les médias se sont mis de la partie,
00:52:08et le cauchemar de Gabiria s'est finalement concrétisé.
00:52:11C'est devenu très difficile pour le gouvernement colombien d'en accepter plus.
00:52:15Avoir permis à Escobar de commettre des meurtres dans sa prison de luxe
00:52:18est un désastre politique pour le gouvernement colombien.
00:52:21Le président Gabiria est obligé d'agir.
00:52:23Le président a appelé le vice-ministre de la justice, un type nommé Eduardo Mendoza.
00:52:28Il lui a dit « Je veux que vous envoyiez des troupes là-bas
00:52:31et que vous transfériez Pablo de Medellín à Bogota. »
00:52:35Il a envoyé Mendoza, un petit jeune de 29 ans,
00:52:39demander à Escobar de l'autoriser à le transférer à un autre endroit.
00:52:46Je pense vraiment qu'il était pétrifié de peur face à Pablo Escobar
00:52:50et au pouvoir qu'il représentait dans Colombie.
00:52:55Pendant que les États-Unis et la DEA observent les événements,
00:52:58Mendoza arrive à la porte de la cathédrale avec 400 soldats,
00:53:02surpassant largement les 12 sicarios emprisonnés avec Escobar.
00:53:06Mais les hommes de Mendoza craignent toujours la colère d'Escobar
00:53:09et refusent de prendre d'assaut sa forteresse.
00:53:12Mendoza décide d'entrer lui-même avec seulement un colonel colombien
00:53:15et quelques gardes pour le protéger.
00:53:18Je pense qu'Escobar a pris la mauvaise décision pensant qu'il allait être tué.
00:53:22Apeuré, Escobar et son équipe maîtrisent les gardes
00:53:25et prennent le vice-ministre Mendoza en otage.
00:53:29Pablo Escobar essaie de parler au président de la Colombie.
00:53:33Personne ne répond au téléphone.
00:53:36Pablo Escobar s'énerve. Il devient de plus en plus furieux.
00:53:39Les sicarios veulent tuer le vice-ministre de la justice.
00:53:43C'est un scénario catastrophe pour le président colombien.
00:53:46Un chef de cartel a pris en otage un officiel de haut rang
00:53:49pour tenter de faire plier le président.
00:53:51Le gouvernement colombien est finalement amené à laisser Escobar dicter ses conditions.
00:53:55Ils ont envoyé une unité militaire spéciale.
00:53:58Ils ont lancé une opération pour essayer de sauver Mendoza.
00:54:02Il faut se souvenir que tous les gardes de la prison étaient des hommes d'Escobar.
00:54:06Il avait sélectionné les gardes.
00:54:08Ils ouvrent le feu sur les militaires colombiens.
00:54:12Pablo a déjà prévu au moins trois filières d'évasion depuis sa prison.
00:54:16Ses tueurs partent d'un côté, lui part d'un autre.
00:54:20Pablo est sorti de prison sans être appréhendé.
00:54:31Escobar et certains de ses hommes étaient installés dans cet établissement en haut de la montagne.
00:54:36On appelait ça une prison, mais il n'en avait que le nom.
00:54:40Les 13 mois que Pablo Escobar a passé tranquillement dans sa prison privée, la cathédrale,
00:54:45lui ont permis de garder le contrôle sur son empire de la cocaïne,
00:54:49avec 70 tonnes de drogue livrées aux Etats-Unis chaque mois.
00:54:53Durant tout ce temps, ni les forces colombiennes, ni la DEA américaine
00:54:57n'ont pu approcher à moins de 18 km de la luxueuse prison forteresse.
00:55:02Mais quand Pablo tue sauvagement deux de ses lieutenants,
00:55:05les militaires colombiens prennent d'assaut la cathédrale
00:55:09sans pouvoir éviter l'évasion d'Escobar.
00:55:12Le gouvernement de Gabiria était très embarrassé.
00:55:15Lui qui a assuré à son peuple et aux Etats-Unis que tout était sous contrôle,
00:55:19se retrouve à voir les Etats-Unis lui soupirer, on vous l'avait bien dit.
00:55:23On avait dit que c'était ridicule, c'était une farce.
00:55:27La peur que Gabiria avait d'Escobar l'a coincé.
00:55:30Il avait l'air d'un idiot.
00:55:32Beaucoup de questions et de ressentiments,
00:55:34mais aucune trace du baron de la drogue colombien Pablo Escobar.
00:55:38L'évasion d'Escobar est un coup dur pour le président Gabiria humilié,
00:55:42mais une chance pour les agents de la DEA,
00:55:44qui ont une opportunité de mettre la main dessus.
00:55:47Gabiria est obligé de demander l'aide de la DEA.
00:55:50C'était un bon moment pour moi,
00:55:53car j'étais ravi qu'il soit contraint d'affronter la réalité.
00:55:56Il a dit, il faut qu'on fasse quelque chose.
00:55:59Vous devez nous aider.
00:56:02À l'ambassade des Etats-Unis à Bogota,
00:56:04chaque Américain est prêt à aider la Colombie.
00:56:07Ordinairement, les policiers ne se réjouissent pas de l'évasion d'un criminel,
00:56:11mais ce jour-là, nous l'avons bien célébré.
00:56:14J'étais heureux, j'étais vraiment heureux,
00:56:17parce qu'on avait une nouvelle chance de capturer Pablo Escobar.
00:56:21Ce qui suit est la plus grande chasse à l'homme de l'histoire de la DEA.
00:56:25Le gouvernement colombien met en place une force d'élite
00:56:28dont l'objectif est de capturer Escobar, le bloc de recherche,
00:56:31l'unité de police colombienne la plus expérimentée.
00:56:34Ils ont réuni les meilleurs officiers de police de Colombie.
00:56:38Ils ont pris les meilleurs de leurs unités d'action.
00:56:42Ces gars ont été entraînés spécialement pour des opérations en montagne,
00:56:46des opérations urbaines.
00:56:49Ils avaient environ 500 officiers de police en uniforme.
00:56:53Et des officiers en civil se chargeaient du renseignement
00:56:56pour le bloc de recherche.
00:56:59Leur seul but était de trouver Pablo Escobar.
00:57:03La toute première opération consiste à s'assurer
00:57:06que personne dans le bloc de recherche n'est corrompu par Escobar.
00:57:09Aucun de ces officiers de police n'étaient de Medellín.
00:57:12Ils ont dû quitter leur famille.
00:57:15Ils venaient tous d'autres régions de la Colombie
00:57:18pour diminuer leur possible corruptibilité.
00:57:21Diriger le bloc de recherche est considéré
00:57:24comme le poste le plus dangereux de Colombie et personne n'en veut.
00:57:27Le gouvernement colombien se tourne vers un homme
00:57:30qui a prouvé qu'il était incorruptible, un vieil ennemi d'Escobar,
00:57:33le colonel Hugo Martinez.
00:57:36Pablo Escobar haïssait vraiment le colonel Martinez.
00:57:39Il avait envoyé une lettre au colonel
00:57:42en annonçant qu'il allait tuer sa famille.
00:57:45Je me souviendrai toujours de la lueur
00:57:48dans le regard de Martinez ce jour-là.
00:57:51Ce type avait du cran.
00:57:54Vous savez, le colonel Martinez n'a jamais renoncé.
00:57:57Avant l'arrédition d'Escobar à la cathédrale,
00:58:00le colonel Martinez a mené la traque contre lui.
00:58:03Il se voit enfin donner une deuxième chance de capturer Escobar.
00:58:06Lui et son bloc de recherche savent qu'ils vont devoir travailler
00:58:09avec les meilleurs agents américains, Steve Murphy et Javier Peña.
00:58:12Javier et moi avons gagné le respect de la police nationale colombienne.
00:58:15On avait fait nos preuves sur le terrain avec eux.
00:58:18Ils nous faisaient confiance.
00:58:21Ça les a poussés à nous proposer d'aller vivre avec eux à plein temps.
00:58:24Steve et Rabier laissent Bogota derrière eux
00:58:27et rejoignent Medellín en juillet 1992.
00:58:30Tout le monde vivait au même endroit.
00:58:33La célèbre école Carlos Holguín,
00:58:36une ancienne base de la police à Medellín.
00:58:39Une fois, Pablo a engagé une femme pour qu'elle soit cuisinière dans notre base.
00:58:42Elle a gagné la confiance de tout le monde.
00:58:45Elle travaillait bien comme cuisinière.
00:58:48Puis, elle a mis du poison dans la nourriture pour essayer de nous tuer.
00:58:51On n'est pas morts, comme vous voyez. Personne n'est mort.
00:58:54On a été malades et on a passé beaucoup de temps aux toilettes.
00:58:57Aujourd'hui, en Amérique du Sud, à nouveau une piqûre de rappel
00:59:00de la dangerosité et de la détermination des trafiquants de drogue.
00:59:03La fidèle armée de sicarios d'Escobar se montre toujours aussi mortelle.
00:59:06Dans les 15 premiers jours opérationnels du bloc de recherche,
00:59:10Escobar tue 30 des hommes du colonel Martinez.
00:59:13Ils doivent agir rapidement.
00:59:16Les écoutes se font dans toutes les directions.
00:59:19Les indics nous appellent. On suit toutes les pistes potentielles.
00:59:22D'abord cantonnés au partage d'informations avec les Colombiens,
00:59:25Steve et Javier sont bientôt freinés par les ordres venus de leur propre ambassade.
00:59:28Les ordres de l'ambassade américaine
00:59:31étaient de rester dans les limites de la base à Medellín.
00:59:34Javier et moi n'avons jamais enfreint la loi.
00:59:37Nous avons transgressé les règles, les usages et les procédures.
00:59:40On sortait pour voir des informateurs.
00:59:43Un des endroits où nous en trouvions beaucoup, c'était la grande gare routière de Medellín.
00:59:46C'est énorme.
00:59:49C'était plus facile pour nous d'y passer inaperçu.
00:59:52Les sicarios du cartel et les sentinelles sont partout.
00:59:55Chaque fois qu'un agent rencontre un informateur, les deux risquent leur vie.
00:59:58Mais les renseignements que Steve et Javier collectent sur le terrain
01:00:01forment l'épine dorsale de la stratégie de la DEA
01:00:04pour démanteler l'organisation d'Escobar.
01:00:07Nous visions ses avoirs.
01:00:10Et on saisissait d'énormes quantités d'argent d'Escobar dans le monde entier.
01:00:13Pas seulement en Colombie.
01:00:16On visait ses laboratoires, on visait ses propriétés.
01:00:19On allait patrouiller dans les montagnes, là où des hélicoptères nous déposaient.
01:00:22On y allait, on se posait, on enfonçait les portes.
01:00:25Javier et moi y allions, quelle que soit la personne qui commandait l'opération.
01:00:28On enfonce la porte, on entre et on cherche.
01:00:32Mais contrairement à leurs collègues colombiens,
01:00:35Steve et Javier se lancent avec un handicap.
01:00:38Ils avaient des mitraillettes et des fusils.
01:00:41Javier et moi avions droit à un 9mm avec deux chargeurs.
01:00:44On n'avait pas le droit d'avoir un grand fusil.
01:00:47Les gouvernements colombiens et américains
01:00:50ne voulaient pas donner l'impression que les Etats-Unis menaient la danse.
01:00:56Une fois évadés, Escobar réussit à éviter la capture durant des mois.
01:01:00Le bloc de recherche effectue des descentes dans et autour de Medellín.
01:01:03Mais Pablo reste introuvable.
01:01:06Nous savions que Pablo, pendant sa cavale, après son évasion,
01:01:09continuait de communiquer.
01:01:12Nous savions qu'il savait qu'il ne pouvait pas rester longtemps au téléphone.
01:01:15On le savait parce qu'on l'entendait dire sur les écoutes,
01:01:18« Je dois raccrocher, là ».
01:01:21C'était très difficile de traquer Pablo.
01:01:24Pas seulement à cause de la corruption, mais aussi parce qu'il bougeait tout le temps.
01:01:28Il avait une base de fidèles absolument loyaux chez qui se cacher.
01:01:31Des gens qui pensaient que c'était un homme bien.
01:01:34C'est la seule personne qui ait fait quelque chose pour eux.
01:01:37Personne n'allait le livrer à la police.
01:01:40Sa loyauté envers eux et d'eux envers lui était inconditionnelle.
01:01:43Souvent, la DEA semblait sur le point de l'arrêter,
01:01:46avant de voir Escobar lui échapper encore.
01:01:49On a failli l'attraper plusieurs fois.
01:01:52Il y a eu plusieurs opérations auxquelles on a participé.
01:01:56Il était parti, le café était encore chaud, la nourriture était chaude.
01:02:00On trouvait des armes chargées, des moyens de communication,
01:02:03des vêtements militaires, des munitions, des grenades,
01:02:06à peu près tout ce qu'il faut pour mener une guerre.
01:02:11Malgré plusieurs alertes, Escobar est toujours en cavale.
01:02:14La DEA décide de retourner ses méthodes contre lui
01:02:17et tente d'acheter ses alliés avec de l'argent et une protection aux États-Unis.
01:02:21On a mis en place un numéro vert dans tout le pays
01:02:24pour donner des informations sur Pablo Escobar.
01:02:27Le gouvernement des États-Unis a offert 5 millions de dollars de récompenses
01:02:30pour toute information nous menant à Pablo.
01:02:33Les renseignements de Steve et Javier donnent de plus en plus de résultats,
01:02:36ce qui permet à la DEA et aux blocs de recherche
01:02:39de surprendre les violences sicarioses d'Escobar.
01:02:42Nous supprimions d'autres membres de son organisation,
01:02:45pas par des moyens traditionnels.
01:02:48On savait que 100% de ces gars, si on les cernait,
01:02:51si on tentait de les faire sortir pour les prendre vivants,
01:02:54ils allaient se mettre à tirer.
01:02:57La police nationale colombienne n'avait pas d'autre choix
01:03:00que de protéger la vie de ses agents en répliquant.
01:03:03Mais plus ils ont de succès, plus ils affaiblissent le business du cartel
01:03:06et plus les choses deviennent dangereuses pour les agents de terrain de la DEA.
01:03:09En récompense de leurs efforts, Steve et Javier se retrouvent
01:03:12chacun avec une cible dans le dos.
01:03:16La prime pour les policiers colombiens était de 100 dollars par tête.
01:03:19Pablo a mis une prime sur Javier et moi.
01:03:22Elle était de 300 000 dollars chacun.
01:03:26Avec leur tête mise à prix et une armée d'assassins dans les rues colombiennes,
01:03:29les agents de la DEA doivent mettre la main sur Escobar
01:03:32avant qu'ils ne mettent la main sur eux.
01:03:38En janvier 1993, cela fait presque 6 mois que Pablo Escobar
01:03:41s'est évadé de sa prison forteresse.
01:03:44Il est toujours en cavale.
01:03:47Les agents de la DEA, Steve Murphy et Javier Peña, sont à Medellín.
01:03:50Embarqués avec l'unité d'élite de la police colombienne,
01:03:53le bloc de recherche pour traquer Escobar de planque en planque.
01:03:58Les troupes ont fouillé la jungle et les fermes alentours à plusieurs reprises.
01:04:01Elles ont retourné les maisons, installé des barrages
01:04:04pour traquer Pablo Escobar, le trafiquant de cocaïne milliardaire
01:04:07qui a tué tous ses adversaires.
01:04:11Mais alors que la DEA a une piste menant à la planque d'Escobar,
01:04:14Pablo est alerté de son arrivée.
01:04:17Le baron de la cocaïne a toujours un ou deux coups d'avance
01:04:20sur le bloc de recherche.
01:04:23C'est décourageant quand on mène sans arrêt des opérations et qu'on n'y arrive jamais.
01:04:26On se dit, est-ce que ça va se terminer ? Est-ce qu'on va capturer ce gars ?
01:04:29Mais dans leur combat contre Escobar, une aide pour le moins inattendue se présente.
01:04:34Ce qu'on n'attendait pas, c'est l'implication de Los Pepes.
01:04:37Peu de temps après son évasion, Los Pepes sont entrés en scène.
01:04:42Los Pepes, un groupe de gens persécutés par Pablo Escobar,
01:04:45est un nouvel acteur dans la guerre qui fait rage en Colombie.
01:04:48Leurs membres sont anonymes, leurs missions ne le sont pas.
01:04:51Ils avertissent Pablo Escobar qu'ils sont prêts à se battre.
01:04:55Los Pepes, des miliciens qui partent en guerre
01:04:58contre ceux qui s'associent au fameux baron de la drogue.
01:05:01On a commencé à avoir des infos sur qui était Los Pepes.
01:05:04Les noms ont commencé à sortir.
01:05:07Los Pepes étaient en fait des membres du cartel de Medellín.
01:05:10On ne voyait pas quel enfer allait se déchaîner.
01:05:13Après que Pablo Escobar a tué deux de ses lieutenants dans sa prison de luxe,
01:05:16Fernando Galeano et Gerardo Moncada,
01:05:19le cartel de Medellín a commencé à se fracturer,
01:05:22chacun se demandant s'il serait la prochaine victime.
01:05:25D'anciens rivaux, des partenaires de personnes qu'il a tuées et d'autres,
01:05:28ont uni leurs forces dans une sorte de collaboration illicite.
01:05:31Les gens connaissaient ses habitudes.
01:05:34Ils savaient comment elles fonctionnaient.
01:05:37La stratégie de Los Pepes retournait les méthodes de Pablo contre lui.
01:05:40Ils ont décidé d'y aller franco.
01:05:43En d'autres mots, de tuer toute personne associée à Pablo Escobar.
01:05:46Quand ils trouvaient une propriété associée à Escobar,
01:05:49ils la faisaient sauter.
01:05:52Si vous étiez associé à Pablo Escobar d'une façon ou d'une autre,
01:05:55il vous tuait.
01:05:59Los Pepes envoie un message clair à Escobar.
01:06:02Ils ont traqué les gens qui travaillaient pour Escobar pour lui dire
01:06:05si tu ne peux pas les défendre, les gens verront que tu es impuissant.
01:06:08Pour un type comme lui, c'était intolérable.
01:06:11Le pouvoir d'Escobar passe par l'intimidation.
01:06:14Avoir d'anciens hommes de confiance à ses trousses rend Escobar furieux et paranoïaque.
01:06:17Los Pepes accentue la pression en visant les personnes auxquelles il tient le plus.
01:06:22Leur principal objectif était de tuer la mère de Pablo Escobar,
01:06:26sa femme et ses enfants.
01:06:30En 1976, Pablo a épousé Maria Victoria Henao,
01:06:3314 ans seulement à l'époque et 11 ans plus jeune qu'Escobar.
01:06:36Le couple a deux enfants,
01:06:39Juan Pablo, né en 1977, et Manuela, en 1984.
01:06:45Los Pepes frappe la famille d'Escobar,
01:06:48faisant sauter une voiture piégée devant l'immeuble de Medellín où il dorme.
01:06:52La réaction initiale du public aux actions de Los Pepes était très positive.
01:06:55Les gens se disaient que quelqu'un combattait enfin Pablo avec ses propres armes.
01:06:58Et ça mettait une grosse pression sur lui,
01:07:01ce qui œuvrait en notre faveur.
01:07:04On entendait Escobar sur nos écoutes.
01:07:07Il se sentait de plus en plus isolé.
01:07:10Il ne pouvait plus se fier à personne.
01:07:13Il avait l'impression que les gens disparaissaient autour de lui.
01:07:16Tôt ou tard, il savait qu'il allait faire une erreur.
01:07:20Fin 1993, 15 mois après son évasion de prison,
01:07:23avec des attaques incessantes de Los Pepes et la DEA à ses trousses,
01:07:26Pablo désespère de faire sortir sa famille hors de Colombie
01:07:29pour la mettre à l'abri.
01:07:32Il voulait sortir sa famille du pays de n'importe quelle façon
01:07:35parce qu'il pensait que Los Pepes finirait par mettre la main dessus.
01:07:40Escobar a peur, il est furieux, mais méfiant,
01:07:43prêt à déchaîner une violence aveugle dès qu'il aura mis sa famille hors d'atteinte.
01:07:47Pablo apparaissait de plus en plus sur nos radars.
01:07:50On savait que si Escobar mettait sa famille en lieu sûr,
01:07:53il déclarerait la guerre à toute la Colombie.
01:07:56Une guerre comme on n'en avait jamais vue.
01:08:01Signe de son désespoir, la famille de Pablo se tourne vers un secours inattendu.
01:08:06Un jour, son fils est apparu à l'ambassade pour parler à l'ambassadeur.
01:08:09Celui-ci m'a appelé. Le fils d'Escobar est là, vous voulez lui parler ?
01:08:12Bien sûr, je vais lui parler.
01:08:15Juan Pablo Escobar, 16 ans seulement,
01:08:18fait face au chef de la DEA qui traque son père.
01:08:21En gros, il a dit, je viens demander des visas américains.
01:08:24Vous savez, on doit quitter ce pays.
01:08:27Los Pepes vont nous tuer.
01:08:30Je lui ai dit, désolé, je ne peux pas vous aider.
01:08:33J'étais navré pour le gamin, il avait beaucoup subi.
01:08:36Malgré le refus de Toft, les Escobar réussissent à obtenir des visas.
01:08:39La DEA sait que s'ils quittent la Colombie,
01:08:42rien n'empêchera Blo de déchaîner encore plus de violence que jamais.
01:08:45Javier Peña se précipite à l'aéroport de Medellín
01:08:48pour stopper les Escobar.
01:08:51La famille a pour destination la vieille base américaine de Pablo.
01:08:54Pablo Escobar avait beaucoup d'associés du côté de Miami.
01:08:57Donc on était sûr qu'ils avaient des billets pour Miami.
01:09:00Ils avaient des visas américains sur leur passeport.
01:09:03C'était culotté d'aller aux Etats-Unis.
01:09:06Alors que la famille de Pablo embarque,
01:09:09Javier stoppe l'avion et attend des instructions de l'ambassadeur américain.
01:09:12L'ambassadeur prend son téléphone
01:09:15et ordonne à Javier de confisquer leur passeport
01:09:18et de déchirer le visa américain.
01:09:21Une fois la porte des Etats-Unis refermée,
01:09:24Escobar échafaude un nouveau plan.
01:09:27Je me souviens des flics qui m'appelaient pour me dire
01:09:30la famille Escobar a acheté un tas de billets
01:09:33pour plein de vols différents, peut-être pour des pays différents.
01:09:37Le 29 novembre 1993, la DEA envoie Steve et Javier
01:09:40à l'aéroport Eldorado de Bogotá pour le surveiller.
01:09:43Ils y apprennent que la famille Escobar
01:09:46tente de s'évader en Allemagne.
01:09:49On a compris qu'Escobar allait faire tout ce qu'il pouvait
01:09:52pour tirer sa famille de là.
01:09:55On était quasi sûr qu'il les envoyait en Allemagne.
01:09:58Ils ont embarqué dans l'avion,
01:10:01j'ai mis un agent et un flic dans le vol.
01:10:04Lorsque la famille Escobar s'envole vers l'Allemagne,
01:10:07la DEA sait que les renvoyer en Colombie
01:10:10est la seule chance d'exploiter le seul point faible d'Escobar.
01:10:13Washington a commencé à exercer des pressions sur le gouvernement allemand
01:10:16pour qu'il refuse l'entrée de la famille Escobar dans le pays.
01:10:19L'ambassadeur a appelé le ministère des Affaires étrangères,
01:10:22j'ai appelé la DEA à Washington,
01:10:25j'ai appelé l'ambassade allemande, on leur a tout expliqué.
01:10:28J'ai dit, vous devez nous aider, vous devez les refuser.
01:10:31Arrivée à Francfort, la famille a été placée en quarantaine.
01:10:34Le lendemain matin, ils étaient mis dans un vol retour pour Bogota.
01:10:40Avec sa famille coincée en Colombie dans le viseur de Los Pepes,
01:10:43Escobar est seul et en cavale.
01:10:46La DEA se rapproche, sachant qu'Escobar fera absolument tout
01:10:49pour éviter sa capture.
01:10:52Escobar est devenu fou, complètement fou.
01:10:56A l'automne 1993, cela fait plus d'un an
01:10:59que Pablo Escobar s'est évadé de sa prison forteresse.
01:11:02En plus de la DEA et des forces colombiennes
01:11:05se démenant pour l'arrêter,
01:11:08un groupe de rivaux de son cartel, baptisé Los Pepes,
01:11:11a déclaré la guerre à Escobar et sa famille.
01:11:15Ces gens connaissaient ses habitudes,
01:11:18ils savaient comment elles fonctionnaient.
01:11:21Escobar fait tout pour mettre sa famille hors d'atteinte,
01:11:24et a déclenché une guerre sans merci contre la Colombie
01:11:27en n'ayant plus rien à perdre.
01:11:30Il voulait sortir sa famille du pays de n'importe quelle manière.
01:11:33Mais le 29 novembre, sous la pression des Etats-Unis,
01:11:36l'Allemagne renvoie la famille Escobar à Bogota.
01:11:39Le gouvernement a décidé de mettre la famille
01:11:42dans un bel hôtel de Bogota.
01:11:45Bien qu'il soit l'homme le plus recherché de Colombie,
01:11:48le gouvernement accepte de mettre la famille d'Escobar sous protection.
01:11:51Ils l'aident parce qu'ils étaient visés par Los Pepes,
01:11:54et ils avaient raison, ils auraient été massacrés.
01:11:57Mais la générosité du gouvernement colombien a une autre motivation.
01:12:00Que sa famille soit sous protection gouvernementale
01:12:03a rendu Escobar furieux et a accru la pression sur lui.
01:12:06Parce qu'il en avait besoin,
01:12:09Pablo Escobar a commencé à parler à son fils, Juan Pablo,
01:12:12en utilisant un radiothéléphone.
01:12:15Au début des années 90, les portables sont extrêmement rares.
01:12:19Le radiothéléphone de Pablo lui permet de communiquer avec son fils
01:12:22en choisissant une fréquence parmi des milliers,
01:12:25en réglant les deux appareils sur le même numéro.
01:12:28La DEA sait que sa meilleure chance d'avoir Pablo
01:12:31est de trouver cette fréquence.
01:12:34Le défi, c'est de scanner absolument
01:12:37toutes les fréquences radio existantes,
01:12:40en espérant trouver l'exacte fréquence sur laquelle la personne
01:12:43que vous cherchez sera en train de parler
01:12:46au moment où vous passez dessus.
01:12:49Une vraie aiguille dans une botte de foin.
01:12:52Mais le talent de Rabier pour trouver des informateurs
01:12:55pourrait largement payer.
01:12:58Un de ces informateurs se trouvait être un des gardes de l'hôtel
01:13:01qui passait dans la chambre au moment où Juan Pablo parlait à son père.
01:13:04L'informateur a baissé les yeux, lu sur quelle fréquence ils se parlaient,
01:13:07l'a mémorisé et a appelé Rabier et lui a dit, voilà leur fréquence.
01:13:10Une fois la fréquence de Pablo identifiée,
01:13:13l'IAEA utilise une technique remontant à la Deuxième Guerre mondiale,
01:13:16la triangulation.
01:13:19La triangulation utilise des antennes puissantes pour trouver la source
01:13:22de la fréquence de Pablo quand il est au téléphone.
01:13:25Une fois le premier point repéré, une surveillance aérienne donne
01:13:28des coordonnées supplémentaires pour créer une zone large
01:13:31comme plusieurs pâtés de maisons autour de la source de l'appel.
01:13:34Quand trois coordonnées sont confirmées,
01:13:37des fourgons de surveillance high-tech vont par paire dans Medellin
01:13:41À cette époque-là, la marge d'erreur était assez large
01:13:44et on parle de la ville de Medellin.
01:13:47Deux millions et demi de personnes, très densément peuplées.
01:13:50Escobar échappe à la surveillance en se déplaçant constamment
01:13:53et en abrégeant ses appels.
01:13:56Mais après presque un an et demi de cavale, un Pablo frustré
01:13:59et fatigué par la guerre baisse la garde.
01:14:02Il était tellement inquiet que sa famille n'ait pas pu entrer en Allemagne
01:14:05qu'il reste un long moment à parler au téléphone avec ses enfants.
01:14:10Il y avait un officier de la police colombienne, le lieutenant Hugo Martinez.
01:14:13Le lieutenant Martinez est le fils du colonel Hugo Martinez,
01:14:16chef du bloc de recherche.
01:14:19Ce qu'on a là, c'est une équipe père-fils de gentils.
01:14:22Le colonel Martinez et le lieutenant Martinez
01:14:25qui poursuit une équipe père-fils de méchants
01:14:28Pablo Escobar et son fils Juan Pablo Escobar.
01:14:31Le jeune Martinez a appris lui-même comment scanner
01:14:34les fréquences radio et a passé des mois à traquer Escobar.
01:14:38Et le 2 décembre 1993, 3 jours seulement,
01:14:41après le retour de la famille Escobar d'Allemagne en Colombie,
01:14:44il repère le signal de Pablo.
01:14:47Il avait du mal à localiser le signal.
01:14:50Apparemment, il y avait une crique quelque part alentour
01:14:53et le signal se réverbérait sur l'eau.
01:14:56Il avait un mal fou à localiser la source.
01:14:59Selon les mots du lieutenant Martinez, il roulait dans une rue
01:15:02et son appareil lui dit de regarder en haut à gauche.
01:15:05Il voit Pablo au téléphone, regardant par la fenêtre au 3e étage d'une maison.
01:15:08Il a appelé son père à l'aide.
01:15:11Il a dit, je l'ai localisé, je l'ai en visuel. Il est au téléphone.
01:15:14Les agents de terrain de la DEA et des milliers de policiers colombiens
01:15:17ont risqué ou perdu la vie pour cet instant.
01:15:20Pablo Escobar, le baron de la drogue le plus riche
01:15:23et le plus violent de l'histoire mondiale,
01:15:26se terre dans un modeste immeuble de 3 étages dans la banlieue de Medellín.
01:15:29Avec une armée d'informateurs dans la rue,
01:15:32Escobar a toujours eu un coup d'avance sur le bloc de recherche.
01:15:35Ce visuel est une occasion qui ne durera pas.
01:15:38Les agents de la DEA le savent.
01:15:41Je revenais à la base de la police et j'ai vu qu'on s'activait dans le bureau du colonel Martinez.
01:15:44Il m'a fait signe d'entrée. Il était à la radio.
01:15:47Il a dit, sécurisez la zone, on envoie les renforts.
01:15:50Le lieutenant Martinez sait que s'il attend son père ou la DEA,
01:15:53Pablo risque encore de leur glisser entre les doigts.
01:15:56Ça prend du temps de réunir 600 personnes avec leurs armes,
01:15:59leur équipement et de les envoyer sur place.
01:16:02Le lieutenant Martinez a pris la décision d'y aller
01:16:05avec 7 agents civils du bloc de recherche.
01:16:08Deux agents passent à l'arrière de la maison
01:16:11pour sécuriser la propriété
01:16:14et le lieutenant Martinez lance l'assaut.
01:16:17Ils enfoncent la porte d'entrée, ils montent dans les étages,
01:16:20ils entendent Pablo dire au téléphone, il faut que j'y aille, il se passe quelque chose.
01:16:23L'assaut prend Pablo par surprise
01:16:26alors que le bloc de recherche avance dans la maison,
01:16:29ce qu'il voit surprend tout le monde.
01:16:32C'est un homme qui, au sommet de sa gloire,
01:16:35avait 500 sicarios autour de lui, travaillant pour lui.
01:16:38Pablo Escobar n'avait plus qu'un garde du corps.
01:16:41Dans cette maison ordinaire, Pablo est dépassé,
01:16:44effrayé et va faire son dernier geste.
01:16:52Pendant plus de deux décennies,
01:16:55Pablo est devenu l'empire de la drogue le plus lucratif
01:16:58et le plus violent que le monde ait connu.
01:17:01Il a tenu son malheureux pays en otage en s'arrogeant un pouvoir sans limite.
01:17:04Il était très difficile de traquer Pablo,
01:17:07non seulement à cause de la corruption,
01:17:10mais aussi parce qu'il bougeait tout le temps.
01:17:13Mais le 2 décembre 1993,
01:17:16après une chasse à l'homme de 16 mois à travers la jungle
01:17:19et les villes de Colombie,
01:17:22avec l'aide de la DEA et des agents Steve Murphy et Javier Peña,
01:17:25a coincé Pablo Escobar dans un immeuble de trois étages
01:17:28aux abords de Medellín.
01:17:35Cerné par ses ennemis,
01:17:38Escobar n'a qu'un garde du corps pour le protéger.
01:17:41Limón, le dernier garde du corps de Pablo,
01:17:44est sorti par la fenêtre sur le toit de la maison, derrière celle de Pablo.
01:17:47Il a commencé à tirer sur les deux policiers en bas.
01:17:50Ils ont répliqué.
01:17:53Il s'est mis à courir, pensant pouvoir s'échapper.
01:17:56Les flics lui ont tiré dessus. Il a été touché.
01:17:59Il est tombé du toit, mort, sur le sol.
01:18:06Alors que le bloc de recherche avance dans la planque,
01:18:09Pablo commence à tirer des coups de feu.
01:18:12Pablo Escobar tirait sur la police, la police tirait sur Pablo.
01:18:15En arrivant au deuxième étage,
01:18:18ils ont vu Pablo, au troisième, qui les regardait.
01:18:21Il était en train de tirer sur l'un des agents.
01:18:24L'agent a loupé une marche et est tombé, ce qui lui a sauvé la vie,
01:18:27parce que la balle est passée au-dessus de lui et l'a ratée.
01:18:30Pablo est coincé, cherchant une issue.
01:18:33Pablo arrive à la fenêtre du troisième étage.
01:18:36En passant par la fenêtre, il arrive au deuxième étage.
01:18:39Il veut s'échapper, mais il ne voit pas Limón.
01:18:42Il sait que quelque chose s'est passé.
01:18:45Lors de la recherche, Pablo tente de s'en sortir.
01:18:48Il y avait une partie du toit que les hommes au sol ne pouvaient pas voir,
01:18:51mais Pablo savait que les agents montaient l'escalier.
01:18:54Ils allaient pouvoir regarder par la fenêtre et le voir.
01:18:57Ils l'ont suivi jusqu'au toit,
01:19:00et alors qu'il le poursuivait, lui avait deux pistolets.
01:19:03Il tirait sur la police,
01:19:06et la police lui tirait dessus.
01:19:09Une fois Pablo Escobar poussé à découvert,
01:19:12sans son armée de garde du corps, son destin est scellé.
01:19:15Il n'a aucun moyen de se cacher.
01:19:18Il essaie de courir à travers le toit,
01:19:21il est pris par un tir croisé,
01:19:24et il est tué au sommet de ce toit.
01:19:27Les 20 ans d'enfer de la Colombie sont achevés en 20 minutes seulement.
01:19:30Dans un dernier tir de barrage,
01:19:33le baron de la cocaïne, Pablo Escobar, trouve enfin son destin.
01:19:36Pablo a été touché trois fois,
01:19:39une fois à la jambe, une fois dans le postérieur.
01:19:42Ce sont des tirs pour arrêter, ce n'est pas mortel.
01:19:45Le coup mortel est passé par l'oreille droite.
01:19:48Avec une dernière balle, la traque d'une décennie de la DEA,
01:19:51du criminel le plus recherché au monde,
01:19:54trouve enfin sa plus grande victoire.
01:19:57On entendait à la radio, viva Colombia, Pablo est mort.
01:20:00Je peux vous dire qu'on était plutôt contents.
01:20:03C'est comme si le poids du monde était enfin retiré de nos épaules.
01:20:06On se tape dans le dos, on se fait licite.
01:20:09C'est difficile d'expliquer l'état dans lequel on était une fois que c'était fini.
01:20:15C'était la mission d'une vie pour n'importe quel agent de la DEA.
01:20:18Mais Steve Murphy avait encore une tâche à accomplir.
01:20:21J'ai couru appeler mon chef, Joe Toft.
01:20:24Le téléphone sonne et c'est Steve Murphy.
01:20:27Il me dit « Chef, Pablo est mort ».
01:20:30Il dit « Murph, je veux que tu prennes ton appareil photo
01:20:33et affirme que c'est lui ».
01:20:36Si vous regardez la photo, il était pieds nus.
01:20:39Il était gros, négligé.
01:20:42C'était la marque d'une personne qui fuyait,
01:20:45qui se cachait, qui n'était pas organisée.
01:20:48Sur une des photos, on peut me voir.
01:20:51On est en train de sourire
01:20:54parce que chacun d'entre nous savait qu'à la seconde
01:20:57où Pablo Escobar était tué,
01:21:00le paysien de Colombie serait plus en sécurité.
01:21:03Simplement parce que cet homme-là était mort.
01:21:06Je suis allé au quartier général de la police colombienne.
01:21:09On a sorti le champagne.
01:21:12Tous les innocents, tous les officiers de police,
01:21:15tous les politiciens et dignitaires que Pablo Escobar avait tués.
01:21:18La Colombie avait retrouvé son pays.
01:21:21Pablo Escobar, le baron de la drogue colombienne,
01:21:24l'homme le plus recherché du monde, a été tué aujourd'hui.
01:21:28Le 3 décembre 1993, Pablo Escobar
01:21:31et le règne de terreur qu'il a infligé au peuple colombien et américain
01:21:34sont enterrés à Medellín.
01:21:37Juste après la mort de Pablo, la famille Escobar
01:21:40doit fuir le pays pour échapper aux rivaux de Pablo,
01:21:43craignant pour leur vie. Son puissant cartel est démantelé.
01:21:46Avec la disparition de Pablo Escobar, c'était la première fois
01:21:49dans l'histoire de la lutte contre les narcotrafiquants
01:21:52qu'on faisait complètement disparaître toute une organisation
01:21:55criminelle liée à la cocaïne.
01:21:58Aucun trafiquant n'allait plus jamais posséder le pouvoir et la fortune
01:22:01inimaginable d'Escobar. Et plus aucune personne seule comme Pablo
01:22:04n'allait contrôler l'intégralité de la chaîne de production de cocaïne.
01:22:07Mais ce qu'il avait inventé a laissé des pistes
01:22:10pour ce qui allait prendre sa suite.
01:22:13Après toutes ces années, quel est l'héritage laissé par Pablo Escobar ?
01:22:16A mon avis, il n'a laissé derrière lui que la mort et la destruction.

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