La Consult’ de Belkis Rabie : « la médecine et la philosophie, ce sont deux disciplines humainement et historiquement très proches »

  • il y a 2 semaines
Être à la fois médecin et philosophe, ce n’est pas impossible, la preuve : Belkis Rabie l’a fait. Avec une dizaine de diplômes en poche, cette psychiatre et médecin du sommeil, passionnée de sciences humaines, jongle entre plusieurs activités passionnantes. Parmi elles, l’art de l’anatomie. Elle est illustratrice médicale sur le compte @dessinemoilamedecine, avec comme objectif de sublimer la médecine. Pas loin de 30 000 personnes suivent ses créations et ses publications au quotidien.

Rencontre avec un médecin aux semaines bien remplies !

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Transcription
00:00C'est vraiment le comble pour un médecin du sommeil,
00:02d'avoir des troubles du sommeil,
00:04mais j'ai une dette de sommeil énorme,
00:06j'ai des insomnies énormes.
00:16La médecine n'était pas mon premier choix après le baccalauréat.
00:20À la base, je voulais faire des études de philosophie,
00:22sauf que c'est pas très réaliste pour mes parents,
00:24ils voulaient vraiment que je fasse médecine,
00:25donc je me suis embarquée en médecine.
00:27Après avoir redoublé ma première année de médecine,
00:29j'avais envie de retrouver un peu plus de réflexion.
00:31La première année était très compliquée moralement,
00:34et c'était un peu cette envie-là qui maintenant a abouti à un doctorat.
00:41C'est vraiment deux disciplines qui sont humainement très proches,
00:44et historiquement très proches.
00:45Les médecins d'avant étaient philosophes,
00:47les philosophes d'avant étaient médecins,
00:49mais actuellement, c'est quand même deux disciplines
00:51qui sont universitairement complètement séparées.
00:54Au quotidien, ce que ça m'apporte, c'est beaucoup de lecture,
00:57de culture médico-philosophique,
01:00surtout en étant psychiatre,
01:01il y a quand même tout un genre de phénoménologie psychiatrique
01:04très intéressant, qui nous aide vraiment beaucoup
01:07en tant que cliniciens en psychiatrie,
01:09d'avoir comme ça du recul, de mettre les mots sur des expériences
01:12que les patients peuvent vivre et que nous aussi on peut vivre.
01:18En licence, ce qui me passionnait beaucoup, c'était la morale.
01:21La bienveillance envers les autres,
01:22l'homme est-il bon, l'homme est-il mauvais ?
01:24C'est pour ça qu'après j'ai fait un master en éthique,
01:26puis c'était en éthique médicale,
01:28donc c'était encore de nouvelles questions,
01:29mais ça tournait vraiment toujours beaucoup autour de la morale.
01:31Mon domaine actuellement de recherche,
01:34c'est la phénoménologie psychiatrique,
01:35parce que je suis psychiatre,
01:37je m'intéresse plutôt à l'expérience et au phénomène, au vécu des patients.
01:40J'ai pu d'ailleurs trouver énormément de livres,
01:43énormément de philosophes psychiatres,
01:44donc ça m'a fait encore de nouveaux mentors,
01:47de nouveaux penseurs autour de moi,
01:49ce qui, je pense, vraiment influence beaucoup
01:51ma manière d'exercer la médecine aujourd'hui.
01:57Je pense que ça se rapproche peut-être d'une dizaine,
01:59mais je ne les ai pas comptées.
02:04J'ai toujours été très curieuse de tout,
02:05et heureusement, parce que mine de rien,
02:08quand même, les études de médecine, c'est effectivement un marathon.
02:10Je déteste cette phrase, mais c'est un marathon,
02:12et on doit aimer étudier, on doit aimer apprendre,
02:15avoir toujours envie de savoir, envie d'en connaître un peu plus.
02:21J'ai une profonde affection pour le cerveau, les neurosciences.
02:25J'ai fait un stage en neurologie que j'ai bien aimé.
02:27Ça ne correspondait pas exactement à ce que j'attendais.
02:30Il me manquait quelque chose.
02:31Quand j'ai fait un stage en psychiatrie, je me suis dit
02:33« Ah, je crois que j'ai trouvé ce que je veux faire ».
02:35C'est une décision particulière de prendre psychiatrie,
02:37parce qu'on a le sentiment qu'on va s'éloigner
02:39de pas mal de connaissances qu'on ne va pas réinvestir,
02:41mais aussi, au fur et à mesure,
02:43quand j'ai trouvé les patients en psychiatrie, les pathologies psychiatriques,
02:46c'est des pathologies avec lesquelles je suis en grande sympathie,
02:50et c'est des patients avec lesquels je suis en grande sympathie également.
02:56Quand je suis passée en neurologie,
02:57j'ai eu la chance de découvrir un petit centre du sommeil dans le service.
03:01Il y a un médecin du sommeil qui était passionné par ça
03:03et qui m'a vraiment transmis cette passion.
03:06Le sommeil, ce n'est pas du tout une spécialité
03:08qu'on nous enseigne correctement à la fac.
03:09On a quelques items, le sommeil de l'adulte, l'apnée du sommeil,
03:13mais après, on découvre tout un monde.
03:18C'est vraiment le comble pour un médecin du sommeil
03:22d'avoir des troubles du sommeil,
03:23mais j'ai une dette de sommeil énorme,
03:26j'ai des insomnies énormes.
03:27Dès que je suis un peu anxieuse, le sommeil, c'est la première chose qui part.
03:31Et c'est souvent ironique de me retrouver en consultation,
03:33de donner des conseils à des patients de thérapie cognitivo-comportementale
03:36sur l'insomnie, de leur dire, voilà, c'est bien de faire ça avant de dormir,
03:39pas d'écran deux heures avant de dormir.
03:41Et moi, je suis sur Instagram comme ça, les soirs avant de dormir.
03:44Ce n'est pas parce qu'on est médecin du sommeil
03:46qu'on est malheureusement à l'abri des troubles du sommeil.
03:50Au départ, c'était pour partager des fichiers.
03:52Et au fur et à mesure, je me suis un peu retrouvée
03:54avec l'envie de retrouver une pratique de quelque chose d'artistique.
03:57Je me suis dit, j'avais envie de partager vraiment exclusivement
03:59des dessins, des illustrations, de l'anatomie.
04:08C'est vrai que maintenant, on a à peu près 30 000 personnes
04:10qui me suivent sur les réseaux sociaux.
04:11J'en suis super reconnaissante parce que pour moi,
04:14ça me permet de vivre de très belles expériences
04:16et ça me permet de me faire des connexions.
04:19Et ça me permet, je pense aussi, d'exploiter une partie de moi
04:21que je n'osais pas trop faire ou que je n'osais pas trop faire.
04:23Et donc maintenant, ça devient plus une manière d'expression.
04:26J'ai fait des pins, j'ai fait des tote bags,
04:28toujours avec la médecine qui était centrée quelque part,
04:31qui était aussi un peu sublimée.
04:32Et puis, j'ai eu la chance en septembre de l'an dernier,
04:35puis après en juin de 2024, d'être sollicitée
04:38pour faire des petites expositions
04:40dans des colloques de médecine ou des congrès.
04:45La médecine prendra toujours le dessus
04:47parce que c'est vraiment le centre de ce que je fais,
04:48c'est le cœur de ce que je fais
04:50et c'est ce que je suis au quotidien.
04:51Je suis médecin au quotidien,
04:52mais j'aime me laisser surprendre par les choses, par l'avenir.
04:58Pour moi, c'est très important de se donner la chance
05:02de réaliser nos rêves.
05:03C'est très enfantin à dire,
05:05mais pour moi, c'est super important
05:06parce que je crois que quand on grandit,
05:08on oublie qu'on a des rêves,
05:09on oublie qu'on a envie de faire des choses,
05:11qu'on a envie de vivre des choses,
05:12de ressentir des choses, de voir des choses.
05:13Mais c'est super important de se donner le temps
05:15et de se donner les opportunités,
05:17de se demander qu'est-ce que je veux.
05:19En dehors de tout ce qu'on me dit,
05:21tu es comme ci, tu es comme ça,
05:22de tout simplement se focaliser sur soi
05:24et se dire qu'est-ce que j'ai envie de faire et de le faire.

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