Cette vidéo nous plonge dans l'univers médiatique des années 90 à travers un épisode de "52 sur la Une", une émission emblématique de l'époque. En 1994, cet épisode intitulé "Les Vampires de l'Info" explore les dessous du journalisme télévisé, mettant en lumière l'influence des médias sur l'opinion publique et la manière dont l'information est traitée. Un regard critique et captivant sur le pouvoir des médias et leur rôle dans la société.
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00:30Je filme environ 25 morts par semaine.
00:58Le meilleur sujet c'est un incendie avec des morts et de belles flammes.
01:11Les gens veulent voir du sang et des tripes à la télé et nous leur donnons ça.
01:23Je ne pense pas que le travail de Bob nous empêchera d'avoir une famille.
01:39Beaucoup de violence hier à Los Angeles malheureusement.
01:44Aux Etats-Unis l'information à la télévision est souvent considérée comme un spectacle et
01:50les plus sordides sont interrompues en pleine action par des plages publicitaires.
01:54A Los Angeles, plus que partout ailleurs, cette information-spectacle atteint des
01:58proportions paroxystiques et les chaînes de télévision se livrent à une surenchère
02:02effrénée dans la quête du sensationnel. Il faut dire que cette agglomération cosmopolite
02:07de plus de 14 millions d'habitants est l'une des plus violentes du monde et chaque nuit,
02:11pour alimenter la soif de crimes et de drames des télés locales, plusieurs caméramans indépendants
02:16sillonnent la cité dans leur voiture ou leur hélicoptère muni de scanners à la recherche de
02:21sang, de hold-up, de meurtres, de lynchage et de larmes. Ils se nomment eux-mêmes les
02:25vampires de l'info. François Guillaume et Tony Comiti ont partagé l'avis de ces chasseurs
02:30nocturnes et nous les révèlent tels qu'ils sont.
02:47This is Action News for all of Southern California. Now, Channel 2 Action News AM.
03:03Live from Los Angeles, Carlos Amezcua, Michel Ruiz, Mark Criskey, Eric Spellman, Jim Newman,
03:11report the KTLA morning news.
03:16Ce générique n'est pas celui d'un feuilleton comme Dallas ou Dynasty, c'est l'ouverture
03:27d'un journal télévisé de Los Angeles.
03:30Six morts dans la tuerie du train.
03:44Tragique détail sur la fusillade d'hier.
03:46Sept étudiants de la région sont morts dans un accident de la route.
03:52En réalité, nous appelons ça de l'infotainment, c'est-à-dire de l'information déguisée
04:00en divertissement. C'est plus de l'information.
04:22J'aime travailler la nuit.
04:29J'ai toujours été un oiseau de nuit.
04:31Je suis comme un vampire.
04:33Les vampires sortent la nuit de leur cercueil pour chercher du sang et c'est un peu ce
04:38que nous faisons.
04:52Quand le soleil se couche, Los Angeles change de visage.
04:55Les fêlés, les criminels, les chauffards sortent la nuit.
05:00Ils font des choses folles, des choses inimaginables.
05:05J'aime cette ville, mais je ne sais pas pourquoi.
05:10Pourtant, il n'y a pas grand chose à aimer.
05:12La nuit, je ne vois que la souffrance et la douleur, mais je sais que cette ville a beaucoup
05:18à offrir.
05:21Gary, mon patron, m'a fait démarrer il y a six ans.
05:32Au début, ce travail de nuit était dur.
05:34C'est un travail de fossoyeur.
05:36Mais après trois mois, c'est devenu plus facile et maintenant, ça ne me pose aucun
05:40problème.
05:52Ma relation avec Bob est très forte.
06:01C'est un super copain.
06:02Nous nous respectons et à force d'être ensemble, la confiance est instaurée entre
06:06nous.
06:07Ron et moi, nous sommes en concurrence depuis environ quatre ans.
06:12Nous avons la même façon de voir les choses.
06:15Nous entendons les histoires de la même manière.
06:25Pas facile de battre Bob.
06:27Il faut s'accrocher.
06:29Il sait raconter des histoires avec sa caméra.
06:38Quand mes concurrents sont à côté de moi, parfois, ils n'entendent pas une information
06:42à la radio.
06:43Alors, il faut foncer pour les semer et arriver les premiers sur le coup.
06:51Copain, certes, mais pas au point de s'échanger les infos.
07:01Mon partenaire m'a appelé.
07:02Il y a un autre feu.
07:03Il semblerait que ce soit à Beverly Hills.
07:05Il y aurait une maison de trois étages en flamme.
07:08Je crois que Bob ne sait rien de cette histoire.
07:10Il n'a pas entendu l'appel sur ses scanners.
07:12Bon, ce que je vais faire maintenant, c'est un demi-tour.
07:14Je ne vais pas revenir sur l'autoroute directement pour ne pas attirer l'attention de Bob.
07:18Et comme ça, j'aurai l'exclusivité sur cette affaire.
07:29On dirait qu'on a arrivé sur scène.
07:31Je ne vois pas Bobby ici, nulle part.
07:34C'est une grande histoire.
07:36C'est Magic Johnson.
07:37C'est Newsreel.
07:38Newsreel est ici.
07:39Merde.
07:40Merde.
07:41Merde.
07:42Merde.
07:44On est foutus.
08:11C'est la première fois.
08:27Chaque nuit, j'ignore ce qui va se passer.
08:30Un meurtre.
08:32Un incendie.
08:34Et si c'est un prévu qui m'excite.
08:37Parfois, nous travaillons 12, 14 heures.
08:40Je gagne environ 900 francs par nuit.
09:06Il y a eu un assassinat.
09:08Un gang circulait en voiture dans le coin à la recherche d'un gang rival.
09:11Leur véhicule est arrivé à la hauteur de la victime.
09:14Et les types ont tiré par les fenêtres.
09:17C'est courant ici.
09:20Parfois, on questionne les témoins pour savoir ce qui s'est passé.
09:23La plupart du temps, on se contente d'interroger la police pour avoir des infos.
09:32C'est plutôt frustrant de ne pas pouvoir faire d'enquête.
09:34On ne peut pas passer beaucoup de temps sur un sujet.
09:37Parce qu'il y a d'autres faits divers à couvrir.
09:39Et il faut être présent partout.
09:41Alors souvent, la quantité l'emporte sur la qualité.
09:56La police recherche les meurtriers qui, de leur voiture, ont abattu un homme.
10:01L'un des dangers avec ces caméramens,
10:03c'est tout d'abord leur indépendance.
10:06Ils n'ont pas de compte à rendre aux télévisions.
10:11Et l'autre danger, c'est que la police est leur unique source d'informations.
10:15Et donc, cette information n'est pas vraiment objective.
10:19Vous savez, il arrive qu'il y ait d'autres versions que celle des policiers.
10:22D'après mon expérience, il y en a toujours.
10:33Parfois, les policiers savent qu'on arrive.
10:35Et nous attendent pour qu'on puisse filmer le suspect ou le mort.
10:40Ils sont plutôt sympas avec nous.
10:49Voici le patron de Bob.
10:51Cet homme dirige une agence d'image qui emploie trois caméramens.
10:56À 46 ans, Gary Arnott vit toujours chez sa mère.
11:03Bonjour.
11:04Bonjour, c'est Bob.
11:05Oui, bonjour, Bob.
11:06Je suis à la fin de cette pursuite.
11:08Elle s'est terminée à De Soto.
11:11Ils sont sortis de l'eau.
11:12Bien sûr, c'est toujours mieux si ils s'écrasent.
11:14Ça fait un peu plus spectaculaire.
11:16D'accord.
11:17Je te parlerai plus tard.
11:19Généralement, je travaille dehors deux à trois nuits par semaine.
11:23La plupart du temps, je reste ici et j'écoute les scanners
11:26pour être sûr que mes gars couvrent bien ce qui se passe.
11:30Et quand quelque chose d'important se passe à côté de chez moi,
11:33eh bien, j'y vais moi-même.
11:37Vous voyez là-bas, il y a un feu, il y a de la fumée.
11:39Nous avons un super feu.
11:42Malheureusement, on ne peut pas aller plus vite
11:44car il y a un petit problème devant nous.
11:47Là, regardez, il y a une voiture de police.
11:56Les affaires de Gary sont prospères.
11:58L'an dernier, la chasse aux faits d'hiver nocturne
12:01lui a rapporté un million de francs.
12:10Bon, il n'y a que quelques blessés dans ce feu.
12:12Ils ont été intoxiqués par la fumée.
12:14Ils vont être transportés à l'hôpital en ambulance.
12:17C'est une bonne histoire pour les journaux du matin.
12:20Bien sûr, ce n'est pas très spectaculaire car personne n'est mort.
12:23C'est préférable pour nous.
12:24Quand quelqu'un meurt, ça se vend mieux.
12:29Le feu, c'est le meilleur ami du caméraman.
12:31Après viennent les fusillades et les accidents de la route.
12:44Je viens planquer ici les nuits où je travaille.
12:47Ce n'est pas vraiment un bon voisinage
12:49mais c'est en plein centre de Los Angeles.
12:52De ce parking, je peux partir rapidement sur une histoire.
12:55La plupart des autoroutes sont juste à côté.
13:06Grâce à ces scanners, Gary intercepte les messages
13:09des policiers, des pompiers et des services d'urgence.
13:12La police ne peut les confisquer.
13:14Gary est considéré comme journaliste.
13:16Ses appareils sont protégés par le 1er amendement
13:19de la Constitution américaine
13:21qui garantit la sécurité des policiers.
13:25Il garantit la liberté de l'information.
13:51Ça m'excite d'être là où l'action se passe.
13:53C'est comme être un chasseur.
13:55Il faut traquer le crime.
13:57Les sirènes, les voitures de police, les coups de feu,
13:59les accidents de la route, les incendies, c'est fantastique.
14:02C'est de l'action.
14:04Ça m'excite, terriblement.
14:16Gary retrouve ses employés sur le lieu de la fusillade.
14:23Vous feriez mieux d'aller vous placer à gauche
14:25pour filmer le brancard, vous ne voyez rien d'ici.
14:27C'est plus dégagé, là où sont placés nos concurrents.
14:41Ils ne sont pas les seuls à traiter cette histoire.
14:43L'agence concurrente dans laquelle travaille Ron
14:46couvre aussi le meurtre de la petite fille.
14:50La plupart du temps, nous filmons des atrocités.
14:53Je n'ai pas de sentiments à ce propos.
14:55Je ne fais qu'enregistrer les événements.
14:57Vraiment, ce n'est pas une chose émotionnelle.
14:59Je suis juste là pour filmer ce qui se passe.
15:02J'ai passé deux ans et demi environ au Vietnam pendant la guerre.
15:05Ça aide.
15:07Être ici, dans les rues de Los Angeles en feu,
15:10pour moi, c'est de la routine.
15:12Une fois, j'étais en planque à la station-service
15:15quand il y a eu une fusillade entre deux gangs devant moi.
15:18J'étais debout en train de parler à l'équipe.
15:20Je leur disais de tourner et eux, ils essayaient de se mettre à l'abri.
15:23Alors, j'ai pris ma caméra et j'ai filmé.
15:34Ces images ont fait le tour des États-Unis.
15:40Après leur tournage, sur leur parking habituel,
15:43Gary et son équipe recopient leurs sujets.
15:45Le fait d'hiver sera livré aux chaînes accompagné d'un résumé.
15:50Ce n'est pas une mauvaise nuit.
15:52Cette nuit, nous avons eu trois incendies et un meurtre.
15:56Je suis en train de faire des copies
15:58pour les sept télés locales de langue anglaise
16:01et pour les deux chaînes hispaniques.
16:04Les télés qui passeront les sujets
16:06me paieront 750 francs par histoire.
16:10En tout, je vais me faire aujourd'hui 18 000 francs brut.
16:19Il est tard, il faut se dépêcher.
16:21Je vais enregistrer les sujets et les livrer aux télés.
16:23Le premier qui les donne a un avantage sur l'autre.
16:28J'enregistre à l'arrière de la camionnette.
16:30Mes concurrents, ils ne peuvent pas le faire
16:32car ils ont un magnéto moins performant.
16:34Avec les secousses, ils ont du mal à le faire fonctionner.
16:36Mais nous, avec notre matériel, c'est bon.
16:38Alors, on devra les battre.
16:51Contrairement à Ron, Gary, lui, ne s'affole pas
16:54car il sait que la diffusion des sujets
16:56dépend moins de la rapidité du caméraman
16:59que de la qualité de ses images.
17:01Comment allez-vous ce matin ?
17:03C'est le week-end de Channel 4 News.
17:06Une fillette de 12 ans tuée à la suite d'une fusillade hier vers 20h30.
17:11S'il y a du sang à l'antenne, l'audience grimpe.
17:16Cela signifie que lorsque vous montrez à la télévision
17:19les accidents, la souffrance des gens,
17:21le public va regarder.
17:24Il ne va pas zapper.
17:27Il sera donc là quand les publicités passeront juste après.
17:31Et avant la pub, voici un peu d'action
17:34filmée par la caméra d'un supermarché.
17:44Je regarde les nouvelles du matin avec Bob.
17:47On est là, face à face.
17:49On ne sait pas lequel des deux a vendu.
17:52Alors, on zappe pour voir.
17:54Et on se dit, c'est le mien, c'est le mien, c'est le mien.
17:56Parfois, il est déçu car il n'a pas vendu.
17:58Parfois, c'est moi.
17:59Mais on ne parle pas de ça entre nous.
18:05Gary, mon patron, n'aime pas mon amitié avec Ron.
18:08Il pense que l'on ne devrait pas se parler,
18:11qu'on devrait être ennemis.
18:15Je ne suis pas d'accord avec ça.
18:19Je n'apprécie pas que Bob rencontre mes concurrents.
18:22Ils n'ont pas les moyens d'avoir un poste télé dans leur camionnette.
18:25Alors, ils regardent les miens.
18:27Ça facilite la vie et ça soulage leur portefeuille.
18:30Ils n'ont qu'à me payer pour cela.
18:53Allo, salut Gary.
18:55Oui, cette nuit, nous avons vendu un meurtre et l'explosion à Carson.
18:59Finalement, la concurrence n'a eu que l'explosion.
19:01Allez, à plus tard.
19:09On a vendu pas mal de coups la nuit dernière.
19:14J'en ai eu 7 et toi 9.
19:1616 ventes à nous deux, soit à peu près 11 000 francs
19:18qu'on a fait gagner à nos patrons la nuit dernière.
19:20Faut qu'on se mette un autre compte pour gagner plus de fric.
19:23On se fait avoir, c'est ridicule.
19:25À cette heure, mon patron, il dort, alors que moi, je suis encore debout.
19:31Il faut qu'on bosse pour nous, qu'on soit indépendants.
19:36Oui, vraiment, il faut qu'on parle aux banques,
19:38qu'on leur montre l'argent qu'on gagne.
19:40Tu sais, c'est un plan béton, je suis sûr qu'elles nous aideront.
19:43Et comme ça, nos patrons n'existeront plus.
19:53Je vais vérifier ce qu'il y a dans le tube.
19:59Channel 9 a des nouvelles, je devrais les regarder.
20:12Zima ?
20:13Zima, c'est un verre d'alcool unique.
20:15Clink, clink.
20:16C'est pas trop zut.
20:18Je vis chez ma mère, dans sa maison,
20:20parce que notre quartier général est ici.
20:22Pour réussir dans la vie, il faut pouvoir travailler 7 jours sur 7,
20:2524 heures sur 24.
20:26C'était un travail très astreignant.
20:28À cause de ça, ma femme m'a quitté, et je n'ai pas de vie sociale.
20:37C'est notre deuxième jour de travail,
20:39et je ne peux pas m'occuper d'eux.
20:41Je n'ai pas d'argent, je n'ai pas de vie sociale.
20:45C'est la chambre de mon second fils.
20:47Gary y a installé toutes ses cassettes,
20:49et il a même condamné les fenêtres.
20:54Ma mère s'occupe des cassettes.
20:56Elle les répertorie et les classe.
20:58Nous avons un stock de 11 000 reportages,
21:00principalement des meurtres et des homicides.
21:02La grosse histoire en ce moment, c'est le procès Menendez,
21:05l'histoire de deux garçons qui sont accusés
21:07d'avoir tué leurs parents à Hollywood.
21:15Les images du corps sortant de la maison que tout le monde a vues,
21:18ce sont les miennes.
21:19J'ai vendu ça partout.
21:21Je capte l'histoire.
21:22Je pourrais comme cela léguer tout mon stock à mon petit-fils,
21:25et il gagnera de l'argent après ma mort grâce à mes archives.
21:30Au pays des chasseurs d'images, cet homme est un tireur.
21:33C'est un tireur.
21:34C'est un tireur.
21:35C'est un tireur.
21:36C'est un tireur.
21:37C'est un tireur.
21:38C'est un tireur.
21:39C'est un tireur.
21:40C'est un tireur.
21:41C'est un tireur.
21:42C'est un tireur.
21:43Cet homme est un tireur d'élite.
21:45Depuis 15 ans, Bob Tur traque le crime et la violence,
21:48les stars et leurs aventures.
21:50A son actif, 18 000 reportages.
21:53Au début de sa carrière, il se déplaçait en camionnette
21:56avant de prendre rapidement la voie des airs.
22:00J'ai gagné plus de 6 millions de francs avant mes 23 ans.
22:04Et grâce à cet argent, nous avons acheté, ma femme et moi,
22:07un avion et on a filmé plein de gros coups dans tout le pays.
22:11Ensuite, en 85, nous avons acheté un hélicoptère
22:14pour couvrir les infos.
22:19Le mariage de Madonna avec Sean Penn a été l'un de mes couplets
22:22plus célèbres.
22:24Madonna voulait que cela se passe dans le plus grand secret.
22:27Eh bien, on est arrivé avec l'hélicoptère juste au-dessus
22:30et on les a eus.
22:32Cette image lui a rapporté des centaines de milliers de dollars.
22:36J'essaie d'être le meilleur, j'ai les meilleures images,
22:39les meilleures infos avant n'importe qui.
22:42Les concurrents sont mes ennemis.
22:44C'est un fléau et je n'en veux pas.
22:46Ils ne doivent même pas survivre.
22:48Il faut que je m'occupe d'eux en étant le plus préjudiciable possible.
22:51C'est mon boulot de les détruire.
23:01Les émeutes ont été l'événement le plus important
23:04de ma vie.
23:06Nous étions, ma femme et moi, les seuls en hélicoptère
23:09et nous filmions en direct les gangs en train de tabasser
23:12et de tout dévaliser au coin des avenues Florence et Normandie.
23:34Montrer les émeutes en direct, ce n'était pas de l'infospectacle.
23:37Au contraire, j'ai prévenu les téléspectateurs de rester à l'écart
23:40des quartiers dangereux.
23:42Il y a même des gens qui ont vu mes images
23:44et qui sont allés secourir le camionneur.
23:46Malheureusement, les émeutes se sont étendues.
23:49La diffusion des images en direct est-elle la cause
23:52de l'aggravation des pillages ? Possible.
23:54Les criminels ont vu que la police était absente
23:57et peut-être sont-ils sortis pillés.
23:59Quoi qu'il en soit, je suis fier d'avoir sauvé des vies.
24:05Je porte une arme car j'ai reçu des menaces de mort.
24:08J'ai été en effet le seul témoin du tabassage du camionneur
24:11au procès des émeutiers.
24:13Grâce à mes images, la justice a pu poursuivre les criminels
24:16et moi, j'ai témoigné pour les identifier.
24:20Je pense que nous, journalistes,
24:22nous ne devons pas les témoigner,
24:24même si nous détenons des informations importantes.
24:27Ce n'est pas dans nos attributions.
24:29Je pense que cela détruit notre crédibilité.
24:35Bob Tur, chasseur d'images.
24:37Je suis un chasseur d'images.
24:39Je suis un chasseur d'images.
24:41Je suis un chasseur d'images.
24:43Je suis un chasseur d'images.
24:45Je suis un chasseur d'images.
24:48Bob Tur chasse le scoop en famille.
24:50Sa femme est camerawoman
24:52et sa mère s'occupe de la comptabilité.
24:55Un assistant et un pilote travaillent également pour eux.
25:02L'hélicoptère a bouleversé le reportage.
25:05L'action est primordiale et pour avoir des images fortes,
25:08il faut être là le plus rapidement possible.
25:11Aujourd'hui, pour la première fois,
25:13on peut survoler les courses-poursuites,
25:15les explosions, les incendies et filmer tout ça en direct.
25:19Avant, quand quelque chose se passait,
25:21on envoyait des journalistes couvrir l'événement
25:24et ils revenaient avec leurs images.
25:26Maintenant, les gens veulent voir l'événement en direct.
25:29Ils veulent être là quand l'action se passe.
25:31Ils veulent suivre la course-poursuite.
25:33Ils ne veulent plus de l'info en différé.
25:40Sous l'hélicoptère, nous avons ce dôme blanc
25:42qui permet de transmettre nos prises de vue en direct
25:45dans un rayon de 400 km.
25:51Ce projecteur équivaut à la luminosité de 30 millions de bougies.
25:55Il est capable d'éclairer la plus sombre des situations.
25:58C'est un soleil de nuit.
26:00C'est comme transporter son soleil avec soi.
26:04Bob Tur a réalisé le rêve
26:06de tous les caméramans indépendants de Los Angeles.
26:09Il a décroché l'année dernière, avec la chaîne KCBS,
26:12un contrat d'exclusivité de plusieurs millions de dollars
26:15d'une durée de 3 ans.
26:21J'ai utilisé ce projecteur notamment
26:23pour une histoire de prise d'otages dans un bus.
26:26Le bus était poursuivi par la police,
26:28d'abord sur l'autoroute,
26:30et ensuite dans les rues de la ville.
26:38Il rentre dans le rail de séparation,
26:40poussant une voiture dans le croisement.
26:42Ses feux sont éteints, mais il y a de la lumière dans le bus.
26:45Le bus balance se fait un chemin au milieu du croisement.
26:48Ce type est complètement cinglé.
26:50Toujours sur la partie sud de Sunset Boulevard,
26:53le bus roule de plus en plus vite.
26:55Il perd le contrôle, le bus perd le contrôle.
26:58Il roule trop vite, il dérape dans un virage.
27:00Roule une voiture et un autre véhicule.
27:02Il stoppe. La poursuite devrait se terminer.
27:06Ce type de course-poursuite est ponctuellement diffusé
27:09sur les chaînes locales.
27:15Tout cela, bien sûr, est entrecoupé de messages publicitaires.
27:20Le bus est dans un cul-de-sac.
27:22Les hélicoptères de la police sont au-dessus de lui.
27:24La police est partout. Attendez une minute.
27:26Il est en marche arrière.
27:28Il percute des voitures de police comme des jouets.
27:31Les policiers tirent sur le bus.
27:34Vous pouvez voir les voitures.
27:36Le bus avance toujours.
27:39Il ne peut aller nulle part.
27:41Va-t-il s'arrêter ?
27:43Non, il fait marche arrière.
27:45Le bus est en marche arrière dans le virage,
27:47sur la pelouse, dans une maison.
27:51Los Angeles est la ville du cinéma.
27:55Et c'est sans doute pourquoi
27:57l'infospectacle ici tient le haut du pavé.
28:05On va maintenant avec Gary entrer dans le monde
28:07très fermé des télévisions locales,
28:09ces bunkers à l'intérieur desquels
28:11l'argent est le moteur de toutes choses.
28:13Songez que le présentateur d'un journal du soir à Los Angeles
28:16gagne plus de 500 000 francs par mois.
28:19Un pactole.
28:21Il est vrai qu'une dizaine de coupures publicitaires
28:23durant sa prestation permettent
28:25de récolter des sommes considérables.
28:27On va aussi voir comment Ron justifie
28:29les goûts morbides qu'il extériorise
28:31en filmant l'horreur chaque nuit.
28:33Et enfin, on va faire la connaissance
28:35de la femme de Bob et savoir
28:37si elle approuve le travail qu'il fait.
28:39Son métier. Est-il vraiment compatible
28:41avec sa vie de couple ?
28:43Réponse dans quelques instants.
29:19bien sûr je ne m'arrête pas en disant moi regarde un peu toutes ces cervelles éclatées de toutes
29:26parts je me fous de ce qui s'est passé si c'est une bonne info je n'ai pas d'état d'âme vous savez
29:31je m'amuse beaucoup
29:49et maintenant en direct de los angeles la première nouvelle du matin en californie du sud
30:02carlos amesco
30:03on utilise les stringers presque tous les soirs parce que j'ai pas de photographes
30:25jusqu'à 4h30 du matin alors chaque nuit je crois qu'on achète entre 2 et 3 reportages
30:32ktla couvre uniquement les choses locales parce qu'on est indépendant et on a beaucoup de nouvelles
30:38trois heures c'est déjà beaucoup localement ils aiment plutôt le visuel ce qu'on voit et la
30:44politique c'est pas très visuel à mon avis les conséquences de cette sorte de dégradation des
30:52journaux télévisés est dévastatrice pour une démocratie sans information politique les citoyens
30:57ne peuvent plus juger leurs élus ni participer à la chose publique
31:00quand je filme des jeunes
31:27victimes d'une fusillade quand je vois la famille en train de pleurer je me sens je me sens parfois
31:38mal bien sûr je fais mon travail je n'ai pas le choix et j'essaye de rester discret je n'allume
31:48pas ma lumière je ne vais pas interviewer la mère de la victime c'est trop c'est trop abjecte
31:57si la violence existe les télévisions doivent la montrer si des gens se font tuer dans la rue
32:15le public a le droit de savoir ce qui se passe pour pouvoir se protéger en faisant ce travail
32:20je contribue à l'évolution de la société j'éduque les gens en leur montrant ce qui se passe chez
32:25eux il y a trop de violence à la télé il faut limiter ces choses là parce que ça incite les
32:35jeunes à descendre dans la rue et à commettre les mêmes meurtres qu'ils voient à la télé
32:39dans cette surenchère à l'info spectacle une chaîne sur classe et rival k nbc sa philosophie
32:49toujours plus de sang toujours plus d'action c'est le système de sécurité de la chaîne il
32:55faut connaître le code pour entrer selon les sondages cette formule fait monter l'audimat
32:59nous avons tenté de prendre rendez vous avec le directeur de l'information sans succès ici
33:03paradoxalement la caméra est indésirable beaucoup de violence la nuit dernière à los angeles
33:16malheureusement selon une récente enquête les faits divers violents occupent en moyenne la
33:20moitié du contenu des journaux télévisés k nbc diffuse cinq heures d'information par jour il y a
33:28toujours eu cette tradition d'histoire à sensation qu'on appelle le journalisme jaune cela vient du
33:34temps où l'on imprimait les journaux en jaune dans le but d'attirer l'attention ça existait
33:39surtout dans l'ouest américain la télévision elle s'est précipité dans cette tradition du
33:46journalisme à sensation et l'a accentué bien au delà du journalisme écrit la violence ne
33:59génère pas forcément de l'audience qu'est cbs qui privilégier auparavant le sang à la une a
34:05perdu ses téléspectateurs pour rester compétitive la chaîne prétend avoir
34:16révisé sa ligne éditoriale à entendre ses responsables on est sceptique mettre à l'antenne
34:25de la violence des meurtres des tueries entre gangs du sang dans la rue ce n'est plus de
34:30l'information le meilleur moyen pour gagner de nouveaux téléspectateurs c'est de montrer des
34:35choses qui leur sont proches cette nuit une vieille femme est morte dans un incendie c'est
34:41un événement qui touche la vie de tout le monde nous avons tous une mère une grand mère cette
34:46histoire nous concerne c'est différent des faits divers sanglants c'est ça l'actualité
34:49en vérité on ne sent pas très bien où est la différence ou à rénault le nez lui connaît
35:00son sujet pendant 25 ans il a été grand reporteur puis présentateur dans les principales télévisions
35:05de los angeles un jour éclairé par la dérive de l'information il a quitté la télévision
35:11pour la radio un média selon lui plus honorable la principale question que se posent les responsables
35:20des journaux télévisés aujourd'hui et non pas est ce que je peux avoir cette histoire à l'antenne
35:25mais combien mon audience peut me rapporter au lieu d'essayer de trouver ce que le public a
35:30le plus besoin de savoir les télévisions essayent uniquement de trouver ce qu'il a
35:35envie de voir aussi le sexe la violence le sensationnalisme sont devenus tout à fait
35:42prédominants je me suis marié avec lisa il ya quelques mois on ne se voit pas souvent pendant la
35:57semaine elle travaille toute la journée et moi la nuit on se voit peut-être une heure par jour
36:03le soir et c'est pourquoi les week-ends sont si importants pour nous ce sont les seuls moments
36:08où nous sommes ensemble j'ai essayé de changer bob je voulais qu'il arrête de travailler la nuit
36:33j'étais sur son dos tout le temps je voulais qu'il trouve un autre boulot qu'il soit salarié
36:40dans une télévision j'ai renoncé car il est heureux ainsi je ne vais pas lui retirer ce bonheur
36:46lisa habite chez les parents de bob en attendant de trouver un logement
36:57j'ai arrêté de regarder les télévisions locales parce qu'elles ne diffusent que des
37:12nouvelles déprimantes ce ne sont que des séries de meurtres je n'en peux plus je ne veux plus
37:18regarder les horreurs que bobby film et nous sommes inquiets pour ta santé mentale elle
37:26pense que je suis fou non il n'est pas fou mais on se demande comment il arrive à se détacher de
37:32toute cette corruption de tous ces crimes de tous ces morts de toutes ces choses dégoûtantes qu'il
37:38voit tous les soirs j'arrive parfois à m'éloigner de ces histoires horribles je pense que je tourne
37:49un film avec avec des accessoires et des acteurs et que rien n'est réel et ça m'aide ainsi à
37:57prendre du recul quand bob part au travail à 9 heures je suis parfois en colère parfois je
38:16pleure parce que je suis triste je me sens seul je suis fatigué d'être seul
38:30les personnes qui pensent être d'une grande intégrité d'une grande morale ils ne feraient
38:37pas ce type de travail mais j'ai pas l'impression d'être immoral j'adore mon boulot et je vais
38:43vous dire ma façon de penser si bob et moi nous entendions un accident de la route sur les
38:47scanners avec des victimes coincées je lui dirais ouais ouais on y va et si en arrivant je découvre
38:54que c'est ma femme la victime alors je ne filmerai pas et je dirais à bob tu ne vas pas filmer cette
38:59histoire et il m'écouterait en revanche c'est la femme de quelqu'un d'autre vous savez je me
39:08poserai pas de questions je filmerai l'histoire et avec de la chance un paquet de gens la verront
39:12dans la famille de la victime ça ne me dérangerait pas vraiment si je pouvais gagner ainsi 40 dollars
39:17de plus et croyez moi je ne bâclerai pas le travail parfois je me dis que ma vie est un
39:26peu superficielle vivre de tous ces faits divers je ne réfléchis pas beaucoup si je
39:37devais m'interroger sur mon métier ce serait ce serait beaucoup plus dur si je me posais trop
39:43de questions j'arrêterai de tourner j'arrêterai ce boulot parce que ce serait plus vivable non
39:50vraiment ce ne serait plus vivable j'ai pensé me faire engager dans une télévision
40:05mais ce qui m'a empêché de le faire c'est que les chaînes exigent un diplôme de journalisme
40:12et ce diplôme on l'obtient après quatre années d'études universitaires et je n'ai pas ce diplôme
40:24par conséquent je ne suis pas dans la meilleure position pour être pris
40:28j'aime vraiment le risque et le danger que représente ce métier j'adore conduire rapidement
40:40pour être le premier sur les coups et j'aime les situations dangereuses surtout quand je
40:46croise mes ennemis les voyous des gangs parfois j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose surtout
40:55quand il travaille le 31 décembre ou le 4 juillet le jour de l'indépendance parce qu'on tire des
41:00coups de feu dans tous les coins bob porte à cette occasion un gilet pare-balles mais
41:04vous savez ici les gens sont fous j'ai eu vraiment peur pendant les émeutes je ne voulais pas qu'il
41:11aille travailler de toute façon il ne me dit jamais rien quand il se passe quelque chose de
41:15grave il ne m'en parle que bien plus tard je sais qu'à tout moment en voiture ou sur le terrain
41:28surtout quand je vais dans les quartiers chauds je peux mourir je sais que je peux me prendre
41:35une balle dans la tête et finir comme ça bob se fie à son instinct pour éviter les ennuis
41:43d'autres caméramans comme l'équipier de ron ont une autre philosophie je porte une arme parce que
41:53nous sommes souvent confrontés à la violence nous allons dans des endroits malsains parfois ça tire
42:00encore et la police n'est pas là elle ne peut pas nous protéger alors avec mon arme je me sens en
42:06sécurité moi je ne porte pas d'armes parce que sinon je finirai par tirer sur
42:13quelqu'un vous savez j'ai mauvais caractère j'en suis capable je préfère utiliser mes mains
42:18et surtout j'essaie de ne pas provoquer les gens de toute façon j'ai une bombe lacrymogène
42:22j'ai réussi dans mon boulot j'ai vécu le rêve américain pour moi la vie est belle
42:33quand sur un coup les gens disent oh mon dieu c'est terrible ça veut dire que c'est une bonne
42:43histoire et là ça me rend heureux surtout quand mon chèque arrive je pourrais lui dire bob soit
42:55tu quittes ton travail soit je te quitte je sais qu'il lâcherait son boulot mais je ne le mettrai
42:59jamais dans une telle situation je n'abandonnerai jamais ma femme pour mon travail et j'espère bien
43:12que je n'aurai jamais à faire ce choix mais si un jour je devais le faire c'est bien évidemment
43:19lisa que je choisirai sans l'ombre d'une hésitation
43:38l'information locale fait partie de l'histoire même des états unis rappelez vous les bons
43:43vieux western dans le sillage des pionniers arrivait le journaliste avec sa visière en
43:48mica et sa presse à imprimer les ragots était son gagne-pain aujourd'hui la télé a pris le
43:52relais de l'écrit mais l'état d'esprit est le même et les ragots sont devenus visuels en france
43:57quoi qu'en disent leurs détracteurs les télévisions privées n'ont heureusement pas sombré dans les
44:01excès des chaînes américaines à très bientôt bonsoir
44:18on
44:39on