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00:00On parle de la justice, un grand mot qui peut parfois nous paraître abstrait, lointain quand elle n'est pas critiquée pour sa lenteur,
00:07sa complexité aussi, et c'est pour ça que la Nuit du Droit a lieu demain au tribunal de Saint-Etienne comme partout en France pour
00:13ouvrir la justice au monde. Louis Stohmann.
00:15Bonjour François Paquet. Vous êtes le bâtonnier de Saint-Etienne.
00:19Alors avant de parler de ces Nuits du Droit qui ont lieu demain,
00:22parlons un petit peu de politique, le discours de politique générale de Michel Barnier, le Premier ministre.
00:27Alors dans ce discours où il a présenté sa politique, il n'a pas longtemps parlé de la justice. Trois minutes sur
00:33une minute vingt-trois de discours, mais il a quand même eu le temps de faire quelques propositions comme celle-ci.
00:37Nous devons nous attaquer de manière volontariste à la réduction des délais de jugement,
00:42en particulier pour les mineurs.
00:43Nous reprendrons la discussion sur la création d'une procédure de comparution immédiate pour les mineurs délinquants de plus de 16 ans,
00:51déjà connue de la justice,
00:53et poursuivie pour des actes graves d'atteinte à l'intégrité physique des personnes.
01:00Voilà, c'est l'une des propositions de Michel Barnier dans l'ambiance électrique, vous l'entendez, de l'Assemblée nationale.
01:05Ce sont les jeunes qui causent la lenteur de la justice ?
01:09Non, je crois que ce qui cause la lenteur de la justice, c'est le manque de moyens.
01:12Voilà, c'est ça le vrai souci de la justice aujourd'hui. Et depuis de nombreuses années, il y a eu une hausse de moyens importantes
01:20grâce aux précédents ministres. Maintenant, cette hausse, elle doit se poursuivre, parce que le budget de la justice en France est bien insuffisant.
01:28Il faut des juges, il faut des greffiers, et si on n'a pas de juges et qu'on n'a pas de greffiers,
01:32les jugements ne sont pas rendus dans des délais rapides. Et évidemment, c'est les citoyens, les justiciables qui trinquent derrière, parce que
01:39effectivement, attendre plusieurs mois pour divorcer, plusieurs mois pour
01:44résilier un bail, plusieurs mois pour faire passer un litige commercial, et bien c'est la justice du quotidien qui le paye.
01:51C'est particulièrement le cas à Saint-Etienne, ou est-ce qu'on est
01:53préservé, on va dire, de cette lenteur globale de la justice ?
01:56Alors, on peut toujours essayer d'envisager les choses en se disant qu'il vaudrait aller plus vite. À Saint-Etienne, on est plutôt
02:02pas trop mal par rapport à d'autres juridictions.
02:06Maintenant, pas trop mal, ça veut pas dire rapide, ça veut dire qu'il faut quand même un certain temps.
02:11Et à Saint-Etienne, même si on est mieux lotis que d'autres juridictions, par exemple que la juridiction lyonnaise,
02:16il reste que les délais peuvent parfois être
02:20considérés comme trop lents pour les justiciables.
02:22C'est combien par exemple ? Vous parlez de divorce, vous parliez de rompre un bail, on attend beaucoup quand on
02:27fait ces procédures ? C'est souvent plusieurs mois, c'est souvent plusieurs mois. Ça dépend
02:32du domaine en question, mais c'est toujours plusieurs mois. On parle
02:37souvent de la justice pénale,
02:39on écoute beaucoup des faits divers, on en lit dans les médias, dans les journaux,
02:45mais on a l'impression que des fois la justice c'est très loin. C'est pour ça qu'il y a ces Nuits du droit qui sont organisées
02:51le 3 octobre ?
02:52Oui, c'est ça. Alors, les Nuits du droit, elles sont organisées par le Conseil constitutionnel et elles sont ensuite déclinées par les juridictions,
02:58dans chaque juridiction. Et Saint-Etienne a fait le choix,
03:02donc à la fois la faculté de droit, le tribunal judiciaire et le barreau de Saint-Etienne,
03:06de nous réunir sur ces Nuits du droit et d'organiser un projet d'envergure.
03:13Cette année, c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on avait déjà fait l'année dernière. L'objectif, c'est d'accueillir le plus de monde possible,
03:17cette année, au moins 400 personnes, pour les accueillir au sein du palais de justice, qui reste une maison commune, qui reste
03:25le lieu dans lequel les citoyens et les justiciables doivent pouvoir se sentir accueillis.
03:28Et c'est une bonne occasion de le faire à travers ces Nuits du droit.
03:32Qu'est-ce qu'on va pouvoir voir dans ces Nuits du droit ? Vous allez reproduire un procès ?
03:36Alors cette année, on ne reproduit pas de procès, on l'avait fait l'année dernière.
03:39Cette année, on accueille l'école de la comédie de Saint-Etienne,
03:43qui va venir dans la salle des pas perdus et dans la salle d'assises, nous lire des grandes plaidoiries.
03:48Quand je dis grandes plaidoiries, c'est une plaidoirie de Gisèle Halimi sur le procès Bobigny,
03:55qui parlait d'avortement, exactement, et qui est
03:59une des premières pierres très importantes du combat sur la question de l'avortement.
04:06Deuxième plaidoirie, qui n'est pas tout à fait une plaidoirie, mais qui est un discours politique d'avocat,
04:11qui est le discours sur la peine de mort, contre la peine de mort, de Robert Badinter.
04:16L'affaire Ranucci, avec une plaidoirie de Paul Lombard, là aussi sur la peine de mort, puisque
04:21l'affaire Ranucci est un des derniers condamnés à mort en France.
04:26Et puis, le dernier dossier, c'est un hommage à Henri Leclerc, qui est décédé cette année, avec la plaidoirie
04:32qu'il avait faite dans le procès de madame Courgeaux.
04:35On l'entend, ce sont des plaidoiries qui sont fortes, qui ont marqué l'histoire du droit, mais aussi
04:40la société, une manière de dire que la justice
04:43permet de faire avancer des sujets de société,
04:45et on l'entend encore aujourd'hui lors de grands procès. Merci François Paquet, bâtonnier de Saint-Etienne,
04:50d'être venu nous expliquer ces Nuits du droit sur France Bleu Saint-Etienne Noir ce matin. Je vous souhaite une bonne journée.
04:54Merci à vous.