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Film en trois époques : "En passant par la Lorraine" (2 h 30) : La défaite de 40, pour beaucoup inattendue, provoque | dG1fN3dQekw1R200Unc
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00:30C'est dans ce sens là qu'il a compris tout de suite Yannick, il a dit je demande pardon
00:37auprès du frère Yannick, dit lui que je suis Yannick.
00:40Ah oui d'accord, tu as compris, c'est tout à fait ça.
00:45Non, j'ai rien à dire, qu'est-ce que tu veux que je dise moi ?
00:48Tu ne te rappelles pas comment ça se passait dans le quartier ?
00:51Ah oui, ça se passait naturellement, ça se passait très bien.
00:54Ça se passait très bien ?
00:55Oui, très bien.
00:56On était trahi par tout le monde.
00:59Par exemple qui ? Qui nous a trahi ?
01:01Qui ?
01:02Qui nous a trahi ?
01:03Tout le monde, tout le monde.
01:04Pendant la guerre ?
01:05On a eu les CRS, on a eu la gare mobile, on a eu, attends, le MNA, on a eu à côté de ça,
01:12les gens du deuxième bureau, on a eu la DST, on a eu tout.
01:18Et les mouchas ?
01:19Et les mouchas, ça je vous ai dit, ils ont bien...
01:22Et après ?
01:23Et après...
01:24On a gagné ou on a perdu ?
01:26On a gagné une seule chose, une indépendance qui est un petit peu camouflée.
01:31Quelle était l'atmosphère ici quand vous circuliez ici avec les responsabilités que vous aviez ?
01:36C'était un climat de quoi ? Une atmosphère d'insécurité ?
01:39Oui, très d'insécurité.
01:41Je pense que jusqu'à la fin de 1957, on ne se promenait pas facilement dans Barbès.
01:47Bon, il y a eu la peur.
01:48Moi j'avoue que quand je rentrais ici dans Barbès, je me faisais toujours accompagner par des camarades.
01:53Et il y avait plein de risques.
01:57Ce qu'il y a de plus malheureux, c'est qu'à chaque fois qu'un groupe de menaces s'amenait,
02:03ils s'amenaient toujours derrière un quart de police.
02:06Le quart de police s'amenait, dépouillait tout le monde.
02:10Alors s'amusait à fouiller tout le monde.
02:13Alors toutes les personnes, ainsi que les tiroirs caisses, ainsi que les caves et tout.
02:20Et cinq minutes après leur départ, ces messieurs de l'Aimanat s'amenaient et faisaient leur razia.
02:28Avec des mitraillettes au poing.
02:30Ils arrivaient sûrs de ne pas trouver de riposte parce que la police aura débarrassé avant elles.
02:36C'est cela, oui.
02:38Ça s'est passé tout le temps.
02:40Ici, là, dans le coin, j'ai vu une scène atroce.
02:44C'était quoi ça ?
02:46Enfin, il y avait une bande de FN, une bande du Aimanat.
02:51Ils se rencontraient juste là au poing, juste avant la place, là, juste au poing.
02:55Il y avait une mutinerie inimaginable.
02:58Tout le monde était armé, tirait l'un sur l'autre.
03:00C'est juste là, dans cette place, dans cette place.
03:02Il y avait cinq ou six abattants.
03:06Il y avait cinq ou six abattus, blessés et morts.
03:11Puis le reste, ceux qui pouvaient, pouvaient s'en sauver.
03:15Puis le reste, on était là.
03:18Enfin, il y avait la police encerclée du quartier.
03:20On était contre les murs, bien fouillés et tout ça.
03:29Un soir, j'ai été suivi par des gens du Aimanat à partir du métro.
03:36J'ai surveillé le métro et puis je suis arrivé là.
03:39Comme j'avais vu que j'étais suivi,
03:42j'en avais parlé à des amis qui étaient là, dans ce café.
03:45Parce que ce café était un petit peu le quartier général du FN au début.
03:49Et les frères m'ont fait sortir par une porte qui donnait, là, dans la rue de Chartres, derrière.
03:54Je crois que j'avais fait cinquante mètres quand le groupe adverse est venu.
03:59Ils ont tiré. Il y a même des traces, là.
04:02Il y a des traces ici.
04:04Il y a eu, je crois, trois morts, différents blessés.
04:07Notre camarade qui tenait le bar, lui, a eu le bras complètement esquinté.
04:12Je crois qu'il est maintenant paralysé du bras gauche.
04:15La police a essayé de quadriller le quartier tant qu'elle a pu.
04:20Ils pensaient qu'en créant un climat de peur, la population allait se détacher du FN.
04:24Pour accentuer ce climat de peur, ils ont fait venir, naturellement, les mercenaires
04:28qu'ils ont pu trouver, qu'on a appelés les Harkis.
04:30Les Harkis de Paris, c'est pas une légende.
04:34C'est une réalité, malheureusement, très brutale, très violente contre la population algérienne.
04:38Et ce qu'a fait a servi, par la suite de Pécée et de quartier général, à ces Harkis.

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