Dans la cour

  • le mois dernier
Plutôt que de donner le concert qu'attend son public trépignant, Antoine, la quarantaine, traverse la scène en traînant sa valise. Presque immobile au fond de sa déprime, il finit par décrocher un emploi de gardien d'immeuble, grâce à Mathilde, retraitée de fraîche date, qui, trop occupée, balaie les doutes de son mari, Serge. Antoine s'adapte à sa nouvelle vie. Auprès de Stéphane, un douteux collectionneur de vélos, il renoue avec le commerce des drogues. Il se lie surtout avec Mathilde que tracasse une lézarde sur son mur. En dépit des conseils de Serge, inquiet de la voir dériver, Mathilde se lance dans une véritable croisade contre ce qu'elle imagine être l'effondrement du quartier...
Transcription
00:00Votre employeur, ces deux derniers mois, vous a trouvé angoissé, il a préféré ne pas renouveler le contrat.
00:05Vous avez autre chose ?
00:06Gardien d'immeuble.
00:07Vous avez envie de faire ça ? C'est important pour vous ?
00:10Oui, c'est important pour moi.
00:11Nettoyer, dormir et plus penser, je pourrais tuer pour ça.
00:15Ah oui, mais vous leur dites surtout pas ça.
00:20Je le trouve très bien. Il est gentil, poli et il n'a pas l'air sûr de lui.
00:23Formidable.
00:24Mais oui, formidable. Moi, j'aime les gens pas sur deux, au moins ils s'appliquent.
00:28Qu'est-ce que c'est ?
00:29C'est parce qu'il y avait une tâche, là, regardez.
00:30Mais il est 3h du matin, monsieur.
00:35Je me suis rendu compte qu'on n'avait pas parlé du salaire.
00:37J'imagine qu'il n'y a pas de surprise. Pas de stock option, pas de golden parachute.
00:41Non.
00:42On est ok quand même.
00:44Enfin, Mathilde, qu'est-ce que tu fais ?
00:45C'est cette fissure-là qui m'inquiète depuis plusieurs jours.
00:49Qu'est-ce que vous faites là ?
00:50C'est votre mari qui m'a demandé de poser du papier sur la fissure.
00:53D'accord, mais on ne la voit plus.
00:55Ah ben non. Non, on ne la voit plus.
00:57C'est bien ce que je dis, on ne voit plus rien.
00:58On ne voit plus rien.
01:02Maintenant, je crois que Serge va me faire interner.
01:05Je me sens seule, tu ne comprends pas ?
01:06Personne ne m'aide. Personne. Il n'y a qu'Antoine.
01:10Vous êtes tellement gentils.
01:12Je ne sais pas si c'est vous qui me bouleversez ou si je suis dans une phase complètement dépressive.
01:17Il est en fond de ce vélo.
01:18C'est parce que tu es en bas, c'est pour ça que c'est galère.
01:19Moi, tu vois, ça va.
01:22Ça ne va pas.
01:23Je suis là, en train de torturer le gros sein.
01:25Tant mieux, je devrais vous dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi.
01:30Dites-moi que vous me comprenez.
01:34Je vous comprends.
01:36Ce n'est pas un véhicule, ça ?
01:38Non.
01:40Mathilde, regarde, je parle tout seul.
01:42Oui, j'ai toujours aimé le côté convivial de la fonction.
01:44Tant mieux. Comme ça, au moins, il ne s'ennuiera pas.

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