• il y a 3 mois

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Musique
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00:00Gainsbourg est maintenant un personnage clé de la scène publique.
00:04Après le Palace, le Casino et enfin le Zénith seront de véritables triomphes.
00:09Mais à quel prix ?
00:10Gainsbourg se joue de tout, donne son avis sur tout, provoque, brutalise ce public qui l'adule ou le hait.
00:18Gainsbourg est devenu le personnage principal de ses recherches et de son oeuvre.
00:22Il le met en scène, le manipule,
00:24au prix de virées nocturnes échevelées et d'extravagances qui en fin de compte l'emporteront.
00:31Je vais prendre un billet de 500 balles.
00:35Je vais vous dire que je suis taxé à 74%.
00:40Je vais vous dire ce qu'il me reste.
00:44C'est bien que ça, c'est illégal ce que je vais faire.
00:46C'est illégal, oui.
00:47C'est illégal.
00:48Je vais le faire, si on le fout en tout, si il y en a, je serai au moins en régime.
00:52Voilà, je vais vous dire ce qu'il me reste.
00:55J'arrêterai à 74%.
00:59Naturellement, ce billet de 500 francs a fait déferler toute la chronique que l'on peut imaginer.
01:06Mais sa réaction était la suivante.
01:08Pour avoir la première de François et des différents quotidiens,
01:11combien faut-il payer ?
01:12Un billet de 500 francs à Sicile.
01:14Ce que disait Oscar Wilde était très beau.
01:18Le cynisme, c'est connaître le prix de tout et la valeur de rien.
01:24C'est vrai qu'il était devenu aussi donné révérence,
01:28alors que moi j'aimais un peu avec ses lunettes intellectuelles,
01:31avec ses costumes un peu, oui, psychiatres, fous.
01:37La connerie, c'est la décontraction de l'intelligence.
01:43Des fois, je me permets d'être con.
01:46C'est sciemment.
01:48Maintenant, vous présentez Serge Gainsbourg qui, pour vous, s'est mis en smoking.
01:52J'ai gagné mon pari.
01:55Whitney Houston, Serge Gainsbourg, Gainsbard pour les intimes.
01:58Voilà, asseyez-vous.
01:59Whitney Houston qui avait 19 ans, qui était peu connue en Europe,
02:03qui était la star montante aux Etats-Unis,
02:06qui est arrivée, elle a chanté au centre de la scène,
02:08il n'était pas prévu qu'elle parle à Serge.
02:11Pendant qu'elle chante, il me dit,
02:14avec un langage que vous imaginez.
02:18Il s'excuse parce que c'est un grand enfant.
02:20On est allé apporter des fleurs au Georges V,
02:22devant la porte de sa suite pour qu'elle trouve les fleurs.
02:25Et on n'a plus eu de nouvelles.
02:27Ça a fait la une de toute la presse, évidemment, le lundi.
02:31Aux Etats-Unis, ils en ont parlé,
02:33parce que même, je crois, le correspondant de CBS à Paris
02:36était devant son post et il a dit, mais ce n'est pas possible.
02:38Il a dit, il a dit, il a dit.
02:40Je ne suis pas le correspondant de CBS à Paris.
02:42Il était devant son post et il a dit, mais ce n'est pas possible.
02:44Il a dit, j'aimerais bien vous offrir des fleurs.
02:46Pas du tout, je lui ai dit, je vous laisse bien apaiser.
02:58Je serai content quand tu seras mon vieil canaille.
03:02Ah bon ?
03:03Je serai content quand tu seras mon vieil canaille.
03:08Tu n'as rien pour attendre.
03:11Ce serait bientôt décembre.
03:14Je serai content de voir ta peau et le chapeau.
03:19Tu n'as pas ouvert mon vieil canaille.
03:24Il y avait toujours ton couvert, mon vieil canaille.
03:29Tu as brûlé tous mes tapis.
03:32Tu as même fumé dans mon lit.
03:35C'était tout mon whisky.
03:37Bien vendu.
03:39Le Gainsbourg au quotidien était un homme attentionné,
03:44poli, bien élevé, méticuleux,
03:50d'une propreté exemplaire,
03:54d'une délicatesse rarissime
03:58et je termine je crois en disant d'une très très grande éducation.
04:03On aurait pu le prendre pour un prédentieux,
04:06mais il était prédentieux, il se prenait au sérieux avec des gens qui se prenaient au sérieux.
04:09Les gens simples étaient les plus simples du monde.
04:13Il adorait les commerçants, il adorait.
04:15Il rentrait chez un épicier comme ça, il discutait avec lui.
04:19Il était assez proche des gens, mais il se forçait pas, c'était pas la démagogie.
04:25Au contact de la rue, Gainsbourg redevient Gainsbourg.
04:28Jekyll chasse Hyde, le petit émigré juif de Camimème,
04:32pour quelques instants de bonheur, de vérité.
04:36C'était quelqu'un de très décontracté je dirais.
04:39À la limite il était un homme peut-être réservé timide.
04:42Je sais pas si c'était de la timidité, mais pas aussi comme on le voyait à la télé,
04:46c'est vraiment une autre image.
04:51J'aimais bien son caractère, sa façon de vivre,
04:54il était franc, il disait tout ce qu'il avait à dire franchement,
04:57et c'est ça qui devient en lui.
04:59Je m'en rappelle même une fois, il m'avait dit comment ça va petit black.
05:05Pas vulgaire, du tout.
05:08C'était vraiment quelqu'un de très très gentil.
05:10Je crois que c'était quelqu'un de simple.
05:12C'est le mot juste.
05:14Un lundi j'étais déjeuné avec lui, il me dit qu'est-ce que je me suis emmerdé hier.
05:18Il me dit pourquoi tu m'as pas appelé.
05:20J'avais le cafard de ce que j'ai fait.
05:22J'ai appelé la police, envoyez-moi un cadre de flics.
05:25Et il y a un cadre de flics qui est venu chez lui,
05:28et ils sont passés l'après-midi ensemble à boire un coup.
05:30Ils allaient le chercher, souvent dans des arrondissements ou dans les boîtes à la mode,
05:34qu'il aimait fréquenter, là dans un état vraiment second,
05:37il les ramenait à 4-5 heures du matin,
05:39ils le ramenaient à la maison et ils le couchaient.
05:41Et c'est assez extraordinaire d'imaginer le panier à salade
05:44qui va ramasser comme ça les gens qu'il aime bien,
05:48et Serge avait un rapport de complicité avec ces gens-là.
05:51La police du 7ème avait pris des gens qui vendaient à la sauvette au trocadéro un jour.
06:00Et quand ils sont amenés au commissariat, il y en a eu deux,
06:03comme il l'a fait, il a pris le flingue du policier et il a tiré dessus.
06:08Il a tué le flic.
06:10Et lui, le lendemain, ou quelques jours après,
06:13il a envoyé un chèque de 100 000 francs à la veuve.
06:16Ça, la généralité de Serge.
06:19Qu'est-ce que tu as là ?
06:20C'est Charlotte.
06:21C'est ça ?
06:25Tu vois, c'est ce que j'ai fait de mieux, Charlotte.
06:31Très bien.
06:32Parti avec sa mère, quelques immeubles plus loin,
06:35Charlotte ne participe pas à la vie mouvementée de son père.
06:38Elle s'est mise au piano,
06:40ce qu'elle n'avait jamais osé faire Ruth Verneuil,
06:43craignant de l'indisposer.
06:45Il joue au professeur, il est fier,
06:47et se souviendra sans doute plus tard,
06:49en créant pour elle Lemon Incest,
06:51de ses études de Chopin répétées ensemble.
06:54Quant à Charlotte, le cinéma l'a adoptée, reconnue, fêtée.
07:11La gagnante est...
07:13Vous pensez qu'il est vraiment héroïque ?
07:16Je ne peux pas le dire, moi.
07:18Surtout parce que je suis là.
07:22Il a l'air timide.
07:28Moi, je peux le dire.
07:31C'était un vécu.
07:35Oui, j'ai été très touché, très...
07:39Il y a un mot qui fait ça, bouleversé.
07:42Dès son arrivée, pour lui,
07:45elle était une sorte de perfection.
07:49Et qu'il était impressionné aussi, je crois,
07:52aussi curieux que ça peut sembler,
07:54par elle et par ce qu'elle pense de lui.
07:57Il faisait gaffe.
07:59Si elle était nulle, je ne l'apprendrais pas.
08:01Elle est belle, elle a une superbe voix,
08:04un peu timide,
08:07mais une fraîcheur sublime.
08:13On voulait croire, quand il a fait le film sur elle,
08:16que Charlotte Favre, c'est quelqu'un
08:18qui était terriblement pudique.
08:20C'est quelqu'un dont les enfants n'ont jamais vu,
08:22aperçu un morceau de corps qu'il n'a pas voulu.
08:25Et Bambou vous dirait pareil.
08:28Voilà, une personne exquisement,
08:31parce que je dis bien, exquisement pudique.
08:34Le contraire de tout ce qui peut être vulgaire.
08:39Moi, je ne me mettrais jamais à poil devant ma fille.
08:42Elle couche dans mon lit,
08:44je veux qu'elle ait le haut du pyjama et moi le bas.
09:04Charlotte Favre, je pense que c'est un mis-casting,
09:07c'est-à-dire une erreur de casting.
09:10Je n'aurais jamais dû jouer le papa.
09:14Et je n'aurais jamais dû jouer le papa,
09:16c'est trop dangereux.
09:18J'ai fait une connerie.
09:27Avec Charlotte, je suis au...
09:31à l'Empire State Building,
09:33au dernier étage, il n'y a pas de garde-fou.
09:36Je dois me contrôler, sinon je saute.
09:40Je ne le fais pas, mais je me contrôle.
09:44Il est en filigrane avec Charlotte,
09:47il y a bien sûr une tentative érotique.
09:53Il a joué sur les mots un geste de citron,
09:56parce qu'il adorait jouer sur les mots.
09:59Et puis c'est vrai que c'était une trouvaille.
10:02Et c'est vrai qu'il ne pensait pas qu'il était capable
10:04de créer une mélodie qui était à sa hauteur à elle,
10:07donc il prenait du classique.
10:09Le cinéma est pour Gainsbourg l'aboutissement
10:11de toutes les disciplines abordées tout au long de sa carrière.
10:14Il est un cinéaste complet, exigeant, sans concession.
10:17Bien sûr, il y a la dérive de la sensualité,
10:20jusqu'au bouleversant tourbillon de l'inceste de Charlotte Favre,
10:24même délire autobiographique pour Stanza Flasher.
10:27Avec Équateur, à l'esthétisme, la rigueur,
10:29s'ajoute une impressionnante direction d'acteur.
10:32Et pourtant, le public le boude, la critique l'exaspère.
10:35Ce sera sans doute la plus grande déception de sa vie.
10:38Je suis metteur en scène, bordel.
10:40Je sais où mettre ma caméra.
10:41J'ai gauche caméra, droite caméra.
10:43Toi, tu en amorces là.
10:44Lui, il est là sur toi.
10:46Je connais tout.
10:48Et quand on dit qu'il y a des longueurs sur Équateur,
10:51bordel, mais pas Gayeur sur Équateur.
10:54Tu sais, il y a un petit Français qui est venu me voir à Paris,
10:57que j'avais connu au Gabon,
10:59quand j'ai tourné Équateur.
11:03Il m'a dit, Monsieur Gainsbourg, vous avez tout compris à l'Afrique.
11:06C'est ça, cette longueur.
11:09Parce que ce sont les pailles avec luster qui revient voir ce que va.
11:14Moi, j'ai ajouté du tabac dans les fonds.
11:24C'est une noblesse.
11:27Mais c'est fulgurant, la noblesse de ce plan.
11:46Ils arrivent de loin. Ils arrivent, ils arrivent, ils arrivent.
11:49Et moi, je suis sur le pont et je baisse la caméra.
11:53Les gens à Cannes n'ont pas su monter sur ce plan.
11:56Il avait comme metteur en scène, un peu comme Clouseau ou comme Hitchcock,
12:02une écriture très précise avec la caméra,
12:08mais surtout un amour de l'instant de grâce.
12:13On était voisins. Il habitait rue de Verneuil et moi rue de Lille.
12:16Et un jour, je l'ai rencontré dans la rue.
12:18Il faisait ses courses ou il sortait de la pharmacie.
12:21Je suis en train d'écrire un film. J'ai créé un rôle pour toi.
12:27Ça m'a amusé.
12:28Et puis, c'est vrai, quelque temps après, il m'a donné à lire quelque chose,
12:30mais qui n'était pas un scénario, qui était une sorte de poème.
12:34Et je me suis dit, mais jamais, il va trouver l'argent pour faire ça.
12:36Ça ne va jamais se faire.
12:38Ça a été un très, très bon souvenir.
12:41Autant je rechignais un moment à le faire, autant j'ai pris du plaisir à le faire.
12:45Et surtout pour le plaisir que je lui procurais, je crois.
12:49Il faisait un immense plaisir.
12:51Mon produc!
12:52Je crois que s'il avait commencé sa carrière de metteur en scène à 20 ans,
12:55il aurait fait en France ce que Woody Allen a fait aux Etats-Unis
13:00ou ce que Sacha Guitry a fait en France.
13:02C'est-à-dire, il aurait raconté sa propre vie.
13:04De Neuve m'avait donné l'autorisation, disons, de faire un film
13:08un peu où je transposais sa vie.
13:12Et quelque part, pour moi, il incarnait.
13:17Je l'entends dans le film, qu'il y ait des scènes de violence entre eux,
13:19d'amour et de violence.
13:21Je ne sais pas, je trouvais que le couple marchait,
13:23qu'elle pouvait vraiment avoir une grande passion
13:26pour le personnage incarné par Serge.
13:29Mais arrête de jouer, merde!
13:31Arrête de jouer, écoute!
13:39T'es vraiment un pauvre petit, tu sais.
13:42T'es vraiment un pauvre petit.
13:45J'aime pas la vulgarité.
13:48Chez certaines actrices, il n'y a pas de vulgarité.
13:51Il n'y a pas un gramme de vulgarité.
13:54Alors, certains chanteurs et chanteuses,
13:58ça sointe, ça sointe, ça sointe pour mes objets.
14:03Je vois ça, je vois. Parce que je suis mes deux ensembles.
14:07Si le cinéma le rejette, la publicité le vénère.
14:11Les publicitaires se l'arrachent,
14:13chaque création est pour lui un nouvel exercice de style,
14:16dont il se joue avec bonheur,
14:18se mettant même quelques fois en scène.
14:20Il invente le clip avant le clip.
14:23Je t'aime, Je t'aime.
14:28Quand je me plante sur mon texte,
14:30Marie-Lou me corrige.
14:32Quand je me plante sur mon texte,
14:34Marie-Lou me corrige.
14:36Elle pointe son patex.
14:38Correction exprès, stupide.
14:42Velouté pour ma louloute, instantanée,
14:44avec de l'eau que j'ajoute.
14:46Je me sens belle dans un ménage,
14:49lavé avec Woolit.
14:52Groutons dans le velouté de ma louloute.
14:55Secouer, presser, effacer.
15:00Luxe laisse la peau souple, douce, la preuve.
15:03Marie-Lou me trouve incorrecte,
15:05je la trouve disperfecte.
15:17Un bagarre, ça vous change à même,
15:20n'est-ce pas monsieur Gainsbourg ?
15:24Je manie la langue française,
15:26avec beaucoup de rigueur.
15:29Les allitérations, les rejets,
15:33les néologismes,
15:37qu'il ne faut pas confondre avec barbarisme.
15:40Par exemple, le lycéenne,
15:42c'est un néologisme qui vient de moi.
15:47Et le barbarisme, je ne connais pas.
15:49Ça restait quelqu'un de vivant,
15:52de touchable,
15:54qui écrivait en français
15:56sur des rythmes possibles,
15:58admissibles pour nous à l'époque.
16:00Il a influencé énormément de gens,
16:03et ce qui est magnifique maintenant,
16:05ce qui me fait très plaisir,
16:07c'est de voir que ça a dépassé l'hexagone.
16:09Un pays de la non-culture et de l'oubli très rapide,
16:11il y a quand même des choses qui sont persistantes,
16:14des héros, des mythes,
16:16et Serge Gainsbourg en fait partie, réellement.
16:19Et maintenant de voir que toute cette jeune génération
16:22de sampleurs, rappeurs,
16:25anglais et américains,
16:27piquent un max chez Serge,
16:30il aura été ravi.
16:31La musique de Gainsbourg est là, dans la rue,
16:34et les mecs dansent, des mecs s'arrêtent,
16:36et des gens viennent me demander
16:38« What is the sample ? »
16:39« Quel est le sample qui est derrière ? »
16:41Et tout ça, je dis bravo,
16:43c'est-à-dire que sans la connaissance,
16:44il y a juste ça qui tourne,
16:45et les gens viennent poser des questions
16:47pendant le tournage d'une vidéo.
16:49C'est une des forces de persuasion de la grande musique.
16:53Gainsbourg aurait pu faire du rap,
16:55même qu'il en a déjà fait,
16:57et que, bien sûr, il aurait pu faire ça,
16:59mais trop bien, mieux que beaucoup.
17:01Deux mots qui reviennent très souvent,
17:03c'est incompréhension du public,
17:04agressivité de ta part.
17:06C'est un réel plaisir pour toi, aujourd'hui, d'être sur scène ?
17:09C'est...
17:11Le mot exact, c'est émouvant.
17:14C'est-à-dire des gamins qui n'ont...
17:16qui n'étaient...
17:17qui pourraient être mes enfants.
17:20Allume leurs briquets,
17:22on serait jamais venus.
17:25Je peux te dire que...
17:26Pour la première fois, j'étais pas habitué à ça.
17:29Enfin, j'ai jamais jamais vu ça,
17:30je n'avais jamais fait de grande salle.
17:35Des petits gamins.
17:38La chanson, ils n'étaient pas nés.
17:41Le gars, il s'est mis à chialer.
17:44Il a trouvé cet autre public.
17:47Et c'était ses...
17:48c'était ses gamins.
17:49Et...
17:52Et voilà.
17:54Drogué, Gainsbourg,
17:55même si souvent, il pouvait en donner l'impression,
17:58bien au contraire.
17:59D'une intransigeance redoutable à cet égard,
18:01il n'a cessé, alors qu'il se perdait lui-même en cigarettes et en alcool,
18:05à combattre ce fléau.
18:10Il était quelqu'un
18:11qui pensait toujours qu'il aurait une autre chance.
18:13Parce que quand il a eu sa première crise cardiaque,
18:16bon, tout le monde disait,
18:17bon, tout le monde disait,
18:18c'est un avertissement et tout ça.
18:20Il a bourré sa valise, quand même,
18:22de trois cartouches de gitane.
18:24Écoutez, un de ces cas, je vais...
18:26Je vais attraper le cancer du fumeur.
18:29Vous savez comment on appelait ça, un fabriquant ?
18:32Nails coffins.
18:35Je traduis.
18:36Des clous de cercueil.
18:39Les infirmières ont trouvé,
18:40quand ils ont ouvert le tiroir,
18:42tous les petits fiols
18:43où ils lui donnaient ses médicaments
18:45pour crise cardiaque, quand même.
18:46Eh bien, ils remplissaient
18:47avec un tout petit peu d'eau.
18:48Et là, pscht, ils mettaient le clope.
18:50Et comme ça, quand ils ont ouvert,
18:53après, il y avait des régiments
18:56de mégots dans les petites...
18:58Très malins, quand même,
19:00dans les petites choses.
19:01Et bien sûr, il avait besoin
19:02d'un peu de pscht-pscht.
19:03Il y a des mecs qui ont arrêté de fumer.
19:04Ils sont morts une, deux, trois semaines après.
19:07J'ai déjà enterré trois quarts des mecs.
19:11Bon.
19:12I drink to that.
19:15Le fait de boire et de fumer autant
19:17et de se brûler autant,
19:20c'est un signe évident d'autodestruction.
19:24Mais c'était une autodestruction
19:26très créatrice,
19:28parce qu'il en a fait des chansons,
19:30il en a fait un personnage.
19:34Je pense que je préfère
19:36la cigarette à la femme,
19:38parce que c'est elle qui fume le plus.
19:41Elle est classe, classe.
19:45C'est elle qui brûle le plus.
19:50Il faut brûler ce qu'on a adoré.
19:52Je brûle ce que j'ai adoré.
19:54J'ai l'impression d'être un petit bébé.
19:56Ça, c'est vraiment...
19:58C'est mignon, ça.
20:00Un petit bébé où j'ai bridé.
20:02C'est bien.
20:04Moi, Thierry, je me dis que c'est une toque.
20:07Moi, Thierry, je me dis que c'est une toque.
20:10Ça, il est plein de dégâts, ça.
20:14Mec, il faut y aller.
20:16Il faut y aller. J'attaque.
20:18Sa rencontre avec Bamboo
20:20participera du même combat
20:22contre la drogue et l'exclusion.
20:24Elle est belle, elle se perd,
20:26il la sauvera et ils créeront Lulu.
20:28Ce qu'il a fait de mieux au monde
20:30avec Charlotte, dira-t-il
20:32en guise de testament.
20:38On s'est rencontrés
20:40et en n'allant pas bien
20:42comme destructeurs tous les deux,
20:44on est arrivés à céder
20:46et à faire quand même le petit Lulu.
20:48Il disait une chose très jolie.
20:50Il disait qu'il avait sauvé une vie
20:52en donnant la vie.
20:54Et je crois que là,
20:56on résume à peu près
20:58tout ce qu'il pouvait être.
21:00Un papa tous les jours,
21:02ce n'était pas possible pour lui.
21:04Mais quand il décidait
21:06de partir en vacances,
21:08de venir le week-end,
21:10c'était un papa génial.
21:12D'ailleurs, moi, je l'appelais mon petit papa.
21:14Un jour, Lulu m'a dit
21:16on a le même papa.
21:18J'ai dit oui, moi c'est un papa adoptif.
21:20Il a dit oui, mais tu l'appelles aussi ton petit papa.
21:22Donc, il était un papa génial.
21:24A la fin de sa vie,
21:26je pense qu'il revenait à Gainsbourg.
21:28Ça allait mieux avec les années.
21:30Donc, il pouvait laisser
21:32ce personnage Gainsbourg.
21:34Lulu était née,
21:36on passait à autre chose.
21:40...
21:50...
22:00...
22:12J'ai eu ce rare privilège
22:14de chanter
22:16le côté vulnérable
22:18d'une grande poète
22:20qui gardait pour lui-même Gainsbourg
22:22et des provocations.
22:24...
22:28Ça, c'est Gainsbourg provocation.
22:30Smuggles in your eyes.
22:32C'est la chanson préférée d'Eva Brown.
22:34...
22:44Je pense qu'il avait besoin
22:46d'une voix
22:48à travers une autre voix.
22:50J'ai eu la chance
22:52qu'il a gardé la mienne
22:54parmi d'autres.
22:56...
23:12Quand c'est Les Deux Souchics
23:14ou Faire le Bonheur
23:16qui vous donne à midi
23:18et en passant une nuit blanche,
23:20cigarette et café,
23:22vous les découvrez
23:24et sur l'instant même
23:26quand vous les découvrez
23:28et que vous vous rendez compte
23:30peu à peu que vous êtes en train
23:32de chanter
23:34les peines de quelqu'un d'autre
23:36et le côté féminin
23:38de l'autre personne.
23:40C'était très...
23:42...
23:46C'était très pénible.
23:48Il a sublimé notre relation
23:50et même la séparation.
23:52À la fin,
23:54il voulait abandonner
23:56les disques.
23:58Il voulait faire
24:00un dernier album,
24:02s'arrêter et revenir à la peinture
24:04parce que ça, ça a été
24:06un de ses grands regrets.
24:08Il pensait qu'il avait été lâche,
24:10qu'il avait laissé la peinture
24:12pour la facilité.
24:14Donc...
24:16Il était triste de ça.
24:18Il disait,
24:20je ne ferai que mes amours,
24:22donc la peinture,
24:24et je ne ferai qu'une toile,
24:26mais une toile sublime.
24:28Et moi, je l'encourageais,
24:30je pensais que c'était bien
24:32et que c'était important pour lui.
24:34L'ultime bonheur,
24:36c'est de revenir à mes premiers amours
24:38qui ont été la peinture.
24:40Tu veux boucler le boucle.
24:42Tu sais, oui.
24:44Moi, je fais une toile.
24:46J'ai une toile, je me casse.
24:48Au-dessus des nuages,
24:50j'ai une équipe
24:52toute peau,
24:54à jamais pour rejoindre
24:56mon papa et ma maman.
25:06Le temps lui aura manqué.
25:08Tant pour cette dernière toile
25:10que pour l'ultime concert
25:12qu'il rêvait d'offrir à son cher jeune public.
25:14Il leur laisse cependant
25:16une douane exceptionnelle.
25:20Je voudrais parler de lui.
25:24Je voudrais parler de lui.
25:26Je voudrais le remercier
25:28pour tout ce qu'il est
25:30et je ne sais pas comment.
25:32Alors c'est peut-être en chantant
25:34ses chansons.
25:36Alors ce soir, c'est pour toi Serge
25:38et pour tous ceux qui t'aiment.