Chères lectrices, chers lecteurs,
Voici la captation de la rencontre d'Eve-Marie Zizza Lalu enregistrée le Mercredi 18 septembre 2024. Cet échange est animé par son éditeur Manuel Carcassonne.
Suite à un incident technique, la vidéo est tronquée de quatre minutes à la vingt-huitième minute de la vidéo ; nous vous prions de nous en excuser.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième :
« Combien de fois les gens m’ont prise pour sa fille cachée. Sinon pour sa belle-fille. Je ne suis ni l’une ni l’autre. Je veux qu’on le sache, je veux le dire. Je suis la fille de la femme avec qui il n’a jamais vécu. La fille de la femme qu’il a fait souffrir. Comme les autres. Plus que les autres ? »
En 1975, Eve-Marie, sept ans, vit en symbiose avec sa mère Patricia, une jeune femme libre et indépendante. Paul Bocuse fait alors irruption dans leur vie, s’immisçant progressivement dans leur quotidien sans vivre avec elles.
Marié et viscéralement infidèle, ogre séducteur, il brille à la fois par sa présence et son absence, et Eve-Marie assiste, révoltée, à l’aliénation volontaire de sa mère, accédant peu à peu à la perception des sentiments contradictoires des adultes, s’interrogeant sur le sens de ce qu’on appelle alors « la libération de la femme ».
Ce récit à trois voix fait exister, tour à tour, l’enfant, la mère et l’homme qui les sépare, à la veille d’une ascension irrésistible qui fera de lui le chef le plus célèbre de sa génération, à Lyon et partout dans le monde.
Voici la captation de la rencontre d'Eve-Marie Zizza Lalu enregistrée le Mercredi 18 septembre 2024. Cet échange est animé par son éditeur Manuel Carcassonne.
Suite à un incident technique, la vidéo est tronquée de quatre minutes à la vingt-huitième minute de la vidéo ; nous vous prions de nous en excuser.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième :
« Combien de fois les gens m’ont prise pour sa fille cachée. Sinon pour sa belle-fille. Je ne suis ni l’une ni l’autre. Je veux qu’on le sache, je veux le dire. Je suis la fille de la femme avec qui il n’a jamais vécu. La fille de la femme qu’il a fait souffrir. Comme les autres. Plus que les autres ? »
En 1975, Eve-Marie, sept ans, vit en symbiose avec sa mère Patricia, une jeune femme libre et indépendante. Paul Bocuse fait alors irruption dans leur vie, s’immisçant progressivement dans leur quotidien sans vivre avec elles.
Marié et viscéralement infidèle, ogre séducteur, il brille à la fois par sa présence et son absence, et Eve-Marie assiste, révoltée, à l’aliénation volontaire de sa mère, accédant peu à peu à la perception des sentiments contradictoires des adultes, s’interrogeant sur le sens de ce qu’on appelle alors « la libération de la femme ».
Ce récit à trois voix fait exister, tour à tour, l’enfant, la mère et l’homme qui les sépare, à la veille d’une ascension irrésistible qui fera de lui le chef le plus célèbre de sa génération, à Lyon et partout dans le monde.
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00:00page, non loin des Deux Magots, parce qu'en fait, ça me rappelle des souvenirs. Avec ma mère, on venait
00:07de temps en temps à Paris, une fois par an, à partir d'à peu près l'âge de mes 14 ans,
00:12et on allait aux Deux Magots. Et à l'époque, je me demandais toujours, pourquoi on ne va pas aux Flore,
00:17en fait ? Parce qu'évidemment, il y avait toujours cette sorte de rivalité sympathique
00:24entre le Flore et les Deux Magots. Et donc, j'ai fait quelques recherches depuis, et je suis tombée
00:32sur une citation de Paul Boubal, qui est donc un des patrons du Flore, et il disait, les maris
00:41viennent aux Flore avec leurs épouses et vont aux Deux Magots avec leur maîtresse. Donc, ça m'a
00:48beaucoup fait sourire, je me suis dit, et parfois le contraire, mais je me suis dit, ça y est, on est dans le thème.
00:54Et ça m'a fait penser, après, à une autre phrase de Paul Bocuse, que je cite dans la biographie
01:02Le Feu sacré, donc écrite en 2005. Et en fait, il racontait, il parlait de Claude Marais,
01:10qui était donc un quelqu'un, Claude Marais, où il avait fait son apprentissage. Et Claude Marais,
01:17c'était assez marrant, parce que lui, il avait donc une femme et une maîtresse, donc c'est assez
01:22monnaie courante chez les chefs, et enfin, entre autres, pas que chez les chefs, mais il se trouve
01:29qu'on est dans ce monde de la cuisine. Et donc, il avait une femme qui s'appelait Gertrude, et une maîtresse
01:35qui s'appelait Germaine, et donc, et quand il se fâchait avec sa femme, les pâtés, il mettait
01:44à la carte des pâtés Gertrude, et quand il se ravibochait avec sa femme, ça devenait les pâtés Germaine.
01:50Voilà, donc c'était...
01:52Je vois que vous n'avez pas du tout besoin de moi, vous êtes en pleine forme.
01:57D'abord, je voudrais dire à nos amis qui sont ici de remercier d'être ici, parce qu'il faut toujours remercier.
02:02Mais j'allais les remercier après, abondamment.
02:04Abondamment, pour leur dire qu'ils peuvent venir s'asseoir.
02:07Oui.
02:08J'ai l'impression de parler devant un auditoire totalement plein, ça va leur monter le moral.
02:13Oui, parce que ceux qui sont debout peuvent venir.
02:16Venez vous asseoir, parce qu'ils pourront repartir même en plein milieu d'une phrase.
02:21Il n'y aura pas de problème.
02:23Ça c'est une première chose.
02:26Ensuite, je pense quand même, dans ces rencontres-là, il y a toujours ceux qui vous connaissent,
02:36et on peut espérer peut-être avoir attrapé quelques acteurs qui ne vous connaissent pas
02:41ou qui viennent par curiosité, nous ont entendu parce qu'ils sont de l'autre côté de la boutique
02:46et ils sont venus attirés par notre douce voix.
02:49À cela, moi je voudrais quand même que vous disiez un mot de votre livre,
02:52juste pour le présenter succinctement, puisque vous faudrait quelques questions après.
02:57Bien sûr.
02:59Parce qu'on sait de vous votre nom, Marie-Isabelle Lalue.
03:02Si on a peu travaillé, on sait que vous avez déjà publié un livre sur le mème Paul Bocuse.
03:07On reviendra tout à l'heure.
03:08Et ce livre s'appelle « Bocuse malgré moi ».
03:11Quelques mots.
03:12« Bocuse malgré moi », c'est une histoire intime, très personnelle,
03:18qui est un peu le pendant, une partie en fait, de cette vie du grand chef, mais cachée finalement.
03:30Ça raconte aussi beaucoup de l'histoire de ma mère, qui est ici présente,
03:37puisque pour replacer le livre dans son contexte, Bocuse était polygame.
03:42Il avait donc trois femmes en même temps.
03:44Une épouse qui tenait son restaurant, une femme qui était la mère de son fils,
03:52et une troisième compagne qui l'a suivie partout dans ses voyages
03:57et qui a construit son image partout dans le monde avec lui.
04:03Et donc, il est rentré dans ma vie, cet homme, quand j'avais sept ans.
04:08Et ça a été une rencontre qui n'était pas souhaitée.
04:13C'est-à-dire qu'en fait, d'un seul coup, je vivais seule avec ma mère.
04:17C'était un duo, presque un couple.
04:19Et tout à coup, il a enlevé ma mère.
04:23Il a enlevé ma mère parce qu'il partait en voyage avec elle.
04:26C'est cette espèce d'ogre, de monstre sacré qui, pour moi, ne représentait rien,
04:32sinon l'homme qui a enlevé ma mère.
04:35Finalement, j'étais en profonde opposition avec lui.
04:39Et toutes ces émotions, toutes ces sensations que j'ai pu avoir à l'époque,
04:44je les avais enfermées dans une sorte de boîte noire.
04:47Et un jour, j'ai eu le besoin de raconter.
04:53Et donc, le livre commence effectivement avec le point de vue,
04:59par le point de vue de la petite fille, de sept ans,
05:02qui voit entrer cet homme dans sa vie.
05:06J'aimerais quand même vous demander si vous avez,
05:09parce que quand vous le présentez comme ça,
05:11on hésite à penser que vous avez soit écrit ce livre pour réparer quelque chose
05:16qui aurait été fait à votre mère ici présente.
05:20C'est difficile de parler devant elle.
05:23J'ai peur qu'elle a un surplomb par rapport à tout ce qu'on va dire.
05:27Est-ce que c'est pour réparer quelque chose qui a été commis,
05:30cette notion sur laquelle on reviendra presque de troisième épouse,
05:34de femme qui est derrière la réussite d'un homme,
05:37dans une époque où ce genre de choses se pratiquaient ?
05:41Je suppose que ça se pratique toujours, mais c'est peut-être moins terrible que jamais.
05:44Ou est-ce que c'est vous qui avez envie d'être réparé
05:49par cet intéressant livre,
05:51sachant quand même que l'unique autre livre que vous avez écrit
05:54est tout de même une biographie autorisée de 30 ans plus tôt ?
05:57Une petite contradiction.
05:59Tout à fait. Je vais répondre sur la contradiction,
06:01mais d'abord sur la réparation.
06:03C'est vrai que c'est un livre pour réparer.
06:05En fait, il y avait en moi cette petite fille qui criait,
06:11qui disait maintenant ça va quoi.
06:13Une partie de ta vie, ton enfance, ton adolescence,
06:17était en colère contre lui.
06:19Et là, à la fois, tu as écrit une biographie,
06:23tu as chanté ses louanges,
06:25et puis tu te retrouves dans la situation d'être directrice de la rédaction
06:29du magazine Régal,
06:31et d'un autre magazine encore,
06:33et donc installée dans le monde de la cuisine,
06:35et pourtant, d'une certaine manière, en porte-à-faux.
06:38Donc, il fallait que je trouve la façon de résoudre ce conflit.
06:43Et résoudre ce conflit, c'était,
06:45en fait, par écrire ce livre.
06:47Il y a une phrase que vous dites...
06:49Je n'ai pas, du coup, répondu.
06:51Non, mais juste après tout ce que vous venez de dire,
06:53dire cette phrase.
06:55Parce que ça dit assez bien ce que vous venez de dire en termes
06:57qui sont dans ce livre, que j'avais commis à lire.
06:59C'est le but.
07:01Il est un livre, j'ajoute ça tout de suite,
07:03parce que, finalement, on devait le dire
07:05dans ce type de rencontres,
07:07dans lesquelles les éditeurs doivent se reconvertir
07:09via l'explicité du livre d'éditeur,
07:11pour présenter le livre d'un éditeur plus agréable.
07:13C'est un livre très bien écrit.
07:15Comme l'indique assez bien,
07:17c'est un livre de la formule.
07:19À condition de dire tout,
07:21enfin, ce que je pense tout bas,
07:23Paul Bocuse est mon ennemi d'enfance.
07:25Mon ennemi d'enfance.
07:27S'il vous plaît.
07:29Non, pas votre ennemi d'enfance.
07:31Ah ben, à moi, Paul Bocuse.
07:33Et les liens qui nous rattachent
07:35à nos ennemis d'enfance
07:37sont aussi indestructibles
07:39que ceux qui se tissent
07:41avec nos amis d'enfance.
07:43Et ça, je trouve, c'est une très bonne formule
07:45parce que, finalement,
07:47vous mettez l'ami et l'ennemi sur le même plan.
07:49C'est à la fois un ami de votre jeunesse,
07:51puisqu'il l'a toujours,
07:53et qu'il vit quand même
07:55une partie de son temps avec votre mère,
07:57avec son corporation, je suppose.
07:59Et, en même temps, c'est votre ennemi.
08:01Oui, en fait,
08:03petit à petit, cette notion d'ennemi d'enfance
08:05m'est apparue très clairement
08:07et comme une évidence.
08:09En fait, il y a quelque chose
08:11de très fort qui se noue avec nos ennemis,
08:13surtout nos ennemis d'enfance.
08:15Parce que c'est viscéral,
08:17en fait.
08:19Il n'y a pas de réflexion,
08:21de recul. On est
08:23dans cet âge de l'absolu
08:25où il n'y a pas de compromis.
08:27Donc, finalement,
08:29c'est beau, c'est très, très fort.
08:31Et je pense qu'on
08:33se construit aussi bien
08:35contre qu'avec. Et donc, je me suis
08:37aussi construit contre cet homme.
08:39Construite, pardon, contre cet homme.
08:41Je repose
08:43la question sur la biographie. Vous le dites aussi
08:45au début.
08:47Monsieur Paul, ce personnage
08:49romanesque, généreux, truculent,
08:51blagueur, provocateur, drôle,
08:53érigé en une légende
08:55que moi aussi, j'ai contribué
08:57à installer. Mon empathie naturelle,
08:59l'empathie de celle qu'il a qualifiée
09:01de biographe officielle, lutte
09:03avec la mémoire de l'enfant que je ne veux pas tromper.
09:05Donc, vous-même,
09:07à la troisième page, vous dites que vous avez décellé
09:09la biographie officielle, vous avez écrit
09:11« Une tournée ». Comment vous avez glissé de cette
09:13biographie officielle à cette
09:15remise en question quand même assez
09:17forte ?
09:19La biographie, quand l'occasion
09:21m'a été donnée de l'écrire,
09:23c'était vraiment
09:25pour moi, un moyen
09:27de partir déjà à la rencontre
09:29de cet homme. C'est-à-dire que je me suis dit,
09:31j'étais adulte, donc j'avais déjà
09:33un peu changé de point de vue.
09:35Je me suis dit, c'est la façon de passer
09:37de l'autre côté. Je connaissais l'homme
09:39dans l'intimité et je connaissais peu de choses
09:41finalement, à part tout ce qu'on
09:43disait de lui, mais de l'homme
09:45public. Et donc, je me suis dit, en rentrant plus
09:47en profondeur dans cette histoire-là,
09:49comprendre les mécanismes qui
09:51étaient à l'œuvre chez lui,
09:53peut-être que je vais arriver à me rapprocher
09:55de lui. Et j'ai même pensé d'ailleurs,
09:57au cours des interviews
09:59qu'on a pu avoir ensemble,
10:01que j'allais pouvoir
10:03briser
10:05cette espèce de vitre
10:07qui était installée entre nous
10:09et qu'une
10:11rencontre allait avoir lieu finalement.
10:13Et en fait, ça n'a pas été possible
10:15parce que tout simplement, c'est un
10:17homme, c'était son caractère.
10:19Je pense
10:21qu'il y avait une forme de pudeur aussi.
10:23Mais je sais, par ma mère, et puis je sais
10:25qu'il avait beaucoup d'affection pour moi.
10:27Donc c'était un peu compliqué d'ailleurs parce que
10:29par réciproque, je pense que je suis une des rares
10:31personnes qui lui a résisté dans sa vie.
10:35Il devait aimer qu'on lui résiste.
10:37Il aimait qu'on lui résiste, donc ça a renforcé encore son affection.
10:43Exactement, c'était un vrai provocateur.
10:45Et donc il a continué à provoquer, provoquer.
10:47Pour un enfant, la provocation, c'est un truc qu'on ne comprend pas du tout.
10:49Et puis l'adulte,
10:51en fait, quand on s'est mis à parler,
10:53quand il y a eu à nouveau ces
10:55relations de provocation et d'humour,
10:57bizarrement, alors que chez n'importe qui d'autre,
10:59j'aurais réagi différemment,
11:01mais en fait, ça tapait sur l'enfant.
11:03C'est-à-dire que je repartais
11:05dans le passé, je n'étais plus l'adulte
11:07avec lui.
11:09Voilà, je replongeais dans le passé.
11:11Et ensuite,
11:13donc par rapport à la biographie,
11:15c'est un exercice passionnant, c'était un exercice
11:17d'écriture aussi, parce que je l'ai vraiment écrit
11:21comme un livre.
11:23Et je pense
11:25que, pour moi, c'était une opportunité
11:27aussi incroyable d'écrire un livre.
11:31Et après, quand il est
11:33décédé, il y a eu une deuxième édition
11:35en 2018.
11:37Et en fait, dans la biographie,
11:39ce que j'ai revu récemment dans la
11:41préface, je dis très clairement
11:43qu'il y a des choses
11:45qui sont restées en suspens entre nous,
11:47qu'il faudra régler un jour.
11:49Et donc, c'était
11:51déjà annoncé. Je savais qu'il faudrait les régler.
11:53Ce que vous dénoncez dans ce livre,
11:55et c'est peut-être ce qui fait sa différence
11:57avec beaucoup de livres aujourd'hui qui paraissent
11:59tous les jours,
12:01sur la démolition
12:03des mythes, des mythologies
12:05masculines,
12:07la différence entre votre livre
12:09et ces livres-là, c'est que vous êtes
12:11beaucoup plus en nuance,
12:13beaucoup plus dans une forme
12:15de subtilité, qui fait d'ailleurs qu'il y a des
12:17moments où on se demande toujours si
12:19vous ne conservez pas de l'affection,
12:21vous ne conservez pas un attachement
12:23à vous, car cet homme du
12:25Fabius n'est coupable en ce livre
12:27de rien d'illégal au sens de la loi,
12:29rien
12:31pénalement répréhensible.
12:33Il est coupable d'un peu de polygamie,
12:35bon, ça c'est pas quelque chose d'illégal,
12:37mais il s'est pas marié plusieurs fois.
12:39Tant qu'elle disait rien, les femmes...
12:41Il vit avec,
12:43en somme, avec trois femmes en même temps,
12:45trois couples en même temps,
12:47il est un dévoreur de
12:49beaucoup de choses. Dans cette dévoration,
12:51qui se voit très bien dans vos livres,
12:53moi j'y vois, chez vous, une forme
12:55quand même de fascination. Vous êtes quand même
12:57fascinée par cet homme qui dévore tout.
12:59Vous avez raison, bien sûr. C'est une des questions
13:01que vous avez posées, qui était intéressante, quand on a commencé
13:03nos échanges, vous m'avez dit, mais alors en fait,
13:05vous l'aimez ou vous l'aimez pas ?
13:07Et j'ai dit, bah en fait,
13:09si la réponse était aussi
13:11claire, j'aurais pas besoin d'écrire un livre.
13:13C'est justement parce qu'il y a cette complexité,
13:15il y a toute cette nuance, et parce que
13:17ce qui m'intéresse chez l'humain,
13:19c'est quand même justement la multiplicité
13:21des facettes de l'humain.
13:23Et je pense que les mythes
13:25sont plus intéressants si justement
13:27derrière,
13:29il y a
13:31de la complexité.
13:33Le mythe se nourrit
13:35de tout ça, le mythe se nourrit de la fragilité
13:37des hommes.
13:39Il y a quelque chose
13:41chez lui
13:43qui vient interrompre
13:45évidemment le cours de ce duo que l'enfant,
13:47parce que finalement ce que vous gardez,
13:49c'est un souvenir d'enfance, vous avez
13:51quel âge, 8 ans, 9 ans ?
13:53Le livre se déroule à partir
13:55de 7 ans jusqu'à l'adolescence
13:57puis après l'âge adulte.
13:59Donc c'est le duo que vous formez
14:01avec votre mère,
14:03ce duo replié sur lui-même,
14:05ce duo de
14:07mère et de fille,
14:09que cet homme vient briser.
14:11Vous disiez qu'il y a un peu de la jalousie d'une enfant
14:13qui voit cet espèce de bonheur quotidien
14:15se transformer.
14:17Et puis,
14:19comment est-ce que vous avez, si j'ose dire,
14:21glissé dans ce regard d'enfant
14:23à un regard d'adulte ?
14:25Je vous prends une page
14:27qui est une page là aussi très bien quitte
14:29sur la fascination
14:31qu'il exerce. C'est un chasseur
14:33du bout de lui.
14:35Elle voit,
14:37elle étant votre mère, elle voit son regard
14:39briller quand surgit la proie facile.
14:41Il n'a pas besoin de les séduire,
14:43elles viennent à lui, se bousculent au portillon
14:45pour voir dire qu'elles en étaient
14:47des femelles, comme sa mère.
14:49Quant à lui, il n'a qu'à sélectionner
14:51les plus belles prises, exonérer.
14:53Quand il cède, c'est pour leur faire plaisir.
14:55D'ailleurs, c'est ce qu'il nous dit.
14:57Il ne faudrait pas les décevoir,
14:59je rends service.
15:01Il y a dans
15:03cette idée de cet homme
15:05dévoreur
15:07à l'ancienne, capable
15:09de cumuler plusieurs vies parallèles,
15:11le regard de l'enfant.
15:13Puis il y a le regard de l'adulte que vous êtes aujourd'hui,
15:15devenue une femme de notre temps,
15:17un temps qui est beaucoup
15:19moins clément à ce type
15:21de comportement que jadis.
15:23C'est quoi votre regard d'aujourd'hui ?
15:25Est-ce qu'il se heurte au regard d'enfant ?
15:27Est-ce qu'il le juge ?
15:29En d'autres termes.
15:31Est-ce que je juge Paul Bocuse pour son...
15:33De ce point de vue là, en tout cas.
15:35Je pense que...
15:37Moi, j'aime bien remettre les choses dans leur contexte.
15:39Et en fait,
15:41je pense qu'il ne faut pas
15:43juger avec les lunettes d'aujourd'hui.
15:47Ça va peut-être à l'encontre
15:49de ce que beaucoup de gens disent
15:51aujourd'hui, mais j'estime que
15:53bien sûr, il est allé
15:55très loin, bien sûr, il a fait souffrir,
15:57mais c'était quand même
15:59une époque.
16:01Je ne juge pas
16:03l'époque avec les yeux d'aujourd'hui.
16:05Mais après, c'est sûr que
16:07il faut faire bouger les choses,
16:09il faut les faire changer, et ça c'est bien que ça change.
16:11Donc c'est aussi un livre qui s'inscrit quand même.
16:13Ce n'est pas un livre mitout, non.
16:15Mais c'est un livre qui dénonce
16:17les dérives du machisme.
16:19Pour dire la chose
16:21franchement, il y a une page...
16:23J'ose pas tout lire, mais il y a
16:25quelques lignes. Après, cette phrase
16:27qui est vraiment sur un temps et qui pose
16:29aujourd'hui un certain nombre de problèmes.
16:31C'est un livre qui est assez
16:33réservé à nos pensées, à nos pensées
16:35mais qui dit que le machisme
16:37est un enjeu qu'on doit
16:39être en vue, et en fait,
16:41le machisme est un enjeu
16:43qui est dans les mains de la personne,
16:45qui est dans la personne.
16:47Et donc, il y a un peu
16:49une différence entre le machisme
16:51qui est un enjeu et le machisme
16:53qui est un enjeu, et le machisme
16:55qui est un enjeu, qui est un enjeu.
16:57Et c'est un enjeu qui est un enjeu.
16:59C'est pas un livre ni tout certes, c'est pas non plus un livre qui a en sens le comportement
17:04qu'a eu Paul Bocuse, j'ai mis ça dans la cuisine de la haute gastronomie, mais tout
17:09de même visiblement dans sa vie privée ayant déchaîné pas mal de malheurs ou de souffrances
17:15car l'autre livre est là aussi pour eux.
17:17Bien sûr, la femme d'aujourd'hui elle dénonce cette attitude, on en vient d'accord, oui
17:22ça on est, oui.
17:24Est-ce que le milieu de la gastronomie française, un milieu que vous connaissez bien, malheureusement
17:29dans l'édition nous avons le bras de Jean-Antoine qui est un malheureux chef d'arbre.
17:33Ça vous éclacherait, ça m'étonnerait.
17:35La source nous attachait presque.
17:38Mais c'est vrai que c'est un milieu que l'on ne connaît pas forcément aussi bien que vous,
17:45est-ce que c'est ce milieu ?
17:47C'est ancré, c'est recréé dans ce milieu-là parce que forcément les cuisiniers ont un
17:51côté naturellement, en tout cas ils l'ont beaucoup, un côté naturellement machisme
17:55parce que c'était un métier d'homme, parce que je me suis replongée dans des écrits
18:00de l'époque, c'est hallucinant, même des gens, donc on ne peut absolument pas soupçonner
18:03de machisme, disaient à l'époque ce n'est pas un métier pour les femmes, elles gâteraient
18:08leurs chevelures, elles seraient fatiguées, elles ne pourraient pas rester debout, etc.
18:12Et pourtant c'est jamais qu'il y a 30 ans, 40 ans.
18:16C'est impressionnant l'évolution qu'il y a eu,
18:20donc c'est important aussi de dire que oui, c'est un milieu qui est machiste
18:25et qui doit changer.
18:27C'est toujours vrai ? Est-ce que ça change ?
18:29C'est en train de changer petit à petit, mais c'est encore lent, c'est encore trop lent.
18:33Donc si le livre peut aider à faire bouger les choses, c'est très bien.
18:37Est-ce qu'il vous a aidé quelque chose, vous êtes devenu,
18:44ça viendra après Baptiste en chef, le deux journaux de gastronomie,
18:49puis je ne sais pas comment on fait pour la cuisine,
18:51j'ai ce problème,
18:53et c'est quoi ce qu'il vous a légué ?
18:55Et quel est votre regard sur ce lègue justement ?
19:01Je pense qu'effectivement, malgré moi, il m'a légué
19:07une culture innée du monde de la cuisine, de la gastronomie, du goût,
19:12qui m'a été aussi transmise par ma mère et qui était aussi familiale.
19:16C'est vrai que baigner là-dedans, c'est amusant,
19:19parce que quand j'ai démarré dans ce monde-là,
19:21j'avais l'impression de connaître déjà sans avoir besoin d'apprendre.
19:29C'était très bizarre.
19:30Après, je me suis rendu compte que ça ne suffisait pas.
19:32Mais au début, j'avais l'impression que c'était un peu inné,
19:35c'est-à-dire que j'avais tellement entendu parler des chefs, des plats, des techniques,
19:41que les gens parlaient de certaines choses
19:44comme si c'était un truc un peu étrange ou pas connu.
19:47Et en fait, moi, je savais.
19:49Donc, c'est vrai que j'ai été complètement baignée là-dedans.
19:53Est-ce que ça ne vous porte pas justement à ce jugement un peu nuancé que vous avez produit ?
19:57Parce que vous ne le voulez pas, même si c'est malgré vous,
20:00ce dans quoi vous avez baigné vous a créé tel que vous êtes aujourd'hui, professionnellement en tout cas.
20:07Là, vous avez tout à fait raison, bien sûr.
20:09C'est vrai que quand on me dit à vous cracher dans la soupe,
20:13je dis non, je ne crache pas dans la soupe, je la pimente.
20:19D'autant que Paul Bocuse aurait, je suis assez persuadée,
20:23aimé le livre pour son sens de la provocation.
20:27Est-ce que vous pouvez, avant qu'on donne la parole aussi, bien sûr,
20:30à cette histoire nombreuse qui nous a rejointes,
20:34est-ce que vous pouvez un peu, pour ceux qui seraient peut-être moins familiers de Paul Bocuse,
20:40nous dire un peu ce qu'il a créé, puisque votre mère y était attachée,
20:44du point de vue de la renommée internationale,
20:47de ce qui s'est créé à l'étranger,
20:50car c'est quand même quelque chose qui est là aussi dans le livre.
20:53Oui, qui est là aussi dans le livre, bien sûr.
20:54C'est une partie importante du livre, c'est la renommée vraiment de la cheffe
20:58dans une période où un Français pouvait porter comme une image de la France à l'étranger.
21:04Ça a vraiment été le chef de file de la grande cuisine dans le monde.
21:07Et en fait, c'est intéressant parce que finalement, c'est le revers de la médaille.
21:12Cet homme-là, il était mégalomaniac,
21:15il était, enfin, je ne sais plus, mégalomane.
21:19Et maniaque aussi, on voit que ça va bien ensemble, finalement.
21:24Et finalement, ce culte de l'image,
21:27c'était aussi, dans l'autre sens, quelque chose de positif,
21:31parce que grâce à ça, il savait transmettre
21:34et il avait une force de persuasion extraordinaire vis-à-vis des hommes et des autres.
21:40Donc voilà, c'était le chef de file de toute une génération de cuisiniers.
21:44On disait la bande à Bocuse, donc il les a entraînés à l'étranger.
21:47Il a monté une affaire à Orlando,
21:52qui continue aujourd'hui, qui a un énorme succès.
21:56Et puis, en fait, ce qu'on dit, et c'est vrai,
21:59il a sorti les cuisiniers de leur cuisine.
22:02C'est vraiment ça, le tournant qui s'est opéré grâce à Bocuse.
22:07On voyage dans ce livre, on ne reste pas que dans la région lyonnaise.
22:12On va au Japon, on va au Brésil.
22:15C'est quoi le sentiment,
22:20j'essaie de choisir le mot,
22:22mais le sentiment que vous portez rétrospectivement là-dessus,
22:26puisque pendant ce temps, pour être très clair,
22:29vous étiez seule, puisque vous ne pouviez rester qu'un jour,
22:33seule, enfin pas seule,
22:35c'est-à-dire que j'étais, comme effectivement,
22:39mon père, à cette époque, n'assumait pas son tour de garde,
22:43enfin, il avait une autre vie qu'il faisait qu'eux,
22:46et donc j'étais gardée chez des voisins.
22:50Et donc là, je pense que ça a été, oui,
22:54un des moments les plus difficiles,
22:56mais en même temps fondateur,
22:58parce que c'est une solitude et des sensations
23:02qui construisent pour la vie,
23:04parce que d'un seul coup, on est seule face à soi-même,
23:07à cet enhabitant,
23:09et il faut puiser des ressources en soi.
23:15C'est de ça que vous avez le plus souffert ?
23:18Je pense, oui, je pense.
23:20Et en même temps, ça crée au fond de soi
23:23quelque chose de très dur,
23:26une espèce de volonté indestructible d'avancer,
23:29d'y arriver coup de coup de soi, que ma mère m'a transmise.
23:37C'est facile de parler de moi en ce moment !
23:40Ça va !
23:42Peut-être que dans le prochain livre,
23:45ce sera plus difficile !
23:50En tout cas, il y a le bocus de l'époque,
23:54il y a le voyageur, il y a la haute gastronomie,
23:57il y a tout cet aspect public,
24:00mais ce que vous nous dites très bien dans ce livre,
24:03c'est un aspect privé.
24:05Et aussi, il y a quand même quelque chose de drôle,
24:08que je ne voudrais pas complètement oublier,
24:11parce que, pour moi, ce que je trouve le plus drôle
24:14c'est quand un livre se fait avoir en mode
24:17« je ne sais plus ce que je suis,
24:20là-dedans, je m'explique,
24:23je ne sais plus ce que je fais,
24:26moi je m'explique, a l'intérieur,
24:29mais je m'explique à l'intérieur ! »
24:32Donc, ça, c'est quelque chose qui m'est un peu
24:35trop souriant, parce que je ne sais plus
24:39cuisine entièrement retapissée avec le papier peint représentant Paul Bocuse en cinquantaine
24:44d'exemplaires.
24:45Donc voilà, on s'est dit ça y est maintenant, déjà il était vraiment installé dans notre
24:52vie et là on allait la voir du matin au soir, qui allait nous observer du haut de sa tapisserie.
24:58Oui, il voulait être sûr qu'on ne l'oublie pas mais ça il est toujours là donc il n'y
25:04a pas de problème.
25:06Je voudrais lire ce petit passage que je trouve très beau sur l'impression parce que quand
25:12on est en enfant, on n'analyse pas, on garde les impressions, on garde les sensations.
25:17Il ne reste pas longtemps, 20 minutes parfois moins, mais il vient presque tous les jours,
25:22du lundi au samedi, heure fixe, jamais le dimanche.
25:26Quand je rentre de l'école, je perçois sa présence sur le pas de la porte, surtout
25:31quand il pleut.
25:32C'est comme si l'atmosphère se gorgeait d'eau tout à coup, laissant en suspension
25:37dans l'air une odeur de tourbe et de marais, une étrange odeur d'ailleurs.
25:42Quand j'entends sa voix, quelque chose se ferme en moi.
25:45Cadenas, gilets pare-balles, airsécurité, les émotions ne passent plus, je suis devenu
25:51un bloc de granit.
25:53C'est vraiment l'impression en fait sur cet enfant, elle est encore très vive,
25:59il faut que vous puissiez la réessituer, la reconstruire avec cette clarté, non ?
26:08Ça, c'est vraiment, c'est frappant, c'est ce travail de l'écriture.
26:13Quand j'ai plongé dans ce passé, je me suis aperçue que tout était là, tout était
26:20présent.
26:21Et bon, autant parler à la place de quand je me suis mis du point de vue de ma mère
26:28et du point de vue de Paul Bocuse, c'était un travail plus de projection.
26:32Mais là, ces émotions d'enfance, elles étaient toutes là et je n'ai pas eu tellement
26:37de mal à les décrire parce qu'effectivement, c'était encore vif, c'est toujours vif
26:41en fait.
26:42Tout est là, quoi.
26:43C'est vraiment ce qu'on sent dans un passage comme ça, ce que les sensations ne trouvent
26:46pas.
26:47On sent que ces sensations vous reviennent, un peu comme cette fameuse Madeleine de Prousse
26:52dans Beaucoup, c'est la musique, finalement, une métaphore, mais en l'occurrence, voilà,
26:56une odeur de tourbe qui revient avec la sensation d'un homme.
27:02Oui, mais c'est peut être.
27:03C'est comme si j'avais gardé tout ça en moi pour être sûr un jour de pouvoir en
27:07parler, de ressortir.
27:08Il ne fallait pas que ça se perde parce que c'était vraiment important, indissociable
27:15de tout ce vécu.
27:17Il fallait qu'un jour, il revive.
27:21Il fallait attendre sa mort pour être fini ?
27:24Oui, je pense.
27:25Parce qu'il est mort en 2018.
27:26Oui.
27:27Je ne sais pas si j'aurais pu écrire son vivant, je n'ai pas, non.
27:32Mais bon, il y a un certain nombre de déclics qui m'ont conduit à ce livre-là.
27:37Sophia, qui est présente ici, le sait.
27:40Je pense qu'il y a eu des moments où j'ai eu des conflits intérieurs qu'il fallait
27:45que je règle.
27:46Et une des façons de régler ces conflits, c'était aussi d'entrer dans la démarche
27:52de l'écriture, que je fuyais depuis longtemps alors que je savais qu'il fallait que je
27:57m'attelle à ça.
27:58Donc, merci Sophia.
27:59Merci Sophia.
28:00Après, je vais remercier aussi Florence.
28:01Merci Florence.
28:02Merci Florence.
28:03Pour une autre raison, Florence qui m'a accompagnée semaine après semaine, mois après mois,
28:14année après année, dimanche soir.
28:17C'était l'envoi du dimanche soir.
28:18Le week-end, je me disais, il faut à tout prix que je termine un chapitre pour lui envoyer.
28:22Et donc, j'envoyais le dimanche soir.
28:25C'est évidemment comme un métier, c'était compliqué d'écrire à d'autres moments
28:29que le week-end, le soir et en vacances.
28:32Mais grâce à Florence, je suis...
28:35Et grâce à Manuel aussi.
28:37Et à Emilie, qui est cachée, que je ne vois pas.
28:41Et à Emilie, qui a été extrêmement exigeante et pointue.
28:45Et c'est ce qui fait qu'on a un livre d'écriture si poli.
28:52Oui, une question.
28:54Moi, j'ai travaillé longtemps auprès de Capetière et avec Monsieur Dupuy.
28:58Et il y a quelque chose qui m'avait frappé, c'est le jour où il a dit,
29:01Monique, les chefs ne sont plus jamais des luthiens.
29:04Et je vais travailler pour que le chef, et aujourd'hui, le chef, change d'honneur.
29:11Mais est-ce que tu as envie de lire le livre ?
29:13Oui.
29:14C'est déjà assez simple, c'est ça.
29:16Oui, c'est assez sûr.
29:17Moi, j'ai une question.
29:18Merci.
29:21Moi, j'ai tout simplement envie de savoir, parce que maintenant,
29:24vous avez écrit ce livre.
29:25Comment vous vous sentez ?
29:27Maintenant, vous le voyez, vous êtes en train de le partager.
29:29Comment vous vous sentez ?
29:30Il y a plein d'émotions différentes.
29:35Au départ, c'est vraiment un objet qu'on n'ose pas approcher, en fait.
29:40Je me suis dit, bon, j'ouvre ou je n'ouvre pas, je peux y être.
29:44C'est très, très bizarre comme sensation.
29:48Et puis, après, je pense que je n'ai pas complètement encore digéré.
29:54Non, ça va venir petit à petit.
29:58J'ai choisi mes mots.
30:01Et après, j'espère qu'il va faire un beau chemin
30:07et surtout qu'il ne se retournera pas contre ma mère.
30:11Ce serait le pire qui puisse arriver.
30:13Que les gens ne comprennent pas ma démarche
30:16et que les gens pensent que j'attaque purement et simplement.
30:22Je fais un règlement de compte pour le premier degré.
30:26Et après, sinon, ce que je peux dire, c'est qu'il y a quelque chose de réussi.
30:31C'est que j'ai réconcilié l'adulte et la petite fille.
30:33Donc, j'ai un sentiment d'apaisement.
30:36Et peut être que vous allez sortir à un moment donné un pion de vieux.
30:39Pas sur cette histoire.
30:41Que ce soit sur vous, justement, ce que vous en tirez.
30:44Peut être.
30:48Est-ce que vous l'avez envoyé à la famille encore ?
30:55En lâchant les mollets, non ?
30:57Non, pas encore.
30:59Vous ne l'avez pas renvoyé de vous même ?
31:01Non, je n'ai pas osé.
31:04Je n'étais pas forcément à l'aise avec ça.
31:06Je n'ai pas osé.
31:07Alors, je sais que Françoise Bernachon l'a lue.
31:10Donc, la fille de Paul Bocuse, elle l'a lue.
31:12Elle a conclu par tout le monde a souffert dans cette histoire.
31:18Et quant au fils de Paul, Jérôme Bocuse, nous n'avons pas de nouvelles.
31:23Donc, nous attendons anxieusement.
31:28Vous avez dit ce que vous aviez à dire.
31:30Vous avez écrit ce que vous aviez à écrire.
31:32Et une fois plus, c'est un livre qui est aussi vogue.
31:35Oui, tout à fait.
31:36En ce sens, personne ne peut vous dire que vous n'avez pas ressorti.
31:39D'autant que je ne l'attaque pas.
31:42Je ne crois pas attaquer mon monde dans ce livre, à part M. Bocuse.
31:46Et qui sait pourquoi.
31:48Et encore.
31:49Et encore.
31:52Pardon, vous avez évoqué un débat que je n'ai pas lu depuis le début.
31:56C'est-à-dire qu'il s'agit d'un débat professionnel.
32:00Est-ce que ça n'a pas parami de préoccupation par rapport à lui, à son paralysé ?
32:05Alors, c'était une biographie complète qui parlait aussi de sa vie intime.
32:09Puisque c'était la première fois qu'il annonçait qu'il avait trois femmes.
32:12Je lui ai fait dire et il était tout à fait d'accord pour le dire.
32:15Donc, je révélais déjà pas mal de choses, en fait, dans cette histoire.
32:19Mais il n'y avait pas ma vision personnelle et tout mon ressenti.
32:25Et c'est ce que disait Emmanuel tout à l'heure.
32:28C'est un livre qui était tout à sa louange, d'une certaine façon.
32:32Donc, j'avais besoin d'apporter une ombre au tableau.
32:40Et il avait fait le choix de me confier cette biographie parce qu'il considérait.
32:44Oui, mais jusqu'au bout, je me suis demandé si ce n'était pas un cadeau.
32:49Peut-être pas empoisonné, mais en tout cas, une façon de m'attirer son affection.
32:56Si elle écrit ma biographie, enfin, je vais la mettre de mon côté.
33:02Il y avait de ça quand même.
33:09En principe, il y a quelqu'un qui n'est pas loin.
33:15Oui, on va y travailler, tout à fait.
33:18Il y a un film qui est prévu.
33:21Ou en couleur.
33:24Et en saveur.
33:29Est-ce qu'il y a d'autres questions ou est-ce qu'on va laisser l'auteur signer son livre?
33:34Ceux qui vont l'acheter le livre.
33:37Est-ce qu'il y a des bouts de cinturon?
33:39Même si je me suis reconverti maintenant en pédestal.
33:43Monsieur.
33:46Est-ce que vous pensez que l'écriture libère plus l'encontrer que la parole?
33:54Vous me posez la question ou vous la posez à moi?
33:57Non, vous la posez aussi à moi.
33:59On peut tous répondre à cette question, effectivement.
34:05Oui, je pense que ce n'est pas au même niveau, en fait.
34:08Parce que la parole, c'est bien et ça peut aussi libérer.
34:11Mais quand on a, je pense que ça dépend aussi des caractères, des personnalités.
34:17Mais moi, j'aime écrire.
34:19C'est quelque chose qui fait partie de moi.
34:23Quand j'écris, je laisse une trace.
34:29C'est différent quand on s'est écrit.
34:35Merci.
34:36Merci.
34:37Merci.
34:38Merci.