L'invité du Matin - 27 09 2024 - Film François Ruffin

  • avant-hier
L'invité du Matin - 27 09 2024 - Film reportage de François Ruffin

Category

🗞
News
Transcription
00:00L'invité de France Bleu Touraine présente son nouveau film documentaire à Blairet ce soir.
00:04En avant-première, c'est François Ruffin, député de la Somme, ex-insoumis et donc également co-réalisateur du film « Au Boulot ».
00:11Bonjour François Ruffin.
00:12Bonjour.
00:13Votre présence à Blairet en Touraine n'est pas anodine.
00:16Ce soir, l'une des séquences du film a été tournée dans la commune, dans l'entreprise « La Boîte d'à côté ».
00:21Leur but, c'est de donner des opportunités d'emploi.
00:24CDI a tant choisi, pourquoi vous avez-vous choisi ce lieu ?
00:28D'abord dire que c'est un film, donc il s'agit d'avoir un dispositif qui permette d'avoir de l'humour.
00:34J'entends que dans la salle, les gens rient énormément et donc d'aller, si le film se termine en effet à Blairet.
00:41Pourquoi ? Parce que la personne qu'on accompagne, on a trouvé une riche qui s'appelle Sarah Salmane,
00:47qui est une avocate d'affaires et qui a stickoté sur un plateau télé, qui me dit que bon, vivre avec 1 300 euros,
00:54les gens ont déjà de la chance avec ça. Je leur dis, venez prendre leur place.
00:58Elle a dit, je cite, que les personnes en arrêt maladie étaient des glandus assistés et des feignasses, notamment.
01:04On l'amène dans la France, je pense qu'on a toujours rêvé de ça, d'avoir un ministre de la santé qui travaillerait à l'hôpital,
01:12d'avoir un ministre de l'éducation qui irait dans un collège rep pour voir comment ça se passe,
01:16d'avoir un ministre de la justice qui passera en prison, je veux dire du côté des gardiens, pas du côté des prisonniers,
01:21mais enfin qui voient le travail des Valdas.
01:23On va y revenir sur l'expérience de Sarah Salmane, mais juste sur cette entreprise Tourangel,
01:28qu'est-ce qui fait son intérêt pour votre film documentaire ?
01:32Donc là, à Bléret, on se trouve dans un territoire zéro chômeur longue durée,
01:37c'est-à-dire que les personnes qui sont au chômage dans la durée, par exemple pour inaptitude,
01:41il y a 100 000 personnes qui chaque année sont en inaptitude parce que le travail les a brisés psychologiquement ou physiquement,
01:47on leur propose un travail qui est adapté.
01:49Donc elles ne vivent pas du RSA, ces personnes, mais on leur propose d'aller réparer des ordinateurs,
01:55d'aller s'occuper des personnes âgées, leur faire de la lecture et ainsi de suite.
01:58Et donc c'est l'un des rares endroits de France où cette expérience a été permise.
02:04Et comme Sarah Salmane n'arrêtait pas de dire les assister, ils ne veulent rien faire et ainsi de suite,
02:08on a aidé de lui montrer des gens qui ailleurs seraient les assistés si on ne leur avait pas tendu la main.
02:13Et alors, qu'est-ce que ça a donné sur Sarah Salmane, cette expérience ?
02:17Je pense qu'elle ne prononcera plus du tout le mot assister à la télévision,
02:24je pense qu'elle aura un regard sur les salariés qui est bien autre,
02:26puisque quand on l'a mise à travailler pendant quelques heures ou quelques jours dans des poissonneries,
02:31à la ferme et ainsi de suite, elle a vu ce que ça pouvait signifier à la fois pour le corps et pour la tête,
02:37que c'était quelque chose de parfois dur, le travail.
02:40Donc ça la change de ce point de vue-là, mais vous savez pour moi c'était un prétexte.
02:44Si François Ruffin et Gilles Perret font un film sur les ouvriers, sur les employés, sur les auxiliaires de vie sociale,
02:51on voit très bien que ça manque de...
02:54Moi j'ai fantaisie de mettre dans ma vie un petit brin de fantaisie et j'espère qu'on le mettra aussi chez les spectateurs.
03:00Ces professions que vous citez, les agriculteurs, les agricultrices, les auxiliaires de vie, les livreurs-livreuses qu'on voit dans votre film,
03:06ce sont des métiers, vous le disiez, qui ne sont pas reconnus, et notamment par la rémunération, souvent des métiers mal rémunérés.
03:12Ça fait partie des choses qui vous irritent ?
03:14Ben oui. Souvenons-nous, tous les métiers qu'il y a dans le film quasiment, ce sont des métiers dont le président de la République disait pendant la crise Covid,
03:22il faudra se rappeler que notre pays tout entier repose sur ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal.
03:28Qu'est-ce qui a changé depuis lors ? Eh bien on a eu des économies qui les reconnaissent et les rémunèrent encore plus mal,
03:33puisque pendant ce temps-là, il y a eu une baisse à cause de l'inflation, une baisse du salaire réel de 5% pour à peu près tous les Français qui font ces métiers-là.
03:42Donc ce sont des métiers absolument utiles, absolument nécessaires, pourtant qui sont peu reconnus à la fois sur le terrain financier et sur le terrain symbolique.
03:50Malheureusement, sur le terrain financier, vous savez, je ne suis pas ministre, je ne suis pas en état de dire qu'il faut aujourd'hui que les salaires soient indexés sur l'inflation,
03:57ce qui me paraîtrait le minimum pour que les gens qui travaillent ne soient pas rationnés.
04:01En revanche, je peux faire des choses pour que leur reconnaissance symbolique.
04:05Et donc voilà, j'oeuvre à faire que l'agriculteur, l'auxiliaire de vie, le charisme soient reconnus comme des héros, c'est-à-dire ceux qui permettent à notre pays de tenir debout.
04:14Et justement, vous parliez du fait que vous auriez pu, si vous aviez été au gouvernement, essayer de faire passer ce SMIC à 1 600 euros.
04:21C'était une des propositions, 1 600 euros net je précise, c'était une des propositions du nouveau front populaire pendant les législatives sans pénal.
04:29Comment on fait ce SMIC à 1 600 euros sans pénaliser les petites et moyennes entreprises ?
04:34Je vais vous dire, moi, ma bagarre, elle est sur l'augmentation de tous les salaires.
04:38C'est-à-dire qu'il y a une augmentation de 50% des gens qui sont au SMIC maintenant depuis une dizaine d'années, d'accord ?
04:44Pourquoi ? Parce que le SMIC reste indexé sur l'inflation.
04:48Ce n'est pas dire qu'on vit bien quand on est au SMIC, loin de là, mais au-dessus, les salaires, ils n'augmentent pas.
04:52Donc les gens se font rattraper par le SMIC.
04:54Là, ce qui s'est passé ces dernières années est absolument scandaleux, puisque les Français, dans leur ensemble, tous les gens qui travaillent dans notre pays,
05:01se sont vus serrer la ceinture de 5 à 6 grands, c'est-à-dire que leur pouvoir d'achat a baissé de 5 à 6%.
05:06Tout ça, on pourrait dire que ce serait juste si en face, il n'y avait pas un immense gavage.
05:09Mais comment on augmente ces salaires sans pénaliser les petites et moyennes entreprises, Sarouza ?
05:14Écoutez, aujourd'hui, on a une économie où on a les grosses entreprises qui captent toute la plus-value,
05:19qui leur permettent de verser des dividendes qui sont chaque année plus record.
05:23Qu'est-ce qu'il faut faire, déjà ?
05:24Entre les entreprises, il faut évidemment que ce soit les grosses entreprises qui payent plus d'impôts,
05:29que les grosses payent gros, et que les petits payent petit.
05:31Or, aujourd'hui, on a des grosses entreprises qui, non seulement, captent la plus-value, mais en plus, ne payent pas d'impôts dessus.
05:37Donc il s'agit de rééquilibrer les plateaux de la balance, d'une part, entre les actionnaires et les salariés,
05:44et d'autre part, entre les grosses entreprises et les petites entreprises.
05:47Merci François Ruffin, on est tenu par le temps, merci de nous avoir accordé du temps.
05:52Votre film, votre quatrième film documentaire « Au boulot » est en avant-première ce soir à Bléret.
05:57Vous l'avez co-réalisé avec Gilles Perret.
05:58C'est à 20h et la sortie est prévue le 6 novembre prochain.
06:01Merci, bonne journée.
06:02Merci à vous, au revoir.
06:03Au revoir.

Recommandations