• il y a 2 mois
De la communication au graphisme, Lydie Wendkuuni Yaméogo s’est tracée une voie dans un secteur encore majoritairement masculin au Burkina Faso. Sa passion et sa détermination lui ont permis de surmonter les nombreux défis rencontrés pour devenir graphiste professionnelle.
Transcription
00:30Le graphisme est un domaine de la communication et qui des graphismes c'est également un art,
00:42c'est l'art de combiner les couleurs, la typographie, les images et d'être à même
00:54de répondre à un problème, soit qui est axé sur le digital, numérique ou bien un problème
01:04destiné à l'impression. Il faut d'abord avoir de la curiosité parce que c'est en étant curieux
01:19qu'on ne va pas rester dans sa zone de confort, qu'on va vouloir tester de nouvelles choses,
01:27qu'on va poser des questions à une personne qui a fait un travail ici, ici, comment tu t'es,
01:32tu as réussi à faire ça, est-ce que moi je peux reproduire ça et te donner, te montrer comment tu
01:37trouves ça. Donc d'abord la curiosité et ensuite la créativité. On ne naît pas avec la créativité,
01:49c'est quelque chose qui se travaille, c'est comme un muscle. Plus à force de faire une chose,
01:55on va finir par se perfectionner sur un temps et on devient expert là-dedans. Donc la créativité
02:01est vraiment nécessaire, donc je peux dire ça, la curiosité, la créativité et pourquoi pas aussi
02:13le courage parce que c'est ce qui manque également à plusieurs femmes qui embrassent le métier dès le
02:21départ et par la suite qui se découragent. Donc il faut avoir le courage de persévérer, c'est pas
02:28quelque chose qu'on a appris depuis le bas âge pour certaines, pour la plupart je dirais dans
02:32notre écosystème. On ne naît pas avec ça, il faut accepter, travailler, avoir le courage, avoir la
02:41motivation au jour le jour de se perfectionner, de se dire que ah oui, je reconnais qu'ici ce n'était
02:48pas bon, je peux améliorer, ne pas se décourager, ne pas baisser les bras et voilà, on va arriver à
02:54quelque chose. Parlons des obstacles. Certaines diraient qu'au premier abord, on s'étonne de
03:10voir que c'est une femme, quand on dit qu'on fait appel à un graphiste, on dit allô c'est une dame
03:14qui répond, on s'attend à ce que ce soit un homme et quand c'est une femme on se demande bon pourquoi tu
03:20n'es pas à la cuisine, pourquoi tu n'es pas en train de faire des vidéos sur tiktok, pourquoi tu es là à
03:25faire du graphisme. C'est un peu ces obstacles là. On pense que le graphisme a un genre, ce qui n'est
03:34pas le cas et ça c'est beaucoup plus dans la sous-région. Je dirais que c'est un peu nouveau
03:43et encore plus au Burkina Faso, bien que depuis des années le métier existait mais
03:51actuellement ça a le vent en pouls et on a l'impression que c'est quelque chose de nouveau, c'est
03:57juste une impression, pourtant ça existe. Donc ça veut dire qu'il y a un manque d'informations, un manque de
04:03culture là dessus. Donc ça c'est le premier obstacle et également le deuxième obstacle que je vais
04:10citer est lié même à la femme. Vous voyez, quand vous allez pour des études en communication,
04:18de prime abord, pour moi ma promotion, on ne savait pas que les panneaux qu'on voyait en ville et tout là,
04:28c'était en fait la spécialité, c'était une branche de la communication. On ne savait pas comment procéder,
04:34ce n'était pas de notre faute, mais également on n'a pas été assez curieux. Et donc la femme ne
04:43doit pas se dire qu'il y a plein d'hommes, que le métier est saturé, que c'est un travail de monsieur, non.
04:49Si tu décides d'explorer le graphisme ou si tu décides par exemple d'explorer la vidéo, il faudra
04:55te donner cause et âme à ça, pour au moins t'évaluer sur une période. Ah j'ai essayé et c'est comme ça, j'ai
05:03essayé, est-ce que voilà ça crée en moi de la passion ou pas, avant d'abandonner. Et aussi aller à l'information.
05:11Ne pas rester là comme moi qui ai fait l'épreuve, c'est en troisième année, en 2019, pourtant le métier
05:18existait bien avant. Et bien avant moi également, il y a des femmes qui excellaient là-dedans. Donc ne pas
05:24rester dans sa zone de confort. Même quand on s'inscrit dans une filière, il faut prendre le
05:30soin d'avoir toutes les informations, de l'étudier, oui, mais d'avoir toutes les informations. Ne pas
05:37rester là à dire que bon, je vais seulement, je vais seulement. Il y a plein de choses à
05:42découvrir en communication et notamment le graphisme.
05:45Ces outils-là ne sont pas, ils ne sont pas nouveaux. L'intelligence artificielle existait bien avant.
05:55Il a fallu que des gens arrivent à le développer, qu'il soit, et qu'il soit, un outil, une aide, je
06:09vais dire ça, pour les graphistes et tous ceux qui travaillent dans le digital. Bien sûr, on a des
06:17débats comme quoi ça vient pour supprimer la carrière du graphiste. Mais non, moi je dis que ce sont
06:25à la fois même des graphistes, des personnes avisées qui développent ces outils-là. Elles ne se
06:30développent pas, ils ne se développent pas seuls. Et ces outils-là sont un appui, un grand appui.
06:36Parce que mine de rien, ça nous fait gagner du temps. Que ce soit pour la génération, les
06:43intelligences artificielles qui génèrent les images, les intelligences artificielles qui nous
06:49permettent même de situer le contexte. Par exemple, d'une affiche, avec TIA-TDPT, tu peux par exemple
06:57lui donner le brief de ton affiche et également avoir son avis. Ça veut dire que tu n'es plus dans
07:05ta bulle. Tu as cette possibilité-là de t'évader, bien qu'en ayant seulement l'application. C'est
07:13pas un souci à combattre également. Que les gens n'aient pas peur. Et puis aussi, on est au
07:18Burkina Faso. Le changement ne se fera pas du jour au lendemain, mais progressivement. Bien
07:24qu'on devra aussi bien l'utiliser, bien l'utiliser à notre guise.
07:28En tout cas, pour ce que moi j'ai reçu l'autre fois, comme Agence Assapec, maintenant c'est à
07:39nous d'affiler ou du moins d'avoir une façon de faire, c'est-à-dire une façon de recruter des
07:50clients, une façon de travailler qui va pousser les gens à s'intéresser et à avoir envie de
07:57mettre la main à la poche. Quoique le débat au Burkina est encore lourd. Les gens s'attendent
08:04à ce qu'on leur fasse un très bon travail à des prix qui nous... à des prix, je vais dire quoi,
08:13pour ne pas choquer, un bon travail à un prix. Et donc, il faudra aussi que l'annonceur accepte
08:24de payer ce prix-là. C'est également au graphiste de montrer qu'il a même d'être payé à ce prix-là.
08:31Qu'il peut recevoir, il peut, il a assez confiance en lui pour produire un très bon travail. Qu'il
08:37soit également ouvert aux critiques. Sinon, lui, ça paye. Très bien. Je vais encourager toute personne
08:48qui nous écoute et qui hésite ou qui a pris l'initiative d'embrasser cette carrière-là,
08:57de ne pas baisser les bras. Parce que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Et mettre les
09:05petits plats dans les grains. Et également, être à l'écoute de tout ce qui se passe autour de nous.
09:11De prendre tout ce qui se passe autour de nous en compte. Et aussi, de participer à l'évolution,
09:21à l'innovation autour de chacun d'entre nous. Et à la gente féminine, je leur dirais de ne pas
09:30se décourager. Moi, j'arrive à au moins à me nourrir en faisant ce que je fais là. C'est pas
09:40un travail pour les ça-fait-rien. Non, non. C'est un travail qui est noble. Et qui a aussi ses avantages
09:49comme ses inconvénients. Donc, qu'elle n'ait pas peur de passer à l'action. Qu'elle n'ait pas peur
09:56d'embrasser cette carrière-là. De toute façon, si elle ne perd rien, elle va apprendre quelque chose au moins.

Recommandations