• il y a 2 mois
Entretien avec Eddy Merckx (Yves Perret/medias)

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Sport
Transcription
00:00Edi, nous sommes honorés que vous acceptiez de nous ouvrir un peu l'armoire aux souvenirs
00:10de ces championnats du monde 1974 à Montréal.
00:14Devant vous, il y a un magazine, il y a une photo, qu'est-ce qu'évoque cette photo ?
00:19Pour moi, c'est un super souvenir bien sûr, c'est mon troisième championnat du monde
00:24que je gagne, après une saison quand même très chargée, 1974-1974, j'avais gagné
00:31aussi bien le Tour d'Italie que le Tour de France, en plus tous les critériums après
00:35le Tour et je peux dire que j'étais parti à Montréal, pas pensant en tout cas à rouler
00:44comme j'ai roulé.
00:45Justement, donc c'était le 25 août 1974, cette journée, qu'est-ce qui vous en reste
00:52aujourd'hui, de quoi vous vous souvenez ?
00:54Je me souviens que d'abord ils avaient dit que le parcours était pour des sprinters
00:59et le Mont-Royal était autre chose que pour des sprinters et je pense que c'était une
01:05course très dure où il y avait une longue échappée de Thevenet et je pense que l'équipe
01:11belge avait bien travaillé en ma faveur pour que le dernier tour on puisse revenir sur
01:17Thevenet et j'ai pu attaquer et puis il y a juste Pulido qui m'a encore suivi et
01:22j'ai pu battre au sprint.
01:23Le matin de la course, vous avez des souvenirs de l'ambiance qui régnait à Montréal ?
01:28Je pense que c'est plutôt avant, quand on est arrivé à Montréal, je pensais de rentrer
01:34à la maison parce qu'on devait dormir à l'université et heureusement que le directeur
01:38sportif qui était avec nous, Robert Le Lanc et Ulysse Jossard, ils ont trouvé un petit
01:44motel à Laval en dehors de Montréal où on a pu passer calmement quelques jours et
01:52bien pouvoir s'entraîner au milieu d'une ville.
01:54C'était votre première fois au Québec ?
01:56Oui, c'est la première fois que je faisais une course hors de l'Europe.
02:01Justement, qu'est-ce que ça représente pour un coureur cycliste, même avec le palmarès
02:04que vous aviez, de traverser l'Atlantique pour la première fois ?
02:09C'est ouvrir le cyclisme européen à un cyclisme international.
02:17Il y avait bien sûr des courses en Australie, mais le plus souvent c'était des Australiens,
02:26mais ici c'était quand même les meilleurs Européens qui venaient au Canada.
02:30Vous avez des souvenirs de la culture québécoise ou de ce qui vous avait frappé dans cette
02:37culture américaine qui n'est pas celle que vous connaissiez en Europe ?
02:40On n'est pas resté tellement longtemps, on est resté une semaine, donc je pense qu'il
02:45y a surtout la discipline qui régnait sous les routes parce que c'est quand on s'entraînait
02:49que la police venait régulièrement pour dire qu'on devait rouler l'un derrière l'autre
02:53et pas l'autre comme c'est en Europe.
02:56La course en elle-même, à quel moment l'ambiance de cette course et à quel moment vous avez
03:01senti que ça pouvait malgré tout être votre journée et que ça pouvait bien se passer ?
03:05Ça a mis du temps parce que l'échappée, il y a Thévenet qui était devant et qui
03:10ne faiblissait pas et puis sous la fin, bien sûr, j'ai eu l'aide de mes équipiers
03:14au Spring-Hell et puis dans le dernier tour, au moment où on a rejoint Thévenet, bien
03:21sûr, à ce moment-là, j'ai cru dans mes chances de devenir champion du monde pour
03:25la troisième fois.
03:26On va vous montrer une petite vidéo.
03:30Cliquez sur la petite flèche.
03:34C'est le sprint avec Poulidor, bien sûr.
03:37J'étais plus rapide que Raymond Poulidor et pour moi, je n'avais pas su lâcher sur
03:43le Mont-Royal et puis avec lui à l'arrivée, mais enfin, il fallait toujours gagner.
03:48Il ne pouvait rien se passer, il pouvait y avoir une crévaison dans le dernier kilomètre.
03:52Ça, c'est vraiment un souvenir exceptionnel et je me rappelle aussi la voiture sans carrosserie
03:59qui était à côté de nous, c'était très spécial.
04:03Qu'est-ce qu'on ressent à ce moment-là quand on sait qu'on a gagné cette course
04:08et le plus beau titre du cyclisme ?
04:11Le plus beau titre, c'est beaucoup dire, d'une course d'un jour, oui, je dirais que
04:16c'est le plus beau titre d'une course d'un jour parce qu'on porte le maillot de champion
04:19du monde pendant une année, mais je crois que le plus beau titre, c'est le Tour de France
04:26quand même.
04:27Ce maillot arc-en-ciel, qu'est-ce qu'il représente pour un coureur cycliste ?
04:31Je pense que c'est une consécration d'être le meilleur coureur d'un jour, bien qu'il
04:37y a des coureurs qui ont gagné les championnats du monde, qui n'ont pas été les meilleurs
04:40pendant un jour, mais je pense que pour certains coureurs, quand on voit le palmarès, il y
04:44a quand même peu de champions du monde qui n'ont pas été vraiment des super champions.
04:48Avoir été le premier coureur qui gagne ce titre en dehors d'Europe, ça a une valeur
04:54supplémentaire ?
04:55Dans le temps, ça a une valeur supplémentaire, mais aujourd'hui, ça ne l'est plus du tout,
05:00tout évolue tellement rapidement, mais c'est un beau souvenir en tout cas pour moi d'avoir
05:04été champion du monde en dehors de l'Europe.
05:06Et ce titre, de vos trois titres, quelle place lui donnez-vous ?
05:10Vous savez, tous les trois sont spéciaux.
05:14Le premier, c'est 67, ça fait quand même au début de ma carrière, j'avais 22 ans
05:22je crois.
05:23Puis le deuxième, en 71, c'est une revanche sur le tour 71 que j'avais gagné, mais
05:31qui n'a aucunement été tombé.
05:33Et puis celui de 74, Montréal, c'est peut-être celui que je m'attendais le moins et qui
05:39me fait peut-être le plus plaisir de tous.
05:4050 ans cette année ?
05:42Oui, ça passe, oui ça passe.
05:46Ces champions du monde qui reviennent au Canada, il y a un clin d'œil pour 2026, qu'est-ce
05:51que vous diriez aux Québécois, aux Canadiens, pour venir profiter ?
05:56Je dirais aux Québécois de venir nombreux, nombreux applaudir les champions d'aujourd'hui
06:02parce que je pense que ce sont vraiment, les co-cyclistes sont des athlètes d'exception
06:06et le sport cycliste est un sport très difficile et je pense qu'il mérite qu'il y ait beaucoup
06:11de monde qui vienne les applaudir.
06:13Il y a trois photos, donc si vous pouviez les commenter.
06:18Ici c'est bien sûr l'arrivée avec la voiture spéciale à ma gauche, donc l'arrivée
06:32en 74 de Montréal, puis il y a celle-ci qui est bien sûr le podium, un belge et deux
06:43français, donc c'est pas tout le temps, mais pour moi c'était mon troisième titre
06:50de champion du monde et c'est vraiment une très très belle récompense.
06:54Le fait que le champion du monde cette année en titre c'est le petit-fils de celui que
07:01vous battez là ?
07:02Mathieu, c'est bien sûr le petit-fils de Raymond Poulidor, Raymond Poulidor a toujours
07:11dit qu'il pouvait gagner le Tour de France, moi personnellement je ne pense pas qu'il
07:16puisse gagner le Tour de France, mais c'est un champion d'exception quand on voit la
07:19manière dont il est champion du monde, quand il a gagné Milan-Saint-Rémy, quand il gagne
07:22Paris-Roubaix, c'est vraiment un champion tel que Raymond Poulidor l'a été.
07:28La dernière photo, il y a un trophée.
07:31Oui, le trophée bien sûr, c'est un très beau souvenir, c'est un Val-Saint-Lambert
07:39avec Montréal 1974, donc pour moi, j'ai ramené du Belge, du Canada en Belgique.

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