La population libanaise divisée sur la question du Hezbollah

  • il y a 11 heures
Israël a mené de nouvelles frappes sur "des dizaines de cibles du Hezbollah" dans la nuit de lundi à mardi. Le mouvement islamiste avait visé l'État hébreu avec une vingtaine de roquettes. La veille, les intenses frappes israéliennes contre le Hezbollah ont fait plus de 500 morts au Liban, dont des dizaines d'enfants, selon les autorités locales.

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00:00On vient de passer une journée assez incroyable. La journée d'hier a été tellement traumatisante pour le peuple libanais qu'aujourd'hui toutes les personnes que nous avons croisées avaient les yeux rivés sur leurs téléphones et sur leurs écrans de télévision pour consulter l'escalade militaire entre le Hezbollah et Israël.
00:16On vient de l'apprendre à l'instant. L'armée israélienne annonce que 300 roquettes du Hezbollah ont été tirées en direction de son territoire aujourd'hui.
00:24300 roquettes tirées par le Hezbollah en direction d'Israël. Et de son côté, l'armée israélienne a elle-même également poursuivi ces frappes de façon très intensive sur la région du sud du Liban, bastion historique du Hezbollah d'où partent ces roquettes.
00:36Également dans la vallée de la Beka plus à l'est du Liban. C'est le sud aussi, le sud de la banlieue de Beyrouth qui a été frappé par un raid aérien. L'armée israélienne qui annonce avoir tué un haut responsable du Hezbollah ce jour-là.
00:48Ces frappes ont pour conséquence directe de traumatiser la population saisie d'effroi face à ces bombardements et qui fuit en masse les régions du sud et de l'est en direction du nord et notamment de la capitale Beyrouth.
00:59Avec Juan Palencia, on a pu se rendre dans plusieurs écoles transformées en centres d'hébergement d'urgence pour accueillir ces familles qui sont parties au pied levé sans forcément avoir de solution pour passer la nuit.
01:10Je voulais quand même vous signaler que dans ces écoles, on a pu quand même observer, alors que c'était parfois des écoles publiques, parfois des écoles françaises, et bien que c'était des membres affiliés au Hezbollah qui avaient le contrôle sur ces écoles et qui décidaient de qui entre et qui sort.
01:22Et nous, par exemple, journalistes occidentaux, il était très difficile pour nous de filmer dans ces écoles. Donc voilà la situation avec beaucoup de crainte évidemment de la population de voir l'escalade se poursuivre demain.
01:32— Mais Jérémie Dormand, on a du... Difficulté, nous, en France, à comprendre, non pas... On a compris qu'Israël pourchassait le Hezbollah et envoyait des missiles et des bombes dans la partie sud du Liban.
01:46Ça, on l'a compris. Mais dans cet État multiconfessionnel où il y a ces 18 religions, ces sunnites qui sont plutôt vers le nord, les chiites qui sont plutôt vers le sud, les halawites, les chrétiens, les druzes...
01:58Quelle curieuse religion, d'ailleurs, que nous connaissons peu, nous, Français. Dans ce pays multiconfessionnel, que se passe-t-il quand on est sous les bombes ? Est-ce que les gens se parlent davantage, les Libanais ?
02:10Est-ce que les chrétiens aident les chiites ? Ou est-ce qu'on dit, au contraire, il y en a marre, c'est à cause du Hezbollah que nous sommes dans cette situation, que nous sommes, nous, population civile bombardée par les Israéliens ?
02:20Quel est l'état d'esprit ? Comment ça se passe au niveau de la solidarité nationale libanaise ?
02:26Oui, Eric, vous décrivez bien ce damier confessionnel au Liban. J'ajouterais qu'il y a aussi une crise, à cette situation sociétale, il y a aussi une crise économique qui touche le Liban déjà depuis plusieurs années.
02:37Le Liban qui a été, on s'en souvient, marqué il y a 4 ans par l'explosion du port de Beyrouth. Le Liban qui a sombré dans une crise économique avec une inflation galopante.
02:45Il faut 7 lias de billets pour s'acheter l'équivalent d'un repas. C'est impressionnant la façon dont les Libanais font face à cette situation.
02:53Libanais qui, évidemment, ne parlent pas tous la même langue. Certains parlent français, certains parlent arabe, certains parlent anglais, ne croient pas tous en le même Dieu.
03:00Ils arrivent tant bien que mal en général à cohabiter, mais évidemment cette situation elle exacerbe les tensions.
03:05Aujourd'hui, ces populations qui fuient le Sud, elles arrivent dans des quartiers de Beyrouth qui ne sont pas forcément toujours très accueillants.
03:11Le Hezbollah, quand il mène ses raids en direction d'Israël, il dit qu'il le fait au nom du Liban et de son peuple.
03:17Mais qui parle au nom du Liban aujourd'hui ? Est-ce le gouvernement ? Est-ce l'armée israélienne ? Elle est muette et passive face à la situation.
03:24Est-ce le Hezbollah ? Mais tous les Libanais ne se sentent pas représentés par le Hezbollah à loin s'en faut.
03:29Je vous propose d'écouter deux témoignages. Celui d'un homme d'abord qui a fui le village du Sud et celui ensuite d'un homme qui est francophone, qui est chrétien maronite.
03:37Écoutez à quel point c'est difficile d'imaginer que ces deux personnes puissent vivre dans le même pays.
03:43Je viens d'arriver de mon village dans le Sud. J'aidais mon frère quand soudain la maison d'à côté a été détruite.
03:50Mais s'il n'y avait pas eu la résistance du Hezbollah, on serait déjà mort.
03:56Le Hezbollah nous entraîne dans une guerre sans même avoir plus notre vie. Il s'est vanté d'avoir conçu des souterrains avec des missiles et des roquettes.
04:05Il n'a même pas pensé à construire des abris à la population dont il s'est servi comme étant des boucliers humains.
04:11On en a marre d'être otage de cette organisation-là.
04:17Voilà, on se rend compte évidemment de la difficulté de concilier, de faire cohabiter des gens qui ne voient absolument pas le Hezbollah de la même façon.
04:25Mouvement terroriste pour certains et puis état dans l'état pour d'autres.
04:28Je le rappelle très rapidement, le Hezbollah, pour ceux qui le soutiennent, c'est beaucoup plus qu'un parti politique ou qu'une branche militaire.
04:34Il administre aussi toute la vie quotidienne, les écoles, les hôpitaux.
04:37Donc voilà, c'est très difficile aujourd'hui pour la population de faire face à l'évolution de la situation.

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