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00:00Bonjour à tous, ce doublage est le fruit de plusieurs jours de travail.
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00:09Merci de bien vouloir liker et partager. Bon visionnage à tous.
00:19Début juin 1967, la guerre des six jours oppose l'Egypte, la Jordanie et la Syrie à Israël.
00:28Un navire espion très légèrement armé mais lourdement équipé d'antennes navigue en Méditerranée.
00:35Il patrouille dans les eaux internationales au large des côtes égyptiennes.
00:41A 14h, le 8 juin, au plus fort de la guerre, des avions et torpilleurs israéliens attaquent le navire sans motif apparent.
00:53À coups de bombes au napalm, de roquettes et d'obus perforants, puis tentent de le couler en le torpillant.
01:09On ne pouvait pas se défendre, on se faisait massacrer.
01:13Ils ont tiré sur les canaux de sauvetage qui étaient à l'eau, puis sur ceux qui se trouvaient encore à bord du bateau.
01:23Il y avait des impacts de balles et des trous d'obus partout.
01:29Les gars à l'avant du navire étaient couverts de sang.
01:37Tout au long de l'attaque, le navire bat le pavillon des États-Unis, le plus proche allié d'Israël.
01:45Son nom, USS Liberty, se détache clairement sur la poupe, et sa proue porte les inscriptions de la marine américaine.
01:55Sur près de 300 personnes à bord, il y a eu 34 morts et 172 blessés, dont certains gravement, parfois handicapés à vie.
02:05Donc, ça représente plus des deux tiers de l'équipage.
02:15Sur cet enregistrement réalisé par l'armée israélienne durant l'offensive, et jusqu'à présent jamais diffusé, on entend une femme effectuer un compte à rebours.
02:27Cet enregistrement apporte la preuve qu'Israël savait dès le début que sa cible était un navire américain.
02:45Pour la première fois, cette preuve, et bien d'autres, nous permettent de révéler la véritable histoire de ce qui s'est passé ce jour-là.
02:57C'est-à-dire qu'une attaque mortelle d'un allié contre un autre a été dissimulée et qu'un président américain a été manipulé par les agents secrets d'une puissance étrangère.
03:07Ces événements ont façonné les relations entre les États-Unis et Israël depuis lors.
03:15Memorial de l'US Navy à Washington, D.C.
03:308 juin 2014. Chaque année, à la date d'anniversaire de l'attaque contre l'USS Liberty, les survivants, les familles de victimes et leurs soutiens se réunissent.
03:42C'est en souvenir des 34 personnes tuées ce jour-là.
03:48Je m'appelle Dave Luca, j'étais responsable de l'équipement et j'avais 25 ans. Mon premier enfant est né le lendemain de mon embarquement à bord du Liberty.
03:57Tant qu'il y aura des survivants, et des enfants de survivants, je pense qu'il y aura une commémoration annuelle.
04:09Le nom des 34 victimes sont lues à haute voix, ponctuées par le tintement d'une cloche de la marine, et en jouant la sonnerie funéraire de la commémoration militaire.
04:40Il est important de ne pas oublier ce qui s'est passé et de chercher à savoir pourquoi ça s'est passé et à cause de qui.
04:52Durant l'été 1967, les grandes villes américaines étaient le théâtre d'émeutes raciales, résultant d'un cocktail explosif de discrimination et d'extrême pauvreté.
05:08Mais un autre problème dominait l'actualité.
05:16La guerre du Vietnam, où 10 000 soldats perdirent la vie cette année-là. Les Américains étaient pris au piège et une victoire était impossible.
05:29Au Proche-Orient également, la guerre semblait inévitable. La tension montait entre Israël et ses voisins arabes. Les armées se mobilisaient.
05:39Israël promit aux États-Unis de ne pas attaquer le premier. Or, le 5 juin, ils ont brouillé les radars de l'ambassade US de Tel Aviv, afin d'empêcher les Américains de détecter l'attaque surprise des avions israéliens en Égypte.
05:55Pendant ce temps, l'USS Liberty se dirigeait vers la zone de guerre.
06:02Le Liberty était un vaisseau du renseignement dernier cri. Et notre boulot, c'était l'écoute.
06:10Je m'appelle Lloyd Payner. J'étais chercheur. Nous pouvions émettre, capter et enregistrer toutes sortes de signaux haute fréquence et basse fréquence.
06:20Nous avions des interprètes à bord pour traduire sur le champ les données que nous transmettions par satellite à la NSA. Nous étions des espions.
06:32Je m'appelle Jim Cavanaugh et j'interceptais les messages codés à bord de l'USS Liberty.
06:37Nous interceptions des messages d'ambassades, de bases militaires, de la police, tout ce qui pouvait nous permettre d'assurer la sécurité des États-Unis et de protéger nos intérêts.
07:01En pleine guerre froide, le président Lyndon Johnson avait conscience de la forte influence militaire de l'URSS en Égypte et se devait de connaître ses projets afin d'éviter une guerre mondiale opposant les forces américaines et israéliennes à une coalition arabo-soviétique.
07:27J'étais interprète en langue russe à bord du navire. Je m'appelle Brice Lockwood, je suis retraité du corps des Marines des États-Unis.
07:36Pour les Israéliens, notre principale mission était d'intercepter les messages des avions de reconnaissance russes à Alexandrie en Égypte.
07:46Nous ne nous perrions pas en tant qu'adversaires des Israéliens. On menait la belle vie. On avait la climatisation du fait de la présence à bord de matériel de communication sophistiqué. L'ambiance était détendue, le navire nickel, le moral au beau fixe.
08:05À l'arrivée du Liberty, au large de l'Égypte, le 8 juin, il restait deux jours de guerre. Israël s'était emparé de la vieille ville de Jérusalem, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il avait battu les forces jordaniennes et l'Égypte s'avouait vaincue. Seule la Syrie continuait à résister.
08:27Les communications aériennes étaient rompues. Tout ce que nous captions était désormais en hébreu. Je m'appelle Bob Wilson, je travaillais pour la NSA. Le 8 juin 1967, nous ne pouvions rien capter venant d'Égypte.
08:48Israël avait pris possession des airs, des terres, de tout. Je ne pense pas que quoi que ce soit pouvait échapper à leur contrôle. La veille au soir, j'écoutais les signaux et ils savaient qu'un navire américain approchait. Ils savaient qui nous étions.
09:04A 5h15, le navire note la présence d'un avion de reconnaissance au-dessus du Liberty. On l'a facilement identifié comme étant un avion de reconnaissance photographique. Les documents israéliens qu'Al Jazeera a pu obtenir montrent que leur avion de reconnaissance avait signalé le Liberty comme navire espion américain portant le numéro GTR-5.
09:27J'étais sur la passerelle. Je m'appelle John Scott, j'étais responsable du service des avaris. L'avion a tourné autour du navire, puis il est reparti en direction d'Israël. Puis d'autres avions israéliens survolèrent le Liberty toute la matinée.
09:46Ils survolaient notre navire, donc on voyait bien que c'était des avions israéliens. Ils s'approchaient lentement au-dessus du navire et on se saluait de la main. Ils avaient des avions aussi sophistiqués que les nôtres. En matière de surveillance et technologie, ils avaient tout.
10:02C'est nous qui leur avons fourni cette technologie. Et c'est toujours le cas. On se sentait en sécurité car ils savaient que nous étions américains. Ils étaient de notre côté, donc on se sentait en sécurité. Et ça nous rassurait de les voir. Un autre élément contribuait à ce sentiment de sécurité au sein de l'équipage.
10:16Nous avions déployé notre plus grand drapeau américain, celui des jours de célébration. Il volait au vent et on pouvait le repérer à des kilomètres par cette belle journée ensoleillée. Pendant ce temps, les avions de l'armée israélienne étaient en route.
10:33Sur la bande enregistrée obtenue par Al Jazeera, à 13h53, on entend les pilotes interroger la tour de contrôle sur le navire.
10:42L'USS Liberty était le seul navire présent dans la région. La sixième flotte des Etats-Unis, comportant deux porte-avions, était à 800 km de là.
11:07Oh mais c'était une journée magnifique. Je m'appelle Jim Smith, j'étais machiniste au service avari. J'avais 20 ans, je venais de la campagne où l'été je gagnais un dollar de l'heure à mettre du foin en botte.
11:22Le soleil brillait, le ciel était bleu, les marins se faisaient bronzer sur le pont. On a déjeuné et cinq minutes plus tard, les avions sont arrivés. Personne n'a compris ce qui se passait quand ils ont ouvert le feu.
11:36Le capitaine m'a ordonné d'aller prévenir l'artillerie qu'on nous attaquait. Quand j'ai essayé d'alerter les deux marins de l'artillerie, j'ai vu qu'ils avaient été déchiquetés par les roquettes.
11:53Au début de l'assaut, quand on s'est rendu compte qu'on avait besoin d'aide, on a essayé de contacter la sixième flotte. Ils brouillaient à la fois nos fréquences de détresse et nos fréquences tactiques.
12:05Les fréquences tactiques, ce n'est pas trop grave, mais brouiller les fréquences internationales de détresse, c'est une violation du droit international. C'est ce qu'a fait Israël. Oui, nos signaux étaient brouillés.
12:15Et ma question est la suivante. Qui d'autre qu'un allié pouvait connaître nos fréquences ? Et qui était notre allié dans ce conflit ? Ce n'était pas l'Egypte, mais Israël.
12:27Eux seuls étaient en mesure de connaître nos fréquences pendant ce conflit.
12:34Désormais coupés du monde, l'équipage du Liberty était sans défense. Nous avions des mitrailleuses de calibre 450 à bord qui étaient essentiellement là pour repousser toute attaque extérieure, de type attaque de pirates.
12:49Elles n'étaient pas conçues pour contrer une frappe aérienne. On ne peut pas combattre de tels avions avec des mitrailleuses, ça ne fonctionne pas. C'était complètement surréaliste.
13:01Des gars qui quelques minutes plus tôt blaguaient et riaient étaient maintenant morts ou mourants.
13:09Des barils d'essence entreposés sur le pont explosèrent et prirent feu. L'équipage tenta d'éteindre les incendies.
13:18Dès que les avions s'approchaient, on se plaquait au sol, puis on se relevait dès qu'ils s'éloignaient et ainsi de suite. Malgré leurs tirs, nous tentions malgré tout de combattre le feu.
13:30Le bruit d'explosion d'une roquette est assourdissant. On ne peut pas fuir des tirs de roquette.
13:38Mais l'équipage ignorait qu'à 14h03, les pilotes israéliens reçurent l'ordre d'utiliser une nouvelle arme, beaucoup plus meurtrière.
13:49Pour moi, le pire, c'était le napalm qu'ils nous lançaient dessus. Le napalm avait carbonisé pratiquement tout l'avant du navire et la passerelle.
14:11Tout le haut du navire avait été incendié. Tout a été carbonisé. Ce n'était plus un gris marine. Il fallait à tout prix juguler l'incendie pour éviter que le navire sombre car on n'avait nulle part où aller. Le navire était notre seul abri.
14:26Dans les airs, les pilotes israéliens se disputaient pour savoir qui devait couler le Liberty.
14:41Je me rappelle, mercredi, je crois que je peux gagner la côte à la nage. Puis j'ai pensé au requin. Plein de choses me passaient par la tête très vite.
14:56A 14h11, les avions israéliens, à court de munitions, les pilotent sur l'ordre de s'approcher du navire pour en confirmer l'identité.
15:16Il était 14h12 et à la tour de contrôle israélienne, on avait maintenant la certitude qu'il s'agissait d'un navire américain. Celui-là même que les forces armées avaient identifié comme tel à 5h15 ce matin-là.
15:33Puis, au cours de 7 missions de reconnaissance ultérieures dans la même journée, les avions se retirèrent. Mais 3 torpilleurs de la marine israélienne étaient déjà en route.
15:53L'USS Liberty était un navire espion. L'équipage était censé, en cas d'attaque, détruire toutes ces données de crainte qu'elles ne tombent aux mains de l'ennemi.
16:05Tout le monde s'affairait à détruire le matériel et nous supprimions toutes les informations sur les ordinateurs. Tout type de renseignements collectés. C'est quelque chose que vous ne voulez tout simplement pas entendre à bord d'un navire.
16:18Vous avez fait tout ce travail pour recueillir et analyser des informations et au final il fallait tout détruire. On ne voulait pas que l'ennemi s'empare des documents classés secret défense.
16:28A 14h35, les torpilleurs israéliens lancèrent 5 torpilles. 4 ratèrent leur cible mais une frappa le Liberty.
16:53Plus de 9 heures s'étaient maintenant écoulées depuis la première identification du Liberty. Les avions israéliens l'avaient survolé à maintes reprises et l'identification avait été reconfirmée 20 minutes plus tôt. C'était bien un navire américain.
17:0825 américains étaient sur le point de mourir.
17:14Voici à quoi ressemble l'impact d'une torpille sur un navire de la taille du Liberty.
17:21On a été projeté en l'air puis on est retombé comme dans des montagnes russes. Puis il y eu un silence de mort, plus de lumière et de la fumée partout.
17:31Je suis retourné à la fontaine et je me suis rendu compte que je saignais. Quand je me suis baissé pour boire, un homme noir me fixait du regard.
17:44Les choses ne faisaient qu'empirer. Le navire était en train de sombrer. Il n'arrêtait pas de couler et de couler. On s'est dit tout est fini. Nous pensions que nous étions en train de couler.
17:56J'ai compris que ma fin approchait.
18:00La torpille avait éventré le navire sur l'équivalent de 12 mètres, tuant 25 américains d'un coup.
18:10La torpille a touché la pièce dans laquelle je me trouvais et c'était juste de la chance. Ce gars-là est mort, celui-ci est en vie. C'était la quantité d'éclats d'obus qui arrivaient dans votre direction.
18:20J'avais la touche H d'une vieille machine à écrire dans le pied gauche et peut-être 80 autres fragments dans le bas des membres inférieurs.
18:32Puis la pièce s'est remplie d'eau d'un seul coup.
18:39Tout était noir, tout était recouvert de poudre et d'essence. On suffoquait.
18:50Et si vous avez un bandeau, il ne restait que 20 à 25 centimètres d'air pour respirer.
18:59Alors j'ai plongé et je sortais la tête dès que je le pouvais.
19:05Vous reprenez frénétiquement votre souffle et vous essayez de vous accrocher à tout ce que vous pouvez.
19:12Et puis on m'a extirpé vers le pont. D'autres n'ont pas eu cette chance.
19:20Mon ami Ronnie Campbell avait son bureau à cet endroit.
19:25Et il disait, faites ce que vous voulez.
19:29Moi j'écris une lettre à ma famille et il commença par taper,
19:34« Cher Hayline, tu ne croiras jamais ce qui nous arrive. »
19:38Et quelques secondes plus tard, il fut tué par la torpille,
19:42qui tua deux autres marins et qui tua mon ami Ronnie Campbell.
19:48Mon travail était de tenter d'extirper une vingtaine de marins blessés vers le pont et les canaux de sauvetage.
19:57J'ai regardé avant de faire monter quelqu'un.
20:00Et c'est là que j'ai vu les torpilleurs israéliens.
20:03Les toiles de David étaient clairement identifiables, mitraillantes ou canaux de sauvetage.
20:11L'équipage du Liberty était prisonnier du navire, avec nulle part où fuir ou se cacher.
20:18Les torpilleurs se sont rapprochés et ont commencé à mitrailler le navire avec des projectiles perforants.
20:26Les obus perforants laissaient des trous gros comme ça.
20:31Le revêtement métallique se détachait, comme une peau d'orange.
20:38Des frappes à bout portant d'obus perforants perçaient la coque d'acier du navire,
20:42ne laissant à l'équipage aucun refuge possible.
20:45Cette balle fut trouvée dans un manuel de navigation sur la passerelle.
20:49Elle avait pénétré le revêtement du navire et au moins un autre manuel,
20:54avant de se loger et d'être stoppée par le deuxième manuel.
20:58C'est une partie de balle performante.
21:01Dans la partie extérieure de la veste, il y avait un trou par lequel la balle est passée.
21:06C'est une de ces balles qui a tué le karchemaitre Francis Brown.
21:11Il est mort sur le coup. Il s'est écroulé sur le sol, mort. Il avait à peine 18 ans.
21:25Il n'y avait pas assez de casques pour tout le monde.
21:28C'est comme si nous étions ainsi dans une boîte en carton.
21:31Les balles pénétraient de toutes parts.
21:35Pendant l'attaque, le Liberty n'a pu émettre aucun signal.
21:39Toutes ses antennes étaient soit détruites, soit brouillées.
21:43Nous n'avions qu'une seule antenne à fouet,
21:46qui n'avait pas fonctionné pendant toute la durée de l'attaque et elle était percée de partout.
21:50Mais un des techniciens radio attrapa un câble tombé à terre
21:55et relia l'un des transmetteurs à cette antenne.
21:59Il reçut des éclats d'obus au cours de l'opération,
22:02mais a réussi à lancer un signal de détresse.
22:05Firefox, Firefox, ici Rockstar.
22:08Nous sommes attaqués par des unités de surface non identifiées
22:12et nous requérons une assistance immédiate.
22:15La sixième flotte américaine, à 800 km de là, capta le signal.
22:19Les forces israéliennes aussi.
22:22Et elles mirent fin à l'attaque.
22:25Les porte-avions américains étaient en pleine manœuvre avec des armes nucléaires
22:29et durent les remplacer par des bombes conventionnelles avant de pouvoir décoller.
22:33Quand les israéliens apprirent que les avions américains étaient en route,
22:37ils convoquèrent l'attaché de la marine américaine
22:40et lui dirent qu'il s'agissait d'une terrible erreur.
22:46Les avions américains regagnèrent donc leurs porte-avions
22:49tandis que des hélicoptères israéliens,
22:52se dirigeaient vers le Liberty.
22:55L'un des hélicoptères transportait
22:58des membres du gouvernement israélien
23:01et l'attaché de défense américain
23:04qui lâcha un sac en papier sur le pont avant du navire.
23:07Lesté avec une orange,
23:10un message à l'intérieur,
23:13le sac atterrit près de la jambe mutilée de l'avion.
23:16L'un des hélicoptères,
23:19le sac atterrit près de la jambe mutilée
23:22d'un membre de l'équipage.
23:25Le mot disait
23:31« Y a-t-il des victimes ? »
23:37C'était pourtant évident qu'il y avait des victimes,
23:40vu les morceaux de corps humains
23:43et le sang qui coulait
23:46le long des cloisons de la coque.
23:49Son message était de demander s'il y avait des victimes.
23:52C'était déplacé.
23:55L'un des marins apporta le sac
23:58au capitaine qui lut le message
24:01et en direction de l'hélicoptère
24:04fit un doigt d'honneur à l'attaché.
24:07Le 8 juin 1967,
24:10en pleine guerre des six jours,
24:13l'USS Liberty, un navire espion américain,
24:16vient d'être attaqué par des avions à réaction
24:19et des torpilleurs israéliens
24:22alors qu'ils se trouvent dans les eaux internationales
24:25au large de l'Egypte.
24:38Dès que Washington a pris la nouvelle,
24:41l'attaque provoqua une crise au sein de l'administration américaine.
24:44D'après les documents dévoilés
24:47grâce à la récente loi sur la liberté d'information,
24:50l'une des suggestions formulées par Washington
24:53fut de couler le Liberty
24:56afin que les journalistes ne puissent le photographier
24:59et monter l'opinion publique contre Israël.
25:02La NSA rejeta cette idée avec un commentaire impoli.
25:06La gestion des médias étant devenue la priorité absolue.
25:11On m'a conduite chez moi dans le Maryland.
25:14Je m'appelle Patricia Blue Rouchakas
25:17et mon mari a été tué à bord du Liberty.
25:23Quand je suis arrivée chez moi,
25:26des membres de la NSA m'attendaient.
25:29Ils voulaient être sûrs
25:32que je ne parlerais pas à la presse.
25:35Et j'ai obéi. Ils étaient là jour et nuit.
25:38En Méditerranée,
25:41le Liberty penchait de 10 degrés.
25:44Un énorme trou béant,
25:47en partie immergé dans la coque.
25:50Les avions qu'ils devaient nous envoyer
25:53ne sont jamais arrivés.
25:56Notre plus grande crainte était de couler.
25:59J'ai été touché de blessés.
26:02C'était comme dans un film d'horreur.
26:05Des morts et des blessés partout.
26:08Des gens mutilés, saunés.
26:11Le Liberty n'avait qu'un seul médecin à bord
26:14et un équipement médical très succinct.
26:17Toutes les tables étaient utilisées comme des lits d'hôpitaux.
26:20Le médecin traitait les fractures et les blessures par balles
26:23tandis que les transfusions sanguines
26:26se faisaient de bras à bras.
26:32C'était vraiment horrible.
26:35Et le médecin dit,
26:38« Vous voulez que je vous opère ?
26:41Il est probable que vous mourriez si je le fais,
26:44mais c'est une certitude si je ne le fais pas. »
26:47Il a répondu, « Allez-y, docteur. »
26:50Et quand le médecin l'a opéré,
26:53c'était extrêmement douloureux pour lui
26:56et d'un seul coup, il est mort.
26:59J'espère ne jamais revivre une chose pareille.
27:10Le capitaine McGonagall avait été touché gravement à la jambe
27:13et avait perdu beaucoup de sang.
27:16Il pratiquait la navigation astronomique.
27:19On avait un peu d'électricité,
27:22mais on ne pouvait pas naviguer à cause du tangage toute la nuit.
27:25Le lendemain, des navires américains arrivèrent
27:28pour transporter les morts et les blessés.
27:31Le gouvernement américain fit en sorte
27:34qu'aucun journaliste ne puisse s'approcher de l'équipage.
27:37Quand je transportais les blessés graves,
27:40des gardes s'assuraient que la presse ne puisse nous interviewer.
27:43Les médias étaient réduits au silence total.
27:46À Washington,
27:49on s'assurait de ne divulguer que peu d'éléments à la presse,
27:52tandis que les décisions politiques se prenaient en secret.
27:55On m'a dit de monter au septième étage.
27:58Mon nom est Bill Wall.
28:01Je dirigeais le service israélo-arabe.
28:04Le secrétaire d'État,
28:07Dean Rusk, en personne,
28:10avait convoqué l'ambassadeur israélien
28:13Avram Harman.
28:16J'ai donc assisté à la rencontre
28:19et pris des notes.
28:22Et d'une voix forte,
28:25le secrétaire d'État a demandé des explications
28:28sur le pourquoi et le comment de ce qui s'était passé.
28:31L'ambassadeur, quant à lui,
28:34semblait tout ignorer du drame.
28:37Il a immédiatement déclaré
28:40« Je ne peux pas croire ce que vous me dites.
28:43C'est inouï. »
28:46Ce fut particulièrement difficile pour Lyndon Johnson,
28:49qui, de tous les présidents américains,
28:52fut certainement le plus fervent défenseur d'Israël.
28:55Johnson était très en colère.
28:58Je m'appelle Tom Hugues.
29:01J'étais directeur au département d'État,
29:04directeur du renseignement et de la recherche
29:07à l'époque de l'incident du Liberty en 1967.
29:10Le fait que Johnson lui-même ait été la source
29:13des fuites de l'informateur de Newsweek
29:16a rapidement fuité.
29:19Ce qui a alarmé, bien sûr, l'ambassade israélienne
29:22et ses principaux amis au sein des organisations juives.
29:25L'ambassade israélienne considérait cela
29:28comme un acte d'assassinat.
29:31L'ambassade israélienne considérait cela
29:34comme un acte d'assassinat.
29:37L'ambassade israélienne considérait cela
29:40comme un problème majeur.
29:43Et ce que Johnson avait dit à Newsweek
29:46équivalait pratiquement à un meurtre rituel.
29:49Des documents israéliens déclassifiés
29:52révèlent qu'Israël menaçait en effet
29:55d'accuser Johnson de diffamation et d'antisémitisme
29:58et que cela mettrait fin à sa carrière politique.
30:02Du chantage.
30:05Je m'appelle Bobby Ray Inman.
30:08Je suis retraité de l'US Navy
30:11et ancien directeur de la NSA.
30:14Mais ils savaient que si Johnson souhaitait
30:17renouveler son mandat présidentiel,
30:20il aurait besoin d'argent pour sa campagne
30:23et que de telles accusations
30:26enflammaient les donateurs juifs.
30:30Le gouvernement israélien a engagé des équipes d'avocats
30:33dont certains étaient de proches amis de Lyndon Johnson
30:36et ils ont lancé une offensive totale.
30:39Ils ont fait pression sur les médias
30:42pour tuer les articles critiques
30:45et en ont biaisé d'autres en faveur d'Israël.
30:48Et aussi une campagne a été lancée
30:51pour voir ce qui pouvait être fait
30:54afin de ramener Johnson à sa position habituelle
30:57favorable à Israël.
31:00A ce moment-là, Johnson n'avait pas encore décidé
31:03s'il se présenterait à l'élection présidentielle.
31:06L'année suivante, des efforts devaient être faits
31:09pour rappeler au président
31:12la délicatesse de sa propre situation.
31:15Il risquait de perdre du soutien
31:18pour sa candidature à sa réélection en 1968.
31:21La tactique israélienne était astucieuse.
31:24Le président de la communauté juive
31:27et les dirigeants de la communauté juive
31:30s'opposaient à lui au sujet du Vietnam.
31:33Puis soudainement, ses voix sont devenues plus silencieuses
31:36à mesure que la crise du Liberty avançait.
31:39Et il savait donc qu'il y avait un retour en sa faveur
31:42s'il se montrait plus modéré envers Israël
31:45et leur politique politique.
31:48Le président de la communauté juive
31:51s'il se montrait plus modéré envers Israël.
31:54Le second cadeau, beaucoup plus secret
31:57mais vital pour le président américain
32:00concernait la guerre au Vietnam.
32:03Les chiffres effroyables des pertes humaines au Vietnam
32:06dominaient l'actualité.
32:09Les Nord-Vietnamiens possédaient des missiles SOL-R russes
32:12qui abattaient quotidiennement des avions américains.
32:15L'attaché militaire américain en Israël
32:18était un haut responsable des renseignements israéliens.
32:21Ils ont pris des hélicoptères et ont traversé la mer Rouge
32:24jusqu'au site de missiles SOL-R.
32:27Non seulement ils ont capturé
32:30mais ils ont également ramené tout le matériel,
32:33les lanceurs, les missiles ainsi que les matériels de maintenance.
32:36Puis un officier israélien s'est rendu à l'ambassade américaine
32:39et a dit à l'attaché
32:42« Je crois que j'ai quelque chose qui pourrait vous intéresser ».
32:45Il s'agissait bien sûr des mêmes missiles
32:48que les avions américains rencontraient chaque jour
32:51au-dessus du Nord-Vietnam
32:54et les contre-mesures étaient un enjeu majeur.
32:57Le gouvernement américain en fut tellement reconnaissant
33:00qu'il donna à Israël deux cadeaux en retour.
33:03Ils leur ont réapprovisionné les armes qu'ils avaient perdues pendant la guerre
33:06et l'enquête sur le Liberty menée par le ministère de la Défense
33:09a été édulcorée.
33:12Tout cela a été influencé par les bénéfices tirés
33:15de la capture des sites de missiles SA-2.
33:18Peu après, Johnson a effectivement réagi
33:21et adopté une ligne plus conciliante
33:24souhaitant que tout l'incident sur le Liberty
33:27soit mis de côté le plus rapidement possible.
33:30L'attitude plus clémente de Johnson envers Israël
33:33s'est immédiatement reflétée dans l'enquête de la marine américaine
33:36qui était en cours à bord du Liberty.
33:39Nous avons commencé à réaliser qu'une dissimulation
33:42était en train de se mettre en place.
33:45Beaucoup de témoins-clés n'ont pas eu l'opportunité de témoigner.
33:48J'ai témoigné sur le mitraillage des radeaux de sauvetage
33:51et sur l'état d'esprit du capitaine
33:54mais ces deux points en particulier
33:57ont été totalement ignorés.
34:00Lloyd Pettner n'était pas le seul officier
34:03à avoir son témoignage ignoré.
34:06J'ai vu quelque chose
34:09qui ressemblait à de la vaseline non brûlée.
34:12J'en ai gratté un peu, je l'ai mis dans un bocal
34:15et j'ai scellé le couvercle.
34:18Je l'ai présenté à la commission d'enquête
34:21et c'est la dernière fois que j'ai vu ce bocal.
34:24Il n'y avait aucune mention d'une impalme.
34:27Je suis sûr que c'en était.
34:30Il ne voulait pas savoir.
34:33J'ai fait mon rapport en seulement 20 jours.
34:36C'était un travail bâclé avec plein de fautes d'orthographe.
34:39De nombreuses preuves clés ont été ignorées.
34:42Aucun Israélien n'a été interrogé.
34:45Ils ont été exonérés de toute responsabilité.
34:48J'ai lu le rapport de la commission d'enquête
34:51et j'ai réalisé que mon témoignage avait été supprimé
34:54des archives et jamais enregistré.
34:57J'ai donc su avec certitude qu'il y avait une volonté
35:00et que personne n'était à blâmer.
35:03La seule voix dissidente était celle de l'ambassadeur israélien à Washington.
35:06Il envoya un télégramme secret à son gouvernement
35:09affirmant qu'Israël était clairement coupable.
35:12Il a mentionné l'existence de l'enregistrement audio de l'attaque
35:15qui était connu des hauts responsables israéliens
35:18et évoquait l'écart crucial de 20 minutes
35:21entre l'identification du Liberty
35:24et le lancement des torpilles contre lui.
35:27Il a évoqué que l'enregistrement a été supprimé
35:30et que les coupables soient jugés.
35:33Son conseil fut ignoré, l'objectif étant maintenant
35:36de réparer les relations américano-israéliennes.
35:39Les Israéliens ont toujours été très habiles pour suivre
35:42ce que le gouvernement américain faisait, disait ou pensait
35:45dans le but de l'influencer.
35:48Et ils ne sont pas les seuls à le faire.
35:51Mais ils y parviennent mieux que la plupart des autres pays
35:54et leur rapport aux autres réside dans leur capacité
35:57à influencer le Congrès.
36:00Au moment de l'attaque, le Washington Post
36:03avait noté que le lobby juif pouvait aider à déterminer
36:06le résultat de 169 des 270 voix électorales
36:09nécessaires pour gagner la Maison-Blanche.
36:12Les mots forts et émouvants à propos de l'attaque
36:15ont disparu des communiqués de presse du Patagone
36:18et un discours beaucoup plus modéré et fade
36:21a pris le relais.
36:24Y compris lors des briefings privés
36:27des responsables du Patagone concernant l'incident.
36:30Mais quelle que soit la version donnée aux journalistes,
36:33tous les chefs des renseignements américains
36:36croyaient que l'attaque était intentionnelle.
36:39L'un d'eux a rédigé un rapport où il a écrit
36:42« un beau coup de pinceau blanc pour un groupe d'ignorants
36:45stupides et incompétents », etc.
36:49La communauté juive a toujours été plus généreuse
36:52que beaucoup d'autres en matière de soutien financier
36:55aux élections, aux causes politiques
36:58et au processus électoral,
37:01ce qui se traduit par de l'influence.
37:04Bon nombre des amis et conseillers les plus proches
37:07de Johnson étaient pro-israéliens et ils informaient
37:10Tel Aviv de ces moindres gestes.
37:13Le récit israélien évoluait constamment pour contrer
37:16les nouvelles informations que recevait la Maison-Blanche.
37:19Ces communications étaient tellement sensibles
37:22que les Israéliens utilisaient des noms de code
37:25pour protéger l'identité de leurs agents à la Maison-Blanche.
37:28Mais pour la première fois, les membres de ce réseau
37:31peuvent être nommés.
37:34Hamlet était un important collecteur de fonds
37:37pour les démocrates et Johnson prenait ses appels.
37:40Il s'agissait d'Abbé Feinberg.
37:44L'ambassadeur américain aux Nations Unies.
37:47Un avocat de renom à Washington
37:50qui représentait également l'ambassade israélienne.
37:53Ilan était un juge à la Cour suprême.
37:59Lyndon Johnson dînait avec lui
38:02la veille de la guerre des Six Jours.
38:05La stratégie a fonctionné.
38:08La relation américano-israélienne s'est révélée être plus solide
38:11et les blessures infligées à plus de 200 Américains.
38:16La relation américano-israélienne était très fragile
38:22mais elle a été ramenée du bord du précipice.
38:25Des renseignements cruciaux provenant de l'ambassadeur américain aux Nations Unies.
38:28Arthur Goldberg a averti Tel Aviv
38:31que les Américains possédaient un enregistrement audio
38:34révélant que les pilotes israéliens savaient qu'il s'agissait d'un navire américain
38:37avant d'attaquer.
38:42Cet enregistrement fut discrètement enterré.
38:47Je pense qu'une décision consciente a été prise
38:50pour mettre tout ça sous le tapis, de tourner la page.
38:54Mon interprétation est que le gouvernement américain
38:57avait décidé d'accepter les excuses
39:00et de rejeter les justifications
39:03mais de ne pas pousser l'affaire plus loin.
39:06Une fois la question politique réglée,
39:09il ne restait plus qu'à s'occuper du sort de l'USS Liberty.
39:12Gravement endommagée et désormais à Malte pour d'importantes réparations.
39:15Le trou causé par la torpille était énorme
39:18et s'est révélé encore plus grand
39:21une fois que le navire était en cale sèche et vidé de son eau.
39:24Le compartiment scellé était une tombe remplie d'eau,
39:27de corps, de morceaux de corps
39:30et d'équipements top secret.
39:34On pouvait sentir la mort et on pouvait sentir l'huile,
39:37c'est ce dont je me souviens.
39:40Dès qu'ils ont été au contact de l'air, les corps se sont détériorés rapidement.
39:43Vous faites ce que vous devez faire.
39:46C'était vos compagnons d'équipage et ils le sont toujours.
39:49La marine s'intéressait plus aux pièces d'équipement plutôt qu'aux morceaux de corps
39:52mais quand je suis descendu, je savais qu'il était impossible de les séparer.
39:55Nous avons donc dû les ramasser à la pelle
39:58et nous avons rempli 168 sacs en tout.
40:02Pendant ce temps, les maquilleurs se mettaient au travail.
40:06Nous sommes restés en calcèche environ six semaines
40:09et 300 ouvriers maltais travaillaient à deux équipes par jour, sept jours par semaine
40:12pour boucher les trous sur la coque en soudant des plaques par-dessus
40:15et fabriquer du métal pour couvrir les trous causés par la torpille.
40:18Puis, en une journée, ils ont repeint tout le navire.
40:21On aurait dit que nous n'avions jamais été touchés.
40:24Nous avons traversé tout l'Atlantique.
40:27C'était comme être sur un cimetière flottant.
40:30Et lorsque nous sommes arrivés, nous avions bonne mine.
40:33Nous étions là et nous semblions être dans un excellent état,
40:36comme si rien ne s'était réellement passé.
40:39C'était vraiment parfait pour que la presse minimise ce que nous avions réellement vécu.
40:43Alors que les survivants retrouvaient les veuves et les amis,
40:46les 168 sacs de morceaux de corps et d'équipements top secret
40:49étaient discrètement emportés dans un incinérateur pour y être incinérés.
40:53Un an plus tard, le capitaine du Liberty,
40:56William McGonagall, a reçu la médaille d'honneur.
41:00La plus haute distinction américaine pour bravoure.
41:03La tradition veut qu'elle soit remise par le président à la Maison Blanche.
41:10Je regarde ces deux courageux marines
41:13et je vois sur mon rocher
41:16le capitaine McGonagall n'a jamais entendu de tel mot
41:19de la part de son commandant en chef.
41:22Il n'y avait pas de couverture télévisée pour lui
41:25lorsque celui-ci a reçu sa médaille lors d'une cérémonie discrète
41:28à la Navy Yard.
41:31Le président Johnson se trouvait à seulement 6 km de là.
41:34Il était resté à la Maison Blanche pour distribuer des diplômes à des écoliers.
41:37La raison a été révélée dans un mémo interne
41:40qui conseillait au président Johnson
41:43qu'en raison de la nature et de la sensibilité de ses récompenses,
41:46elle devait être remise par le département de la Défense et non par lui.
41:49Le conseil était clair.
41:52Aucun communiqué de presse à ce sujet ne devait être diffusé.
41:58J'ai reçu ma Purple Heart lors d'une cérémonie secrète
42:01dans le bureau du capitaine.
42:04On m'a averti d'un ton martial.
42:07Ne dites jamais à personne où vous avez obtenu cette médaille.
42:10Ne dites jamais à personne comment vous l'avez obtenue.
42:13L'année suivante, l'aide américaine à Israël fut multipliée par 4
42:16et le président Johnson a conclu un traité
42:19classé top secret avec Israël
42:22pour l'échange mutuel de renseignements.
42:25Un accord qui est toujours en vigueur aujourd'hui
42:28sous le nom de code Stone Ruby.
42:45Ce qui me dérange, c'est qu'il n'y a jamais eu
42:48une bonne explication sur ce qui s'est passé.
42:51Personne ne veut en parler. Pourquoi ?
42:56Le grand secret que les Israéliens voulaient protéger,
42:59c'était leur prochain mouvement.
43:02Ils avaient dit aux Américains que ce serait une guerre limitée
43:05et non une conquête territoriale.
43:08Mais le 8 juin 1967, leurs forces étaient prêtes à attaquer
43:11et à s'emparer du plateau du Golan et à envahir la Syrie.
43:14Quelque chose qu'ils voulaient absolument cacher à la Maison-Blanche
43:17jusqu'à ce que ça soit fait.
43:20Les administrations américaines successives,
43:24même sur la question des crimes de guerre
43:27contre des Américains non armés.
43:30Un rapport sur les crimes de guerre a été déposé
43:33par l'Association des vétérans du Liberté
43:36pour aborder des questions telles que des tirs
43:39sur des canaux de sauvetage.
43:42Il n'y a jamais eu de réponse satisfaisante
43:45et probablement qu'il n'y en aura jamais.
43:48Les personnes responsables de l'attaque du Liberté,
43:51étaient des militaires d'un état-major.
43:54Je ne sais pas combien, 4, 8, 10 ?
43:57Ce sont eux qui ont élaboré ce plan.
44:00Ce sont ces individus responsables de l'attaque.
44:03Les pilotes, les personnels des bateaux-torpilleurs,
44:06ils ont reçu des ordres.
44:09Si vous ne suivez pas les ordres, vous allez en prison.
44:12Donc ils ont dû obéir.
44:15Ce n'était pas le peuple israélien qui avait ordonné cette attaque.
44:18Ce n'était pas la personne juive moyenne
44:21qui avait ordonné cette attaque.
44:24Nous devons vraiment disculper
44:27le citoyen israélien moyen de cela
44:30et nous concentrer sur ceux qui sont responsables
44:33de cette attaque.
44:36Personne ne voulait vraiment s'attaquer à ça,
44:39ni le département d'État, ni la Maison-Blanche,
44:42ni le Congrès. Dans l'intérêt de tous,
44:45ils ont laissé tout cela de côté.
44:48Et c'est exactement ce qu'ils ont fait.
44:51Mais en faisant cela, ils ont laissé beaucoup de douleur
44:54aux survivants et aux familles
44:57parce qu'il y avait beaucoup de familles brisées,
45:00de mariages brisés,
45:03d'alcoolisme, de dépression.
45:06Ils ont subi des troubles de stress post-traumatique.
45:09Ces membres d'équipage ont beaucoup souffert,
45:12mais les familles aussi.
45:15La partie la plus difficile a été la réaction
45:18de notre gouvernement à notre égard.
45:21Et c'est en fait nous qui avons été accusés.
45:24Les Israéliens, eux, n'ont jamais été questionnés
45:27sur les raisons de leur acte.
45:30Ils ne faisaient que nous interroger.
45:33Les familles veulent toujours des réponses
45:36de leur gouvernement, mais ils restent silencieux.
45:39Nous avons passé de merveilleux moments ensemble.
45:42J'ai rencontré Alan dans une fête
45:45et nous avons passé beaucoup de temps à discuter
45:48tout au long de la soirée.
45:51À la fin de la soirée, il m'a dit
45:54« Es-tu occupé demain après-midi ? »
45:57J'ai répondu « Non ».
46:00Et il a dit « Penses-tu que nous pourrions nous marier ? »
46:03Puis on m'a annoncé qu'il faisait partie des morts.
46:06C'était absolument le pire moment de ma vie.
46:12Il ne se passe pas un jour sans que je pense à ces gars-là.
46:15J'ai traversé l'enfer,
46:18mais eux ont quitté cette terre.
46:27Quand je marche vers la fosse commune,
46:30je ressens toujours un lien avec ces personnes.
46:33C'est difficile à expliquer, c'est toujours là.
46:36Alors je veux me souvenir de ce lien
46:39aussi longtemps que possible,
46:42de ce que nous avons partagé et de ce que nous avons ressenti.
46:49Il a fallu 13 années de négociations
46:52afin d'arriver à un accord de compensation pour le navire.
46:55En 1980, la facture et les intérêts accumulés
46:58s'élevaient à plus de 17 millions de dollars.
47:01Israël en proposa 6.
47:04Les Américains ont accepté,
47:07puis ont vendu le Liberty pour 100 000 dollars pour la ferraille.
47:10L'indemnisation des victimes a été plus rapide,
47:13mais beaucoup sont encore mécontents aujourd'hui.
47:19Je ne pense pas que c'était un règlement équitable.
47:22J'aurais aimé me battre,
47:25mais j'étais si triste et brisée
47:28que je n'avais tout simplement pas l'énergie
47:31pour mener ce combat.
47:34Et ce n'était pas un combat que je pensais pouvoir gagner.
47:39Le département d'État était très désireux
47:42que les survivants acceptent ce règlement.
47:45Ils ont envoyé un chèque pour le montant
47:48et c'est tout.
47:51Le gouvernement américain a élaboré une formule
47:54pour que les Israéliens indemnisent les veuves et les enfants
47:57de moins de 5 ans.
48:00Cela comprenait un paiement pour le choc et l'angoisse mentale.
48:03Les veuves ont reçu 25 000 dollars,
48:06plus 10 000 dollars pour chacun de leurs enfants de plus de 5 ans.
48:09Un avocat du gouvernement américain
48:12doutait que les enfants de moins de 5 ans
48:15puissent suffisamment comprendre l'événement
48:18pour souffrir de choc et de chagrin.
48:21Par conséquent, les États-Unis proposèrent
48:25que les Israéliens n'auraient pas le courage
48:28de les punir pour le meurtre de citoyens américains
48:31qu'ils les laisseraient s'en tirer dans toute circonstance.
48:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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