émission de France24
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00:30Générique
00:32...
00:42Vous savez ce que c'était, ce bâtiment, au tout début ?
00:46Oui, quand même, Valérie. Je révise mes leçons.
00:49Je crois que c'était une fabrication d'instruments de cuivre.
00:53Des instruments de musique en cuivre étaient fabriqués ici.
00:57La manufacture a dû fermer en 1936.
01:00Un an plus tard, c'est devenu le siège de la CGT de la métallurgie.
01:05Vous savez comment ça s'appelle ?
01:07Oui, bien sûr, la Maison des Métallos.
01:10Ici, de grandes actions de résistance se sont organisées.
01:14Résistance espagnole contre le nazisme.
01:16Résistance contre la guerre d'Algérie.
01:18Ces gens-là, on les oubliera jamais parce que leurs fantômes sont là.
01:23Il y a une vie.
01:25...
01:31J'aurais dû ramener un sac de couchage. J'ai envie de dormir ici.
01:35On peut toujours s'allonger.
01:37Vous savez dans quel quartier on est ?
01:40Oui, à Belleville. J'ai habité à Belleville.
01:43C'est devenu un peu boubou. Tu crois pas, Valérie ?
01:46C'est vrai.
01:47...
01:50C'est un centre culturel, mais il n'est pas comme les autres.
01:53Ici, on met en relation des activités qui, normalement, ne se rencontrent pas.
01:57Ici, on peut voir de la photo, du cinéma, du théâtre.
02:02De la danse aussi. Vous aimez la danse ?
02:04Oui, mais ancienne danseuse.
02:06...
02:08Bonjour, Billouna.
02:09Bonjour, Valérie.
02:10Bienvenue dans votre Paris des Arts.
02:12Vous êtes comédienne, chanteuse,
02:14vous êtes adulée dans votre pays d'origine, l'Algérie.
02:17Respectée, reconnue en France pour votre talent, votre franc-parler.
02:21Dans cette émission, on va revenir sur votre carrière,
02:24mais avant, on va aller danser un peu ?
02:26Bien sûr, on va danser, Valérie.
02:28Allez, on va danser !
02:30La-la-la-la !
02:32Di-la-la-la !
02:34...
02:35En pénétrant dans la maison des Métallos,
02:37on peut découvrir le dernier spectacle de la troupe Hip-Tap Project, Semelle.
02:42Une création déroutante.
02:44Sur scène, cinq femmes très différentes
02:47nous offrent un show aux frontières de la danse, de la musique, du théâtre,
02:51rencontre avec une chorégraphe sans frontières, Lila Petronio.
02:55Là, c'est la répétition.
02:56J'ai jamais vu ça.
02:58Moi non plus.
02:59J'ai vu les claquettes marocaines, les claquettes américaines,
03:03mais ça...
03:05Ça, c'est des femmes.
03:07Oui.
03:08...
03:11On a l'impression d'entendre des battements de coeur.
03:14Qu'est-ce qu'elles ont l'air de dire, ces femmes ?
03:17On existe.
03:18Elles montrent...
03:22leur courage, leur féminité.
03:25Elles n'ont pas honte de ça.
03:27Et voilà.
03:29C'est comme la billonna, ça, c'est des baïonnettes.
03:32Rires
03:34...
03:36On revient, maintenant.
03:37Applaudissements
03:41...
03:44Bravo. Bravo, c'était vraiment formidable.
03:47Vous êtes Lila, vous êtes la chorégraphe.
03:50Votre truc, ça ne nous aura pas échappé à Abiyouna et à moi,
03:53c'est de fusionner le son et le mouvement.
03:56Exactement.
03:57Et la rébellion aussi.
03:58Oui, c'est vrai.
04:00La rébellion, le cri un peu étouffé,
04:03mais avec les mains et les pieds, on se fait entendre et...
04:07Et voilà, c'est le pied.
04:08Rires
04:10Au passage, on se moque un peu de cette société.
04:12Qu'avez-vous voulu dire avec ce spectacle ?
04:14Ce que j'ai voulu dire, c'est juste montrer
04:17une diversité de féminité qu'il n'y en a pas qu'une.
04:20On nous impose beaucoup d'images, beaucoup de choses
04:23à longueur de temps.
04:24Et qu'est-ce que vous êtes belles sur scène.
04:27Oui, c'est vrai.
04:28Merci.
04:29Très, très belles.
04:31Cette diversité, évidemment, elle s'exprime à travers...
04:34Voilà, vos camarades
04:36et ces jeunes femmes qui sont toutes différentes,
04:40mais aussi avec les rythmes qu'ils expriment sur scène.
04:43Il y a plusieurs danses ?
04:44Il y a plusieurs danses, il y a plusieurs...
04:47Ce que je voulais exprimer, c'est une palette de féminité,
04:50de femmes, d'humains, dans un sens très large.
04:52Et ça, voilà, il y a un parallèle dans ça
04:55et dans notre forme d'expression.
04:57La danse hip-hop, la danse artecontemporaine,
04:59les claquettes, les percussions corporelles,
05:03tout ça, c'est à la fois fusionné dans la rencontre des formes.
05:07Moi, j'avais envie de...
05:08C'est contagieux, non ?
05:10C'est contagieux, ma série, parce que sinon, je t'attends dehors.
05:14Rires
05:16Musique rythmée
05:18...
05:38-"Biyouna", on vous appelle souvent la Gainsbar algérienne
05:41en raison de votre franc.
05:42Parlez de cette voix rock inimitable.
05:44Vous êtes une star dans votre pays.
05:46L'Algérie, vous avez conquis la France.
05:48Expliquez-nous comment vous êtes arrivée à Paris.
05:51Comment je suis venue en France ?
05:53Moi, j'étais en Algérie, je ne suis jamais sortie.
05:56Même, je suis restée pendant la décennie noire
05:59et j'ai combattu avec mon peuple algérien.
06:04Pendant la décennie noire en Algérie,
06:07je l'ai mise à main en veilleuse, en catimini.
06:11Mais c'est ma fierté, ma gueule.
06:15Et puis après,
06:18ça a commencé à s'agir,
06:21ça a commencé à se calmer.
06:23Et là, j'ai eu un coup de fil de Nadir Moknech
06:27pour le film Le harem de Mme Haussmann.
06:30Je lui ai dit maintenant, Biyouna, pense à toi.
06:33C'est comme ça qu'on fait le ménage ?
06:36Maquillage, c'est moi.
06:39Je te l'ai dit, c'est à moi.
06:41Au secours !
06:42Elle est en colère !
06:43Arrêtez !
06:45Madame Trousteau, arrêtez !
06:48Vous êtes les géries de Nadir Moknech.
06:50Dans l'œil de sa caméra,
06:51vous êtes devenu une tragédienne du quotidien.
06:54Il dit que vous l'avez fait rêver il y a très longtemps,
06:57dans l'Algérie, du début des années 70.
07:00Vous étiez dans un feuilleton très populaire,
07:02vous incarniez une mégère.
07:04Est-ce que c'est ça qui a lancé votre carrière ?
07:06Oui, c'est le feuilleton La grande maison de Mohamed Dib.
07:10Et le réalisateur, c'était Mustapha Bader.
07:13Je suis allée comme ça en visiteuse.
07:17Je ne pensais pas que j'allais faire la comédie.
07:21J'étais danseuse et j'étais dans la chorale.
07:23Et là, j'assiste à un casting.
07:28Et après, j'ai ouvert ma bouche, comme d'habitude.
07:32J'aurais dit, c'est facile, ce rôle.
07:34Pourquoi il se casse la tête ?
07:36Et le réalisateur, hors de lui, se tourne vers moi et me dit,
07:40toi, la grande gueule, montre-nous ce que tu sais faire.
07:43Et moi, je n'aime pas qu'on me parle mal.
07:45Je me lève, je fais ça.
07:48Je dis, ben oui, je vais vous le montrer.
07:51Et ne me criez pas comme ça.
07:52Et là, il a dit, c'est elle.
07:54Là, il a dit, c'est quoi, moi ?
07:57Il m'a dit, c'est toi qui vas jouer ce rôle.
07:59Voilà, c'est l'histoire de Cendrillon.
08:01Salima, je t'ai appelée.
08:04Je t'ai appelée, Salima.
08:06Je t'ai appelée, je t'ai appelée, je t'ai appelée, je t'ai appelée.
08:10Salima, s'il te plaît.
08:13Vous êtes imposée en France avec des comédies très populaires
08:15comme Il Reste du Jambon ou encore Holiday.
08:18Plus récemment, on vous a vue dans La Source des Femmes.
08:20Quel souvenir vous gardez de ce tournage ?
08:22Très, très beau souvenir.
08:24On a été là-bas pendant trois mois et demi, à peu près.
08:28On m'a coachée parce que moi, je suis allégéroise.
08:32Et pour parler marocain,
08:35alors c'est un peu difficile pour moi.
08:38Vous n'avez pas l'accent.
08:40J'ai pas l'accent, mais elle m'a coachée pendant un mois quand même.
08:43Neuf monologues, c'est pas...
08:46Bon, alors faites-moi un petit bout de l'accent marocain.
08:50Ah là là, tu me demandes trop, là.
08:52Attends.
08:53Oui, au moment où je parle avec mon fils.
08:57Pourquoi faire le hijab ?
08:59Pourquoi se couvrir ?
09:00Je te l'ai dit pour qu'on ne me prenne pas des hommes et des femmes.
09:04Si j'étais une femme, je n'aurais pas été un enfant.
09:06À ce moment-là, la femme, elle n'était pas en hijab.
09:09Elle était à l'état d'un homme.
09:10Et c'est facile pour quelqu'un d'aller se couvrir.
09:12Maintenant, par la grâce de Dieu, il n'y a plus d'hommes.
09:14Alors là, si je suis ton fils, je me cache sous la taille.
09:19Vous avez fait aussi un one-woman show.
09:22C'est vrai qu'on rit beaucoup.
09:24Mais sur scène, vous parlez également avec beaucoup de nostalgie.
09:28Qu'est-ce que vous dites de vous dans ce spectacle ?
09:31Qu'est-ce qu'on apprend sur vous dans ce spectacle ?
09:34Dans ce spectacle, c'était au Marigny.
09:37Je parlais un petit peu de ma vie.
09:39De ma vie, de ma mère, comment j'ai commencé.
09:44Et surtout de ma mère.
09:47Parce que c'est elle...
09:50C'est elle qui était mon petit bonheur.
09:53C'est elle qui m'a encouragée.
09:55J'ai parlé d'elle et j'ai chanté pour elle.
09:59Voilà, je lui ai fait un hommage.
10:00J'avais un public, un mélange de public.
10:03Il y avait de toutes les races, de toutes les religions.
10:08Et ils étaient là tous ensemble.
10:11Ils riaient ensemble, ils pleuraient ensemble,
10:13ils faisaient des youyou ensemble.
10:16Et une fois, je leur ai dit,
10:17mais pourquoi vous restez pas comme ça quand vous sortez d'ici ?
10:21Je crois que vous préparez un nouveau spectacle
10:22pour 2016.
10:23C'est un cabaret, un ancien cabaret à l'ancienne.
10:28On peut dire un boui-boui, mais sympa.
10:31Où je joue ? La patronne.
10:33Tu sais, dans un cabaret ou dans un bar,
10:37il y a beaucoup d'histoires.
10:38Comment on dit en arabe ?
10:41Fais-le boire et écoute-le.
10:43Et là, tu écoutes, tu entends.
10:45Chacun son histoire.
10:47Chacun son bonheur, chacun son malheur.
10:50Et elle est là, elle écoute.
10:52La chanson, c'est une autre de vos passions.
10:55Vous avez collaboré avec Christophe, avec Julien Doré.
10:58Vous avez déjà enregistré deux albums, je crois.
11:00Le premier avec Warner Music, le deuxième, c'est avec Naïve.
11:06Et puis après, j'ai chanté avec Julien Doré.
11:09Il y avait Catherine Deneuve, il y avait François Zardy,
11:13il y avait Yvette Horner.
11:15C'était génial avec Julien Doré parce qu'il m'a dit,
11:18Biyouna, est-ce que tu ne peux me faire des lamentations orientales ?
11:23J'ai essayé et puis ça a fait un beau bichon.
11:28Oh, mon amour
11:30Oh, mon amour
11:32Oh, mon amour
11:34Oh, mon amour
11:36Un peu court
11:39Oui, tous les jours
11:41Oh, mon amour
11:43Oh, mon amour
11:45Oh, mon amour
11:47Biyouna va maintenant nous présenter l'homme qu'elle considère
11:50comme le meilleur percussionniste au monde, Yusri Riad.
11:54Il joue de plusieurs instruments orientaux et latinos,
11:57mais sa grande spécialité, c'est la darbouka.
12:00C'est Yusri, oui.
12:02Il a commencé tout jeune avec moi, très, très jeune, 17 ans.
12:08Elle nous a dit que vous étiez le meilleur percussionniste au monde.
12:11Il va falloir être très, très bon.
12:12J'ai dit d'apprendre. Arrête, Valérie.
12:14Oh, mon coeur !
12:16Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés, tous les deux ?
12:1899, c'est ça ?
12:2099, on s'est connus.
12:22Il y avait le film Le harem de Mme Haussmann,
12:25où il y avait des musiciens et tout.
12:28C'était pour la fête, pour le mariage.
12:32Et ensuite, vous avez fait appel à lui pour votre premier album, c'est ça ?
12:35Voilà, pour mon premier album,
12:38pour mes premiers concerts, c'était toujours Yusri.
12:41Il n'y avait pas d'autre.
12:42C'est une aventure, j'imagine, de travailler avec Biyouna.
12:45C'est une super aventure pour moi.
12:47Je n'ai jamais été aussi proche
12:51d'une artiste ou d'un artiste que Biyouna.
12:55C'est vraiment...
12:56C'est plus que du travail, en fait, entre elle et moi.
12:59À part Biyouna, tu joues avec d'autres artistes ?
13:02Oui, bien sûr.
13:03J'ai joué avec les Oriental, qui sont installés sur Marseille.
13:07Je suis en ce moment sur un projet arabo-andalou.
13:12Et Edith Piaf,
13:13c'est une chanteuse qui s'appelle Josette Ralifa.
13:19Super, et vous avez un nouveau projet ensemble ?
13:21Inch'Allah, oui, pour mon prochain spectacle,
13:24j'ai besoin de la percussion, parce qu'il y a la danse.
13:28C'est avec ma dicte Oudane, qui sera le danseur.
13:33Et ce qui est bien, Yusri,
13:34même j'ai fait des albums où j'ai fait
13:37moitié chanson en français et moitié en arabe,
13:41il est toujours là, même dans les chansons en français.
13:44Il rentre dedans et il rajoute un plus avec la percussion.
13:49Et ça, c'est génial.
13:50Parlez-nous un peu de cet instrument.
13:53C'est un instrument typiquement algérien ?
13:55C'est égyptien.
13:56C'est égyptien, d'accord.
13:57Et là, par exemple, si vous jouiez un petit morceau,
14:00vous pourriez chanter ou danser ?
14:01Un petit quelque chose, pour nous ?
14:04Chanter, peut-être.
14:05Elle est belle.
14:41Quand j'avais 20 ans,
14:43Il y a mes 20 ans
14:45Bravo !
14:48C'est sensationnel.
14:50C'est bien, ça.
14:51Je ne sais pas le faire.
14:57Et c'est sur les bords de Seine à Puto
14:59que Biyouna a choisi de se soumettre
15:01à notre questionnaire du Parai des Arts.
15:08C'est au Marigny,
15:10où Bertrand de la Noé, l'ex-maire,
15:14est venu, que j'adore,
15:16et il m'a offert la médaille vermeille.
15:19Ça, c'est un souvenir.
15:24C'est un ami de Flag.
15:26Il fait le couscous.
15:32C'est ici.
15:34Les quais de la Seine ?
15:35Oh, mon Dieu, il n'y a pas mieux.
15:41C'est d'avoir confiance,
15:42qu'on arrête de râler.
15:44Il y a des gens qui souffrent beaucoup
15:48et qu'on s'estime heureux.
15:50Parce qu'il y a des gens qui sont vraiment assistés
15:53et qui s'estiment heureux.
15:58Il te klaxonne avant le feu rouge.
16:04Oh, elle est...
16:06La Parisienne, moi, ma mère, je l'appelais la Parisienne.
16:09Elles sont un peu chiques, comme... Voilà.
16:17J'adore.
16:18Merci, Biyouna.
16:20Ainsi s'achève le Paris des Arts de Biyouna.
16:23Vous pouvez revisionner cette émission sur notre site internet france24.com.
16:27Et vous le savez, le Paris des Arts se poursuit sur les réseaux sociaux.
16:31A très vite.
16:32Et en plus, alphabétiquement, moi, c'est Biyouna,
16:35et elle, c'est Biyounessé.
16:40Ça, c'est les Apaches.
16:43Je me suis énervée un certain temps, parce qu'on m'appelle trop Ramadan.
16:48Et je leur ai dit, moi, je ne suis pas une chorba ou une slabilla,
16:51vous m'appelez que le Ramadan.
16:53Oh, la, la, la, la...
16:55Allez, hop-là !
16:56C'est le temps de l'hiver !
16:59C'est parfait !