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Transcription
00:00Dans cette rentrée littéraire, nous avons le plaisir d'accueillir sur ce plateau Dalia Daoud.
00:04Bonjour à vous. Vous êtes l'autrice de cet ouvrage, Chala, la France, aux éditions du Nouvel Attila.
00:10C'est l'un des romans de cette rentrée littéraire.
00:13Alors Dalia, cette histoire, vous avez choisi de l'inscrire dans un village.
00:19Vous avez fait le choix de cette périphérie. On sait que ça se passe quelque part autour de Lyon.
00:24Vous ne précisez pas exactement dans quel lieu, mais on sait en tout cas que dans ce roman,
00:29c'est l'histoire de plusieurs familles qui arrivent du Maghreb, qui s'installent dans ce village dans les années 80.
00:34Les enfants naissent dans ce lotissement brocard. Ils grandissent, ils font leur vie dans cet endroit-là.
00:40Voilà la couverture. J'ai d'ailleurs un petit coup de cœur personnel pour cette couv',
00:43parce que ça me rappelle quelques années en arrière, plusieurs années en arrière.
00:47Déjà, une première question. Vous, vous êtes journaliste.
00:49Oui, c'est ça.
00:50Vous êtes une consoeur. C'est votre tout premier roman.
00:52Comment est née l'envie et l'idée d'écrire Chala, la France ?
00:56Chala, la danse, qu'on aurait pu s'appeler Chala, la France.
00:58C'est un très beau lapsus. Ça aurait pu s'appeler Chala, la France, effectivement.
01:02J'ai le désir d'écrire du roman depuis très très longtemps.
01:07Et cette histoire, pour moi, qui effectivement prend ancrage dans les monts du Lyonnais,
01:13sa forme idéale se trouvait dans le roman.
01:16Voilà, c'était la forme qui m'a poussée, en fait, à écrire de cette manière-là.
01:21Effectivement, le paysage est celui des monts du Lyonnais,
01:24mais je reste assez floue sur les noms exacts des villages.
01:29J'avais besoin de les transformer un peu pour pouvoir vraiment rentrer en fiction
01:33et ne pas faire de journalisme, justement.
01:35Alors, vous avez raconté cette France de l'immigration.
01:37Ces enfants, je le disais, nés sur le sol français, qui grandissent ensemble dans ce petit village.
01:43La vie de ces jeunes enfants, adolescents, adultes, on la suit.
01:47Leurs premiers amours, le divorce de Rime, par exemple.
01:51Et vous racontez aussi ce qui peut être parfois propre à ce milieu rural, c'est l'ennui.
01:57Mais la façon dont ces enfants s'y arrivent, à le contourner, cet ennui.
02:00C'est ça. Je parle de lieux sur lesquels le temps n'a pas de prise, du tout.
02:06C'est-à-dire qu'il s'agit d'une fresque qui s'étend de la fin des années 60 à la fin des années 90.
02:12Et si on y retourne aujourd'hui, dans ce village-là ou alentour,
02:16il se passe à peu près les mêmes choses.
02:18Les infrastructures n'ont pas changé.
02:20Le train n'arrive toujours pas jusque-là.
02:22Il est très difficile d'en partir.
02:24Donc les adolescents s'ennuient terriblement.
02:26Et c'est pour ça que je tenais, malgré tout, à situer l'histoire dans les monts du Lyonnais.
02:31Parce que, selon moi, on y passe une adolescence, malgré tout, un peu différente
02:36que si elle se déroulait dans un port, près de la mer.
02:41Donc pour moi, la topographie est malgré tout importante, même si je l'ai imaginée et projetée.
02:46Et vous vouliez aussi mettre la lumière sur ces régions qui sont beaucoup plus discrètes
02:49ou invisibilisées aussi, parfois ?
02:51Oui, il y avait l'ambition quand même d'un récit rural.
02:54Parler de cette périphérie de la périphérie qui bénéficie d'assez peu de lumière,
03:00aussi bien journalistique que romanesque.
03:02Ça, c'est le constat que vous aviez fait, justement, en tant que journaliste ?
03:04Oui, vraiment, je trouve qu'on manque de ce type de récits.
03:07C'est pourquoi, moi, j'avais envie de me jeter à corps perdu dedans.
03:11Et pour tout vous dire, moi, j'ai grandi dans ce type de paysage.
03:15J'avais besoin de ce décor familier, quand même, pour l'inspiration.
03:20Qu'est-ce que vous y avez mis de personnel, alors, dans cette histoire, dans Challah, la danse ?
03:24Plein de choses, certainement.
03:26Et c'est très difficile pour moi de le cibler précisément, car vraiment, c'est une projection romanesque.
03:31Malgré tout, tout ce qui touche à l'adolescence, aux élans contradictoires et identitaires
03:38qui ont pu traverser des personnages tels que Bassou, Gianne ou Myriam,
03:43m'ont sans doute traversé aussi, très clairement.
03:46J'ai utilisé des sentiments anciens, peut-être pour les intégrer dans mes personnages.
03:53En revanche, pour ce qui est de l'intrigue, tout ça est totalement inventé et imaginé.
03:59Vous racontez cette histoire et cette France du vivre-ensemble,
04:03mais il y a aussi certains passages où le racisme est évoqué.
04:06Vous ne vous y attardez pas, mais il est présent,
04:09notamment une séquence avec Bassou, Julien, d'autres copains,
04:12l'histoire des macros aussi, cette odeur de poisson qui va déranger les voisins.
04:16Vous avez voulu l'évoquer sans vous y attarder ?
04:19Oui, c'est ça.
04:20Ce n'est pas le sujet central du roman,
04:23mais c'est une composante des relations entre les différents personnages,
04:28entre les gens qui habitent ce lotissement et ceux qui habitent le reste du village.
04:32Là, on a plutôt affaire à des paysans, des petits commerçants, des petits élus,
04:36qui sont eux aussi des gens relativement abandonnés.
04:39Qui fréquentent le pénalty ?
04:40Oui, absolument, qui étaient un café du village.
04:43Le fait raciste est présent dans le roman, il le traverse.
04:48Mais, par exemple, j'ai déployé des événements, des moments
04:54qui sont totalement différents de ceux que moi-même j'ai pu vivre.
04:59Je n'ai pas forcément été moi-même victime de racisme à proprement parler dans ce village-là,
05:04mais j'ai assisté à des scènes assez terribles,
05:07et qui nourrissent forcément le roman.
05:10Le profond désarroi dans lequel ces moments-là m'ont plongée
05:13est utilisé pour produire du romanesque.
05:16Et en même temps, il y a le racisme dont on vient de parler,
05:20et en même temps, cette tolérance, cet amour, ces unions mixtes,
05:24à l'image de Vincent et Olfa, par exemple.
05:26Et ça, ça existe.
05:27Oui, ça existe aussi, bien sûr.
05:28Alors, ce n'est pas un mode d'emploi du vivre ensemble,
05:31mais malgré tout, j'ai voulu quelque chose de nuancé et de joyeux.
05:34C'était important pour moi.
05:36Et comment vos proches ont accueilli ce tout premier roman ?
05:39C'est les juges, non ?
05:40Oui, c'est vrai que je craignais énormément leurs regards,
05:44parce qu'ils pouvaient aussi se retrouver à certains endroits du roman.
05:48Et ça, c'est toujours très difficile de l'imaginer,
05:51parce que ça n'est pas un hommage que je rends à des gens qui, je crois, le mériteraient.
05:57Mais ils l'ont plutôt très bien pris.
05:59Ils sont très heureux de la trajectoire de ce roman,
06:02du fait qu'il existe et que je puisse aujourd'hui parler d'eux
06:08à travers des personnages de fiction.
06:10Merci beaucoup, Dalia Daoud.
06:12Merci d'avoir accepté notre invitation.
06:14Challah, la danse est disponible en librairie.

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