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En salles.
Transcription
00:0036 ans après Beetlejuice, Tim Burton prend les mèmes et recommence, ou presque,
00:05et cette fois il double la mise, ça s'appelle Beetlejuice, Beetlejuice.
00:30On est d'accord que sur le scénario il ne s'est pas foulé, donc en gros, même lieu,
00:45même maison, à peu près même protagoniste, simplement tout le monde s'est décalé
00:49d'un cran vers soit la vieillesse, soit la mort, c'est le fond mélancolique de cette
00:55comédie assez trépidante. Winona Ryder, qu'on a quitté ado gothique, un peu en rébellion
01:01comme ça, mais adoptée par les fantômes, est devenue quoi ? Elle est devenue médium
01:05à la télé, sa belle-mère est toujours une artiste contemporaine un peu folle dingue
01:10jouée par Catherine O'Hara, et puis maintenant elle est passée du rôle de fille à celui
01:15de mère, donc elle a elle-même une ado, elle est jouée par Jenna Ortega, Jenna Ortega
01:20vous la connaissez, et bien oui, c'était la mercredi de Tim Burton dans sa série adaptée
01:24de la famille Adams. Donc là on a la petite famille, un matriarcat clairement, tous les
01:29hommes ont peu ou prou été poussés vers des extrémités funèbres, on va dire. Alors
01:34pour être très franche, ce qui se passe chez les vivants, c'est pas passionnant, on
01:38aime bien retrouver le côté doudou, chaussons, charanthèses même, de la baraque, le petit
01:43pont couvert, etc., et les facéties de la belle-mère. C'est là où Tim Burton est
01:50vraiment en forme, je trouve, c'est dans son retour chez les morts, puisque tout ce
01:54qui se passe du côté de Beetlejuice, alias Michael Keaton, est assez réjouissant, et
02:00que c'est là qu'on a vraiment le plaisir du film qui est essentiellement visuel, dans
02:05ce souterrain de la mort, qui ressemble un peu à des bureaux de la sécu déjantés,
02:11où il faudrait prendre son ticket, attendre deux millions d'années pour parler à quelqu'un
02:15qui aimerait vraiment faire autre chose. On retrouve visuellement tout ce qui a fait
02:19le charme du premier, c'est-à-dire les couloirs à damier, les murs de guingois,
02:25et puis tous ces macchabées qui se trimbalent en portant les stigmates de leur mort, parfois
02:30violentes. En gros, si vous avez été bouffé par des piranhas, vous les emmenez avec vous
02:34dans l'au-delà. Oui, Marie l'a dit, rien de bien nouveau
02:36sous le soleil du macchabre, on est vraiment chez Tim Burton, et dans les films de Tim
02:40Burton, c'est pas une nouveauté. La mort est plus belle que la vie, en tout cas plus
02:45rigolote presque que la vie. Encore une fois, c'est la force et la limite du film,
02:51c'est que toutes les séquences qui ont trait avec les macchabées, ce fameux Beetlejuice
02:57en très grande forme lui, Michael Keaton, il a pris de l'âge mais il est toujours
03:00aussi délirant, ça marche toujours très bien. Tout ça c'est très bien, il y a cette
03:04belle idée par exemple du passage de la vie à trépas, donc c'est pas le Styx, c'est
03:10pas le fleuve, c'est un train, avec des gens qui dansent tout autour, c'est assez chouette,
03:14pour les plus anciens d'entre vous, l'émission Soul Train, grande émission de musique soul
03:21funk des Etats-Unis dans les années 60-70. Marie a dit que Tim Burton tournait en famille,
03:27c'est le cas de le dire, il y a même sa girlfriend qui est là, c'est Monica Bellucci,
03:31qui fait une belle entrée dans l'univers de Tim Burton, dans le rôle d'une femme
03:34qui est en morceau et qui se raccommode avec un coup d'agrafe, c'est une des plus belles
03:39scènes du film là aussi, au centre de Tragedy des Beetlejuice. Il y a quand même des belles
03:43idées comme ça dans le film.
04:04Je dirais que la bonne nouvelle dans tout ça, au-delà d'un film plutôt agréable,
04:09c'est que Tim Burton tourne la page de ces années Disney. Pour qui a beaucoup aimé Tim
04:14Burton dans les années 90, c'est vraiment une très bonne nouvelle. Il a filé un très mauvais
04:18coton à un moment entre Charlie et la chocolaterie, Alice au Pays des Merveilles et Dumbo, où vraiment
04:25ça devenait moche, fastidieux. Pour moi, c'était une épreuve d'aller voir un film de Tim Burton.
04:31Là, j'ai l'impression qu'il revient à une sorte de manifeste, le manifeste d'un cinéma,
04:37d'une envie retrouvée et d'un cinéma qui a envie de se défendre avec ses petits points musclés là,
04:44contre le tout effet spécial, le tout numérique, on va dire. Puisque lui, il a envie de costumes,
04:50de maquillages dingos, de décors en dur et de revenir un peu à ce qui a fait son amour du
04:58cinéma. Alors, c'est un cinéma malgré tout luxueux, mais quand même un peu bricolé. Cette idée de
05:03préférer peut-être les trucages aux effets spéciaux. Et voilà, que l'appétit soit revenu,
05:08que l'envie de faire du cinéma soit revenue à Tim Burton, c'est plutôt une bonne nouvelle.
05:12Maintenant, s'il veut bien se mettre à un scénario un peu bossé, on ne lui en voudra pas.
05:16Beetlejuice, Beetlejuice, c'est bien.
05:19Ouais, les Beetlejuice, Beetlejuice, c'est bien. Mais il ne faut pas faire
05:22Beetlejuice, Beetlejuice, Beetlejuice, parce que c'est bon là.

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