Barbara Pravi en interview : "Je suis un pur produit du destin"

  • le mois dernier
Barbara Pravi revient en pleine lumière avec "La Pieva", un disque incandescent et intime nous emmenant sur les traces de ses ancêtres serbes. En interview pour Purecharts, la chanteuse retrace la folle histoire de sa famille, son métier tout en contrastes, ses chansons d'amour et ses envies de cinéma.

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Musique
Transcription
00:00Je passe mon temps à me demander si c'est pas un peu factice tout ça.
00:03En même temps, ça fait partie du jeu, donc en fait, c'est très bâtard comme métier.
00:15Bravo, c'est la première chanson que j'ai écrite.
00:18À la base, elle était beaucoup plus lente et c'était un piano voix.
00:21Ce qui a été marrant, ça a été de rhabiller mon habitude de lenteur, tu vois,
00:25de faire des chansons beaucoup plus vivantes,
00:27beaucoup plus live, beaucoup plus brûlantes, en fait.
00:30En tout cas, je voulais m'amuser.
00:31Comme j'ai eu l'expérience du premier live,
00:33ce qui n'était pas le cas sur le premier album,
00:35le premier album, j'ai fait l'album et ensuite, je me suis retrouvée sur scène
00:38et il fallait gérer le moment.
00:41Je n'avais jamais fait de scène de ma vie et d'un coup, j'avais plein de gens devant moi.
00:44Enfin, ça s'est fait un peu à l'inverse puisqu'il y a eu l'Eurovision qui a tout déclenché.
00:47Et là, j'avais la chance de pouvoir réfléchir ma musique
00:52en sachant que j'allais la jouer sur scène.
00:56C'est une lettre qu'il m'a écrite quand j'avais 21 ans.
01:00Ça dit pour que Barbara, ma petite fille qui se consacre à la musique,
01:04n'oublie jamais ce que le destin lui a mis entre les mains, en gros.
01:07Et il parle de destin parce que la pieva, donc le titre de l'album,
01:10ça veut dire la chanteuse en serbe et c'est l'origine de mon nom de famille.
01:14On a une ancêtre en 1750 qui était tigane
01:17et qui se baladait dans les montagnes entre la Bosnie et la Serbie.
01:19Et le soir, elle s'arrêtait dans les villages et elle se mettait à chanter.
01:22En fait, elle chantait tellement bien que les gens l'accueillaient en disant
01:25la pieva, la pieva, genre la chanteuse arrive, tu vois.
01:27Et en fait, ça a renommé toute ma famille
01:30puisque ses enfants ont été appelés les pievici,
01:33qui veut dire les enfants de la chanteuse.
01:34Et ça a donné mon nom.
01:38J'ai été là-bas.
01:39Le clip de la pieva, on l'a tourné dans la maison de ma famille
01:42qui est serbe, qui vit en Serbie.
01:44Proche de leur maison, il y a un village à quelques kilomètres,
01:47un chemin tout droit avec les maisons sur les côtés.
01:49Et au bout de ce chemin, t'as un grillage.
01:51Tu ouvres le grillage, mais vraiment comme dans les films.
01:53Ça fait genre...
01:55Et t'as un cimetière et toutes les tombes,
01:57il y a marqué le nom de ma famille dessus.
02:02Ça me fait des frissons.
02:04C'est difficile à dire parce que,
02:05bon, moi, j'aime bien toutes les histoires un peu mystiques comme ça.
02:08C'est vraiment des trucs qui me parlent grave.
02:09Se dire qu'en 1750, j'ai une ancêtre qui était chanteuse qui est une femme.
02:13Et je crois que je suis genre un pur produit du destin transgénérationnel.
02:21J'ai vraiment cherché à habiller chaque chanson.
02:23Par exemple, Maman, j'ai toujours su que ce serait un piano-voix.
02:26Et moi, j'ai choisi d'orchestrer les chansons
02:29en fonction de ce qu'elles m'évoquaient dans le texte et dans l'énergie.
02:33Par exemple, Exister, c'est marrant parce que c'est une chanson que j'ai faite toute seule 100%.
02:38Genre le texte, la mélodie, la prod.
02:39Et en arrivant en studio, j'ai dit, voilà,
02:41cette chanson, elle est hyper intense, hyper puissante.
02:45Je veux qu'on ait l'impression que le rythme ne s'arrête jamais.
02:48Et donc, on a choisi de l'accélérer.
02:49Elle commence à 120 BPM et elle finit à 140.
02:52Et en fait, tu ne t'en rends pas compte.
02:53J'ai fait ça pour toutes les chansons.
02:54Ou sur Si ce monde est fou, par exemple, qui est la dernière de l'album.
02:57Elle retrace un peu toutes les couleurs qu'il y a dans le disque.
02:59Cette chanson parle quand même du monde qui est complètement barjo
03:02et qui part complètement en sucette.
03:04Et donc, il fallait que la chanson parte en sucette.
03:08Quand j'ai écrit cette chanson, c'était vraiment une chanson d'amour.
03:11Je ne me suis pas dit, elle va être dans mon album ou elle ne va pas l'être.
03:13À ce moment-là, je n'étais pas encore en train de vraiment réfléchir
03:16à ce que j'allais mettre dans mon album.
03:18C'était une impulsion, quoi.
03:19C'était une déclaration d'amour.
03:21C'était ce que je ressentais de cette relation à ce moment-là.
03:23Puis en fait, il se trouve que c'est une de mes chansons préférées.
03:25Après, elle s'est posé la question de, OK, est-ce que je la mets dans mon album ?
03:28Est-ce que ça te dérange ?
03:29Qu'on soit ensemble ou pas, d'ailleurs, peu importe.
03:31C'est une chanson qui est tellement intime
03:32que ça peut très bien déranger la personne, etc.
03:34Et il l'a accepté.
03:35Donc, j'ai été décevée de l'amour.
03:41Je me demande souvent quel sens ça a.
03:43C'est vrai que tout ce qu'il y a autour, la lumière,
03:46l'extrême lumière même, le succès,
03:50tous ces trucs, en fait, je passe mon temps à me demander
03:53si ce n'est pas un peu factice, tout ça.
03:55En même temps, ça fait partie du jeu.
03:56Donc, en fait, c'est très bâtard comme métier
03:59parce que d'un côté, c'est ce qu'on veut
04:01et c'est ce dont on a besoin, être dans la lumière
04:03pour que les gens nous entendent,
04:04pour que les gens viennent nous voir au concert, etc.
04:06Et d'un autre côté, c'est des choses qu'on aimerait fuir aussi
04:09parce que c'est hyper ingrat.
04:10Et du coup, c'est quand même des métiers
04:12qui peuvent facilement faire tourner la tête
04:14par le simple fait de ce que ça veut dire d'être artiste
04:18et d'être un artiste dans la lumière.
04:23J'adorerais, j'adorerais.
04:24Écoute, j'aimerais bien que ce film-là
04:26soit le point de départ d'autres films.
04:28C'est des milieux qui sont quand même vachement en communication,
04:30la musique et le cinéma.
04:31D'abord, il y a beaucoup de musique dans le cinéma.
04:33Et puis, je trouve que le travail de chanteur
04:35et celui de comédien ou comédienne,
04:38alors ce n'est pas le même, évidemment.
04:39En revanche, dans la musique,
04:43il y a aussi un gros travail d'interprétation.
04:45Il y a un gros travail de mots.
04:49J'adorerais avoir un gros...
04:51Ouais, c'est un petit peu pas très humble de dire ça
04:54parce que franchement...
04:55Mais bon, j'adorerais avoir un gros rôle d'interprétation.
04:59Je te dis une bêtise, mais un lamome.
05:01Tu vois, dans l'idée, un espèce de truc de transformation
05:03où tu passes par plein, plein, plein d'émotions
05:04et tu joues un personnage très complexe.
05:05J'aimerais beaucoup, beaucoup me coller à ça.
05:08Je ne sais pas si j'en aurais les capacités,
05:10mais dans mon rêve, j'aimerais bien.
05:14Très bizarre.
05:15Je ne sais pas si j'ai beaucoup aimé ça.
05:16Heureusement, on ne me voit pas tant.
05:18Je chante énormément dans le film, en fait.
05:20Ma place, elle est surtout très musicale.
05:21J'ai détesté m'entendre la première fois,
05:23mais c'était il y a dix ans maintenant,
05:24donc du coup, depuis, j'ai fait mon petit chemin.
05:26Je pense que je vais avoir besoin de faire le même chemin
05:28avec la vidéo.
05:30De la même manière, je ne regarde pas mes clips, tu vois.
05:31Tu vois, je sais que je parle beaucoup avec mes mains.
05:33Ben voilà, je ne verrais que ça.
05:34Tu vois tes tics, tu vois tes mics,
05:36tu vois comment tu tiens.
05:37C'est intéressant.
05:43Sous-titrage Société Radio-Canada

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