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Des milliardaires comme Elon Musk ou Mark Zuckerberg sont, dans bien des domaines, plus puissants que des Etats. Mais il arrive que les Etats ne se laissent pas faire : c’est le cas lorsqu’ils touchent à la finance ou à la monnaie. En Chine, c’est lorsqu’Alibaba est devenu dangereux pour le système financier que le président Xi Jing Ping a donné le signal de faire disparaître son dirigeant Jack Ma pendant trois mois et de démanteler son entreprise. En Occident, c’est lorsque le patron de Facebook a présenté son projet de monnaie numérique que les pouvoirs publics ont, pour une fois, réagi à temps et de concert. [...]

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00:00Des milliardaires comme Elon Musk ou Mark Zuckerberg sont dans bien des domaines plus puissants que des Etats.
00:15Mais il arrive que les Etats ne se laissent pas faire.
00:19C'est le cas lorsqu'ils touchent à la finance ou à la monnaie.
00:22En Chine, c'est lorsqu'Alibaba est devenu dangereux pour le système financier
00:27que le président Xi Jinping a donné le signal de faire disparaître son dirigeant Jack Ma pendant trois mois
00:33et de démanteler son entreprise.
00:34En Occident, c'est lorsque le patron de Facebook a présenté son projet de monnaie numérique
00:39que les pouvoirs publics ont pour une fois réagi à temps et de concert.
00:45Sans doute les Etats ont-ils compris que cette monnaie, qui s'est appelée successivement la Libra et le Diem,
00:50allait être le coup de grâce pour eux.
00:52Si Mark Zuckerberg avait réussi, chacun des milliardaires systémiques aurait voulu avoir sa monnaie.
00:58Et c'en était fini alors de la souveraineté de chaque Etat sur sa devise,
01:02principal instrument de sa politique économique.
01:05Donc c'en était fini du pouvoir des Etats.
01:08Mark Zuckerberg avait réuni des partenaires intéressés par les données des utilisateurs
01:13comme Uber, Spotify, Iliad.
01:15Il avait aussi réuni des sociétés de paiement comme PayPal, Visa ou Mastercard et des ONG également.
01:22Car cette monnaie promettait d'être une valeur refuge pour les pays dont la devise s'était effondrée.
01:27Les paiements devaient être plus simples, les commissions moins élevées,
01:31les banques court-circuitées et l'argent sale aussi aurait pu circuler.
01:35En septembre 2019, les grands argentiers de la planète se réunissent à Bâle.
01:41Jamais une entreprise privée n'a eu ainsi les honneurs de 26 banquiers centraux,
01:46dont ceux de la Fed et de la BCE, qui lui demandent de s'expliquer.
01:50Pour les rassurer, Mark Zuckerberg propose d'indexer sa monnaie sur cinq devises fortes,
01:55le dollar, l'euro, le yen, la livre sterling et le dollar singapourien.
02:02Mais les autorités ne sont pas rassurées.
02:04Que se passera-t-il le jour où Zuck décidera de changer la quantité d'euro ou dollar dans son panier ?
02:10L'impact sur la valeur de la monnaie concernée sera immédiat.
02:13Il sera suivi d'un impact sur le commerce de tous les Etats ayant cette monnaie, l'euro ou dollar, comme monnaie de référence.
02:20Ce qui affectera leur croissance et affaiblira l'indépendance de leur politique monétaire.
02:25Personne n'a envie que la politique monétaire de son pays se retrouve entre les mains de Mark Zuckerberg.
02:31Une monnaie est un bien public, c'est une chasse gardée des Etats.
02:34Ils sont les seuls à pouvoir faire tourner la planche à billets,
02:37ou à l'inverse, à pouvoir diminuer l'argent en circulation pour contrôler l'inflation.
02:42Or, avec plus de 2 milliards d'utilisateurs potentiels,
02:45à comparer avec les 500 millions de citoyens de la zone euro par exemple,
02:49la monnaie de Facebook aurait possédé une force de frappe inégalée.
02:54Une multinationale aurait eu la même puissance monétaire que des Etats souverains
02:58qui, eux, sont soumis au contrôle démocratique, au vote.
03:02Les Etats ont donc organisé une riposte coordonnée.
03:05Ils ont dissuadé les partenaires de Facebook de s'associer à ce projet.
03:09Paris, Rome et Berlin ont annoncé son interdiction en Europe.
03:13Mais c'est le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz qui a été le plus réaliste.
03:18Il a dit « Seul un imbécile ferait confiance à Facebook pour son bien-être financier ».
03:24Mais avec autant de données personnelles sur 3 milliards d'utilisateurs,
03:28Facebook sait justement mieux que personne combien de gogos naissent à chaque minute.
03:34De Guerlasse, Zuckerberg a renoncé.
03:38La leçon de cette histoire, c'est qu'il est encore temps d'arrêter les géants de la tech
03:42dans les domaines de la fiscalité, de la concurrence ou de la santé des adolescents.
03:46Mais cela suppose une parfaite coordination des grands Etats, Etats-Unis inclus.

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