Le père de Kamilya, la fillette de 7 ans tuée à Vallauris, témoigne après la décision judiciaire concernant le motard qui a causé la mort de sa fille : «Lui est en liberté, ma fille est enterrée».
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00:00On va dire qu'aujourd'hui pour moi c'était une occasion pour la justice pour remettre
00:06tous ces délinquants de la route, pour leur dire qu'on ne peut pas faire ce qu'on veut
00:12sur la route quand on veut, qu'il y a un code de la route, qu'on n'est pas seul sur
00:17la route, qu'il y a des enfants, il y a des familles, qu'une fois qu'on prend un volant
00:22d'une voiture ou d'une moto, on est responsable de la vie des autres.
00:27D'accord ?
00:29Apparemment, on n'a pas de respect pour la vie, il n'y a aucun intérêt pour la vie,
00:37qu'elle soit morte une petite fille ou le gendarme ou la personne qui s'est fait tirer
00:45dessus ou le cycliste, apparemment ça ne change rien à la loi, une vie n'a pas autant
00:53d'importance vis-à-vis de la loi.
00:55Vous auriez aimé au fond que ça serve d'exemple pour la suite, c'est ça que je comprends.
00:59En fait, c'était l'occasion de montrer à tout le monde qu'il y a une justice, d'accord,
01:06on n'est pas des robots, on n'est pas des machines, on est des êtres humains.
01:11Ce qui est arrivé, il n'y a personne qui a pris le volant à sa place, que ce soit
01:16dans mon cas ou dans le cas des autres familles, ces personnes-là qui ont causé ces accidents,
01:21ces morts-là, c'est les seuls responsables.
01:25Du moment qu'on oublie le code de la route, qu'on s'en fout des personnes qui sont avec
01:30nous sur la route, il n'y a pas de justification, il n'y a aucune explication à ça.
01:36Aujourd'hui, on me dit que ce n'est pas un danger, on le laisse en liberté, d'accord,
01:42mon mafieux est enterré.
01:44J'ai une question, si jamais moi demain, par malheur, parce qu'on continue notre vie,
01:52on prend la voiture, on se déplace, je suis le seul actuellement qui est capable de conduire
01:57dans la famille, ma femme n'accepte plus de prendre le volant, si demain je fais un accident
02:03de route et qu'il y a Mathéo de l'autre côté, qu'est-ce qu'on va dire ?
02:10Qu'est-ce qui va se passer ?
02:13Est-ce que la justice a pris en compte cette partie-là aussi, où on va nous interdire
02:18de se déplacer dans les endroits où il y aura Mathéo ?
02:22Oui, j'entends ce que vous voulez dire.
02:24Surtout, moi, ce qui m'a frappé, Slim, c'est tout à l'heure ce que vous avez dit sur l'antenne
02:28d'Europe 1, vous étiez avec Pascal Praud en ligne, vous avez dit qu'on a eu plus de
02:32soutien des Français plutôt que de la justice, ça veut dire que vous vous sentez abandonné
02:36aujourd'hui par notre justice ?
02:39Comme toutes les victimes.
02:41Je ne suis pas le premier et apparemment je ne serai pas le dernier.
02:44Tant que les lois ne changent pas, tant qu'on ne fait rien pour changer les lois, tant qu'on
02:49ne fait rien, parce que, excusez-moi, comment on va dire aux policiers demain d'aller faire
02:54leur travail ?
02:55Si eux, ils font ce qu'il faut, ils risquent leur vie, parce que s'ils auraient pris un
03:01policier à la place de la personne qui a pris deux balles, ça aurait pu, ça aurait
03:09pu être un enfant qui passait, ça aurait pu être une maman enceinte, ça aurait pu
03:12être un grand-père, une mère, ça aurait pu être n'importe qui.
03:17Il y a quelque chose aussi que vous avez fait hier après avoir entendu Mathéo B, vous
03:23vous êtes adressé à lui directement sur votre compte Facebook, on a vu le message
03:28assez dur que vous lui avez adressé.
03:30Au fond, vous dites, vous avez perdu ou tu as perdu l'occasion de t'excuser, de faire
03:36amende honorable, de tenter de faire amende honorable, de demander pardon.
03:39Il ne l'a pas fait, ça, ce sont des mots que vous auriez aimé entendre et vous dites
03:43au fond, c'est trop tard.
03:46Ce que j'ai remarqué, que ce soit de sa part ou de la part des personnes qui l'entourent,
03:53leur seule inquiétude, c'est qu'ils soient en prison ou pas, en fait, qu'il a tué une
04:01enfant de 7 ans, en fait, et tout son entourage, je n'ai pas l'impression qu'ils s'inquiètent
04:07ou qu'ils s'interrogent ou que ça les intéresse en fait.
04:10C'est comme si le jeune homme, en fait, il a plié une aile de voiture ou il s'est pris
04:15une part sur carrière, en fait, là, on ne parle pas de dégâts matériels quand même,
04:20on parle d'une vie humaine, d'un enfant de 7 ans, et là, tout ce que je remarque, tout
04:25ce que je vois, c'est trouver des excuses à ce qu'il a fait.
04:29Vous auriez aimé qu'il s'excuse, dans les conditions actuelles, votre pardon sera impossible
04:38un jour dans votre vie ?
04:39Non, il n'y a plus de pardon, il n'y a plus de pardon, il y aura la justice qui
04:45fera son travail et il n'y a plus de pardon dans ce cas-là.
04:50Bon, il y aura un procès, donc qu'est-ce que vous attendez de la suite ? Là, effectivement,
04:56ça n'est pas allé dans votre sens, on comprend très bien que vous soyez en colère, il y
04:59a beaucoup de gens qui vous rejoignent dans ce constat aujourd'hui, je pense que vous
05:02l'avez bien expliqué, mais pour la suite, pour le procès, j'imagine que vous nourrissez
05:06encore un espoir que justice soit faite.
05:08Honnêtement, je vais vous dire qu'il prend un jour ou dix ans ou un an, ça ne va pas
05:15me ramener ma fille, ça ne changera rien, ce qui est fait c'est irréversible, il n'y
05:20a pas de retour en arrière en fait, et ce que j'espérais aujourd'hui de la justice,
05:25c'est de limiter déjà ces dégâts en attendant que la loi change, de faire réfléchir ces
05:31enfants, ces mineurs ou ces adultes, ces conducteurs, ces fous de la route, de leur faire comprendre
05:41qu'il y a un risque, quand vous ne respectez pas la loi, il y a un risque, là, ce qu'on
05:47leur dit aujourd'hui, faites ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, de toute
05:52façon, vous allez garder votre liberté, et vous serez peut-être jugé dans un an
05:56ou deux, et entre temps, voilà.
05:58Slim, il y a une question aussi de notre chroniqueuse justice qui a couvert cette affaire, qui connaît
06:04bien ce dossier, allez-y Célia, je vous en prie.
06:07Bonjour monsieur, et puis toutes mes condoléances, bravo aussi pour votre courage, hier l'avocat
06:13général a salué votre dignité, notamment lors des événements, puisque vous avez gardé
06:21votre calme lors du drame, sur le lieu du drame, vous avez vu cette adolescence, ce
06:29motard qui a percuté votre fille, et apparemment, même s'il y avait une certaine vindique populaire,
06:36vous avez gardé votre calme, quelle a été cette première rencontre, est-ce que vous
06:41pouvez nous la décrire ?
06:42En fait, au premier contact que j'ai eu, pour l'instant, à ce moment-là, je ne pensais
06:50qu'à ma fille, je voulais juste qu'elle soit en vie, je pensais que c'était un accident
06:55de la route, je me répète, mais je pensais que c'était un accident de la route, je ne
06:59savais pas dans quelles circonstances, je l'ai compris après, mais au moment où je
07:02l'ai compris, ce n'est plus un accident de la route, vous allez me dire que si demain
07:07moi je prends et je roule à 200 sur la route, que je tue 3-4 personnes, c'est un accident
07:11de la route ?
07:12Comment vous arrivez aujourd'hui à expliquer tout ça et à parler de la disparition de
07:20Camilia avec vos autres enfants, avec votre famille, avec votre entourage, avec son grand
07:27frère qui traversait à ce moment-là le passage clouté ?
07:29Son grand frère, en ce moment on est deux à le gérer avec sa maman, et honnêtement
07:36on ne le laisse pas respirer, on ne lui laisse pas de temps, parce qu'il suffit qu'il ait
07:41un petit moment de repos et qu'il repense à ce qui s'est passé.
07:44D'accord, vous avez essayé de le stimuler au maximum.
07:48Le matin, il se réveille à 6h30 du matin, jusqu'au moment où il se couche, entre 20h30
07:54et 21h, il est occupé à faire quelque chose, il n'est jamais seul, il n'est jamais
07:58seul, mais il a toujours un truc à faire.
08:01On n'est même pas capable de reprendre notre travail par rapport à ça, on n'est même
08:06pas capable.
08:07On en a essayé hier, ce n'était même pas possible.
08:09Donc il n'a pas pu faire une rentrée des classes normales, j'imagine, ou en tout cas
08:14c'est compliqué.
08:15Il a été changé de collège, il était obligé de changer, de laisser tous ses amis, changer
08:20de ville, je ne peux pas repartir à zéro parce qu'il n'y a pas de zéro, mais voilà,
08:25je remercie aussi son collège, les directeurs, tous les profs qui sont en train de faire
08:29un travail de fou, qui l'entourent, qui l'encadrent, c'est très gentil de leur part, ils n'ont
08:36rien demandé, on leur donne une responsabilité de plus à gérer.
08:40Slim, qu'est-ce que vous avez envie de dire à ceux qui vous regardent, qui vous ont pour
08:45beaucoup soutenu, et à toute la France en fait, parce que là, c'est le moment de l'exprimer,
08:52on est heureux que vous ayez accepté d'ailleurs.
08:54Le problème, c'est qu'on ne parle pas que de Camille aujourd'hui, on parle de nos enfants
08:58à tous, on parle des personnes âgées, parce qu'encore, une personne comme moi, on arrive
09:04toujours à avoir le réflexe d'éviter le danger, mais les enfants, les personnes âgées,
09:11ils n'ont pas ce réflexe, ils n'ont pas cette santé.
09:12Vous savez, comme je disais ce matin, ma fille, elle avait un trajet de 300 mètres à faire
09:19aller-retour, avec un seul passage piéton à traverser.
09:24Vous allez me dire que dans la France, avec tout ce qu'on a comme moyens, on n'est même
09:29pas capable d'être en sécurité sur un trajet de 300 mètres ?