Louis de Funès (1914-1983) est considéré comme l'un des acteurs comiques les plus populaires et talentueux du cinéma français. Sa carrière s'est étendue sur plusieurs décennies, avec plus d'une centaine de films à son actif. Points clés de sa carrière :
Style comique unique : Connu pour sa gestuelle exubérante, ses mimiques faciales et son jeu d'acteur expressif.
Films cultes : A joué dans de nombreux classiques comme "Le Gendarme de Saint-Tropez", "La Grande Vadrouille", et "La Folie des grandeurs".
Collaborations mémorables : A formé des duos comiques célèbres, notamment avec Bourvil.
Popularité durable : Ses films continuent d'être appréciés et rediffusés régulièrement à la télévision française.
Impact culturel : Est devenu une icône de la comédie française, inspirant des générations d'acteurs et de comédiens.
Reconnaissance : A reçu plusieurs distinctions pour sa carrière, dont un César d'honneur à titre posthume.
Louis de Funès reste une figure emblématique du cinéma français, aimé pour son humour intemporel et son talent comique exceptionnel. Son héritage perdure bien au-delà de sa disparition en 1983, faisant de lui une véritable légende du cinéma français.
Style comique unique : Connu pour sa gestuelle exubérante, ses mimiques faciales et son jeu d'acteur expressif.
Films cultes : A joué dans de nombreux classiques comme "Le Gendarme de Saint-Tropez", "La Grande Vadrouille", et "La Folie des grandeurs".
Collaborations mémorables : A formé des duos comiques célèbres, notamment avec Bourvil.
Popularité durable : Ses films continuent d'être appréciés et rediffusés régulièrement à la télévision française.
Impact culturel : Est devenu une icône de la comédie française, inspirant des générations d'acteurs et de comédiens.
Reconnaissance : A reçu plusieurs distinctions pour sa carrière, dont un César d'honneur à titre posthume.
Louis de Funès reste une figure emblématique du cinéma français, aimé pour son humour intemporel et son talent comique exceptionnel. Son héritage perdure bien au-delà de sa disparition en 1983, faisant de lui une véritable légende du cinéma français.
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00:00Un ensemble de mimiques inépuisables, d'attitudes extravagantes et de postures
00:09bouffonnes rassemblées en un seul personnage. L'étendue du registre de Louis de Funès est
00:14impressionnante. Avec ses mille expressions visuelles, ses 140 films et plus de 150 millions
00:20de spectateurs en salle, Louis de Funès depuis les années 60 et encore aujourd'hui, 30 ans après
00:25sa disparition, reste le comédien le plus populaire de l'Hexagone. Il est né la veille d'une explosion
00:31mondiale, enfin en tout cas européenne, il est né le 31 août 1914, veille de la déclaration de la
00:37guerre de 1914 et dans un univers assez peu tranquille au fond. Les parents de de Funès,
00:44c'est la noblesse, la petite noblesse andalouse désargentée, avec un père Carlos qui n'est pas
00:49toujours présent, qui est malheureux en affaires, qui va être malheureux en affaires, et une mère
00:54Léonore, pour le coup, elle est très présente, très présente dans l'univers, dans l'imaginaire
00:58de son fils. Louis racontant et montrant sa mère ayant perdu un billet de 100 balles, j'assure
01:04que vous êtes au spectacle. Ma mère était très comique, un petit peu à son insu, mais quand même
01:09elle était très contente qu'on l'aurait quand même. Et mon père était très comique aussi, un
01:14genre plus... Lui c'est un comique andalou, qui s'apparente beaucoup au comique anglais, beaucoup.
01:19Et ma mère c'était une exagération totale, c'est ce que je fais en plus petit à l'écran.
01:25Ses parents ne savent pas quoi faire de Louis. Sa mère pense à un moment donné à le faire entrer
01:29dans les ordres, hors de question. Son père lui trouve un petit boulot chez un fourreur, mais là
01:35encore, par sa maladresse, par le fait qu'il n'a pas envie tout simplement d'entrer dans ce métier,
01:41il se fait virer assez rapidement. Ça m'a permis de faire mille petits métiers, mille choses qui
01:48m'ont permis de connaître mille gens, mille personnes, mille attitudes, mille situations que je retrouve
01:53maintenant, qui sont... J'ai cette chance d'avoir ça là-dedans, c'est dans une case ici, j'ai tout
01:58presque rangé. Ça vient à ma demande. Il a sûrement été très influencé par les grands
02:09acteurs du muet, les Buster Keaton, les Chaplin et les autres. Et puis il a beaucoup pris aussi
02:15d'idées et de façons de faire à Chaplin. Il a appris en fait à faire du cinéma avec ces gens-là.
02:24Peter Sellers, je sais que Fufu était fou de La Panthère Rose, est fou du numéro et de combien
02:30de fois on a parlé par exemple aussi du sketch extraordinaire dans ce film de Black Edwards,
02:35ce qu'il s'appelle The Party, le sketch avec le garçon gaffé autour de la table, qui est un pur
02:41chef-d'oeuvre, un pur monument de comique, pratiquement sans un mot. On pensait à W.C. Fields, qui était
02:46un personnage comme ça, qui était assez méchant. Louis a inventé quelque chose, c'est qu'il pouvait
02:51taper sur les gens et être drôle. C'est un coup du destin qui va permettre à Louis de Funès de faire
02:56ses premiers pas comme comédien. Daniel Gélin, qu'il va rencontrer dans Le Métro. Il lui propose
03:02une figuration salle-playelle dans la pièce Laman de Paille, en 1943, puis deux ans plus tard, en 1945,
03:08son premier petit rôle au cinéma, comme portier d'un cabaret dans La Tentation de Barbizon.
03:13Il fallait qu'il travaille, il avait une famille, donc il a accepté beaucoup beaucoup de petits rôles.
03:20Dès qu'il avait bu un verre ou deux de Pinard, il commençait à nous raconter ses souvenirs
03:27de pianiste de barre, ses souvenirs de galères, d'heures difficiles. Il avait une ironie cruelle,
03:36il avait une vision de la vie qui était assez noire. Entre la figuration et le troisième couteau, Louis
03:42de Funès ne se décourage pas. Il enchaîne les petits rôles et apprend son métier. Piano barre,
03:47cabaret, doublage, théâtre, publicité. Il continue sans relâche dans les années 50, sa course folle
03:54vers les studios. Il reste acteur de complément, mais arrive à s'imposer dans la profession.
03:59Il croise sur sa route metteur en scène et comédien de renom. Michel Simon, Pierre Brasseur, Louis Jouvet,
04:05Robert Lamoureux, Sacha Guitry, Fernand L et Bourville. J'ai travaillé énormément, toujours essayé de monter
04:13les petites marches, des petites marches, des petites marches, ne jamais rater un rendez-vous. Je n'ai rien à me reprocher
04:17au point de vue professionnel. Un moment fort dans l'ascension de Louis de Funès, c'est sa rencontre
04:21avec Robert Derry et l'équipe des Branquignoles. Dans A, les Belles-Bacchantes, d'abord au théâtre,
04:25puis au cinéma, il fait de son second rôle un premier. Dans sa carrière, il n'y a pas que le cinéma,
04:32il a fait beaucoup de cabarets, beaucoup de théâtre, d'une part avec les Branquignoles.
04:39Deux ans plus tard, en 1956, dans La Traversée de Paris, face à ces deux monstres sacrés que sont
05:03Gabin et Bourville, il réussit à s'imposer en deux scènes devenues légendaires. Celle où il interprète
05:08Jean Biais, le boucher du marché noir.
05:10Dans La Traversée de Paris, il est bien dedans, non ? Il est partout, il t'envahit tout, tu ne sais pas d'où il vient, il sort, tu ne sais pas, mais il est là.
05:20Quand il a commencé à être connu, c'est qu'il avait tellement travaillé dans les petits rôles. Ceci dit, des petits rôles qui étaient toujours très impactants.
05:27C'est-à-dire qu'il intervenait dans La Traversée de Paris, c'est une des scènes les plus marquantes du film.
05:36Dans le meilleur des cas, je vais creuser mon sillon et je vais parvenir à une carrière tout à fait honorable de second rôle qu'on remarque, que les gens apprécient,
05:44mais qui ne dépassera pas le stade d'acteur de second plan.
05:49J'ai toujours essayé de mettre le maximum de qualité dans ce que je faisais, le maximum de trouvailles de choses.
05:54Et ça m'a occasionné cette montée insensible. Et puis alors après, quand j'ai été aux Fêtes, ça m'a effrayé.
06:01Mais je ne cherchais pas à aller là-haut, je cherchais à bien faire.
06:041957 marque un nouveau tournant dans la carrière du comédien.
06:08Après 90 films, on lui offre enfin des rôles en tant que tête d'affiche, avec Comme un cheveu sur la soupe, de Maurice Régamet,
06:14Taxi, roulotte et corrida, d'André Unebel, puis Ni vu ni connu, d'Yves Robert.
06:19Ce n'est pas encore le De Funès qu'on connaît, c'est un De Funès qui se cherche.
06:23J'ai tourné avec lui ce que j'estimais de son premier vrai succès cinématographique, c'est Ni vu ni connu.
06:31Yves Robert a fait éteindre la nuit en tournée de nuit.
06:34Tout d'un coup, brutalement, il a fait éteindre les groupes, il a arrêté la lumière.
06:38On s'est retrouvés dans le noir, ça nous a calmés.
06:40Début des années 60.
06:42Plus Louis De Funès devient populaire, plus il gravit dans ses films l'échelle sociale.
06:46Désormais, il fait rire en incarnant l'autorité, en jouant les commissaires, gendarmes et autres directeurs.
06:52Et la bascule, il la doit à Oscar, pièce de Claude Manier qu'il interprète brillamment au théâtre,
06:57et pour laquelle il peaufine chaque soir son personnage de PDG colérique.
07:00Personnage qu'on retrouvera dans de nombreux films.
07:03J'ai créé Oscar avec Jean-Paul Belmondo et Maria Pacom.
07:07Puis Louis devait partir en tournée avec la Var, il a flippé un peu avant de partir dans la Var.
07:14Et donc il a joué Oscar en tournée.
07:16Et Jean-Jacques Vittel a vu le triomphe absolu que faisait Louis,
07:19et a rentré le spectacle sur la porte Saint-Martin, où là, il a classé la baraque.
07:24D'Oscar, moi je suis allé le voir en coulisses, il était tellement épuisé, il se donnait tellement.
07:29Entre les scènes, il était couché par terre, il prenait des sucres pour se retaper.
07:33Il a laissé sa vie, il l'a laissé en partie sur scène.
07:37Jamais, jamais, ne pas faire une représentation à fond.
07:41On est arrivé à un moment donné à avoir un tel rire avec la salle,
07:45qu'on n'arrivait plus, nous normalement, à dire le texte,
07:49sinon il aurait fallu qu'on attende trop longtemps, compte tenu de la situation qui était précipitée en scène.
07:56Donc, pratiquement, on faisait des onomatopées.
07:59Il commence à partir dans une espèce de délire,
08:02et il s'attrape le nez, comme ça,
08:05qui devient une espèce de pâte à modeler visuelle,
08:08avec laquelle il fait, bon, il lâche, il fait ça, il le tire, il le coince.
08:13On voit très, très bien, on voit le nez s'allonger, comme dans un dessin animé.
08:17On voit le nez s'allonger, le coin sous le pied, puis il fait de la contrebasse.
08:21La première fois qu'il m'a fait ça, je me suis dit, il a un trou, mais c'est pas possible.
08:26Il s'est arrêté de jouer.
08:28De Funès, lui-même, commence à imposer ses choix,
08:31commence à imposer ses règles de jeu, ses trouvailles.
08:48Dans Pouic Pouic, on n'est pas à la recherche du vedettariat, ni les uns, ni les autres.
08:52Mais ça fonctionne.
08:55Ça fonctionne, il y a quelque chose qui se passe,
08:58on s'amuse, et en même temps,
09:01on sent très bien qu'on est en train de faire un film...
09:05un film populaire.
09:08Oh, Dieu, elle a fait son tâche, hein ?
09:10Oh, ce cher Antoine !
09:12Il danse avec ma femme, il fout le coup à ma fille, il me ruit mon téléphone !
09:16Taloui de Funès, il est époustouflant.
09:19Il a une façon de marcher, une énergie,
09:23une façon de parler,
09:26et un bonheur, en même temps, d'être odieux.
09:29Maintenant, foutez-moi le camp ! Mais foutez-moi le camp, mais vite !
09:32Il est odieux au-delà des espérances.
09:37Donc il devient picsou, il devient avare, il devient mesquin.
09:42On a envie, par moments, de le pousser, de le gifler, de lui dire arrête,
09:46mais il va au bout.
09:49Ah non, c'est trop ! Je ne peux plus, je ne peux plus.
09:56Il y a un film qui, aujourd'hui, est un peu méconnu, oublié,
10:00parce qu'on date, en fait, l'explosion de Funès à Pouic-Pouic.
10:03Il y a un film qui s'appelle Carambolage,
10:06qui est un film tourné en noir et blanc par Marcel Bluval.
10:09Pour la première fois, de Funès endosse les habits d'un patron.
10:13De Funès va imposer, dès Carambolage,
10:16toutes les composantes de son personnage.
10:19Et là, tout d'un coup, ce type s'est mis à avoir un costume
10:22et une représentation sociale, le gendarme, l'autorité,
10:27et tout d'un coup, il y a eu une rencontre entre ce qu'il faisait déjà avant,
10:30c'est-à-dire d'être ce personnage,
10:33et un type social.
10:36La base de son comique, c'était un comique qui se moquait de l'homme.
10:43L'homme, quand il est petit, se rabaisse.
10:46Il devient...
10:48Il flatte.
10:50Et dès qu'il est important, dès qu'il a la puissance,
10:56nous voyons ça tous les jours.
10:58Il demandait toujours, il disait,
11:00moi, je veux des rôles où je suis à la limite du raisonnable.
11:05Faut que ça soit méchant.
11:07Il ridiculisait les personnages qu'il jouait.
11:10Il n'était jamais ridicule, mais il les ridiculisait.
11:13C'était des parodies de grands patrons, de ministres,
11:17de personnages racistes, antisémites,
11:20enfin, tous ceux qu'il a joués dans nos films.
11:23Au moment où ce n'est pas encore une caricature,
11:25où il y a suffisamment d'intensité, de sincérité,
11:28pour qu'on puisse croire.
11:30Mais il y a tous les traits sous-jacents de la caricature dessous.
11:33Ce personnage était un homme qui se croyait très important,
11:37très intelligent, très cultivé,
11:40mais Louis n'était pas dû.
11:42Il savait très bien que ce type était un mariole.
11:44On est content de sa manière de s'aplatir
11:47parce qu'on sait qu'en dessous, il y a forcément une revanche
11:50et que ce n'est pas que de la lâcheté, c'est aussi la tactique.
11:56C'est plus intelligent que ça.
11:591964 est un grand cru pour la carrière de Louis Dauphinès.
12:02Après le refus de Daryl Cole et de Francis Blanche
12:05d'incarner le fameux gendarme,
12:07Louis Dauphinès, alias Ludovic Cruchot,
12:09va connaître un immense succès populaire
12:11avec le gendarme de Saint-Tropez.
12:13À un tel point qu'il en tournera cinq autres.
12:15J'étais à Saint-Tropez quand un des producteurs
12:20était en train de discuter le matin,
12:23au petit-déjeuner, avec des collègues.
12:26Il disait, on va tourner le gendarme de Saint-Tropez,
12:29alors vous me mettez Dauphinès
12:31parce que je ne veux que des ringards, des nuls.
12:33Je ne veux pas les payer.
12:36Ma femme se retourne vers moi en rigolant.
12:39Le type qui va tourner ça, c'était moi.
12:47Quand on tournait un film, c'était d'abord une fête.
12:50Ce n'étaient pas des films tristes.
12:52On retrouvait des copains acteurs
12:55qui ne sont pas des tristes non plus.
12:58Généralement, pour les gendarmes, c'était trois mois.
13:00Une fois quatre à Saint-Tropez,
13:02très confortablement installés et rémunérés.
13:05C'est la rencontre de Dauphinès
13:07avec cet espèce de gendarme un peu bête,
13:10ambitieux,
13:13qui ressemble à un dessin animé.
13:16Je m'appelle Ludo.
13:18On voyait quand même un personnage assez prodigieux,
13:22un acteur très personnel,
13:24qui apportait son monde,
13:26son imaginaire,
13:29son invention délirante
13:32qui n'avait pas d'importance.
13:34C'est ce qu'on voyait.
13:36C'est ce qu'on voyait.
13:38C'est ce qu'on voyait.
13:40C'est ce qu'on voyait.
13:42C'est ce qu'on voyait.
13:44C'est ce qui n'avait pas de limite.
13:46On allait voir Dauphinès.
13:48On n'allait pas voir Galabru x ou y.
13:51On allait voir d'abord Dauphinès.
13:53Je t'aime.
13:55Oh non !
13:56D'abord, en prenant le genre d'armes,
13:58j'ai participé de loin, mais activement,
14:00grâce à l'amabilité de Jean Giraud,
14:03à la mise en scène, au montage.
14:05On a fait tout ça en commun et on a fait un très bon film.
14:08C'est la première fois que je fais,
14:09où je peux dire que j'ai pris une responsabilité dans le film.
14:12Normalement un acteur tourne un film avec un metteur en scène, s'il est mauvais ou s'il est bon.
14:16Il dit, moi c'est pas moi, c'est le metteur en scène qui m'a dirigé.
14:19Et ce qu'il y a là, non, j'ai fait ce que j'ai voulu et je suis responsable aussi.
14:22Maintenant je voudrais être dans tous mes films.
14:24J'ai fait, il m'a demandé de jouer le colonel des gendarmes.
14:27Le metteur en scène, je ne sais plus lequel c'était, ne voulait pas de moi.
14:33Et il me l'a dit, c'est le metteur en scène qui me l'a dit,
14:39Louis Le Funès m'a dit, si ce n'est pas Jacques-François qui joue le rôle du colonel, je ne fais pas le film.
14:45Il avait besoin d'être entouré de gens qui comprennent ce qu'il voulait.
14:49Il n'y avait pas à tirer la couvente, il la donnait.
14:51Il la donnait, il trouvait des gags pour les autres,
14:54alors il avait son fameux truc qu'il nous faisait tout le temps,
14:57de toute façon ne soyez pas trop bons parce que coupé, il ne l'a jamais fait.
15:10Du moment qu'il y avait les gendarmes et Louis Le Funès,
15:13ça aurait pu être les gendarmes montent au ciel ou les gendarmes en enfer ou n'importe quoi.
15:18Du moment qu'il y avait Louis et les gendarmes, c'était le triomphe assuré.
15:23Il embraille tout de suite après sur un gros projet pour le coup, ce gros projet c'est Fantomas.
15:39Le plus grand film d'André Henebel avec Jean Marais, Louis Le Funès, Mylène de Mongeau.
15:48Trois films avec beaucoup d'extérieur, avec beaucoup de moments comme on était très copains,
15:54disons que pendant chaque fois qu'on était en extérieur, on passait notre vie ensemble.
15:57Ça fait beaucoup de temps.
15:58C'est puis l'idée d'un inspecteur comme ça, colérique,
16:02qui apporte cet humour que voulait à tout prix insuffler une belle dans cette adaptation d'un sériel.
16:09Fantomas, ça a été un tremplin pour lui,
16:11parce que je crois que c'est à partir de ce moment là où il est devenu réellement une star.
16:15Il est numéro 2, c'est pas lui la tête d'affiche dans le premier Fantomas, c'est Jean Marais,
16:19mais il va tirer la couverture à lui, il va tirer le film vers le burlesque,
16:25vers la comédie pure, enfin la comédie d'aventure.
16:37On répétait tout, on répétait dans un coin,
16:40et on arrivait devant une belle et on lui disait,
16:43voilà André c'est prêt, il n'y a qu'à mettre la caméra.
16:50Il avait cette théorie qui est la théorie de Frank Capra qui est
16:54que le grand écran d'une salle de cinéma ralentit le rythme de la comédie
17:00et que si on veut avoir une comédie extrêmement efficace,
17:02il faut jouer un tout petit peu plus vite que la normale.
17:06Et lui, Louis, c'était parfois nettement plus vite que la normale,
17:10mais n'empêche que c'était vachement efficace.
17:19Il y avait deux bandes, il y avait la bande de Marais,
17:22des gens avec qui il était très très copain,
17:25et puis il y avait la bande de Funès,
17:27et ces deux bandes ne se mélangeaient pas énormément parce que
17:31il faut bien dire qu'entre Marais et de Funès ça ne collait pas des masses,
17:34il était parfois un petit peu salopard quand même,
17:36c'est-à-dire que s'il trouvait que dans la prise Marais était très bon
17:43et que lui de Funès il se trouvait moins bon,
17:45alors il faisait semblant d'attraper un énorme fou rire,
17:49excusez-moi, excusez-moi, et il en recommence.
17:52Évidemment Marais n'était pas dupe, donc il n'était pas content.
17:59Aujourd'hui, si les trois fantômas se restent et sont devenus
18:02ces espèces de films cultes qui me ravisent,
18:06d'ailleurs je suis ravie que ça devienne un film culte,
18:08les gens ne se souviennent même plus de ce que j'ai fait avant,
18:11j'ai fait 35 films avant, on en se souvient,
18:14ah oui c'est vous qui jouez la fiancée de Jean Marais dans Fantômas.
18:17Comme si le succès du gendarme et de Fantômas ne lui suffisait pas,
18:20Louis de Funès s'embarque dans la grande aventure du corneo
18:23qui s'annonce comme l'un des premiers grands films comiques à gros budget.
18:26C'est là il m'a dit, dis donc, il faut que tu fasses du comique toi,
18:31il faut que tu fasses du comique, il faut que tu fasses du comique,
18:33je lui ai dit mais pourquoi, il me dit parce que tu ris,
18:35je lui ai dit tout le monde rit, il me dit non mais tu es le premier à rire,
18:39et si je sens ça, ça me dope et je suis capable d'aller au-delà de mes possibilités.
18:46Alors évidemment j'ai eu des fous rires extraordinaires,
18:50en me retenant, en sortant à quatre pattes sous la caméra,
18:54en gagnant le fond du décor, pour qu'on ne m'entende pas glousser.
19:02Le corneo a été inventé d'après un vrai fédivère,
19:06qui était un journaliste français qui s'appelait Jacques Angélevin,
19:10qui était assez connu, qui s'était fait chopper je crois à me souvenir à New York
19:14avec une grande bagnole en effet, avec de la drogue à l'intérieur,
19:19et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:21et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:23et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:25et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:27et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:29et qui a fait beaucoup de travaux sur le corneo,
19:30et qui a fait beaucoup de prisons,
19:32bon ça a été un fédivère qui avait défrayé la chronique à l'époque,
19:36et donc c'est ça qui lui avait donné l'idée de cette vraie comédie,
19:39c'est à dire qu'il y a vraiment une atmosphère de vacances.
19:53C'était une des premières comédies, si ce n'est la première,
19:57avec des grands moyens, avec un magnifique chef opérateur qui était Henri Deca,
20:01avec un musicien qui était Georges Delruy.
20:17Bourvil étant quand même le personnage grâce auquel le film se montait,
20:22il ne faut pas oublier ça, c'était lui la grande vedette,
20:25et de créer ce couple avec De Funès qui était en effet une idée nouvelle.
20:45Pour moi, c'est la découverte d'un personnage prodigieux.
20:51Une nature, c'était une explosion, une fusée,
20:56une explosion de rire de ma part devant ce qu'il faisait.
21:01C'était très étonnant.
21:08Deux comiques ensemble, ça peut être de l'huile sur le feu ou de l'eau sur le feu,
21:14il ne faut pas qu'ils s'anéantissent l'un l'autre,
21:17mais qu'au contraire ils se mettent en valeur.
21:20Alors bien sûr que c'est aussi un problème du metteur en scène,
21:23mais c'est aussi un problème d'eux, de leur complicité.
21:26À l'époque encore une fois, les rushs, c'était une sorte de petite cérémonie
21:29qui n'existe plus aujourd'hui.
21:31On allait dans la salle et les acteurs en général venaient aux rushs,
21:34ce qui petit à petit, Dieu merci, disparu,
21:36parce que c'est toujours une source de problèmes et d'angoisse.
21:39Donc, ils se sont assis dans cette petite salle de projection à Rome
21:43et De Funès a vu 15 jours de travail sans lui.
21:49Alors, ça n'a pas été une déception, ça a été un désespoir.
21:52Tout à coup, il s'est dit, je n'existe pas dans ce film, mon rôle...
21:56Il est rentré dans sa chambre d'hôtel avec Jeanne
21:59et il a pris le scénario avec un marqueur
22:02et il a commencé à marquer toutes ses répliques et toutes ses scènes.
22:06Il est allé voir mon père en disant, voilà,
22:08je n'ai pas un rôle équivalent à celui de Bourville,
22:11c'est une catastrophe, etc.
22:13Et d'ailleurs, Gérard Auré lui avait dit que son texte, à lui,
22:17c'était sa gestuelle, c'était ses grimaces, c'était tout ça
22:20et ça valait tous les textes du monde.
22:28Mon père s'est assis dans sa chambre
22:31et il a inventé, non pas la scène de la douche,
22:37mais la fameuse scène de Rossini
22:41où De Funès arrive et répare la voiture,
22:47encore une fois scène muette,
22:49avec une gestuelle absolument extraordinaire, la musique,
22:53et c'est un moment très particulier, très original.
22:58Louis De Funès est devenu le roi du box-office,
23:01le comique préféré des Français.
23:03Gérard Auré réussit la prouesse de réunir
23:0511 millions d'entrées avec le Corneo
23:07et a déjà en tête un nouveau projet avec ses deux acolytes.
23:10La fin du Corneo, tout le monde se dit,
23:12il va y avoir une suite, puis ils sont à la voiture,
23:14ils sont réconciliés, ils éclatent de rire,
23:16donc on se dit, bon, ça va, ça va.
23:18Justement, c'est une facilité qu'il n'avait pas envie,
23:20en tout cas à ce moment-là, de faire.
23:22Et donc, voilà, donc il a cherché un sujet
23:25où alors contrairement au Corneo,
23:27finalement un deuxième road movie,
23:30puisque encore une fois c'est un voyage,
23:32la Grande Vadrouille, et le titre l'indique bien,
23:34mais là où ils seraient ensemble.
23:36Alors j'ai un rendez-vous le lundi 15 novembre.
23:38Mais non.
23:39Si.
23:40Mais non.
23:41Si.
23:42Mais non.
23:43Non, il y a une erreur.
23:44Mais moi je suis né en 14, moi.
23:45Ah oui.
23:46Et moi, vous osez me foutre ?
23:48De Funès, c'est beaucoup plus dans un même,
23:51dans une même dynamique,
23:54par moment, un petit moment,
23:56tout petit petit moment d'émotion,
23:58qu'il a d'ailleurs du mal,
24:00qu'il n'a pas confiance en lui dans ces moments-là,
24:02que mon père lui demande de jouer,
24:04alors qu'il est formidable.
24:05Je me rappelle très bien d'une...
24:08d'un moment où il fallait qu'il remercie l'autre,
24:13ou lui avoir sauvé la vie.
24:16J'avais du mal à lui,
24:18à le convaincre qu'il fallait qu'il le dise.
24:20Et quand je lui ai dit, mais tu vas très bien le dire,
24:23ce merci, ce mot merci,
24:26il l'a fait merveilleusement bien.
24:29Bah oui, mais bon...
24:31Et d'ailleurs, tu l'entends rythmiquement dans La Grande Vadrouille,
24:33rythmiquement, Louis de Funès, c'est...
24:35Et tu écoutes, les répliques de Bourville sont beaucoup plus étirées,
24:38par rapport à son personnage, évidemment,
24:40mais tout ça se complète, en fait.
24:41Douze balles pour vous.
24:43Douze balles pour vous.
24:45En tout cas, ils peuvent me tuer, je ne parlerai pas.
24:48Mais moi non plus.
24:49Ils peuvent vous tuer, je ne parlerai pas.
24:53Il y a des scènes où il joue les mecs,
24:54quand il se fait arrêter par les Allemands,
24:56dans La Grande Vadrouille, il fait le chef d'orchestre,
24:57il est comme ça.
24:58Mais là, il faisait rire, tu vois.
25:00C'est vrai qu'il joue un truc dramatique,
25:02il joue vraiment le mec qui a très peur,
25:04apeuré totalement par les Allemands et les Nazis,
25:06et tu regardes, il te fait rire quand même,
25:08parce qu'avec sa perruque, il est là...
25:10Je suis fâché que je dois arrêter la musique.
25:14J'ai entendu.
25:15C'est quelque chose, hein ?
25:17Bon, alors, écoutez, messieurs, c'est terminé.
25:18La répétition aura duré douze minutes
25:20par la force des mitraillettes.
25:22Ça va être du joli, ce soir.
25:23Oh, putain !
25:24En voilà un, en voilà deux, en voilà trois,
25:26et voilà un petit wagon. Allez !
25:27Normalement, en bas du mur, ils devaient descendre,
25:29et puis on coupait, puis on reprenait la prise, etc.
25:32Et ils étaient tous les deux avec les chiens.
25:34Et puis, les chiens sont partis,
25:36donc ils se sont retrouvés obligés.
25:38Et là où mon père a été génial,
25:40c'est qu'il n'a pas dit couper.
25:41Il a laissé continuer la scène,
25:45et du coup, ils ont adopté évidemment cette solution.
25:49Alors là, qu'ils ont retourné exprès comme ça,
25:51mais c'était un accident sur le tournage
25:55qui n'était pas du tout prévu.
26:12Et La Grande Vadrouille signe un succès gigantesque
26:14avec plus de 18 millions d'entrées en France.
26:16Il faudra attendre Titanic de James Cameron
26:18pour le détrôner.
26:19On ne peut plus arrêter le comédien.
26:21Les contrats pleuvent,
26:22ses cachets sont colossaux.
26:23Il fait ce qu'il veut.
26:24Après le troisième volet de Fantomas,
26:26c'est les grandes vacances.
26:28On retrouve Louis de Funès dans Oscar,
26:30l'adaptation de la pièce au cinéma,
26:32dans Le Petit Baigneur,
26:33avec l'équipe des Branquignoles.
26:35Il s'offre même Jean Gabin dans Le Tatoué,
26:37et tourne Hibernatus.
26:40Comment est morte votre femme ?
26:42C'était horrible.
26:44Elle était là sur scène,
26:46elle mangeait quelque chose,
26:48et puis elle s'est bien confinée,
26:50toute rouge,
26:52elle a éclaté,
26:54épouvantable,
26:56elle a éclaté,
26:58partout, c'était horrible.
27:00Elle n'a pas souffert, du tout.
27:02On sait que sur Hibernatus,
27:04de Funès, qui s'entendait plutôt mal
27:06avec Édouard Molinaro,
27:07parce qu'Édouard Molinaro
27:08était un permetteur en scène impassible,
27:10ne réagissant pas aux effets comiques
27:12de de Funès,
27:13de Funès était très malheureux.
27:17Comment me trouvez-vous ?
27:21J'ai le souvenir de Funès
27:23se laissant aller dans Hibernatus,
27:25justement, à cette fameuse scène
27:27où il allait là,
27:29je ne peux plus dire quelle scène c'est,
27:31mais ça, c'était d'une grande fragilité,
27:37parce que ça pouvait,
27:39il pouvait facilement se casser la gueule.
27:47Dès lors qu'un film se monte sur son seul nom,
27:49le stress et le mauvais caractère de l'acteur
27:51prennent le dessus.
27:52Il veut tout contrôler,
27:53du choix des comédiens qui l'entourent
27:55aux indications de mise en scène.
27:57Louis de Funès est un grand angoissé,
27:59et son perfectionnisme le pousse à chaque fois
28:01à aller plus loin dans son jeu.
28:03Parce qu'alors, comme trac,
28:04je n'ai jamais vu ça.
28:05Lui, il l'avait tous les jours.
28:07Et quand un film durait trois mois,
28:09trois mois et demi,
28:10son rire venait de choses très simples.
28:13Alors on trouvait ça,
28:14trop simple pour que ça soit jugé intelligent.
28:18Mais c'est ce plus simple
28:19qui est le plus dur à trouver.
28:21Il observait énormément les gens,
28:23et il avait un petit carnet
28:24sur lequel il notait tout.
28:26Et quand il avait besoin,
28:27il puisait dedans.
28:29Il ne faisait pas trop dans le sens
28:30où il n'en faisait pas à côté.
28:32Il en faisait dans la direction.
28:34Et là, il n'y allait pas à l'économie,
28:37il en faisait un maximum.
28:38Mon père lui donnait le temps
28:40de se chauffer,
28:42et petit à petit,
28:44au cours des prises,
28:45c'est pour ça qu'il y avait
28:46de nombreuses prises,
28:47en effet, il se déclenchait quelque chose,
28:49un petit peu effectivement
28:50comme un avion qui dépasse
28:53cette vitesse insensée.
28:55Des choses absolument
28:56miraculeuses se passaient.
28:58C'était plus fort que lui
28:59de faire ce cirque,
29:02qui était un cirque très heureux
29:04et souvent extrêmement drôle.
29:07C'est aussi comme Jacqueline Maillon,
29:09C'est des acteurs
29:10qui avaient besoin
29:11d'une certaine élasticité
29:14de possibilité de jeu
29:17et de lui donner
29:18un territoire de jeu
29:19assez important.
29:21On lui a donné la possibilité,
29:23on lui a ouvert le stade,
29:25le cours, voilà.
29:27Et je pense qu'il a été
29:28pendant des années et des années
29:32comme un cheval qu'on garde
29:33à l'écurie
29:34et qu'on laisse sortir
29:35de temps en temps
29:36pour faire un petit truc.
29:37Et que tout à coup, voilà,
29:39c'est le prix de triomphe
29:40à chaque fois et il le gagne.
29:42On disait couper
29:44et lui revivait la scène
29:45qu'il venait de jouer.
29:47Il était en train de réfléchir
29:50s'il pouvait l'améliorer,
29:52s'il avait été au bout
29:55de chaque intention qu'il y avait.
29:57Moi je l'ai vu faire,
29:58j'étais à l'aéroport de New York
30:00et il avait un texte anodin,
30:02il n'avait pas un texte
30:06pour faire rire.
30:08Je ne vois pas comment il pouvait
30:09faire rire avec ce texte.
30:10Il m'a gassé un peu
30:11parce qu'il s'acharnait
30:12à vouloir faire rire avec ça.
30:14Et bien il y est arrivé.
30:16Cette faculté formidable qu'il avait
30:18de faire que la bulle
30:20de ce qu'il pensait
30:21au moment où il était
30:22dans une situation
30:23était archi claire au public.
30:26Quand il faisait
30:31quand on sentait
30:32qu'il allait piéger les gens,
30:34c'est ce qu'il faisait
30:35d'une façon absolument fantastique.
30:37Il jouait les faux culs
30:39d'une façon formidable.
30:41Louis de Funès cherche
30:42à faire de nouvelles rencontres.
30:44Il veut surprendre son public
30:45et surtout les critiques.
30:47Il s'intéresse de près
30:48au travail de jeune réalisateur.
30:49Il avait adoré un film
30:53que j'avais fait
30:54avec Jean Lefer
30:55qui s'appelait
30:56Un idiot à Paris.
30:57Il m'a donné rendez-vous
30:58sur le plateau d'Hibernatus
31:00au studio de Boulogne
31:02où il y avait
31:03un énorme malaise.
31:05Personne ne se parlait.
31:06Tout le monde se faisait la gueule.
31:08C'était absolument incroyable.
31:10Pour une comédie,
31:11je me suis dit
31:12qu'est-ce qui se passe ?
31:13Édouard Molinaro m'a dit
31:15Écoute, Louis a très envie
31:18de faire un film avec toi.
31:20Méfie-toi.
31:21Si j'étais toi,
31:22je ne le ferais pas
31:23parce que c'est un type terrifiant.
31:26Il insulte les metteurs en scène.
31:28Il fait ce qu'il veut.
31:31Il ne se laisse pas diriger.
31:33Tu vas devenir fou avec ce type.
31:36Je suis allé dans la loge
31:37de Louis de Funès
31:38et il a été charmant.
31:50Le fait d'accepter
31:53l'homme orchestre,
31:54c'est qu'il avait envie
31:56d'une part de changer
31:57et peut-être,
31:59pour une fois,
32:00avoir de bonnes critiques.
32:01Il est emballé par l'histoire
32:04et par le fait
32:05de devenir un chorégraphe,
32:07de danser,
32:08de chanter.
32:27L'homme orchestre,
32:28c'est le seul vrai film pop
32:30de de Funès.
32:31C'est une curiosité.
32:33C'est un film où il improvise.
32:35C'est un film
32:36où il se lâche totalement.
32:37Pour lui, c'était un danger.
32:39Il se mettait en danger
32:40parce qu'on n'était plus
32:42dans ce qu'il faisait
32:44au niveau des gendarmes
32:45ou des autres films
32:46qu'il avait fait avant.
32:49Le public n'a pas compris
32:52tout de suite
32:53ce qu'il avait envie de faire,
32:56quelle était la direction
32:58de sa carrière à ce moment-là.
33:08Forcément, il m'a étonné
33:10par son travail,
33:12par sa précision.
33:14Mais il y avait tout de même
33:17une grande part d'improvisation
33:19chez lui.
33:20Il pouvait totalement dérailler
33:22sur une scène.
33:23C'est là où il avait son génie.
33:25Il fallait faire très attention
33:27parce que souvent,
33:28ça déraillait beaucoup.
33:29Il sortait beaucoup du personnage.
33:31Et il fallait, nous, réécrire
33:34un petit peu les scènes
33:35qui suivaient.
33:36Il y a une scène dans le film,
33:38dans l'orchestre,
33:39où les filles doivent aller se coucher.
33:42Et il leur raconte...
33:44Il doit leur raconter une histoire.
33:46Mais ça, il ne m'avait pas prévenu.
33:48Il m'a dit,
33:50je vais vous faire quelque chose
33:53d'un peu spécial.
33:55Vous me direz ce que vous en pensez.
33:57Là, je ne vous dis rien.
33:58Je vais le jouer.
33:59Et il a raconté l'histoire
34:01du loup et l'agneau.
34:03Et c'était complètement hallucinant.
34:06Il a fallu se pincer
34:08pour ne pas éclater de rire.
34:12L'homme-orchestre a été
34:13un immense succès.
34:14On a fait 33 millions d'entrées
34:16dans les pays de l'Est avec.
34:19Louis de Funès tourne
34:20sur un arbre perché,
34:21un deuxième film avec Serge Corbert,
34:22qui devait être au départ
34:23un film dramatique,
34:24écrit pour Yves Montand
34:25et Annie Girardot.
34:26Il y fera la rencontre
34:27de Géraldine Chaplin,
34:28la fille de son idole.
34:30Puis il retrouve Jean Giraud
34:31dans Jaux,
34:32tourné entièrement en studio
34:33avec de longs plans-séquences.
34:35Il s'en donne un coeur joie
34:36dans l'improvisation.
34:381971.
34:39Louis de Funès retrouve
34:40Gérard Houry pour un troisième film
34:41avec Bourville
34:42dans La Folie des Grandeurs.
34:44Malheureusement,
34:45Bourville meurt quelques jours
34:46avant le début du tournage.
34:47Ça a été véritablement
34:49d'abord un chagrin
34:50et ensuite une décision à prendre
34:52que je ne regrette pas.
34:54Alors, il y a eu, bien sûr,
34:55un travail de réécriture,
34:56mais dans le sens surtout
34:57de cet aspect du personnage
34:59qui avait une forme
35:00des séductions,
35:01disons, différentes.
35:08Maintenant, Blaise,
35:09flattez-moi.
35:11Monseigneur est le plus grand
35:12de tous les grands d'Espagne.
35:14Je crois que le public
35:15a été un peu déstabilisé
35:16par le film
35:17parce que le film a un autre ton
35:18Bon, c'est un film d'époque.
35:20Un film en costume,
35:21qui était quand même
35:22un scénario original
35:24de Victor Hugo
35:25parce que, curieusement,
35:26on a beaucoup suivi cette pièce.
35:28On a été assez fidèles à la pièce.
35:30J'ai pu réfléchir et penser
35:32à imaginer tout ce que pourrait devenir
35:35ce grand drame
35:38et ce qu'on pourrait en faire
35:39en termes de films de comédie.
35:42Monseigneur est un bel homme.
35:44Et comme ça, tu crois
35:45que je serais mieux que lui ?
35:46Et comme ça, tu crois
35:47que je serais mieux, imbécile ?
35:49Vous ne m'aviez pas dit
35:50que vous étiez gitane.
35:54Il est l'or, Monseigneur.
35:55Il est huit or.
35:56Toute la force de Funès,
35:58c'est dans la rythmique.
36:00C'est là, là, là,
36:01puis d'un coup,
36:02il en manque une, tu vois.
36:03Hop là.
36:04Et là, voilà.
36:05C'est un métronome, le mec.
36:06Et là, boum.
36:07Je suis ministre.
36:08Qu'est-ce que je vais devenir ?
36:09Je suis ministre.
36:10Je ne sais rien faire.
36:12Bon, ben oui, je la maintiens.
36:16...
36:28Il a écrit une magnifique musique
36:29pour la folie des grandeurs,
36:30en effet, parce qu'il voulait,
36:31mon père voulait
36:32une musique de western.
36:33...
36:43Il y a des moments
36:44qui ont été tout à fait
36:45extraordinaires de trouvailles.
36:46Par exemple, le moment
36:47où il perd la voix.
36:49Il a une petite voix
36:50qui sort de son gosier minuscule.
36:52Il perd la voix.
36:53...
36:55C'est une ligne dans le scénario
36:56qui perd sa voix.
36:57Mais il en fait
36:58une scène extraordinaire.
37:00Et là encore,
37:02leur complicité fait
37:03qu'il laisse tourner,
37:05qu'elle est plus longue que prévue
37:06et que c'est ça qui est drôle.
37:07Non, mais d'ailleurs,
37:08dans la folie des grandeurs,
37:09il y a pas mal de cartoons
37:10un peu...
37:11...
37:16Et puis, au fil des ans,
37:17le film a pris
37:18une sorte de ferveur,
37:20notamment chez les enfants.
37:22Moi, j'ai vu ça
37:23chez mes petits-enfants.
37:25Quelque chose, justement,
37:27qui touche au burlesque,
37:29au costume,
37:31à ce ton quand même
37:34extrêmement libre
37:36par rapport à une oeuvre classique,
37:39qui fait que je pense
37:41que ce qui avait un tout petit peu
37:42déstabilisé le public de l'époque
37:44a été ce qui a rendu
37:46le film plus intéressant
37:47au fil des ans.
37:48La folie des grandeurs
37:49fera tout de même
37:50plus de 5 millions d'entrées.
37:52Louis de Funès est baptisé
37:53par la presse
37:54le roi de Paris,
37:55le bienfaiteur de l'humanité.
37:57En 1972,
37:58Louis de Funès reprend
37:59le chemin des planches
38:00avec sa pièce fétiche Oscar.
38:02Un an plus tard,
38:03le comédien termine
38:04les dernières répétitions
38:05de La valse d'Ettore Ador,
38:06pièce de Jean Anouilh.
38:08Au même moment,
38:09en octobre 1973,
38:11il est à l'affiche
38:12du dernier film de Gérard Roury,
38:13Les aventures de Rabi Jacob,
38:15pour lequel il s'est dépensé
38:16jusqu'à épuisement.
38:18Rabi Jacob me fait mourir,
38:19c'est mon film favori.
38:21Rabi Jacob,
38:23Rabi Jacob,
38:25Rabi Jacob, là,
38:27fantastique Louis,
38:29ce goût de la musique
38:30et du rythme et du jazz.
38:39Il a eu des répétitions intenses
38:40avec Ilan Zawi,
38:41qui était le fondateur,
38:43le créateur de cette chorégraphie.
38:50Encore une fois,
38:51ça donne l'illusion
38:52d'être très facile,
38:53mais c'est un vrai, vrai boulot.
39:00J'étais dans le métro
39:01puis j'ai commencé
39:02à regarder le scénario,
39:04puis je voyais marquer,
39:06je feuilletais les pages
39:07Salomon, Salomon, Salomon.
39:16Salomon, pourquoi il est encore là,
39:17Salomon ?
39:18Je veux dire,
39:19je voyais Salomon partout,
39:20je me dis, mais qu'est-ce que c'est
39:21que ce rôle ?
39:22Mais c'est énorme !
39:23On parlait du racisme,
39:24de l'antisémitisme,
39:25on parlait des Juifs,
39:26on parlait des Arabes,
39:28il y avait, il y avait,
39:30et on en parlait
39:31avec une grande liberté
39:32que nous n'aurions plus aujourd'hui.
39:33Moi aussi, je marie ma fille.
39:34Félicitations !
39:35C'est pas ma fille,
39:36ça m'a rien dit de noir,
39:37ça m'a rien dit de noir !
39:39Et moi, regardez comment je suis !
39:40La Gaumont d'ailleurs,
39:41qui avait produit le film d'avant,
39:43qui était donc
39:44La feuille de grandeur,
39:45et celui d'avant,
39:46qui était Le Cerveau,
39:47n'ont pas voulu faire
39:48Rami Jacob.
39:49Monsieur ne m'avait pas dit
39:50que monsieur était Juif,
39:51parce qu'hier je ne l'étais pas,
39:52voilà.
39:53Il ne faut pas oublier,
39:54c'est que c'est un film
39:55qui repose énormément
39:58sur le message qu'il a dit,
40:00c'est un message de générosité,
40:02de paix.
40:03Concernant Louis de Funès,
40:04évidemment,
40:05on écrivait les films
40:06pour lui.
40:09Et ce qui était intéressant,
40:10c'est que les rôles
40:11qu'on écrivait pour lui,
40:12alors là, du coup,
40:13auraient été impensables
40:14pour quelqu'un d'autre,
40:15déjà.
40:16Donc ça,
40:18ça donnait déjà au départ
40:19un ton,
40:21où on imaginait
40:22ce qu'il ferait,
40:23mais évidemment,
40:25il le faisait en mieux.
40:26C'était un miracle,
40:27le Salomon,
40:28un vrai miracle !
40:31On entend les voix
40:32des comédiens
40:33quand on écrit les dialogues,
40:34on les entend,
40:35on les connaît,
40:36leurs voix,
40:37on connaît leur rythme
40:38de langage,
40:39on connaît leur tic,
40:40on connaît tout ça.
40:41Donc,
40:43on compte sur eux
40:44quand on écrit ces dialogues.
40:49C'est pas pour rien
40:50qu'on l'a appelé
40:51Victor Pivert,
40:52comme un pivert.
40:53C'était Woody Woodpecker,
40:54le fameux...
40:55Je sais pas si vous avez connu
40:56tout ce personnage
40:57des dessins animés,
40:58mais c'est vrai
40:59qu'il a absolument
41:00le rythme
41:01d'un personnage
41:02de dessin animé.
41:05Oury,
41:08lui faisait faire
41:1015 prises des fois.
41:12Au début,
41:13je croyais que c'était de moi,
41:14que c'était de ma faute,
41:15qu'on faisait...
41:16que c'était mal.
41:17Puis à chaque fois,
41:18il s'en prenait tour
41:19à De Funès.
41:20Et je comprenais pas
41:21pourquoi il faisait ça.
41:22Et pourtant,
41:23parce que De Funès
41:24était bien la première,
41:25c'était génial.
41:26Je comprenais pas.
41:27Mais Oury était un renard.
41:28Il savait très bien
41:29que c'était bien
41:30ce que faisait De Funès.
41:31Mais si lui,
41:32on faisait faire
41:33une dizaine de prises,
41:34au bout d'un moment,
41:35De Funès serait forcé
41:36de trouver autre chose
41:37et là,
41:38ça serait génial.
41:39Mon père le poussait,
41:40le poussait,
41:41le poussait,
41:42mais de temps en temps,
41:43c'est vrai que quand,
41:44par exemple,
41:45il disparaît
41:46dans la cuve de chewing-gum
41:47et il reparaît,
41:48ce qui était,
41:49en effet,
41:50imaginé dans le scénario,
41:51mais il le refait
41:52une deuxième fois
41:53sans qu'on lui demande.
41:55Ce qu'il a fait,
41:56d'ailleurs,
41:57c'est le fameux incident
41:58qui a eu lieu
41:59pendant le tournage
42:00de Ravi Jacob,
42:01où tout à coup,
42:02c'était pas des grimaces
42:03gratuites.
42:06Là,
42:07si tout à coup,
42:08il ne faisait plus de grimaces,
42:09il n'y avait plus de scène.
42:10Donc,
42:11ce n'était pas du tout,
42:12du tout gratuit.
42:13Et il s'est tombé là-dessus
42:14ce fameux jour
42:15où il a lu cette critique
42:16sur un autre film
42:17qui était sorti
42:18la semaine d'avant
42:19et ça l'avait ulcéré.
42:28Les aventures de Ravi Jacob
42:29signent le quatrième succès
42:30consécutif au box-office
42:31en tandem avec Gérard Houry.
42:33Louis Defunès aura désormais
42:34une confiance aveugle
42:35en son réalisateur.
42:37Qu'est-ce que Gérard Houry
42:38représente pour vous,
42:39maintenant ?
42:40Il représente,
42:41il m'a remis
42:42sur les vrais rails
42:46que je ne quitterai plus
42:48maintenant de ma carrière,
42:49c'est-à-dire essayer
42:50de faire des films
42:51de qualité.
42:53Un nouveau projet
42:54intitulé Le Crocodile
42:55va prochainement voir le jour.
42:57Malheureusement,
42:58l'acteur est victime
42:59d'un infarctus
43:00en 1975
43:01et le projet avorte.
43:03L'histoire d'un dictateur
43:04dans un pays
43:06imaginaire d'Amérique du Sud
43:09et qui était un homme,
43:11un dictateur de droite
43:15qui est à la faveur
43:17tout à coup d'un révolte
43:18dans son pays.
43:19Il était marié
43:20avec une cantatrice
43:22avec laquelle il avait
43:23des rapports extrêmement difficiles.
43:25On rendait un culte
43:26au char
43:27avec lequel il avait
43:28pris le pouvoir.
43:30Il était sur un piédestal.
43:32On l'appelait Le Crocodile,
43:33c'était son surnom.
43:39Lui a eu son infarctus.
43:41Effectivement,
43:44ça n'a pas pu se faire.
43:47De funès,
43:48star du box-office
43:49devient du jour au lendemain
43:50infréquentable dans la profession.
43:52Une longue convalescence
43:53va être nécessaire
43:54au rétablissement du comédien
43:55passé à deux doigts de la mort.
43:57C'est un producteur fou
43:58acharné,
43:59Christian Fechner,
44:00qui le fait revenir au cinéma
44:01avec l'aile ou la cuisse
44:02de Claude Zidi.
44:03À l'écran,
44:04c'est un autre de Funès
44:05qu'on découvre,
44:06amégré et moins électrique
44:07dans son jeu.
44:09Je pense que le fait même
44:12qu'on dise,
44:13que les médecins disent,
44:14c'est tout à fait justifié
44:15qu'il fallait faire attention.
44:16Rien que cette phrase déjà,
44:18ça ne va pas avec
44:19la dynamique de lui de Funès.
44:21C'est dur quand même
44:22quand tu penses,
44:23tu te dis,
44:24le mec s'est battu toute sa vie
44:25pour avoir ce personnage
44:26et tout d'un coup,
44:27il n'est plus électrique
44:28parce qu'il ne peut plus tenir
44:29la rythmique,
44:30la dynamique de ce personnage.
44:32Mais oui,
44:33ça a été adapté.
44:34C'est sûr qu'il y en avait
44:35un et avant,
44:36c'est-à-dire que tout d'un coup,
44:37le jeu était beaucoup plus lent
44:38et lui l'a réadapté.
44:40J'ai nommé...
44:41J'aimerais passer
44:42ma commande,
44:43s'il vous plaît.
44:44J'ai nommé
44:45Louis de Funès.
44:47Excusez-moi,
44:48mais j'ai réservé
44:49une table
44:50pour Mr Young.
44:51Je suis Mr Young.
44:58De Funès, à l'époque,
44:59est content.
45:00Il se dit content
45:01parce que ça le fait revivre.
45:02Il y a beau avoir
45:03une ambulance
45:04à la sortie du plateau
45:05et une crainte
45:06absolument terrible
45:07des producteurs,
45:08est-ce que de Funès
45:09tiendra le coup ?
45:10Est-ce qu'il va même
45:11survivre au tournage ?
45:12On se pose
45:13cette question-là.
45:14De Funès va-t-il survivre
45:15à la loupe la cuisse ?
45:16De Funès, lui,
45:17joue à fond le jeu,
45:18ne s'économise pas
45:19dans la manière
45:20qu'il s'y trouve.
45:21C'est-à-dire qu'il n'y a pas
45:22d'excuses.
45:23Il joue à fond le jeu,
45:24ne s'économise pas
45:25dans la mesure
45:26de ses moyens.
45:27Même là,
45:28même s'il sous-joue
45:29par rapport à son personnage
45:30survolté,
45:31à son personnage
45:32Donald Duck,
45:33de Funès,
45:34c'est Donald.
45:35J'ai dit que c'était
45:36très simple.
45:37Vous avez qu'à vous laisser faire
45:38et il vous fait des gags.
45:40Vous êtes drôles
45:41par lui-même.
45:42Vous préparez un café
45:43et le café vous explose
45:44à la gueule.
45:45Les gens rient.
45:47Son tandem
45:48avec Coluche,
45:50dans L'aile ou la cuisse,
45:51c'est une forme
45:52de passage d'orlée.
45:53Il transmet
45:54à la génération
45:55du café-théâtre
45:56le bâton de maréchal
45:58de la comédie.
46:06C'est quand il devait
46:07tourner avec Coluche
46:08qu'il s'est rendu compte
46:09qu'il n'y avait pas
46:10d'excuses.
46:11Il n'y avait pas
46:12d'excuses.
46:13Il n'y avait pas
46:14d'excuses.
46:15Quand il devait tourner
46:16avec Coluche,
46:17il ne le connaissait pas trop.
46:18C'est encore un peu
46:19cet espèce de mec
46:20de café-théâtre
46:21que la jeune génération
46:23aimait beaucoup.
46:24Est-ce qu'il se voyait
46:25jouer avec lui ?
46:26Tout d'un coup,
46:27son fils...
46:28En tout cas,
46:29sa famille était très importante
46:30pour ses choix.
46:32Son fils lui a dit
46:33que c'est un mec formidable.
46:34Vas-y.
46:38Malgré tout,
46:39L'aile ou la cuisse
46:40est un succès.
46:41De funès ressuscités,
46:42il prend sa revanche
46:43sur ceux qui l'avaient
46:44et un an plus tard,
46:45le même Fechner saisit
46:46l'opportunité de réunir
46:47à l'écran
46:48deux funès
46:49et Annie Girardot.
46:50Ils en rêvaient,
46:51Ziddy l'a fait.
46:54Bernardette,
46:55Guillaume,
46:56nous sommes mariés
46:57depuis 23 ans.
46:58Tu m'as eu jeune fille,
46:59tu m'as gardé femme,
47:00je t'admire malgré ton génie,
47:01je t'aime,
47:02mais maintenant,
47:03j'ai sommeil.
47:04C'est complété.
47:05C'était drôle cette histoire.
47:08Et comment il l'a fait ?
47:11Je ne peux pas expliquer.
47:12Ça a été inné.
47:13Pour moi,
47:14ça a été une rencontre
47:15foudroyante
47:16avec un acteur.
47:17L'invention qu'il avait,
47:18je veux dire.
47:19Et puis,
47:20en même temps,
47:21une espèce de tendresse
47:22qu'il y avait
47:23dans ce couple.
47:24Et c'est ça
47:25que j'ai aimé beaucoup.
47:26Alors,
47:27derrière la maison,
47:28il y a de la place.
47:29Mon potager,
47:30mon potager,
47:31200 mètres carrés.
47:33Guillaume,
47:34mon chéri,
47:35jamais.
47:36On était vraiment
47:37la bonne femme
47:38et son bonhomme.
47:39Et on s'engueulait,
47:40mais c'était
47:41de gaieté de cœur.
47:42Puis après,
47:43on rigolait.
47:48Il est exactement
47:49ce que doit être
47:50un acteur.
47:51Il est là.
47:52Il sait ce qu'il a.
47:53Il donne.
47:54Il donne,
47:55il donne,
47:56il donne.
47:57Il regarde
47:58et il s'étonne.
48:01On a eu une photo,
48:02d'ailleurs,
48:03tous les deux,
48:04qui a étonné tout le monde
48:05parce qu'évidemment,
48:06c'était presque...
48:09Comme des amoureux,
48:10ce qui n'était pas le cas.
48:11Mais,
48:12finalement,
48:14utopiquement,
48:15je veux dire,
48:16c'est une espèce de chose,
48:17ici,
48:18qu'on s'aimait vraiment.
48:20Mais c'est tout.
48:21Ça n'est resté
48:22que sur la photo.
48:23Ni dans le film,
48:24ni dans la vie,
48:25il y a eu
48:26quoi que ce soit de ça.
48:27Mais sur la photo,
48:28oui.
48:36De Funès,
48:37c'est l'une des dernières
48:38stars absolues
48:39du box-office.
48:40À une époque
48:41où Delon
48:42ne fait plus
48:43des succès systématiques
48:44sur son nom.
48:45À une époque
48:46où peut-être,
48:47lui seul,
48:48et éventuellement Belmondo,
48:49cartonne d'un film
48:50sur l'autre,
48:51quel que soit le film.
48:52On peut dire que
48:53De Funès,
48:54c'est la fin du star system.
48:55Mais il y a
48:56des premiers signes
48:57d'effritement.
48:58La population en salle
48:59rajeunit.
49:00Le cinéma américain
49:01revient en force
49:02à la fin des années 70.
49:03C'est un cinéma d'effets spéciaux.
49:04C'est l'entrée en force
49:05de Spielberg.
49:06Il faut quand même
49:07se rendre compte
49:08que le gendarme
49:09est un peu une réponse
49:10à Rencontre du troisième type.
49:11On peut un peu rigoler.
49:12Mais il y a un peu de ça aussi.
49:13Et d'une certaine façon,
49:14ça fonctionne aussi bien
49:15sinon mieux.
49:16Même si la recette
49:17de Funès
49:18remplit les salles,
49:19les films du début
49:20des années 80
49:21ne brillent pas
49:22par leur qualité
49:23et l'acteur a du mal
49:24à renouveler son comique.
49:25C'est-à-dire que c'est
49:26surtout au moment
49:27du gendarme
49:28et des gendarmettes
49:29qu'il n'était plus
49:30très bien.
49:31C'est que c'est surtout
49:32lui qui trouvait les gags.
49:33C'est-à-dire que c'est surtout
49:34au moment
49:35du gendarme
49:36et des gendarmettes
49:37qu'il n'était plus
49:38très bien.
49:39C'est que c'est surtout lui
49:40qui trouvait les gags.
49:41Et là,
49:42il était un peu en dehors,
49:43un peu ailleurs,
49:44trop fatigué.
49:45Louis de Funès
49:46est fatigué.
49:47Le cœur n'y est plus
49:48et le cœur ne tient plus.
49:49Il lâche définitivement
49:50l'acteur
49:51le 27 janvier 1983
49:52à l'âge de 68 ans.
49:53Alors,
49:54on a beau dire
49:55cette phrase
49:56« Personne n'est irremplaçable »,
49:57si !
49:58« Personne n'est irremplaçable »
49:59c'est une phrase
50:00qui est très bien
50:01et qui est très bien
50:02et qui est très bien
50:03et qui est très bien
50:04et qui est très bien
50:06« Personne n'est irremplaçable »
50:08si,
50:09il y en a qui ne sont pas remplacés.
50:10Il a vécu
50:11une vie extraordinaire
50:12grâce à son métier.
50:13Je crois que c'est ça
50:14qu'il faut garder.
50:15Je suis sûr
50:16qu'il aurait pu jouer
50:17des rôles dramatiques.
50:20Mais il n'avait pas
50:21épuisé le comique
50:25de ce personnage
50:26qu'il avait créé.
50:27Moi,
50:28je suis très triste
50:29qu'il soit parti.
50:31Pas seulement
50:32professionnellement aussi,
50:33pour le cinéma,
50:34oui !
50:35Mais à chaque fois,
50:36au moins,
50:37c'est la fête
50:38parce qu'à chaque fois
50:39qu'un film...
50:40Moi, j'ai des cachetettes,
50:41j'ai tout
50:42et à chaque fois,
50:43je pense que si
50:44pour tout le monde pareil,
50:45on a deux funestes,
50:46on regarde,
50:47peu importe ce que c'est,
50:48ça s'appelle
50:49la laine,
50:50la cuisse,
50:51on s'en fout.
50:52Il est là.
50:53Il est là
50:54et on en a besoin.
50:55Il est encore
50:56dans le cœur
50:57de tout le monde
50:58parce qu'on n'arrive
50:59pas à l'oublier.
51:00Il nous a marqués
51:01justement
51:02par cette manière
51:04de se voir.
51:07Il a une clarté
51:08de vue sur lui-même.
51:10Ce que je trouve
51:11extraordinaire,
51:12justement,
51:13c'est le retour
51:14de deux funestes.
51:15C'est-à-dire
51:16qu'en effet,
51:17ces films,
51:18que ce soit
51:19Les gendarmes,
51:20Fantomas,
51:21les fameux films
51:22de mon père,
51:23je dis les fameux
51:24parce que c'est vrai
51:25que le public les adore
51:26et les aime de plus en plus.
51:27C'est un phénomène très rare.
51:33Louis de Funès,
51:3430 ans après sa disparition,
51:35fait toujours rire.
51:37Son comique
51:38est intergénérationnel.
51:39Son génie
51:40du burlesque muet
51:41et son personnage
51:42de français impulsif
51:43et râleur
51:44sont gravés à jamais
51:45dans nos mémoires.
51:46En atteignant
51:47une forme d'absolu
51:48dans son jeu,
51:49il a créé un comique
51:50que personne,
51:51ni avant
51:52ni après lui,
51:53n'a égalé.
51:54Il a passé
51:55le mur du son.