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15 000 sanctions et restrictions plus tard, l’économie russe est toujours debout. L’objectif des gouvernements occidentaux était pourtant bien de l’étouffer pour assécher le financement de la machine de guerre du Kremlin. Seulement voilà, selon les données du Fonds monétaire international (FMI), la Russie a enregistré une croissance plus rapide que celle de la zone euro et des États-Unis en 2023, et il en sera de même cette année. Une année 2024 commencée tambour battant avec un PIB en hausse de près de 5% au 1er semestre, ce qui place le pays au-dessus des États-Unis et loin devant une Europe à la traîne. Alors certes, le FMI anticipe désormais un sacré coup de frein en 2025, mais cela ne reste qu’une prévision maintes fois annoncée et toujours prise à défaut. Faut-il pour autant conclure sur l’inefficacité des mesures prises ? Pour le décréter, il faut d’abord revenir sur la stratégie occidentale mise en place. [...]

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00:0015 000 sanctions et restrictions plus tard, l'économie russe est toujours debout.
00:15L'objectif des gouvernements occidentaux était pourtant bien de l'étouffer pour assécher le financement de la machine de guerre du Kremlin.
00:23Seulement voilà, selon les données du FMI, la Russie a enregistré une croissance plus rapide que celle de la zone euro et des États-Unis en 2023.
00:34Et il en sera de même cette année.
00:37Une année 2024 commençait tambour battant avec un PIB en hausse de près de 5% au premier semestre,
00:42ce qui place le pays au-dessus des États-Unis et loin devant une Europe à la traîne.
00:48Alors certes, le FMI lui anticipe désormais un sacré coup de frein en 2025.
00:53Mais cela ne reste qu'une prévision, maintes fois annoncée et toujours prise à défaut.
00:57Faut-il pour autant conclure sur l'inefficacité des mesures prises ?
01:02Pour le décréter, il faut d'abord revenir sur la stratégie occidentale mise en place.
01:07Outre le tarissement des entrées de devises via l'embargo sur les hydrocarbures,
01:12l'arme de destruction massive jouée est celle d'une déstabilisation économique par la guerre des changes.
01:18L'effondrement de la monnaie devait déclencher une réaction en chaîne.
01:23Ranchérissement des produits importés, rationnement des importations, donc de l'offre,
01:27pour exacerber les pénuries liées aux restrictions à l'export imposées par l'UE et les États-Unis.
01:34Ce cocktail devait conduire à l'effondrement de la croissance et à une flambée inflationniste, voire hyperinflation.
01:42Ce plan n'est pas sans failles.
01:44La principale est issue d'une combinaison mêlant préservation d'une partie des recettes issues des énergies fossiles,
01:52réorientation géographique du commerce extérieur, substitution des imports par une production plus locale,
01:58et enfin mise en place d'une économie de guerre.
02:01Si les statistiques sur les hydrocarbures sont aussi une arme de propagande,
02:05il émerge cependant de façon quasi-certaine que si les productions de pétrole et de gaz ont effectivement baissé,
02:12elles ne se sont pas effondrées.
02:15Et deux, l'Inde, la Chine, la Turquie se sont substituées à la clientèle européenne
02:20pour tout ce qui concerne les combustibles fossiles, charbon compris.
02:24Résultat, la rente issue des matières premières persiste en partie avec ce bémol,
02:29elle s'est réduite compte tenu des conditions tarifaires pratiquées.
02:32Mais même entamée, cette manne a permis jusqu'à maintenant de financer à la fois les fonds de guerre,
02:38qui sollicitent énormément l'appareil productif,
02:41de distribuer des prestations sociales en soutien aux pouvoirs d'achat et des subventions aux entreprises.
02:48Coupée des piliers occidentaux, la Russie est parvenue à trouver auprès des BRIC,
02:52un ensemble commercial, politique, financier et monétaire,
02:55lui offrant une alternative notamment en matière d'approvisionnement.
02:59Si le plan des Occidentaux ne se déroule pas comme prévu, il n'est pas sans impact non plus et des fissures sont apparues.
03:06La substitution des importations occidentales, par celles venues d'ailleurs, n'est pas parfaite,
03:12ce qui crée à la fois des problèmes d'approvisionnement et de tensions sur les prix des imports.
03:17En aidant l'Ukraine, le conflit se prolonge et a contraint la Russie à totalement réorganiser son économie
03:23autour des besoins de son armée, dont le revers de la médaille prend trois aspects.
03:28Cela crée des tensions sur l'offre, ce qui avec la hausse des coûts des imports alimente l'inflation générale.
03:35Elle dépasse désormais 9%, très loin de la cible de 4% fixée par les autorités monétaires.
03:41Signe que la hausse des prix est désormais bien ancrée, l'inflation sous-jacente, qui donne la tendance de fonds, progresse également.
03:50Le gonflement du budget de la défense et de la sécurité, près de 9% du PIB,
03:54finit par poser des problèmes d'allocation des ressources et déstabilise les finances publiques.
04:00Enfin, plus la guerre s'enlise, plus le rôle va devenir sensible au contexte géopolitique.
04:06Certes, ces pertes face au dollar restent finalement limitées depuis le début du conflit, environ 16%.
04:11Mais ces derniers sous-brousseaux à la suite de l'offensive ukrainienne cet été montrent sa fragilité.
04:17Cela a contraint la Banque centrale à relever de 200 points de base, c'est au fin juillet, pour les porter à 18%.
04:23La Russie est engagée dans un conflit économique majeur avec l'Occident.
04:28Contre toute attente, ces digues ont tenu bon, mais des fissures apparaissent.
04:31Les sanctions occidentales semblent devoir être un poison à diffusion lente.
04:36La guerre économique est aussi une guerre d'usure.

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