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« Ils s’adressent à nous en parlant de notre conscience, en nous faisant presque culpabiliser. » Jean-Malo a été tiré au sort comme juré d’assises pour une affaire de meurtre. Pour neo, il raconte son expérience. ⚖️

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00:00Ce premier jour, je rentre chez moi dans le métro, je m'assois et à deux mètres de moi,
00:05il y avait quatre des co-accusés qui étaient à côté de moi et je ne vous cache pas que ça m'a fait tout drôle.
00:10Bonjour, j'ai été appelé à jurer à la cour d'assise de Paris pour une affaire de meurtre
00:14et aujourd'hui, je vais vous raconter les dessous de ce procès.
00:17En tant que citoyen, vous avez été appelé à siéger à la cour d'assise
00:21aux côtés des magistrats professionnels pour participer au jugement des affaires les plus graves, les crimes.
00:26Ces fonctions constituent un devoir pour chaque citoyen
00:28et sont indispensables au fonctionnement de la justice.
00:30Vous ne pouvez refuser d'être juré et vous êtes tenu de remplir vos fonctions
00:34comme votre employeur est tenu de vous libérer pour exercer celles-ci.
00:37Tout juré qui, sans motif légitime, ne sera pas présenté
00:40pourra se voir condamné à une amende d'un montant maximum de 3 750 euros.
00:45C'est un peu comme gagner au loto parce que finalement, je crois à Paris, si je ne me trompe pas,
00:49il y a 6 500 personnes qui sont tirées au sort chaque année.
00:52On arrive, il y a une caisse en bois énorme devant la juge où il y a nos noms à l'intérieur
00:57et elle nous explique qu'en fait, les avocats de la défense, le procureur général, ils peuvent nous récuser.
01:03Et cette récusation, elle est complètement arbitraire.
01:05Ça va être sur le nom, le physique, je pense.
01:07Ça va être sur la profession et ça va être aussi sur l'âge et le sexe.
01:11Ce premier jour, je rentre chez moi dans le métro.
01:13Je m'assois et à deux mètres de moi, il y avait quatre des co-accusés qui étaient en contrôle judiciaire
01:20qui étaient à côté de moi et je ne vous cache pas que ça m'a fait tout drôle.
01:23Je ne sais pas si c'était de la peur, mais je n'étais pas rassuré.
01:25Je me disais que finalement, c'était des gens comme moi et qu'on habitait peut-être le même endroit, le même arrondissement.
01:32Donc, ce n'est pas très rassurant.
01:33Finalement, il n'y avait pas une barrière entre nous et on allait se croiser pendant dix jours.
01:38En fait, ils connaissent mon visage, je connais leur visage.
01:40On sera peut-être amené à se recroiser un jour.
01:42Le procès, c'est d'abord la parole aux accusés et on passe au pain de fin toute leur vie.
01:48Donc, on a des experts en personnalité.
01:50On a des psychologues, des éducateurs de rue, leurs professeurs, les parents.
01:54Donc, sur ces sept accusés qui étaient présents, on a eu toute leur famille, toutes les personnes qui ont été proches d'eux,
02:00qui sont venues nous parler de leur vie et de comment ils sont dans leur vie.
02:03On passe aussi au pain de fin l'enquête.
02:05Donc, il y a le commandant qui vient, qui décrit toute l'enquête.
02:08On a la médecin légiste aussi, qui vient nous faire son rapport d'autopsie.
02:12Et puis, évidemment, pendant les interrogatoires, etc.,
02:16on a des passes d'armes en quelque sorte entre la juge, les avocats, de la défense, des parties civiles.
02:22Moi, il y a un moment qui m'a marqué.
02:23Ce serait le moment où on a reçu la médecin légiste.
02:26On voit les photos de l'autopsie qu'elle va commenter.
02:29On a tous vu des films, mais là, ça faisait six jours qu'on parlait déjà de la victime, de son vécu.
02:34Et là, de le voir mort sur une table froide avec une blessure à l'arme blanche
02:38et qu'ensuite, on rentre dans l'autopsie, c'est-à-dire que le corps est découpé, la peau est retirée du corps.
02:44Là, ça devient très pesant et c'est des images qui sont lourdes,
02:47mais d'une certaine manière, on peut détourner le regard.
02:49Mais c'est aussi notre devoir d'avoir regardé ces images
02:52parce que ça nous montre qu'on n'est pas sur une affaire banale.
02:55Et ça, c'était la partie la plus dure.
02:56On enquête, on écoute l'avis de chacun.
02:59Et d'un coup, il y a une cassure au long du procès.
03:02On ne sait plus quoi penser.
03:03On doute, on remet tout en question.
03:05On revient sur ses notes.
03:06On essaye de poser un maximum de questions.
03:08Et le moment crucial de ça, c'est au moment des plaidoiries.
03:11Il y a d'abord le parti civil.
03:12Donc, quand on les entend défendre la victime, on est derrière eux.
03:15Quand on entend l'avocat général, le procureur faire son réquisitoire,
03:20on est derrière lui.
03:21On veut que la peine soit lourde.
03:23Et puis, quand on entend tous les avocats de la Défense,
03:26on ne sait plus quoi penser.
03:27Ils s'adressent à nous en parlant de notre conscience,
03:29en nous faisant presque culpabiliser, je trouvais.
03:31Et suite à toute cette plaidoirie, on quitte la salle d'audience
03:34et on va délibérer.
03:35Et là, on se retrouve un peu face à nous-mêmes.
03:37Et il faut donner la juste peine.
03:38Et en fait, pour qu'une décision soit prise, il faut qu'il y ait une majorité.
03:41Donc, on rentre dans une salle.
03:42Il y a la Défense qui nous regarde avec insistance
03:45pour déceler dans nos yeux ce qu'on a décidé de déclarer comme peine.
03:48Et la juge lit tous les chefs d'accusation et les peines encourues.
03:52Ça nous relâche aussi, en quelque sorte.
03:53On est soulagé que ça se termine.
03:55Il y a la famille des victimes aussi qui est soulagée.
03:57Le verdict était assez simple.
03:59Toutes les personnes qui étaient sur le banc des accusés
04:01ont été condamnées avec des peines plus ou moins lourdes
04:04en fonction de leur implication dans l'affaire.
04:06Quand on est juré, on prend tout en compte et en considération.
04:10Donc, je sais que maintenant,
04:11quand je vais lire une décision de justice dans les médias, etc.,
04:14je vais pouvoir peut-être mieux l'appréhender et mieux comprendre
04:17déjà de quel outil dispose la justice
04:20et de comment se déroule un procès.
04:21Et ça, je pense que c'est très important
04:23et je souhaite vraiment à tout le monde de vivre un jour cette expérience.

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