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00:00Le Brésil n'a plus accès à Twitter depuis fin août, la Cour suprême a suspendu le réseau social au nom de la lutte contre la désinformation et du complotisme.
00:11Les bolsonaristes sont vent debout, ils crient au complot contre la liberté d'information et d'expression.
00:17Louise Rollet, on vous retrouve en direct de Rio, bonjour à vous.
00:21Le débat polarise une nouvelle fois la société brésilienne.
00:24L'extrême droite s'est rassemblée le week-end dernier à Sao Paulo pour demander la destitution du juge de la Cour suprême qui a pris cette décision de suspendre Twitter.
00:34L'ex-président Jair Bolsonaro était présent à Sao Paulo et il n'a pas mâché ses mots.
00:39Oui, un dictateur qui fait encore plus de mal au pays que Luis Inacio Lula da Silva.
00:49C'est ainsi que l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro a qualifié le juge de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, tyran, psychopathe, criminel.
00:57Les invectives de la part des alliés de Bolsonaro n'ont cessé de fuser tout l'après-midi sur l'avenue Paulista devant près de 45 000 personnes selon le décompte de l'université de Sao Paulo.
01:12Bolsonaro a tout de même réuni bien moins de personnes qu'en février dernier quand il avait réussi à rassembler 185 000 personnes sur cette même avenue Paulista à Sao Paulo.
01:23La manifestation demandait aussi l'amnistie et la libération des personnes emprisonnées suite aux attaques des sièges du pouvoir le 8 janvier 2023 à Brasilia, des prisonniers qualifiés de prisonniers politiques par les bolsonaristes.
01:39Alors pourquoi s'attaquer ainsi à ce juge de la Cour suprême ?
01:44Ces dernières années, il est devenu la figure de proue de la lutte contre la désinformation.
01:50C'est l'ennemi numéro un des bolsonaristes.
01:53Moraes était le président du tribunal supérieur électoral quand l'ancien chef d'état a été condamné l'an dernier à huit ans d'inéligibilité pour ses attaques sans preuve contre le système d'urne électronique.
02:07C'est aussi lui qui conduit les multiples enquêtes visant l'ex-président Jair Bolsonaro.
02:15Bolsonaro se dit victime de persécutions.
02:19Ses alliés ont d'ailleurs lancé une pétition en ligne qui recueille déjà près d'un million cinq cent mille signatures qui demandent la destitution du juge.
02:29Lundi, des sénateurs de l'opposition ont déposé formellement une demande de destitution contre le juge auprès du Sénat.
02:36Les députés bolsonaristes ont menacé de faire pression en faisant obstruction à des projets de loi en cours à la Chambre des députés.
02:44Ce n'est pas la première fois que le juge Moraes est sous le coup d'une demande de destitution.
02:53La dernière fois, c'était en 2021, une demande déposée par Jair Bolsonaro lui-même, alors président de la République.
03:01Cette demande avait été rejetée. Cette année encore, il est peu probable que Rodrigo Pacheco, le président du Sénat, donne suite à cette demande.
03:10En tout cas, la droite est divisée sur la question entre ceux qui ont manifesté samedi en faveur de la destitution
03:15et ceux qui pensent que le moment n'est pas opportun et qu'il y a un manque de force politique pour appuyer cette demande.
03:22Louise, il y a une autre personne qui s'est introduite dans le débat et qui demande aussi d'ailleurs la destitution du juge.
03:28C'est le milliardaire américain Elon Musk, acclamé lors de ce rassemblement le week-end dernier à Sao Paulo.
03:34Forcément, il a une dent contre le magistrat brésilien depuis qu'il a fermé son réseau social.
03:43Oui, tout à fait. C'est d'ailleurs lui qui a permis de grossir un peu les rangs de la manifestation samedi.
03:48Il était partout sur l'avenue Paulista, sur des pancartes, sur des t-shirts à son effigie,
03:54mais aussi dans des messages qui lui étaient adressés comme « Merci Elon Musk de défendre notre liberté ».
04:01En fait, depuis le 31 août, les 22 millions d'utilisateurs de la plateforme X, anciennement Twitter,
04:06n'ont plus accès au réseau social suite à la décision du juge Moraes de suspendre la plateforme,
04:12car Elon Musk refusait de payer des amendes qui s'élèvent à près de 3 millions d'euros,
04:17mais aussi de nommer un représentant légal dans le pays.
04:21En fait, ce bras de fer entre Moraes et Musk, il remonte déjà à quelques mois.
04:26En avril, Musk avait décidé de lever toutes les restrictions imposées par la justice,
04:31celles de bloquer des comptes, soupçonner de diffuser des fake news.
04:35Il avait alors qualifié le juge Moraes de « dictateur », de « pseudo-juge ».
04:40En réponse, Moraes l'a inclus dans l'enquête dont il est le rapporteur sur les milices numériques.
04:46En août, Musk a fermé le bureau de X.
04:49Au Brésil, il parle de censure, d'y agir sous couvert de la liberté d'expression,
04:54alors que pourtant, dans d'autres pays comme l'Inde et la Turquie,
04:57il n'a jamais eu aucun problème à suspendre des comptes suite à des demandes de gouvernement.
05:02Musk, c'est un allié de l'extrême droite mondiale, un proche de l'ex-président américain Donald Trump.
05:08Et lui et Bolsonaro se connaissent depuis déjà quelques années.
05:11En 2022, les deux hommes s'étaient rencontrés dans un hôtel de luxe dans l'état de Sao Paulo.
05:16À ce moment-là, Bolsonaro l'avait qualifié de « mythe de la liberté ».
05:21Il lui avait remis une médaille, celle du mérite de l'ordre de la défense,
05:25pour ses services rendus pour le pays.
05:28Lula, lui, le président Lula, s'allie à la décision de la Cour suprême.
05:34Dans une allocution télévisée diffusée le 6 septembre,
05:38il disait que la souveraineté du pays n'était pas à vendre
05:42et que toute personne, quelle que soit sa fortune, doit respecter la législation du pays.
05:48Samedi, jour de commémoration de l'indépendance du Brésil,
05:53il était, le président Lula, à Brasilia, devant le défilé militaire,
05:57en tribune d'honneur où il s'est affiché avec à ses côtés le président du Sénat, Rodrigo Pacheco,
06:02mais aussi plusieurs juges de la Cour suprême, dont Alexandre de Moraes,
06:06une manière de montrer que le gouvernement fait front uni avec les différentes forces du pouvoir.
06:13En tout cas, ce bras de fer, il intervient à un mois des élections municipales ici au Brésil,
06:18un scrutin qui s'annonce une fois de plus extrêmement polarisé
06:21et qui va permettre de mesurer le rapport de force entre la gauche de Lula
06:25et le camp bolsonariste, l'extrême droite brésilienne derrière Bolsonaro,
06:30même si celui-ci est inéligible jusqu'en 2030.
06:33Merci infiniment Louise Rollet de nous avoir exprimé et expliqué
06:37les enjeux de cette nouvelle polarisation au Brésil.