Ad Astra (2019) James Gray - Mon analyse
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00:00Ad Astra est un film qui n'a pas su trouver son public, tout simplement car le grand public ne s'attendait pas à ce genre de film.
00:06Et ceci est sans aucun doute dû à une communication plus que discutable,
00:09qui a préféré mettre en avant l'action du film, que ce soit dans la bande-annonce ou sur l'affiche.
00:13Je rappelle qu'à la sortie du film, la Fox appartenait déjà à Disney, pas besoin d'en dire plus.
00:17Pourtant, malgré ça, et même si on sent que le film fut amputé de pas mal d'éléments,
00:21James Gray a réussi à conserver la genèse de son message.
00:24Personnellement, Ad Astra m'a mis une claque monumentale.
00:27Tout d'abord grâce à son travail visuel époustouflant,
00:30mais surtout grâce à la profondeur de son personnage principal, campé par un Brad Pitt incroyable de sincérité.
00:35Durant ce road trip spatial, le personnage de Roy va se diriger de plus en plus profondément dans l'espace afin de retrouver son père,
00:41mais ce voyage initiatique va surtout le mener vers les abysses de son subconscient afin de se retrouver lui-même.
00:47En s'immergeant dans le vide spatial, on s'immerge aussi dans la tête du personnage, qui s'est toujours senti seul et abandonné.
00:53Et c'est ce parallèle entre l'espace et l'âme humaine qui va donner au film des moments de pure poésie, parfois irréel.
00:58Roy est totalement déconnecté du monde dans lequel il vit, il le méprise même par moments.
01:03Sa nonchalance et son manque d'émotion sont dus à l'absence de son père qu'il croyait mort,
01:07et qu'il va devoir retrouver dans un voyage périlleux durant lequel il va également devoir se trouver.
01:11Tuer le père afin de pouvoir avancer.
01:13C'est d'ailleurs pour ça que certains ont tendance à le comparer à Apocalypse Now.
01:17Et à raison, puisque James Gray a lui-même avoué s'être inspiré du roman Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad,
01:22qui a également servi de support à Francis Ford Coppola pour Apocalypse Now.
01:25En dehors de ça, tout cet univers futuriste est fascinant.
01:28L'homme a colonisé la Lune et Mars afin d'y implanter son mode de vie, ses habitudes de consommation.
01:33Nous sommes des dévoreurs de monde.
01:35Voilà ce que dit Roy en arrivant dans un complexe commercial situé dans un des nombreux cratères lunaires.
01:39Un exemple s'il en est que James Gray dénonce ici un capitalisme de plus en plus oppressant.
01:44Brad Pitt, lui, s'avère touchant.
01:45À travers son personnage nonchalant, il dégage une grande tristesse, du regret, de l'amertume.
01:50Il n'aime pas ce qu'il est.
01:51Il va avancer dans l'espace en même temps qu'il va avancer dans sa tête.
01:55Et plus il va avancer, plus il va être effrayé de ce qu'il va trouver.
01:58Car au bout du chemin, son père va l'attendre.
02:00Son père qui représente en quelque sorte son côté obscur.
02:03Le poison qu'il porte en lui depuis tant d'années.
02:05Et c'est seulement quand il laissera partir son père qu'il laissera également s'échapper cette partie de lui-même qu'il le ronge.
02:11C'est seulement à partir de là qu'il va vivre et qu'il va aimer.
02:14Voilà entre autres pourquoi je considère Ad Astra comme le meilleur film de cette année 2019.
02:19Le film m'a totalement ensorcelé.
02:21Je n'y ai cherché aucune logique, aucun sens.
02:23J'ai simplement pris part à ce voyage contemplatif unique.
02:27A cette expérience sensorielle incroyablement émouvante.
02:30Et c'est sans doute ce qui a manqué aux différents spectateurs qui n'ont pas aimé le film.
02:33Ce détachement.
02:34Car certains y ont simplement cherché une logique terre à terre.
02:37Oubliant ce qu'est le cinéma à la base, simplement un rêve.
02:40Un moyen de s'évader de cette réalité justement.
02:43Donc oui, le film est sans doute pas réaliste.
02:45Mais ça n'est sans doute pas ce qu'on demande à un film de science-fiction, à une dystopie.
02:49Pour aimer Ad Astra, il faut simplement accepter que le cinéma, bah c'est du cinéma.
02:54Et James Gray fait du sacré bon cinéma.
02:56Il nous offre ici son meilleur film, loin des carcans habituels d'Hollywood.
03:00Il ne choisit pas la facilité de l'action à outrance.
03:03Il nous raconte une histoire qui tourne autour de ses thématiques habituelles.
03:06Et la sublime par certains moments de bravoure et de poésie unique.