• il y a 2 mois
Le 3 octobre 1993, des soldats américains pénètrent dans un immeuble de Somalie afin de capturer le seigneur de la guerre Mohamed Farrah. Ce jour-là, 18 rangers et près de 1000 civils somaliens périssent. Grâce aux témoignages des rangers et de l'ancien ambassadeur de Somalie, ce document retrace les difficultés tactiques qui ont mené à ce drame
Transcription
00:30L'objectif, capturer ou tuer un chef de guerre rebelle, Mohamed Aïdid, et faire rentrer son clan dans le rang.
00:46Des informateurs locaux ont indiqué que des cibles majeures, des fidèles du général Aïdid, vont se réunir dans le centre-ville.
00:55Les Rangers doivent les ramener, morts ou vifs.
01:0015h32
01:07Depuis leur base à l'aéroport de Mogadiscio, des hélicoptères Black Hawk et Little Bird emportent des Rangers et des membres de la Delta Force.
01:19On a survolé l'océan, on a vu les baraques de la périphérie et on est arrivé en ville.
01:30À bord du Black Hawk Super 64, les soldats se préparent.
01:36C'est la première fois que le sergent Matt Eversman, 26 ans, va commander sur le terrain.
01:43Tout à coup, le pilote de l'hélicoptère nous a annoncé qu'on allait lancer l'assaut.
01:50Ça nous a donné une grosse décharge d'adrénaline.
01:53On est descendu de 2000 pieds à 40 pieds.
01:57C'est la phase du vol la plus palpitante et la plus effrayante qu'on puisse imaginer.
02:08L'intervention aura lieu dans un immeuble de trois étages, situé dans un quartier tenu par les rebelles.
02:13Elle devrait durer une trentaine de minutes.
02:19On avait prévu d'établir un cordon de sécurité autour de ce bâtiment
02:24et d'utiliser les petits hélicoptères pour déposer sur le toit les hommes de la Delta Force
02:30afin qu'ils entrent et qu'ils capturent les individus qu'on recherchait.
02:35Les soldats de l'hélicoptère Black Hawk et de la Delta Force,
02:39afin qu'ils entrent et qu'ils capturent les individus qu'on recherchait.
02:4415h42
02:47Une fois les Black Hawk en stationnaire, les Rangers descendront par aérocordage.
02:52Ils seront divisés en quatre groupes.
02:56Et chacun sera chargé de sécuriser un angle du bâtiment.
03:00Le problème c'est qu'on ne voyait rien. Il y avait de la poussière partout.
03:04Elle s'engouffrait dans l'hélicoptère et on ne voyait les toits que par intermittence.
03:10On ne savait pas où on était.
03:14Dans l'hélicoptère du groupe 4.
03:16Le pilote a dit qu'on n'était pas sur zone, qu'on s'était arrêté avant l'endroit où ils devaient nous déposer.
03:23Mais on a quand même sorti les cordes de l'hélicoptère.
03:25Le groupe 4 va devoir rejoindre à pied la position qui lui a été assignée.
03:56À mi-hauteur en descendant, j'ai vu le corps d'un Ranger, Todd Blackburn, couché au sol.
04:05Comme on se faisait tirer dessus, j'ai cru qu'il avait été touché.
04:12Et je n'avais même pas mis le pied par terre.
04:15À cause du blessé, les soldats ne peuvent avancer.
04:20L'infirmier m'a dit, ce n'est pas une balle, il est tombé, la corde lui a échappé.
04:27J'ai cru que Blackburn était mort. Le sang lui coulait de la bouche, du nez et des oreilles. Il allait très mal.
04:35Le groupe 4 est bloqué légèrement au nord du bâtiment, alors qu'il devrait protéger les soldats de la Delta Force,
04:41qui à cet instant précis font irruption dans l'immeuble de l'hélicoptère.
04:47Les soldats de la Delta Force arrivent à l'intérieur du bâtiment.
04:52Le groupe 4 s'arrête à l'intérieur du bâtiment.
04:56Les soldats de la Delta Force arrivent à l'intérieur du bâtiment.
04:59Ils devraient protéger les soldats de la Delta Force, qui à cet instant précis font irruption dans l'immeuble à la recherche des proches d'Aïdid.
05:16Au même moment,
05:20une colonne de véhicules arrive devant le bâtiment.
05:24Elle a pour mission de ramener tout le monde.
05:27Les Rangers, les membres de la Delta Force et les prisonniers.
05:31Ici Uniforme 64, on est en position, à vous.
05:36Danny McKnight est dans le véhicule de tête.
05:40Je me suis positionné à l'endroit prévu. Je voyais le bâtiment et j'attendais qu'on m'appelle.
05:57Les Black Hawks, qui assurent la surveillance et l'appui feu, essuient des tirs.
06:03Jerry Izzo est aux commandes du Super 65.
06:08J'ai entendu les munitions siffler autour de l'hélicoptère.
06:13Et il y a eu deux explosions, deux coups de tonnerre.
06:19Tous les autres hélicoptères bougeaient.
06:21Ils manœuvraient comme ils pouvaient pour éviter d'être touchés.
06:25Mais parfois quand il pleut, on ne peut pas passer entre les gouttes.
06:3316 heures.
06:38Les Américains ont capturé 23 Somaliens, dont deux des principaux collaborateurs d'Aïdid.
06:43La Delta Force s'apprête à être évacuée avec ses prisonniers.
06:50Trois véhicules de la colonne sont envoyés vers le nord pour récupérer le groupe 4,
06:54immobilisés par la blessure de Todd Blackburn.
07:04Les Américains ont été touchés.
07:06Le groupe 4 a été détruit par la blessure de Todd Blackburn.
07:24Depuis le centre opérationnel, le colonel Jerry Boykin surveille la mission
07:29grâce à la retransmission en direct envoyée par les Black Hawks.
07:32Colonel McKnight, embarquez les détenus et ramenez-les à la base.
07:36Reçu.
07:38Ils ont très rapidement capturé les hommes qu'ils étaient allés chercher,
07:42en rencontrant relativement peu de résistance.
07:45En fait, ils ont été en mesure de les ramener plus rapidement que ce que j'avais prévu.
07:53La mission était terminée, on pensait à rentrer.
07:56Je me disais, on est des combattants aguerris, c'est dingue.
08:00Est-ce qu'on va avoir une médaille ?
08:02On pensait à rentrer.
08:08Mais alors que les soldats attendent de recevoir l'ordre de rentrée,
08:11de plus en plus de Somaliens convergent vers le bâtiment.
08:16J'étais loin, mais je suis venu en courant.
08:20J'ai vu plein de gens blessés.
08:22Et une scène de désolation.
08:25C'était un massacre.
08:27Je n'arrivais pas à compter les cadavres.
08:31Ce spectacle ne m'a pas seulement affecté sur le plan physique,
08:34il m'a aussi touché sur le plan psychologique.
08:37J'ai tout vu de mes propres yeux.
08:42On était pris sous un feu nourri.
08:45Le bruit était inimaginable.
08:49Une cacophonie assourdissante.
08:52Une cacophonie assourdissante.
09:17La fusillade faisait tellement de bruit qu'on en avait mal aux dents.
09:22Aux oreilles et aux mâchoires.
09:27Je n'avais jamais ressenti le bruit de cette façon
09:30avant de me retrouver sur le champ de bataille ce jour-là.
09:36C'était un combat à couteau tiré.
09:39Face à des gens que rien n'arrêtait.
09:42Le seul moyen de les stopper, c'était avec nos balles.
09:45Par la force.
09:55Les Black Hawks sont eux aussi dans une situation délicate.
09:59Il y avait de plus en plus de tirs d'armes automatiques et de lances roquettes.
10:05On commençait à s'inquiéter, à se dire,
10:07allez, finissez-en.
10:09Montez dans les véhicules qu'on puisse rentrer.
10:1916h20.
10:4061. Touché.
10:43Je revois l'hélico se mettre à tourner.
10:46Je me suis dit, on dirait qu'il va s'écraser.
10:50Sauf que c'est impossible que ça arrive.
10:53J'ai tout vu.
10:55J'étais surexcité et ravi
10:57quand j'ai vu l'hélicoptère qui s'écrasait.
11:05Des morceaux du Black Hawk ont volé dans tous les sens.
11:08Et l'hélico s'est mis à tourner comme une toupie.
11:25Black Hawk au tapis.
11:27Black Hawk au tapis.
11:29Le Black Hawk 61 s'est écrasé en ville.
11:32Là, on a compris que la mission avait changé.
11:37L'hélicoptère est tombé trois rues au nord du bâtiment.
11:44Une foule de Somaliens se précipite.
11:53Je regardais un autre immeuble
11:55quand j'ai vu un tas de gens courir vers l'endroit où l'hélicoptère était tombé.
11:58Et je me suis dit qu'il ne nous restait pas beaucoup de temps pour arriver sur place.
12:08La colonne de véhicules est dépêchée sur les lieux.
12:11À droite ! À droite !
12:20En chemin, les véhicules récupèrent certains éléments du groupe.
12:24En chemin, les véhicules récupèrent certains éléments du groupe 4.
12:36Le colonel McKnight s'est arrêté.
12:47Nos gars sont montés dans les Humvees qui sont partis en direction du lieu du crash.
12:54Le groupe 2 s'est arrêté.
13:04À pied, le groupe 2 tente lui aussi de rejoindre l'hélicoptère
13:08pour se mettre sous la protection de la colonne de véhicules.
13:11J'ai entendu un cri.
13:19J'ai vu Earl Fillmore de la Delta Force prendre une balle dans la tête.
13:24Le lieutenant Leckner a été touché au tibia.
13:40J'ai regardé de l'autre côté de la rue.
13:42Et je me suis demandé comment un truc pareil pouvait arriver à un gars de la Delta Force
13:46qui avait fait tout ce qu'on lui avait appris.
13:49On essaie de ne pas le montrer, mais quand on commence à se dire
13:51« Bon sang, on n'est pas invincibles, on n'est pas des Supermans »,
13:55il y a un défaut dans notre cuirasse.
14:0016h40
14:04« 64, ça va ? »
14:06Un deuxième hélicoptère, le Black Hawk Super 64 de Mac Durant, est touché à son tour.
14:14« 64 touché ! »
14:17« 64 s'est écrasé ! »
14:21La foule en colère se rue aussitôt sur les lieux.
14:27Il était à 1800 mètres du premier Black Hawk où on avait envoyé tous les gars.
14:52On n'aurait jamais imaginé en perdre deux le même jour.
15:01Deux tireurs d'élite de la Delta Force demandent à être déposés auprès du second Black Hawk
15:05pour protéger son équipage blessé.
15:09Il n'y avait aucun soutien à proximité.
15:12Ils auraient été deux contre un nombre indéterminé de Somaliens.
15:16Donc j'ai dû refuser.
15:22Leur chance d'en sortir vivant était minime.
15:26On leur a demandé s'ils comprenaient les risques et ils ont répondu « oui ».
15:32Mais face à l'afflux de Somaliens, le colonel Jerry Boykin n'a pas le choix.
15:38« Déposez-les. »
15:40Il faut gagner du temps pour les blesser.
15:52La colonne de véhicules tourne en rond.
15:56« Prenez la prochaine à droite en direction du sud. »
15:59Dans le labyrinthe de ruelles.
16:02« Compris. Prochaine à droite. »
16:05On a eu droit à une fusillade infernale.
16:08Les Somaliens se tiraient dessus de l'autre côté.
16:11On a eu droit à une fusillade infernale.
16:14On a eu droit à une fusillade infernale.
16:17On a eu droit à une fusillade infernale.
16:19Les Somaliens se tiraient dessus depuis les deux côtés de la rue.
16:25Un de nos véhicules de tête remontait une rue.
16:29Quand une roquette a frôlé le capot.
16:32« On essuie des tirs importants. Arrêtez, bon sang, arrêtez ! »
16:37Une autre embuscade, d'autres victimes.
16:43On n'était quasiment plus en état d'accomplir notre mission.
16:46On n'était plus opérationnel compte tenu des pertes.
16:50On a plusieurs blessés.
16:53Les véhicules sont à moitié fichus.
16:56Il faut évacuer les blessés le plus rapidement possible.
17:05Gravement diminuée, la colonne renonce à rejoindre le premier Black Hawk
17:10et tente de se frayer un chemin jusqu'à la base américaine.
17:13Blessé, le pilote du second hélicoptère, Mike Durant,
17:17n'est protégé que par les deux tireurs d'élite, Randy Shugart et Gary Gordon.
17:24« Chargeur ! »
17:43Plus tard, Mike nous a raconté que Randy Shugart a crié « Gordy, je suis touché »
17:49et qu'il a cessé de tirer.
18:01L'endroit où le deuxième hélicoptère a été abattu est envahi de somaliens
18:05qui se jettent sur le survivant et sur les cadavres des tireurs d'élite.
18:12Mike a dit qu'ensuite, il a vu une marée de gens déferlés
18:19et il a perdu connaissance.
18:26En piteux état, la colonne de véhicules arrive finalement à la base.
18:32En ville, 99 soldats des Rangers et de la Delta Force
18:36sont cernés autour de l'endroit où s'est écrasé le premier Black Hawk.
18:43Quand la nuit tombe, ils se réfugient dans un bâtiment.
18:54« On était en colère de voir qu'on était sur la défensive.
18:58On était des Rangers, des Delta,
19:00on avait le 160ème Régiment d'Opérations Spéciales au-dessus de nous.
19:04C'était impossible que ces gens nous fassent battre en retraite.
19:08C'était dingue.
19:10Il leur est suffit de jeter une grenade dans la pièce pour qu'on soit tous tués.
19:17Psychologiquement, c'est dur de se dire qu'il y a de fortes chances
19:21qu'on ne tienne pas jusqu'au lendemain.
19:29C'est la première fois que j'ai vu ça.
19:32C'est la première fois que j'ai vu ça.
19:35C'est la première fois que j'ai vu ça.
19:39C'est la première fois que j'ai vu ça.
20:02Vague après vague,
20:04des milliers de militiains se lancent à l'assaut des positions des Rangers.
20:07Ça éliminait le ciel, on aurait dit des éclairs. Les roquettes faisaient un bruit du tonnerre et les douilles nous pleuvaient dessus.
20:15Quand la rue était éclairée, on voyait par intermittence des hommes qui se déplaçaient.
20:20Primo, il y en avait plus que ce qu'on avait cru et Dezio, ils étaient plus proches qu'on pensait.
20:2723h15.
20:30Une immense colonne de secours quitte la base américaine.
20:35Elle se compose de chars d'assauts pakistanais et de blindés malais, d'hommes des Rangers et de la 10e division de montagne.
20:43Et elle a pour mission d'exfiltrer les soldats cernés par l'ennemi.
20:49Larry Moores commande un détachement de Rangers qui retourne en ville.
20:53Ils savaient à quoi s'attendre et ils savaient que la route serait longue et difficile.
21:00Mais il fallait y retourner pour accomplir notre mission.
21:06A 1h55, quand les véhicules de Larry Moores arrivent à côté du deuxième Black Hawk abattu,
21:12ils ne découvrent ni survivants ni cadavres.
21:16Quelques minutes plus tard, la colonne de secours parvient à la position tenue par les Rangers,
21:22près de l'épave du premier hélicoptère.
21:26Tandis que certains soldats embarquent morts et blessés, d'autres dégagent le corps du pilote Cliff Walcott.
21:34Ils ont dû mettre les blessés dans les véhicules, ce qui a pris beaucoup de temps, et les cadavres sur les véhicules.
21:42Les morts ne risquaient plus rien depuis longtemps.
21:50Curieusement, ça ne tirait plus beaucoup, mais tout à coup, ça a repris.
21:59On devait être 7 ou 8 entassés dans le véhicule.
22:03On était tous blessés, ça puait le sang et la sueur.
22:06Et j'ai dit au conducteur, vas-y vieux, appuie sur le champignon et fous ton camp.
22:11Je ne savais pas que les autres étaient encore en train de dégager le corps de Cliff Walcott.
22:18Il n'était pas question qu'ils repartent sans l'avoir sorti, donc ils ont attendu que les gars désossent l'hélicoptère.
22:255h42.
22:30La colonne de secours est enfin prête à partir.
22:37Mais les véhicules, étant remplis de blessés et blessés,
22:41tous les Rangers ne peuvent pas embarquer.
22:44Certains G.I. qui n'ont pas été blessés doivent donc rentrer à pied.
22:49C'était n'importe quoi.
22:52Théoriquement, on devait courir à côté des blindés pour qu'ils nous protègent.
22:57Mais dès qu'on est arrivés au premier croisement, le véhicule s'est arrêté,
23:02et on ne pouvait plus courir.
23:04Les Rangers et les soldats de la Delta Force vont parcourir ce qu'on surnommera les 1800 mètres de Mogadiscio
23:10pour rallier le stade de football tenu par l'ONU.
23:16Par miracle, aucun blessé ne sera déploré.
23:22J'ai vu un camion de 5 tonnes revenir à l'aéroport.
23:25Je me suis dit qu'il n'y avait aucun problème.
23:29J'ai vu un camion de 5 tonnes revenir à l'aéroport.
23:33Dedans, il y avait des corps, des morts et des blessés.
23:42Je me suis approché pour aider les gars à baisser le haillon arrière,
23:46et à ce moment-là, le sang s'est mis à couler par terre.
23:50Ça m'a vraiment fichu un coup terrible.
23:53Tous ces hommes étaient sous ma responsabilité.
23:58Côté américain, le bilan fait état de 18 morts et 84 blessés.
24:03Le pilote du second Black Hawk est prisonnier, et nul ne sait où il est retenu.
24:08Mike Durant, l'armée de terre.
24:24On estime qu'il y a entre 500 et 1 000 victimes somaliennes.
24:31Aux États-Unis, les images des cadavres des G.I. traînés dans les rues de Mogadiscio
24:36suscitent horreur et indignation.
24:42En retraçant le fil des événements, nous allons vous révéler
24:45comment une milice mal organisée et sous-équipée
24:48a réussi à tenir en échec des troupes d'élite.
24:53Les troupes américaines ont été envoyées en Somalie en mars 1992.
24:57Dans le cadre d'une mission humanitaire des Nations Unies,
25:00l'opération Restore Hope, pour protéger et distribuer l'aide alimentaire.
25:07Pas trop près ! Écartez-vous !
25:09On empêche la foule de voler les céréales,
25:12mais comme elle est de plus en plus incontrôlable, on doit veiller à la sécurité.
25:17Robert Oakley était ambassadeur extraordinaire des États-Unis en Somalie.
25:23Les forces de Restore Hope avaient montré
25:25qu'elles pouvaient relever n'importe quel défi de manière impartiale.
25:29Elles étaient dirigées conjointement par les États-Unis et l'ONU
25:32et composées de civils et de militaires.
25:35Leur objectif, c'est de protéger et distribuer l'aide alimentaire.
25:39Leur objectif, c'est de protéger et distribuer l'aide alimentaire.
25:42Mais en août 93, tout change,
25:44sous la houlette du nouvel occupant de la Maison-Blanche.
25:49Au lieu de se limiter à la protection et à la distribution de l'aide alimentaire,
25:53les G.I. se lancent à la recherche de celui que Washington considère
25:57comme la pire menace contre la stabilité du pays.
26:01On a été envoyés à Mogadiscio, la capitale somalienne,
26:04et on a été envoyés à l'étranger.
26:06On a été envoyés à Mogadiscio, la capitale somalienne,
26:09pour capturer un chef de clan à la sinistre réputation,
26:12Mohamed Farah Hadid,
26:14afin qu'il soit traduit en justice.
26:19L'opinion publique américaine exige de savoir pourquoi
26:22cette mission a si mal tourné.
26:28Et pourquoi Mike Durant est otage des Somaliens.
26:40Pès la débâcle du 4 octobre,
26:42Robert Oakley retourne sur place et joue un rôle essentiel
26:45dans la libération du pilote.
26:48À notre camarade de la Task Force Ranger,
26:51la liberté n'a jamais eu aussi bon goût.
26:58Selon Oakley, vouloir faire tomber Hadid n'était pas une bonne idée.
27:03Si on l'avait capturé, un autre aurait pris sa place,
27:06et les combats auraient repris.
27:09Et les Etats-Unis signifient à l'intéressé
27:11qu'il n'a pas sa place dans la Somalie de demain.
27:17Comme les Etats-Unis et l'ONU lui avaient enlevé tout espoir
27:19de se retrouver à la tête du pays,
27:23il fallait qu'ils trouvent une solution pour se faire remarquer.
27:30C'est une réaction très humaine.
27:35J'appartiens à mon peuple.
27:36Les souffrances, les tueries, je les vis avec lui.
27:45Auteur du best-seller La Chute du Faucon Noir,
27:47Mark Bowden a interrogé des soldats qui ont participé au raid,
27:51ainsi que des membres de la milice de Mohamed Hadid.
27:56Les Somaliens étaient encore divisés au printemps 1992.
27:59Beaucoup voyaient d'un bon oeil la présence des Nations-Unis.
28:02Elle leur donnait espoir.
28:04Quand ces forces sont arrivées,
28:06elles nous ont apporté de l'aide alimentaire.
28:09On était contents qu'elles viennent.
28:10On brandissait des fleurs.
28:15Mais un événement survenu en juillet 1993
28:18a uni les Somaliens par-delà leur rivalité clanique.
28:29Les Nations-Unis ont encerclé un bâtiment
28:32où les hauts responsables des clans se rencontraient
28:35pour savoir s'ils devaient ou non soutenir Mohamed Hadid
28:38dans sa lutte contre l'ONU.
28:42Les Nations-Unis veulent punir le général,
28:44responsable le mois précédent,
28:46du massacre de 24 soldats pakistanais
28:48des forces de maintien de la paix.
28:50Cette réunion au sommet semble être l'occasion idéale.
28:55Osman Atto, le principal bailleur de fond de Mohamed Hadid,
28:58se souvient bien de cette journée.
29:03Un hélicoptère est arrivé
29:05et il s'est mis à tirer.
29:08Mais il n'y avait pas de cache d'armes,
29:10contrairement à ce qui a été dit.
29:12Et malheureusement, 72 ou 73 de nos anciens
29:15ont trouvé la mort.
29:19C'est dans ce climat de tension
29:21que les Rangers de la Delta Force
29:23arrivent six semaines plus tard.
29:25Et l'opération menée en ville
29:27ne fait qu'ajouter à la colère des habitants.
29:33On n'apportait pas à manger.
29:42Imaginez un hélicoptère,
29:44des gars qui en descendent le long d'une corde,
29:46qui démolisent votre porte
29:48et qui se mettent à aboyer des ordres.
29:51Pas étonnant qu'on ne veuille pas de nous.
29:56Dans le climat délétère de Mogadiscio,
29:58toute opération militaire doit s'appuyer
30:00sur des renseignements fiables.
30:04Robin Horsfall a été un des plus jeunes soldats
30:07à intégrer les SAS, les Forces Spéciales Britanniques.
30:13Il s'est très souvent frotté à l'Ira
30:15dans les rues des villes d'Irlande du Nord.
30:18Et il a participé à la libération des otages
30:20de l'ambassade d'Iran à Londres en 1980.
30:26D'après lui, compte tenu de l'hostilité grandissante,
30:29un certain nombre d'erreurs tactiques ont été commises.
30:33A commencer par le choix du plan d'attaque.
30:37Le plan d'attaque contre le bâtiment est assez simple.
30:41Les hélicoptères Black Hawk arrivent pour déposer
30:43les Rangers par aérocordage
30:45aux quatre coins de l'immeuble visé.
30:49Au même moment, la Delta Force arrive à bord des Little Birds,
30:52elle en descend et elle effectue le raid proprement dit.
30:56Ce plan pouvait être rapidement mis en oeuvre
30:59dès qu'on signalait une apparition du général Haïdide et de ses hommes.
31:04La Task Force Ranger avait besoin d'un plan prêt à l'emploi
31:07pour l'utiliser dès qu'elle en aurait besoin.
31:10Si les préparatifs étaient trop longs,
31:12il y avait toutes les chances pour que la cible
31:14ne soit plus à l'endroit signalé par les renseignements.
31:18Plus c'est simple, mieux c'est.
31:20Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien modifier.
31:22On s'y prend simplement un peu différemment à chaque fois.
31:25C'est ce qu'on appelle un modèle.
31:28Et celui-ci s'est avéré efficace à de nombreuses reprises.
31:31Jusqu'à ce jour-là.
31:33Robin Hurst Fall pense savoir pourquoi.
31:37Dans les années 70-80, quand on se battait contre l'Ira,
31:40on a appris à ne jamais répéter un schéma tactique.
31:45A chaque fois qu'on refait la même chose,
31:47qu'on réutilise le même modèle,
31:49on donne des renseignements à l'ennemi.
31:53Une fois que les miliciens savaient où les soldats allaient,
31:56ils pouvaient se préparer.
32:00Sitôt, les groupes sur place,
32:02les Somaliens chargés de la surveillance du champ de bataille
32:05annoncent l'arrivée d'hommes en armes.
32:08Il y avait des gens autour de l'objectif avec des armes lourdes.
32:12Donc eux savaient qu'on arrivait,
32:14et nous, on ne savait pas que ça allait être un peu plus dur.
32:17D'autant que les miliciens ont préparé un plan.
32:20D'autant que les miliciens ont préparé leur riposte.
32:23Abattre un Black Hawk pour immobiliser les Rangers autour de l'épave
32:27et encercler le périmètre.
32:32Aidid s'était dit que si l'ennemi revenait en hélicoptère
32:36et lançait un raid en suivant le même schéma que par le passé,
32:39ses hommes y seraient préparés.
32:41Ils auraient des lance-roquettes RPG-7
32:43pour ouvrir le feu sur les hélicoptères.
32:47Il ne fallait pas sous-estimer Aidid.
32:51On a utilisé tous les moyens qui étaient à notre disposition
32:54pour abattre les Black Hawks.
32:56Les hélicoptères, c'était notre ennemi numéro un.
33:00Les Rangers pensaient qu'une simple roquette
33:03ne pouvait pas abattre un Black Hawk,
33:05car ça n'était jamais arrivé.
33:07Mais Mohamed Aidid avait trouvé le défaut de cet appareil.
33:16Dans les années 1980,
33:18les Mujahideen afghans avaient abattu de gros hélicoptères soviétiques à Inde
33:22avec des simples roquettes.
33:26Le RPG-7 est un lance-roquette rudimentaire.
33:30La partie la plus vulnérable d'un hélicoptère, c'est le rotor de queue.
33:34Si on vise le fuselage, le projectile va le traverser sans faire de gros dégâts.
33:38Mais si on détruit le rotor de queue,
33:40l'hélicoptère devient incontrôlable et il s'écrase.
33:44On a sous-estimé la capacité des Somaliens à abattre un hélicoptère.
33:52Pour nous, un hélico s'écrasait à cause d'une panne.
33:55Mais l'ennemi avait compris que c'était le moyen de mobiliser la ville contre eux.
34:00C'est la destruction du second hélicoptère qui a sans doute tout fait basculer.
34:09La Task Force Ranger ne comptait que 60 hommes au sol.
34:12Ils ont tous été envoyés auprès de la première épave pour établir un périmètre de sécurité.
34:18Ils ne pouvaient pas se séparer pour se rendre auprès de la deuxième.
34:26Enlisés dans un combat de rue, les Rangers ne sont ni équipés, ni préparés pour cette seconde intervention.
34:32Et ils affrontent un ennemi qu'ils ont sous-estimé.
34:36Les Somaliens étaient sur des pick-ups en tongs.
34:39Il y en avait même un avec un casque de football américain.
34:42C'était une plaisanterie.
34:44En une semaine, ce serait plié.
34:46Des Delta Force, des Rangers, des gars de l'Air Force, des Seals.
34:49On allait tout casser.
34:52Notre peuple est très fier.
34:55Et il est prêt à se défendre et à défendre son pays.
34:59Je suis sûr que ces Rangers étaient de très bons soldats.
35:03Mais ils ont sous-estimé les Somaliens.
35:05C'est une des nombreuses erreurs qu'ils ont commises.
35:10La petite troupe se retrouve en pleine ville,
35:12encerclée par des miliciens qui se battent dans des rues qu'ils connaissent par cœur.
35:19Prenons la zone d'intervention.
35:22Les bâtiments, ils sont construits très près les uns des autres.
35:25Et les rues doivent être tout juste assez larges pour un seul véhicule.
35:30Ça veut dire que l'ennemi peut vous lancer des grenades,
35:32et vous tirer dessus.
35:34C'est l'endroit idéal pour une embuscade.
35:36En plus, c'est très facile de s'y perdre.
35:39Le combat de rue est un des types d'affrontements les plus coûteux.
35:43Et la plupart des généraux essaient d'éviter d'avoir à se battre en ville.
35:51Mogadiscio n'a connu quasiment que des périodes de conflits
35:54depuis le renversement du président Siyad Barad-Din.
35:57Il a été éliminé par la guerre.
35:59Mogadiscio n'a connu quasiment que des périodes de conflits
36:02depuis le renversement du président Siyad Barad-Din en 1991.
36:07Le gouvernement, la police et les infrastructures étant pour ainsi dire inexistants,
36:11les rues se sont transformées en champs de bataille.
36:14Chaque porte, chaque fenêtre cache une menace.
36:21Ils se battent dans le noir.
36:24Ils voient l'ennemi partout.
36:26Un arbre devient un ennemi.
36:28Le sable devient un ennemi.
36:33Ces pauvres gars ne pouvaient pas lutter contre des gens qui se battaient chez eux.
36:54Pour équilibrer le combat, face à un ennemi plus nombreux et qui se bat sur son terrain,
36:58les américains ont généralement recours à une puissance de feu dévastatrice.
37:02Mais c'est précisément cette puissance de feu qu'il leur aurait manqué.
37:07Les soldats n'avaient ni hélicoptères de combat, ni roquettes, ni artillerie, ni blindés.
37:13En décidant de mener une opération offensive dans de telles conditions,
37:18ils se sont retrouvés très fragilisés.
37:29On avait demandé à une canonnière volante AC-130.
37:32Ça aurait été un atout.
37:34C'est une canonnière volante.
37:36C'est une canonnière volante.
37:38C'est une canonnière volante.
37:40Une canonnière volante AC-130, ça aurait été un atout.
37:45On savait que si on se retrouvait dans le pétrin, elle pourrait faire la différence.
37:49Mais on nous l'avait refusé.
37:54La demande d'envoi de blindés en Somalie essuie elle aussi un refus du gouvernement américain.
38:02Si on avait eu un véhicule plus robuste équipé d'un blindage,
38:06on aurait pu circuler dans de meilleures conditions de rapidité et de sécurité.
38:11Mais on nous a envoyés sur le terrain sans nous donner ce qu'on avait réclamé pour mener à bien notre mission.
38:17Privés de blindés et d'un soutien aérien suffisant,
38:20les Rangers doivent se contenter de Humvees et des Black Hawks,
38:24des engins plus vulnérables et à la puissance de feu plus réduite.
38:27Ces décisions politiques n'ont pas tenu compte de l'effet tactique sur le terrain.
38:33Une fois de plus, l'exécutif américain a mal évalué l'ampleur de la tâche.
38:39Tout de suite, la suite.
38:43Mais il n'y a pas qu'au sommet de l'État qu'on a commis l'erreur
38:46de croire les Somaliens incapables de mettre en œuvre une riposte efficace.
38:50A Mogadiscio, les militaires ont mal préparé leur aide.
38:57Comme l'opération devait durer moins d'une heure,
38:59les soldats n'ont pris ni leurs plaques de blindage,
39:01ni leur matériel de vision nocturne, ni leur gourde d'eau.
39:08On pourrait croire que tout le monde avait perdu la tête.
39:12Mais c'est pas le cas.
39:14On pourrait croire que tout le monde avait perdu la tête.
39:18Mais sur le moment où c'est dit que c'était pour le succès de la mission,
39:21plus on serait léger, mieux ce serait.
39:27J'ai demandé à Jeff.
39:30Quelle heure il est?
39:3214h30.
39:33La mission dure combien de temps?
39:35Environ 45 minutes.
39:37D'accord.
39:38Alors pourquoi prendre les lunettes de vision nocturne pour une opération en journée?
39:42On s'est planté.
39:44Une fois la nuit tombée,
39:46ils se sont retrouvés encerclés par un ennemi en écrasant de supériorité numérique.
39:52S'ils avaient emporté leurs lunettes de vision nocturne,
39:55ils auraient eu un avantage qui aurait considérablement réduit les pertes.
40:02Nous pouvons désormais vous révéler l'enchaînement des événements
40:05qui a conduit à l'opération militaire américaine,
40:07la plus importante de l'histoire.
40:10À H-68 minutes,
40:12des soldats d'élite partent faire un raid dans un quartier hostile de Mogadiscio.
40:21Sous-estimant les somaliens,
40:23ils suivent un plan déjà mis en oeuvre.
40:26H-40 minutes.
40:29Mal renseignés,
40:30ils se retrouvent face à un ennemi qui les attend de pied ferme.
40:36H-20 minutes.
40:40La guerre est épuisée et les soldats se trouvent à la frontière.
40:43H-40 minutes. Mal renseignés, ils se retrouvent face à un ennemi qui les attend de pied ferme.
40:53H-20 minutes. A coup de roquette, les somaliens attaquent la cible prévue, les Black Hawks.
41:0461, touché.
41:07Les soldats défendent l'hélicoptère abattu. H- quelques secondes.
41:1464, touché.
41:16Un deuxième Black Hawk est touché.
41:19Endués dans un combat de rue qu'ils ne peuvent pas gagner, les soldats sont incapables de défendre les deux hélicoptères.
41:25La mission de routine prend un tour de plus en plus désespérée.
41:3118 soldats américains sont tués et 84 autres blessés.
41:42Sur le plan militaire, la mission est un succès, puisque les cibles ont été capturées et que les milices ont enregistré des pertes très lourdes.
41:51Mais les victimes parmi les Rangers et les images des cadavres traînés dans les rues conduiront au retrait des forces américaines du pays.
42:00Quand on envoie des GIs dans un pays comme la Somalie, un pays que la plupart des américains étaient incapables de situer sur une carte en 1993,
42:09que c'est dans le cadre d'une mission humanitaire sous l'égide de l'ONU, il ne faut vraiment pas que les pertes humaines soient trop élevées.
42:23La rapidité du retrait a laissé un goût amer à beaucoup de Rangers.
42:29Il n'y avait pas un soldat là-bas qui n'était pas énervé et déçu par ce départ.
42:36Ça n'était pas la bonne décision.
42:41C'est dur de regarder en face le père d'un soldat tombé en pleine rue et d'essayer de donner du sens à cette mort.
42:50En quittant Mogadiscio, on savait qu'on regretterait toujours de ne pas avoir accompli notre mission finale.
42:57Capturer Mohamed Hadid.
43:02Même si on est très bon, certains vont se faire tuer et certains vont être blessés.
43:08On perd des hommes quand on les envoie se battre.
43:12C'est inévitable.
43:15Donc il vaut mieux être sûr que ce qu'on les envoie faire en vaut la peine aux yeux de la nation.
43:24La Somalie sert toujours de champ de bataille aux clans rivaux et continue de souffrir de la famine.
43:31Malgré les interventions répétées de l'ONU et de l'Union Africaine, aucune solution durable à ces nombreux problèmes n'a encore été trouvée.

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