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Discours intégral de Me Apollinaire Jaochimson Kyelem de Tambèla, Premier ministre du Burkina Faso à la conférence de haut niveau des chefs d'Etat sur la modernisation et l'industrialisation agricole en Chine.

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Transcription
00:00Actuellement, l'économie du continent Faso est basée sur trois piliers.
00:09Premièrement, il y a la production minière.
00:14Deuxièmement, il y a la production agricole, notamment avec les cultures grandes comme le coton,
00:21le sésame, l'anacarde, mais aussi les cultures villières.
00:28Et troisièmement, il y a le produit de l'élévage.
00:34Actuellement, nous sommes en train de mettre l'accent sur un quatrième pilier,
00:40qui est la qualité des hommes, donc la formation professionnelle.
00:48Les thèmes de cette conférence nous intéressent beaucoup,
00:53puisqu'il s'agit de l'industrialisation et de la modernisation de l'agriculture.
01:01A ce titre, la Chine est une référence pour nous.
01:07En moins d'un siècle, la Chine s'est industrialisée et a modernisé son agriculture,
01:16est parvenue à l'autosuffisance alimentaire et s'est mise à exporter ses productions.
01:24Donc l'exemple chinois va nous inspirer.
01:30Mais la Chine a réussi cette prouesse à cause de l'étendue de son territoire,
01:39du grand nombre de sa population et de son unité, et surtout l'unité politique dans la volonté d'agir.
01:52Malheureusement, c'est ce qui manque actuellement en Afrique.
01:58Parce que pour impulser une politique donnée, pour tenir ses décisions, il faut la volonté politique.
02:08Et pour avoir une volonté politique, il faut être libre.
02:14Celui qui n'est pas libre n'a pas de volonté en soi.
02:19Or, la plupart de nos dirigeants africains ne sont pas libres.
02:25Et quand on n'est pas libre, on ne peut pas déterminer un destin pour son propre peuple.
02:33En Afrique actuellement, et plus particulièrement en Afrique francophone,
02:39nous avons beaucoup de chefs d'État qui reçoivent toujours des instructions
02:45de Paris, de Londres ou de Washington avant de prendre une décision quelconque.
02:53Nous avons des chefs d'État qui préfèrent s'allier à Paris ou à Washington
03:01pour combattre leurs propres frères africains.
03:05Dans un tel contexte, construire un ensemble intégré de développement et d'industrialisation est difficile.
03:15Pour ce qui concerne mon pays, de Burkina Faso,
03:20nous avons remarqué qu'en Afrique de l'Ouest, la coopération entre États était difficile
03:27dans la mesure où d'autres chefs d'État reçoivent des instructions ailleurs
03:33pour les exécuter contre même d'autres pays d'Afrique de l'Ouest.
03:39Ce constat nous a amené, de concert avec le Mali et le Niger,
03:45à quitter l'organisation sous-régionale qui est la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
03:56Et je peux vous dire que maintenant il se passe quelque chose de nouveau en Afrique.
04:03Parce que les trois pays, le Mali, le Burkina Faso et le Niger,
04:10qui ont constitué une alliance le 16 septembre 2023,
04:16ont, à partir du 6 juillet 2024, constitué une confédération d'États.
04:24Et cette confédération a pour objectif d'aboutir à une fédération d'États
04:29dans les prochaines années et le plus tôt possible.
04:35Et je peux vous dire que cette marche est inéversible.
04:40Si la constitution de la confédération s'est faite à l'instigation et sous le leadership des trois chefs d'États,
04:50les populations de ce pays se sont emparées de ce projet et poussent maintenant les dirigeants à aller de l'avant.
04:57Donc ce n'est plus une affaire de dirigeants, c'est devenu une affaire des peuples de ces trois pays.
05:04Et sur ce plan, je peux vous dire que la coopération avec la Chine
05:10peut avoir beaucoup d'avenir dans le cadre de cette confédération.
05:19Qui fait une superficie de plus de 2,7 millions de kilomètres carrés
05:25et qui compte une population de plus de 80 millions d'habitants.
05:31Mais il faut dire que la modernisation de l'agriculture et l'industrialisation
05:42nécessitent des préalables.
05:47Et ces préalables, c'est quoi ?
05:50C'est l'énergie, la production énergétique, qui est le maillon ferme de nos pays.
05:58Par exemple, chez moi, au Burkina Faso, pendant les périodes de chaleur,
06:04le pic de chaleur, on est obligé de procéder à des régulations énergétiques
06:10par des coupures de courant afin de pouvoir donner satisfaction à tout le monde
06:15parce que la production énergétique n'est pas suffisante.
06:19On ne peut pas industrialiser un pays si on ne résout pas au préalable
06:25le problème de production d'énergie.
06:28Et donc, je pense que sur ce plan, la Chine est attendue
06:34et pourrait contribuer au développement de la production énergétique en Afrique
06:41préalable à l'industrialisation et à la modernisation de l'agriculture.
06:47La modernisation de l'agriculture nécessite aussi d'autres préalables.
06:57Il faut des infrastructures routières, ferroviaires
07:03pour les échanges de ces produits industriels et agricoles.
07:08Et sur ce plan, au Burkina Faso, nous avons mis en place une industrie de production de rail
07:17pour faciliter la construction des chemins de fer.
07:22Et là-bas aussi, nous attendons la contribution et l'expertise chinoise pour leur réalisation prochaine.
07:32Au-delà du pays, nous avons en projet la construction de chemins de fer
07:38qui relierait la capitale du Ghana, Accra, à la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou.
07:44Donc, c'est pour vous dire que les projets ne manquent pas et tout cela est nécessaire
07:50parce que si on fait une industrialisation et on modernise une agriculture
07:56sans prévoir les conditions d'écoulement, il y aura un étouffement
08:02et cela va se réjaillir sur la production industrielle et sur la production agricole.
08:09Mais ce n'est pas suffisant.
08:12Il faut aussi prendre soin des hommes qui seront les artisans de cette industrialisation et de cette production agricole.
08:24Donc, la formation est nécessaire et aussi la santé des hommes est nécessaire.
08:32Sur ce plan, je remercie encore la Chine
08:37qui est en train de réaliser au Burkina Faso le plus grand hôpital de référence du pays
08:44et qui sera fonctionnel à partir de 2025.
08:48Donc, c'est pour vous dire que nous ne devons pas voir l'industrialisation et la modernisation de l'agriculture
08:59de façon isolée mais dans un ensemble pour qu'il n'y ait pas de boulot d'établissement dans le processus.
09:08Cela dit, je reviens pour dire que la Chine a intérêt à une Afrique unie et développée.
09:18Si l'Afrique était unie, au lieu d'avoir affaire à 54 États différents,
09:26la Chine aurait affaire à un seul État.
09:29Les négociations se feraient beaucoup plus facilement et les résolutions se prendraient beaucoup plus rapidement.
09:40En outre, si l'Afrique se développe, les Africains auront plus de pouvoir d'achat,
09:47pourront beaucoup plus commercer avec la Chine et les échanges se multiplieront.
09:53Donc, nos intérêts sont partagés.
09:56Autant l'Afrique a besoin de la Chine pour se développer,
10:01autant la Chine a besoin de l'Afrique pour se développer également
10:06parce qu'avec les échanges, cela produit un effet de stimulation.
10:12Maintenant, Messieurs les Excellences, Messieurs les chefs d'État et de gouvernement,
10:18c'est pour vous dire que les perspectives dépendent de nous et dépendent d'abord d'une volonté politique.
10:27Donc, je souhaiterais que nous examinions cela avec attention
10:33et que nous prenions en compte que nous devons d'abord et avant tout nous libérer de toutes les tutelles.
10:40Nous orienter vers nous-mêmes afin que tout développement harmonieux et soutenable puisse se faire.
10:49Je vous remercie.

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