Margrethe Vestager dénonce le déséquilibre de la prochaine Commission

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L'Union européenne doit "montrer aux garçons et aux filles" que le leadership signifie que les hommes et les femmes "dirigent ensemble", estime Margrethe Vestager.

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00:00Elle est l'une des principales figures du pouvoir au sein de l'Union Européenne.
00:05Sa main n'a pas tremblé lorsqu'il a fallu infliger aux géants américains de la tech des amendes à 9 chiffres,
00:10ce qui lui a valu le surnom de « Tax Lady » de la part de l'ex-président américain Donald Trump.
00:15Je reçois aujourd'hui Margaret Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission Européenne,
00:21qui quittera bientôt son fauteuil à Bruxelles,
00:23après avoir été en charge de la concurrence et des politiques numériques pendant une dizaine d'années.
00:30La présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen devrait bientôt dévoiler le nom des 27 candidats
00:41qui pourraient devenir les prochains commissaires européens.
00:43Une liste qui devrait compter une dizaine de femmes.
00:46A la suite des élections européennes du mois de juin,
00:49le Parlement européen a vu la représentation féminine connaître sa plus forte baisse
00:53depuis les premières élections au suffrage universel direct de 1979.
00:58Quelle est votre réaction face à ce recul et qu'auriez-vous à dire à Ursula von der Leyen ?
01:07Je pense que c'est malheureusement une illustration du manque d'effort en matière d'égalité des chances et de parité homme-femme.
01:16Ursula von der Leyen a formulé une demande qui me semble tout à fait légitime.
01:22Donnez-moi deux candidats, un homme et une femme, et ensuite je formerai ma commission.
01:27De manière à ce qu'il y ait un équilibre homme-femme et à ce que les personnes aient les compétences nécessaires.
01:33Et je pense que n'importe quel Premier ministre dirait que c'est à lui qu'il revient de former son propre gouvernement.
01:40Elle ne demande qu'à avoir le choix entre deux personnes.
01:43Il est vraiment dommage que les États membres ne suivent pas
01:47et ne lui donnent pas l'opportunité de créer la meilleure commission possible.
01:51Et de la rendre équilibrée en termes de représentation des genres.
01:55Alors que nous étions sur la voie du progrès.
01:58Nous rendions aussi visible le fait qu'une commission paritaire est capable d'accomplir un travail inégalé.
02:04Comme nous l'avons fait sous le mandat d'Ursula von der Leyen sous sa présidence.
02:12Et pourquoi est-il important d'avoir plus de femmes au sein de la commission européenne ?
02:15Vous venez de répondre à la question, mais pour quelles raisons précisément ?
02:19Il s'agit avant tout d'un simple geste d'équité.
02:22Parce que les deux sexes devraient prendre part aux décisions.
02:28Ensuite, lorsqu'on est dans une situation aussi critique que la nôtre,
02:32on doit faire face à de nombreuses crises relatives aux coûts.
02:35Et nous avons de nombreux problèmes à gérer.
02:37La crise du coût de la vie, la crise géopolitique et celle relative à la sécurité économique.
02:44Il faut bien évidemment s'appuyer sur les talents des deux parties de la population
02:48et ne pas se concentrer seulement sur une seule moitié, à savoir les hommes.
02:52Il faut s'appuyer sur le maximum de compétences à disposition
02:56et il faut que les expériences de vie les plus variées soient représentées au sein de la commission.
03:01Et il faut montrer aux garçons et aux filles que c'est à cela que doit ressembler le leadership.
03:06Des hommes et des femmes qui dirigent ensemble.
03:10Quand on suit l'actualité, on voit que l'extrême droite progresse partout en Europe.
03:14On l'a constaté dimanche en Allemagne avec l'AFD.
03:17Est-ce que vous craignez qu'avec davantage de gouvernements d'extrême droite aux manettes,
03:21parce que c'est ce qu'on observe en ce moment,
03:23vos efforts pour réguler le domaine des technologies puissent être totalement balayés ?
03:33L'avantage aujourd'hui, c'est que la législation est déjà entrée en vigueur.
03:39On a une législation très solide, à la fois le règlement sur les marchés numériques
03:44pour s'assurer que le marché soit libre et équitable,
03:47et le règlement sur les services numériques pour s'assurer que les services soient sécurisés,
03:52tout en préservant la liberté d'expression.
03:55Et je pense que le point d'équilibre essentiel ici, c'est que les deux aspects aient été préservés.
04:00Donc, même si un gouvernement est hostile à certains de ses efforts, voici la règle.
04:05Et nous sommes une union fondée sur l'état de droit.
04:07Et il sera très très dur d'inverser la direction que nous avons suivie,
04:11qui vise à faire en sorte que les services numériques constituent un service en tant que tel,
04:15et non une source d'addiction qui complique la vie ou qui vienne saper notre démocratie.
04:23Donc, si l'extrême droite arrive réellement au pouvoir,
04:25vous ne redoutez pas les conséquences que cela pourrait induire pour le secteur de la tech ?
04:30Bien sûr que si, s'ils parviennent à modifier la législation nationale.
04:35Car le règlement sur les services numériques ne dit pas « ça c'est bien, ça c'est mal, on peut dire ceci mais pas cela ».
04:41Le règlement sur les services numériques impose uniquement de mettre en place ce système.
04:46Vous devez vous assurer que ces services ne soient pas néfastes.
04:50Nous venons d'avoir un échange avec TikTok qui présentait ce qui constituait selon nous un design notionnel.
04:57Et qui a fini par ne pas être lancé en Europe.
04:59Un design qui crée une dépendance.
05:02Ce sont là nos obligations.
05:04Mais lorsqu'il s'agit de déterminer ce qui est néfaste,
05:08comme le fait d'encourager le terrorisme, la violence, la fabrication de bombes,
05:12la maltraitance des enfants, les contenus délétères, les discours de haine,
05:16c'est aux Etats membres qu'il revient d'évaluer la situation.
05:20Et si un Etat membre, bien sûr, fait marche arrière et dit
05:23« Vous pouvez dire ce que vous voulez sur cette minorité,
05:26vous pouvez inciter les gens à la violence »,
05:29alors bien sûr, nous sommes en territoire inconnu.
05:32Parce que ce que nous avons fait au cours de la dernière décennie,
05:35c'est de faire des progrès.
05:37De s'assurer que les minorités peuvent participer au débat public en toute sécurité.
05:41Mais en tant qu'Etat membre, ils détiennent cette compétence et peuvent bien entendu revenir en arrière.
05:46De nombreux actes de réglementation antitrust adoptés sur votre initiative,
05:51entre 2014 et 2019, ont été invalidés par les juridictions.
05:55Un jugement définitif doit aussi être rendu à la suite de votre appel dans l'affaire concernant Apple.
06:00Certains observateurs estiment que vous avez joué un rôle moins important au cours du second mandat.
06:05Quel regard portez-vous sur ces événements et qu'avez-vous appris de ces échecs ?
06:10Ce sont des situations très différentes les unes des autres.
06:14Il faut rappeler que nous gagnons la plupart de nos procès,
06:17et lorsque nous en avons perdu, c'est lorsque nous en avions un tenté à l'encontre d'Etats membres,
06:22quand nous craignions que ceux-ci ne passent des accords de complaisance avec de grandes entreprises
06:27pour qu'elles n'aient pas à payer leurs frais d'arrivée.
06:30C'est ce que nous avons fait.
06:32C'est ce que nous avons fait.
06:34L'une des raisons pour lesquelles il y a eu autant de contentieux de ce type au cours du premier mandat,
06:38c'était parce que nous voulions voir comment les tribunaux allaient analyser la situation,
06:43au lieu de nous contenter d'accélérer les choses.
06:46Nous devions aussi voir de quelle manière les tribunaux analysaient cela.
06:51Et bien entendu, parallèlement aux cas spéciaux,
06:55les tribunaux de l'Assemblée nationale,
07:00et bien entendu, parallèlement aux cas spécifiques des aides d'Etat à des fins fiscales,
07:06on a vu comment les Etats membres ont modifié leurs propres législations,
07:10comment combler les vides juridiques pour combattre les stratégies fiscales agressives.
07:15On a aussi vu la communauté internationale prendre des mesures en faveur d'une taxation effective
07:21des sociétés d'au moins 15% pour aboutir à un partage des revenus,
07:26de manière à ce que lorsque vous réalisez des recettes, vous payiez vos impôts.
07:31Même s'il aurait été bien sûr préférable pour moi de gagner ces procès.
07:36Mais si vous jetez un oeil aux contentieux antitrust et à celui relatif aux ententes,
07:40les tribunaux confirment notre approche dans une très large mesure.
07:46Revenons sur les règles de concurrence, puisque c'est votre domaine.
07:50Il y a un débat en ce moment en Europe sur ces règles, leurs politiques,
07:53mais également la nécessité peut-être de les réviser,
07:56de reconsidérer la façon dont l'UE conçoit ses propres politiques sur cette question.
08:04Pensez-vous qu'il soit possible de trouver un équilibre entre la protection du consommateur européen,
08:08ce que vous faites depuis de nombreuses années, et le renforcement de l'industrie européenne ?
08:13Comment voyez-vous cet équilibre ?
08:23Cela dépend largement de ce que l'on entend par force.
08:26Par exemple, je le vois comme le fait de pouvoir choisir un autre fournisseur
08:31si votre fournisseur habituel fait défaut,
08:34ou si un client vous fait défaut, le fait d'en avoir d'autres à servir.
08:39Et c'est ce que permet la mise en concurrence.
08:41Vous avez le choix entre de nombreux fournisseurs,
08:43vous avez accès à un marché où il y a de nombreux clients auxquels s'adresser
08:47si l'un d'entre eux vous fait défaut.
08:50Pour moi, ce que nous avons vu, c'est que si vous êtes vraiment compétitif sur le marché mondial,
08:55c'est parce que vous avez en quelque sorte testé votre compétitivité sur le marché intérieur,
09:00parce que vous relevez encore des défis.
09:02Il y a un certain nombre de choses que l'on peut faire pour renforcer les entreprises.
09:09Les projets transfrontaliers que nous menons en sont une bonne illustration.
09:13Nous avons quatre projets dans le domaine de l'hydrogène,
09:16deux dans le domaine des batteries,
09:18un dans le domaine de la microélectronique, important sur les clouds,
09:22et un dans le domaine de la santé.
09:24Cela représente au total 100 milliards d'euros d'investissement dans l'innovation de pointe.
09:28Il s'agit donc d'un projet de la même envergure que notre projet de recherche Horizon,
09:33mais dans des secteurs très spécifiques, l'innovation de pointe.
09:36Et cela aide les entreprises européennes à être en capacité de fournir ce qu'on attend d'elles.
09:41Je pense qu'il s'agit là d'une très bonne utilisation des fonds publics.
09:44Il s'agit d'une sorte de politique industrielle qui aide le marché à progresser,
09:48sans pour autant limiter la concurrence.
09:50Il est donc très important de ne pas considérer ces deux choses comme des contradictions,
09:54mais de considérer la concurrence comme l'un des facteurs qui aident réellement l'industrie
09:58à être compétitive sur le marché mondial.
10:02Pensez-vous que ces règles de concurrence devraient être réexaminées, voire révisées ?
10:08Il est très difficile de faire des généralités,
10:11parce qu'à partir des règles de concurrence existantes,
10:14nous en avons en quelque sorte élargi le champ d'application,
10:18non seulement pour traquer une hausse des prix, mais aussi pour traquer le manque d'innovation.
10:22Par exemple, si deux entreprises de l'industrie pharmaceutique veulent fusionner,
10:26s'il y a un risque pour que la plus grande mette fin à l'innovation au sein de la plus petite,
10:31pour protéger sa trésorerie, on va bien entendu s'en inquiéter,
10:35car les consommateurs ne vont pas bénéficier de l'innovation dans le secteur de la santé.
10:40Et les patients pourraient être perdants.
10:42Il s'agit là d'anciennes règles préexistantes, dont nous étendons l'application de manière innovante.
10:47Et il me semble qu'il est important de poursuivre dans cette voie.
10:50Mais le règlement sur les services numériques demande aux plateformes de supprimer les contenus illégaux.
10:56Qu'en est-il des contenus néfastes ?
10:58Vous l'avez mentionné, mais nous parlons du sexisme,
11:01de la désinformation, qui peut comporter des discours d'incitation à la haine.
11:05On sait que cela varie d'un pays à l'autre et que les définitions peuvent changer.
11:09Que fait-on donc des contenus néfastes ?
11:14Il est avant tout fondamental de comprendre que nous avons des cultures différentes,
11:19ainsi que des cultures politiques différentes.
11:22Je pense par exemple qu'au Danemark, le débat est beaucoup plus vif qu'en Suède,
11:26où il est très policé et que ces différences culturelles existent entre voisins.
11:30Il est donc très important de s'appuyer sur le cadre national.
11:34Et lorsqu'il s'agit de traiter des contenus néfastes,
11:37c'est tout de même mieux qu'il y ait un code de conduite à utiliser,
11:40une sorte de cadre général afin de gérer ce problème,
11:44faute de quoi ce serait très difficile.
11:47Finalement, ce que nous demandons, c'est qu'un système soit mis en place
11:51pour que ces questions puissent être traitées.
11:53Et il appartient ensuite aux tribunaux nationaux de dire
11:56si le contenu donné était bien néfaste, auquel cas il faut le gérer.
12:00Et il s'agit d'un débat politique qui peut être âpre,
12:03parfois tranchant, mais parfaitement légitime.
12:08En ce qui concerne l'arrestation du PDG de Telegram, Pavel Dourab, en France,
12:13on sait que cela n'a rien à voir avec l'UE.
12:17Mais ne pensez-vous pas que la législation ne peut être efficace
12:23que si les patrons de la tech sont tenus personnellement responsables,
12:27si on s'intéresse à leur cas ?
12:30Je pense notamment à Elon Musk.
12:34Cela relève de deux questions distinctes.
12:37Il y a d'un côté notre législation sur la concurrence,
12:41le règlement sur les services, et de l'autre, il y a le droit pénal.
12:45Et il faut être très prudent si l'on veut mêler les deux.
12:50Je ne pense pas que c'est en s'en prenant au PDG d'une entreprise donnée
12:54que l'on sera plus efficace.
12:57Ce que l'on fait dans ce domaine, en soulevant des cas,
13:00en pouvant infliger des amendes, compte beaucoup.
13:04La rapidité de traitement et les ressources qu'on y consacre
13:08sont en fait la clé pour produire le changement attendu par les citoyens,
13:12car c'est ce qu'on leur a promis pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
13:16Je pense qu'il faut être très prudent.
13:20Je pense qu'il faut être très prudent.
13:24L'approche de l'Union Européenne en ce qui concerne l'application
13:28de la législation numérique a été similaire à celle de l'administration Biden aux Etats-Unis.
13:32Mais comme des élections présidentielles vont se tenir en novembre,
13:36quel est le risque encouru si la candidate démocrate Kamala Harris
13:40venait à perdre face au candidat républicain ?
13:44On connaît les méthodes de Donald Trump.
13:48Ne craignez-vous pas, dès lors, qu'il n'y ait pas d'élection.
13:52Ne craignez-vous pas, dès lors, que l'approche des Etats-Unis change
13:56et que l'Europe et l'Amérique prennent des chemins différents ?
14:00C'est très difficile à jauger,
14:04parce que si vous regardez ce que Kamala Harris soutient
14:08en tant que candidate à la présidentielle, elle dit
14:12« Il faut que les prix soient abordables,
14:16on doit examiner le phénomène de concentration pour résoudre
14:20la crise de la vie chère qui est aussi une réalité malheureusement aux Etats-Unis. »
14:24C'est une question qui intéresse un large public,
14:28car de nombreux électeurs sont confrontés à l'augmentation des prix
14:32et ne comprennent pas pourquoi les prix ne baissent pas aussi vite
14:36qu'ils ont augmenté. Dans une certaine mesure,
14:40je pense donc qu'il faut voir au-delà d'une logique partisane
14:44à cet égard, car la concurrence loyale est au service de l'électeur
14:48en tant que consommateur.
14:52Et ce n'est pas strictement politique.
14:56C'est une réponse aux doléances quotidiennes des gens
15:00qui doivent vivre avec les contraintes imposées par leur budget.
15:04En parlant d'intelligence artificielle,
15:08l'Union Européenne s'est concentrée sur la réglementation,
15:12mais pourquoi n'y a-t-il pas de champions européens en matière d'IA ?
15:16Je suis en désaccord avec vous,
15:20car nous parlons beaucoup de la législation sur l'IA
15:24pour de bonnes raisons, puisqu'il s'agit d'une première mondiale,
15:28mais nous avons aussi le programme d'investissement dans l'IA.
15:32D'énormes fonds, publics et privés, sont consacrés à l'innovation
15:36dans ce domaine. Nous sommes en train de permettre
15:40à de plus petites entreprises d'utiliser notre système
15:44d'ordinateur quantique, on en a maintenant 10,
15:48ce qui est à la pointe de la technologie au niveau mondial,
15:52et on les utilise pour la formation à l'IA. Il y a par exemple
15:56l'entreprise française Mistral, qui est au même niveau que les autres,
16:00et il y a de nombreuses entreprises qui développent l'IA qu'elles intègrent
16:04dans leurs machines. Il peut s'agir d'équipements de santé,
16:08de voitures, de toutes sortes de véhicules et d'outils de production.
16:12L'approche européenne est légèrement différente de celle des Etats-Unis,
16:16mais on peut non seulement rattraper notre retard, mais aussi établir un agenda
16:20pour l'utilisation de l'IA, grâce à laquelle les gens pourraient
16:24réellement faire confiance à la technologie, afin qu'elle soit utilisée
16:28pour les servir et non pour les contrôler. Je pense qu'il s'agit là d'une approche
16:32européenne qui constituera une base solide dans le temps.
16:36Sur la liste des géants de l'intelligence artificielle aujourd'hui, il n'y a pas d'entreprise française
16:40ni italienne. Comment expliquez-vous cela ?
16:44Tout d'abord, les jeux ne sont pas faits.
16:48Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.
16:52L'un des aspects que l'on doit garantir pour que les entreprises européennes
16:56d'IA aient une chance équitable, c'est qu'elles aient accès au capital.
17:00Si vous n'avez pas accès au capital, vous ne pouvez pas développer votre entreprise.
17:04C'est pourquoi nous insistons aussi sur la nécessité d'accroître
17:08les investissements publics et privés, avec moins d'obstacles à franchir
17:12pour accéder à ces investissements, dans une logique de capital patient
17:16destinée aux besoins urgents.
17:20Il y a des capitaux dormants qui ont besoin d'être stimulés
17:24par des fonds publics pour assurer qu'une partie du risque sera partagée
17:28pour des investissements d'une telle ampleur. Et alors, tous ces talents
17:32européens pourront avoir une chance équitable, eux aussi, d'être en lice
17:36pour cette course à l'intelligence artificielle.
17:40Madame Vestager, une nouvelle commission va bientôt voir le jour.
17:44Quels seraient vos conseils au commissaire qui va vous remplacer ?
17:54Je ne suis pas arrivée à la commission en tant qu'avocate spécialisée
17:58en droit de la concurrence. J'ai une formation d'économiste et j'ai travaillé
18:02dans les marchands politiques pendant la plus grande partie de ma vie.
18:06Ce que j'ai essayé de faire, c'est de ne pas être trop effrayée ou trop impressionnée
18:10par tous les avocats chevronnés qui m'entouraient, mais d'insister
18:14sur des aspects que je trouvais vraiment importants. Le marché de la technologie
18:18doit servir les consommateurs et non l'inverse.
18:22Ce marché devrait être ouvert et doit pouvoir être remis en cause.
18:26Car si vous parlez un langage que vous pouvez comprendre vous-même,
18:30alors très souvent les gens peuvent aussi le comprendre.
18:34Et ils vous soutiendront dans vos efforts pour s'assurer qu'en tant que consommateurs,
18:38nous serons bien servis par le marché.
18:42Je sais qu'on vous a posé cette question à de nombreuses reprises au cours des derniers mois.
18:46Mais je vais tenter de la formuler de manière plus spécifique.
18:50Que souhaitez-vous pour la suite après avoir quitté la commission ?
18:54Je ne parle pas de votre sort personnel.
18:58Non, j'y réponds volontiers.
19:02C'est une très bonne manière de présenter les choses.
19:06Bien sûr, nous sommes soumis à des règles très strictes.
19:10Il n'y a pas de jeu de chaises musicales. Il y a un délai de deux ans
19:14pendant lequel il faut patienter et il est pleinement justifié.
19:18Je pense, mais j'espère que mes ambitions au nom de l'Europe
19:22pourront encore trouver des débouchés.
19:26Je suis passionnée par le fait que les gens aient des opportunités
19:30dans une société qui devient de plus en plus numérisée.
19:34La politique à l'échelle globale devrait encourager l'Europe
19:38à s'engager davantage dans le monde qui nous entoure.
19:42Il y a donc beaucoup de choses sur lesquelles j'aimerais travailler.
19:46Et comme il ne peut en aller autrement, j'ai hâte d'y être.
19:50J'attends cela avec impatience.
19:54Vous avez évoqué la géopolitique, c'est peut-être une piste.
19:58Je vous remercie.

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