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Un hommage national, avec une cérémonie militaire, est rendu au gendarme Éric Comyn, mort après un refus d'obtempérer à Mougins lundi 26 août. 

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Transcription
00:00Monsieur le ministre maire de Nice, monsieur le préfet, mesdames et messieurs les parlementaires,
00:08monsieur le président du conseil départemental, mesdames et messieurs les élus, mon général,
00:17mesdames et messieurs les autorités judiciaires, civiles et militaires, officiers, sous-officiers,
00:28gendarmes adjoints volontaires, d'actives et de réserve, personnels civils de la gendarmerie,
00:34chères familles, mesdames messieurs.
00:47La France entière a été saisie par le choc et de ce choc est née en nous une immense colère,
00:55une colère qui s'est exprimée et qui peut faire naître en nous de la violence,
01:04un désir de vengeance, une rage que rien ne peut arrêter,
01:10une colère que l'on critique quand on est assis confortablement protégé,
01:17mais qui sont-ils pour juger ? Puis après, loin des caméras,
01:26loin de ceux qui parfois exploitent les polémiques,
01:30une longue et terrible tristesse qui ne partira jamais, chères familles.
01:35Entendons-nous, le gendarme comme militaire sait qu'il peut mourir,
01:43il accepte, lui et sa famille, la possibilité du sacrifice ultime.
01:50Sans le vouloir, il est prêt.
01:54Ils sont tous prêts, les gendarmes, les policiers de France,
02:00à mourir pour une cause juste et pour sauver les autres.
02:06Prêt à risquer sa vie pour sauver l'enfant martyrisé par le forcené
02:12qui s'est transformé en tyran.
02:17Prêt à risquer sa vie pour secouer la femme qui souffre sous les coups
02:20de cet homme devenu tortionnaire.
02:25Prêt à mourir pour remplacer l'otage innocent devant le couteau
02:28du terroriste islamiste.
02:33La mort n'est pas l'ennemi des forces de l'ordre.
02:37Elle est parfois l'ultime preuve de l'engagement du service de l'État
02:41et de la France.
02:45Chacun ici le sait dans cette cour.
02:47Depuis le premier jour à l'école de gendarmerie.
02:50Chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait,
02:54quand il passe comme le chante le chant des partisans.
02:59Mais si la mort fait partie de la vie du gendarme,
03:02si elle fait partie de la vie du policier,
03:07si elle fait partie de l'uniforme,
03:10les conditions de celles-ci ne sont pas toutes acceptables.
03:14Et non, la mort d'Éric Comine n'est pas acceptable.
03:19Elle nous révolte et elle nous entraîne avec lui dans l'abîme.
03:27Comme tous les gendarmes, le sous-officier Éric Comine faisait son travail.
03:32Sa vocation quotidienne au service des Français,
03:35comme un curé de campagne discrètement ferait la sienne loin de tout.
03:40Comme un médecin prendrait dans l'habitude des jours qui se suivent
03:43son tour aux urgences de l'hôpital du coin.
03:47Ce jour-là, geste mille fois répété,
03:52il s'engage avec ses camarades dans un contrôle motorisé
03:55avec la police municipale de Mougins.
03:59Un poste de contrôle est mis en place sur la route 62-85.
04:04Un contrôle comme on en fait plein.
04:06Un contrôle comme on en fait tous les jours.
04:11Ces contrôles, on les compte par milliers.
04:14Par milliers dans la vie, des militaires du peloton motorisé demandent lieu.
04:18On y arrête toutes sortes de véhicules.
04:20Ceux qui n'ont pas les bons papiers.
04:23Ceux qui ont les pneus lisses.
04:25Ceux dont on s'aperçoit qu'ils sont trop fatigués pour prendre la route.
04:29Ceux qui utilisent l'alcool et de plus en plus la drogue
04:32pour paradis artificiel.
04:34Et qui se mettent en danger, mais surtout qui mettent en danger les autres.
04:40Dans sa vie de gendarme, Éric Comines a sauvé des milliers de vies.
04:46D'abord comme gendarme mobile au milieu de la violence,
04:50la violence des foules, mais aussi celle des trafiquants.
04:54Puis comme gendarme de brigade en proximité,
05:00au milieu du peuple français que les gendarmes servent tant.
05:05Et désormais au peloton, il a su arrêter à temps la spirale infernale du conducteur ivre
05:11qui a terminé sa nuit au poste plutôt que de s'encastrer dans le véhicule d'une famille.
05:16Il a su arrêter le chauffard qui roulait à très grande vitesse,
05:20des vitesses folles, folles comme la mort.
05:24Et qui n'a pas croisé les enfants qui partaient en vacances.
05:31Parce qu'il a donné mille conseils aux automobilistes
05:34qui, malgré le procès verbal, peuvent lui rendre grâce d'avoir changé leurs pneus,
05:39leurs phares, avoir mis leur ceinture de sécurité.
05:43Des personnes qui, sans lui, auraient peuplé sans doute les cimetières
05:47et auraient fait tant d'orphelins.
05:51Ainsi comme au piano, les gendarmes de France répètent sans cesse les mêmes gestes.
05:56Pour protéger, pour servir, pour rendre le monde meilleur.
06:02À chaque contrôle routier banal, répétitif, lassant peut-être,
06:08ce sont des vies qu'on sauve.
06:11Sans doute, Éric Comy n'a-t-il sauvé plus de vies que le médecin aux urgences.
06:18N'a-t-il sauvé plus d'âmes que le curé de campagne dans sa paroisse ?
06:23Nul ne le sait et nul ne le saura vraiment, même pas lui.
06:29Mais nous le savons, comme tous les gendarmes,
06:32il a été l'ange gardien d'autant de Français.
06:37Il l'a fait discrètement, en héros, en héros du quotidien,
06:42en anonyme plein de vertus, en français accompli.
06:47Il l'a fait comme le colibri qui tend d'éteindre le feu de forêt le fait.
06:52Il a fait sa part et si en France tout le monde faisait sa part,
06:57le feu serait éteint depuis longtemps.
07:01Alors qu'à 20h35, quand l'automobiliste accélère au volant d'une berline noire au lieu d'obtempérer,
07:08quand le conducteur devient criminel, quand la vie du héros s'arrête sur le bord de la route,
07:16en uniforme et debout au service de la France, notre cœur s'emballe.
07:25La réalité se rappelle à tous, noirs et crus, sur le danger que vivent les forces de l'ordre.
07:35Pour tenter d'être à la hauteur, Madame, de l'immense tristesse qui vous touche,
07:40qui touche une famille, deux enfants, deux parents, une sœur et des camarades,
07:48il faut, je le sais, mettre d'abord des mots sur les choses pour ne pas rajouter à votre tristesse.
07:56Français, ce n'est pas un refus d'obtempérer, c'est un crime.
08:02Ce n'est pas un fait divers, c'est un fait de société.
08:07Les rodeos urbains, les chauffards de la route qui ne s'arrêtent pas quand on leur dit de s'arrêter,
08:12tuent plus de personnes, plus de forces de l'ordre que les règlements de comptes ou les braquages.
08:18Ce conducteur n'a pas d'excuses.
08:21Il a tué un représentant de l'État et, à ce titre, il assassine tout ce qu'il représente,
08:26la loi, l'autorité, la patrie.
08:32Il a tué un représentant de l'État et il nous a tous un peu assassinés.
08:38La société doit répondre à ces crimes pour qu'ils s'arrêtent enfin,
08:44pour que l'on puisse se dire, si quelqu'un ne s'arrête pas devant un représentant de la loi,
08:49alors la loi arrête le délinquant avant qu'il ne devienne criminel.
08:55La mort de votre mari nous scandalise et nous révolte.
08:59Et elle est un message nouveau, répété, strident et dérangeant,
09:04qui doit être entendu et qui doit se traduire partout, dans toutes les sphères de décision.
09:12Les forces de l'ordre doivent être respectées et aucun parti, aucune personnalité,
09:18aucun tribun ne peut les prendre en otage comme bouc émissaire.
09:22Personne comme eux risque leur vie, chaque jour, chaque nuit.
09:28Et chacun doit les aimer, les défendre et les respecter.
09:33Le refus de s'arrêter à l'injonction d'un gendarme, d'un policier,
09:37n'est pas un simple refus d'obtempérer, comme le disent gentiment les juristes,
09:42mais un refus de l'autorité de l'État.
09:44Un refus de la France, de la volonté générale et de la loi.
09:50Un refus qui veut que le gendarme, le policier, l'homme en uniforme,
09:55a d'abord raison, a priori, et qui doit être d'abord soutenu contre celui qui l'arrête.
10:03Que celui qui porte le bleu noir rouge ou son uniforme a davantage de droits
10:06que celui qui roule vite, sous alcool ou sous drogue, sans permis.
10:13Qu'il terrorise un quartier, qui met en danger ceux qui croisent,
10:18qui fait n'importe quoi, avec une arme par destination,
10:23comme cette petite fille si innocente, tuée par un chauffard en moto,
10:27et qui nous plonge avec ses parents dans un abîme de tristesse.
10:34Comme nous le disons depuis tant d'années au ministère de l'Intérieur,
10:37l'autorité passe par les forces de l'ordre,
10:40qui seules peuvent permettre la liberté, car elles protègent chaque jour,
10:44chaque nuit, le plus faible, le plus petit, le plus seul.
10:50Celui qui n'a ni richesse, ni relation pour se mettre à l'abri de la délinquance,
10:55et qui attend tout de l'État, des policiers, des gendarmes, la protection de la patrie.
11:03Évidemment, juste l'ordre n'a pas de sens,
11:08mais une société sans ordre, sans force de l'ordre,
11:12est vouée à la guerre de tous contre tous,
11:15à l'écrasement des plus fragiles et des plus pauvres.
11:23Français, devant ce cercueil et devant cette mort, nous nous inclinons.
11:32D'abord devant votre peine, Madame, vous qui perdez l'amour de votre vie.
11:37Et chacun est bouleversé quand il essaye un instant de se mettre à votre place.
11:41Vous avez épousé un gendarme,
11:44vous avez épousé une vie de patriote faite de valeurs et de services.
11:50Vous êtes veuve comme l'est la gendarmerie nationale,
11:53comme l'est le ministère de l'Intérieur et comme le sont aujourd'hui tous les Français.
11:59Nous serons toujours à vos côtés, car votre chagrin sera éternellement le vôtre.
12:03Vos enfants seront éternellement les nôtres.
12:07Et vous êtes assuré que le combat pour la reconnaissance des valeurs de droiture et de justice
12:13qui sans doute animait votre mari sera toujours les nôtres, toujours les miennes.
12:21Je sais qu'aucun discours, aucune cérémonie, aucune décoration ne remplacera votre homme.
12:31Mais dans toutes vos larmes,
12:33vous pouvez vous dire que votre époux a été toute sa vie fidèle à son serment
12:37et qu'il a évité le malheur à tant de gens.
12:42Nous nous acquittons devant votre chagrin, chers enfants,
12:47d'un père désormais absent après tant d'absences du fait du service de l'État.
12:53Personne ne le remplacera jamais et quel que soit l'âge de son père, on est toujours orphelin.
13:00Votre dégoût, votre tristesse est immense, je le sais.
13:06Mais à vie, vos propres enfants et après eux, vos petits-enfants,
13:10auront le plus grand honneur qui est donné à une fille ou à un fils de France,
13:15de pouvoir dire « mon père était un héros ».
13:20Pas besoin de lire Kipling pour savoir comment on devient un homme au contact d'un tel papa.
13:28À vous, ces parents, dont les valeurs familiales et personnelles ont élevé un fils dans le service,
13:33celui de la patrie et celui des autres,
13:38qui l'ont conduit à choisir l'engagement plutôt que le profit, la France plutôt que rien.
13:47Perdre un enfant n'a pas de mot dans le dictionnaire.
13:51Son manque est terrible, mais vous savez qu'il a eu la vie qu'il voulait avoir.
13:57Vous, le père gendarme, debout, en uniforme, le drapeau français sur le cœur.
14:06À tous ces camarades, vous comprenez encore mieux pourquoi il faut être sans cesse sur le terrain,
14:12à enquêter, à intervenir, à interpeller.
14:16Contre les désordres du monde qui ne peuvent faire rien d'autre que du malheur et des orphelins,
14:22qui ne peuvent être résolus que par vous.
14:24Vous qui, comme nous, comme les Français, sont assoiffés de justice et de paix.
14:28La France compte sur vous.
14:33Tous les gendarmes de France, tous les policiers de France se reconnaissent dans Éric Comines.
14:40Ils sont frères d'armes.
14:42Cela aurait pu arriver à chacune, à chacun d'entre eux.
14:48Cela peut arriver à chaque minute sur toutes les routes de France.
14:53Ils se recueillent aujourd'hui, mais demandent justice demain.
14:58Pas simplement justice contre le criminel, mais justice pour la société,
15:03pour une société qui a besoin que cela s'arrête,
15:08qui a besoin des policiers et des gendarmes, pour une société qui demande la protection.
15:15À ma place, modestement, je suis venu dire les condoléances les plus attristées de la nation.
15:21Et, une nouvelle fois, renouveler le serment de toujours défendre
15:25et de toujours soutenir, quels que soient les moments,
15:32et les trop nombreux jours de deuil et de tristesse de la gendarmerie nationale.
15:38La société doit se reprendre.
15:41On ne peut pas applaudir les forces de l'ordre lors des Jeux olympiques
15:43et relativiser quand l'un d'entre eux se fait assassiner sur le bord de la route.
15:52Il y a bien des femmes, il y a bien des hommes, comme l'immense majorité de notre peuple,
15:57qui comprennent votre action et votre engagement.
16:01Comme chef, depuis plus de quatre ans désormais, à la tête du ministère de l'Intérieur,
16:08soyez sûrs que je souffre et que je défendrai toujours, à chaque instant, votre action.
16:16Il faut toujours défendre la mémoire d'Éric Comines,
16:20parce qu'elle est celle de toutes les forces de l'ordre, passées, présents ou futures.
16:25Elle est celle des enfants du peuple qui choisissent d'être policiers, gendarmes,
16:28satyres-pompiers ou militaires, fonctionnaires de la République,
16:32et qui demandent qu'une chose à la politique, protéger ceux qui nous protègent.
16:39Adjudant Éric Comines, vous êtes promu à titre exceptionnel au grade d'adjudant-chef.
16:50Vous êtes cité à l'ordre de la Gendarmerie nationale,
16:52portant attribution de la médaille de la Gendarmerie
16:55et décoré de la médaille de la Sécurité intérieure.
17:01Nous allons vous décorer de la médaille militaire
17:05et être faits chevaliers dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
17:11Adjudant-chef Éric Comines, la patrie vous est éternellement reconnaissante.
17:19Nous prendrons soin de votre famille et nous saurons être à la hauteur.
17:25Adjudant-chef Éric Comines, partez en paix après avoir tant servi.
17:32Vive la Gendarmerie nationale, vive la République et vive la France.

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