America First, le bilan - L'ennemi au Moyen-Orient

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Au Moyen-Orient, Donald Trump, plus businessman que chef d’État, rebat aussi les cartes sans concertation. Il entraîne l’Amérique au seuil d’une guerre avec l’Iran. Dénonçant l’accord sur le nucléaire iranien, le président américain désigne, devant l'Assemblée générale des Nations unies, Téhéran comme le danger et l’ennemi commun d’Israël et des pays arabes, puis commandite, en janvier 2020, l’assassinat du général Soleimani.
Transcript
00:00Le président Trump est un homme d'affaires, pas un homme politique.
00:16Pour lui, en bon businessman, vous achetez une société, vous la prenez en main et tout
00:19le monde vous obéit.
00:20Sinon, vous les virez.
00:21Il avait trouvé cet accord stupide, l'accord sur l'Iran était un accord conclu par des
00:36stupides.
00:37Des stupides dont la France était.
00:40L'un des présidents les plus controversés de l'histoire, piétine les conventions,
00:53chez lui comme ailleurs.
00:55De l'accord nucléaire avec l'Iran au retrait des troupes américaines, dans cet épisode,
01:03Donald Trump s'attaque au Moyen-Orient.
01:05Eh bien, les bras ne m'en sont pas tombés, sinon j'aurais fait tomber le téléphone.
01:19Mais je me suis dit, ça, c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire.
01:23C'était choquant, le président Trump a cru qu'il pouvait traiter l'Iran comme il aurait
01:32traité ses clients dans la région.
01:35Trump impose ses propres méthodes dans une des régions les plus instables au monde.
01:42Je me souviens être intervenu et avoir dit que si ça avait lieu, ce serait notre dernière
01:55rencontre.
01:56Il mène l'Amérique au seuil de la guerre et surprend le monde en annonçant le deal
02:07du siècle.
02:26À la Maison-Blanche, Trump a à peine déballé ses cartons qu'une crise majeure vient bouleverser
02:36ses projets.
02:37Dans la nuit du 4 avril 2017, le gouvernement d'Assad a lancé une frappe aérienne dans
02:50le nord-ouest de la Syrie.
02:58Des dizaines de civils sont tués.
03:02Les premiers rapports mettent en cause l'utilisation d'armes chimiques.
03:06On s'est réunis dans le bureau du président pour le briefing des services de renseignement.
03:16C'était sa première réunion de la journée.
03:18À la Maison-Blanche, entre la résidence et le bureau ovale, il y a ces grandes baies
03:24vitrées qu'ils donnent sur l'extérieur.
03:25Le vice-président, son conseiller à la Sécurité nationale, d'autres hauts fonctionnaires
03:30et moi-même étions près des fenêtres.
03:32On regardait le président Trump marcher de la résidence par les colonnades et de la
03:40vapeur sortait de ses oreilles.
03:41Il était en colère.
03:42Il s'est assis à son bureau, a sorti le journal et a dit « Vous avez vu ça ? ». Et il a
03:48montré les photos des femmes et des enfants qui avaient été gazés.
03:51Et il a dit « Je veux l'éliminer ». En d'autres termes, il voulait assassiner le président
03:58syrien.
03:59Je regarde mes collègues, tous les hommes dans la pièce, et je me dis « Les gars,
04:03soutenez-moi ». Ils regardaient tous leurs chaussures et j'ai dit « Monsieur le président,
04:07vous ne pouvez pas faire ça ». Ils me demandent « Pourquoi ? ». Et j'ai répondu « C'est
04:11un acte de guerre ». Il a dit « Nous sommes déjà en guerre, ils sont déjà en guerre
04:15contre nous, c'est la guerre ». J'ai répondu « Mais ce n'est pas une déclaration de
04:18guerre officielle ». Trump me fusille du regard, croise les bras face au Donald Trump
04:23sérieux.
04:24Ce qu'il voulait, c'était punir Assad et ne pas le laisser s'en tirer comme ça.
04:27Ne rien faire était clairement risqué.
04:31Le président était persuadé qu'il était temps d'essayer de réimposer une forme de
04:36dissuasion à Assad.
04:4024 heures plus tard, McMaster revient avec un plan de riposte dirigé contre les forces
04:46armées d'Assad.
04:47Trump, qui a fait campagne sur le retrait des États-Unis de guerre trop coûteuse,
04:52doit décider s'il se lance dans une opération militaire majeure.
04:55Le président a dit « Ok, est-ce que je dois prendre une décision tout de suite ? ». Je
05:03lui ai conseillé de le faire vraiment au plus tôt, pour la simple et bonne raison que plus
05:08on attendait, moins la réponse des États-Unis paraîtrait reliée à cette attaque monstrueuse.
05:13Trump doit suspendre la réunion.
05:19Il s'envole pour la Floride pour accueillir le président chinois Xi Jinping lors de sa
05:24première visite d'État.
05:25Mar-a-Lago est spectaculaire.
05:54C'est la résidence privée américaine la plus glamour, la plus H-d'or.
05:58Chaque surface est recouverte de fresques, de luminaires scintillants et de dorures.
06:03C'est tout simplement paillettes et glamour, le style Trump, puissance 10.
06:08Vous imaginez qu'il y avait là des activités très concurrentes.
06:12Alors qu'on entrait à Mar-a-Lago, le président s'occupait du choix des chandeliers qu'il
06:16voulait à la table du dîner avec Xi Jinping.
06:24On s'est tout d'abord réunis dans la salle sécurisée où le président, entouré de
06:29tous ses conseillers, devait décider si nous allions ou non bombarder la Syrie en réponse
06:34à l'attaque chimique.
06:38Nous étions dans la salle de crise de la Maison Blanche alors que le président Trump,
06:42le secrétaire d'État et d'autres étaient à Mar-a-Lago.
06:48L'idée était d'utiliser une soixantaine de missiles Tomahawk qui étaient très précis
06:52et pouvaient frapper exactement leurs cibles.
06:59Un de mes collègues s'est tout à coup rendu compte que sur l'un des sites ciblés se
07:03trouvaient des conseillers militaires russes pour le gouvernement syrien.
07:08Il fallait s'assurer avec la plus grande précaution qu'il n'y aurait pas de victimes
07:12collatérales russes parce que cela aurait pu déclencher une toute autre suite d'événements.
07:19Si ça lui avait sauté au visage ou si l'un des missiles Tomahawk était passé à côté
07:24de la cible et avait atterri sur une zone d'habitation.
07:27C'était le premier sommet, un moment crucial avec le président chinois Xi Jinping.
07:32Une erreur à ce moment-là aurait éterni tout son mandat.
07:36Le monde entier regardait.
07:39Il a pris quelques minutes de réflexion puis il a annoncé sa décision aux secrétaires
07:43à la Défense.
07:49Le président Trump et le président Xi étaient assis d'un côté de la table, l'un à côté
08:12de l'autre avec leurs interprètes et entourés de leurs équipes.
08:19On a alors vu l'aide militaire se pencher vers le président et lui chuchoter quelque
08:23chose à l'oreille.
08:25Nous, du côté américain, savions tous très bien ce qu'il lui disait.
08:29Le président Trump s'est penché vers le président Xi et lui a dit « Je veux juste
08:33vous informer avant que le dîner ne se termine et que vous ne partiez que nous avons lancé
08:37une attaque de missiles très ciblée sur la Syrie ce soir ».
08:43Trump a adoré raconter cette histoire pendant des semaines.
08:47Il disait « Le président chinois m'a regardé et par le biais de son interprète il m'a
08:51dit « Répétez ». » Donc l'interprète a répété puis le président chinois a regardé
08:56Trump et a demandé à l'interprète « Répétez encore ».
09:02Et puis Trump a jouté « Et j'étais assis là avec la plus grosse, la plus belle part
09:06de gâteau au chocolat et je souriais ».
09:17Cette attaque est l'une des réponses les plus significatives aux militaires américains
09:21à Bashar al-Assad.
09:23Ce que j'ai fait devait être fait par l'administration d'Obama il y a longtemps
09:28avant que je ne le fasse.
09:29Ils ont eu une grande attaque.
09:30Juste après qu'il a dessiné la ligne rouge dans l'air, ils ont eu une grande attaque
09:33et tout le monde a attendu ce qui se passait et rien n'est arrivé.
09:37Cinq ans plus tôt, le président Obama avait qualifié l'utilisation d'armes chimiques
09:41de « lignes rouges à ne pas franchir ». Mais quand Assad a tué plus de 1000 personnes
09:46au Gaz sarin, Obama et ses alliés européens n'ont pas rétorqué.
09:54Le président Trump ne prend pas la peine de consulter, ni même d'informer ses alliés.
10:02Nous n'avons connu le jour que lorsque la frappe a eu lieu.
10:06Et nous n'avons eu les résultats qu'ensuite.
10:09Donc c'était vraiment la preuve que Donald Trump ne voulait pas être avec les Européens.
10:17Alors pourquoi Donald Trump a-t-il procédé ainsi ?
10:20Pour une seule raison, montrer qu'il était différent de Barack Obama.
10:26Finalement, cette opération n'était qu'une opération de communication.
10:32En politique étrangère, l'ambition de Trump rime avec grandiose.
10:37Il vise à établir la paix au Moyen-Orient, alors que personne avant lui n'y est vraiment parvenu.
10:53Le casting est improbable. Il confie le rôle à un homme d'affaires de 36 ans,
10:57son gendre.
11:20J'arrête que Schneur n'y connaît rien en diplomatie.
11:23Mais possède un atout majeur.
11:26Une amitié de longue date avec le premier ministre israélien.
11:54Depuis toujours, les présidents américains considéraient que la paix au Moyen-Orient
11:58était impossible sans un accord entre Israéliens et Palestiniens.
12:04A ce premier sommet, Netanyahou fait une proposition radicale.
12:08Mettre de côté la question palestinienne.
12:10Il y a un accord entre Israël et Palestine.
12:12Il y a un accord entre Israël et Palestine.
12:14Il y a un accord entre Israël et Palestine.
12:16Il y a un accord entre Israël et Palestine.
12:18Il y a un accord entre Israël et Palestine.
12:20Une proposition radicale. Mettre de côté la question palestinienne.
12:26Le premier ministre Netanyahou a dit,
12:29commençons par les pays du Golfe sunnite modéré,
12:32l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Bahreïn, Oman, le Soudan, les Émirats Arabes Unis et d'autres.
12:38Puis, nous passerons aux Palestiniens.
12:43Le premier ministre a fait de son mieux pour convaincre le président Trump
12:46qu'il y avait une vraie ouverture stratégique du côté des pays arabes.
12:51C'était le sujet principal de leur conversation lors de leur première rencontre.
12:58C'était tellement confidentiel que c'est l'une des rares réunions
13:01où je n'ai même pas pris de notes sur mon ordinateur.
13:06Netanyahou insiste. Israël et les pays du Golfe ont une raison clé pour se rapprocher,
13:12se protéger de leur ennemi commun.
13:15Aujourd'hui, l'Iran est derrière tous les actes terroristes dans le monde.
13:19Il soutient des organisations terroristes, le Hezbollah, le Hamas,
13:23il est au Liban, en Syrie, à Gaza.
13:25Tous sont soutenus par l'Iran.
13:29Netanyahou a joué carte sur table en abordant la menace iranienne.
13:33Il a clairement dit que pour lui, la menace iranienne était la plus grande menace pour la région.
13:39Quand les Israéliens et les dirigeants arabes sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne l'Iran,
13:43on doit les prendre très au sérieux.
13:46Et le président Trump lui a dit, tu sais ce que tu dis fait sens,
13:50je dois peut-être bâtir mon plan sur ces idées.
13:53C'est un homme d'affaires, il veut que l'affaire soit conclue.
13:58Jared Kushner est chargé de contacter les dirigeants des pays du Golfe.
14:03Il n'a fait qu'écouter.
14:05Tant de nos experts se rendent dans la région en ayant déjà en tête la façon dont le Moyen-Orient doit être organisé
14:10parce qu'ils ont déjà écrit cinq livres sur le sujet.
14:15Jared arrive et il demande, qu'est-ce qui vous préoccupe ?
14:18Et ils lui répondent, l'Iran, l'emploi, l'extrémisme, la radicalisation.
14:24J'attends toujours qu'il parle des Palestiniens, mais toujours rien.
14:30Les gens réalisent que la vraie menace pour la région, c'est l'Iran et son agressivité.
14:34Israël et de nombreux états arabes ont aujourd'hui bien plus à partager que par le passé.
14:40Kushner fait une proposition audacieuse.
14:42Le président pourrait tirer parti de son premier déplacement à l'étranger pour initier une nouvelle coalition.
14:49Trump profite de l'invitation de l'Arabie Saoudite.
14:53Il aurait pu aller à Berlin.
14:55Il aurait pu aller à Londres pour montrer combien il était convaincu de l'utilité du Brexit.
15:01Mais en fait, pour lui, l'Europe est un embarras.
15:07C'est une concurrence commerciale.
15:09Ce sont des pays qui défendent des valeurs, des principes.
15:14Donc il a voulu montrer que les temps avaient changé et qu'il allait faire de la diplomatie américaine,
15:20non pas une diplomatie de sécurité, mais une diplomatie d'affaires.
15:28Avant même que Trump n'atterrisse, Kushner a déjà négocié avec l'Arabie Saoudite une vente d'armes d'une centaine de milliards de dollars.
15:37Le roi Salman bin Saoud, en personne, a fait l'effort de se déplacer pour accueillir son invité.
15:46Les Saoudiens ont sorti de grands jeux pour le président.
15:49Ce que les Saoudiens voulaient faire, c'était convaincre les Etats-Unis et Donald Trump.
15:53Vous êtes les bienvenus, on vous attend dans la région, on veut travailler avec vous.
15:59On savait que le président venait du show business, donc un spectacle a été organisé.
16:06Il y avait des paillettes, c'est vrai, mais il aime les paillettes.
16:12Quand on est arrivé, j'étais dans la voiture qui suivait celle du président.
16:16On pouvait entendre la musique à au moins 800 mètres.
16:19Ils portaient des épées et des habits de guerre, c'était comme une scène de Laurence d'Arabie.
16:24Le spectacle incluait aussi la danse des épées.
16:33L'Arabie saoudite a eu l'idée d'inviter les chefs d'Etat du monde arabe.
16:40C'était pour Trump.
16:41Il a eu l'idée de faire un spectacle sur la scène de la guerre.
16:44Il a fait un spectacle sur la scène de la guerre.
16:46Il a fait un spectacle sur la scène de la guerre.
16:48C'était pour Trump une occasion symbolique très importante de venir s'adresser à 50 dirigeants musulmans.
16:55L'Arabie saoudite a très bien fait de tous les réunir.
17:01L'importance et la puissance de ce qui se passait était simplement extraordinaire.
17:08C'est un très grand espace, rempli d'énormes bureaux et de délégations assises à ces bureaux.
17:14Le président, debout face à la salle, fait un discours,
17:17pendant que tous ces chefs d'Etat du Moyen-Orient prennent des notes et d'écoutent.
17:36On savait que c'était une grande occasion de fédérer beaucoup de nations arabes
17:40contre la menace commune de l'Iran.
17:58Après le discours, j'ai parlé avec plusieurs ministres des Affaires étrangères arabes
18:01et ils m'ont dit « enfin quelqu'un qui comprend le Moyen-Orient ».
18:11Après le sommet, Trump et son équipe embarquent sur un vol qui les mène directement d'Arabie saoudite en Israël.
18:17Du jamais vu.
18:20Je me rappelle avoir pris des photos de l'écran d'Air Force One qui affichait « Vol Riyad Tel Aviv ».
18:27Aller directement des pays arabes vers Israël, c'était compliqué
18:31parce que ces États ne s'étaient jamais reconnus mutuellement.
18:34La liaison aérienne était donc fermée.
18:37C'était un moment vraiment bouleversant et captivant.
18:41On se disait « s'agit-il d'une rupture qui ouvre une perspective d'avenir ? »
18:52Trump se rend directement à Jérusalem.
19:00On a vraiment voulu que le président Trump se rende au mur des lamentations.
19:03Les lamentations, c'était inédit pour un président.
19:06Et c'était incroyable de le voir se diriger vers le mur et prononcer une prière.
19:17C'était un moment et un acte très émouvant pour les Israéliens.
19:21Voir le président Trump mettre la kippa, venir dans ce lieu,
19:26le lieu le plus saint aux yeux du peuple juif.
19:29C'était un vrai message comme quoi le déménagement de l'ambassade vers Jérusalem allait vraiment se faire.
19:37L'ambassade américaine se trouve depuis toujours à Tel Aviv.
19:40Trump a promis de la transférer à Jérusalem,
19:43ville que les Palestiniens revendiquent comme leur future capitale.
19:47Le geste de Trump n'inquiète pas les Palestiniens,
19:50convaincus que le président leur a déjà fait une autre promesse.
19:54Je me souviens très bien que le président Trump a dit
19:57« Je sais que Netanyahou voudrait s'accaparer Jérusalem.
20:01Je ne ferai pas ça, je ne le ferai pas.
20:04Je promets que ces discussions resteront ouvertes et que vous trancherez ensemble. »
20:09Trump a dit « Je ne ferai pas ça, je ne ferai pas ça »
20:13et il l'a répété trois fois.
20:17Le lendemain de sa visite à Jérusalem,
20:19Trump se rend à Bethléem pour rencontrer le président de l'autorité palestinienne.
20:27La chose la plus importante lors de la visite de Trump à Bethléem,
20:31c'était de discuter du processus politique.
20:35Il a dit « Vous savez quoi, commençons tout de suite. »
20:38Puis il a ajouté « Faisons ça lundi prochain, envoyez vos négociateurs. »
20:45Le président Trump était une fois de plus moteur.
20:48Mettez-les dans une pièce avec les Israéliens
20:50et parlons franchement pour que ce conflit soit résolu d'une façon qui convient aux deux partis.
20:57« Je suis directement allé préparer le voyage de mes négociateurs, de mes supérieurs à Washington. »
21:03À la fin de cette première visite au Moyen-Orient,
21:06Trump annonce que l'accord est presque conclu.
21:09« J'ai eu une réunion ce matin avec le président Abbas
21:13et je peux vous dire que les Palestiniens sont prêts à atteindre la paix.
21:19Je sais que vous l'avez entendu avant, je vous le dis, c'est ce que je fais. »
21:25Son équipe n'est pas si optimiste.
21:29Pendant la réunion, les Palestiniens ont réitéré leurs conditions préalables à l'accord.
21:35Israël doit se retirer de la Cisjordanie et reconnaître Jérusalem-Est comme leur capitale.
21:43« On a compris que les Palestiniens n'étaient pas vraiment intéressés par les négociations,
21:47mais plutôt qu'on demande aux Israéliens qu'ils respectent certaines préconditions.
21:52Alors on ne voyait pas l'intérêt de réunir à ce moment-là les deux partis dans une pièce pour négocier. »
21:59Les lundis s'enchaînent.
22:02Les négociations promises par Trump n'auront jamais lieu.
22:06« Chaque fois que je frappais à la porte, elle était fermée.
22:09Attendons un peu, on discutera plus tard.
22:11Chaque fois que je contactais la Maison-Blanche et l'équipe de Trump,
22:15Jared Kushner et Jason Greenblatt bloquaient tout. »
22:21La priorité de Trump n'est pas la Palestine, mais l'Iran.
22:324 mois plus tard, il fait ses débuts à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
22:54C'est la tribune idéale pour engager le monde dans une croisade.
22:58« Aucun d'entre nous n'a assisté à cette séance de l'Assemblée Générale
23:02puisqu'on s'attendait à ce que la déclaration nous soit défavorable.
23:08On l'a regardée à la télévision. »
23:27Et ses attaques sur l'Iran étaient très violentes.
23:57« Ce qui a complètement échappé à Trump,
24:10c'est qu'il ne s'agissait pas d'un accord bilatéral entre l'Iran et les États-Unis.
24:15C'était un engagement international des États-Unis,
24:18approuvé par une résolution du Conseil de sécurité que les États-Unis avaient eux-mêmes soutenues. »
24:24Les États-Unis, la Russie, la Chine et l'Europe ont négocié des années
24:30pour que l'Iran accepte de stopper son programme d'armes nucléaires.
24:45Rudoyer ses partenaires n'était pour Trump qu'une simple mise en jambe.
24:53« Après le discours, j'avais pas mal de réunions en ville.
24:56Mais j'ai reçu un appel du chef de cabinet du secrétaire Tillerson
25:00qui m'a demandé de retourner à la résidence de la délégation américaine au Lot Palace. »
25:06Thomas Shannon a travaillé au sein de l'administration Obama
25:10sur l'accord nucléaire avec l'Iran et assure la transition sous l'ère Trump.
25:15On lui dit que Trump demande à rencontrer le président iranien.
25:20« Je me souviens avoir regardé le chef de cabinet avec une certaine stupeur.
25:25Je me suis dit, mon Dieu, le président vient d'humilier publiquement les Iraniens dans son discours.
25:31Connaissant les Iraniens, ça ne va pas être simple à demander. »
25:39« J'ai appelé mon homologue, Abbas Arrakshi. »
25:43« Monsieur Shannon, après m'avoir salué, m'a dit que le président allait rencontrer notre président.
25:49Ce soir à 19h au Palace Hotel.
25:52Pendant un moment, je suis resté sans voix. »
25:56« Il y a eu un long silence à l'autre bout du fil, puis un rire bref. »
26:01« À la fois, j'avais envie de rire et en même temps, j'étais stupéfait.
26:05Je me suis dit, mais pour qui ils nous prennent ?
26:10J'ai répondu, je vais faire passer le message, mais j'ai peu d'espoir. »
26:16« Il était évident qu'on n'allait pas l'accepter.
26:19Non seulement à cause du discours, mais aussi pour le ton de l'invitation.
26:24Je veux dire, une invitation diplomatique n'est pas la même chose qu'un patron
26:32qui convoque son employé pour lui dire, je veux te voir à telle heure, à tel endroit. »
26:41Trump ne se décourage pas.
26:43Il se tourne vers un autre intermédiaire, le président Macron.
26:48« Je suis avec le président de la République qui va rencontrer la communauté française de New York.
26:54Nous sommes juste sur le point d'y aller.
26:56J'ai eu le téléphone de Thierson qui dit à Emmanuel Macron,
26:59le président Trump veut rencontrer le président Rouhani, le président iranien.
27:04Pouvez-vous arranger cette affaire ?
27:08Le président dit, oui, j'essaye.
27:10Du coup, il appelle immédiatement Rouhani et ce qui n'est pas surprenant,
27:15Rouhani répond, Trump vient d'insulter mon pays à la tribune.
27:20Politiquement, je ne peux pas le rencontrer dans ces circonstances. »
27:27« Quand Macron s'en est mêlé, ils ont été très inquiets parce qu'ils se sont dit,
27:33mon Dieu, qu'est-ce qui va se passer si Macron se pointe avec Trump à notre hôtel et frappe à la porte ?
27:38Qu'est-ce qu'on va faire ?
27:41Et on m'a dit qu'ils avaient décidé que si Macron frappait à la porte, on allait devoir lui ouvrir.
27:49Donc cette rencontre aurait pu avoir lieu. »
27:53À Washington, la menace d'un retrait de l'accord nucléaire iranien alarme les collaborateurs de Trump.
28:00Le secrétaire à la Défense, James Mattis, est convoqué par le Congrès.
28:06« Mattis était devenu terriblement inquiet que l'Amérique semble abandonner ses vieilles alliances et ses alliés.
28:11On était en train de quitter de nombreux accords internationaux.
28:14Nous étions ainsi dans son bureau en train de préparer son témoignage.
28:17Mattis me regarde et me dit, il est extrêmement important que dans mon témoignage,
28:21on dise clairement que lorsque l'Amérique donne sa parole, elle doit la tenir.
28:25Nous ne devrions pas nous retirer de l'accord nucléaire iranien. »
28:47« La réponse qu'il a donnée au sénateur King ne faisait pas partie de celle qu'on avait préparée.
29:08Il savait qu'il serait dans une position délicate face au président,
29:11mais il se sentait obligé de dire que le retrait de l'accord nucléaire iranien était une fausse route. »
29:18Aucune réaction de la part de la Maison Blanche, pas même un tweet du président.
29:28Deux mois plus tard, Trump fait face à une échéance.
29:33Depuis plus de vingt ans, chaque président américain signe une dérogation
29:38pour différer le déménagement de son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.
29:42Cette fois, Trump doit décider s'il fera de même.
29:50« Monsieur Kushner avait demandé une réunion.
29:53Saeb Erekat a dit, vous savez, demain le président Trump doit signer ce report du transfert de l'ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, c'est imminent.
30:01Et Jared Kushner a répondu qu'il n'était pas sûr qu'ils allaient signer le report.
30:07« Nous avons dit, on est une administration très différente de celle auxquelles vous êtes peut-être habitués.
30:12Pour nous, c'est la décision historiquement correcte et juste pour Israël, et nous le ferons. »
30:19« Je me souviens avoir dit à Jared que si ça avait lieu, ce serait notre dernière rencontre. »
30:28« On peut voir à son visage et à son langage corporel quand il entend quelque chose qui lui déplaît.
30:34Il s'éteint et son visage devient rouge.
30:38Il n'est pas là pour discuter, il est là pour transmettre la décision.
30:43Je voulais juste m'assurer que Jared sache que s'il faisait ça, il ne nous reverrait plus jamais.
30:49Et c'est exactement la dernière chose que j'ai dite.
30:52Ce sera notre dernière rencontre.
30:55Et ce fut en effet notre dernière rencontre. »
31:00Trump décide de transférer l'ambassade.
31:04L'autorité palestinienne rend tout contact avec le gouvernement des États-Unis.
31:10« Si l'ambassade est une ambassade internationale,
31:13elle doit être dirigée par des hommes de l'État d'esprit,
31:17et pas par des hommes d'impôts.
31:20C'est la vérité.
31:22La Palestine ne répondra pas à l'ambassade par des hommes d'impôts. »
31:31Même si les précédents présidents ont fait ceci comme une grande promesse de campagne,
31:36ils n'ont pas réussi à la transmettre.
31:38Aujourd'hui, je suis en train de la transmettre.
31:42Vous pouvez vous rappeler que c'était une autre des promesses de campagne du président.
31:46Quand Trump était candidat, il a promis de transférer l'ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.
31:51Nous vous remercions, oh Seigneur, pour le courage du président Donald Trump
31:55dans l'acknowledgement du monde d'une vérité
31:58établie il y a 3000 ans
32:01que Jérusalem est et toujours sera
32:05la capitale éternelle du peuple juif.
32:10Les dizaines de millions d'évangélistes qui ont fait élire Trump sont aux anges.
32:19Leur président a mis moins d'un an pour tenir sa promesse.
32:28Maintenant qu'il a fait le bonheur de son électorat,
32:31Trump peut s'occuper de son ennemi principal.
32:35Il déclare que l'accord nucléaire iranien rapporte au régime des milliards de dollars
32:40qui financent directement le terrorisme.
32:45Il accorde quatre mois aux Européens pour régler le problème.
32:48Sinon, les États-Unis se retirent.
32:52Commencent alors des négociations acharnées.
32:59Des milliers d'heures ont été englouties pour aboutir à ça.
33:02Pour ces gens qui s'étaient retrouvés à la table des négociations,
33:05refaire tout ça semblait presque impossible.
33:09Après des semaines de pourparlers, l'objectif est presque atteint.
33:15On est arrivés dans ces négociations, je crois, à deux ou trois phrases près,
33:20à un texte qu'on pourrait tous accepter.
33:22Ce qu'on n'a jamais su, c'est ce que la Maison-Blanche en pensait vraiment.
33:26C'était ça le problème.
33:29À un mois de la date butoir, Trump envoie un signal clair.
33:33Il s'adjoint un fervent opposant à l'Iran.
33:38Quand je suis arrivé en avril 2018, je pensais que le retrait s'était longtemps fait attendre.
33:45J'ai dit à ma propre équipe à la Maison-Blanche
33:47que la discussion sur l'accord de 2015 n'était plus d'actualité
33:50et qu'on allait se retirer parce que je croyais que c'était ce que Trump avait dit en 2016.
33:55Je pensais qu'il voulait toujours le faire.
34:05Pour éviter coûte que coûte une rupture de l'accord,
34:08le président français se lance dans une opération de charme.
34:26Macron a proposé que lui et Trump se voient en tête à tête
34:30pour tenter de résoudre les derniers points de désaccord
34:33qui avaient été négociés à un niveau inférieur.
34:38On a d'abord découvert, excusez-moi,
34:40que Trump ne savait même pas qu'il y avait eu une négociation.
34:43Et à un moment, Macron m'a raconté qu'il a donné le nom d'un négociateur américain.
34:48Et Trump a répondu « Mais qui c'est ? »
34:51Il ne savait même pas qu'il y avait eu une négociation.
34:54Et là, Trump dit à Macron en tête à tête « Je vais sortir de l'accord ».
34:59Et il dit même « Je ne le dis qu'à toi, je ne l'ai pas dit à Melania ».
35:03Comme s'il parlait politique avec Melania, mais bon.
35:07Macron a en fait été conduit par Trump qui se retirait de l'accord.
35:11Donc il a cherché un moyen de sauver la face.
35:14Lorsqu'il sort, ensuite il y a une réunion élargie avec les délégations.
35:24Macron essaie de dire à Trump « D'accord, mais essayons de lancer une négociation globale ».
35:30Macron pensait qu'une des façons de sauver l'accord nucléaire et combler ses lacunes
35:36serait d'engager une négociation beaucoup plus large.
35:41Macron met sur la table le projet d'un accord de sécurité plus large
35:45pour répondre aux exigences de Trump.
35:50On voyait bien que Trump était, je dirais, ennuyé par la conversation.
35:54Parce que Trump n'entre jamais dans le détail, il ne connaît pas les détails.
35:58Et il dit « Oui, oui, je suis d'accord ».
36:00Donc comme vous pouvez l'imaginer pour Emmanuel Macron,
36:03on pensait avoir le succès diplomatique de sa vie.
36:07Macron quitte Washington, convaincu qu'il a obtenu la promesse
36:11que les Etats-Unis resteront dans l'accord.
36:13Mais Trump, en public, ne se mouille pas.
36:17Deux jours plus tard, le président de l'Union Européenne, Emmanuel Macron,
36:21s'adresse au président de l'Union Européenne, Emmanuel Macron.
36:25Trump, en public, ne se mouille pas.
36:29Deux jours plus tard, c'est le tour d'Angela Merkel.
36:44La doyenne de la diplomatie internationale tient à s'assurer
36:47que Trump ne quittera pas l'accord.
36:51Merkel aussi, dans une tentative de sauver l'accord,
36:55a évoqué les mêmes arguments que Macron.
36:58Mais finalement, on n'a pas parlé tant que ça de l'Iran.
37:04Trump refuse de s'engager.
37:06À cinq jours de la date limite, il tweet.
37:10Le chef de la diplomatie britannique vient d'atterrir à Washington.
37:16Boris faisait une ultime tentative
37:18pour trouver quelques arrangements pour sauver l'accord.
37:21Il avait quelques éléments de langage préparés pour ça,
37:24pour ces points encore en suspens.
37:26On se rend à la réunion avec le secrétaire d'État, Mike Pompeo.
37:30Il a dit qu'il n'y avait pas d'arguments.
37:32Il a dit qu'il n'y avait pas d'arguments.
37:34Il a dit qu'il n'y avait pas d'arguments.
37:36On se rend à la réunion avec le secrétaire d'État, Mike Pompeo.
37:43Il essaie de dire « Je pense qu'on a trouvé une solution »
37:46pour voir s'il est encore possible de rédiger un texte définitif
37:49et de le faire signer à la Maison Blanche.
37:51Et Mike Pompeo a juste dit « Non, c'est terminé. »
37:54Le président a pris sa décision. C'est fait.
38:06Je vous annonce aujourd'hui que les États-Unis
38:09vont abandonner le accord nucléaire avec l'Iran.
38:13Cette action a envoyé un message critique.
38:17Quand je fais des promesses, je les garde.
38:21Monsieur le Président, comment vous faites pour que l'Amérique soit en sécurité ?
38:24Merci beaucoup.
38:25Ça va faire en sécurité l'Amérique.
38:28Merci beaucoup.
38:31Trump a tenu sa promesse.
38:34Il passe à un autre engagement phare de sa campagne,
38:37« America First »,
38:39ramener les troupes américaines à la maison.
38:58Près de 2000 soldats américains sont déployés en Syrie
39:01pour combattre Daech.
39:05Si Trump tient à ce que ses soldats rentrent,
39:08la majorité de son équipe s'y oppose.
39:14Le fait était qu'en Syrie,
39:16la présence américaine assurait la sécurité du nord-est syrien
39:20et empêchait les Iraniens d'entrer.
39:23De plus, elle maintenait les Russes et les forces d'Assad
39:26hors de ces territoires.
39:30Mais Trump a un soutien de taille.
39:33Le président turc Erdogan.
39:49Les Kurdes, que le président Erdogan considère comme terroristes,
39:53sont les plus proches alliés des États-Unis contre Daech.
39:57Erdogan serait libre de les attaquer si Trump retirait ses troupes.
40:01Il se fait insistant.
40:05Le président Trump avait plus ou moins dit au président Erdogan
40:09« Vous m'appelez quand vous voulez, prenez mon numéro personnel. »
40:12Évidemment, ce n'était pas sa ligne, c'était le standard de la Maison-Blanche.
40:15Mais cette invitation à appeler sur sa ligne directe,
40:18le président Erdogan l'a pris comme une invitation à appeler
40:20pour tout ce qui lui passait par la tête.
40:23Presque à chaque fois qu'Erdogan appelait le président
40:25dans l'espoir de le trouver seul,
40:27tout le monde se bousculait sur le terrain de golf
40:29pour trouver un interprète.
40:31Et on n'avait pas le temps de briefer le président.
40:34Erdogan essayait d'obtenir la promesse qu'on se retirerait de Syrie.
40:41Le président ne comprenait pas vraiment pourquoi on avait des troupes là-bas.
40:44La façon dont on l'a présenté, c'était « Patron, ce n'est pas un problème.
40:47Vous avez des troupes là-bas, mais elles ne vous coûtent pas grand-chose.
40:50Il n'y a pas de victimes. »
40:53Quand il dut faire face à Erdogan, qui poussait du hurlement,
40:56il s'est demandé « Attendez, qu'est-ce qui se passe ? »
40:58Ils m'ont dit que ce n'était pas un problème,
41:00que je pouvais me contenter de laisser les troupes là-bas
41:02et que ça n'embêterait personne,
41:04que je pourrais dormir sur mes deux oreilles.
41:06Et là, ça fait six mois qu'Erdogan me crie dessus à cause de ça.
41:11Dix jours avant Noël, le président reçoit encore un appel d'Erdogan.
41:21Erdogan était clairement énervé.
41:23Et le président lui-même s'énervait qu'Erdogan soit énervé.
41:27Erdogan a dit « Vous ne contrôlez pas tous vos différents généraux,
41:30vos équipes de sécurité nationale, votre département d'État. »
41:35Le président a dit « Vous avez tout à fait raison, nous nous retirons. »
41:40L'ambassadeur Bolton a alors bondi de son siège.
41:44Les bras ne m'en sont pas tombés, sinon j'aurais fait tomber le téléphone.
41:47Mais je me suis dit « Ça, c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire. »
41:58C'est un coup de massue pour les militaires.
42:01Le secrétaire Mattis a exprimé sa frustration
42:03quand on donnait une bien pauvre image à nos alliés,
42:05parce que personne n'avait la moindre idée
42:07de ce que l'Amérique allait faire l'instant d'après.
42:10J'attendais dehors pour entrer dans le bureau Oval pour une autre affaire.
42:14Quand Trump et Mattis sont sortis,
42:16et j'ai tout de suite compris qu'il n'y avait plus qu'une seule affaire.
42:19C'est-à-dire qu'il n'y avait plus qu'une seule affaire,
42:21c'est-à-dire qu'il n'y avait plus qu'une seule affaire,
42:23c'est-à-dire qu'il n'y avait plus qu'une seule affaire,
42:26et j'ai tout de suite compris que quelque chose d'important venait d'arriver.
42:41Trump m'a ramené dans le bureau Oval et m'a dit « Mattis a démissionné ».
42:45Et il en a profité comme d'habitude pour le dénigrer.
42:48Trump cherchait des arguments pour annoncer que c'était lui qui le renvoyait.
42:51C'est ça qu'il aimait dire.
42:53Personne ne démissionne avec Trump, il les vire avant.
43:10Le soir de Noël, on a décollé de la base aérienne d'Andrews
43:13pour se rendre sur une base américaine en Irak.
43:16C'était le premier voyage du président en Irak,
43:19et on y a rencontré des officiers pour qu'ils le briefent sur la situation.
43:24Jusque-là, je croyais que la décision de se retirer de Syrie avait été prise.
43:28Je ne voyais pas comment revenir dessus.
43:33Les généraux font asseoir le président pour lui expliquer
43:36pourquoi il faut maintenir ses troupes en Syrie.
43:41Pour moi, ça a été un tournant.
43:44Je pense que le briefing qu'on a fait à Trump là-bas dans le désert
43:47l'a convaincu qu'on pourrait encore continuer le combat contre Trump.
43:51Il a convaincu qu'on pourrait encore continuer le combat contre Daesh
43:54et que la présence américaine dans le nord-est syrien
43:57aidait aussi à empêcher l'Iran d'atteindre ses objectifs.
44:02Je ne pense pas que sans cette réunion,
44:05nous aurions pu maintenir les forces américaines en Syrie.
44:11Trump concède le maintien des troupes sur place.
44:15Cette fois-ci, il n'en fait pas la publicité.
44:21Mais Erdogan ne baisse pas les bras.
44:25Neuf mois plus tard, il appelle le président américain
44:28pour l'informer qu'il envoie ses troupes en Syrie.
44:31Pour éviter une confrontation avec l'armée turque,
44:34Trump ordonne le retrait de ses militaires.
44:52Les attaques s'intensifient.
45:04Face à la catastrophe annoncée,
45:06les Kurdes demandent protection à la Russie.
45:10On devait tout à coup faire face à l'arrivée des Russes,
45:13des Turcs, avec Daesh toujours là.
45:16Alors on s'est dit, il faudrait peut-être rester.
45:19Erdogan avait besoin d'arguments pour le justifier.
45:22Quelqu'un a pensé à la protection des gisements de pétrole.
45:25Le président a adoré l'idée.
45:27Elle semblait créative et pouvait convaincre son électorat.
45:50L'année qui suit le retrait de l'accord iranien,
45:53l'Amérique ne cesse d'augmenter la pression sur l'Iran.
45:57Les États-Unis ont commencé une nouvelle politique vis-à-vis de l'Iran
46:01totalement différente.
46:04Ce ne sont plus de simples sanctions.
46:07C'est de l'armée qui a été tranchée.
46:11L'armée iranienne a fait la guerre.
46:13Elle a fait la guerre contre l'Iran,
46:15pour les États-Unis, pour le monde entier.
46:18Elle a fait la guerre contre l'État.
46:20Elle a fait la guerre contre l'Etat,
46:22pour la reconnaissance de l'État.
46:24Ce ne sont plus de simples sanctions, c'est la guerre économique, une guerre totale.
46:32Une bataille sur tous les fronts, qu'il s'agisse des marchés bancaires, de l'alimentaire, de la médecine ou du pétrole, contre l'Iran.
46:43Le président espère faire plier le gouvernement iranien qui, au contraire, devient plus offensif.
46:54L'Iran a tiré sur un drone américain, ce que le Pentagon appelle une attaque sans provocation.
47:24C'est un truc, ce drone qu'on avait abattu.
47:29Donc, j'ai dit à monsieur Zarif, on a un problème.
47:48Le président réunit son équipe dans la salle de crise.
47:52Pour moi, c'était une session très sérieuse du Conseil national de sécurité.
47:56Les pour et les contre étaient bien analysés.
47:59C'était fait selon les règles de l'art de la prise de décision interne pour la sécurité nationale.
48:04À la fin de la réunion, je pensais que le président avait pris la bonne décision et qu'il n'y avait plus qu'à la mettre en œuvre.
48:11Trump approuve une frappe sur des cibles iraniennes, prévue le soir même, à 21h.
48:18Nous savions par des gens du Pentagone qu'on leur avait demandé de rester ce soir-là.
48:24Et si vous faites le rapprochement, le drone américain venait d'être abattu.
48:29Il y avait de grands débats sur la réponse américaine.
48:32Et on demande à l'équipe de presse du Pentagone de rester dans le coin pour une annonce imprévue à 9h du soir.
48:38On pouvait en gros deviner ce qui allait arriver.
48:43Dans l'après-midi, tout était entre les mains des militaires.
48:47Je suis donc rentré me changer pour pouvoir passer la nuit à la Maison-Blanche, comme ça arrive dans ces situations-là.
48:54L'heure approche. Les navires sont mis en position.
48:58Les bombardiers et les chasseurs se préparent à décoller.
49:02Je suis retourné à la Maison-Blanche après avoir été coincé dans un embouteillage sur le pont qui traverse la rivière Potomac.
49:09On nous a dit, le Président veut vous parler à tous.
49:13Je suis allé dans le bureau Oval.
49:15Il a annoncé qu'il annulait la riposte à quelques minutes littéralement d'appuyer sur le bouton.
49:23Et il s'est avéré qu'un avocat de l'Oval avait été arrêté.
49:28Et il s'est avéré qu'un avocat de la Maison-Blanche était venu avec des estimations très inexactes des éventuelles victimes de la riposte
49:36et a dit ça au Président sans consulter personne.
49:39Et le Président a dit, je ne veux pas voir de tas de housses mortuaires d'Iraniens morts.
49:58Là, on avait vraiment décidé d'agir dans les règles.
50:03Et soudain, quelqu'un arrive de nulle part et tout est chamboulé.
50:08Le problème n'est pas qu'il est annulé ou pas.
50:11Dans une autre situation, la même personne aurait pu surgir de nulle part et la décision aurait pu être d'attaquer.
50:18Ce n'est pas le résultat de la prise de décision chaotique du Président.
50:21C'est la prise de décision chaotique elle-même qui met les États-Unis en péril.
50:29Bolton démissionne trois mois plus tard.
50:32Trump tweet encore que c'est lui qui l'a renvoyé.
50:41Mais pour l'Iran, ce n'est qu'une trêve.
50:44Fin décembre, un Américain est tué en Irak.
50:49Une milice soutenue par l'Iran serait la responsable.
50:55Quelques jours plus tard, le Président Trump riposte.
51:14Le général Soleimani dirigeait les opérations iraniennes à l'étranger.
51:19On savait très bien combien d'Américains il avait tués.
51:22Le Président a pris la décision, pour protéger des vies américaines, de sortir Qassem Soleimani du champ de bataille.
51:34C'était une agression manifeste et un acte terroriste de la part des États-Unis.
51:42Notre première priorité a été d'organiser un bel hommage à notre général bien-aimé.
51:51Des centaines de milliers d'Iraniens descendent dans la rue pour lui rendre hommage.
52:05Le monde s'attend à une guerre.
52:08La guerre n'a pas lieu.
52:27Pour Trump, c'est une façon spectaculaire de lancer sa campagne électorale.
52:38Bien qu'il ait frôlé la guerre avec l'Iran,
52:40Trump ambitionne toujours de signer la paix au Moyen-Orient.
52:48Les Palestiniens restent à l'écart.
52:50Mais Jared Kushner avance à grands pas vers un deal entre Israël et quelques pays du Golfe.
52:59Pendant de nombreux mois, les États-Unis sont en train d'agir.
53:04Pendant de nombreux mois, des délégations se sont rencontrées à Washington, en Israël et aux Émirats Arabes Unis
53:12pour développer la coopération dans les domaines de la diplomatie, de la défense et de la sécurité.
53:20À la fin de notre première rencontre, l'ambassadeur israélien m'a dit
53:24« Cette réunion est le chemin vers la normalisation. »
53:28J'ai dit si les gens étaient au courant de nos réunions, de ce qui se passe sous la surface, ils seraient stupéfaits.
53:36C'était presque comme un iceberg en quelque sorte.
53:38On construisait tout sous la surface pour qu'à la fin, on y arrive.
53:45Alors que l'accord est enfin proche, le premier ministre israélien annonce
53:50qu'il va procéder à l'annexion des territoires palestiniens en Cisjordanie.
53:57C'est l'heure d'appuyer le droit israélien et d'écrire un nouveau chapitre dans les histoires de la zionisme.
54:13Les Emirats l'ont fait clairement comprendre.
54:15Si l'annexion continue, il sera très difficile de poursuivre la coopération
54:19qui se développait sous le manteau entre les Emirats Arabes Unis et Israël.
54:24Les Emirats Arabes Unis proposent un arrangement.
54:28Si Netanyahou suspend les annexions, ils sont prêts à signer un accord de paix avec Israël.
54:36Ce moment s'est avéré crucial.
54:38On a tous fait un pas en arrière et fait tout ce qu'on pouvait pour éviter la rupture entre les Emirats et Israël,
54:45dont les échanges sous le manteau avaient été très productifs.
54:49Et là, les Emirats étaient prêts à exposer au grand jour cette normalisation avec Israël
54:54si ce dernier suspendait l'annexion.
54:57Tout le monde y a vu une opportunité de victoire.
55:05La Maison Blanche m'a appelé et ce qu'on devait faire, c'était, comme disait Kissinger,
55:09faire appel à une ambiguïté constructive de langage.
55:13Les Emirats voulaient que ce qu'ils appellent annexion soit définitivement retiré.
55:18Nous, on ne le voulait pas, alors on a choisi le mot suspension.
55:23Suspension, c'est un mot qui laisse vraiment les choses ouvertes sur la durée.
55:43Je crois que ce mot a servi de pont suspendu pour que les Emirats entrent dans l'accord de paix avec Israël.
55:52Ma plus grande inquiétude est que tout ça semble avoir été trop facile.
55:57Sérieusement.
56:13Je l'ai appris sur le compte Twitter de Trump.
56:17Et je me souviens très bien avoir dit, « Quoi ? Est-ce que c'est vrai ? »
56:24Franchement, avec toutes les relations qu'on a, tous les contacts, je ne m'y attendais pas.
56:29Je crois que c'était plus qu'inattendu pour notre pays.
56:33Et je crois que c'est vrai.
56:34Franchement, avec toutes les relations qu'on a, tous les contacts, je ne m'y attendais pas.
56:40Je crois que c'était plus qu'inattendu pour notre gouvernement et pour notre peuple.
56:48Un mois plus tard, le barail ne rejoint les Emirats et établit à son tour des relations diplomatiques avec Israël.
56:55Le Soudan et le Maroc feront de même.
57:00Les Palestiniens, eux, sont laissés sur le carreau.
57:05Le dernier jour de son mandat, Trump vante ses succès.
57:22Il se félicite même de ses décisions les plus controversées.
57:35Pourtant, la paix entre Israël et les Palestiniens semble plus éloignée que jamais.
57:41En Iran, les conservateurs ont renforcé leur pouvoir.
57:45Ils ont accéléré le programme nucléaire.
57:50Le président Joe Biden dit qu'il veut revenir à l'accord avec l'Iran.
57:54Dans le prochain épisode, Trump livre en Asie une bataille pour la suprématie mondiale.
58:00Il se lie d'amitié avec un dictateur et tente de conclure l'affaire du siècle.
58:06Trump a dit, vous savez, j'entends les gens dire que je devrais briguer un troisième mandat.
58:11C'est ça qu'il partage avec les dirigeants autoritaires.
58:14C'est ce qu'il fait.
58:16C'est ce qu'il fait.
58:17Il dit, vous savez, j'entends les gens dire que je devrais briguer un troisième mandat.
58:21C'est ça qu'il partage avec les dirigeants autoritaires.
58:24Xi Jinping n'a pas de faim à son mandat et je crois que Trump lui en vit ça.

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