Enquete.Exclusive.S19E42.Istanbul.la.ville.au.deux.visages

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00:00:00C'est le
00:00:27chapeau traditionnel des Ottomans, mais moi j'aimerais que tous les Turcs commencent
00:00:31à le porter.
00:00:32Je veux, grâce à Dieu, ré-islamiser la nouvelle génération.
00:00:38J'ai choisi de faire de la lutte à l'huile parce que c'est à la fois le sport de nos
00:00:52ancêtres et celui de notre prophète.
00:00:54Lui, c'est un peu notre Mbappé.
00:00:58Bonsoir et bienvenue dans le Quai d'Exclusif qui vous fait découvrir ce soir une ville
00:01:05multiculturelle par excellence.
00:01:07Il s'agit d'Istanbul en Turquie, une ville à cheval entre deux continents, l'Europe
00:01:12et l'Asie.
00:01:13Une ville qui est écartelée entre deux cultures, celle de l'Orient et celle de l'Occident.
00:01:18D'un côté, une ville moderne, libre, entreprenante, qui ose, et de l'autre, une ville tournée
00:01:24vers sa splendeur passée du fait de la politique du président Erdogan qui est au pouvoir depuis
00:01:2920 ans et qui rêve d'un nouveau roman national.
00:01:32Il le fait à travers des séries, des films historiques, mais aussi des sports, des traditions
00:01:39que l'on croyait à jamais révolues.
00:01:41Mais vous allez voir qu'il y a aussi des Stambouliottes qui résistent, notamment à
00:01:45travers l'organisation de la Gay Pride qui est à peine tolérée par le régime, sinon
00:01:49réprimée.
00:01:50Pour Enquête Exclusive, Laetitia Kretz est partie à la découverte de cette ville aux
00:01:54multiples visages.
00:01:55Istanbul, la ville des contrastes et des paradoxes, c'est un document signé Laetitia Kretz pour
00:02:02Nova Prod et Enquête Exclusive.
00:02:04Istanbul, une immense ville entre Orient et Occident, l'une des plus peuplées au monde,
00:02:14avec ses 20 millions d'habitants.
00:02:15Alors chaque matin, c'est le chaos.
00:02:19Il est 6 heures et beaucoup de Stambouliottes doivent passer de l'Asie à l'Europe pour
00:02:25aller travailler.
00:02:26Car Istanbul est la seule ville au monde à cheval entre deux continents.
00:02:31Il faut prendre le pont ou passer par le détroit du Bosphore.
00:02:35Le trafic est intense.
00:02:38Chaque jour, 52 000 personnes prennent le bateau.
00:02:41Mais j'ai rencontré un groupe de têtes brûlées qui a trouvé la parade pour éviter
00:02:47le trafic.
00:02:48Ce reportage à Istanbul promet de belles surprises.
00:02:52Mes amis, mes amis, nous devons entrer dans l'eau d'ici quatre minutes.
00:02:59Après six heures, il y aura trop de trafic sur le Bosphore.
00:03:04Nous devons éviter les bateaux.
00:03:06Nous allons nous échauffer tout de suite et hop, dans l'eau.
00:03:11Il faut éviter le trafic à Istanbul.
00:03:19Il y a vraiment trop de gens après 7 heures du matin.
00:03:23Alors qu'en passant par le Bosphore, ça ne prend que quelques minutes.
00:03:28Nager pour se rendre au travail sans s'infliger la foule et les bouchons.
00:03:35Ces hommes font quelque chose de complètement illégal.
00:03:40Ils sont fous.
00:03:41Ils sont fous.
00:03:42Ils vont quand même perdre deux kilomètres à la nage au milieu des bateaux, dans une
00:03:46eau glacée.
00:03:47Les vêtements sont entassés dans des sacs étanches sur la rive asiatique.
00:03:53Et de l'autre côté, sur la rive européenne, chacun pourra s'habiller et se rendre au
00:03:59travail à pied.
00:04:00Moi, je suis professeur, lui, il fait des baccalavats, lui, il est imprimeur, lui, il
00:04:09est coach sportif et lui, il est joyeux.
00:04:11C'est incroyable.
00:04:12Ils font tous les métiers du monde.
00:04:13La traversée est dangereuse, mais les nageurs sont clairement boostés à l'adrénaline.
00:04:19Ils ont même le droit aux encouragements des passantes.
00:04:23Ils ont raison, c'est beau, si je le pouvais, j'irais nager moi aussi.
00:04:31J'étais tentée de les accompagner.
00:04:39Mais pour une novice, c'est bien trop risqué.
00:04:45Il va falloir rester concentré.
00:04:56Les nageurs sont portés par un courant de 9 nœuds, soit 16 km heure.
00:05:01Mais il faut savoir s'arrêter aux bonnes distances pour ne pas être aspiré par les
00:05:06navires.
00:05:07Avec l'habitude, c'est devenu une balade de santé pour ces amis qui atteignent le
00:05:21continent européen, 25 minutes plus tard, avec le sourire.
00:05:25Vive la Turquie!
00:05:29De mon côté, j'ai eu beau foncer en taxi bien avant l'heure de pointe.
00:05:36Ils m'ont donné un point GPS, c'est millimétré leur truc.
00:05:42Je suis arrivée bien après eux.
00:05:46Mais juste à temps pour les baklava, transportés dans un sac étanche par Mermet, le chef pâtissier.
00:06:01Un baklava comme ça, tu n'en trouveras nulle part ailleurs dans le monde.
00:06:07Ils sont de plus en plus nombreux à tenter l'aventure à la nage.
00:06:15Nous croisons d'ailleurs par hasard un autre groupe qui longe la côte pour aller un peu
00:06:19plus loin.
00:06:20Passer de l'Asie à l'Europe, tout un symbole.
00:06:27Et les Turcs le font quotidiennement.
00:06:30Mais comme pour tout dans cette ville aux mille visages, ici, chacun sa combine.
00:06:37Contourner les règles pour toujours rester libre, c'est la spécialité à Istanbul.
00:06:49Il faut amener la paix dans le monde en mangeant des douceurs.
00:06:52Alors que le pouvoir prône une politique nationaliste et religieuse, en exhumant les
00:06:58fiertés ottomanes, j'ai rencontré d'Istanbuliotes qui m'ont raconté autre chose.
00:07:07Une ville ancestrale, certes, mais aussi gourmande, moderne et qui produit même des
00:07:22séries pour le monde entier.
00:07:24On fait un travail très important pour notre pays qui peut changer les mentalités.
00:07:33J'ai découvert d'Istanbuliotes qui résistent, dans les stades de football, en mettant des
00:07:45vêtements sexys, ou simplement en prenant la parole, comme Barbaros Sansal.
00:07:55Quand ils me mettent en prison, ils me placent à l'isolement, car ils savent que je pourrais
00:07:59démarrer une révolution là-dedans.
00:08:00Que devient Istanbul, la dissidente, après 20 ans de règne, de récepte à Hyperdogane ?
00:08:07Je suis prêt à mourir en martyr pour le peuple turc.
00:08:11Escapade dans une ville millénaire qui n'en finit pas de résister.
00:08:17Il y a la police en civil qui arrive, il commence à se disperser.
00:08:22Pour découvrir une ville, il faut toujours commencer par regarder ce qu'on y mange.
00:08:29Pourquoi ils sont là ?
00:08:39On va les manger bientôt.
00:08:43Istanbul est un cauchemar pour les végétariens.
00:08:47Tout de suite, on a beaucoup moins faim, en fait.
00:08:51C'est un guide gastronomique turc passionné.
00:08:57Les petits agneaux qui sont là, c'est pour la bouchée ?
00:09:02Ça appartient aux bouchées, oui.
00:09:03Ils appartiennent aux bouchées ?
00:09:04Oui, oui, oui.
00:09:05Ils ont un abattoir derrière.
00:09:06Ah, ils ont un abattoir derrière.
00:09:07Ici, pour s'assurer que la viande est fraîche, on aime voir la bête avant de la manger.
00:09:17Mais les agneaux peuvent aussi être utilisés pour autre chose.
00:09:21Et je peux t'en offrir, si tu veux.
00:09:24C'est plus ou moins une demande pour une date.
00:09:27Donc là, il vient de me draguer.
00:09:29Voilà, il veut se draguer.
00:09:31Quand on se drague, on se propose un agneau.
00:09:34Un agneau ou deux, ça dépend.
00:09:36Deux agneaux, c'est qu'on a vraiment besoin d'un.
00:09:37C'est encore plus fort, oui.
00:09:38Des boucheries, il y en a presque autant que des kebabs à Istanbul.
00:09:45Junaid m'emmène dans la gargote la plus célèbre de la vieille ville, à Fatih.
00:09:53Donc ici, ils font que de l'agneau ?
00:09:55Que de l'agneau, mais l'agneau de lait, très jeune.
00:09:57L'agneau de lait, d'accord.
00:09:59J'ai l'impression que tu n'as jamais goûté ça.
00:10:01Tu veux goûter ?
00:10:02Oui, absolument.
00:10:08Le secret d'un bon kebab réside dans la technique de cuisson.
00:10:14Ah oui, c'est une tuerie.
00:10:16C'est délicieux.
00:10:17Tu vois, on voit, c'est hyper craquant à l'extérieur.
00:10:21Et quand tu le retournes, là, c'est tout tendre.
00:10:25En fait, ils ne la servent pas comme ça, l'agneau.
00:10:28C'est la cuisse d'abord ici, et après, il la recuit.
00:10:33Cuite et recuite sur l'aiguille, plus besoin de fioriture, ou presque.
00:10:43C'est surtout parce qu'on les fait avec amour.
00:10:47C'est l'amour qui donne ce goût-là ?
00:10:52Et pour ceux qui veulent tester à l'européenne dans un sandwich, voici les recommandations.
00:10:57On prend un durum, quelques oignons avec du sumac, un mélange tomate-poivron, et c'est tout.
00:11:04Évidemment, sauce blanche interdite.
00:11:12Ça n'a rien à voir avec les kebabs qu'on a en France, en fait.
00:11:18Merci beaucoup. Au revoir.
00:11:24À Istanbul, on ne jure que par la nourriture.
00:11:28Entre les fromages et les sucreries, il vaut mieux être résistant.
00:11:37C'est bon, c'est bon.
00:11:39J'en peux plus, j'ai trop mangé.
00:11:41Mais c'est impossible de refuser parce que les gens sont tous plus sympas les uns que les autres.
00:11:47Restaurants, marchés locaux, bazar aux épices, la ville regorge de possibilités.
00:11:55Le seul problème, c'est que le prix de ces produits, autrefois bon marché, a explosé.
00:12:00La crise économique a plongé le pays dans la misère.
00:12:04Junaid va m'emmener chez lui pour me le prouver.
00:12:09On vient d'acheter...
00:12:10Toi, tu continues à t'offrir de la viande.
00:12:12Oui, ça, c'est du veau coupé en petits morceaux.
00:12:16On fait ça rarement parce qu'on n'arrive pas à suivre le prix de la viande.
00:12:23Là, ça coûte, le kilogramme, 820 liras actuellement.
00:12:29D'accord.
00:12:30Et regardons un vieux reçu il y a 5 mois.
00:12:36Il y a 5 mois, oui, c'était il n'y a pas très longtemps, ça.
00:12:39Il était à 540.
00:12:42Donc de 540 à 820.
00:12:45Presque le double.
00:12:47Pas tout à fait le double, mais de 15 à 24 euros tout de même.
00:12:51Depuis 5 ans, les Turcs subissent 70% d'inflation en moyenne chaque année.
00:12:56Et c'est vrai pour le veau, mais c'est vrai pour les couches, pour le loyer.
00:13:01Pour le loyer, pour le transport.
00:13:05On doit calculer tout au minimum.
00:13:08C'est un grand luxe aussi, pour sortir, boire un coup à l'extérieur.
00:13:13C'est beaucoup plus rare.
00:13:15C'est quelque chose qui change complètement le visage de la ville, en fait, à force.
00:13:20Oui.
00:13:22C'est pas évident de suivre, toujours.
00:13:27Tout est bon.
00:13:35Cecilia, la femme de Junaid, est professeure d'anglais à l'université.
00:13:39Depuis son arrivée il y a 10 ans, son revenu a été divisé par 3.
00:13:47À un moment donné, pendant le confinement, mon salaire est descendu à 750 euros par mois,
00:13:52alors que je travaille dans l'une des meilleures universités du pays.
00:13:58Oui, on a eu des moments difficiles, mais on ne s'est pas laissés abattre.
00:14:02Mais, malgré tout ça, je choisirais quand même Istanbul, plutôt que l'Angleterre.
00:14:08Il y a une façon de vivre, de manger, d'être ici, qu'il n'y a pas en Angleterre.
00:14:15Et si tu vis comme ça, ici, ça n'a pas de prix.
00:14:21Même Junaid et Cecilia, qui ont de bons revenus, doivent se serrer la ceinture.
00:14:27Ailleurs à Istanbul, la misère est visible.
00:14:30Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
00:14:34De quoi nourrir la colère des Turcs.
00:14:37Car à l'origine de l'inflation,
00:14:41il y a cet homme, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de 20 ans.
00:14:47C'est lui qui a réduit l'indépendance de la Banque centrale.
00:14:50Mais pour lui, le désastre économique n'est pas le sujet.
00:14:54Il ne parle que nationalisme et religion.
00:15:00Vous allez ré-islamiser la nouvelle génération.
00:15:05Si nous parvenons à ce but, alors il n'y aura plus un seul drogué dans les rues.
00:15:12Erdogan exalte aussi les racines ottomanes du pays.
00:15:17Car cette histoire-là a de quoi flatter ses rêves de grandeur.
00:15:21L'Empire ottoman est né au XIVe siècle.
00:15:25Des tribus nomades d'Asie centrale parviennent alors à repousser les Byzantins,
00:15:30les gréco-romains qui les occupaient.
00:15:33Et ils ne se sont pas arrêtés là.
00:15:35L'Empire ottoman a ensuite régné pendant plus de 6 siècles sur une bonne partie de l'Europe.
00:15:40Mais aussi le Moyen-Orient, l'Asie et même l'Afrique du Nord.
00:15:45Attention, ce passé glorieux a une part d'ombre que le pouvoir ne raconte pas.
00:15:50L'Empire ottoman a aussi persécuté toutes ses minorités.
00:15:54Et a même fini par commettre un génocide sur le peuple arménien.
00:15:58L'histoire est réécrite par le président Erdogan.
00:16:02Et l'Empire ottoman réhabilité.
00:16:06Les disciplines les plus folkloriques sont à nouveau à l'avant de la scène.
00:16:10Comme dans ce clip, où on voit un club de Djirit.
00:16:14Des cavaliers qui poussent des cris de guerre, javelots à la main.
00:16:21Mais encore plus populaire, et plus virile,
00:16:25il y a la lutte turque, qu'on appelle ici la lutte à l'huile.
00:16:29Interdite aux femmes, évidemment.
00:16:32Nous sommes dans un grand stade d'Istanbul,
00:16:34pour un championnat de qualification avant la plus grande compétition de l'année.
00:16:50Ce sport, ultra-nationaliste, a des règles plutôt étonnantes.
00:16:55Les combattants sont des garçons torse nus,
00:16:58portant un pantalon en peau de buffle, qui n'a pas l'air très confortable.
00:17:03Quand on les achète neufs, c'est impossible de les enfiler.
00:17:06Le cuir est trop raide.
00:17:08Alors il faut les laisser baigner dans l'huile pendant 3 ou 4 jours,
00:17:11avant de pouvoir les mettre.
00:17:14Tout le corps est enduit d'huile alimentaire.
00:17:20Ce qui rend les prises difficiles.
00:17:24Le combat est glissant.
00:17:29Alors on est autorisé à aller chercher un point d'accroche
00:17:32à l'intérieur du pantalon de l'adversaire.
00:17:36L'objectif ?
00:17:38Renverser l'autre combattant en lui mettant la tête en bas.
00:17:41Les jambes, elles, doivent être étendues au sol.
00:17:48La lutte est une discipline qui se transmet entre hommes,
00:17:51dès le plus jeune âge.
00:17:58Mais le sout' on essaie !
00:18:03A Istanbul, on peut participer à un championnat à partir de 8 ans.
00:18:10Moi j'ai gagné, je l'ai pris la jambe comme ça et je l'ai mis à terre.
00:18:15Objectif ? Faire de ces jeunes garçons des hommes.
00:18:18Alors les papas ne sont pas tendres.
00:18:23Qu'est-ce que tu fous ? Pourquoi tu vas pas au bout ?
00:18:26Tu l'attrapes par le pantalon et tu le mets au sol.
00:18:31C'est simple, tu le retournes et tu l'écrases.
00:18:35Et les fils, un peu sous pression.
00:18:38Comme Bayram, 15 ans, qui vient d'une famille de champions.
00:18:45J'ai voulu essayer la lutte à l'huile parce que c'est à la fois
00:18:48le sport de nos ancêtres et celui de notre prophète.
00:18:51Mon père, mon grand-père, mes oncles ont pratiqué eux aussi.
00:18:54Et maintenant, c'est notre tour.
00:18:57D'ailleurs, Bayram s'entraîne plusieurs fois par semaine avec son équipe.
00:19:01Nous le retrouvons à côté de ce grand stade de 3500 places, dédié à la lutte.
00:19:08Bon, forcément il y a des pubs pour l'huile partout ici.
00:19:14Le groupe de jeunes travaille différentes techniques.
00:19:18Sous le regard sans pitié du coach Tensa Lurel.
00:19:22Grand champion à la retraite, quelque peu intimidant.
00:19:271m94.
00:19:30J'ai l'air petite quand je suis à côté de lui ou pas ?
00:19:33140 kg et des centaines de combats à son actif.
00:19:38Ce n'est pas facile pour Bayram.
00:19:41Car sa famille et son coach ont beaucoup d'attentes.
00:19:44Il y a des champions dans mon groupe.
00:19:46Lui par exemple, il a fini premier la dernière fois.
00:19:48Aydan, viens par là !
00:19:50D'ailleurs, le frère de Bayram est déjà une célébrité.
00:19:54Lui, c'est notre Mbappé.
00:19:58On a rencontré le Mbappé turc.
00:20:00Ce qui fait de la butte avec le corps plein d'huile.
00:20:05Mais la vraie célébrité, c'est Khalil.
00:20:08Qui s'occupe de faire les annonces de combats.
00:20:12Un genre d'incantation pour gladiateurs.
00:20:15Version ottomane.
00:20:19Il m'apprend aussi la chorégraphie obligatoire de débuts de combats.
00:20:28Le but ?
00:20:30Intimider l'adversaire.
00:20:32Notamment avec de l'huile.
00:20:35Le but ?
00:20:36Intimider l'adversaire.
00:20:38Notamment avec les yeux.
00:20:45C'est quoi ça ?
00:20:46Tu m'as trouvé impressionnante ou pas ?
00:20:50Un peu ?
00:20:51Un tout petit peu.
00:20:53Nous en rigolons.
00:20:55Mais ce sport peut être douloureux.
00:20:57Au soleil, l'huile brûle la peau.
00:20:59Et quand elle coule dans les yeux,
00:21:01c'est un enfer.
00:21:03Heureusement, les lutteurs peuvent compter sur le soutien du fan club.
00:21:07Bon courage les gars !
00:21:09Vous avez pris de l'huile d'olive aujourd'hui ?
00:21:12Les hommes turcs sont les hommes les plus forts du monde ?
00:21:15Bien sûr !
00:21:19Chaque pays pense que son homme est le plus fort.
00:21:21Mais on ne va pas se mentir.
00:21:23Ce sont les Turcs les plus forts.
00:21:25C'est grâce à la religion qu'ils sont comme ça.
00:21:27C'est la foi et la peur de Dieu qui leur donnent la puissance.
00:21:32Derrière le folklore, la politique n'est pas loin.
00:21:35Des hommes forts grâce à la religion.
00:21:37Cette femme cite en fait précisément un discours nationaliste d'Erdogan.
00:21:42La lutte turque devient un symbole patriote.
00:21:45Elle obtient des financements.
00:21:47Elle est la plus importante.
00:21:49Elle est la plus importante.
00:21:51La lutte turque devient un symbole patriote.
00:21:53Elle obtient les financements, les statues et les honneurs.
00:21:57Une manière douce d'écrire le roman national.
00:22:03Mais ces stratégies ne se cantonnent pas au sport.
00:22:09Dans les rues, on cultive la nostalgie de l'empire ottoman.
00:22:17Je m'en suis vite rendu compte.
00:22:22On a atterri dans un endroit bizarre.
00:22:27Istanbul, c'est une aventure tous les jours.
00:22:32Chaque année, à la fin du mois de mai,
00:22:34les conservateurs fêtent la prise de Constantinople.
00:22:37Istanbul a une histoire passionnante.
00:22:40Elle a été la capitale de l'empire romain d'Orient
00:22:42et s'appelait alors Byzance.
00:22:44Puis les ottomans l'ont prise et renommée Constantinople.
00:22:49La ville sera rebaptisée Istanbul bien plus tard, en 1930.
00:22:56En fait, on fête le jour où l'ancienne capitale chrétienne
00:23:00est devenue Istanbul, la ville telle qu'on la connaît aujourd'hui,
00:23:04qui est donc devenue une ville musulmane.
00:23:06Ils ont des habits d'époque.
00:23:08Il y a un petit garçon juste à côté qui a une tenue des forces spéciales.
00:23:20Là, clairement, ici, tous les gens qui sont là sont des gens qui soutiennent le pouvoir.
00:23:25Mais ce retour aux racines, prôné par le pouvoir, est relativement récent.
00:23:30Certains partisans ont l'air encore entre deux eaux.
00:23:39C'est le chapeau traditionnel des ottomans.
00:23:42Malheureusement, on ne le porte plus,
00:23:44mais moi, j'aimerais que tous les Turcs recommencent à le porter.
00:23:52Pourquoi ?
00:23:54Parce que c'est chic.
00:23:59Aujourd'hui, nous ne portons plus nos habits traditionnels.
00:24:02Nous portons les vêtements des Anglais et j'essaie de changer ça.
00:24:06En même temps, vous portez un costume anglais vous-même.
00:24:09Oui, vous avez tout à fait raison.
00:24:14Mais quand on porte un costume traditionnel comme mes amis là-bas,
00:24:18tout le monde pense que je suis déguisé.
00:24:27Le rendez-vous pour ce défilé était devant une mosquée.
00:24:30Et les drapeaux turcs se mêlent aux symboles religieux.
00:24:35En fait, depuis qu'Erdogan est au pouvoir,
00:24:38il y a quelque chose qui est très frappant.
00:24:41C'est que la ferveur nationaliste,
00:24:43elle est presque toujours associée à la religion.
00:24:46Et là, on voit qu'il y a quand même beaucoup de gens qui sont très religieux.
00:24:52L'AKP, le parti du président Erdogan,
00:24:55assume de vouloir ré-islamiser le peuple turc.
00:24:58Il est donc en train de faire une réforme.
00:25:01Le parti du président Erdogan assume de vouloir ré-islamiser le pays
00:25:06en ressuscitant les racines ottomanes.
00:25:10Et la stratégie est incroyablement efficace.
00:25:14Le parti maîtrise même les divertissements de ses citoyens.
00:25:18Je m'en suis rendu compte dans mon hôtel,
00:25:21avec Aymen, le réceptionniste,
00:25:23qui passe ses journées devant des séries de la télévision nationale turque.
00:25:31Tout le monde regarde des séries dans les magasins, dans les hôtels ici.
00:25:34Évidemment !
00:25:36En ce moment, il y en a une super sur la vie du sultan Mehmet à la télévision turque.
00:25:41C'est votre préférée ?
00:25:43Non, pas trop.
00:25:45Ma préférée, c'est… comment il s'appelait déjà ?
00:25:50Abdulhamid.
00:25:52Tous les jeudis, la vie s'arrêtait.
00:25:57Il y en a une autre qui s'appelle Ousmane.
00:26:02Elle passe juste après.
00:26:04Il y en a 50 des séries sur un piratement.
00:26:09Il faut regarder la télé nationale pour les séries historiques.
00:26:17En général, dans ces séries, les méchants sont les croisés.
00:26:20C'est les européens.
00:26:23Raconter les gentils et les méchants à travers les fictions.
00:26:26Une opération de communication efficace, partie d'une polémique il y a 10 ans,
00:26:30avec Le Siècle Magnifique.
00:26:33Une série pas du tout produite par l'État.
00:26:36On y voyait Soliman, le plus grand sultan ottoman.
00:26:40Je suis Soliman le Magnifique.
00:26:43Boire de l'alcool et enchaîner les intrigues amoureuses dans son harem.
00:26:52Tu peux sortir maintenant.
00:26:54Inacceptable pour Recep Tayyip Erdogan.
00:27:00Ce n'est pas ça, Soliman le Magnifique.
00:27:03Au nom du peuple, je condamne ces producteurs de séries
00:27:07et les propriétaires de ces chaînes de télévision.
00:27:12Et s'ils s'entêtent malgré nos avertissements,
00:27:15nous attendrons de la justice qu'elles réagissent de manière appropriée.
00:27:20Depuis, Erdogan contrôle de près les fictions.
00:27:24La télévision nationale produit elle-même des dizaines de séries à la gloire de la Turquie.
00:27:29Sans sexe, ni baiser, ni alcool,
00:27:33et avec des musulmans en héros honorables.
00:27:36C'est un énorme carton à l'étranger,
00:27:39notamment dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb.
00:27:42La Turquie est même devenue le deuxième producteur de séries au monde,
00:27:47derrière les Etats-Unis.
00:27:53À Istanbul, sur la rive asiatique,
00:27:56dans le quartier très tranquille de Beykoz, au bord de l'eau,
00:28:00il y a un immense domaine réservé aux studios Stambouliotes.
00:28:07C'est un quartier super calme, avec beaucoup d'espace,
00:28:10et c'est ici que les studios de séries se trouvent.
00:28:17Bonjour, je peux entrer ?
00:28:26Voiturette obligatoire pour parcourir les 8,5 hectares de terrain.
00:28:31On se croirait à Hollywood, version turque.
00:28:39Immense hangar, décors d'époque, un fabuleux terrain de jeu.
00:28:44C'est immense.
00:28:46Là, on est dans une ville déserte.
00:28:49Tu veux qu'on y aille ? Il y a une clé.
00:28:57Eh ben non !
00:28:59Je ne suis pas là pour fouiller les décors,
00:29:02mais pour le tournage d'une nouvelle grande série qui dérange le pouvoir.
00:29:06Car il reste tout de même un peu de liberté,
00:29:09et certaines chaînes privées s'autorisent à produire des histoires
00:29:12d'amour transgressives qui se passent aujourd'hui.
00:29:15Comme les Bourgeons Rouges.
00:29:18Une histoire d'amour transgressive qui cartonne
00:29:21où une femme très religieuse s'échappe de sa communauté
00:29:25et tombe amoureuse d'un laïc.
00:29:36Il y a la police qui fait une descente dans une confrérie religieuse.
00:29:40Ah ok, la police va arrêter un religieux ?
00:29:43Et pourquoi elle arrête le religieux ?
00:29:45Je ne peux pas vous dire, c'est top secret.
00:29:47Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est quand même la série
00:29:50la plus regardée en Turquie encore en ce moment.
00:29:52Donc ils font quand même très attention au scénario.
00:29:55On a de la chance d'être là.
00:29:59Un succès attendu, car la série a tout pour intéresser les Turcs.
00:30:05Mais vous vous y attendiez peut-être, à nouveau.
00:30:08Ça ne plaît pas au président Erdogan.
00:30:13Dans notre pays, de prétendus artistes se permettent
00:30:16de traiter d'arriérés, de bigots, des millions de nos concitoyens
00:30:20qui aspirent juste à vivre selon les préceptes de leur foi.
00:30:26Les sanctions sont tombées immédiatement.
00:30:29Diffusion interdite pendant deux semaines, tournage arrêté
00:30:33et une amende de 766 000 euros.
00:30:37Causes invoquées, adjectifs péjoratifs pour l'islam et les musulmans
00:30:42et personnages risquant de porter atteinte aux valeurs nationales,
00:30:47à la morale publique et à la famille.
00:30:51Le tournage vient tout de même de reprendre.
00:30:54Et je ne résiste pas à faire un tour au milieu des figurants.
00:30:59Je ne comprends rien à la mise en place.
00:31:02On est en plein milieu du tournage.
00:31:05Je pense qu'à un moment donné, il va falloir qu'on se cache.
00:31:09En Turquie, les forces de l'ordre sont connues
00:31:12pour leur répression des manifestations.
00:31:15Mais ici, les policiers sont détendus.
00:31:18Quant aux soi-disant islamistes, ils ont l'air plutôt souples
00:31:22avec les préceptes de l'islam.
00:31:26Les acteurs, ils sont musulmans pratiquants par ailleurs
00:31:29ou il n'y en a pas un qui est musulman pratiquant ?
00:31:32Non, bien sûr que non.
00:31:34On fait le casting par catégorie.
00:31:37Et dans la catégorie des hommes religieux,
00:31:40on choisit en fonction de la taille de la barbe.
00:31:43Si la barbe nous plaît, on embauche.
00:31:49Celui qui est aux commandes de cette grosse machine, c'est lui,
00:31:53l'organisateur, Omur Atay.
00:31:56On va passer à deux caméras et on va filmer vers la voiture.
00:32:00Il accepte de me parler, mais fait désormais bien attention
00:32:04à ce qu'il dit.
00:32:06On a remarqué que ça se voit dans la ville,
00:32:09il y a le côté laïc, kémaliste,
00:32:12et il y a le côté plus religieux, traditionnel, Erdogan.
00:32:16Non ?
00:32:18En tout cas, d'accord.
00:32:21Mon traducteur m'arrête.
00:32:23Des questions trop politiques pourraient lui causer des problèmes.
00:32:27Est-ce qu'il y a des règles un peu strictes
00:32:30dans les séries, dans le cinéma turc ?
00:32:33Ces dernières années, il faut reconnaître
00:32:36qu'on nous serre la vis sur les scènes de sexe.
00:32:39Ce n'est pas que des choses politiques,
00:32:42y compris la décence, la morale qui est contrôlée.
00:32:47De toute façon, en Turquie,
00:32:50les gens ne veulent pas voir ce genre de choses.
00:32:53D'un point de vue de monde,
00:32:56marketing, ce n'est pas son terme.
00:33:01L'autorité de surveillance de la télévision
00:33:04punit de toute façon d'une amende
00:33:07toutes les scènes de baiser.
00:33:09Mais ce n'est pas le combat de cette série.
00:33:12Ça vous fait quoi de jouer ce rôle ?
00:33:15C'est génial parce que c'est la vraie vie.
00:33:19Tout ça est inspiré de notre vraie Turquie.
00:33:22Ces personnages existent en Turquie,
00:33:25aujourd'hui, avec leur radicalité.
00:33:28Donc peu importe les risques,
00:33:31je suis vraiment heureuse d'être là.
00:33:34On fait un travail important pour notre pays.
00:33:37J'espère qu'on arrivera à changer les mentalités
00:33:40grâce à l'art.
00:33:49Celui qui nous interrompt,
00:33:52c'est Erkan Afsi, une star en Turquie.
00:33:55Et il est de très bonne humeur.
00:33:58C'est bon, j'ai gagné mon pari
00:34:01et j'ai gagné mes paires de chaussures.
00:34:04J'avais parié avec la production
00:34:07qu'on ferait de superbes audiences.
00:34:10Et j'ai gagné deux fois.
00:34:13Des ultra-religieux qui se battent
00:34:16contre des anticléricaux intransigeants.
00:34:19Cette vision ne ressemble pas tout à fait
00:34:22à ce qu'on voit à Istanbul.
00:34:25Ici, on croise tous les genres
00:34:28de styles vestimentaires côte à côte.
00:34:31Cette ville est un symbole de mélange en Turquie.
00:34:34Ca se voit dans la rue
00:34:37et dans les transports en commun.
00:34:40Normalement, on a une carte qui marche.
00:34:43Car oui, ici, le bateau
00:34:46est un transport en commun comme un autre.
00:34:49De 7h à minuit,
00:34:52il y a autant de monde que dans le bus.
00:34:55Il existe 6 lignes de ferry
00:34:58qui ne désemplissent pas.
00:35:01En vrai, c'est le détroit
00:35:04le plus fréquenté au monde.
00:35:07Devant Gibraltar, devant Panama,
00:35:10il y a une autoroute, le Bosphore.
00:35:13Une autoroute avec une vue exceptionnelle
00:35:16sur des monuments qui datent du 6e siècle.
00:35:19...
00:35:22Là, on a absolument
00:35:25tous les symboles d'Istanbul sous les yeux.
00:35:28Il y a Sainte-Sophie,
00:35:31l'église reconvertie en mosquée,
00:35:34et la mosquée bleue juste en face.
00:35:37C'est le palais ottoman du 15e siècle.
00:35:40Là, on plonge dans l'histoire.
00:35:43Une ancienne église, une mosquée et un palais impérial.
00:35:46De quoi se rappeler qu'Istanbul a toujours été
00:35:49écartelée entre l'Europe et l'Orient.
00:35:52La sortie de métro.
00:35:55Aujourd'hui encore, la même ville
00:35:58abrite des lutteurs turcs, des religieux,
00:36:01mais aussi des chanteuses.
00:36:04Comme elle, par exemple.
00:36:07Aysu, 22 ans,
00:36:10et des clips incroyablement osés.
00:36:13En Turquie, il y a une vieille tradition
00:36:16de chanteur sexy.
00:36:19Mais Aysu va beaucoup plus loin
00:36:22en s'inspirant de la trappe américaine.
00:36:25Et ça marche.
00:36:284 300 000 vues sur YouTube.
00:36:31La star montante a déjà son chauffeur
00:36:37qui a dû prendre l'habitude
00:36:40de conduire en chantant.
00:36:45Avant, il me passait sur cette radio,
00:36:48mais mon dernier titre contenait trop de gros mots.
00:36:51Alors je dois faire des compromis,
00:36:54respecter les oreilles du peuple turc.
00:36:58Me voilà encore embarquée
00:37:01dans un autre monde parallèle de la ville.
00:37:04Dans ces studios,
00:37:07Aysu travaille justement sur ces nouvelles chansons
00:37:10qui choquent la radio.
00:37:27Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:37:30Bouge ton cul toute la nuit.
00:37:33Vas-y, vas-y, vas-y.
00:37:40Mais en Turquie,
00:37:43être sexy comme Aysu, c'est un acte politique.
00:37:46Alors il faut être préparé à être attaqué.
00:37:49Une simple pause à côté de son grand-père,
00:37:52comme sur cette vidéo, par exemple,
00:37:55est un commentaire haineux.
00:37:58Même la presse s'en est mêlée.
00:38:01Il faut dire que son grand-père n'est pas n'importe qui.
00:38:04Ancien chef d'état-major,
00:38:07il représente à sa manière le pouvoir.
00:38:10Ils ont essayé de me détruire
00:38:13juste parce que j'étais à côté de lui.
00:38:16Genre, qu'est-ce que fait cette pute
00:38:19à côté d'un mec si important ?
00:38:22C'est ce que je faisais d'être à côté de mon grand-père.
00:38:25Les gens ne pouvaient pas accepter ma présence
00:38:28à côté de quelque chose qui a de la valeur
00:38:31parce que je suis une femelle visible.
00:38:37Dans sa bulle à Istanbul,
00:38:40Aysu ne s'est pas rendu compte
00:38:43qu'une partie du pays était devenue très conservatrice.
00:38:46Car certains quartiers occidentalisés sont des mondes à part.
00:38:49Et en général, ce sont les endroits les plus chers de la ville.
00:38:52Comme Bebek.
00:38:55Des quartiers où une chanteuse comme Aysu peut s'habiller comme elle veut
00:38:58et chanter ce qu'elle veut, il y en a encore plein à Istanbul.
00:39:01Là, on est à Bebek. C'est un des quartiers les plus chics de la ville.
00:39:04Il y a des yachts partout.
00:39:07Bebek, c'est connu pour ses magnifiques villas qu'ils donnent sur le Bosphore.
00:39:10Et dans ce quartier, on n'entend pas trop de musique turque.
00:39:13On entend plutôt de la musique internationale, de la musique européenne.
00:39:16Et les belles automobiles.
00:39:19Bebek est même une attraction pour certains.
00:39:25Il y a un garçon qui a un tee-shirt improbable
00:39:28et qui se balade au milieu de la route en filmant tout le monde.
00:39:31Viens voir.
00:39:34Bonjour, je peux voir votre tee-shirt ?
00:39:37Besoin d'argent pour une Porsche ?
00:39:41Je suis ingénieur, mais je fais ça comme hobby.
00:39:47Tous les samedis, Furkan vient donc à Bebek pour filmer les voitures.
00:39:53Eh, regarde celle-là.
00:39:57Furkan pourrait y passer la soirée.
00:40:00Merci, j'espère que tu pourras t'acheter ta Porsche.
00:40:04Mais j'ai rendez-vous avec quelqu'un d'autre
00:40:07dans ce quartier ultra branché.
00:40:11Mery est DJ à Bebek depuis 7 ans.
00:40:14Elle fait partie de cette jeunesse en Turquie
00:40:17qui ne veut pas arrêter de faire la fête.
00:40:20Ici, tout le monde fait des soirées dans le monde entier.
00:40:23On prend un peu de tout pour le rapporter
00:40:26et ça change l'industrie d'Istanbul.
00:40:31Mais pourquoi les gens sortent moins qu'avant à Istanbul ?
00:40:35Ça devient très dur.
00:40:38Et les politiques ne nous ont pas aidés.
00:40:42Oui, les clubs étaient obligés de fermer à minuit à un moment donné, c'est ça ?
00:40:45Ouais, c'est dur et en même temps c'est marrant, je trouve.
00:40:48On ne s'y attend pas,
00:40:51mais ils peuvent même bloquer nos soirées au dernier moment.
00:40:55Merde, je peux dire ça ?
00:40:58Non, mais ça ne nous empêche d'être plus folles.
00:41:01Ce business est quand même très lié à l'état d'esprit.
00:41:04Quand on se sent en sécurité
00:41:07et libre de faire tout ce qu'on veut,
00:41:10on est plus créatif.
00:41:14Pour faire face aux difficultés,
00:41:17Mery utilise le système D.
00:41:21Un lieu caché.
00:41:25Elle complète ses revenus
00:41:28par des sets en live.
00:41:32Comme ce soir, dans un magasin de disques vinyles.
00:41:38Ils font des live sets
00:41:41qui se retransmettent en direct sur les réseaux sociaux.
00:41:49Régime autoritaire, certes,
00:41:52mais une partie de la jeunesse parvient à rester libre en Turquie.
00:41:56Et en général, elle est ici, à Istanbul.
00:42:01Il en faudrait beaucoup pour faire disparaître l'âme rebelle de la ville.
00:42:06D'ailleurs, Erdogan a essayé.
00:42:10En 2013, le pouvoir a menacé de détruire le parc Gezi,
00:42:14un lieu de rassemblement au centre de la ville.
00:42:18Mais cette fois, la jeunesse d'Istanbul a résisté.
00:42:25Les manifestants se sont même mis à réclamer des médias libres,
00:42:28une vente d'alcool plus facile,
00:42:31l'autorisation des baisers dans les transports publics, par exemple.
00:42:35Un vent d'espoir a soufflé pendant quelques jours.
00:42:40Mais les 10 000 manifestants n'obtiendront qu'une répression féroce
00:42:44qui fera 8 morts et des centaines de blessés.
00:42:50Un homme devient alors la figure de l'opposition.
00:42:53Barbaros Sansal.
00:42:56Personnalité issue d'une grande famille.
00:43:00Le couturier le plus prisé de la jetset turque.
00:43:05Mais en critiquant le régime,
00:43:08Barbaros Sansal bascule
00:43:11et devient l'un des ennemis officiels du régime.
00:43:15Après plusieurs passages en prison,
00:43:18Barbaros Sansal a décidé de s'expatrier à Chypre pour sa sécurité.
00:43:21Et on comprend pourquoi.
00:43:24En passant sur le tarmac de l'aéroport d'Ankara,
00:43:27Barbaros Sansal a été sauvagement lynché par des pro-Erdogan.
00:43:36Son dernier tweet qui se moque du physique du président
00:43:39lui a valu une condamnation de 1 an et 2 mois de prison.
00:43:43Mais ça n'a pas suffi à le calmer.
00:43:47Après avoir fait appel,
00:43:50et malgré les risques,
00:43:53Barbaros est de retour à Istanbul pour quelques jours.
00:43:58On cherche le théâtre de Barbaros Sansal.
00:44:02Il a décidé de produire carrément
00:44:05un spectacle ultra-politique
00:44:08qui se joue à guichet fermé.
00:44:11En découvrant la salle de spectacle,
00:44:14il ne se cachera pas.
00:44:26C'est l'anniversaire des protestations du parc Gezi.
00:44:29La police m'a appelé pour me dire
00:44:32de ne pas provoquer de manifestations ce soir.
00:44:35J'ai dit, si vous ne me balancez pas de gaz lacrymo, on sera sages.
00:44:38Il est complètement fou !
00:44:41Il va retourner en prison ?
00:44:44Un spectacle comme le vôtre, c'est dangereux ?
00:44:47Oui, bien sûr.
00:44:50Mais tu sais, quand ils me mettent en prison,
00:44:53ils me placent à l'isolement.
00:44:56Ils ne veulent pas me mélanger aux autres
00:44:59car ils savent que je pourrais démarrer une révolution là-dedans.
00:45:02De toute façon, à chaque fois que je vais en prison,
00:45:05je me dis que c'est trop grave.
00:45:08Mais avec Barbaros, derrière les sourires
00:45:11et le masque de clown,
00:45:14il y a toujours une certaine gravité.
00:45:17Trop de bracelets !
00:45:20C'est l'œil de verre d'une vraie personne.
00:45:23C'est un garçon qui est mort au parc Gezi.
00:45:26Entre combats de rue et défilés haute couture,
00:45:29Barbaros est devenu une personnalité bruyante.
00:45:36Mon parfum !
00:45:39Difficile à maîtriser.
00:45:42Un spectacle, une bouteille.
00:45:45Je vais éternuer !
00:45:48Il y en a trop !
00:45:51Car il parcourt le monde
00:45:54et reçoit de nombreux soutiens internationaux.
00:45:57Je pense que c'est l'opposant politique
00:46:00le plus stylé du monde, officiellement.
00:46:04Mais dans le petit salon du théâtre,
00:46:07ils sont nombreux à être venus goûter à un peu de rébellion.
00:46:12Il dit des choses vraies
00:46:15qu'on n'a pas le droit de dire en Turquie.
00:46:18C'est drôle et pédagogique.
00:46:21Je le suis sur tous les réseaux sociaux
00:46:24et je suis vraiment contente de le voir en vrai ce soir
00:46:27pour le soutenir et entendre son témoignage.
00:46:33Parce qu'il dénonce l'hypocrisie de cette époque.
00:46:38Attention, tu es professeur, tu es fonctionnaire quand même.
00:46:44Non, mais c'est précieux.
00:46:47Nous, ça va, on se contente de l'écouter.
00:46:50Mais lui, il est vraiment libre.
00:46:53Et vous, monsieur, vous êtes libre ?
00:46:56Vous avez le droit de parler ?
00:46:59Je vais juste travailler au consulat.
00:47:02Vous n'avez pas du tout le droit.
00:47:05Qu'est-ce qui vous plaît chez Barbaros Sansan ?
00:47:08Il va falloir faire une réponse politique.
00:47:11Je pensais la même, c'est tout.
00:47:14Les livres écrits en prison par Barbaros
00:47:17sont en vente.
00:47:20Mais les bénéfices du spectacle seront tous reversés
00:47:23à une association pour des villages victimes de séismes.
00:47:26Ici, tout est politique.
00:47:38Barbaros entre dans la salle avec une bougie
00:47:41en signe d'espoir.
00:47:46Pendant 3 heures,
00:47:49il raconte l'évolution de son pays
00:47:52et sa nouvelle vie de criminel politique.
00:47:55Quand j'ai atterri à Istanbul
00:47:58et que la dame a contrôlé mon passeport,
00:48:01je lui ai dit, vérifie bien ma fille.
00:48:04Tu as vérifié que je n'avais pas de mandat d'arrêt ?
00:48:07Parce que depuis 2 ans,
00:48:10j'en ai tous les 15 jours.
00:48:13Le public rit beaucoup.
00:48:16Mais certaines séquences sont plus graves.
00:48:19Les mois passés en prison, par exemple.
00:48:22Mes plaies sont encore ouvertes.
00:48:25La moitié de mes dents sont dans ma main.
00:48:28J'ai du sang dans les urines.
00:48:31Les policiers sont partout.
00:48:34Ils sont censés me protéger,
00:48:37mais au lieu de ça, ils me jettent dans une cellule
00:48:40avec un matelas humide.
00:48:43Les souvenirs du parc Gezi
00:48:46déclenchent beaucoup d'émotions dans la salle.
00:48:49Ces visages le manifestent en mort
00:48:52à la suite des répressions policières.
00:48:55A ceux qui ont été tués,
00:48:58à ceux qui sont en prison,
00:49:01à tout le monde, on vous aime !
00:49:07Et clou du spectacle,
00:49:10Barbaros offre même un peu de calinothérapie
00:49:13aux Stambouliotes,
00:49:16qui semblent en avoir bien besoin.
00:49:25C'est incroyable !
00:49:28En fait, il y a plein de gens qui pleurent dans la salle.
00:49:31Ils ont beaucoup ri,
00:49:34mais on sent qu'il y a un poids sentimental très fort.
00:49:37C'est un espace de liberté
00:49:40qui n'existe pas beaucoup à Istanbul.
00:49:43Barbaros est autant détesté du pouvoir,
00:49:46ce n'est pas seulement comme opposant politique,
00:49:49mais aussi comme homosexuel assumé.
00:49:52La communauté LGBT
00:49:55fait partie des cibles préférées du président.
00:50:02Nous allons extirper le mal à la racine,
00:50:05nous débarrasser de ceux
00:50:08qui encouragent sournoisement la perversité,
00:50:11qui s'attaquent à la famille et à nos valeurs.
00:50:17Nous ne reconnaissons pas les LGBT.
00:50:24Que ceux qui les reconnaissent aillent marcher avec eux.
00:50:29Mais pour marcher avec eux,
00:50:32il faut se mettre dans l'illégalité.
00:50:35Car en Turquie, la gay pride est interdite depuis 2015.
00:50:38Ceux qui essaient de sortir une banderole
00:50:41sont sévèrement réprimés.
00:50:44Cette année encore, les rues sont bouclées.
00:50:47Des milliers d'hommes en uniforme
00:50:50se tiennent prêts à intervenir.
00:50:55C'est parce qu'aujourd'hui, il y a la marche pour les LGBT.
00:50:58On pense que ce sera sur la horisticale.
00:51:01Des cafés remplis de policiers
00:51:04et la plupart des rues complètement barrées.
00:51:09Le centre est bloqué.
00:51:12Les moyens déployés sont disproportionnés.
00:51:16Même si l'homosexualité n'est pas pénalisée en Turquie,
00:51:19c'est dangereux d'être homosexuel en Turquie.
00:51:22Le drapeau LGBT est interdit,
00:51:25les associations LGBT sont qualifiées d'organisations terroristes,
00:51:28la pride est interdite
00:51:31et la télévision nationale turque diffuse des documentaires
00:51:34pour dire que l'idéologie
00:51:37de genre fait des dégâts.
00:51:40On a réussi à être inscrits dans une boucle Telegram
00:51:43qui est une application de discussion codée.
00:51:46Normalement, on devrait avoir les informations au dernier moment
00:51:49parce que les gens qui participent à cette pride
00:51:52ont peur d'être repérés et de ne pas avoir le temps de la faire.
00:51:55Problème ?
00:51:58Sur la boucle Telegram, pas de nouvelles.
00:52:02On pensait que ça aurait lieu ici,
00:52:05mais comme il y a des policiers partout
00:52:08et que toutes les rues sont bloquées,
00:52:11ça semble difficile.
00:52:14Mais la police n'a pas suffi à dissuader les militants.
00:52:17Finalement, après 5 heures d'attente,
00:52:20un signal est enfin envoyé.
00:52:23On vient de recevoir un message des organisateurs
00:52:26qui nous donnent des indices.
00:52:29Ils nous disent ne rester pas sur la rive européenne,
00:52:32ça se passera sur la rive asiatique.
00:52:35Donc là, on n'a pas beaucoup de temps pour traverser,
00:52:38mais la police a bloqué les ferries.
00:52:41Il va falloir trouver un taxi pour passer sur l'autre rive.
00:52:44Nous avons pour instruction de rester discrets.
00:52:47Les policiers ne doivent pas nous suivre
00:52:50ni repérer notre caméra.
00:52:53Il y a un petit côté jeu de piste improbable.
00:52:56A priori, on va pouvoir retrouver
00:52:59la poignée de militants LGBT
00:53:02qui fait trembler la police turque.
00:53:05Le lieu de rendez-vous est excentré,
00:53:08sans doute pour s'éloigner de la police.
00:53:11Direction un quartier branché bienveillant avec les LGBT.
00:53:14Rien à signaler en sortant du taxi.
00:53:17Mais les choses vont s'emballer très vite.
00:53:20Un peu comme pour un flash mob.
00:53:23Les gens se transforment soudainement
00:53:26en manifestants.
00:53:32Certains enlèvent leur chemise.
00:53:35Les drapeaux fleurissent.
00:53:38Tout le monde semble shooter à l'adrénaline.
00:53:42L'espace d'un instant.
00:53:45La communauté LGBT prend vraiment les rues d'Istanbul.
00:54:12Mais 100 m plus loin,
00:54:15les drapeaux disparaissent.
00:54:35Le calme revient en quelques secondes.
00:54:41Ça a duré 3 minutes.
00:54:44Ils ont eu le temps de remonter une rue.
00:54:47C'était une opération commando.
00:54:50On a les escadrons de police qui arrivent derrière.
00:54:53On va les suivre quand même.
00:54:56Sur 300 manifestants,
00:54:59il y aura 15 arrestations.
00:55:02Arrivée trop tard, la police ne peut plus arrêter les autres
00:55:05car les drapeaux LGBT et les pancartes ont été jetés.
00:55:08Alors, certains militants restent.
00:55:11L'un d'eux accepte même de me répondre
00:55:14à quelques mètres de la police.
00:55:18Quand on est arrêté,
00:55:21on est battu dans les fogons de police.
00:55:24Ils nous tabassent dès qu'il n'y a plus de caméra.
00:55:27C'est pour ça qu'on doit faire attention à ne pas se faire choper.
00:55:30Si les marches continuent à Istanbul,
00:55:33c'est parce que les passants sont bienveillants.
00:55:36Et la ville de la Tolérance est des mélanges en Turquie.
00:55:45D'ailleurs, depuis mon arrivée,
00:55:48je ne vois que des mélanges improbables au détour des rues.
00:55:51Ça ne s'arrête plus !
00:55:56Il y a 5 rues qui sont envahies par la file d'attente
00:55:59et les voitures ne peuvent plus passer.
00:56:02Tout le monde devient un peu fou.
00:56:05Des femmes, des femmes, des vieilles dames
00:56:08et des groupes de jeunes copines.
00:56:11Toutes partagent la même croyance.
00:56:17Les gens viennent pour réussir leur carrière,
00:56:20pour trouver l'amour, pour avoir un meilleur travail.
00:56:23C'est un gros programme, là !
00:56:26Tu l'as dit !
00:56:29C'est quoi vos voeux ?
00:56:32C'est entre nous et Dieu.
00:56:38Comme chaque mois,
00:56:41des centaines de musulmans sont là pour réaliser leurs rêves
00:56:44grâce à une église grecque orthodoxe,
00:56:47Sainte-Marie d'Evefa,
00:56:50qui serait bâtie sur une source d'eau magique.
00:56:53Dans la file d'attente, il n'y a que des musulmans
00:56:56qui attendent pour rentrer dans une église.
00:56:59Vous êtes musulman ?
00:57:02Oui. Tout chemin vers Dieu passe par la spiritualité.
00:57:05Dieu accepte les musulmans,
00:57:08les chrétiens, les juifs.
00:57:11Tout le monde est serviteur de Dieu.
00:57:14Il ne laisse personne de côté.
00:57:17Après les premières heures d'attente,
00:57:20on a accès à un stand agrigri
00:57:23où l'on choisit notre vœu du moment.
00:57:26Ça, c'est pour la paix.
00:57:29Une vraie liste au Père Noël.
00:57:32Est-ce que j'achète une maison aussi ou pas ?
00:57:35J'en demande peut-être beaucoup.
00:57:38Allez, on va rentrer.
00:57:44Là, on sent que les gens ont attendu 4 heures.
00:57:47La tension commence à monter un peu.
00:57:504 heures pour rentrer dans l'église,
00:57:53et ce n'est que le début.
00:57:56Il faut encore acheter un siège et une clé
00:57:59pour poursuivre le rituel.
00:58:02Avec ces clés, la file d'attente passe devant plusieurs icônes.
00:58:05Et devant chaque icône, on tourne la clé 7 fois.
00:58:08En fait, le protocole est super long.
00:58:11C'est pour ça que les gens dehors attendent pendant 6 heures.
00:58:15La dernière étape, c'est juste au-dessus de l'hôtel.
00:58:18Et avec la clé, on suit le signe de croix.
00:58:21Pour finir, j'ai enfin accès à un prêtre
00:58:24qui va bénir mes vœux.
00:58:27Toutes ces croyances viennent d'une longue histoire.
00:58:30À Istanbul, il y a un prêtre
00:58:33qui va bénir mes vœux.
00:58:36C'est un prêtre qui va bénir mes vœux.
00:58:39C'est un prêtre qui va bénir mes vœux.
00:58:43À Istanbul, les civilisations se sont succédées
00:58:46et forcément un peu mélangées.
00:58:49À l'église, j'ai rencontré Bolka,
00:58:52passionnée par cet héritage.
00:58:55Elle est turque, mais elle est allée à l'école française.
00:58:58Elle m'invite chez elle pour découvrir sa cérémonie préférée.
00:59:01Une cérémonie pour chasser le mauvais œil.
00:59:04Bolka vient d'une grande famille istambouliotte.
00:59:07Petite porte secrète.
00:59:10Il me fait découvrir la maison de sa mère.
00:59:13600 mètres carrés,
00:59:16en plein cœur de la rive européenne.
00:59:22Bolka vit dans un palais.
00:59:25Mais en fait, t'es une princesse, Bolka.
00:59:28C'est sublime.
00:59:31Ça, c'est ma grand-mère.
00:59:34Ça, c'est ta grand-mère ?
00:59:37C'était Miss Europe, élue à Naples en 1952.
00:59:40Dans la famille de Bolka,
00:59:43les rituels sont plus importants que la religion.
00:59:46Depuis quelques années, Einur,
00:59:49qui est un genre de chamane,
00:59:52les accompagne pour la cérémonie du plomb.
00:59:55Après avoir mis du pain, du sucre et du sel
00:59:58dans une bassine d'eau, on fait fondre le plomb.
01:00:01On protège la personne concernée en la mettant sous un drap
01:00:04et on jette le plomb dans la bassine.
01:00:10Heureusement qu'on s'est vus aujourd'hui.
01:00:13Tu as beaucoup de mauvais oeil.
01:00:16Il faut qu'on se voie souvent, nous deux.
01:00:19Aujourd'hui, l'énergie de Bolka n'est visiblement pas bonne.
01:00:22En effet, quand c'est mon tour d'y passer,
01:00:27le plomb ne prend pas du tout la même forme.
01:00:31Elle, elle n'a pas de mauvais oeil.
01:00:34C'est sûrement parce qu'elle a les yeux clairs.
01:00:37Tu sais, c'est la 1re fois que j'entends quelqu'un dire ça.
01:00:40Je pense vraiment que ce soit les yeux clairs.
01:00:43Ou bien t'as vraiment des amis,
01:00:46un entourage hyper bienveillant.
01:00:49Les Turcs pensent que les yeux clairs protègent du mauvais oeil.
01:00:52Mais pour être sûre de rester dans mes bonnes ondes,
01:00:55il me reste une dernière mission.
01:00:58Il va falloir jeter ça dans le Bosphore.
01:01:01Parce que là, c'est une concentration de toutes les énergies négatives
01:01:04que tu avais sur toi.
01:01:07Si tu continues à porter ça sur toi, c'est néfaste.
01:01:10On va aller le jeter tout de suite dans le Bosphore.
01:01:13Il y a 3 minutes, je n'y croyais pas,
01:01:16mais je ne vais quand même pas prendre le risque.
01:01:19Istanbul a été la capitale de 3 empires.
01:01:22L'Empire romain, l'Empire byzantin
01:01:25et l'Empire ottoman.
01:01:28Cette ville porte en elle des influences venues du monde entier.
01:01:31Je quitte Istanbul,
01:01:34remplie de toutes ces contradictions.
01:01:37Je vais pouvoir jeter tout mon mauvais oeil dans le Bosphore.
01:01:40Regarde, il y a une porte là.
01:01:43Me voilà en train de réciter une formule
01:01:46dictée par Bolka.
01:01:49Je jette tous mes mots au fond de l'eau.
01:01:52Suivant à la lettre,
01:01:55des traditions un peu étranges.
01:01:58Et voilà, le Bosphore m'a lavé du mauvais oeil.
01:02:01Mais comme tout ce qui existe depuis des millénaires,
01:02:04ces choses sont trop précieuses pour être abandonnées.
01:02:07C'est la fin de cette émission.
01:02:10Merci de l'avoir suivie.
01:02:13Restez avec nous car il y a dans un instant
01:02:16une autre enquête exclusive.
01:02:19Bonne soirée.