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En Afrique de l'Ouest, dans la région du Burkina Faso, l'empire Mogho, qui s'étendit sur plus de
60 000 km2, fut l'un des plus puissants d'Afrique. Il puise ses racines dans la force d'une femme :
l'impétueuse Yennenga. Retour sur le parcours de cette glorieuse cavalière.

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Transcription
00:00MAMAN !
00:25Je m'appelle Wodraogo.
00:27Je suis le fils de la légendaire Yenenga.
00:30J'avais 25 ans quand j'ai été couronné premier roi de l'Empire Moro.
00:35Mais ce n'est pas mon nom que l'histoire a retenu.
00:39La princesse Yenenga est considérée pour le courage d'avoir voulu changer la société.
00:47Elle est aujourd'hui le symbole de notre histoire, le symbole de la lutte.
00:51C'est une grande guerrière. Elle était souvent en tête de combat.
00:55Elle s'est vu effectivement confier une armée assez jeune.
00:59Elle va être constitutive d'un nouveau royaume.
01:02La princesse Yenenga, je dirais que c'est la mère de notre nation.
01:05Je pense que tous Burkinabés connaissent cette histoire.
01:13La princesse Yenenga était une jeune femme qui a vécu entre le XIe et le XIIIe siècle.
01:22Certains vont jusqu'au XVe, puisque c'est assez difficile à dater à cette époque.
01:28Dans un pays qui correspond aujourd'hui au Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest.
01:33Petite, elle allait à la chasse avec son père. Elle a été initiée comme ça.
01:38Ensuite, plus grande, elle a commencé à suivre les guerriers dans leurs incursions,
01:43dans des territoires qu'ils cherchaient à conquérir.
01:46C'est elle qui dirigeait l'armée de son père.
01:48Tellement, elle était habile, non seulement à la chasse, mais aussi à la guerre.
02:13Ma fille, il n'est pas dans la nature des femmes de monter un cheval.
02:19Il le sait.
02:22Il pourrait en profiter.
02:30Tu as l'air décidée.
02:35Je te propose un marché.
02:38Quand le niveau de ta tête atteindra le dos du cheval, tu pourras apprendre à le monter.
02:44Toi, tu te formes à la patience.
02:48Et moi, à respecter une promesse faite à ma fille.
02:59Mon grand-père adorait ma mère.
03:01Il avait bien d'autres enfants, y compris des caissons, qui auraient pu être ses héritiers.
03:07Mais ma mère était sa première fille et de loin son enfant préféré.
03:10Il t'aime pas, Rol.
03:12Et ma mère a appris à devenir une cavalière hors père.
03:16Ainsi commence le mythe fondateur de Yenenga et de la construction de l'Empire Moro.
03:22Généralement, dans la notion de mythe fondateur, il y a une part de surnaturel ou de paranormal
03:29qui fait référence aux sciences naturelles.
03:31Et il y a aussi une difficulté, je dirais, à tracer les sources historiques.
03:34Dans le cas, déjà, de Yenenga, on est, du point de vue des historiens, sur un flou, par exemple, autour de sa date de naissance.
03:41On va situer les faits entre le XIe et le XVe siècle, ce qui est une fourchette vraiment très large,
03:47une fourchette de quatre siècles.
03:49Et à partir, je dirais, de ce flou historique qui n'est pas daté, qui n'est pas réellement sourcé,
03:54eh bien, on va construire un récit qui va être transmis de génération en génération
03:59et qui va être ensuite institutionnalisé à travers, effectivement, je dirais, un mythe fondateur
04:07qui fait qu'on va se référer à ce moment, à cet événement, comme le point de départ de quelque chose,
04:14mais sans jamais réellement en trouver, je dirais, l'origine précise.
04:19Mon grand-père, Ndegega, était le souverain du royaume du Takomba.
04:23C'était un roi puissant et qui gouvernait avec une grande force.
04:26Lorsque ma mère démontra très tôt un intérêt et des aptitudes pour le combat,
04:31il fit abstraction de la tradition pour la former et faire d'elle une guerrière capable de prendre sa succession.
04:41Le royaume du Naba Ndegega, donc le père de la présence Sinanga,
04:46se situait à l'époque au niveau du nord du Ghana actuel,
04:50entre le Xe et le XIe siècle.
04:52À une période qui correspond, grosso modo, à l'effondrement des premiers royaumes et empires précoloniaux de cette région.
04:59Et au moment où se constituent dans cet espace les grands empires mandingues,
05:04donc le Songhai, un petit peu avant l'empire du Mali.
05:07Donc on est vraiment dans cette dynamique-là.
05:10Mais sur un royaume qui est beaucoup plus petit,
05:13qui ne devait pas avoir, je dirais, plus de 50 à 60 000 personnes,
05:17qui réunissait principalement les royaux de l'époque,
05:20qui réunissait principalement deux peuples, les Bagamba et les Mamproussi,
05:25et qui était, je dirais, au croisement justement de différentes interactions
05:30dans une période marquée par de fortes migrations de populations.
05:34Donc on est vraiment dans des périodes, je dirais, de reconfiguration des espaces,
05:39et on est vraiment à l'écart des grands empires mandingues de l'Afrique de l'Ouest.
05:42Et donc c'est un peu une particularité, on est sur des royaumes de niches,
05:46sur des royaumes assez fermés, assez resserrés,
05:49et c'est ça, je pense, qui en fait aussi la spécificité,
05:52le positionnement géographique sur les différentes routes,
05:55de l'Ouest à l'Est, qui sont à la fois des routes de transhumance,
06:00et en même temps des routes au cœur des trafics commerciaux,
06:04autour notamment de l'or, des chevaux,
06:07et dans ce qui va apparaître également à partir du 9e, 10e siècle,
06:12les captifs, notamment dans le cadre des Razia qui venaient du Nord.
06:15Pour mon grand-père, le destin de ma mère était tracé.
06:19Pendant qu'elle s'initiait à la cavalerie, aux tirs à l'arc et aux autres maniements des armes,
06:24ses sœurs ne pratiquaient, elles, que des activités domestiques,
06:28traditionnellement réservées aux femmes.
06:31Mais ce qui se jouait à ce moment-là était bien plus qu'une évolution de nos coutumes.
06:35C'était un état d'esprit qui allait perdurer à travers le temps.
06:39Elle était la préférée de son père, il semblerait qu'elle était l'aînée de son père,
06:43et il ne voulait pas la marier.
06:46Très tôt, il l'a élevée comme un garçon,
06:49comme le fils qu'il aurait voulu avoir et qu'il n'a pas eu.
06:53Donc il lui a appris la chasse, elle allait avec son père à la chasse.
06:57Ensuite, il en a fait un guerrier.
07:00Comme c'était un royaume de conquérants, au fur et à mesure qu'elle grandissait,
07:05elle a participé de plus en plus aux conquêtes militaires,
07:08et elle s'est avérée sur le terrain quelqu'un de remarquable.
07:11C'était une grande guerrière,
07:14et elle était souvent en tête de combat à chaque fois qu'il y avait des batailles.
07:20Le roi Nédégat a été amené à constituer une armée de cavaliers,
07:26puisqu'on est dans une époque du Xe, XIe, XIIe siècle,
07:30qui est marquée par un certain nombre de conflits,
07:33et également par la nécessité d'avoir des captifs, de mener des guerres.
07:37À la fois des guerres de conquête et en même temps des guerres de défense.
07:41Et dans cet espace sahélien, constitué de savannes, de grands espaces,
07:47le cheval était effectivement un outil essentiel pour remporter les batailles.
07:53Donc avoir une armée de cavaliers, c'était s'assurer un ascendant sur des adversaires.
07:58C'était aussi très important d'avoir une armée de cavaliers pour le faste,
08:04parce qu'il y a aussi autour du cheval tout un cérémonial, tout un prestige,
08:09qui fait que savoir monter à cheval fait partie quelque part de l'éducation,
08:13de la noblesse des nobles, et que c'est en dontant le cheval
08:17qu'on montre aussi son courage en allant à la guerre, etc.
08:21Donc tous ces éléments-là, qui s'inscrivent dans une certaine culture militaire,
08:25dans une certaine culture de représentation du pouvoir politique,
08:28se développent dans des sociétés où les concepts, les notions de genre
08:33ne sont pas celles que l'on connaît forcément aujourd'hui.
08:36Et donc il y avait effectivement déjà des femmes et des hommes
08:39qui étaient rompus à l'exercice de la guerre.
08:49Le royaume était attaqué.
08:58Le royaume était attaqué.
09:21Les Malenquins nous attaquent sur la frontière ouest.
09:24Il faut frapper fort.
09:27Il faut leur inspirer la peur.
09:30C'est la seule solution.
09:35Ma fille, tu es une guerrière exceptionnelle.
09:43Qu'est-ce qui pourrait les impressionner davantage
09:47qu'une femme qui fait plier le genou à leur soldat ?
09:50Ma mère, qui était sur le front, était ramenée à sa condition de femme
09:54lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions stratégiques et politiques.
09:57Alors même qu'elle était la plus puissante des guerriers de l'armée de Ndegeka,
10:01elle décida de reprendre à nouveau son destin en mai.
10:05Yenenga, c'est une...
10:08Déjà probablement son caractère,
10:11donc je pense qu'il a une dimension un peu plus...
10:14carismatique de cette femme est à souligner,
10:17parce que ce sont aussi des contingences,
10:20des circonstances particulières qui font qu'on donne des responsabilités
10:24à une princesse, premièrement.
10:27Deuxièmement, on est dans un cas où on n'est pas sur le modèle
10:31d'une princesse dont on veut faire la continuité dynastique
10:36à travers un rôle d'héritière.
10:39C'est-à-dire qu'il y a un rôle d'héritière,
10:41une continuité dynastique à travers un rôle d'héritière.
10:44Donc on n'est pas dans le cas où il s'agit de confier la presse à Yenenga
10:48à un mariage dans lequel elle serait uniquement limitée
10:52à assurer la continuité du règne.
10:56Donc il y a, je dirais, de la part du roi Ndegeka,
11:00une certaine conception de la place que pouvait jouer sa fille
11:06justement dans la dimension militaire, politique du royaume.
11:11Et ça, c'est quelque chose qui est assez intéressant.
11:14Et c'est quelque chose aussi, je pense, qui participe au mythe.
11:17C'est-à-dire que Yenenga n'est pas la fille de n'importe qui.
11:20Donc son père, en soi, a mis en place des conditions
11:23pour lui permettre d'être une guerrière.
11:26Elle a été très jeune, habituée à participer, à assister au combat.
11:31Et elle s'est vue confier une armée assez jeune.
11:36Et on sait que les circonstances dans lesquelles elle a quitté
11:38le royaume d'Agamba s'inscrivent dans un contexte
11:41où son père va lui confier effectivement des hommes, des chevaux,
11:47des ouvins et des bovins pour aller s'installer
11:50dans ce qui deviendra ensuite le royaume Moussi.
11:53Moi, ce qui me dérange toujours, c'est que quand il s'agit de femme,
11:57on parle de légende, de mythe, alors que c'est une jeune femme
12:03qui a montré plusieurs aspects de sa personnalité.
12:06Elle était femme, mais aussi quand il a fallu défendre son pays
12:11ou quand il a fallu se battre les armes à la main
12:15pour faire ce qu'on attendait d'elle, elle l'a fait,
12:19comme un homme l'aurait fait.
12:21Et ensuite, quand elle a voulu changer de vie aussi, elle l'a fait.
12:25Ça aurait été un homme, on n'aurait pas dit la légende de...
12:29Alors je pense que là, c'est une espèce de licence poétique
12:33entre guillemets des gens qui ont écrit l'histoire,
12:37mais dans la tradition populaire, c'est une fille qui a existé,
12:42qui a montré un chemin et qui n'est pas du tout une légende.
12:46Donc le mot me gêne un petit peu.
12:49Cela dit, elle est devenue célèbre,
12:52parce que là, nous avons parlé de son ressenti à elle,
12:55de la façon toute personnelle de sa trajectoire,
12:58mais cela dit, elle n'entrera dans la lumière
13:02que pour avoir enfanté un grand homme.
13:05Voilà.
13:07Comme son père s'y attendait,
13:09ma mère fut une brillante stratège
13:11et s'illustra dans de nombreuses batailles contre les ennemis.
13:14Elle devint la première femme guerrière,
13:17meilleure que les hommes dans un domaine qui leur était pourtant réservé,
13:20loin de l'image d'être fragile dans laquelle les hommes du Takomba
13:24voulaient enfermer les femmes.
13:29Elle, elle se rend compte qu'elle est différente des autres,
13:33puisque le chemin qu'on lui trace n'est pas celui traditionnel
13:38d'une jeune fille.
13:40Donc elle, puisque plus tard, ça va la travailler,
13:45elle aurait peut-être voulu avoir une éducation de jeune femme,
13:50cuisiner, savoir comment on élève un enfant,
13:53et ensuite trouver un mari et avoir un foyer.
13:57Or, ce n'est pas ce qui a été décidé pour elle,
14:00donc elle obéit un peu à cet ordre royal, paternel,
14:06qui fait fi de ce que la société avait prévu pour elle.
14:11Et elle reste docilement dans ce cadre
14:15jusqu'au jour où elle en aura marre.
14:18Après avoir emporté de nombreuses victoires sur les champs des batailles,
14:21ma mère commençait à s'émanciper et à nourrir de nouvelles ambitions,
14:25bien plus personnelles cette fois.
14:51Depuis quelques jours, mon fils ne voulait plus prendre de mon lait,
14:58et j'ai craint pour sa vie.
15:03Aujourd'hui, il a recommencé à se nourrir.
15:09Il accepte de nouveau ce que je vais lui donner.
15:14Il accepte de rester en vie.
15:22Ma fille, nous en avons déjà parlé.
15:25Aucun de tes prétendants n'est digne de toi.
15:29Tu ne comprends pas.
15:32Je ne veux plus de cette vie,
15:35ni de ton pouvoir.
15:39Je ne veux plus de cette vie,
15:42ni de ton pouvoir.
15:45Je ne veux plus de cette vie,
15:48ni de ton pouvoir.
15:51Je veux trouver ma propre destinée.
15:55Et dans cette destinée, il y a un enfant et une famille.
15:59Un enfant et une famille.
16:01Linnéga, la voie que tu as choisie est celle d'un homme.
16:06Et en tant que guerrière, tu es aujourd'hui faite pour prendre la vie,
16:11pas pour la donner.
16:13Je refuse que tu m'imposes tes choix.
16:16Linnéga, je suis ton père,
16:18mais je suis aussi ton roi.
16:21Tu es devenue un général de mon armée.
16:24Tu as donc des devoirs envers moi.
16:26Cette princesse, elle va jouer le rôle qu'on attendait d'elle,
16:29mais un jour, elle va disparaître du palais de son père.
16:34Donc, on va la retrouver,
16:37mais on va la trouver,
16:40et on va la trouver,
16:43mais on va la trouver,
16:46et on va la trouver,
16:49et on va la trouver,
16:51et un jour, elle va disparaître du palais de son père.
16:56Donc, il y a deux versions sur cette disparition.
17:00Deux principales, tout au moins.
17:02L'une qui dit qu'elle en avait un petit peu marre
17:05de ce rôle qu'on voulait lui faire porter,
17:09et qu'elle rêvait d'avoir un foyer, des enfants, un mari,
17:13et qu'un jour, elle a sauté sur son cheval,
17:16et qu'elle est partie comme ça à l'aventure.
17:18Et d'autre, la deuxième version,
17:21c'est qu'il revenait, enfin, au retour d'une incursion,
17:26en Pays-Boussensé, d'ailleurs, c'est un autre territoire.
17:29Le cheval s'est emballé,
17:31et aurait emporté sa maîtresse très loin.
17:34Donc, voilà.
17:36Et cette deuxième version est servie,
17:39est beaucoup plus complaisante,
17:41parce que ça montre, on ne voulait pas montrer
17:44qu'elle était capable de résister à son père,
17:46et de refuser la destinée que son père avait choisie pour elle.
17:51Donc, la première version, celle où elle serait partie d'elle-même,
17:55ça veut dire que c'est un acte,
17:57c'est par sa propre volonté qu'elle a décidé de le faire.
18:01Donc, c'est une rupture avec son environnement, sa société.
18:08Et la deuxième version, ce n'est pas de sa faute,
18:11c'est le cheval qui l'a emmené très loin.
18:16Le cheval, c'est le cheval qui a été emporté,
18:19c'est le cheval qui a été emporté,
18:21c'est le cheval qui a été emporté,
18:23c'est le cheval qui a été emporté,
18:25c'est le cheval qui a été emporté,
18:27c'est le cheval qui a été emporté,
18:29c'est le cheval qui a été emporté,
18:31c'est le cheval qui a été emporté,
18:33c'est le cheval qui a été emporté,
18:35c'est le cheval qui a été emporté,
18:37c'est le cheval qui a été emporté,
18:39c'est le cheval qui a été emporté,
18:41c'est le cheval qui a été emporté,
18:43c'est le cheval qui a été emporté,
18:44c'est le cheval qui a été emporté,
18:46c'est le cheval qui a été emporté,
18:48c'est le cheval qui a été emporté,
18:50c'est le cheval qui a été emporté,
18:52c'est le cheval qui a été emporté,
18:54c'est le cheval qui a été emporté,
18:56c'est le cheval qui a été emporté,
18:58c'est le cheval qui a été emporté,
19:00c'est le cheval qui a été emporté,
19:02c'est le cheval qui a été emporté,
19:04c'est le cheval qui a été emporté,
19:06c'est le cheval qui a été emporté,
19:08c'est le cheval qui a été emporté,
19:10c'est le cheval qui a été emporté,
19:11c'est le cheval qui a été emporté,
19:13c'est le cheval qui a été emporté,
19:15c'est le cheval qui a été emporté,
19:17c'est le cheval qui a été emporté,
19:19c'est le cheval qui a été emporté,
19:21c'est le cheval qui a été emporté,
19:23c'est le cheval qui a été emporté,
19:25c'est le cheval qui a été emporté,
19:27c'est le cheval qui a été emporté,
19:29c'est le cheval qui a été emporté,
19:31c'est le cheval qui a été emporté,
19:33c'est le cheval qui a été emporté,
19:35c'est le cheval qui a été emporté,
19:37c'est le cheval qui a été emporté,
19:38c'est le cheval qui a été emporté,
19:40c'est le cheval qui a été emporté,
19:42c'est le cheval qui a été emporté,
19:44c'est le cheval qui a été emporté,
19:46c'est le cheval qui a été emporté,
19:48c'est le cheval qui a été emporté,
19:50c'est le cheval qui a été emporté,
19:52c'est le cheval qui a été emporté,
19:54c'est le cheval qui a été emporté,
19:56c'est le cheval qui a été emporté,
19:58c'est le cheval qui a été emporté,
20:00c'est le cheval qui a été emporté,
20:02c'est le cheval qui a été emporté,
20:04c'est le cheval qui a été emporté,
20:05c'est le cheval qui a été emporté,
20:07c'est le cheval qui a été emporté,
20:09c'est le cheval qui a été emporté,
20:11c'est le cheval qui a été emporté,
20:13c'est le cheval qui a été emporté,
20:15c'est le cheval qui a été emporté,
20:17c'est le cheval qui a été emporté,
20:19c'est le cheval qui a été emporté,
20:21c'est le cheval qui a été emporté,
20:23c'est le cheval qui a été emporté,
20:25c'est le cheval qui a été emporté,
20:27c'est le cheval qui a été emporté,
20:29c'est le cheval qui a été emporté,
20:31c'est le cheval qui a été emporté,
20:33Le chasseur d'éléphants que rencontra ma mère s'appelait Riali.
20:39Il était du peuple Bisa, c'est à dire un Mâlinki,
20:42un homme du peuple ennemi.
20:48Il avait du sang royal et elle apprit bien plus tard que lui aussi
20:52avait fui les obligations que voulait lui en poser son père.
20:59Les premiers contacts furent difficiles car ils ne parlaient pas la même langue.
21:02Ma mère s'exprimait en Morée, la langue de son pays,
21:06et Rialé parlait la langue bissa.
21:32Le Maroc
21:43La trajectoire de la présse hassien Nenga
21:46par rapport au royaume de son père, Nabhan et Degas,
21:49c'est déjà une rupture,
21:52puisqu'elle va déclencher une nouvelle dynastie,
21:55elle va être constitutive d'un nouveau royaume
21:58qui va être différent du royaume de son père.
22:02le mythe que l'on connaît, donc elle est partie défendre le royaume de son père contre les malinqués,
22:07son cheval qui l'emmène jusqu'à ce qu'elle rencontre Rialé, puis Wédraogo qui naît.
22:12Donc ce mythe-là, il est en rupture précisément avec l'histoire du royaume d'Agamba.
22:18Donc on peut souligner d'une certaine manière que l'histoire de Yenenga va quelque part éteindre
22:25la connaissance que l'on avait du royaume de son père.
22:28Donc on s'inscrit, selon moi, vraiment dans une rupture assez intéressante
22:32parce qu'elle pose effectivement la question de cette femme qui était une guerrière
22:38et qui a pris, je dirais, des responsabilités militaires et qui, du fait de ces responsabilités militaires
22:45qui consistaient à défendre justement le royaume de son père,
22:48va quelque part amener ce royaume-là à se limiter du point de vue de son impact dans l'histoire.
23:28Yenenga m'a vu.
23:51Je vous salue votre majesté.
24:08Je suis venu vous rendre hommage depuis mon pays pour vous rencontrer en tant que roi.
24:16Mais aussi en tant que grand-père.
24:47Un petit-fils.
25:08De cette union avec Rialé allait naître un garçon, Ouedraogo.
25:15Ouedraogo qu'on appelle ainsi pour dire cheval fougueux,
25:19en souvenir de cette monture qu'il avait conduite jusqu'à l'amour de sa vie, soyons romantiques.
25:25Et donc elle va élever son fils, mais dans la tradition, à partir de la dixième année,
25:32le fils d'une femme doit être élevé, surtout dans les familles nobles,
25:36dans sa famille paternelle, dans la famille de son père.
25:40Donc quand l'enfant a eu dix ans, elle l'a envoyé à la cour de Gambaga, du vieux Nnedega.
25:47Et là, il a appris que non seulement sa fille était en vie, mais qu'il avait un petit-fils.
25:52Il était fou de joie. Il l'a accueilli avec effusion.
25:56Il a envoyé une ambassade demander à sa fille de revenir, qu'il lui pardonnait.
26:06Et à ce moment-là, elle est repartie avec son mari pour le présenter à son père.
26:10Et elle est restée quelques mois à la cour de Gambaga, à la cour de son père.
26:17Mais après, elle a voulu reprendre sa destinée de femme.
26:20Elle ne voulait pas, parce que c'est une vie d'honneur qu'il attendait, le retour de la princesse.
26:26Mais elle voulait retrouver la tranquillité et cette espèce de sérénité qu'elle avait trouvée auprès de son époux.
26:33Et je pense qu'après une vie un peu tumultueuse de femme de guerre,
26:37on sentait que c'était important pour elle de retrouver cette vie un peu tranquille.
26:43Donc, elle est repartie dans la forêt de Bitou.
26:47C'est le nom de la petite région où elle était.
26:50Et son fils est resté dans la cour de son grand-père,
26:54qu'il a élevé en chef de guerre, un grand conquérant.
26:58Et ensuite, il va accomplir une autre destinée.
27:03Moi Ouetraogo, le cheval fou, je suis le fruit de cette union entre deux peuples qui, jusque-là, étaient ennemis.
27:09Mes parents s'aimaient d'un amour véritable.
27:12Ensemble, ils allaient mener bien des combats.
27:14Comme parents, comme guerriers, comme souverains.
27:17Ils avaient conscience du rôle que je jouerais dans l'histoire.
27:20Celui d'unifier.
27:22Celui de devenir le premier Moro-Naba, d'un empire que j'allais contribuer à fonder et à faire grandir.
27:28L'Empire Mosi.
27:34Un Moro-Naba, c'est le titre de chef.
27:38Un Moro-Naba, c'est le chef du monde.
27:40C'est-à-dire qu'on est toujours dans une conception du pouvoir coutumier.
27:45Également du pouvoir politique.
27:48Et donc, le Moro-Naba va être le chef constitué au niveau des différents empires et royaumes
27:56qui vont se constituer entre le XIIe, XIIIe siècle,
28:00jusqu'à la fin du XIXe siècle avec la colonisation,
28:04dans ce qui correspond à l'actuel Burkina Faso.
28:08Dans cet espace-là, plusieurs royaumes vont se constituer.
28:12Le Yatenga, le Ouagadougou, etc.
28:16Ces royaumes vont se fédérer autour d'une figure centralisatrice
28:20qui va prendre le nom de Moro-Naba
28:22et qui va constituer à partir de Ouidraogo, le fils de la princesse Inanga,
28:29le début d'une dynastie qui se poursuit jusqu'à nos jours
28:32avec des règles de succession, des rites d'intronisation,
28:38des questions de légitimité qui inscrivent cet empire dans une dynastie.
28:45Le Moro-Naba, c'est la figure tutélaire du pouvoir traditionnel,
28:50qui a une dimension politique, une dimension militaire,
28:54et qui est le fil conducteur de l'histoire de ce peuple
28:58et qui permet aussi d'être le garant de l'histoire du royaume Mossie
29:02puisqu'on est aussi dans des traditions où, encore une fois,
29:06une grande partie de l'histoire est de tradition orale,
29:09l'histoire est orale, et donc c'est à travers les Moro-Naba
29:13notamment que les griots vont constituer l'histoire du peuple Mossie.
29:17Le Moro-Naba, c'est un peu la figure qui est chargée
29:21de réguler le pouvoir dans tout cet espace-là.
29:24Et c'est donc auprès, par exemple, du Moro-Naba
29:26que les chefs subalternes vont se faire introniser.
29:30Et donc il est quelque part là pour à la fois
29:32incarner la continuité du pouvoir, déléguer également ce pouvoir
29:37et introniser ou trancher les conflits de légitimité ou de succession
29:42qui sont au niveau, on va dire, des territoires vassalisés.
29:45Donc du coup, la légitimité même du Moro-Naba
29:48est quelque chose qui est très important
29:50et qui est du coup aujourd'hui institutionnalisé quelque part
29:54dans le Burkina Faso actuel.
30:11Jusqu'aux années 1896, donc la colonisation française,
30:15le Moro-Naba de l'époque est déposé.
30:17Il est remplacé par un Moro-Naba, on va dire, de substitution.
30:21Et à partir de ce moment-là, le rôle quelque part des chefs traditionnels
30:26dans toute l'Afrique change un peu.
30:28Ils vont être quelque part liés soit au pouvoir colonial,
30:32soit au symbole d'une résistance à la colonisation.
30:35Donc lorsque l'État se met en place, l'État post-colonial,
30:40donc le Burkina Faso, donc d'abord la Haute-Volta en 1960 se met en place,
30:44il y a une volonté du pouvoir central de réduire justement
30:48le pouvoir des autorités traditionnelles.
30:50Or dans le cas du Moro-Naba, il est vraiment la figure tutélaire
30:54du peuple Mossi qui est quand même centrale,
30:57y compris du point de vue géographique et y compris du point de vue démographique,
31:01puisqu'il représente plus de la moitié de la population
31:04dans la constitution sociale et historique du peuple voltaïque et burkinabé.
31:09Et donc il est très difficile de le contourner.
31:12Donc il aura quand même un rôle, je dirais, de garant moral,
31:16d'autorité morale et spirituelle.
31:18La dimension protocolaire est présente,
31:20c'est-à-dire qu'il fait partie du protocole d'État.
31:23Là aussi c'est quelque chose qui est très important
31:25parce qu'on a conservé le protocole du Moro-Naba depuis l'époque originelle,
31:31avec notamment cette cérémonie où il part,
31:34il quitte son royaume et il revient.
31:36Donc il y a tout un jeu qui est fait autour justement de l'autorité
31:40et dans le contexte également de son décès, de sa succession,
31:44puisqu'il règne à vie.
31:45Il y a également tout un ensemble de rites qui est mis en place,
31:48qui fait qu'on est dans un Burkina Faso qui est une république avec un chef d'État,
31:53mais il y a quand même cette tradition, on ne va pas dire à la reine d'Angleterre,
31:58mais cette tradition monarchique qui est quand même présente à travers la figure du Moro-Naba.
32:11Le royaume de Nnediga, c'était un petit royaume,
32:14comme il y en avait beaucoup dans la région,
32:17et la différence c'est que Ouedraogo, son petit-fils,
32:21a décidé à un moment, à l'âge adulte, de quitter la cour de son grand-père
32:28parce qu'il n'y avait plus assez d'espace,
32:31il n'y avait plus assez d'endroits,
32:33il n'y avait plus assez d'endroits pour les enfants.
32:37parce qu'il n'y avait plus assez d'espace,
32:40il y avait une forte démographie qui commençait à cette époque,
32:44et les familles n'arrivaient plus à donner suffisamment de terre à tous leurs fils.
32:49Donc il a eu l'idée de proposer à des jeunes gens de son âge,
32:54avec qui il allait à la chasse, avec qui il a grandi,
32:57si nous partions ailleurs, nous allons créer notre propre environnement,
33:03notre propre territoire,
33:05et à ce moment-là, chacun d'entre vous aura sa terre.
33:08Ce qui fait qu'il a convaincu son grand-père
33:11qu'il a doté d'une armée, de troupeaux, d'or, de beaucoup de choses,
33:16et il a décidé de partir comme ça, avec ses pionniers,
33:21puisque c'était un groupe de pionniers,
33:23et ils sont allés s'installer dans une autre région,
33:27pas loin de l'endroit où se trouvait son père, où il était né.
33:33Et là, à partir de là, à partir de ce noyau,
33:36ils ont commencé, parce que c'était des guerriers,
33:38ils ont commencé à conquérir des espaces de plus en plus vastes autour de cette région.
33:43Donc la différence, c'est que Nnedega avait son petit royaume,
33:47et que Ouedraogo, lui, il va créer un empire,
33:51parce qu'il va adjoindre à son territoire de départ
33:55de plus en plus de territoires importants,
33:58donc des zones agricoles, des zones minières.
34:01Il y aura beaucoup de mélanges, de métissages entre ces pionniers
34:06venus de Gambaga et les populations locales qu'ils vont rencontrer,
34:11et donc de ces métissages-là vont naître le peuple Moussi.
34:15Donc c'est comme ça qu'on explique la création de ce territoire
34:22et de cette société qui était très forte,
34:26qui était féodale et qui a été très solide
34:30jusqu'à l'arrivée de la colonisation française.
34:45Cette princesse est devenue célèbre
34:48parce qu'elle a donné naissance à un fils
34:51qui est devenu un grand bâtisseur d'empire et un meneur d'hommes.
34:55Sinon, avant, il y a sa propre histoire qui était connue dans sa région.
35:00Alors sa représentation, elle est connue au Burkina Faso,
35:04forcément partout, à Gambaga, donc côté Ghanéa,
35:09mais elle n'est pas si connue que ça
35:12dans les autres aires culturelles ou géographiques.
35:16Donc c'est vraiment symbole de la société burkinabée.
35:21Par contre, son impact est resté très, très fort.
35:24Aujourd'hui, vous allez au Burkina Faso, vous allez sur un marché,
35:28tous les artisans vous montreront des peintures
35:32de la jeune fille sur son cheval, avec sa lance,
35:36ou bien les artisans, parce qu'ils font beaucoup de bronze,
35:40il y a à Foison.
35:43C'est pour dire que dans l'imaginaire collectif et populaire,
35:48elle occupe une grande place et que c'est devenu
35:51un peu leur carte d'identité, même pour des touristes à l'extérieur.
35:56C'est comme ça qu'on apprend l'histoire de Nienega
35:59et puis dans les écoles aussi.
36:01Mais autrement, elle n'est pas connue à l'extérieur,
36:04sauf quand il y a une communauté burkinabée quelque part,
36:08donc forcément, ils en parlent.
36:10C'est assez difficile de parler d'Empire Moro
36:13avant la naissance de Ouidra Ogo,
36:15tout simplement parce que dans le contexte du personnage
36:18de Ouidra Ogo, ça va être vraiment le début
36:20de la constitution de quatre premiers royaumes
36:23qui vont être liés les uns aux autres
36:25par des traditions de sang, de filiation et donc de généalogie.
36:29Et ces quatre premiers royaumes vont quelque part
36:32constituer le début d'un empire.
36:34On est vraiment sur des logiques de fédération, confédération,
36:39dans des espaces qui sont assez autonomes les uns les autres
36:43et pour lesquels on va voir apparaître
36:45en fait une centralisation du pouvoir.
36:47Donc je pense que c'est assez difficile
36:49de parler d'un Empire Moro avant le mythe fondateur.
36:52Et d'autre part, pourquoi Ouidra Ogo n'est pas quelque part
36:57le point de départ de ce mythe fondateur-là
36:59et c'est plutôt Nienega qu'il est ?
37:01Je pense que c'est en partie lié, je dirais,
37:04aux dimensions de la constitution de la rupture imposée par Nienega,
37:11du mythe de la naissance de Ouidra Ogo,
37:14donc la rencontre avec qui il allait, tous ces éléments-là,
37:17et aussi du fait qu'il est important, je pense,
37:21d'avoir cette figure femme,
37:23d'avoir cet élément de mère fondatrice
37:26dans le cadre de sociétés qui ont un lien
37:29avec tout ce qui relève de la matrilinearité,
37:31dans le contexte de la société mossie.
37:34De la princesse Nienega ou de son épopée,
37:37je dirais que c'est la mère de notre nation.
37:40Je pense que tout Burkinabé connaisse cette histoire.
37:45Elle est d'origine ghanéenne et qu'elle est venue sur un territoire
37:50parce qu'évidemment, elle voulait un époux
37:53que son père ne voulait pas trop.
37:55Et voilà, elle rencontre un monsieur sur ce territoire-là
38:00et ils ont un enfant qui s'appelle Ouidra Ogo,
38:04qui est évidemment le nom du cheval qu'il a amené vers son époux.
38:08Je pense que tout Burkinabé connaisse cette histoire
38:11et elle est aujourd'hui le symbole de notre histoire,
38:14le symbole de la lutte aussi de notre patrie.
38:18Et aujourd'hui, elle représente vraiment la femme battante.
38:22Je pense que toute petite Burkinabé la regarderait comme une icône
38:29et comprendra que ce pays aussi...
38:33J'ai l'habitude de dire que ce pays a été bâti par les femmes
38:37et de fois, il y a des grincements, mais c'est ce qu'il y a.
38:41Après, maintenant, quand on regarde un peu notre histoire,
38:44le développement de notre histoire,
38:46qu'est-ce que ce pays a compté pour justement ces femmes
38:49qui étaient peut-être dans l'ombre, mais qui faisaient de grandes choses,
38:52voilà ce que la princesse Nienega nous donne en tant que Burkinabé.
38:56Je ne sais pas si elle-même est considérée comme le mythe fondateur,
39:00parce qu'en fait, à la limite, c'est Wédraogo
39:05qui est le fondateur de la dynastie et de l'Empire.
39:10Elle, elle est considérée pour le courage d'avoir voulu changer la société.
39:17C'est-à-dire que c'est une femme qui s'est créée en parallèle d'un grand destin.
39:23C'est surtout pour ça qu'elle est mise en avant,
39:26qu'elle est respectée et qu'elle est honorée.
39:29Mais on ne dit pas que l'Empire Môsi n'aurait pas existé.
39:34Les gens ne l'utilisent pas comme ça, sans Nienega.
39:38On dit, parce qu'il y a Rialé aussi, il y a le père aussi.
39:41C'est-à-dire Wédraogo est associé au mythe fondateur,
39:44enfin même pas, à la fondation de l'Empire Môsi.
39:48Nienega est prise en tant que femme
39:51et comment elle a réussi à transformer son destin de femme
39:54par rapport à ce qui était attendu d'elle
39:56et par rapport à ce qui avait été décidé pour elle.
40:06Par la volonté de ma mère et avec la bénédiction de mon grand-père,
40:10je devins le premier roi d'un nouveau royaume,
40:13l'Empire Môro.
40:16Pendant qu'Ogo fut ma capitale, mais au fil des générations,
40:20mes successeurs préfèrent la déplacer à Ouagadougou.
40:24Moi, l'Empereur des Môsi,
40:28j'avais sous mon autorité des centaines de villages
40:31qui avaient chacun leur chef, leur Naba.
40:35J'étais le Môro Naba.
41:35Le Roi des Môsi
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