Frédéric Nousbaum, cet amateur qui a su dompter l'UTMB - Ultra trail - UTMB

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Après avoir abandonné en 2022, Frédéric Nousbaum a été au bout de son rêve en finissant l'UTMB en 2023. Ce coureur amateur francilien nous explique comment il a réussi à venir à bout de cette course mythique. 

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00:00L'UTMB c'est un peu un rêve, un défi, quelque chose que je pensais un peu d'inaccessible.
00:07J'ai démarré sur marathon très tôt à 18 ans, c'était quand même mon premier marathon,
00:18et puis derrière c'est plutôt mon père et mon frère qui ont fait beaucoup d'ultra-trail avec
00:22aussi un copain David, et derrière je les ai vus faire ça, et puis je me suis par un jour,
00:27j'ai raté le virage quand ils ont démarré, mais je me suis dit, est-ce que c'est possible ? J'aimerais
00:33tenter. Pour préparer un UTMB, moi je me dis qu'il faut à peu près deux ans globalement
00:37pour monter en charge. Moi déjà marathonien, j'ai 11 marathons à mon actif, donc je sais gérer un
00:43entraînement. Maintenant il faut l'adapter à cette longue distance, et quand on travaille cette
00:48partie-là, j'ai pas beaucoup de week-end, j'ai pas beaucoup de temps pour sortir, donc derrière
00:54moi j'ai axé à chaque fois des longs week-end d'entraînement, par les week-end choc ou les
00:57courses, comme étant des moments dimensionnants de mon entraînement, pour passer par exemple d'une
01:02course en train en début d'année qui va être 20 km, puis 40, puis 80-100, et pour arriver à l'UTMB
01:08sur le 170. Et entre tout ça, je rythme avec des entraînements un peu de plat, un petit peu de
01:16montée, des sorties d'une heure et demie dans le parc de Saint-Cloud avec un petit peu de dénivelé,
01:21mais toute la partie montagne va vraiment se faire à Chamonix ou sur d'autres courses.
01:25Je suis plutôt pas mal préparé, parce que j'ai un entraînement qui tient la route,
01:35et puis j'abandonne à Arnouva au kilomètre 100 à peu près. Là une gestion sur laquelle je pense
01:41que j'ai essayé d'en faire un petit peu trop en termes d'alimentation, et du coup j'ai pris un
01:46petit peu plus de sucre que d'habitude, et en fait j'arrive un petit peu avant Courmayeur en
01:52étant écoeuré par le sucré, et du coup cet écoeurement fait que j'ai du mal à absorber
01:59de nouveaux éléments, et petit à petit, même à Courmayeur, j'arrive plus à manger. Je m'hydrate
02:04beaucoup, mais du coup je dilue encore le sel qui me permettait d'absorber les nutriments,
02:09et du coup je suis incapable de manger quoi que ce soit. Je vois les médecins, et donc on dit
02:16j'essaie de manger une soupe un peu salée qui passe moyennement, ils me donnent un médicament,
02:20et puis on se met d'accord en disant je pars avec des victuailles et être capable de traverser,
02:26et puis si j'y arrive pas au bout d'une demi-heure, et que j'arrive pas de nouveau à m'alimenter,
02:32au bout d'une demi-heure je fais marche arrière, je suis reparti, et j'ai pas réussi, l'estomac est
02:38incapable de m'alimenter, donc du coup, abandon au kilomètre 100.
02:46Une personne sur trois qui est très entraînée, qui est qualifiée à l'UTMB, n'y arrive pas. Donc en
02:51fait, l'entraînement te permet de couvrir un plus ou moins de côté aléatoire, et moi mon
02:58entraînement il est quand même léger, et donc je suis beaucoup plus soumis aux aléas que quelqu'un
03:04qui peut faire deux fois plus d'entraînements dans la semaine, et qui aura derrière la puissance
03:10physique nécessaire une endurance meilleure. Je me dis mais en fait je suis arrivé quand même pas
03:14mal au kilomètre 100, mon entraînement tient la route, mon équipement tient la route, j'ai pas de
03:19bobos, j'ai raté quelque chose, oui certes, mais c'est de ma faute, donc du coup, petit à petit je
03:26vois des clés pour justement préparer un nouveau défi et me dire, est-ce que j'y retournerai pas ?
03:34Puis on a eu la chance d'attirer au sort, et donc la même équipe repart. Alors là c'est
03:39fantastique, derrière je sens un petit truc, mais globalement j'arrive à hyper bien m'alimenter,
03:44j'arrive à courir mailleur, je mange bien, je mange pas autant que je l'aurais aimé, mais je mange
03:48quand même bien, je suis vraiment en forme, je suis très très loin derrière des difficultés
03:56d'alimentation, j'arrive au refuge où je m'étais posé la question de savoir quoi faire, c'est à cet
04:00endroit où je rattrape mon frère, du coup c'est bon, on repart ensemble, et puis on va traverser le
04:08Grand Col Ferret aussi, là on arrive avant la nuit, 18 heures tout là-haut, je commence à sentir que
04:15les autres montées vont être très très lentes, et puis voilà, on passe de l'autre côté, on passe
04:21en Suisse, la deuxième nuit va arriver, donc là un vrai beau challenge pour la deuxième nuit, ce
04:27qu'on attend en fait quand on est un coureur entre guillemets lente du TMB, c'est cette deuxième nuit.
04:32Petit à petit on a gagné du temps sur la barrière horaire, et à Trier on a 4h30 d'avance, sans
04:38forcer, et donc là on décide de faire un petit dodo d'une demi-heure avant d'attaquer les dernières
04:46montées, tout va bien mais malheureusement, l'euphorie, la fatigue, là je fais un peu l'inverse
04:54de ce que j'avais fait l'année d'avant, c'est que pris dans la deuxième nuit, j'oublie de m'alimenter
05:00toutes les demi-heures, de boire un petit peu tous les quarts d'heure, etc, et je me retrouve dans
05:04une situation sur laquelle tout d'un coup je regarde ma montre et il y a une heure qui est passée en
05:08plein milieu de la nuit, j'ai ni bu ni mangé, grosse erreur, et petit à petit voilà, donc c'est cette
05:13dérive qui tombe, et qui fait que je commence à souffrir à partir de 5h du matin et dans
05:23l'ascension avant d'aller, de redescendre sur Valencine, là je commence à être dans le brouillard et j'ai
05:30des moments sur lesquels je sais plus si je suis dans un rêve ou si jamais c'est ma vraie vie. Dans
05:37la nuit tout d'un coup je suis sur un chemin à peu près seul avec ma frontale, effectivement les
05:41cailloux je vois une pièce de 5 euros par terre à quelques mètres, je sais que c'est pas ça mais je
05:46m'en rapproche et je vois vraiment une pièce de 5 euros, ça n'existe pas une pièce de 5 euros mais elle
05:49était grosse, elle faisait cette taille là, et je m'en marquais 5 euros dessus, et mon cerveau savait que
05:54c'était, donc j'avais la lucidité de savoir que c'était pas ça, mais il m'a fallu d'arriver à
05:57quelques dizaines de centimètres pour voir que c'était une pierre un peu arrondie avec un vague
06:02signe de 5, il n'y avait pas du tout de signe de 5 ou quoi que ce soit, voilà, une autre hallucination avec
06:08un chevalier, alors c'était une souche sur le côté, et j'ai effectivement vu le chevalier qui me
06:14regardait avec son bouclier et son épée, je voyais ça jusqu'à toucher, et puis tout d'un coup ça
06:21disparaissait, puis c'était une souche. Je commence vraiment à être dans un état second, voilà je
06:27pense manque d'alimentation, je commence à tirer un petit peu, et puis c'est là où David nous rattrape
06:34et on est à trois, et puis mon frère et David décident de m'accompagner jusqu'à l'arrivée,
06:42parce que les 4h30 d'avance que j'avais fondent comme neige au soleil, et on arrive à chaque fois,
06:49moi je suis fatigué, je fais 50 mètres et puis j'ai envie de m'arrêter, et puis ils me disent non non,
06:54c'est pas l'arrivée, tu continues quoi, et donc derrière se refocusser à chaque fois, ça m'a bien
06:58aidé pour monter, puis même dans la dernière pente sur la Flégère, ils m'ont donné un petit coup de main
07:02en me poussant un petit peu, et à la Flégère on arrive avec un quart d'heure d'avance, et donc la
07:07Flégère c'est le vrai dernier arrêt, donc on a 15 minutes d'avance sur la barrière horaire à la
07:13Flégère, et derrière ils te laissent descendre, enfin ils te laissent descendre, t'as quand même les
07:18fermeurs qui sont là, et qui te poussent, parce que là j'étais encore assez fatigué, je me posais
07:23sur le côté, puis le fermeur me dit non mais là, soit vous continuez, soit c'est fini, donc derrière je
07:29fais la fin lentement, et puis petit à petit l'énergie revient, on arrive tout en bas, et là
07:35derrière les deux derniers kilomètres, l'énergie revenit, ça y est c'est reparti pour deux kilomètres
07:41de course à pied, assez lent quand même, et puis la joie d'arriver avec mon frère tout en bas,
07:48qui m'a complètement attendu, c'est une grande joie, parce qu'effectivement je ne savais pas si
07:53j'en étais capable ou pas, et donc du coup c'est bien, c'est chouette, et puis le lendemain
08:00à la maison de dire, je pense que passer sous les 40 heures c'est possible.

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