• il y a 3 mois
Sur les 4.400 parasportifs qui prendront part à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques qui descendra les Champs-Elysées depuis l'Arc de Triomphe, on comptera 240 athlètes français, emmenés par Nantenin Keïta et Alexis Hanquinquant, les deux porte-drapeaux tricolores.

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00:00Et avec Léa Salamé, nous vous proposons ce matin un grand entretien sur les Jeux Paralympiques, la cérémonie d'ouverture, c'est demain soir.
00:09Dialoguez avec nos invités au 01.45.24.7000 et sur l'application mobile France Inter.
00:17Et ils sont trois, nos micros, ce matin, à notre micro, Toni Stanguet, président du comité d'organisation des JO de Paris 2024, bonjour !
00:24Bonjour !
00:25Merci d'être là ! En ligne avec nous, Marie Patouillet, grande championne de paracyclisme, championne du monde, double médaillée de bronze au JO de Tokyo.
00:33Les épreuves commencent pour vous ce jeudi, bonjour à vous et merci d'être là !
00:38Bonjour, merci pour l'invitation !
00:39Et Mickaël Jérémias, qui est sur ce plateau, dans ce studio, ex-champion de tennis, fauteuil et chef de mission de la délégation française de ces Jeux, bonjour à vous !
00:50Et merci à tous les trois d'être avec nous ce matin, on va parler dans un instant longuement de ces Jeux paralympiques qui s'annoncent historiques, inédits,
00:58dans la mesure où ils bénéficieront notamment de la même exposition médiatique sur France Télévisions.
01:05Mais d'abord, un mot, Toni Stanguet, un mot ! Un peu plus de 15 jours après la fin des Jeux, on a tout dit sur les années, sur les mois, sur les heures, sur les minutes de bashing !
01:18Qui les ont précédés, sur l'immense succès qu'ils ont été en réalité.
01:24Mais vous, là, à froid, il vous en reste quoi ? Vous réalisez ce qui s'est passé, tout simplement ?
01:30C'était extraordinaire ! C'est vrai que c'était les Jeux de tous les records, y compris dans la préparation, où quand même on n'a pas été épargnés et ça a été très difficile.
01:38Mais ça a rendu la fête encore plus belle, cette météo capricieuse a aussi rajouté un côté un peu dramaturgique à tout ça.
01:46C'est vrai qu'on a vécu, je crois, un moment suspendu. Les Français nous ont étonnés, je dois le reconnaître.
01:53C'était fou de voir cette ambiance, cette ferveur, ça nous a tous fait du bien.
01:57Et les athlètes, les athlètes nous ont régalés et c'est vrai que c'est aussi beaucoup pour ça qu'on a voulu faire ces Jeux.
02:03C'est montrer à quel point le sport dans ce pays peut apporter des émotions inoubliables.
02:08Les Français nous ont étonnés, pourquoi vous dites ça ?
02:12Franchement, c'est eux qui ont porté cette organisation à ce niveau d'excellence finalement.
02:17Nous, on avait beaucoup travaillé ces dernières années pour réussir les transports, la sécurité, l'organisation.
02:23Mais la vraie magie de ces Jeux, c'est de voir les sourires dans les gradins, de voir que tout le monde était complètement devenu géomaniac
02:31à ne vouloir rien rater et à ne parler que de ça pendant la quinzaine. C'est ça qui nous a vraiment surpris.
02:37Michael Gérémias, vous avez suivi plein d'épreuves, vous étiez aussi « Géo-addict » comme dit Tony Estanguet.
02:44S'il y a une image qui reste de ces quinze jours ?
02:47Le marathon pour tous.
02:49Moi j'ai eu la chance, je ne sais pas si c'est une chance parce qu'il était vraiment dur Tony ton marathon,
02:53mais c'était magique de voir quand même à la fin des Jeux, après quinze jours de folie et de ferveur,
02:58de voir en pleine nuit, parce que c'était un marathon nocturne entre le marathon masculin et féminin,
03:03de voir autant de gens, et je te rejoins Tony là-dessus sur cette surprise-là, en tout cas cette mobilisation,
03:08parce qu'on s'est pris quand même neuf à dix ans de bashing, notamment par des Français,
03:12et effectivement de voir tous ces gens-là au bord de la route jusqu'à quatre heures du matin,
03:16parce que oui, Tony, on est fini à quatre heures du matin pour boucler ce marathon.
03:19Ça a été quelque chose de magique.
03:21Ça a été pour moi un moment extraordinaire et bravo à toutes les équipes, c'était assez magnifique.
03:26Et vous Marie Patouillet, vous avez pu les suivre ces Jeux ? Vous étiez déjà à fond dans l'entraînement ?
03:32Un peu des deux. J'ai essayé de suivre ce que je pouvais, tout en gardant le sérieux et la rigueur pour être prête pour après-demain.
03:40Et vous êtes prête pour après-demain ?
03:43Je suis prête. Dans l'équipe, on est tous prêts. Maintenant, il n'y a plus qu'à, on a juste envie d'y être et d'en découdre.
03:51On va y venir, parce que vous êtes un des visages de ces Jeux paralympiques.
03:55On va y venir. Encore juste une question sur les retombées économiques.
03:58Il y avait hier le patron du MEDEF qui disait qu'à long terme, ça serait bénéfique, les retombées économiques des JO, pour la France,
04:03mais que certains secteurs n'ont pas profité autant qu'ils l'espéraient de ces Jeux olympiques, notamment l'hôtellerie, la restauration.
04:09Est-ce que vous avez des regrets de ce point de vue-là, sur les retombées économiques ? On en est où des bilans ?
04:15Les bilans, c'est encore trop tôt. Je pense qu'on aura vraiment des bilans consolidés quelques semaines après la fin des Jeux paralympiques.
04:22Forcément, il y a des côtés positifs et négatifs. Sur les côtés positifs, on a battu tous les records d'audience et de visibilité dans le monde entier.
04:28Toutes les chaînes du monde entier nous ont dit avoir battu leurs records d'audience.
04:32Et ça, je pense que c'était bien d'avoir une telle visibilité positive de la France, des gens dans le monde entier.
04:38On parle de milliards de personnes qui ont regardé ces Jeux olympiques de Paris 2024,
04:43avec, je pense, un regard plutôt très positif sur ce que la France est capable de faire et sur l'envie de ces personnes de venir visiter la France.
04:50Les retombées économiques se feront aussi sur les années qui viennent, avec des touristes qui viendront dans les années suivantes.
04:58C'est ce que nous avaient aussi appris les derniers Jeux.
05:01C'est aussi beaucoup sur les années qui suivent que la fréquentation augmente dans un pays qui a organisé les Jeux.
05:07Et là, sur les paras, est-ce qu'il y a plus d'étrangers qui viennent, de touristes qui viennent assister ?
05:11Ou c'est la même chose que les Jeux ?
05:12Non, les spectateurs sont plutôt même français, plus de français que d'internationaux.
05:17On était à peu près à 60% de spectateurs français.
05:20Là, on va être à 90% de spectateurs français.
05:23Ça aussi, c'est assez courant dans l'organisation des Jeux.
05:27Mais une fois de plus, on a déjà battu le record du nombre de télévisions qui vont retransmettre ces Jeux paralympiques.
05:32Donc, on va donner une visibilité sur ces Jeux paralympiques qu'il n'y a jamais eu.
05:36On a déjà battu le nombre de pays qui vont participer à ces Jeux paralympiques.
05:40Donc, quand même, la France, elle attire.
05:43Et je pense que tout ça, ça donne une belle image de notre pays.
05:46Game is not over.
05:48C'est le slogan des JO pour les paralympiques.
05:53Le jeu n'est pas fini, la fête reprend.
05:55C'est le message que vous voulez passer ce matin aussi, j'imagine.
05:59Vous espérez qu'après deux semaines de pause, alors que les rentrées politiques, économiques, scolaires reprennent déjà leurs droits,
06:07que l'esprit des Jeux va revenir ?
06:10Vous espérez que les Français vont se laisser à nouveau embarquer par la ferveur collective ?
06:15C'est ce qu'attendent les para-athlètes, Michael Jérémias ?
06:19Nous, on est des hommes et des femmes de challenge.
06:21On n'arrive pas au meilleur moment, c'est sûr.
06:22Il y a la crise politique qui reprend.
06:24Il y a eu un peu de retenue pendant les Jeux olympiques, bizarrement.
06:26Il n'y avait plus la guerre en Ukraine.
06:27Il n'y avait plus le conflit israélo-palestinien.
06:29Il n'y avait plus ces femmes en Iran qui se battent au quotidien juste pour être des femmes libres
06:33et qui sont torturées et tuées chaque jour.
06:34Tout ça, on n'en parlait pas.
06:36On n'avait pas la question de notre Premier ministre.
06:38On n'avait pas toutes ces compétitions internationales qu'on reprit.
06:41On a l'US Open, on a la Ligue 1 et tout.
06:43Et en même temps, j'ai jamais, en 20 ans de carrière et après 4 Jeux olympiques,
06:47j'ai jamais ressenti autant d'enthousiasme.
06:49On parlait tout à l'heure avec Tony des volontaires.
06:51Mais de messages, tous les jours.
06:53La mobilisation des médias, c'est sans précédent.
06:55On n'existait pas il y a 20 ans.
06:56On était invisible.
06:57Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas.
06:58Alors, vous étiez tous en vacances et tant mieux.
07:00Nous aussi, on a pris quelques jours entre les deux.
07:02Quelques jours, regarde.
07:03Mais depuis, tous les médias, quels qu'ils soient, presse, écrite, radio, télé, digital,
07:08tout le monde veut en être.
07:10Et moi, c'est vrai, je suis plutôt très exigeant sur cette question-là.
07:13Je n'ai jamais, jamais ressenti ça.
07:15Donc moi, je n'ai aucun doute en tout cas sur l'enthousiasme qu'il y aura.
07:18Et tant mieux qu'il y ait 90% de Français.
07:20Il y aura d'autant plus de supporters pour ces équipes de France d'ici demain.
07:23Tony, vous ne craignez pas que la crise politique, l'absence de gouvernement, ça pèse ?
07:27Qu'il n'y ait pas de trêve paralympique comme il y a eu, c'est vrai, une trêve olympique ?
07:32Moi, j'ai un peu abandonné de vouloir contrôler ce que je ne contrôle pas.
07:35Et nous, effectivement, on croit dans notre projet depuis le début.
07:39Ce n'est pas la première fois que vous me posez cette question-là.
07:42Oui, on a affronté des périodes d'instabilité politique déjà,
07:46et notamment une dissolution à quelques jours du début des Jeux.
07:50Moi, je rejoins Michael.
07:52Je pense que les Français vont vouloir regarder ces Jeux paralympiques,
07:56vont vouloir découvrir des sports qu'ils ne connaissent pas, les parasports.
07:59Ils vont vouloir découvrir ces athlètes d'exception.
08:03Et ils vont retrouver la magie qu'ils ont vécue il y a quelques semaines,
08:07avec des sites au château de Versailles, sur les Champs-Élysées, au Grand Palais, aux Invalides.
08:12Voilà, ça va être la même magie avec des stades pleins.
08:15Donc oui, il faut regarder ces Jeux paralympiques et il faut en profiter.
08:18C'est la première fois que notre pays va les organiser.
08:20Et ce qu'attendent, j'imagine, les para-athlètes, c'est du monde dans les stades,
08:24pour les applaudir, pour applaudir et les soutenir,
08:30autant qu'il y en avait il y a 15 jours.
08:31De ce point de vue, où en est la billetterie ?
08:33Est-ce qu'il y aura du monde dans les tribunes ?
08:35Oui, là aussi, ça se porte plutôt bien.
08:37On est autour de 2 millions de billets vendus, d'ores et déjà.
08:40On était à peine à 1 million au début des Jeux olympiques.
08:43Donc il y a vraiment eu un effet très fort des Jeux olympiques,
08:46où les gens se sont dit « Mais waouh, c'est magique !
08:48En fait, peut-être que je suis passé à côté de ça et j'ai envie de vivre ces Jeux paralympiques. »
08:52Donc vous avez passé la barre des 2 millions, parce que c'était très important pour vous.
08:55On est tout près.
08:56Oui, mais là, après la matinale, il faut y aller.
08:59À partir de 15 euros, vous avez la possibilité d'aller voir des finales dans des sports
09:04que vous allez découvrir avec les plus grands athlètes de la planète,
09:08qui vont battre des records, qui vont vraiment vous époustoufler.
09:11Il ne faut pas rater ça.
09:13Et il faut dire aux gens d'emmener les enfants.
09:15C'est vraiment une expérience familiale.
09:17Et les enfants, on l'a tous vu pendant les JO,
09:20ce sont des souvenirs qu'ils n'oublient jamais de leur vie.
09:23Ça marque une vie, forcément.
09:24Et c'est vrai qu'on en sort transformé.
09:26Je pense que c'est une expérience d'abord sportive.
09:28Franchement, pour tous les amateurs de sport dans ce pays,
09:30si vous ne connaissez pas les Jeux paralympiques, regardez ces Jeux paralympiques,
09:33venez dans les stades, vous ne serez pas déçus.
09:35Et c'est vrai qu'au-delà de ça, on en sort un petit peu transformé.
09:38Parce qu'on est confronté à cette question du handicap qui nous fait du bien aussi.
09:43Parce qu'on l'appréhende d'une manière très forte et très positive.
09:47Mais au-delà du handicap, c'est aussi vraiment une expérience sportive.
09:50Et même pour ceux qui ne s'intéressent pas au sport, qui ne s'intéressent pas aux compétitions,
09:54qui n'ont jamais regardé les JO, quand on s'y met, ça devient addictif.
09:58On soutient nos athlètes, il faut qu'ils gagnent, il faut que la France gagne.
10:02Il y a vraiment quelque chose.
10:04Même les plus réfractaires, ils sont pris par une espèce de magie.
10:07On l'a vécu ensemble pendant les Jeux olympiques.
10:09Il n'y avait pas que des grands fanatiques de sport.
10:11Citez-moi un événement, qu'il soit culturel, politique, artistique,
10:15qui mobilise autant et qui rend les gens aussi heureux.
10:17Ça faisait combien de temps qu'on n'avait pas été heureux comme ça ?
10:19Pour moi, ça remonte à 1998.
10:20Et encore, ce n'étaient pas exactement les mêmes populations.
10:22C'étaient surtout des fans de foot.
10:23Là, on a embarqué tout le monde.
10:25Effectivement, on consomme du sport pour les émotions que ça procure.
10:29On n'y va pas juste pour voir deux ou trois stars.
10:31C'est pour les émotions que ça procure.
10:32La dramaturgie, les victoires, les défaites, les records.
10:34Les Jeux olympiques ne font pas exception à ça.
10:36On a le droit à un deuxième...
10:37Nous, on appelait ça le match retour.
10:38On a le droit à un deuxième shoot de kiff.
10:40C'est ça, on vous offre ça.
10:41Dans une rentrée qui n'est pas la plus joyeuse.
10:43La rentrée, en général, ce n'est pas le moment où on a envie de...
10:45On ne veut pas quitter les vacances.
10:46On ne veut pas se recoucher tôt avec les enfants.
10:48Non.
10:49Là, vous avez ça.
10:50Vous avez ce petit extra.
10:52Et on va voir des putains de performances sportives.
10:55Et après, évidemment, il y a des histoires et des parcours de vie.
10:58Il n'est pas question de ne pas s'y intéresser.
11:00Mais on va d'abord aller vivre ça.
11:01Et en famille, effectivement, il y a un enjeu aussi pédagogique.
11:04La mixité à l'école, elle n'est pas suffisante.
11:06On n'a pas suffisamment d'enfants en situation de handicap
11:08qui sont scolarisés et qui vivent au quotidien avec leurs camarades.
11:11Donc, le changement de regard, il s'opère aussi à travers le sport.
11:13Le sport, c'est un outil politique et social puissant.
11:15Et donc, on vous attend, évidemment, nombreux pour partager ça.
11:18Et vous, Marie Patouillet, vous espérez, j'imagine, que les stades seront pleins,
11:23que la ferveur sera là, que la joie des Jeux va se poursuivre pendant les paralympiques ?
11:29Oui, on espère tout ça.
11:31Après, c'est vrai que ça fait un petit moment que le vélodrome est déjà complet
11:36et que les Français ont du mal à trouver leur place.
11:40Maintenant, quand j'entends que 90% du public sera français,
11:45c'est parfait pour nous, ça nous apportera…
11:47Beaucoup de soutien, il ne faudra juste pas qu'on se fasse piéger.
11:50Parce que, comme le disait Mickaël, la réalité, c'est que nos compétitions,
11:54généralement, elles sont vides de public.
11:56Il y a plus de sièges vides que de personnes qui assistent.
11:59Donc là, pour nous, ça va être un moment incroyable à vivre.
12:02Et j'espère qu'on vous fera vivre les plus belles émotions qu'on puisse vous offrir.
12:07Marie, vous visez l'or, là, j'imagine.
12:09Vous êtes double médaille de bronze à Tokyo, championne du monde cette année
12:12dans trois disciplines de paracyclisme.
12:13J'ajoute aussi que vous n'êtes pas que sportive de haut niveau,
12:16puisque vous êtes médecin généraliste.
12:18Vous participerez à cinq compétitions par or.
12:21Bon, l'objectif, c'est l'or.
12:23Ah, cette fameuse question.
12:26Moi, là, mes jeux, ça va être quand même aussi mes derniers tours de piste.
12:31Je veux vraiment qu'ils soient magiques.
12:34Et quand j'entends par magique, c'est sortir mes meilleures performances.
12:37Et si magie il y a, podium il y aura.
12:41Pour le moment, je me focus vraiment sur moi.
12:44La médaille, on verra après.
12:46Mais en tout cas, je ferai tout pour aller la chercher.
12:48Marie Patouillet, vous êtes née avec une malformation au pied, à la cheville
12:52et une différence de longueur importante entre les deux jambes.
12:56Vous dites que le sport vous a aidé à accepter votre corps.
12:59Comment cela ? Expliquez-nous.
13:01Je dirais même que le parasport m'a appris à accepter mon corps
13:07dans le sens où j'ai un handicap comme 80% de la population en situation de handicap
13:11qui est, on va dire, invisible.
13:13Et il est très facile, quand on est enfant, surtout d'être dans le déni
13:16de cette atypie, on va dire, fonctionnelle.
13:19Et c'est vrai que de découvrir le parasport sur le tard pour moi
13:24et de participer à ces compétitions internationales,
13:27ça m'a permis déjà d'être fière de mon corps, d'être fière de ma différence,
13:31de me rendre compte qu'avec un corps qui fonctionne peut-être moins bien
13:35que la « norme », on peut quand même avoir un sentiment de force,
13:39de puissance, de performance.
13:42On peut être fière de son corps.
13:44Et c'est vrai que c'est grâce au parasport et au milieu paralympique
13:48que j'ai pu enfin, vers l'âge de 30 ans, ressentir tout ça.
13:52C'est vrai que là, il va y avoir un gros enjeu de partage, d'éducation
13:56pour qu'il y ait de plus en plus d'enfants qui puissent découvrir ce sentiment-là
13:59avant 30 ans.
14:01Et vous, Mickaël Jérémias, vous dites que c'est le sport,
14:04mais aussi l'humour qui vous a sauvés.
14:06Oui, l'autodérision.
14:08Je pense qu'on n'attend pas des personnes hiccapées d'être des humoristes,
14:11certains se sont lancés dans ces carrières-là.
14:13Si vous, vous êtes bordeur.
14:15Non, mais l'autodérision, être capable de rire du pire.
14:18Moi, ce qui m'a sauvé, je trouve que c'est un peu fort,
14:21ce qui m'a sauvé, ce sont les médecins.
14:23Mais pour le coup, ce qui m'a permis de rebondir assez vite
14:25au-delà de l'amour et de l'entourage familial, c'est l'humour.
14:27C'est la capacité, avec mes frères notamment, de rigoler de l'inacceptable.
14:31De se moquer très rapidement du fait que j'étais en fauteuil roulant
14:34et qu'il y a plein de choses que je ne pouvais pas faire.
14:36Et ça m'a permis aussi de m'en construire, de m'endurcir.
14:38Mais, Jean-Jean-Marie, le sport.
14:40Le sport est un outil formidable de reconstruction, d'indépendance, d'autonomie.
14:43Quand vous êtes en fauteuil roulant comme moi,
14:45de jour au lendemain, votre corps, votre haut du corps vous permet
14:47d'être autonome, de sortir de cet environnement protégé, médicalisé
14:50et de retrouver cette forme d'autonomie qui est essentielle au bonheur
14:53et puis pour pouvoir aller justement affronter la société.
14:57Mais le sport, il est politique.
14:59On ne s'y intéresse pas suffisamment de la bonne manière.
15:01Le sport, c'est énormément d'outils.
15:03Et moi, je rêve justement, en héritage de ces Jeux Paralympiques,
15:06qu'on comprenne enfin à quoi sert le sport.
15:08Ce n'est pas uniquement de vibrer tous les 4 ans à regarder des champions des champions.
15:11Évidemment, ça, ça fait du bien.
15:12Mais ce n'est pas ça qui transforme une société.
15:14C'est ce qui se passe après.
15:15Et ça, pour moi, c'est le gros enjeu.
15:17Moi, mon vrai beau travail, il commence le 9 septembre.
15:19Vous pensez, Tony Estanguet, sur ce que dit Mickaël Jérémias
15:21et que disent beaucoup d'athlètes valides ou paras,
15:26c'est que la France n'est pas un pays de sport
15:28ou n'était pas un pays de sport.
15:29Est-ce qu'on en parlera au passé en disant que la France n'était pas un pays de sport ?
15:32Et maintenant, avec les Jeux, on va se mettre au sport tous, chacun ?
15:35C'est un effet multiplicateur, c'est sûr.
15:37Il y a un effet accélérateur énorme grâce aux Jeux.
15:39Je pense qu'il y a une prise de conscience très forte.
15:41Et on a démontré aussi ces dernières années la puissance du sport,
15:44le moteur du sport pour un outil de santé publique,
15:47pour un outil d'inclusion.
15:49Finalement, il coche beaucoup de cases, le sport,
15:51parce que c'est un outil économique.
15:53C'est vraiment investir dans le sport.
15:55C'est se soucier de la bonne santé d'un pays et de ses habitants.
16:01Nous, on a fait la démonstration ces dernières années
16:04que l'investissement autour des Jeux a beaucoup de bénéfices,
16:09et notamment pour la société.
16:11Les Jeux paralympiques, je pense qu'on va prendre une claque collectivement.
16:14Je pense que beaucoup de Français ne s'imaginent pas ce qu'ils vont vivre.
16:18Et tant mieux.
16:19C'est pour ça que nous, on a investi beaucoup depuis le début.
16:23Dès le premier jour, quand on a décidé d'avoir pour la première fois de l'histoire le même logo,
16:26et que les Jeux olympiques et paralympiques auraient la même identité,
16:29ça voulait dire déjà qu'on voulait faire bouger les lignes.
16:32Et depuis, on est dans cet état d'esprit à chaque étape du projet,
16:35même pendant les Jeux olympiques.
16:37On a voulu mettre à l'honneur les athlètes paralympiques
16:39pendant la cérémonie de clôture, pendant la cérémonie d'ouverture,
16:41sur les grands temps forts des Jeux olympiques,
16:43faire bénéficier de cette visibilité du monde paralympique.
16:46C'était important pour nous, mais ça ne s'était jamais fait.
16:48Et je crois qu'on a bien travaillé ensemble avec les athlètes
16:51pour les mettre à l'honneur.
16:52On veut mettre à l'honneur, comme jamais, ces athlètes,
16:54parce que ce sont les meilleurs ambassadeurs.
16:56Et effectivement, ce qui se joue, c'est que de millions de personnes
16:59qui sont en situation de handicap se sentent un peu moins discriminées.
17:02Aujourd'hui, on a quand même, dans notre pays, une bonne petite marge de progression.
17:05Et je crois que les Jeux paralympiques, en donnant une visibilité inédite,
17:08vont nous aider à avancer là-dessus.
17:10Sur l'idée de la France, pays ou non de sport,
17:16quelle est votre position, Marie Patouillet ?
17:19Ma position sur la France, un pays de sport,
17:22je rejoins quand même beaucoup d'athlètes qui se sont exprimés
17:25avant les Jeux sur ce sujet-là.
17:27Maintenant, j'ai beaucoup d'espoir sur l'héritage que vont laisser
17:31les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques qui arrivent.
17:34Quand on voit la ferveur qu'il y a eu autour des Jeux olympiques,
17:37j'imagine tous les rêves que ça a dû susciter
17:40chez des jeunes et des moins jeunes.
17:42Et ce que nous, on va susciter en tant qu'athlètes paras,
17:45j'ai espoir que le sport prenne encore plus de place dans notre société
17:48et surtout que les valeurs du sport et d'inclusion
17:51soient encore plus partagées.
17:53En tout cas, j'ai de l'espoir.
17:57Allez, on passe au Standard Inter, où nous attend Frédéric.
18:00Bonjour, bienvenue !
18:01Oui, bonjour, monsieur Stanguay, bonjour.
18:05Tout d'abord, je voulais vous adresser un message amical
18:09car j'habite dans un petit village proche de Pau, à Molins,
18:12je ne sais pas si vous connaissez.
18:14Très bien, très bien.
18:16Je tenais aussi à vous remercier pour ces Jeux magnifiques
18:19que vous avez offerts à notre pays et au monde entier.
18:22Merci.
18:23Maintenant, je dois vous faire part de ma surprise
18:26lorsque j'ai entendu sur les antennes de France Inter
18:29que le drapeau et l'hymne olympique étaient différents de ceux des valides.
18:34Ma première question, c'est pourquoi.
18:37J'ai été également surpris par la cérémonie de clôture des Jeux
18:42et par l'expansion de la flamme alors qu'on ouvre à Bâges depuis les Jeux
18:46qui n'étaient pas encore finies.
18:49Je voulais terminer mon intervention
18:52pour paraphraser Martin Luther King, monsieur Stanguay.
18:56J'ai eu un rêve.
18:58C'est qu'un jour, tous les athlètes, para ou non,
19:01de tous les pays puissent se croiser dans un même village olympique.
19:05Merci infiniment, Frédéric, pour cette très belle question.
19:09Tony Estanguay vous répond.
19:10Oui, merci Frédéric.
19:11Effectivement, c'est une question qui revient souvent.
19:14La nécessité ou comment rapprocher ces deux événements
19:18qui sont quand même des événements différents,
19:20qui ne sont pas nés au même moment.
19:23Les Jeux paralympiques sont apparus en 1960
19:27quand les premiers Jeux olympiques ont été créés en 1896
19:31par deux organisations différentes.
19:33Donc, chacun aussi revendique un peu son identité
19:37et la volonté d'avoir un maximum de visibilité.
19:40Vouloir quelque part regrouper les deux événements au même moment,
19:44il y a aussi un risque de faire disparaître certains des athlètes.
19:49Moi, j'ai été athlète olympique
19:51et je peux vous dire que déjà au sein de la famille olympique,
19:54il y a des sports qui, quelque part,
19:56prennent beaucoup plus de place que des sports moins médiatiques.
20:00Aujourd'hui, ces deux organisations,
20:03j'ai beaucoup échangé ces dernières années
20:05avec les responsables de ces deux organisations internationales.
20:08Ils préfèrent vraiment avoir cette distinction entre les deux moments
20:11pour donner un maximum de visibilité à ces sports,
20:15à leurs parasports, à leurs athlètes.
20:18Donc, oui, il y a des hymnes différents
20:20parce qu'il y a des organisations différentes.
20:22Il y a des flammes différentes parce que ça permet aussi à ces deux événements
20:26d'avoir leur propre cérémonie d'ouverture, de clôture
20:29et leur propre visibilité.
20:31Les cérémonies sont les moments les plus importants.
20:33On ne le sait pas forcément, mais il y a plus de spectateurs
20:35et de téléspectateurs sur une cérémonie d'ouverture
20:38que sur des compétitions sportives.
20:40Donc, c'est important aussi d'avoir ces moments-là
20:42pour donner un maximum de visibilité.
20:44Oui, la cérémonie d'ouverture, c'était 22 millions de téléspectateurs
20:47alors que le pic, je pense, d'une course de Léon Marchand,
20:49c'était 9 millions ou 10 millions.
20:51Mais t'imagines les Jeux olympiques et Paralympiques en même temps ?
20:53La consommation de préservatifs au village ?
20:55T'imagines dans quelle situation on serait, Toni ?
20:57Je vous avais prévenu qu'il était très drôle, Michael Jeremias.
20:59Il y a une chose qui vous agace un peu, Michael Jeremias.
21:01C'est le discours de l'héroïsme autour du paralympisme.
21:04C'est quelque chose qui monte beaucoup.
21:06Il y a un article très intéressant dans l'équipe ce matin.
21:08Vous dites que les para-athlètes en ont marre d'être considérés comme des super-héros.
21:11Ils veulent juste être considérés comme des champions sportifs.
21:15En fait, le problème de l'héroïsation,
21:17elle est née au Jeu de Londres en 2012.
21:19On n'était pas dans la lumière.
21:21Les Anglais, notamment Channel 4, a créé le concept de
21:23« Meet the superhumans », les super-humains, les super-héros.
21:25Et donc, on a eu besoin de ça, justement, pour nous survaloriser.
21:28Maintenant qu'on est entré dans la lumière,
21:30même si on veut y rester et l'apprendre encore plus,
21:32pas uniquement par égo, mais juste par équilibre,
21:34comme pour les athlètes olympiques,
21:36le risque, mais pas pour les champions,
21:38et pas pour vous, dits valides,
21:40qui sont très heureux de fantasmer sur nos performances
21:42et de nous imaginer comme des super-héros,
21:44ça ne nous sert pas, en fait, au quotidien.
21:46Nous, notre combat, ce n'est pas uniquement le combat des 237 athlètes
21:48que vous verrez défiler demain à Place de la Concorde.
21:51Ce sont les 12 millions de personnes handicapées en France,
21:53les 9 millions d'aidants qui les accompagnent au quotidien,
21:55et le milliard, parce que c'est de ça dont on parle,
21:57le milliard de personnes handicapées qui ne sont pas des super-héros.
21:59Moi, je ne suis pas un super-héros quand je me réveille le matin
22:01et que je dois venir ici à la matinale.
22:03Mon parcours, ce n'est pas exactement le même que le vôtre.
22:05Il est un tout petit peu plus compliqué.
22:07On est, Tony l'a dit, la minorité la plus discriminée dans notre pays
22:09depuis 4 ans, selon le rapporteur des droits.
22:11Donc, la réalité, c'est qu'on n'est pas des super-héros.
22:13Donc, on est en train de ne plus être dans le misérabilisme,
22:15ce qui est bien, et les médias commencent à le comprendre.
22:17On arrête de plus en plus d'avoir cette approche paternaliste,
22:19mais il ne faut pas que ça bascule de l'autre côté.
22:21On n'est pas des super-héros. Jamais, aucun d'entre vous n'a dit
22:23pendant les Jeux Olympiques que Teddy Reiner était un super-héros,
22:25que Lion Marchand était un super-héros.
22:27Ce ne sont pas les mêmes superlatifs.
22:29On dit que ce sont des champions hors normes, qui sont extraordinaires.
22:31Le concept de super-héros, il est spécifique aux athlètes paralympiques.
22:33Le super-héros, c'est quelqu'un qui a un peu un dark side,
22:35c'est quelqu'un qui a quelques petits problèmes à régler,
22:37qui n'est pas toujours humain, d'ailleurs.
22:39Donc, il n'y a pas de mauvaise intention.
22:41On ne reproche rien à personne.
22:43Ce n'est pas le sujet.
22:45C'est juste que ce travail-là, il faut nous faire confiance.
22:47Il faut aujourd'hui banaliser la différence.
22:49Et pour la banaliser, il faut avoir et employer les bons mots.
22:51Teddy Reiner s'est fait reprendre par un basketteur-fauteuil,
22:53Sofiane Meyaoui,
22:55parce qu'il avait justement dit
22:57que les para-athlètes étaient des super-héros,
22:59des Avengers.
23:03Comment vous l'avez pris,
23:05ça, Marie,
23:07ces mots, Marie Patouillet ?
23:09Je ne vous cache pas qu'au moment
23:11où ces mots sont sortis,
23:13j'étais déjà bien dans ma bulle d'entraînement.
23:15Après, j'ai d'abord vu
23:17la réaction de Sofiane
23:19sur les réseaux,
23:21avant d'entendre les mots
23:23de Teddy.
23:25Mais c'est vrai que moi, je rejoins
23:27Mickaël et Sofiane,
23:29c'est-à-dire qu'on n'a pas de super-pouvoir,
23:31on n'a pas d'armure,
23:33on est juste des êtres humains,
23:35comme les athlètes olympiques,
23:37et qu'on cherche à faire des performances,
23:39mais en tant qu'être humain,
23:41pas avec de super-pouvoir, il n'y a pas de magie,
23:43il n'y a pas tout ça derrière,
23:45et juste considérer nos performances pour ce qu'elles sont,
23:47et il me semble que Mickaël l'avait dit aussi,
23:49c'est-à-dire que quand on se plante à une compétition,
23:51on a le droit aussi
23:53d'avoir le regard critique,
23:55donc nous valoriser
23:57par nos performances, mais aussi
23:59ne pas se cacher derrière ce côté
24:01super-héros et super-pouvoir,
24:03juste parce qu'on est en situation de handicap.
24:05Ça, Mickaël, vous l'avez très bien dit,
24:07je n'ai jamais vu en France quelqu'un critiquer
24:09les contre-performances d'un athlète para.
24:11Moi, quand je me plante, je veux qu'on le dise.
24:13Allez-y, s'il vous plaît,
24:15défoncez un athlète ou une équipe paralympique
24:17qu'ils passent à côté de leur jeu.
24:19J'ai dit ça parce que je suis à la retraite.
24:21Défoncez !
24:23Non, mais c'est important,
24:25juste le traitement.
24:27On a compris, et le message est très bien passé.
24:29Tony Estanguet, pour terminer,
24:31parce qu'il en reste 10 secondes, même pas.
24:33La cérémonie d'ouverture,
24:35vous dites que ça va être une claque,
24:37qu'elle va faire bouger les préjugés,
24:39qu'elle va
24:41remuer les gens.
24:43Qui seront les porteurs de flammes ?
24:45C'est bien tenté, Léa,
24:47dans les trois dernières secondes.
24:49Un coup de fatigue.
24:51Ça peut, éventuellement.
24:53Ça va être magique, Léa, mais il va falloir regarder.
24:55Est-ce qu'ils sont prévenus ou pas,
24:57les porteurs de flammes,
24:59ceux qui sont Teddy Riner et Marie-Jo Pérex ?
25:01Réponse demain soir.
25:03Est-ce que Mickaël Jérémias est prévenu, par exemple ?
25:05Parce que lui, il fait campagne.
25:07Il paraît qu'il y a des coups de téléphone, le jour même.
25:09Teddy, Marie-Jo m'ont dit.
25:11Je laisserai mon téléphone à lui, au cas où.
25:13Merci à tous les trois, en tout cas.
25:15Tony Estanguet, Marie Patouillet,
25:17Mickaël Jérémias.
25:19Vous vouliez demander, Nicolas,
25:21si Tony Estanguet, c'était un peu
25:23François Hollande, vous vous souvenez ?
25:25Oui, c'est vrai. Il paraît qu'on vous surnomme comme ça,
25:27maintenant, à cause de la pluie.
25:29Demain, il va faire beau.
25:31Les ministres des sports,
25:33c'est juste après les paras,
25:35ou vous prenez des vacances entre les deux ?
25:37Elle n'est pas finie, cette interview ?
25:39Non, elle ne finira jamais.
25:41Merci à tous les trois.

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