PONCTUATION ANICET BILE DU 07 Août 2024

  • il y a 2 semaines
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00:00Salut à tous et merci de nous retrouver sur CRTV dans le cadre de PONTUATION.
00:09La pontuation on va s'intéresser aujourd'hui à un roman. Alors c'est un peu l'histoire d'un
00:16personnage qui nous aide à observer la ville dans son côté court et son côté jardin,
00:25dans ses travers, ses revers, parti à la recherche d'un boulot. Et bien Joël va sortir de là,
00:35alors qu'il était en quête de travail, avec une enquête bien palpitante des histoires de la ville,
00:40dans un roman baptisé du titre Al Moyan, un roman qui est signé Anicette Bilet Sembo.
00:47Bienvenue madame. Merci, bonjour. Alors vous nous sortez cet ouvrage, dans le dos de l'ouvrage on
00:57lit quelques éléments sur votre biographie. Vous êtes diplômé de l'école Norma Supérieure de
01:04Yaoundé, professeur des lycées d'enseignement général. Vous avez été au rétituaire d'un
01:09doctorat en lettres, littérature et civilisation française à la Sorbonne et vous enseignez à
01:16Fussef Koulange à Yaoundé. Exactement. C'est tout ce qu'on peut dire ? C'est tout, j'ai également
01:22découvert qu'il était très difficile de parler de soi-même, donc pour le moment oui je trouve que
01:27non c'est tout, les autres choses arriveront. Qu'est-ce qui vous amène au roman ? Les choses
01:36que j'observe, qu'on peut tous observer, c'est tellement intéressant d'observer la rue,
01:42les mouvements des enfants qui reviennent de l'école, voilà tout, je sais pas, la vie quotidienne,
01:49la société. Est-ce qu'il y a une différence entre, côté observation, entre l'enseignant,
01:59un enseignant, quelqu'un qui a la compétence et un artiste qui a juste l'inspiration ? Est-ce que
02:06le regard est encore plus, on va dire quoi, plus expérimenté, plus aguerri quand on est
02:12enseignant et auteur et artiste ? Probablement, ce qui est sûr c'est qu'on observe pas, on peut
02:20observer les mêmes choses mais pas les voir de la même façon. Quand moi je lis derrière un taxi,
02:30les jaloux vont sauf que mourir, c'est une formule qui, moi ça m'éblouit et je me dis ça c'est de
02:40la recherche. Je croyais que ça vous insupportait. Non ça m'insupporte quand je suis dans le cadre
02:47de la correction mais là quand on est dans la rue, je suis en train d'aller au marché, je vais au
02:52travail, je ne suis pas dans le cadre de la correction, je suis dans le cadre d'une citoyenne
02:58qui vit dans sa société, qui vit sa société. En parcourant ce livre de 135 pages, je constate
03:05qu'en dehors de l'intrigue, il y a beaucoup d'humour. Alors c'est quand vous puisez ça dans
03:10votre éducation ? Je pense que c'est ça et je dis merci à ma famille parce qu'on part toujours sur
03:17des fous rire, on se salue par des fous rire, on se réveille avec des fous, on fait la prière,
03:22ça au moins il ne faut pas déroger. Vous priez avant de rire ? On ne prie à rien et souvent mes
03:28neveux ou petits-fils nous font rire pendant la prière ou lorsque eux ils prient. Le rire chez
03:34nous c'est quelque chose. Quel a été le livre qui vous a le plus donné envie d'écrire ? Le livre,
03:43il y en a beaucoup, tous les livres que j'ai lu, tous les bons livres que j'ai lu m'ont donné
03:49envie d'écrire. Quel est le livre que vous recommanderiez à un téléspectateur ? Oulah,
03:58il y en a beaucoup. Alors là c'est assez difficile, le livre que je recommanderais vu ma posture de
04:06professeur, d'enseignant de français ou le livre... Oui allez-y, on attend que vous proposiez
04:12quelque chose. L'aventure ambiguë, c'est Kamidou Kane. Oui bien sûr, on ne les cite plus, ça fait
04:20partie des classiques. Le monde s'effondre, Chinois et Chébé. Oui bien sûr, c'est des livres qu'on
04:28devrait tous avoir dans nos bibliothèques, surtout pour la jeunesse d'aujourd'hui qui ne lit plus,
04:32ou alors qui ne sait plus lire. Voilà et même le livre devient rare. Moi je pense que tous ces
04:40classiques qui font partie de notre patrimoine, non seulement littéraire mais le patrimoine
04:45africain mondial, puisque avec l'Afrique de l'Ouest qui a beaucoup inondé notre littérature et notre
04:53savoir d'une certaine époque, moi je pense qu'on devrait avoir tous ces livres-là dans nos
04:58bibliothèques. Almoyan, le titre de votre roman, pourquoi Almoyan ? Tout bêtement parce que je me
05:08suis rendu compte qu'il était très difficile de donner un titre à une oeuvre. Vous savez quand
05:13on écrit, on se dit on va trouver le titre après. Parfois on croit avoir trouvé le titre puis après
05:18on dit non. Puis à la fin on se retrouve sans titre. C'est aussi d'être original ? Oui, mais
05:27en même temps je pense que ça fait aussi partie d'une hésitation qui habite tout écrivain. Je
05:35ne sais pas, je suis comme un premier roman qui est lu par le grand public, mais je pense que les
05:40grands écrivains diraient la même chose. Je ne sais pas, je ne veux pas trop m'avancer. Il y a
05:44toujours un peu de vertige c'est ça ? Oui tout à fait et après il faut pouvoir retomber sur ses
05:50pieds et se dire non, je pense que celui-là aurait plus de sens. Est-ce qu'il y a la même hésitation
05:55pour la première de couverture ? Là on voit pratiquement un immeuble qui est dressé de tout
06:03son long là et les enfants qui le regardent, c'était un peu le tableau de nos vies là. Exactement
06:11il y a eu l'hésitation tout le temps et puis je me suis dit ça ressemble à peu près à... parce que
06:19là ce n'est qu'une image. Oui. Je me suis dit ça représente bien oui. Moi j'aime bien le petit
06:26garçon avec Fabregas vous voyez. Nous sommes on doit le dire ici dans la médiathèque de l'institut
06:39français de Yaouné et juste derrière vous c'est donc l'avenue Kennedy où il y a beaucoup d'enfants
06:47de la rue et on va dire que vous avez pris cette photo là c'est ça ? Ça y ressemble. Ça y ressemble
06:53et moi j'aime bien le fait que ça ressemble et il faut que ça ressemble à beaucoup de nos
06:59capitales, il faut que ça ressemble à beaucoup de nos villes que nous connaissons parce que
07:02finalement là c'est une ville impersonnelle. C'est un immeuble, je ne sais pas, personne ne
07:10saurait le situer puisqu'il n'existe pas tel quel en réalité. Et là je dis bravo à l'infographiste qui a su.
07:18Alors le fin mot quand même que je tire, impression de lecteur de votre ouvrage, c'est que le vice et
07:25la vertu ne sont pas toujours là où on les croit. C'est à dire qu'en fait quand on regarde, on jette
07:31un premier regard, on a l'impression que dans les belles maisons, les bons quartiers, les quartiers
07:38huppés, c'est là qu'il y a la vertu et que dans les squats, les bas fonds, c'est là-bas que se cultive
07:45le vice. Votre roman tend à nous montrer le contraire. Pourquoi ce choix ? Parce que la vie, pour le peu de
07:55temps que j'ai vécu, je pense qu'on a tous pu voir des situations dans lesquelles on trouve plutôt la
08:00solution du côté où on ne l'attendait pas du tout, où quelqu'un va nous surprendre, je dis maintenant je n'aurais
08:05jamais pensé que lui pouvait m'aider, tel voisin, mais pour aller chez lui c'est tellement compliqué
08:11d'entrer, puis on se rend compte que c'est le voisin le plus gentil. Le roman s'amorce par notre
08:17Joël Nima, c'est ça ? Oui, Joël Nima. Qui va à la recherche du travail, il va croiser une dame qui est
08:25dégé et lui dit qu'il est lauréat, journaliste et tout ça et il veut le boulot et vous vous amorcez ça
08:36pourquoi ? On a l'impression que le raconteur, le narrateur est figuré en journaliste. Non, je pense
08:45que c'est juste pure pure coïncidence et si vous vous y êtes reconnus un tout petit peu, moi ça
08:51me donne déjà des bons points parce qu'il faudrait que tout le monde puisse se reconnaître. Oui mais le kit
08:55qu'il a, il a quand même une caisse là où il y a du matériel de tournage. Oui mais il a gagné à son
09:03concours international. Le concours ça donne encore plus d'envergure à notre personnage. Donc lorsqu'il
09:11va à la recherche de ce travail, il va avec tout ce qu'il a, avec tous ses diplômes, tout ce qu'il
09:17a pu déjà gagner par son génie et surtout c'est sur ce matériel là qu'il compte. Sauf qu'il va
09:25avoir un renversement. En fait lui il vient chercher le boulot et vous l'amenez à découvrir, à l'épreuve
09:33son travail, il sortira de ce bureau et fera des rencontres. Une rencontre importante de trois
09:40personnages qui lui donnent l'impression d'être des gens dangereux mais c'est autour de ça qu'on
09:48va se tourner, va se nouer l'histoire, l'intrigue. Exactement et parmi ces trois personnages il y a
09:56donc Al Moyan, le chef de gang, voilà le chef de gang dans l'esprit de notre lauréat. Al Moyan qu'on
10:05découvre au troisième chapitre c'est ça et vous avez une particularité dans le style, c'est ce
10:15que Hemel et Boum appellent l'écriture chorale. On découvre chaque personnage avec une immense
10:23densité d'informations. Il y a Al Moyan qui apparaît, qui est-il et on découvre qu'il était un étudiant
10:33en anthropologie. La suite c'est quoi ? Mais la suite c'est qu'il n'a pas pu arriver au bout de ses
10:39études parce qu'il y a eu des remous dans son université et je pense que ça aussi ça parle
10:46à tous les étudiants d'une certaine époque, quels que soient les pays, voilà et c'est ce côté
10:54dense là des aventures qui arrive à chacun de ces personnages là qu'on ne peut pas limiter à un
11:02lieu précis. Mais il y a quand même un prétexte parce que moi je me retrouve, j'étais étudiant
11:07à Goycelles à ce moment et quand on parle d'Abraham... Oui après il faut des ingrédients
11:14pressés pour se poudrer vous savez. Vous assistez sur ces moments assez, ces moments conflictuels
11:23entre étudiants et puis le gros camion de la police qui vient d'inverser ses eaux. Tout à
11:29fait et je pense que tous les étudiants au Cameroun des années 90, 91, 92 pourraient, enfin
11:41devraient se reconnaître s'ils ont vraiment été à l'université. Donc Agboian est là, il est parti
11:48de là et vous nous montrez pourquoi il se retrouve, enfin le raconteur nous montre comment il se
11:55retrouve dans la rue là en situation. Il y a une peur bleue quand même chez Joël Lima, c'est qu'il a
12:03peur d'être embarqué par les enfants sans foi ni loi. Tout à fait. Il y a un monsieur de 20 annes
12:11qui entraîne des tout petits et il a l'impression d'être embarqué dans un groupe et il y a chez
12:20vous une technique qui pousse le lecteur à avoir peur à la place même. Tout à fait parce que parfois
12:29la peur est contagieuse. Je ne sais pas si vous avez vécu des situations où vous ne savez pas
12:33pourquoi vous avez peur mais vous avez peur parce que vous avez l'impression que tout le monde a
12:37peur. Parfois on se retrouve à courir sans savoir pourquoi on court, mais on court après ceux qui
12:44courent. Donc Joël Lima a devant lui Agboian et deux enfants et il a l'impression qu'ils vont
12:52l'amener vers le lac municipal, on ne s'en est pas dit le lac municipal mais c'est tout comme,
12:57pour se faire étrangler, progressivement ils se posent des questions et puis après Agboian on
13:06découvre Jeff et Clark. Alors quels sont les gens qui constituent le petit groupe d'Agboian,
13:14ces deux enfants dont on va découvrir les histoires personnelles et on comprendra à
13:23travers les récits qui sont faits à longueur de page que parfois les enfants qui font la rue,
13:30qui sont enfants de la rue ou enfants dans la rue, les spécialistes font cette différence,
13:35que l'origine c'est leur famille. Commençons par Jeff. Alors Jeff lui c'est un enfant des
13:45beaux quartiers, le genre d'enfant que les autres enfants envient, le genre d'enfant que les autres
13:52enfants admirent et ils admirent parce qu'ils ne voient que tout ce qui est extérieur. Oui le
13:59clinquant. Le clinquant, tous les, comment on va dire ça. La bonne vie évidemment. Voilà tout
14:07à fait, on voit la lutte, on voit l'opulence, on se dit lui n'a besoin de rien mais alors qu'il a
14:13besoin de l'essentiel. Il y a un mal-être chez cet enfant. Exactement parce qu'il se sent mal aimé,
14:20il déborde de trop d'attention sur des choses dont il n'a pas vraiment besoin. Notamment en
14:27grand écran. Exactement tout est grand, tout est gros chez lui, tout est, à un moment même il dit
14:33que sa mère avait une grosse bague et que peut-être parce que voilà tout était gros, voilà. Donc en
14:42fait lui il est en hyper affection, hyper affectivité, il a tout mais il n'a pas l'essentiel.
14:50Il n'a pas l'essentiel, je ne sais pas. L'essentiel c'est quoi, c'est la présence des parents, la
14:54présence chaleureuse. Une présence, à mon sens, je ne suis pas là pour juger les parents ni rien,
15:01vous avez parlé de l'hyper affectivité, il n'y a pas, moi je dirais de l'hyper, je ne sais pas,
15:07de l'hyper protection, de l'hyper. Ou alors il y a trop de choses, il n'y a pas l'amour. Il y a trop
15:12de choses autour de lui que les autres, notamment les parents et voilà les parents jugent utile,
15:19nécessaire mais dont lui n'a pas vraiment besoin. Après les parents transfèrent sur lui leur goût,
15:27ce qui ne sont pas les goûts de l'enfant. Non seulement ne sont pas les goûts de l'enfant,
15:32mais là je vais vous parler comme un professeur de lettres, ce ne sont pas des goûts de l'enfant,
15:37ce ne sont pas non plus des goûts d'enfant. Ok, c'est bien, mais je vais vous suivre aussi. Ce
15:45qui est pris pour les parents pour le bonheur de l'enfant, va le conduire plutôt dans les égouts.
15:53Alors lui, il va préférer les égouts, le goût des égouts, parce que du coup le tout à l'égout a du
15:59goût puisqu'il va partir de la maison. Voilà et il part, il dit qu'il en avait, que c'était trop.
16:08Il en avait marre. Voilà, je ne voulais pas lui dire le mot. Donc il part pour la rue. Voilà,
16:15là c'est Jeff et ensuite il y a Clark tout à l'opposé. Il y a Clark qui est né d'un amour
16:22passager, grossesse non désirée, enfant non désiré et puis quand lui l'a reçu, beaucoup d'amour. Sa
16:34mère, fille seule, a assumé et elle a pu trouver un mari. Alors lui, il sort plutôt d'une famille
16:44très aimante, une famille normale comme on peut en trouver et lui, il a plutôt peur de faire souffrir
16:54ses parents. Donc lui, il part, on va dire par amour pour protéger ses parents. Voilà, parce
17:02qu'il serait né, il serait un peu un problème pour d'autres. Alors il vaut mieux que je parte pour
17:07ne pas gêner ses parents qui me donnent tant d'amour. Ils ne méritent pas et surtout là apparaît
17:14encore l'image de la belle famille qui peut s'introduire dans des foyers et chercher à
17:23résoudre des problèmes. Une introduction pernicieuse. Exactement, tout à fait. Alors,
17:29donc on a ici brossé le portrait des trois. Il se trouve que Joël Nima, qui a son trousseau de
17:37journaliste et qui est appâté par eux, craint d'être en présence des gens d'un gang, de vrais
17:46bandits. Alors il va découvrir que le vice est plutôt en ville, dans le clin-clin, mais là où les
17:57enfants s'en vont, dans le squat là, il y a la vie. Alors comment est-ce que vous construisez ça?
18:03Décrivez-nous d'ailleurs ce qu'il y a derrière les immeubles, là où il va être amené. Alors là où il
18:12va être amené, ça va d'abord lui paraître tout drôle parce qu'il connaît la ville. On lui parle
18:20d'un quartier dont il n'a jamais entendu parler, derrière les collines. Mais c'est le nom du
18:25quartier et ça montre aussi qu'il n'a pas eu un effort de recherche derrière les collines. Oui,
18:33mais aucun lieu ne s'appelle derrière les collines. Voilà, donc on comprend que ça s'est construit tout
18:38seul et que, pour le fait, lui justement n'avait jamais entendu parler de ça. Donc il y va avec
18:47la même peur, la même hésitation, mais en même temps ce trio cornu a quelque chose de charmant
18:54qui l'attire et il se dit bon, je vais aller voir. Et ce qui est très surprenant et qui surprend
19:04même le narrateur, tout le monde, c'est qu'à un moment il dit je viens avec vous, vous êtes de
19:10ma famille, vous êtes mes frères. Donc il est rassuré. Alors qu'est-ce qu'il trouve? Il va trouver un
19:17endroit propre. Il va trouver un endroit organisé. Il va trouver un monsieur d'un certain âge. Le
19:27vieux. Le vieux qui joue son rôle de guide sans chercher à savoir qui est qui, qui vient d'où,
19:38qui... Et pourquoi il vient. Et pourquoi il vient, voilà. Dispensateur de valeurs, sacro-sainte,
19:44on peut le dire comme ça? Oui, oui, oui. C'est derrière, dans l'arrière-cuisine, dans le squat,
19:52dans ces milieux abandonnés. D'ailleurs c'est un lieu qui était abandonné, non? C'est un lieu qui
19:56était abandonné, un ancien marché où la municipalité a décidé de raser le marché pour
20:06aller construire un nouveau marché. Et il y a eu toute une histoire parce que le vieux avait payé
20:12pour avoir un magasin dans le nouveau marché, mais le magasin ne lui a pas été restitué selon les
20:19termes qui avaient été conclus. Et puis il y a eu une embrouille et le vieux n'a jamais déménagé pour
20:27aller s'installer dans le nouveau marché. Et du coup il a réaménagé l'espace, voilà. Du coup c'est
20:35un squat. C'est un squat, sauf que ça abonde de vie. Il y a les valeurs qu'il n'y a pas en ville. Dans
20:45les endroits qui sont des endroits recommandés, le contraire de ces valeurs, ou alors les vraies
20:54valeurs, c'est à l'endroit qui est redouté. Tout à fait, et ces valeurs sont gardées par le vieux.
21:02C'est un coup de fouet que vous prenez pour dire aux gens, mais écoutez, le monde a inversé les
21:10choses. C'est beaucoup plus l'avoir que l'être. C'est surtout une sonnette d'alarme, oui, parce qu'on
21:20en arrive à des situations aberrantes où on se rend compte que c'est plus ce que l'on a ou ce que
21:32les gens croient avoir qui va permettre qu'on s'approche de tel ou de tel autre, qu'on exclue tel
21:39ou tel autre parce que lui n'a pas. Donc l'avoir est en train de nous étouffer, alors que nous sommes
21:47des personnes bien fréquentables. Alors que le bonheur peut se trouver, là on ne le croit pas, c'est à dire qu'il y a des
21:52endroits qui ne sont peut-être pas fameux, mais il fait bon vivre là-bas. Exactement, et c'est cette
21:59fraîcheur-là que Joël Nima va trouver derrière les collines. Et pendant qu'ils font le tour des
22:06entrepôts, parce que le vieux il est fier de montrer son territoire, les petits enfants, Jeff et
22:15Clark justement, vont apprêter des chaises, ils vont improviser quelque chose qui va permettre de
22:22s'asseoir et de mener la causerie. Alors que quand ils étaient dans la grande ville, ils marchaient,
22:28ils étaient debout, ils étaient plutôt menacés par la grande foule et puis par le mouvement même de
22:34leurs aventures. Comment construire un tel roman ? Alors j'ai l'impression, d'ailleurs j'ai souligné, je ne sais
22:42plus à quelle page là, au niveau de l'écriture, vous avez une manière propre à vous de mélanger, de
22:51donner l'impression que c'est plusieurs histoires qu'on va construire à partir d'un
22:57fil conducteur. La télé d'écriture c'est passé comment ? Alors ça s'est passé par plusieurs
23:04étapes, plusieurs étapes, plusieurs, comment je vais dire, à plusieurs moments parce que le manuscrit
23:11fait partie de mes plus vieux manuscrits que j'ai transporté à travers des années au fur et à
23:16mesure de mes différents déplacements. Donc parfois je croyais avoir terminé une partie,
23:25je la déconstruisais totalement parce que j'avais vu autre chose ou parce que je voulais donner une
23:31autre allure au roman. Ce qui est sûr c'est que ça ne s'est pas fait d'un trait. En page 41, vous pouvez
23:38ouvrir à page 41 là, comme ça on va voir le premier paragraphe ou deux premières phrases. Vous pouvez lire ?
23:47Al Moyan a une manière particulière de raconter les choses. Il ratisse l'âge et pour le suivre il
23:56faut rester attentif pour faire tous les liens nécessaires. Ce qui peut paraître comme une
24:01digression va bientôt servir à l'unité du récit. Voilà, alors vous êtes enseignante, qu'est ce que
24:10vous êtes en train de nous enseigner ici ? Qu'on peut faire une belle histoire bien troussée de
24:19briques et de brocs, on prend des éléments, c'est un peu l'art de faire, dire des choses censées à
24:27partir d'un divers. Exactement, Buffon disait que le style c'est l'homme et ça je ne sais pas, je ne
24:36trouve pas les mots pour l'expliquer, j'ai envie de dire que ça ne s'explique pas. C'est votre style.
24:41C'est peut-être mon style. Les personnages vous sont venus comment ? Est-ce qu'on a d'abord une petite
24:49histoire ? On a un personnage clé, Al Moyan par exemple et puis au fil du temps la nécessité fait
24:56qu'on fasse advenir ou qu'on amène à l'existence Clark et Jeff. Au départ moi j'avais Al Moyan et
25:05Abraham, je me suis dit qu'est ce que je vais en faire et j'ai hésité parce qu'en même temps il faut rester
25:12dans son couloir, je me suis dit je ne vais pas écrire pour témoigner, je ne voulais pas que
25:18ce soit un témoignage, je ne voulais pas non plus marcher sur les plaques bandes d'autres
25:23spécialistes puis je me suis dit je suis professeur de lettres tant qu'à faire, allez on va faire un roman.
25:30C'est quoi votre signe de ponctuation le plus préféré ? Mon signe de ponctuation c'est le
25:37préféré, c'est le point d'exclamation. Pourquoi ? Parce qu'il permet d'exprimer tout plein d'émotions.
25:46On peut s'exclamer parce qu'on a peur, parce qu'on est content, parce que voilà le
25:53point d'exclamation moi je trouve que voilà la vie est une exclamation. Merci beaucoup d'être
26:00venue partager avec nous quelques instants de lecture parce qu'on ne déflore pas, c'est pas
26:07le but de tout dire, il faut laisser chaque téléspectateur, lecteur, auditeur à chacun le
26:13soin de s'émerveiller ou de s'inquiéter à travers la lecture. On dit souvent que l'auteur a 50% de
26:21lecteurs, 50% d'autres, merci d'être venue madame. C'est moi qui vous remercie en incitant le grand
26:29public, je pense que sans prétention aucune mais je pense que tout le monde peut se reconnaître
26:35à travers, à moyen. C'était Ponctuation sur la Sierre TV, à mardi prochain.