"Guerre des gangs" à Grenoble: "Il faut retrouver une investigation compétitive", explique Brice Gajean du syndicat SGP Police en Isère

  • il y a 2 semaines
Grenoble connaît actuellement une "guerre des gangs intense" autour du trafic de drogues, a dénoncé le procureur après une nouvelle fusillade qui a fait un blessé dans la nuit de mercredi à jeudi.
Transcript
00:00Les forces de police de Grenoble quadrillent l'ensemble de l'agglomération,
00:04entrent dans tous les quartiers.
00:06Cependant, comme vous l'avez fait remarquer,
00:08nous sommes à un peu plus d'un déficit de plus de 100 fonctionnaires sur le département.
00:14Ça devient difficile tout simplement de fonctionner.
00:17Et l'enchaînement des faits fait qu'il y a un accroissement de l'activité.
00:22On ne peut plus traiter sereinement la chose.
00:24Et si vous cherchez quelque chose de qualité,
00:27on ne peut pas se contenter de réagir par des opérations sporadiques et temporaires.
00:32Il faut retrouver une politique, des directives claires
00:37pour lutter contre un crime en pleine croissance.
00:40Mais il faut le faire constamment et sur la durée.
00:42Ça veut dire quoi ?
00:43Ça veut dire qu'il faut des unités dédiées qui seraient mobilisées à l'année
00:48dans les lieux où cela pose problème,
00:50dans les lieux qui sont particulièrement touchés par ces trafics de stupéfiants ?
00:55Nous avons déjà ce genre d'unité.
00:58Les BST chez nous sont cartographiés et agissent principalement dans les quartiers les plus difficiles.
01:05Mais par contre, une chose est sûre,
01:08je pense qu'il faut remettre les choses dans le bon sens,
01:11c'est que la police de terrain, c'est une chose,
01:13donc il nous faut des effectifs pour occuper la place.
01:16Dans la foulée, il faut traiter l'affaire.
01:18C'est-à-dire qu'il faut retrouver une investigation compétitive.
01:23Ça n'est plus le cas.
01:24La filière de l'investigation est en perdition la plus totale.
01:27Nous n'arrivons plus à recruter.
01:29Les enquêteurs sont fatigués.
01:31Et le troisième volet, c'est la justice.
01:32Le jour où vous aurez de la présence policière,
01:35comme on l'a vu sur les JO, vous pouvez le noter,
01:36tout le monde l'a noté sur Paris,
01:38avec une filière investigation compétitive du fait qu'on lui redore son blason
01:45et qu'on reconnaisse ses compétences.
01:47Et dans la foulée, une justice qui rende des décisions,
01:50on va dire, plus régulières et plus en rapport avec l'infraction commise.
01:55Et vous avez à peu près l'équation qu'il faudrait remettre en place
01:58pour retrouver une forme de quiétude sur l'agglomération grenobloise.
02:02Donc l'ampleur des dispositifs de sécurité qui ont été déployés
02:06pendant les Jeux olympiques, par exemple,
02:08c'est cette ampleur-là qu'il faudrait mettre au quotidien, en fait ?
02:11C'est ça que vous dites ?
02:14C'est ce que je pourrais dire,
02:15mais nous n'avons pas la ressource humaine pour faire ça.
02:18Nous n'avons plus la ressource humaine.
02:20Le nombre de policiers a décroît continuellement ces dix dernières années.
02:24Donc nous n'avons plus sous la main des jeunes policiers formés,
02:28notamment du fait que Paris a été surdoté en effectifs,
02:33en prévision des Jeux olympiques,
02:35que les provinces, elles, ont été un peu délaissées par rapport aux affectations.
02:41Donc Gérald Darmanin, qui est certes démissionnaire,
02:43s'est présenté devant nous il y a quelques mois.
02:45Droit dans les yeux, il nous a annoncé un apport en effectifs.
02:49Vu le contexte politique actuel,
02:51j'espère que son successeur tiendra ses engagements,
02:57car on arrive à une situation critique.

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