• il y a 4 mois
Roger Le Neurès a fêté ses 101 ans. Il est le dernier survivant de la 2ème division blindée du général Leclerc qui a participé à la libération de la France. À 20 ans, il a un objectif un tête : rejoindre le général De Gaulle et continuer le combat. « Je ne pouvais pas accepter que l'armée française venait de subir une si lourde défaite ». Il participa donc au débarquement de Normandie, à Omaha Beach, à la libération de Paris et de l'Est de la France.
#WWII #temoignage #resistance #liberation #guerre #paris #france

Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr

Category

🗞
News
Transcription
00:00On se hortait à des scènes de violence, des femmes tendues, des gens maltraités, caillassés, battus, des gens tués, des règlements de comptes.
00:19La veille de la guerre, mon père a été mobilisé. J'ai connu bien sûr la débâcle de mai et juin 1940.
00:28Je sais ce que c'est que l'exode sur les routes. Revenu à Epinal, j'étais entré comme apprenti au garage Renault.
00:37Les Allemands occupaient le garage. Dès septembre 1940, je suis entré en résistance.
00:42Je dis bien, je ne suis pas entré dans la résistance, je suis entré en résistance.
00:47En résistance contre l'occupant. Je ne pouvais pas supporter, après avoir entendu l'appel, pas l'appel du 18 juin parce que je ne l'ai pas entendu,
00:54mais le discours du maréchal Pétain qui demandait la cessation des activités, ça je ne supportais pas.
01:01Je ne pouvais pas croire que l'armée française venait de subir une défaite aussi lourde.
01:09Je ne suis pas entré tout seul en résistance. Je suis entré en résistance avec un camarade de mon âge.
01:14On avait un réflexe de combat, de non-acceptation de cette occupation étrangère.
01:21Et un vieux monsieur, un ancien de la guerre de 1914, qui travaillait également au garage Renault.
01:27Tous les trois, on parlait évidemment de l'occupation. On travaillait pour les civils, mais on travaillait aussi pour les Allemands.
01:33Et dès septembre 1940, on a dérobé des armes, des munitions, des explosifs dans un dépôt que les Allemands avaient sur Epinal.
01:43Et le lendemain matin, la police française nous cueillait sur le lieu de notre travail.
01:50On nous a emmenés à la commande en tour. On est tombés sur un colonel de l'armée allemande
01:55qui nous a fait une leçon de civisme et de collaboration avec l'Allemagne.
02:00On a eu la chance d'être sur un colonel qui respectait peut-être les lois de la guerre.
02:05On n'a pas été emmenés en prison. On a été relâchés, mais on était quand même fichés.
02:11Quand j'ai reçu ma convocation pour aller en Allemagne, j'ai pris ma décision.
02:15J'ai dit à mes parents, je n'irai pas, je veux passer dans la France, non occupée, dans la zone non occupée.
02:20C'était mon but. Rejoindre le général de Gaulle. Continuer le combat.
02:24Sur les conseils d'un médecin colonel à la délégation militaire à Epinal,
02:29il m'a dit le seul moyen pour passer en zone libre, engage-toi dans l'armée d'armistice.
02:36J'apprends qu'en Afrique du Nord, un régiment de tirailleurs tunisiens
02:40qui était rapatrié de Syrie était en formation dans la région d'Oran.
02:46Donc je demande ma mutation.
02:49Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent à Casablanca, à Oran et Alger.
02:57On n'a pas combattu les Américains. On s'est mis au service des Américains, bien sûr.
03:01C'est au Maroc qu'a été formée la 2e division blindée de Leclerc.
03:08Elle a été formée pour être intégrée dans les forces alliées.
03:12La 2e DB comprenait au départ environ 16 000 hommes.
03:17On a eu une formation de 16 000 hommes.
03:20On a eu une formation de 16 000 hommes.
03:23On a eu une formation de 16 000 hommes.
03:26On a eu une formation de 16 000 hommes.
03:29On a eu une formation, une belle formation militaire,
03:34et puis du matériel américain.
03:38On a quitté l'Afrique du Nord au mois d'avril 1944.
03:43On a débarqué à Liverpool et on est resté en Angleterre en formation,
03:49en vue du débarquement en Normandie.
03:51Le 2 août 1944, il y a 80 ans, je débarquais sur la plage,
03:57je débarquais sur la plage d'Obaha.
04:00J'étais sur une autobitrailleuse comme radio-tireur,
04:03parce que j'ai eu une formation de radio morse.
04:06Quand on était en stationnement, je faisais mon travail de radio,
04:10mais dès qu'on était en mouvement, j'étais tireur sur l'AM.
04:14On était 4 membres d'équipage.
04:17J'ai fait la libération d'Alençon.
04:21Les premiers combats où on a eu des tués, des blessés,
04:25ça a été devant Alençon.
04:27Puis après, on a participé au nettoyage de la poche de Normandie
04:31avec les Britanniques et les Américains.
04:34On faisait la chasse aux Allemands.
04:36Une pagaille indescriptible
04:38où les éléments allemands se trouvaient mélangés
04:42même avec les éléments français.
04:48On a été continuellement en opération
04:51et on a quitté Paris le 9 septembre.
04:54Évidemment, l'accueil, c'est un accueil assez délirant.
04:58Dès qu'on s'arrête, on est entouré tout de suite par la foule.
05:02On nous serre dans les bras.
05:04C'est un accueil délirant, c'est vrai.
05:06C'est assez la joie.
05:08Mais on a été très, très, très bien entraînés
05:11sur le plan psychologique aussi.
05:13Dans mon peloton, on nous a dit, vous faites la guerre.
05:16Méfiez-vous de tout le monde.
05:18Dans mon fort intérieur, je disais,
05:20aujourd'hui, on est accueillis à bras ouverts.
05:22Vive la France, la fleur au fusil.
05:24Mais 15 jours auparavant,
05:26on faisait la fête au Maréchal Pétain.
05:29On se heurtait à des barricades.
05:31On se heurtait à des résistants.
05:33On se heurtait à des scènes de violence.
05:36Des femmes tendues, des gens maltraités,
05:40caillassés, battus,
05:42des gens même tués.
05:44Des règlements de compte.
05:46Sur le plan humain,
05:48on a dû, nous,
05:50intervenir plusieurs fois
05:52pour arracher ces gens
05:55avec un brassard de résistants,
05:57ces violences qui menaient à la mort.
06:00Ca, c'est la face cachée
06:02de la libération de Paris.
06:04On n'en parle pas beaucoup, de ces violences.
06:11Quand j'ai été blessé,
06:13quand on a été évacué,
06:15avec une ambulance américaine,
06:17nos conducteurs se sont égarés
06:19dans la forêt vosgienne.
06:21En pleine nuit, on s'est trouvés
06:23devant la porte du camp de concentration,
06:25du Struuthof.
06:27Il n'y avait pas un bruit.
06:29Il n'y avait plus d'Allemands.
06:31Mais il y avait sans doute
06:33beaucoup de cadavres.
06:35Je n'ai su qu'après que c'était
06:37un camp de concentration.
06:39J'y suis retourné d'ailleurs
06:41peu de temps après la guerre.
06:43Mais un an après,
06:45comme en Normandie,
06:47au débarquement,
06:49c'est bizarre comme on est imprégné,
06:51imprégné par les odeurs.
06:53Les cadavres de vaches
06:55ou de chevaux dans les champs,
06:57ça, ça m'a marqué.
07:03J'ai donc quitté l'armée
07:05en octobre 1945.
07:07Je devais partir en Indochine
07:09avec mes camarades.
07:11Mais comme j'ai connu
07:13mon épouse au mariage
07:15d'un camarade,
07:17je n'ai pas choisi la voie,
07:19le chemin de l'Indochine.
07:21Mais j'ai choisi de me marier.
07:23Aujourd'hui,
07:25ce que je voudrais dire
07:27à la jeunesse de mon pays,
07:29c'est que lorsque deux chemins,
07:31deux voies différentes
07:33se présenteraient à eux,
07:35il faut toujours choisir
07:37le chemin de l'honneur.
07:43Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations