L'ANGLE ECO - Comment faire un festival écolo ?

  • il y a 2 semaines
La saison des festivals bat son plein, avec le coup d'envoi cette semaine de la Route du Rock ou du Festival Interceltique de Lorient notamment. Tous ces grands évènements posent la question : peut-on faire des festivals écolos ? Exemple avec We Love Green, qui a rassemblé plus de 100 000 personnes près de Paris début juin..
Regardez L'angle éco avec Nathan Bocard du 14 août 2024.
Transcript
00:00RTL Matin
00:04Langue l'écho à 7h40 sur RTL avec vous ce matin, Nathan Boccard du service Économie-Société et Transition écologique de RTL.
00:12Bonjour Nathan. Bonjour Stéphane, bonjour à tous.
00:14La saison des festivals bat son plein avec le coup d'envoi cette semaine par exemple de la route du rock ou du festival interceltique de l'Orient, on en parlait hier matin.
00:22Tous ces grands événements posent une question, peut-on faire des festivals écolo ?
00:27Attention, on ne parle pas ici des petits festivals pour qui le défi est sans doute moins important, mais bien de ces rendez-vous géants.
00:34C'est le cas de Will of Green qui a rassemblé 100 000 personnes près de Paris, c'était début juin.
00:40A cette occasion Nathan, vous allez voir comment fonctionne un festival qui se veut exemplaire sur le respect de l'environnement.
00:46Oui, la première des concessions est sur la scénographie.
00:49Ça regroupe les jeux de lumière, les effets un peu spectaculaires pendant les concerts, mais aussi les décors qu'on retrouve sur scène et un peu partout sur le site.
00:56Premier effort, utiliser au maximum le même matériel chaque année pour éviter les déchets.
01:01Marianne Ockar est responsable du développement durable de Will of Green.
01:04On récupère évidemment notre propre scénographie d'année en année, on la stocke et puis chaque année on la redesigne, on la repense, on la repeint, réassemble.
01:12L'autre carte à jouer sur la scénographie, c'est celle de l'énergie en essayant de faire des concerts qui consomment un petit peu moins.
01:18L'année dernière, on a instauré une clause dans les contrats des artistes avec des puissances maximales fournies sur les scènes.
01:23Il y a un maximum qu'ils doivent respecter en termes de vidéos, de lumière, etc.
01:28Il faut trouver un mi-chemin entre le Super Bowl et le concert à la bougie.
01:32Exactement, c'est ça. Et nous, on est tout à fait prêts à suivre et à initier cette démarche aussi avec les artistes.
01:37Alors bien sûr, un festival, ça consomme quand même énormément d'énergie là-dessus.
01:41L'effort de Will of Green, c'est déjà d'arrêter d'utiliser des générateurs diesel et de préférer des biocarburants.
01:47C'est aussi de se brancher sur les réseaux d'électricité locaux.
01:50Une des questions centrales, Nathan, c'est celle de la restauration. Quelles sont les propositions de Will of Green sur ce sujet ?
01:56D'abord, de prendre une vaisselle réutilisable avec une consigne à payer. Ça permet de limiter les déchets.
02:01On parle quand même de centaines de milliers de repas.
02:03Mais le gros effort sur le bilan carbone du festival, c'est-à-dire sur la quantité de gaz à effet de serre qu'il émet, c'est le choix de ne plus servir de viande.
02:11Ça fait depuis l'année dernière qu'on est passé à un festival 100% végétarien.
02:14On a constaté une baisse significative du bilan entre 2022 et 2023.
02:20Le passage au 100%, du coup, il a permis de réduire le bilan carbone de un tiers.
02:24Vous noterez que tout ça, ça ne veut pas dire qu'on y mange mal, puisque ces stands végétariens, ils sont sélectionnés par Alain Ducasse et Romain Méder.
02:30Avec tout cela, dans le classement de ce qui émet le plus de gaz à effet de serre, la restauration est passée de la deuxième à la cinquième place.
02:37Et justement, qu'est-ce qui est en première place ?
02:39Qu'est-ce qui pollue le plus, en fait, dans un festival comme We Love Green ?
02:42De très loin, le transport.
02:44Celui des festivaliers, principalement, il représente 55% du bilan carbone.
02:49La plus grande partie de ces émissions, elle est liée aux gens qui sont venus en voiture.
02:53Mais c'est aussi un festival qui attire beaucoup de monde à l'international.
02:56Au total, 500 000 kilomètres ont été parcourus en avion pour que des festivaliers viennent à We Love Green.
03:02Et qui dit festival, dit artiste.
03:04Leur transport, Nathan, ça pollue beaucoup ?
03:06C'est le troisième poste d'émission de CO2 après le transport de matériel et avant la boisson.
03:11Et oui, la bière, ça produit beaucoup de gaz à effet de serre.
03:13Faire venir des artistes, c'est l'un des gros enjeux des festivals qui se veulent écolos.
03:18Ce qu'on peut faire, c'est de privilégier des artistes locaux, mais ça voudrait dire qu'on n'invite plus de stars internationales.
03:24Alors, ce que font plusieurs festivals européens, dont We Love Green, c'est de s'arranger pour faire venir des artistes mondiaux à peu près au même moment,
03:32pour qu'ils ne fassent qu'un seul aller-retour en avion.
03:35Comprenez qu'on a beau faire tous les efforts du monde, un festival international de 100 000 personnes, ça va forcément avoir un impact fort.
03:42Pour trois jours de festival, We Love Green émet autant de CO2 qu'une grande ville comme Rouen en émet en une matinée.
03:48C'est beaucoup, mais c'est moins que la plupart des festivals de la même taille.
03:53Preuve qu'avec ces gestes qui ne gâchent pas pour autant la fête, on peut réduire l'empreinte de nos festivals.

Recommandée