Internet, Dans l'antre des pédocriminels (OMERTA) - 2024

  • le mois dernier
À l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, les pédocriminels ne se rendent plus devant les écoles, mais se cachent désormais derrière leur ordinateur.
Pendant plusieurs mois, notre équipe a enquêté sur ces prédateurs du net. Sur des plateformes comme « Coco.gg » ou « Rencontre ados », certains envoient messages et images sexuellement explicites à des mineures et leur demandent des images intimes en retour. D’autres en revanche sont déterminés à aller jusqu’à la rencontre.
L’une de nos journalistes s’est ainsi fait passer pour une jeune fille de moins de 18 ans et a obtenu un rendez-vous avec un individu d’une cinquantaine d’années. Au-delà de ces profils prêts à tout pour être en contact avec de jeunes mineures, certains hackers vont jusqu’à s’infiltrer dans les téléphones d’adolescentes pour voler leurs contenus. Ils revendent ensuite leurs photos et vidéos sexuellement explicites sur des canaux privés. Pire, ces cyberpédocriminels monnayent les informations personnelles de leurs victimes (adresse, numéro de téléphone, établissement scolaire, etc.).

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Transcript
00:00Je m'appelle Pinocchio.
00:01Et où te diriges-tu si gaiement, mon jeune ami?
00:06Vous avez entendu? Il a dit que j'étais son ami.
00:08Je fais route vers la ville pour aller à l'école.
00:11Nous pouvons y aller par ici.
00:13Venez. Vous allez voir.
00:15Oh!
00:16Oh!
00:17Oh!
00:18Oh!
00:19Oh!
00:20Oh!
00:21Oh!
00:22Oh!
00:23Oh!
00:24Oh!
00:25Oh!
00:26Oh!
00:27Oh!
00:28Oh!
00:30Vous n'avez qu'à nous suivre.
00:32Venez mes amis. Suivez-nous.
00:35Vous avez entendu? Ce sont de nos amis.
00:38Tout va bien se passer.
00:5110 ans…
00:5213 ans…
00:5415 ans…
00:55C'est perturbant comme âge.
00:57Tu sens que tu grandis.
00:59ta soif de liberté, plus tout à fait enfant, mais pas encore adulte.
01:07Tu veux plus d'amis, plus de prétendants,
01:10et ceux de l'école sont pas assez matures à ton goût.
01:13Et puis, les aborder, c'est risquer de se faire remballer en public.
01:18Et pourquoi ne pas faire comme les grands ?
01:21Aujourd'hui, ils sont tous sur les sites de rencontres.
01:24C'est plus simple, plus rapide, et il y a moins de risques pour ton égo.
01:30Et on peut compter sur la vénalité des adultes, censés nous protéger,
01:35pour faire de notre désert sentimental un business très lucratif.
01:41Moi aussi, j'y suis allée sur ces plateformes,
01:44et il y a l'embarras du choix pour les jeunes.
01:47Youbo, Befriend, Rencontres Ados.
01:51Rencontres Ados, c'est un peu une référence.
01:54La plateforme se vante d'être le meilleur site de rencontres pour les adolescents.
01:59En quelques secondes, ton profil est paramétré.
02:03Lina, 14 ans, collégienne.
02:08Ici, la pièce d'identité n'est pas demandée.
02:13Tu peux te rajouter 2 ou 3 années de plus,
02:17ou 30 années de moins.
02:21Dans cette fosse aux lions, les prédateurs sont humains.
02:28En quelques secondes, les premières notifications apparaissent.
02:34Une fois les banalités passées, les masques tombent.
02:39C'est intrusif, insistant, gênant.
02:51Visiblement, la norme ici est de demander des photos de nus.
03:00Des faveurs sexuelles.
03:03Même si le profil est celui d'une mineure.
03:07Ils sont même prêts à te payer pour ça.
03:10Marc, c'est le profil du garçon qui veut aller plus loin.
03:15En zoomant sur sa photo de profil, il est clair qu'il n'est pas mineur.
03:21Son profil apparaît sur le site Copains d'avant.
03:26Marc a 52 ans.
03:31Que fait un monsieur de l'âge de mon père sur un site pour ados ?
03:36A-t-il le droit de demander des nus à une mineure de 15 ans ?
03:40Le fait d'inciter le mineur à des thématiques sexuelles,
03:54c'est une infraction pénale.
03:57C'est un délit pénal.
03:59C'est très grave.
04:01Le fait de l'amener vers cette thématique,
04:09peut le faire condamner lourdement.
04:12Pourquoi il y a une peine pénale sur un mineur ?
04:18On considère que l'acte sexuel ne peut pas avoir lieu pour un mineur de 15 ans.
04:28En dessous de 15 ans, on considère que l'enfant n'a pas son mot à dire.
04:35Il ne peut pas donner son consentement.
04:38Tout acte qui l'amènerait sur cette voie serait une incitation.
04:44Au-delà des interactions en ligne, jusqu'où sont-ils prêts à aller ?
04:49Comment combler leur frénésie pédocriminelle quand les messages et les photos ne suffisent pas ?
04:56Sur la plateforme coco.gg, nous aurons la réponse.
05:01Et là encore, aucun contrôle.
05:05Les enfants arrivent à jouer parce qu'ils maîtrisent mieux internet.
05:08Ils arrivent même à trouver les codes.
05:11Ils rigolent de comment ils arrivent à déjouer les tentatives de mise en place sécuritaire des parents.
05:17En quelques clics, les sollicitations croulent.
05:21Toujours des adultes.
05:24Qu'importe nos 15 ans, c'est suffisant.
05:29Des dizaines de dick pics plus tard,
05:33cet insidieux basculement du numérique au physique.
05:41Le profil d'Emile, à Chemur78, se démarque.
05:47Il s'avère être une oreille attentive aux problèmes d'ado,
05:51allant des disputes au collège,
05:54en passant par les relations parfois conflictuelles avec les parents.
05:59Ces personnes-là qui agressent, c'est redoutable.
06:04Parce qu'ils font les gentils, ils sont aimables, ils sont agréables.
06:09Et puis après, ils agressent.
06:12Mais c'est vraiment l'intention, ils font ça avec l'intention sexuelle d'agresser.
06:18Et on n'a pas en France, dans la législation française,
06:22n'est pas suffisante.
06:24Parce que ce qui est décrit, c'est la personne qui brutalement agresse.
06:28Il y a ces formes-là.
06:30En particulier, ces formes-là sont connues.
06:35L'agresseur va immédiatement agresser une personne qu'elle a repérée.
06:42Mais le pire, c'est quand ils font les gentils,
06:45quand ils commencent à faire les amis, les amoureux.
06:49Et qu'ensuite, ils agressent parce qu'ils deviennent brutaux après.
06:53Mais la culpabilité de la personne est terrible.
06:57Déjà, quand il y a une agression brutale, l'enfant se sent tout le temps coupable.
07:02Quand je dis l'enfant, c'est l'enfant de 0 à 18 ans.
07:05Quel que soit l'âge, l'enfant se sent coupable, il se sent honteux.
07:09D'ailleurs, c'est l'agresseur qui s'arrange pour dire toujours des mots,
07:14pour culpabiliser.
07:16C'est une manière de les faire taire.
07:18L'échange passe du site Coco à Snap,
07:23puis au McDonald's de Sergi.
07:28Ça y est, le rendez-vous est fixé.
07:33Mais comment se reconnaître ?
07:35Le quinquagénaire propose un signe distinctif.
07:39Une peluche de Pinocchio.
07:44C'est donc comme ça que ça se passe.
07:46En quelques jours, votre adolescent, tranquillement posé dans l'enceinte sécurisée de sa chambre,
07:52se retrouve à partager un Big Mac avec un pédocriminel.
07:58J'aime bien, très bien.
08:00Il y a de la tarte.
08:03C'est bon si je prends ça ?
08:04Oui, c'est bon.
08:05Ok, merci.
08:06Au McDonald's, c'est à côté de mon collège.
08:09Oui, d'accord.
08:10Oui, c'est à côté.
08:12Tu es sur quel collège ?
08:13Moi, je suis à... C'est à qui tu te connais ?
08:16Pas du tout.
08:17C'est à Sergi.
08:18Ça fait que 20 ans que je suis dans le coin.
08:19Et t'es venu tout seul ?
08:20Non, je suis en famille.
08:22T'as déjà eu des enfants ?
08:24Oui, j'en ai eu un petit peu.
08:26C'est trop bien.
08:28C'est la première que je rencontre.
08:30Regarde, une chatte comme Coco ici.
08:32Ah, ok, d'accord.
08:34Tous les autres, c'était...
08:36Avant, c'était dans la vraie vie.
08:38Moi, j'avais trop envie de déménager.
08:40Tu veux déménager vers où ?
08:43Quand je serai jeune, je serai dans ma majeure.
08:45Je vais partir.
08:46Je vais partir pour aller à Dubaï.
08:48Non, mais franchement, moi...
08:50Pourquoi tu n'es pas inquiète ?
08:52Pourquoi tu veux t'entretenir avec moi ?
08:56J'avais pas pensé, j'avais jamais cru...
08:58Oui, mais à ton âge, normalement,
09:00les gens sont un peu timides,
09:02pas intéressés.
09:04Juste en vertu.
09:06Pourquoi tu veux vraiment m'intéresser à toi ?
09:09On a peut-être discuté avec toi,
09:11de la mienne.
09:13C'est vrai, j'ai tout le temps ça.
09:15On me dit que je suis gentille.
09:17Oui, c'est vrai, je confirme.
09:19Oui, c'est vrai.
09:21Moi aussi, t'es gentille.
09:23Ma mère, elle va m'appeler là,
09:25chez moi.
09:27Parce que je crois que ma mère,
09:29elle est...
09:31Je crois que c'est vrai.
09:33Je t'ai pas vu, je pourrais même te déposer là-haut.
09:35Non, en vrai, je crois que je vais y aller.
09:37Tiens, parce que sinon, ma mère,
09:39parfois, elle traîne ici.
09:41Du coup, je crois qu'elle va me tuer.
09:43Vas-y.
09:45Je te jure, ma mère, elle est trop dure.
09:47J'espère pas.
09:49Je connais ma mère.
09:51Elle traîne toujours à côté.
09:53Je crois que je l'ai vue.
09:55Je crois que j'ai vu ma mère.
09:57Elle est là-bas.
09:59Elle traîne, des fois, on voit que...
10:01Tu veux aller où, maintenant ?
10:03Je veux sortir.
10:05Je sais pas, mais...
10:07En fait, ma mère, je la connais.
10:09Elle va me tuer, parce qu'elle sait que j'ai séché.
10:11Du coup, elle va grave me tuer.
10:13Non, t'inquiète.
10:15Du coup, je vais y aller. Bye-bye.
10:17On se recontacte, ou pas ?
10:19On se recontacte.
10:21Avec plaisir.
10:23Tu veux me dire au revoir ?
10:25Oui, bien sûr.
10:27Au revoir.
10:29Vas-y, salut.
10:35Ingénieur et père de famille.
10:37Le gendre idéal en soi.
10:39Le numérique, ça n'est que la porte d'entrée.
10:41Ça n'est que le premier pas.
10:43Après, c'est bien physique.
10:45C'est pas que des...
10:47C'est pas que des photos ou des nues qui traînent
10:49sur les...
10:51Des photos ou des vidéos qui traînent sur le net, c'est pas ça.
10:53Après, on va vouloir vous voir en personne.
10:55Après, on va vous payer ceci, on va vous faire croire cela.
10:57Et puis, il suffit d'une rencontre.
10:59Et après, c'est terminé.
11:05Nous en avons la preuve.
11:07Les sites de rencontre pour ados
11:09sont des repères de pédocriminels.
11:13Ils n'attendent plus devant les écoles
11:15armés de bonbons pour alpaguer les jeunes.
11:17Ils se terrent désormais
11:19sur ces plateformes.
11:23Quand il est question de pédocriminalité,
11:25comment ne pas évoquer
11:27les réseaux sociaux type Snapchat,
11:29utilisés quotidiennement
11:31par plus de 450 personnes
11:33Les pédocriminels
11:35peuvent y faire leur marché
11:37pour trouver leur proie.
11:39En mars, un père de famille
11:41a été condamné à 17 ans de prison
11:43pour avoir incité
11:4516 adolescentes
11:47à avoir des relations sexuelles en ligne.
11:49Ce n'est pas un cas isolé.
11:51Inès l'a aussi vécu.
11:55Alors, cette histoire a commencé
11:57quand j'avais 14 ans,
11:59parce qu'il y a eu
12:01une période où j'avais 14 ans,
12:03j'ai créé un compte Snapchat
12:05où j'ajoutais des personnes.
12:07C'était une période
12:09où je me sentais très seule
12:11et sur ce compte, j'ai commencé
12:13à recevoir des photos et des vidéos.
12:15Ce n'était pas juste des discussions
12:17avec des personnes, des parties intimes.
12:19Et quand on a commencé à me le demander,
12:21je n'avais pas mesuré les risques,
12:23donc j'ai aussi envoyé des photos par la suite.
12:25C'était après les photos
12:27qu'ils m'ont demandé mon âge
12:29et je leur ai dit que ce n'était pas grave.
12:31Et ce compte-là a été piraté.
12:33Ces enfants-là qui recherchent
12:35des personnes plus âgées
12:37vont peut-être parce qu'elles ont un manque
12:39au sein de leur famille
12:41ou qu'elles se sentent en confiance
12:43parce que justement,
12:45quelqu'un va les mettre en confiance
12:47et va abuser justement de son âge
12:49en comprenant
12:51qu'ils ont besoin d'affection.
12:53Ils recherchent de l'affection.
12:55Et c'est dans leur attente d'affection
12:57qu'elles se mettent à l'aise.
12:59Elles croient que c'est simplement
13:01de l'affection, de la tendresse.
13:03Et puis progressivement,
13:05et c'est ça qui est une stratégie
13:07redoutable,
13:09il y a un passage à l'acte.
13:11Il y a un glissement
13:15qui, à partir
13:17de relations
13:19d'affection, tendresse,
13:21de pseudo-amitié
13:23chaleureuse,
13:25il y a à ce moment-là
13:27une agression sexuelle.
13:29Elle n'est pas brutale,
13:31elle est progressive.
13:56Ces contenus sont récupérés
13:58par le piratage de comptes
14:00ou à travers des captures d'écran.
14:04Les prix sont fixés
14:06et le macabre business est lancé.
14:08L'exploitation sexualisante
14:10des corps juvéniles se monétise.
14:13Sur la plateforme Telegram,
14:15où la modération est inexistante,
14:17des dizaines de groupes
14:19proposent la vente de photos,
14:21de vidéos, mais aussi l'adresse
14:23et les coordonnées personnelles
14:25de mineurs.
14:27Les membres savent
14:29qui tu es, où tu habites,
14:31de quoi te faire chanter.
14:33Soit tu en envoies
14:35plus, soit les photos
14:37sont envoyées à tes proches.
14:39Le cercle vicieux
14:41de la sextorsion est bien
14:43ficelé.
14:47Comment expliquer la présence
14:49de ces groupes ?
14:51Tapis dans l'ombre,
14:53des cyber-héros.
14:55Leur mission ?
14:57Intégrer les groupes,
14:59en dénoncer les membres
15:01et les pulvériser de l'intérieur.
15:03Coder est l'un d'entre eux.
15:05Les hackers
15:07savent qu'aujourd'hui,
15:09dans 60-70% des téléphones
15:11des gamines, il y a des photos
15:13d'elles en sous-vêtements,
15:15des photos d'elles intimes,
15:17et c'est par là qu'ils vont rentrer.
15:19Ils vont récupérer
15:21les accès sous leur compte,
15:23Snapchat, etc.
15:25par des logiciels malveillants.
15:27Et à partir de ça, ils vont accéder
15:29à tout le contenu.
15:31Et si malheureusement, il n'y a pas le contenu qu'ils veulent,
15:33ils vont utiliser des petits secrets
15:35qu'il y a dans vos téléphones pour vous faire chanter.
15:37Une fois qu'ils ont ces données,
15:39la première chose qu'ils vont faire,
15:41c'est qu'ils vont les vendre.
15:43Ils vont les vendre une partie
15:45ou plus au fond, par ce qu'on appelle
15:47du grossiste, finalement.
15:49Ce sont des hébergeurs qui créent
15:51des sortes de
15:53gros dossiers de photos
15:55qu'ils vont vendre à la chaîne.
15:57On peut acheter des vidéos,
15:59on peut acheter des identités,
16:01parce que ça, c'est le domaine de compétence
16:03par excellence des hackers.
16:05On peut acheter le numéro de téléphone,
16:07le numéro des parents, l'adresse,
16:09l'établissement. On peut même acheter
16:11les copines, parfois.
16:13Après avoir fait chanter la gamine,
16:15si tu ne nous fais pas telle photo,
16:17on va publier toutes les photos de ta copine.
16:45On a fait son combat.
16:47En soi, ce n'est pas la marche qui a été importante,
16:49c'est vraiment le côté...
16:51Moi, ce qui me tenait à cœur, c'était
16:53de pouvoir donner la parole
16:55aux victimes. Pour moi, les victimes
16:57sont les vrais héros
16:59de la grande marche contre la pédocriminalité.
17:01Donc j'avais ce côté original
17:03d'organiser
17:05dès le départ de l'étape
17:07jusqu'à l'arrivée
17:09des lives sur les réseaux sociaux.
17:11La plus jeune victime qui a parlé
17:13avait 16 ans,
17:15venait d'avoir 16 ans,
17:17et elle était avec sa maman.
17:19D'abord, c'est sa maman qui est venue à plusieurs
17:21reprises, sa maman qui s'appelle
17:23Lydia, et la petite victime
17:25qui s'est fait agresser
17:27sexuellement, violée,
17:29à 14 ans, par un adulte
17:31de 28 ans.
17:33Et donc, elle a...
17:35Pour moi, c'est vraiment une vraie
17:37combattante, cette petite, parce que
17:39elle a pris la parole,
17:41elle a décidé, sur les lives,
17:43justement, de venir,
17:45avec l'autorisation naturellement de sa mère,
17:47venir sur les lives
17:49avec la caméra, pour parler à visage découvert
17:51en disant, la honte doit changer le camp,
17:53je suis une victime, mais
17:55je préfère me présenter comme ex-victime,
17:57parce que celui qui doit avoir honte,
17:59c'est l'agresseur.
18:01Et c'était ça, moi aussi, qui m'intéressait.
18:03C'était, effectivement,
18:05que le maître mot,
18:07ce soit, la peur doit changer de camp.
18:09Comme Farid, la société
18:11civile s'organise dans des
18:13associations de lutte contre les cyber-violences,
18:15le cyber-harcèlement,
18:17ou encore les violences faites aux enfants.
18:19Leur mission se diversifie
18:21entre accompagnement de
18:23situations et prévention
18:25du grand public.
18:27Nous faisons beaucoup d'interventions, plus de 300
18:29par an, et sur l'ensemble des sujets
18:31qui brossent un petit peu les problématiques
18:33que connaissent tous les jeunes, l'impact,
18:35il est un petit peu important, parce que, comme l'indique
18:37le mot prévention, ça leur permet de les prévenir
18:39des dangers. Notamment, on a affaire
18:41à un fléau qui est leur
18:43mauvaise utilisation d'Internet, sur lequel on insiste
18:45beaucoup, et qui font qu'ils se retrouvent
18:47exposés, et très souvent sans s'en rendre
18:49compte, à des dangers qui les dépassent
18:51et à des pièges dont ils ont du mal
18:53à s'en sortir par la suite. On les met en garde
18:55contre toutes les plateformes, parce que l'on voit que
18:57dès l'âge de 8 ans, parce que je fais
18:59aussi des interventions, même des classes de
19:01CE2, où j'ai eu des témoignages qui faisaient froid
19:03dans le dos, vous avez des jeunes qui
19:05ouvrent des comptes et qui vont écrire
19:07qu'ils ont par exemple 16 ans. Voilà.
19:09Et c'est très compliqué, et
19:11qu'ils vont dire que lorsqu'ils ont la possibilité
19:13d'échanger via des messages
19:15vocaux, qu'ils ont un problème au niveau
19:17de la voix, qu'ils sont malades ou autres, et le pire
19:19c'est que ça passe. Donc, est-ce que les personnes
19:21qui écoutent font semblant, parce qu'elles savent qu'elles ont
19:23affaire à des victimes potentielles ?
19:25Donc oui, il est très important de faire de la prévention,
19:27mais j'aimerais dire un truc, si vous me le permettez,
19:29je suis effaré par le retard
19:31des pouvoirs publics. J'ai pu parler avec
19:33un certain nombre d'élus, quand on leur parle
19:35justement de la prolifération
19:37de cette pédocriminalité, de la
19:39prolifération des réseaux de prostitution des mineurs,
19:41tous les élus savent que ça existe,
19:43tous les élus ont vu un ou deux
19:45reportages, mais ça se passe jamais sur leur territoire.
19:47Des voix s'élèvent
19:49également dans la sphère médiatique.
19:51Il est adoré par les uns
19:53et détesté par les autres.
19:55Lui, c'est Carl
19:57Zerro, qui a fait de la lutte
19:59contre la pédocriminalité son
20:01principal sujet de travail.
20:03En parler, ne pas lâcher.
20:05Deux, agir auprès des pouvoirs publics.
20:07Pas facile.
20:09Certains députés sont
20:11bien, certains sénateurs sont bien,
20:13d'autres sont...
20:15Bon.
20:17Jetons le manteau de Noé.
20:19Essayez de changer
20:21les lois. Je doute
20:23qu'on y arrive avec le président actuel.
20:25Donc, réseaux sociaux,
20:27Internet, gueuler,
20:29manifester
20:31des actions précises,
20:33concrètes,
20:35et aller à la base,
20:37c'est ce que je fais au travers de l'association justice
20:39pour l'enfance, être à la base,
20:41recevoir les témoignages,
20:43et ensuite porter les plaintes jusqu'au bout.
20:45Ils savent qu'ils sont protégés d'une
20:47certaine façon. Protégés pourquoi ?
20:49Parce que bien souvent,
20:51les mecs qui font ça,
20:53alors il y a toutes les couches sociales,
20:55il y a vraiment de tout.
20:57Je parlais du cantonnier, tu vois, il a été cantonnier.
20:59Tu as des mecs de la haute aussi.
21:01Voilà. Bien souvent, ils savent des trucs,
21:03les uns sur les autres, ils se tiennent, je te tiens,
21:05tu me tiens par la barbichette.
21:07Donc, au nom de ça,
21:09se sachant protégés d'une certaine façon,
21:11il y a l'impunité.
21:13Si on fait comprendre que l'impunité, c'est fini,
21:15qu'ils vont prendre des vraies peines,
21:17et qu'ils vont avoir des vrais problèmes, ils vont peut-être se calmer
21:19un petit peu. Voilà.
21:21Mais comment en est-on
21:23arrivés là ?
21:25Les associations doivent-elles palier au manquement
21:27de l'État en matière de pédocriminalité
21:29et de cyberharcèlement ?
21:33En 2022,
21:35seuls 3% des actes
21:37de cyberviolence ont pu faire l'objet
21:39d'une plainte suivie de poursuites.
21:43De quoi dissuader les victimes
21:45de porter plainte.
21:49L'État français ne met pas assez de moyens
21:51sur ces sujets-là, parce que de manière globale,
21:53on pourrait dire que 80%
21:55des effectifs de la police
21:57sont au service de ce qu'on appelle la protection
21:59des biens. L'anti-cambriolage,
22:01les stups, les manifestations, etc.
22:03Il n'y en a que 20% en réalité
22:05qui s'occupent des violences faites aux personnes.
22:07Et ça, c'est des violences faites aux personnes
22:09dans leur ensemble.
22:11Donc ça veut dire que les mineurs là-dedans sont
22:13encore une proportion moindre que ces 20%.
22:15Et moi, je pense que
22:17si effectivement les enfants
22:19étaient vraiment une priorité de ce gouvernement,
22:21il y aurait beaucoup plus de policiers
22:23qui seraient mis
22:25dans ces services-là pour avancer
22:27sur ces sujets-là. Cet accès pour les pédophiles
22:29par les réseaux,
22:31cet accès à vos enfants,
22:33ça je l'avais moi-même
22:35étant policière
22:37et étant dans ce milieu-là,
22:39je n'en avais pas forcément conscience.
22:41Sauf que le temps
22:43faisant les applications
22:45se développent, se multiplient,
22:47se démocratisent.
22:49Forcément la jeunesse le prend
22:51parce que ça a plein d'attraits.
22:53Et puis les parents entendent
22:55vaguement parler de TikTok,
22:57de Snapchat,
22:59de ce genre de choses-là.
23:01Et ne se rendent pas forcément compte
23:03de ce qui s'y passe
23:05et de la manière dont leurs enfants peuvent être
23:07attrapés.
23:09Et ensuite se retrouver dans des situations
23:11bien évidemment extrêmement compliquées,
23:13avec des menaces,
23:15avec du chantage, avec tout un certain nombre de moyens
23:17pour pouvoir obtenir
23:19de vos enfants, soit des photos,
23:21soit des nus. On ne peut plus
23:23fermer les yeux parce qu'il y a des jeunes qui se suicident.
23:47Il y a des affaires qui tombent à l'eau parce qu'il y a la justice
23:49qui préfère aller
23:51prendre un serial killer,
23:53qui préfère prendre un trafiquant de drogue.
23:55C'est beaucoup plus intéressant d'avoir
23:57un trafiquant de drogue que d'avoir un pédophile.
23:59Donc on ne peut pas
24:01jeter la pierre à ces policiers ou à ces gens-là
24:03parce qu'ils font un boulot qui est très compliqué.
24:05Un boulot que moi-même
24:07je n'ai pas envie de faire.
24:09Ils voient des affaires,
24:11ils les démontent jusqu'au bout. Moi j'en démonte et j'en suis content
24:13parce que je sais où j'en suis arrivé.
24:15Ils vont finir probablement dans une procédure.
24:17Eux, parfois, ils vont faire toute la procédure
24:19et puis ça ne va pas sortir, ça ne va pas aller en justice.
24:21Parce que la justice,
24:23finalement, elle est à deux vitesses.
24:25Il y a vraiment un plat de fond de verre
24:27à faire péter.
24:29Et c'est un combat long et difficile.
24:31Mais en tout cas,
24:33moi je ne lâcherai pas. Et il y a plein de gens
24:35qui sont à mes côtés,
24:37qui font chacun, tous, dans leur coin.
24:39Tu vois, on n'est pas...
24:41On est une armée mais on n'est pas encore unis.
24:43Mais on est une armée.
24:45Les gens se rendent compte. Après,
24:47toujours pareil, en haut lieu et dans les médias,
24:49ils font comme si de rien n'était.
24:51Mais non, vous êtes complotistes, vous êtes fous.
24:53On n'est pas du tout complotistes. Pas du tout.
24:55Pas une seconde. On parle d'une réalité tangible.
24:57Un enfant qui se fait abuser,
24:59c'est une réalité tangible.
25:01Ce n'est pas un délire que la terre est plate.
25:03Responsabilité de l'État,
25:05c'est certain.
25:07Responsabilité des plateformes,
25:09sans aucun doute.
25:11Mais face à la recrudescence
25:13des actes de cyberpédocriminalité,
25:15une autre responsabilité
25:17est pointée du doigt.
25:21Je veux revenir sur quelque chose
25:23qui me frappe ces dernières années.
25:25C'est de penser qu'un adolescent
25:27a une vie privée.
25:29Un adolescent est un mineur.
25:31Donc les parents ont le droit
25:33de fouiller dans le téléphone,
25:35de chercher quelque chose dans la chambre
25:37si jamais il y a des stupéfiants, par exemple.
25:39Ils doivent se mêler plus
25:41de la vie de leurs enfants ?
25:43Non, mais non seulement se mêler plus,
25:45mais pour les protéger.
25:47Fouiller dans les téléphones,
25:49violer l'intimité de ses enfants,
25:51serait-ce la solution ?
25:55Il y a un atelier qu'on appelle
25:57les symptômes de la génération TikTok
25:59où on brosse un petit peu l'utilisation
26:01d'Internet des jeunes et on voit
26:03qu'effectivement, dès 10 ans,
26:05certains ont des téléphones portables
26:07avec des comptes ouverts sur Instagram,
26:09Snapchat, TikTok,
26:11de l'accès à du contenu interdit
26:13au moins de 18 ans.
26:15J'ai même eu une jeune fille qui m'a parlé
26:17carrément qu'elle avait pu voir
26:19une vidéo de viol déjà, à l'âge de 10 ans.
26:21Donc on peut se demander où sont les parents.
26:23Et aussi, il y a d'autres jeunes
26:25qui savent se jouer parce que
26:27la prolifération d'Internet a malheureusement
26:29exacerbé les fractures générationnelles.
26:31Les parents, c'est très important.
26:33Avant, j'étais la première à dire
26:35qu'il ne fallait pas remettre ça.
26:37Ce n'était pas la responsabilité des parents.
26:39J'avais beaucoup ce discours-là.
26:41Mais si on avait eu des parents
26:43qui étaient à l'écoute
26:45ou qui avaient un suivi assez renforcé,
26:47peut-être qu'ils n'en seraient pas là.
26:49Aujourd'hui, j'aimerais dire aux parents
26:51que le travail se fait en amont,
26:53c'est-à-dire quand les jeunes filles
26:55sont encore à l'école.
26:57Ça ne se fait pas quand les jeunes filles
26:59ont décroché l'école.
27:01Ce n'est pas quand l'enfant a décroché l'école.
27:03C'est quand l'enfant est encore à l'école
27:05qu'il faut vérifier,
27:07qu'il faut regarder s'il n'y a pas de manquements,
27:09si la personne ne manque de rien.
27:11Il faut tout simplement être à l'écoute.
27:13Pour les parents, je dirais qu'il y a
27:15deux choses à faire.
27:17La première chose, c'est de vous y intéresser
27:19à vos enfants.
27:21Parce qu'il y en a combien qui les délaissent.
27:23Il y en a combien qui ne savent pas
27:25ce qu'ils font sur Internet.
27:27On dit aujourd'hui que c'est super cool
27:29de laisser partir les enfants
27:31n'importe où, n'importe quand,
27:33avoir le téléphone en sixième.
27:35Mais ce n'est pas la réalité.
27:37La réalité, c'est que le téléphone,
27:39le smartphone, c'est une arme en prédilection.
27:41Vous donnez une arme qui va
27:43suicider votre gamin.
27:45Il y en a combien d'affaires aujourd'hui
27:47où les gamins se suicident à cause
27:49de choses qui se sont passées sur leur téléphone.
27:51Vous leur donnez une arme.
27:53Quand on donne une arme à un enfant,
27:55il faut savoir où est le cran de sécurité.
27:57Moi, à l'adolescence,
27:59on m'avait mis un cadre avec des règles strictes
28:01quant aux réseaux sociaux.
28:03Interdiction de Facebook,
28:05je m'en créais un en cachette.
28:07Interdiction du téléphone la nuit,
28:09j'en récupère un autre.
28:11La prévention punitive
28:13laisse plutôt cours à une volonté
28:15de transgression plus forte.
28:17Sauf qu'une fois les problèmes arrivés,
28:19je n'ai pas du tout
28:21osé en parler à mes parents.
28:23Avouer que les photos envoyées
28:25à des inconnus sur Snap avaient tourné,
28:27c'était une preuve de culpabilité.
28:29Je leur avais désobéi.
28:31Je me suis donc retrouvée
28:33esselée et humiliée.
28:35Parce que je sais que c'est difficile
28:37à imaginer ou à comprendre,
28:39mais c'est moi la victime
28:41de cyberviolence sexuelle.
28:43Moi et moi seule.
28:45Cette histoire,
28:47c'est la mienne,
28:49mais aussi celle de toutes les personnes mineures
28:51qui, hier,
28:53aujourd'hui et demain,
28:55interagissent innocemment
28:57avec des inconnus qui vont les manipuler,
28:59les violer
29:01ou même les tuer.
29:03Ne nous laissez pas en arriver là.
29:05Armez-nous, vos enfants,
29:07face aux dangers du numérique
29:09et de la vie physique.
29:11En cofondant l'association Stop Ficha,
29:13j'ai décidé que la pédocriminalité
29:15en ligne n'était pas une fatalité.
29:17En collaborant sociétalement,
29:19on peut la combattre.

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