• il y a 4 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Thomas Schnell pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:0019h32, nous sommes toujours avec Vincent Roy et Olivier d'Artigolles.
00:04Dans Europe Un Soir, nous venons de parler de la menace islamiste en Autriche.
00:09Parlons de la menace d'extrême droite qui a paru ébranler un Royaume-Uni
00:14qui n'avait pas été habitué de telles violences depuis des années dans le pays.
00:19Hier soir, on redoutait des tensions au Royaume-Uni.
00:22Finalement, on a assisté à un face-à-face des manifestations anti-immigration
00:27et des contre-manifestants anti-racistes.
00:30Obfouli, comme on dit, Olivier d'Artigolles ?
00:32Un face-à-face qui n'a pas dégénéré par une mobilisation très forte de la police.
00:38Alors, bien évidemment, ce qui s'est passé depuis ce drame absolu
00:41avec le meurtre des trois fillettes
00:44et les fake news sur les réseaux sociaux a amené deux réalités.
00:47D'abord, évidemment, des groupuscules d'extrême droite très actifs
00:53et qui ont surfé sur une émotion légitime.
00:57Et puis, un pays, un Premier ministre travailliste très ferme dans sa réponse,
01:03y compris dans la réponse judiciaire
01:05puisqu'il y a les premières arrestations, plus de 400, et les premières condamnations.
01:10Et une population qui a voulu, dans un très grand nombre de villes,
01:15se mobiliser pour dire qu'elle ne voulait pas de ça.
01:18Mais avec un sondage qui vient de sortir
01:20et qui montre que pour un citoyen sur deux,
01:26la question de l'immigration est une question lourde.
01:28Donc, il y a l'ensemble de ces éléments qui dessinent une complexité
01:33et à laquelle le Premier ministre travailliste doit répondre
01:38après 14 années où les Tories étaient au pouvoir
01:41et n'ont pas apporté une réponse forte à ces problématiques.
01:45Vincent Roy, comment on doit interpréter ce sursaut antiraciste auquel on a assisté hier ?
01:50Ça a été un soulagement pour nombre de Britanniques.
01:54Je ne sais pas comment on peut l'interpréter.
01:55En tous les cas, ce qu'Olivier d'Artigolle vous dit entre les lignes,
01:58c'est qu'il y a certes ce mouvement d'extrême droite très fort
02:04qui a instrumentalisé des bas instincts.
02:08Mais n'imaginez pas qu'il n'y aurait que des groupuscules d'extrême droite
02:14qui sont venus manifester.
02:15Vous avez une population dont la colère monte depuis des années
02:19et c'est une population la plupart du temps pauvre,
02:22effectivement blanche, mais pauvre, vivant dans des quartiers populaires, etc.
02:26Elle est, je le répète, instrumentalisée, noyautée par des mouvements d'extrême droite.
02:31Mais elle est là quand même et il faut comprendre sa colère.
02:36Est-ce que le multiculturalisme a fait donc feu ? Nous verrons.
02:40Qu'il y ait ensuite, devant elle, des mouvements antifascistes
02:44qui, pour les plus raisonnables d'entre eux, viennent dire
02:49« Vous n'allez pas vous attaquer à la population musulmane »
02:52comme si elle était responsable de ce crime en particulier.
02:55Ajoutez à cela le flou de l'exécutif au tout début de l'affaire,
02:59parce qu'il n'y a pas que les réseaux sociaux,
03:00il y a aussi le flou du gouvernement qui n'arrive pas à définir exactement ce qui s'est passé,
03:04qui ne dit pas sous prétexte que l'individu n'avait que 17 ans, pas tout à fait 18,
03:08alors on ne donne pas son identité.
03:10Tout ça a entretenu une espèce de confusion dans laquelle, précisément,
03:14l'extrême droite s'est engouffrée.
03:15C'est ça le drame.
03:16Et à partir de là, cette extrême droite a libéré ce que moi j'appelle le bas-instinct,
03:22mais qui reste quand même une colère profonde de la société anglaise,
03:27qui a un problème avec l'immigration.
03:30Quand je parle de l'immigration, je parle évidemment de l'immigration incontrôlée,
03:34d'une immigration qui déferle aussi chez eux comme on a un problème chez nous,
03:38et comme le rappelait très justement Olivier,
03:40c'est pour un anglais sur deux une question très lourde.
03:43Il est bien normal qu'en contrepartie, vous ayez évidemment des mouvements d'extra-gauche
03:48qui, eux aussi profitant de la situation,
03:50voyez comme les choses deviennent immédiatement complexes sur un terreau favorable,
03:59et quand je dis favorable, je n'utilise pas le mot avec bonheur.
04:02Donc hier soir, nous n'avons pas assisté à un tournant, Olivier Dardigolles.
04:06Non mais rien n'est réglé.
04:08La polarité et la radicalité gagnent du terrain,
04:15c'est-à-dire qu'il peut y avoir des groupes qui veulent en découdre.
04:20Encore une fois, il y a une mobilisation policière d'un niveau exceptionnel
04:24pour éviter une nuit d'émeute, pour ne pas dire de chaos.
04:31Après, il est intéressant de voir comment le nouveau Premier ministre britannique
04:37va gérer la situation avec, en effet, concernant ce drame du meurtre des fillettes,
04:42une absence de réaction, y compris presque d'empathie.
04:47Il y a des actes à produire dans ces moments-là,
04:50ce qui a pu en effet nourrir un premier niveau d'incompréhension dans la population britannique.
04:56Alors j'entends, je lis beaucoup de commentaires pour dire que le modèle communautariste serait à bout de souffle,
05:04mais en fait, c'est l'ensemble des démocraties occidentales qui sont aujourd'hui percutées
05:09par une crise d'identité, par une crise de l'imaginaire politique.
05:15De quoi l'avenir sera-t-il fait ?
05:17Et donc, c'est des questions passionnantes et décisives.

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