• il y a 2 mois
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00:00:00Bonjour, merci de nous rejoindre sur François. Nous sommes avec Liu, qui vient nous livrer
00:00:09un témoignage. Liu, c'est une jeune femme qui, pendant un moment, a suivi des traitements,
00:00:16des opérations pour devenir un homme. Avant de revenir sur cette décision, vous avez
00:00:24souhaité témoigner de votre histoire, de votre parcours. Deuxièmement, je vous remercie
00:00:28beaucoup de partager ce témoignage avec nous et je vous laisse la parole.
00:00:33Bonjour, merci infiniment pour l'invitation. Je m'appelle Liu Kessler, je suis connu sous ce nom
00:00:43mais mon nom d'origine c'est Hélène Lia Kessler. Je viens de Suisse, je suis dans un petit canton
00:00:52qui s'appelle le Valais et je suis né en 1989. Pour revenir à ce que vous avez dit, j'ai fait
00:01:04une transition de femme à homme, c'est ce qu'on appelle aujourd'hui communément comme ça. Mais
00:01:10c'est vrai que mon objectif c'était pas d'être un homme, c'était surtout de ne pas être une femme,
00:01:15donc maintenant c'est vrai que j'ai un peu de peine quand on dit ça mais c'est tout à fait juste.
00:01:20Oui, c'est ce que vous m'avez expliqué quand on a parlé avant, c'est que vous avez réalisé que
00:01:31c'était beaucoup plus que vous ne vouliez pas être une femme que de devenir un homme. Vous m'avez
00:01:40expliqué que ça a commencé petite. Oui, il faut savoir que j'ai fait ça il y a dix ans en arrière,
00:01:51du coup j'avais 23 ans et depuis petite j'ai certaines caractéristiques mais je ne suis pas
00:02:08comme ça depuis petite, je vais vous raconter ça. Depuis que je suis petite, depuis que j'ai trois
00:02:15ans, j'ai un refus des habits, des robes, etc. Quand ma mère s'approche avec les habits comme ça,
00:02:25je me mets à hurler, je ne veux absolument pas mettre de robe. Je joue principalement avec des
00:02:29garçons, je ne joue pas du tout au barbie. Je refuse aussi assez vite mon prénom et du coup je
00:02:43grandis un peu comme ça. J'étais une petite fille qui était assez timide et réservée, je prenais
00:02:48mes jouets et je jouais seule dans la cour de récré, donc je suis un peu comme ça, un peu dans
00:02:53ma bulle. Et puis après en grandissant, il y a le corps qui change parce que c'est vrai que quand
00:03:00on est petit, quand on est enfant, il n'y a pas cette notion de corps. Il y a une évidence d'être,
00:03:12comme ça on est un tout et on ne se rend pas compte qu'il y a un corps et un esprit. On n'a
00:03:20pas cette notion-là. C'est vraiment quand la puberté arrive et que le corps change qu'il y a
00:03:28cette notion de corps qui apparaît à l'esprit. Moi j'avais vraiment cette perte de contrôle de
00:03:37toutes les informations qui arrivent d'un point de vue extérieur, comme le regard des autres qui
00:03:43changent, tout ça. Et puis le corps qui se transforme de manière anarchique et beaucoup
00:03:51dans le gonflement, c'est les femmes. J'ai mal vécu comme beaucoup de personnes. J'ai assez
00:04:04cultivé une sorte de haine et de jalousie des hommes assez vite aussi. J'ai eu des petits
00:04:15copains, après j'ai eu des copines. Et puis une fois que j'ai eu des copines, vers l'âge de 14 ans,
00:04:21je me suis déclaré homosexuel. Et là, c'est vrai qu'il y avait beaucoup de critiques des hommes sur
00:04:32les femmes. C'était aussi assez difficile à porter pendant ce temps-là. Et c'est vrai que ma haine
00:04:40des hommes a aussi beaucoup augmenté à cette époque. Et puis ensuite, j'ai commencé à plus
00:04:50réussir à m'identifier aux femmes homosexuelles. Parce qu'il faut quand même savoir que dans le
00:04:59monde hétéro et dans le monde gay, il y a aussi énormément de codes. Donc voilà, tu es un bon
00:05:07hétéro si, et tu es un bon gay si. Il y a aussi des filles qui n'aiment que les filles masculines
00:05:16ou que les filles féminines. Il y a des garçons qui n'aiment que les garçons masculins ou que les
00:05:21garçons féminins. Il y a aussi un tas de codes dans ces communautés. Et puis, je ne me retrouvais
00:05:30plus là-dedans. En fait, il y a beaucoup de stéréotypes, c'est ça que vous êtes en train de
00:05:34dire ? Il y a beaucoup de stéréotypes, autant chez les hétéros que chez les homosexuels. Et du coup,
00:05:41tu es lesbienne si tu rentres dans certaines catégories aussi. Tu es lesbienne si tu es attiré
00:05:56sexuellement par les femmes, non ? Oui, si tu es attiré sexuellement par les femmes. Mais après,
00:06:00il y a aussi tout un code vestimentaire, de gestes, de langage, de plein de choses. Il y a
00:06:07aussi une culture qui est autour de l'homosexualité. Comme autour de l'hétérosexualité, il y a aussi
00:06:15une culture de codes, de façons de regarder, de façons d'être en posture. Tout ça, c'est des
00:06:23codes. C'est paradoxal parce que vous dites, j'ai très vite développé une haine des hommes,
00:06:30une jalousie, mais en même temps, vous dites que vous jouiez principalement avec des garçons.
00:06:34Oui, plus petit. Après, c'est vrai que petit, je jouais principalement avec des garçons. Mais
00:06:41comme je vous dis, petit, on n'a pas trop de notion de l'autre, de notion de soi. On a moins
00:06:48ça. C'est vraiment plus avec l'adolescence que ça se développe. La notion de corps, par exemple.
00:06:56Moi, j'ai vraiment l'impression que la notion de corps venait s'ajouter à mon esprit comme une
00:07:02nouvelle variable qui n'existait pas avant. Vous commencez à vous sentir mal aussi comme
00:07:13lesbienne, vis-à-vis des codes ou des stéréotypes. En tout cas, en bout d'un moment, je n'arrive plus
00:07:21à m'identifier aux femmes. Je ne sens plus ce sentiment d'appartenance. Je n'arrive plus à
00:07:28m'identifier aux lesbiennes. Je commence de plus en plus à m'éloigner de ça. En même temps,
00:07:37c'est vrai que je sors avec certains types de filles qui sont relativement féminines, etc. Et
00:07:43plus je définis les femmes comme étant… Enfin, plus je dis « ça, c'est une femme », et plus
00:07:56j'ai l'impression de m'éloigner de ça parce que je n'arrive plus à m'identifier à ça. Donc,
00:07:59plus je sors avec des filles qui sont très féminines, des femmes que je prétends être
00:08:04des femmes, et bien plus je n'arrive pas à m'identifier à ça et plus je m'éloigne de
00:08:10cette représentation-là. C'est vrai que moi, on peut dire qu'en règle générale, je ressemblais
00:08:22plus à un garçon. En fait, j'étais plus catégorisée en tant que garçon, autant dans
00:08:29mes envies, dans mon comportement, dans mon caractère. Je n'avais rien d'une fille. Donc,
00:08:35ce qui semblait être le plus proche de moi, c'était plutôt être un garçon. Aussi, parce qu'il faut
00:08:42savoir que moi, je suis né en 89. Donc, quand j'étais ado, on n'avait vraiment pas du tout de
00:08:47modèles à part Rihanna, Beyoncé, et puis ces filles qu'on voit à la télé, ces chanteuses. Des
00:08:55modèles de femmes, on n'en avait pas, à part des filles très sexualisées qui sont en pouvoir,
00:09:07mais très sexualisées quand même. C'est assez spécial, mais je trouve qu'on n'avait pas de
00:09:13modèles de femmes. Donc, comment vous arrivez à vous dire « je ne suis pas une femme » ? Qu'est-ce
00:09:25qui se passe ? Quelle est la suite des événements, l'enchaînement ? Comment il s'est fait ?
00:09:31Alors, entre le fait que je n'arrive plus à m'identifier, que je ressemble plus à un homme,
00:09:42parce que j'ai l'air, dans le comportement et caractère, d'être plus de ce côté-là,
00:09:50et qu'en plus de ça, je cultive depuis l'adolescence une haine de mon corps, un rejet de
00:09:58soi. En particulier les seins, évidemment, parce que c'est ce qui se voit, et au contact des autres,
00:10:09c'est ce qui est facilement effleurable ou touchable. C'est vraiment une partie qui est en
00:10:18soi gênante, parce que c'est extrêmement sexualisé aussi les seins. Moi, c'était vraiment une
00:10:24catastrophe au niveau des seins, donc j'ai commencé à les cacher au début, après j'ai commencé à
00:10:29mettre des soutiens-gorges de sport très serrés, et puis après j'ai fini carrément par les scotcher
00:10:36sur les côtés pour pouvoir avoir un torse vraiment très plat. Et puis c'est entre ces choses-là que
00:10:50j'ai découvert la communauté trans qui était accolée à la communauté gay. Donc il m'a fallu
00:10:59juste passer le pied de l'autre côté de la porte et j'étais dans la communauté trans. Voilà comment
00:11:10j'ai passé de l'autre côté. Après, j'ai rencontré des gens qui avaient déjà transitionné. Évidemment,
00:11:23quand je n'arrive plus à m'identifier en femme, je commence aussi à transformer le discours envers
00:11:31moi-même. Donc je commence à dire que je ne suis ni l'un ni l'autre, je suis autre chose, je ne suis
00:11:41pas un homme, je ne suis pas une femme, je suis autre chose. Et puis je ne vous ai pas dit,
00:11:46mais c'est vrai qu'avant d'aller dans les associations, j'ai quand même été voir des psys,
00:11:53et ces psys n'ont vraiment pas su du tout m'aider dans la réflexion, dans le questionnement des
00:12:03choses que j'ai numérées. Comme je me sens ni homme ni femme ou un peu des deux, que je ne suis
00:12:10pas une femme, que mes seins ce n'est pas des seins, c'est des excès de graisse comme on peut
00:12:16voir chez les hommes. Donc vraiment, j'ai eu des réactions du style « on a ri » ou « on n'a pas
00:12:23fait attention ». On m'a dit « oui, mais en fait, c'est rien, c'est délirant, tu es très bien comme
00:12:28tu es, ne t'inquiète pas ». Donc j'étais hyper mal pendant ce moment, j'ai quand même cherché,
00:12:34j'ai été voir une personne, ça ne me plaisait pas ce qu'elle me répondait, j'allais voir quelqu'un
00:12:37d'autre, ça ne me plaisait pas, et j'ai continué à chercher comme ça jusqu'à ce que je tombe sur
00:12:41les assos. Oui, en fait, vous exprimiez un mal-être profond qui a été un petit peu balayé
00:12:48d'un coup de revers de main finalement. Oui, on n'a pas été chercher vraiment pourquoi je disais
00:12:53ça et puis on n'a pas prêté attention à ce que mes souffrances, vers quoi elles pourraient aller.
00:13:06Et vous m'avez dit aussi que vous aviez été exposé à la pornographie extrêmement jeune,
00:13:13enfin très petite, d'ailleurs sans malveillance, juste quelqu'un qui ne se rendait pas compte,
00:13:20un garçon plus âgé que vous, qui ne se rendait pas compte de ce que ça pouvait faire. Vous étiez
00:13:33toute petite. J'avais huit ans quand j'ai commencé à être exposé à de la pornographie parce qu'il y
00:13:41a plusieurs années, la pornographie c'était aussi quelque chose d'assez banal au final,
00:13:47où ça commençait à se banaliser. On avait des cassettes VHS à l'époque et à la place de
00:13:58Cendrillon, il y avait autre chose. On se fait avoir comme ça, mais c'est vrai qu'on ne se rendait
00:14:06vraiment pas compte à quel point ça pouvait être vraiment très néfaste pour un enfant d'être
00:14:15confronté à de la pornographie, c'est clair. Ça ne m'a certainement pas aidé, c'est sûr.
00:14:19Disons que ça ne donne pas une image très valorisante de la femme.
00:14:23Oui, ça c'est sûr. Et on n'a pas envie d'y être non plus, du coup, ça c'est sûr. Mais en même
00:14:31temps, c'est paradoxal parce qu'en même temps, il y a ça qui est absolument terrible et en même
00:14:37temps, j'ai consommé beaucoup de pornographie plus tard quand j'étais ado et jeune adulte. C'est
00:14:47comme si c'était culturel, normal de regarder de la pornographie, même pour les filles. C'est
00:14:55plutôt valorisant de dire oui, oui, moi je regarde de la pornographie. C'est aussi pour faire comme
00:15:05les hommes. Oui, et puis je suis grande. C'est banalisé, c'est normal. Il faut trouver ce qu'on
00:15:16aime comme si on n'avait pas conscience parce que j'ai appris beaucoup plus tard que l'excitation
00:15:25sexuelle, elle vient automatiquement sans qu'on soit excité. C'est comme les filles qui ressentent
00:15:34de l'excitation alors qu'elles ont des agressions sexuelles. Après, elles se disent j'ai aimé ça,
00:15:40mais en fait, ça n'a rien à voir. C'est juste que le corps a une réaction normale par rapport
00:15:48à un stimuli et ça n'a rien à voir avec un désir. Des fois, quand on regarde de la pornographie,
00:15:54on peut dire je suis excité, mais en fait, c'est un leurre. C'est un vrai leurre. On croit qu'on
00:15:59est excité, mais en fait, c'est une réaction du corps qui est tout à fait normale parce qu'il y a
00:16:03un stimuli, mais on n'est pas du tout excité par ce qu'on voit. On fait une confusion parce
00:16:10que ça a l'air tellement vrai. On a la sensation du corps et du coup, on associe avec l'image,
00:16:15mais c'est vraiment pas du tout. Il m'a fallu longtemps pour comprendre ça,
00:16:19mais c'est pas du tout bien la pornographie. Donc, vous avez cette période où vous vous
00:16:28dites que vous n'êtes ni une femme ni un homme, que vous êtes quelqu'un d'autre. À partir de là,
00:16:37vous vous faites prendre en main. Après des tentatives de prise en charge d'aide auprès de
00:16:44professionnels, de psychologues qui ne vous aident pas. Du coup, vous vous tournez vers les
00:16:50associations. Et donc là, qu'est-ce qui se passe ? Je cherche, je cherche, je cherche, puis je trouve.
00:16:56Et je trouve en plus des personnes qui ont un discours similaire au mien, voire même encore
00:17:08différent. Et du coup, je me dis « ah, waouh ! En fait, c'est exactement ça. J'ai exactement tombé
00:17:17au bon endroit. Les gens ne sont juste pas au courant. Tout ça, c'est caché. » Et du coup,
00:17:23j'ai vécu ça vraiment comme une révélation. Je me suis dit « enfin, on peut être qui on est,
00:17:29on peut être ce qu'on veut. » Ça répondait vraiment à cette lente idée qui traînait dans
00:17:38ma tête. Et puis là, forcément, les trucs où j'étais petite, ça fait consonance. Donc,
00:17:46je ne veux plus mon prénom, je ne veux pas les robes, je me sens plus garçon. Tout vient après
00:17:54valider des idées qu'on a déjà avant, qui peuvent dire autre chose, mais que quand on met une autre
00:18:03définition, tout d'un coup, ça prend un nouveau sens. Donc là, je me dis « là, c'est bon, c'est
00:18:09ça. » Et puis, il faut savoir que normalement, il y a dix ans en arrière, il y avait un protocole
00:18:14de soins pour les personnes trans, c'est-à-dire qu'il fallait deux ans de suivi, six mois de prise
00:18:21d'hormones, et après, on pouvait accéder à la chirurgie. Et moi, j'arrive là, je me sens,
00:18:28je dis « je ne suis ni homme ni femme, je ne veux pas de testo, je ne veux rien,
00:18:31je veux juste qu'on m'enlève, c'est ça que je ne peux plus supporter. » Et là, je vais voir un
00:18:35spécialiste et puis, je l'ai vu deux, trois fois. Parce qu'évidemment, on vous envoie vers un
00:18:41spécialiste. Donc, ça renforce aussi le fait de se dire « tout ça, c'est juste, tout ça,
00:18:48c'est vrai. » Et le but, c'est quand même de réduire la souffrance. Donc voilà, moi,
00:18:58j'ai exprimé ma souffrance et puis en quelques séances, on m'a dit que les assurances devaient
00:19:04prendre en charge selon mon protocole, c'est-à-dire justement enlever les seins et qu'ils
00:19:10n'avaient pas à dire non. Et du coup, je suis rentré en guerre avec les assurances pour être
00:19:18prise en charge sans le protocole de soins qui est censé être admis. Et ça n'a pas du tout
00:19:28fonctionné. Et du coup, vu que j'étais prise dedans, c'était très émotionnel. En plus,
00:19:36on a l'impression qu'on va contre vous parce qu'on ne veut pas vous payer, etc. J'étais
00:19:40en clinique privée et puis j'ai cotisé moi-même pour payer mon opération.
00:19:45Donc, vous avez commencé par vous faire enlever les seins.
00:19:48Donc, j'ai commencé par me faire enlever les seins. Et puis, là, je me suis réveillé de
00:19:56l'opération. Je me suis endormi avec une conviction et puis quand je me suis réveillé, il y avait une
00:20:02réalité totalement différente. Puis c'est vrai que là, j'ai été très très mal. J'avais vraiment
00:20:08envie de me suicider. J'étais hyper mal. Puis là, les associations vous disent « mais non,
00:20:13mais t'inquiète, c'est normal de passer par là. Ça fait partie du processus. Ça va aller et tout. »
00:20:18Et puis, ça a été plusieurs mois très compliqués jusqu'à ce que le cerveau trouve des solutions
00:20:27pour pouvoir apaiser le mal-être et puis trouver un sens pour apaiser le mal-être. Et du coup,
00:20:32je me suis dit « non, mais en fait, je n'avais pas bien compris. En fait, je suis trans et il
00:20:38faut que je commence les hormones. Je ne peux pas rester comme ça. J'étais maintenant une femme
00:20:41sans seins. C'était vraiment bizarre. Et du coup, ce qu'on appelle dysphorie a augmenté de plus en
00:20:49plus. Donc, il fallait faire quelque chose. Donc, on m'a mis sous traitement hormonal de
00:20:55testostérone. Et là, c'est clair que la testostérone, ça booste. Donc, ça reste un
00:21:05stimulant quand même. On ne le voit pas comme ça. On le voit vraiment comme un processus. Mais
00:21:12ça reste que ça fait cet effet-là. Et du coup, on se sent quand même beaucoup mieux. On se sent
00:21:19bien. On a le corps qui commence à changer, la voix. Donc, la dysphorie diminue. Et puis,
00:21:29voilà. Après, ça repart dans l'autre sens parce que ça ne suffit pas. Il y avait aussi un certain
00:21:41moment où j'ai rencontré une fille. Et c'est vrai que pendant ma relation avec cette fille-là,
00:21:49il y a beaucoup d'interrogations qui se sont posées parce qu'elle me disait qu'elle ne serait
00:21:56jamais sortie avec une fille, par exemple. Parce que moi, je disais que j'étais un garçon. Et puis,
00:22:03elle disait qu'elle était hétérosexuelle. Donc, elle ne serait jamais sortie avec une fille. Des
00:22:07fois, quand on regardait des reportages ou des trucs sur les personnes trans, elle me disait
00:22:13« Ah ! Mais ces personnes, elles sont un peu bizarres. » Alors qu'elle n'arrivait pas. Enfin,
00:22:17voilà. Moi, j'avais dit que j'étais un garçon. Elle, elle m'avait pris comme ça. Et du coup,
00:22:21elle ne faisait plus la différence. Elle le savait quand même que vous aviez subi une opération,
00:22:34que vous aviez pris des hormones, que vous étiez né dans un corps féminin.
00:22:43Oui, mais pour moi, ce n'est pas très étonnant parce que les gens qui acceptent,
00:22:49ils acceptent aussi très facilement sans remettre en question tout ça. Moi,
00:22:56c'est d'être confronté. Disons qu'on ne m'a jamais traité aussi bien comme un homme. Et c'est
00:23:03ça qui m'a créé aussi de la dysphorie. C'est qu'en fait, il y a un certain stade quand on vous
00:23:08traite comme un homme, vous n'êtes pas toujours un homme. Donc, il y a forcément des moments où
00:23:14ça bloque dans la tête. Puis, vous n'êtes pas toujours un homme quand vous allez chez le médecin,
00:23:19quand vous rencontrez une nouvelle personne, vous n'êtes pas un homme. Ça crée des dissonances
00:23:25en fait dans la tête. Au début, quand je l'ai rencontré, j'allais faire cette hystérectomie et
00:23:39ovariectomie parce qu'il fallait que je me débarrasse vraiment de ce qui semblait appartenir
00:23:51à la femme et dont je ne pouvais absolument plus du tout supporter. De parler d'utérus et d'ovaire,
00:23:58pour moi, c'était vraiment très gênant, c'était horrible. Parce que cette femme, vous avez dit
00:24:10qu'elle ne s'aurait jamais sorti avec une femme ? Non, non, pas du tout. Parce que ça, c'est des
00:24:15éléments qui viennent s'ajouter, je dirais. Tout vient s'ajouter. Parce qu'évidemment,
00:24:19que quand j'ai commencé mon traitement hormonal, l'endocrinologue m'a aussi dit qu'il ne faut pas
00:24:24rester comme ça, il faut avancer. En plus, tu n'auras pas une bonne transformation si tu gardes
00:24:34une production hormonale femme et de la testostérone. De toute façon, il y aura des atrophies. Au début,
00:24:42je ne voulais pas du tout, mais entre les discours-là, la nouvelle rencontre, la dysphorie
00:24:47qui est toujours là et qui augmente, c'est toujours un panier de toute façon. Et là,
00:24:53on se dit qu'il faut se débarrasser de tout ça. Et là, je n'ai même pas vu un psy ou quoi que ce
00:25:00soit. Une fois, j'ai eu une gynéco recommandée par mon endocrinologue. On a fait une visite. C'était
00:25:11pas possible pour moi d'aller sur la chaise, la gynécologie, c'était vraiment pas possible. Donc,
00:25:15elle m'a juste fait un peu des dessins, on a discuté comme ça 20 minutes, et puis après,
00:25:19j'ai passé sur la table. Le réveil a été difficile parce que j'ai chopé une infection. Ça a été
00:25:29assez compliqué aussi de m'en remettre. Après, c'était parti. Après, j'ai vécu comme un garçon,
00:25:39transformé comme un garçon pendant neuf ans jusqu'à aujourd'hui. Vous n'aviez pas de pénis.
00:25:48Alors, j'ai heureusement pas fait la phalloplastie parce que j'ai pris beaucoup de
00:25:57renseignements. J'ai failli la faire et tout. Mais c'est vrai qu'il faut savoir que quand j'ai…
00:26:01Moi, je travaille. Donc, quand j'ai fait l'ablation des seins, j'ai dû arrêter mon travail. Quand j'ai
00:26:08fait l'ovariectomie et l'ostérectomie, j'ai dû arrêter mon travail pendant plusieurs mois. Et du
00:26:12coup, déjà de ce côté-là, c'est très compliqué à gérer. Moi, j'ai des clients et tout. C'était
00:26:19compliqué à gérer. Et puis, en plus de ça, la dernière chirurgie, ce n'est pas une petite chirurgie.
00:26:29Donc, quand vous allez vous renseigner et tout… Moi, j'en ai même pleuré d'en avoir envie mais
00:26:39de ne pas oser le faire. D'ailleurs, franchement, c'est la première opération que j'aurais fait si
00:26:45ça avait été simple. La toute première que j'aurais fait, je pense. Mais c'est quand même
00:26:51très délicat. J'ai eu une peur quand même, une certaine conscience de me dire qu'il pouvait y
00:27:00avoir des dégâts vraiment graves. Après, comment on fait pour uriner, d'infection, de vrais problèmes.
00:27:08Je me disais toujours que je le ferais vers 50 ans, quand les avancées technologiques seront là,
00:27:20et que je le ferais plus tard. Et qu'au cas où ça loupe, j'aurais pu vivre quand même plus ou
00:27:27moins normalement. Donc, j'étais vraiment dans une optique de le faire plus tard.
00:27:32Oui, parce que vous dites que vous avez vécu comme un garçon, mais ne serait-ce que dans
00:27:43les relations intimes, ça me paraît compliqué. Même cette femme qui a été avec vous et qui
00:27:51disait qu'elle était hétérosexuelle, vous m'avez dit qu'elle ne vous avait jamais venue.
00:27:54Oui. Moi, je suis déjà assez pudique de base. Je ne vais pas trop exposer ma nudité en règle
00:28:07générale. Mais c'est vrai que là, quand vous performez dans quelque chose, mieux vaut garder
00:28:17un peu de mystère parce que sinon, c'est moins fun. Mais non, ce n'était pas possible parce que
00:28:28c'était trop moche comme ça. Donc, on avait des rapports intimes. C'était peut-être spécial,
00:28:36mais en tout cas, je jouais assez bien mon rôle pour que ça passe crème.
00:28:40Et donc, est-ce que vous avez eu un moment d'apaisement après cette hystérectomie ? Et
00:28:47après, vous vous êtes fait enlever les ovaires. J'ai fait tout en même temps, hystérectomie et
00:28:51ovariectomie en même temps. Mais oui et non. Parce que à chaque étape, ça a été la même chose. Ça
00:29:01a été horrible. Puis, ça va mieux parce que vous avez passé l'étape et puis vous avez des effets
00:29:11bénéfiques. C'est-à-dire qu'on vous considère plus facilement, on se trompe moins, des trucs
00:29:17comme ça. Donc, ça, c'est les effets bénéfiques. Mais après, effectivement, dans les relations,
00:29:22les autres personnes qui vous connaissaient d'avant, vous sélectionnez beaucoup votre famille. Ce n'est
00:29:28pas facile pour eux non plus de devoir tout changer les prénoms, tout changer les pronoms. D'autres
00:29:35acceptent plus facilement, d'autres acceptent moins. Et vous me dites que pendant un moment,
00:29:40vous avez été militante d'ailleurs. Vous encouragez aussi les autres à faire comme vous. Oui,
00:29:46bien sûr. C'est sûr qu'une fois qu'on a découvert ce qu'on est, c'est plus favorisant d'avoir des
00:29:55personnes que vous rencontrez qui sont comme vous parce que ça va faire que vous vous dites « oui,
00:30:03j'existe, c'est bien ça. S'il y a d'autres qui existent, j'existe aussi. » Et puis, aussi,
00:30:10de construire des récits autour de ça pour justifier ce qu'on est, ce qui est tout à fait
00:30:19normal. Donc, voilà, si on est comme ça pendant l'enfance, c'est que les hommes, les femmes,
00:30:28c'est plutôt un spectre. Donc, il faut vraiment trouver aussi des récits pour pouvoir justifier
00:30:35ce qu'on est et ce qu'on nous fait aussi. Oui, ce que vous faites faire. Quand est-ce que la
00:30:42bascule se fait que vous vous dites « non, mais en fait, je suis une femme et je vais m'assumer
00:30:48comme telle ? » J'ai eu beaucoup de conflits dans ma relation justement à cause de ce que je
00:30:55vous ai expliqué, qu'on me considère d'une certaine manière et qu'à des moments, ça ne colle
00:31:00pas. Il y a aussi des discours émergents. C'est vrai que ça m'a un peu confronté à mon propre
00:31:14discours parce que quand j'ai fait la transition il y a dix ans en arrière, j'avais des discours
00:31:18un peu comme il y a actuellement, mais on m'a fait passer comme transsexuelle d'une personne
00:31:28qui va de l'un à l'autre alors que moi, je disais « non, non, je ne suis ni homme ni femme,
00:31:31je veux juste qu'on m'enlève les seins, je suis un entre-deux ». Et puis, quand j'ai eu vraiment
00:31:37des gens qui ont eu ces discours en face de moi, donc du style « une femme, ce n'est pas forcément
00:31:43quelqu'un qui a des seins, une femme, ce n'est pas forcément quelqu'un qui a des ovaires, une femme,
00:31:47ce n'est pas forcément quelqu'un qui a un utérus, une femme, ce n'est pas forcément quelqu'un qui
00:31:51a un vagin », alors là, j'ai explosé parce que moi qui fais tout pour ne pas être une femme,
00:31:59qui essaye de tout effacer, de rayer ça de ma vie, je ne veux plus en entendre parler,
00:32:06là la définition qu'on me fait de femme, c'est une définition dans laquelle je peux rentrer.
00:32:10On me dit « une femme, ce n'est pas forcément quelqu'un qui a des seins, j'ai enlevé mes seins,
00:32:15ce n'est pas forcément quelqu'un qui a un utérus, j'ai enlevé mon utérus », et malgré tout ça,
00:32:18je peux être encore catégorisé comme une femme. Donc du coup, c'était tellement dissonant que
00:32:25j'ai dit « non mais là, c'est foutu, c'est bon, j'ai compris, je suis une femme, j'ai compris,
00:32:32mais toi qui est un homme qui dit être une femme, si tu fais tout gicler, ça veut dire que tu peux
00:32:39aussi rentrer dans la catégorie d'homme, donc ça ne change plus rien. Si on ne peut plus définir,
00:32:45tout le monde rentre et du coup, personne ne rentre dans la case de la définition. Donc pour moi,
00:32:54ça a été un peu tous ces éléments-là qui ont fait que j'ai dit « non mais là, c'est beaucoup
00:32:58trop, c'est bon, j'ai compris, je suis une femme, ce qui s'est passé, ça ne va pas ». Après là,
00:33:07il a fallu comprendre en fait qu'est-ce qui s'était passé, pourquoi j'en étais arrivé là en fait.
00:33:13Et donc les conclusions ? Parce que c'est pareil, quand on a parlé, vous avez beaucoup réfléchi,
00:33:23vous avez vu énormément de choses, vous avez lu beaucoup, vous êtes vraiment renseigné,
00:33:28donc vous avez énormément réfléchi, et donc les conclusions auxquelles vous en êtes arrivé ?
00:33:33Déjà, ce que je me suis rendu compte, c'est qu'il y avait un gros paradoxe dans l'histoire,
00:33:38c'est qu'il y avait deux visions qui s'affrontaient. C'est que d'un côté, il y a des gens qui pensent
00:33:45que l'être trans, il existe fondamentalement, qu'il a toujours existé dans l'histoire,
00:33:54dans l'évolution de nos sociétés, que de ce fait-là, il y a des enfants qui sont
00:34:03comme ça, et que du coup, il faut prendre en charge ces personnes vulnérables parce qu'elles
00:34:09sont en grande souffrance et qu'elles ont un taux de suicide très élevé. Et de l'autre côté,
00:34:14moi ce que je pense aujourd'hui, c'est qu'en fait, l'être trans n'existe que dans une
00:34:20construction psychologique, dans une représentation psychologique, et en plus que de cette manière en
00:34:27Occident, que je pense qu'il faut soigner ces personnes sous la base de la souffrance qui
00:34:34s'appelle dysphorie, et que du coup, il ne faut pas traiter de manière invasive et irréversible
00:34:43parce qu'en fait, on traite des personnes qui sont dans une forme de délire. D'ailleurs,
00:34:48maintenant, j'ai plus l'habitude de dire que je n'étais pas trans, mais que j'étais en trans.
00:34:54C'est vraiment très différent. Et du coup, je pense qu'aussi, le suicide est omniprésent quand
00:35:05il y a du mal-être, sans qu'on puisse identifier où est la source. Vous voyez ce que je veux dire ?
00:35:13Oui, je vois ce que vous voulez dire.
00:35:15Donc voilà, ce qui est important aussi, c'est de bien distinguer la dysphorie. Moi,
00:35:23je n'appelle pas ça dysphorie de genre, mais la dysphorie de la transidentité, parce que la
00:35:28dysphorie, ce n'est pas un diagnostic, c'est un symptôme, et la transidentité, c'est une
00:35:34construction psychologique et culturelle. Donc ces deux choses sont totalement différentes. Et
00:35:39puis la dysphorie, d'abord, c'est un symptôme, et en plus de ça, elle peut se retrouver dans
00:35:43énormément de maladies ou de troubles psy. Et puis la dysphorie, elle peut être traitée de
00:35:53différentes manières. C'est-à-dire que, là maintenant, ils ont retiré du cadre de la psychiatrie,
00:36:04mais à l'époque, déjà c'était sous le cadre de la psychiatrie, mais à l'époque aussi,
00:36:11on peut dire que les personnes qui avaient des troubles psy, on les traitait, on les prenait
00:36:15en charge d'une manière qui était très invasive et très brutale. On les jetait dans l'eau froide,
00:36:19on leur faisait des chocs électriques, on leur coupait des bouts de cerveau, c'était hyper
00:36:24violent. Et je veux dire, aujourd'hui, comment on traite les personnes avec des troubles psychiatriques,
00:36:29c'est par médicaments. On peut toujours remettre ça en question, évidemment, maintenant c'est remis
00:36:34même en question, on fait plus de thérapie cognitive, mais le truc où ça n'a pas changé,
00:36:39c'est quand même dans ce domaine-là. Dans tous les autres domaines psy, on a changé les méthodes
00:36:44invasives, sauf pour la dysphorie qu'on appelle dysphorie-transsexualisme, on colle ces deux
00:36:52choses-là ensemble. Et je pense que ça, c'est une grosse erreur, parce qu'en même temps,
00:36:59même si c'est un trouble psy, on peut tout à fait remettre en question la manière dont
00:37:05on traite, dont on choisit le traitement pour ces personnes. Même si aujourd'hui, on peut dire
00:37:11« ok, t'es trans, ok, mais pourquoi on opère ? Pourquoi on fait de la chirurgie irréversible
00:37:19sur des organes sains ? » Je veux dire, on est quand même dans un pays développé, c'est quand
00:37:23même assez dingue. Vous m'avez dit aussi, avant et au téléphone, « aujourd'hui, je suis très
00:37:30fier d'être une femme ». Oui, j'ai mis 34 ans à le dire, mais aujourd'hui, je peux le dire, je suis
00:37:37hyper fier d'être une femme. Je me suis détesté toute ma vie. Je n'ai pas su être une femme. Je
00:37:49suis hyper fier d'être une femme, et en plus, j'aime les autres femmes aussi, parce que je me
00:37:55suis aussi rendu compte dans cette histoire que plus je créais une différence avec les femmes
00:38:02alors qu'on est la même chose, plus je réduisais la femme à certains aspects. C'est clair que si
00:38:09on est deux femmes et que je crée une différence entre nous deux, je vais mettre sur vous des
00:38:17choses qui sont forcément des stéréotypes, parce qu'il va falloir construire une différence entre
00:38:22nous deux alors qu'il n'y en a pas. Vous voyez ce que je veux dire ? Vous m'avez dit aussi que
00:38:29vous témoignez pour que ça serve aux autres. Alors, je témoignais parce que s'il y a des
00:38:39personnes qui ont vécu la même chose que moi ou s'il y a des personnes qui sont concernées par
00:38:42ce sujet, si elles se retrouvent avec ce que je dis, ce sera vraiment déjà ça. Et puis,
00:38:51je témoigne aussi pour que les personnes prennent le courage de parler ou de s'affirmer
00:39:01qu'elles sont contre ce qui se passe sans avoir peur de dire « ah, mais peut-être que je fais
00:39:10une erreur d'aller contre ces personnes parce qu'elles sont minoritaires ou elles sont en
00:39:15souffrance », etc. Mais actuellement, je pense être le plus bas de la minorité chez nous et les gens
00:39:25s'en moquent pas mal de mon histoire. Il faut qu'on puisse en parler quand même, parce que pas
00:39:34qu'on soit réduit à ce qu'ils nous appellent. Ils nous appellent les « détransitionneurs »
00:39:38maintenant, moi je ne suis pas du tout d'accord avec ce terme. Je ne suis pas une « détransitionneuse »,
00:39:44ça voudrait dire que déjà que j'estime que la transition est quelque chose qui existe,
00:39:50je ne pense pas, et qu'après je serai maintenant autre chose, un « détransitionneur », je ne
00:39:54pense pas. En fait, je suis une femme, j'ai toujours été une femme, et je suis plus une
00:40:00femme victime d'un courant sociétal plutôt qu'une « détransitionneuse ». On a déjà des termes,
00:40:07on ne va pas en inventer encore. D'ailleurs, quand vous vous êtes affirmée, à nouveau réaffirmée
00:40:16comme femme, les groupes, les associations ne se sont pas trop retournées contre vous,
00:40:24comment ça s'est passé ? Parce que moi j'ai entendu des témoignages, c'était quand même
00:40:27assez violent. Oui, parce que moi je n'ai jamais été dans les associations en fait. En tout cas,
00:40:32de loin, j'ai toujours fait partie, j'avais du courrier ou des trucs comme ça, mais je n'ai pas
00:40:39été dans des groupes. Pour la communauté homosexuelle à l'époque, oui, j'allais au Gay
00:40:45Pride, etc. Mais après, j'avais un métier, j'avais une vie, j'avais trouvé mon truc. Je n'ai jamais
00:40:55été tellement en groupe non plus. Vous n'avez pas créé un environnement, comme ça peut être le cas
00:41:01pour vous ? Je me suis quand même engagée à faire le tour des institutions de mon canton pour
00:41:19aller parler de ça, pour aller dire que ça n'allait pas, qu'il y avait des dérives, etc. Je suis tout
00:41:27à fait exposée au fait que mon expérience est réduite au fait que je suis une détransitionneuse
00:41:36et que même si moi je regrette, ça ne remet pas en question que les autres soient heureux avec leur
00:41:41choix. Même si moi j'ai dit bien qu'être heureux avec son choix, ça ne veut pas dire qu'on a raison
00:41:51avec les démarches qu'on entreprend. Parce qu'on a un tas d'exemples qu'on peut citer où des gens
00:42:00sont très heureux avec ce qu'ils pensent et pourtant il y aurait matière à discuter sur les
00:42:05démarches qu'ils entreprennent par la suite, comme des masculinistes ou des gens qui sont dans
00:42:11la radicalité ou dans des médecines alternatives, etc. Il y a tout un sujet. Donc, est-ce que vous
00:42:22avez pu arrêter toutes les hormones ? Alors là, ça fait un mois et demi que j'ai arrêté, ça faisait
00:42:28neuf ans que j'étais sous testostérone. C'est tout récent. Il n'y a pas longtemps que vous avez
00:42:34arrêté ? Non, ça fait depuis le 1er mai. Donc là, j'ai commencé un nouveau traitement. J'ai
00:42:41commencé un traitement pour les femmes, un traitement d'ostrogène et ça va bien. Et qu'est-ce qu'on
00:42:51vous dit ? Vous n'êtes pas inquiète pour votre santé ? Bien sûr, mais on n'a aucune donnée ni
00:42:57rien du tout. Enfin moi, j'ai l'air d'en parler comme si ça allait, etc. Mais il faut savoir que
00:43:02j'ai été énormément traumatisé par cette histoire et c'est sûr que ça va me poursuivre toute ma vie
00:43:10et que je n'ai pas de réelle réponse. J'ai 34 ans et je ne sais pas comment je vais vieillir,
00:43:16ni si je vais avoir une mort prématurée ou quoi que ce soit. Mais disons que pour moi,
00:43:22vraiment le plus important, c'est d'avoir compris, d'être en vie, de pouvoir vivre. C'est vraiment
00:43:30le plus important aujourd'hui. Donc, j'essaie vraiment de garder le cap. Parce que quand vous
00:43:37m'avez dit « je veux témoigner pour les autres », vous m'avez aussi dit « parce que pour moi,
00:43:40c'est foutu ». Ce n'est pas pour moi. Oui, c'est clair. Pour moi, c'est foutu. Je ne peux pas
00:43:46revenir en arrière. J'ai fait ce qu'il y avait à lieu. Alors, il n'y a pas de moins pire. Je pense
00:43:52même si une fille se fait juste enlever les seins, elle ne pourra jamais allaiter. Et c'est
00:43:58une mutilation. Donc bon, c'est horrible. Mais disons que c'est vrai qu'à mon stade,
00:44:03on a tout enlevé. On a traité pendant longtemps, j'ai reçu pendant presque dix ans de la
00:44:11testostérone, on m'a enlevé les ovaires, l'utérus et tout. Et que maintenant, je n'ai ni possibilité
00:44:15de revenir en arrière, ni possibilité de ne pas être sous traitement. C'est vrai que c'est un peu
00:44:24stressant pour la suite. C'est une rupture avec soi et une rupture avec les autres. C'est ce que
00:44:34j'essayais d'expliquer. C'est une grosse rupture avec soi, donc il faut s'en remettre aussi. C'est
00:44:40une rupture avec les autres parce qu'aujourd'hui, j'ai une apparence plutôt masculine, une voix
00:44:44masculine. Quand je rencontre les gens, c'est toujours un peu ambigu. Il faudrait que j'étale
00:44:52tout en ma vie à chaque fois. Au quotidien, il y a des gens qui pensent que je suis un homme,
00:44:57vous voyez, quand vous allez à la librairie ou au magasin. C'est bizarre tout ça quand même,
00:45:03c'est bizarre. Et du coup, pour moi, il faut tout arrêter. Il ne faut pas toucher aux ados,
00:45:11aux enfants. Oui, même si, c'est pareil. Juste avant, vous m'expliquiez, on parlait justement
00:45:19des enfants. On parle maintenant du problème parce qu'on a touché aux enfants, mais en fait,
00:45:26quelque part, ça valide, ça devrait être interdit pour tout le monde. Oui, parce qu'en fait,
00:45:36c'est une représentation psychologique. Quand les adultes disent qu'ils sont comme ça depuis
00:45:42toujours. Moi aussi, j'ai fini par dire que j'étais comme ça depuis que j'étais enfant parce que je
00:45:47refusais les rômes, que j'avais ces sensations depuis jeune. En fait, si des adultes disent
00:45:51qu'ils sont comme ça depuis qu'ils sont enfant, qu'on laisse les récits qui sont construits autour
00:46:01de ça tels qu'ils sont, genre je suis une femme parce que je ressens être une femme ou ce genre
00:46:10de choses, ça valide pour les enfants, évidemment. C'est-à-dire que si on accepte qu'il y a des
00:46:18adultes qui ont des revendications, des récits qui disent qu'ils sont nés comme ça, forcément,
00:46:23il y a des enfants comme ça. Donc, pourquoi on ne traiterait pas les enfants ? Parce que c'est
00:46:31dangereux. Oui, bien sûr, mais pour moi, on ne naît pas trans, il n'y a pas d'enfant trans,
00:46:38donc tout ça, c'est… Après, les adultes, vu qu'on considère qu'on est dans une société où
00:46:49il y a une industrie des modifications corporelles, je veux dire, la modification corporelle,
00:46:54c'est assez banalisé. La question qu'on pourrait se poser, c'est « est-ce qu'il ne faut pas
00:47:00alors psychiatriser la chirurgie esthétique, rien que déjà ça ? » Mais quand vous voyez que les
00:47:06femmes, elles se font mettre des seins facilement, gonfler les lèvres, et que tout ça devient… Donc,
00:47:16on banalise la chirurgie et que ça devient des normes, après, ça devient difficile, toujours
00:47:25plus difficile d'être une femme. Est-ce qu'il ne faudrait pas psychiatriser la chirurgie non
00:47:29plus ? Mais dire que l'être trans, il existe de manière innée, comme une femme et un homme,
00:47:38est innée biologiquement, ça c'est une erreur, c'est faux. Et vous m'avez dit aussi « j'ai
00:47:48voulu comprendre pourquoi je m'étais fait avoir, comment je m'étais fait avoir ». Donc,
00:47:57est-ce que vous avez une réponse à ça ? Pour vous, des choses qui sont saillantes ?
00:48:01Pour moi, je pense que je peux rentrer dans pas mal de définitions de troubles. Je pense que je
00:48:14pourrais facilement être Asperger, ou TDA, ou HP. Je rentre dans le schizophrène, borderline, trans,
00:48:26je rentre vraiment dans beaucoup de catégories. Je pense qu'on pourrait se dire qu'on s'est
00:48:32trompé de diagnostic, certes. Mais moi, je pense sincèrement que la plus grosse maladie que j'ai,
00:48:38qui n'est pas une maladie, c'est d'être une femme. J'ai vraiment cette impression-là parce
00:48:44que je n'ai pas pu supporter, quand j'étais jeune et que l'adolescence a commencé,
00:48:53qu'on appelle ça une dysphorie pibertaire, c'est très connu en fait. Je n'ai pas supporté que mon
00:49:03corps change, que je sois sexualisé, que le regard des autres change sur moi. Je n'ai pas supporté
00:49:11tout ce qui était attrait et difficile pour les femmes, les règles. Et puis, j'ai remarqué aussi
00:49:16que quand on parlait de toutes ces choses des femmes, souvent, on avait des grimaces de dégoût
00:49:25ou de ricanement quand on parlait de ça. En plus des modèles qu'on n'a pas, en plus des discours
00:49:37qu'on m'a laissé émettre et qu'on m'a laissé intégrer, voilà quoi. Mais après, évidemment,
00:49:50il y a beaucoup d'origines. Il y a énormément d'origines. Mais moi, la première origine pour
00:49:55moi, c'est d'être une femme dans cette société. La difficulté d'être une femme dans cette société.
00:50:03C'est encore très difficile aujourd'hui d'être une fille. J'ai assez facilement envie de dire
00:50:09que même si on refilerait tout le maquillage et les jupes aux hommes, ça ne changerait pas
00:50:14que les femmes sont plus discriminées. Et puis, même si on essaye de lutter contre ce qu'on
00:50:20appelle les stéréotypes, aujourd'hui, quand on va dans les magasins, il y a toujours les vêtements
00:50:26pour les filles, les vêtements pour les garçons, les jouets pour les filles, les jouets pour les
00:50:29garçons. Donc, il y a une volonté ou une force, en tout cas, de l'industrie, de l'économie de
00:50:39marché, en tout cas, pour garder ça de manière la plus efficace possible. On voit bien, comme on
00:50:48disait la dernière fois, il y a des crèmes pour les filles pour ne pas vieillir la journée,
00:50:54pour maigrir la nuit. Oui, on va mettre des crèmes pour les rides pour les hommes, mais parce que ça
00:50:59va augmenter une part de marché. Mais en même temps, pourquoi on ne ferait pas une crème pour
00:51:04les rides, simplement ? C'est vrai. Et puis, c'est très trompeur parce qu'il y a des réelles
00:51:14différences entre les hommes et les femmes, et il y a des fausses différences entre les hommes et
00:51:17les femmes. Il faut tout démêler, en fait, parce que c'est confondu. Il y a des vraies différences.
00:51:22Par exemple, la femme a un plus petit cerveau que les hommes. C'est vrai, mais l'intelligence n'a
00:51:27rien à voir là-dedans. Pourtant, on a longtemps cru que la taille du cerveau faisait. Vous voyez ?
00:51:33Donc, il y a des choses vraies et des choses fausses. Il faut un peu tout remettre dans le
00:51:40bon ordre. Est-ce que vous avez envie d'âger, quand même, d'aller en justice ? Oui. Alors,
00:51:49pour moi, aujourd'hui, c'est extrêmement important, comme je vous disais, de ne pas être
00:51:55une détransitionneuse, mais d'être reconnue comme victime et comme une femme victime. Pour moi,
00:52:01c'est vraiment très, très important. J'encourage vraiment les personnes à aller déposer des
00:52:11plaintes, à s'engager dans des procédures, parce qu'il n'y a vraiment que par ce levier-là que
00:52:20les choses pourront changer, vraiment. Et donc, vous êtes victime de qui ? Parce que pour aller
00:52:25aux sociétés des multinationales, des médecins ? Alors, moi, j'ai porté plainte contre le psychiatre
00:52:33qui m'a diagnostiqué, simplement, parce qu'il y a une erreur de diagnostic. Il y a une erreur
00:52:39de prise en charge sur la durée, c'est-à-dire que pour établir, par exemple, un diagnostic
00:52:45différentiel, on appelle ça, on doit voir longtemps la personne pour vraiment mettre le pour et le
00:52:52contre. Ça, ça n'a pas été fait. C'est ça qui est difficile, c'est comment on conjugue le fait
00:52:58qu'il faut prendre du temps pour être sûr qu'on a pris la bonne décision et traiter le plus
00:53:07rapidement possible pour éviter les souffrances. C'est ça qui est difficile. Oui, mais là,
00:53:14parce que là, on est en train, plus ou moins, d'interdire, les transactivistes refusent les
00:53:23prises en charge psychologiques et psychiatriques. Oui, bon, après, c'est une longue bataille. Ça
00:53:28ne s'est pas venu du jour au lendemain, mais il y a dix ans en arrière, il y avait un protocole et
00:53:32moi, je dis non, je vais me faire enlever les seins. Est-ce que ce n'est pas aussi parce que des gens
00:53:37comme moi sont arrivés en disant, nous, on veut les choses comme ça, que les associations poussent
00:53:46et que les lois se modifient. Et puis, on en arrive aujourd'hui aux simples déclarations. Ça veut
00:53:54dire que vous pouvez aller maintenant, vous-même, aller changer de sexe. Après, vous me disiez,
00:54:00mais les lois ont évolué. Oui, non, les lois ont évolué, c'est à cause aussi de personnes comme
00:54:06moi, etc. Ça, c'est quelque chose, je ne peux pas vous laisser dire ça parce que c'est la responsabilité
00:54:15des scientifiques, des médecins. Vous voyez, éventuellement, des gens qui font les laboratoires,
00:54:24je veux dire, qui sont censés être les sachants, les experts. On sait très bien, dans d'autres
00:54:29circonstances, empêcher les gens de se faire du mal. Quand il y a des enjeux économiques où,
00:54:35vous voyez, on sait très bien vous forcer à mettre votre ceinture de sécurité dans la voiture. On sait
00:54:42très bien vous empêcher de prendre certains médicaments. Il y a certains médicaments qu'on
00:54:48ne peut avoir que sur ordonnance parce qu'ils sont trop dangereux. Ce que je veux dire par là,
00:54:52c'est que je comprends les personnes. On ne peut pas s'empêcher de culpabiliser. Déjà,
00:55:00quand on voit ce qui se passe aux enfants, on sait qu'on a participé à ça, on sait qu'on a convaincu
00:55:06sa famille, ses amis, qu'on a hurlé sur la société. On ne peut pas s'empêcher de culpabiliser
00:55:14quand on voit ce qui se passe, de se dire qu'on a participé à ça et qu'on se sent dépassé et
00:55:21qu'il faut absolument qu'on trouve des solutions pour pouvoir se dire « au moins j'ai fait quelque
00:55:27chose » parce que c'est horrible ce qui se passe actuellement. C'est très difficile de voir qu'on
00:55:35enlève des seins à des jeunes, qu'on enlève des glottes, qu'on enlève des pommes d'Adam,
00:55:43enfin pas des glottes mais des pommes d'Adam je veux dire, parce que pour un homme c'est trop
00:55:48visible. Oui, mais il n'empêche, il n'empêche qu'il y a des sachants, c'est leur responsabilité
00:55:57à eux. Oui, c'est sûr que là on ne sait pas comment on est arrivé là mais on est quand même
00:56:03arrivé là. Je sais que je ne suis pas du tout responsable dans le sens où je suis victime d'un
00:56:13mouvement sociétal, d'une construction psychologique et culturelle, d'un lobbying,
00:56:21donc d'un groupe très puissant. Je sais tout ça mais on culpabilise quand même parce qu'on a
00:56:29participé, parce qu'on a hurlé ses revendications, parce qu'on a été là-dedans, parce qu'on est
00:56:36aussi très frustré de s'être fait avoir, parce qu'il faut vivre avec tout ça. Mais je sais bien
00:56:45que je sais mais c'est comme ça. Oui, c'est-à-dire que tu penses que ça va être un cheminement
00:56:51aussi. Il y a le moment où on sait, puis après il y a le moment où on intègre et qu'on sait
00:56:57réellement. Oui, et puis aussi d'être reconnu. C'est vrai que tant que je n'ai pas eu de
00:57:02reconnaissance de mon pays, c'est aussi difficile. Comment c'est une reconnaissance de votre pays ?
00:57:07Une reconnaissance de mon pays, c'est-à-dire que tant que la procédure judiciaire n'a pas abouti
00:57:13et que je n'ai pas eu de reconnaissance, c'est vrai que pour l'instant je ne suis que ce qu'on
00:57:20dit de moi, c'est-à-dire que les personnes trans disent que je suis une détransitionneuse.
00:57:29Oui, vous avez besoin d'être… Et du coup, on modifie le discours de ma propre expérience.
00:57:36Oui, je comprends. Oui, vous avez besoin d'être reconnu comme victime. D'ailleurs,
00:57:43je vous l'avais dit, c'est vrai que vous avez des… je vais témoigner pour les autres. Vous
00:57:54avez vraiment la réaction, le vocabulaire, donc là même ce besoin d'obtenir justice,
00:58:02vraiment des victimes de crimes. Les personnes que j'ai entendues parler comme ça, et j'en ai
00:58:15entendu beaucoup, ce sont des personnes qui ont survécu à des crimes.
00:58:19Mais ce n'est pas une ablation, ce n'est pas rien. Si j'allais chez le médecin et que je disais
00:58:28« je veux qu'on me coupe le bras ou la jambe », jamais on ne ferait quoi. Et c'est vrai que quand
00:58:34on est dans le truc, on se dit « c'est une torsoplastie », donc on modifie le regard de ça
00:58:42et la manière de l'intégrer. Et quand vous passez d'une torsoplastie à une amputation des seins,
00:58:48ce n'est pas du tout la même optique. Donc c'est vraiment un choc.
00:58:54Oui, mais vous voyez quand je vous dis, vous-même vous le dites, les responsables,
00:59:00c'est les professionnels, puisque vous vous dites « j'aurais demandé à ce qu'on me coupe un bras,
00:59:03on ne l'aurait pas fait ».
00:59:04Oui, c'est clair. Non, mais bien évidemment qu'il y a des responsables, et du coup c'est
00:59:11comme dans toute procédure, il faut trouver les responsables. Il y a forcément des responsables,
00:59:16il y a des victimes. Donc moi, ce statut-là, j'y tiens vraiment. Parce que pour l'instant,
00:59:23on ne fait que discréditer mon histoire en réinterprétant mon expérience en disant que
00:59:28je suis une des transitionneuses.
00:59:29Et là, c'est vrai, il y a des responsables, il y a des coupables.
00:59:32Écoutez, je vous remercie beaucoup. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ?
00:59:42Oui. Ce que je voulais dire, c'est que pour bien montrer que c'est une construction psychologique,
00:59:50comme je vous ai dit avant, on n'est pas toujours un homme. C'est-à-dire que quand
00:59:54on rencontre quelqu'un de nouveau, on n'est pas un homme. Quand on va chez le médecin et qu'on doit
01:00:00se mettre nu, on n'est pas un homme. Quand on sera mort et qu'on sera sur la table du médecin
01:00:04légiste, on ne sera pas un mort, on ne sera pas un homme. Et quand, si on retrouve mes os et qu'on
01:00:13analyse mes os, je ne serai pas un homme. Donc les seuls moments où je suis un homme, c'est dans
01:00:19ma tête à des moments très précis. Est-ce que ça, ça doit suffire à effacer tout le reste ? Il
01:00:28faut vraiment se poser la question. Oui, et puis le chromosome X, le chromosome Y, c'est indépassable.
01:00:40Oui, c'est vrai qu'il y a les chromosomes, mais il y a aussi le fait qu'on fasse de l'archéologie,
01:00:46qu'on retrouve des vestiges de femmes et que grâce à ça, on peut dire que les femmes chassaient
01:00:55comme les hommes. Non, en fait, les femmes, elles faisaient telle chose parce qu'on peut
01:01:01établir en reconstruisant l'histoire. Je pense qu'il faut aussi se poser la question, quand un
01:01:10homme dit qu'il est une femme et qu'il se fait élire en politique, est-ce qu'il y a plus de
01:01:14femmes en politique ? Il faut vraiment se poser la question dans ce sens-là. Là, ce n'est même
01:01:23plus une question de ne pas être discriminant ou de ne pas faire souffrir les gens. C'est vraiment
01:01:27une question de logique. Oui, d'ailleurs, c'est aussi des points qui sont soulevés de la même
01:01:32façon dans le sport. C'est ça, c'est ça. Je ne saurais pas donner une définition de ce que c'est
01:01:38être trans. C'est une personne qui s'autodétermine d'après un ressenti. Effectivement, on n'en a pas
01:01:47parlé, mais ce serait la même chose pour le cas de Michael Jackson ou de Rachel Dolezal. C'est
01:01:53pareil. Est-ce que Michael Jackson, il était noir ou il était blanc ? Il y a des gens qui vous
01:02:01diront que s'il a la conviction profonde, qu'il a le ressenti et qu'il le souhaite, il est blanc.
01:02:08C'est la même chose. Merci Léo. Est-ce que vous avez dit tout ce que vous vouliez dire ? Je crois
01:02:21bien. Merci pour votre témoignage et pour votre courage, parce qu'il en faut beaucoup. Merci de
01:02:33nous avoir suivis sur France Soir. Merci pour votre soutien et à bientôt.