• il y a 4 mois
Vous les avez vus, mais les avez-vous déjà regardés ? Nos billets de banque sont remplis d'éléments de sécurité qui passent sous nos yeux tous les jours sans même qu'on ne les remarque. Fabriquées dans le Puy-de-Dôme au sein de deux sites sous haute sécurité, nos coupures sont un concentré de technologie qui fait de l'euro l'une des monnaies les plus sûres au monde, avec un taux de contrefaçon de 16 faux billets par million en circulation.

Dans cette vidéo C'est Technique, on vous emmène de sas en sas pour vous montrer ce qui se cache derrière ces précieux bouts de papier imprimés.
Transcription
00:00Des billets, on en utilise tous les jours, mais est-ce que vous vous êtes déjà demandé
00:07où ils étaient produits ? Et bien la réponse, c'est ici, on est à Chamalières, l'imprimerie
00:10de la Banque de France, et c'est de là que proviennent la majorité des billets que vous
00:13avez dans les poches.
00:14Ici, jusqu'à 3 milliards de billets sont imprimés chaque année, et ça se passe sur
00:18deux sites hyper sécurisés, dans lesquels on circule de sas en sas, et où on n'accepte
00:22ni portefeuille ni téléphone.
00:24Une sécurité maximale qu'on retrouve aussi à la surface des billets, à condition de
00:29bien les regarder.
00:30Je suis persuadé qu'un pourcentage très très faible de la population est conscient
00:35du niveau technologique qu'il y a dans les billets.
00:37Dans cette vidéo, on va vous montrer comment sont fabriqués les billets, mais aussi ce
00:40qui se cache derrière ces bouts de papier.
00:42Nos euros y viennent principalement d'Auvergne, et plus précisément de deux sites, l'imprimerie
00:56à Chamalières et la papeterie à Vic-le-compte, et c'est à la papeterie dans ce grand hangar
01:01que tout commence.
01:02Tout ce que vous voyez autour de moi, c'est du coton.
01:04Un billet, à la base, c'est ça.
01:06Parce que oui, comme l'écrasante majorité des devises utilisées dans le monde, nos
01:10euros sont imprimés sur du coton, une matière particulièrement souple et résistante dans
01:14le temps.
01:15Avant toute chose, les fibres vont être triées et aérées pour éliminer les contaminants
01:18et les plastiques.
01:19L'intérêt c'est que c'est des fibres courtes qui n'ont plus d'utilité dans l'industrie
01:22textile, en revanche, pour faire des billets, c'est ce qu'il y a de mieux.
01:25Ces machines peuvent traiter jusqu'à une tonne de coton par heure.
01:28Ici, c'est l'atelier Bivis, c'est là qu'on va commencer à nettoyer le coton,
01:32à le blanchir, et on va commencer à préparer la pâte à papier.
01:36Une fois propre, c'est l'heure pour notre coton de se jeter à l'eau.
01:38Et pas n'importe quelle eau, c'est l'eau de l'allier qui passe juste à côté de
01:42la papeterie.
01:43Là, on se trouve au niveau d'une cuve.
01:44Ce que vous voyez là, c'est du coton mélangé à de l'eau et des adjuvants.
01:48Et ça, ça part direction la M3F, l'endroit où on va fabriquer les bobines et en définitive,
01:53les billets.
01:55La première étape, c'est réellement la fabrication de la pâte à papier.
01:58Deuxième étape, la machine à papier, donc c'est là où on est.
02:00C'est la grande spécificité par rapport à une papeterie classique, puisqu'on vient
02:05fabriquer un papier filigrané.
02:06Il est fait sur une forme.
02:08La forme, c'est une sorte de cylindre embossé sur lequel on a du relief.
02:12La pâte à papier, qui est très liquide, va se répandre sur ce cylindre irrégulier
02:16de manière à dessiner un portrait, celui de l'ADS Europe.
02:19Le filigrane, c'est ça.
02:20Et c'est l'un des signes de sécurité les plus efficaces.
02:22A la lumière, les cheveux d'ADS apparaissent en noir, alors que son collier apparaît en
02:26blanc.
02:27Sur une surface noire, c'est l'inverse.
02:28Dans ce papier, on va aussi intégrer le fil de sécurité, spécifique à chaque coupure,
02:32ainsi que des fibrettes.
02:33De petites fibres qui réagissent à la lumière ultraviolette.
02:36L'autre feuille qui s'est formée, maintenant, notre but, c'est de renlever toute l'eau.
02:40La feuille va être pressée, puis séchée sur des cylindres à une température de 120°C.
02:44Alors, il est chaud, faites attention.
02:46Oui, c'est chaud.
02:47Donc là, il est à 0% d'humidité, on a enlevé toute l'humidité quasiment.
02:52On obtient une immense bobine d'un mètre et demi de diamètre, sur laquelle sont enroulées
02:5515 kilomètres de feuilles.
02:57Elle est bientôt finie, la bobine, on va sortir trois bobineaux qui vont aller ensuite
03:00à l'atelier suivant pour être sécurisés et aller à l'atelier de finition pour être
03:05coupés.
03:06Pour sécuriser le papier, on va lui apposer deux bandes.
03:08Au verso, on a la bande iridescente qu'on distingue en inclinant le billet.
03:11Au recto, on retrouve la bande holographique, celle qui brille tout à droite du billet.
03:15Sur cette bande holographique, les reflets sont propres à chaque coupure.
03:19Sur les billets de 20 euros et plus, on retrouve notamment cette fenêtre portrait qui laisse
03:22passer la lumière.
03:23Sur les billets de 100 et de 200 euros, on a aussi cet hologramme particulièrement stylé,
03:28deux symboles euros qui se mettent à tournoyer quand on incline le billet.
03:31Dernière étape, la découpe des bobineaux.
03:33Avec le compte, 90 millions de feuilles sont ainsi produites chaque année.
03:37C'est le 50% du papier en Europe.
03:39Un billet sur deux que vous trouvez n'importe où vient de chez nous.
03:42Une fois découpés, les feuilles qui peuvent contenir jusqu'à 60 billets sont entreposées
03:46ici avant d'être transférées à l'imprimerie.
03:49Ultrasécurisés, ces transferts sont encadrés par les forces de l'ordre.
03:52Les transporteurs viennent à des rythmes aléatoires sans que le personnel de la papeterie
03:55n'en soit informé.
03:56Les palettes sont acheminées sur des itinéraires différents, le but, faire en sorte que personne
04:01ne puisse prédire où se trouve le papier.
04:03Ces grosses palettes de papier, on les retrouve ici à l'imprimerie, c'est ici que le papier
04:07va prendre sa forme finale en passant par 4 étapes différentes qui vont faire de lui
04:11un vrai billet.
04:12Et autant dire qu'il y a de quoi faire.
04:1360 billets multipliés par 12 000 feuilles, multipliés par des coupures de 50 euros,
04:18sous chacune de ces bâches bleues, on a suffisamment de papier pour imprimer 36 millions d'euros.
04:22D'ailleurs à Chamalières, on ne fabrique pas que des euros, l'imprimerie produit
04:26des devises d'une vingtaine de pays différents, dont le franc CFA, utilisé dans 14 pays africains.
04:31En 2020, la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest était même le plus gros client
04:35exportateur de l'imprimerie, à en croire Vincent Bonnier, ancien directeur général
04:39de la fabrication de billets à la Banque de France.
04:41Et le transport de ces billets vers l'Afrique coûte très cher, en 2021, il s'élevait
04:44à 11 millions d'euros.
04:46Mais revenons à nos euros, on va commencer par charger les feuilles dans la machine.
04:50Comme une imprimante classique, il s'agit de bien les aligner pour éviter le bourrage
04:53papier.
04:54Tu pinces avec tes pouces, et tu retires de l'autre sens, et donc là tu vois, t'as
04:58mis de l'air dedans, et là c'est le carnage.
05:02Je ne me reconvertirai pas, c'est raté.
05:05Première étape, on va utiliser plusieurs encres de couleurs pour imprimer le fond des
05:09billets.
05:10Ces encres, elles réagissent différemment aux lumières fluorescentes, ce qui en fait
05:13un élément de sécurité supplémentaire.
05:15Au cours de cette étape, on va aussi ajouter ces petits points-là, et c'est pas juste
05:18pour faire joli, ça, ça permettrait aussi d'éviter la contrefaçon.
05:21Si vous essayez de photocopier un billet, vous risquez d'être un peu déçu.
05:25Pareil sur Photoshop, si vous importez la photo d'un billet, vous obtenez ce message
05:30d'erreur.
05:31Et ça, ce serait dû à ces petits points, qu'on appelle aussi la constellation Orion.
05:34Ni la Banque Centrale Européenne, ni la Banque de France ne communiquent à ce sujet, mais
05:38on retrouve ces constellations sur un certain nombre de devises depuis 1996.
05:42Comme sur le billet de 20 pounds, où ces petits cercles sont camouflés en notes sur
05:45une partition.
05:46Selon Marcus Kuhn, professeur d'informatique à Cambridge, à qui on doit le nom constellation
05:50Orion, un algorithme détecterait des étoiles à 4 branches dans ces nuages de points, ce
05:54qui lui permettrait d'identifier le billet.
05:56Retour à l'imprimerie, une fois l'impression du fond réalisée, on passe à la sérigraphie,
06:01avec une encre très particulière.
06:02Ce que vous voyez là, ça vaut très cher.
06:06C'est cette encre qui va permettre de réaliser le numéro émeraude en bas à gauche du billet.
06:10Ce numéro va changer de couleur selon l'angle de vue, passant du vert émeraude quand on
06:15le regarde de face, au bleu profond quand on le regarde à plat.
06:18Mais ces billets, il manque encore de relief.
06:20Pour obtenir ce toucher particulier, les feuilles sont placées sous une plaque de métal et
06:24subissent une pression de 40 tonnes.
06:25En y ajoutant de l'encre, on obtient un relief, qu'on retrouve sur le montant de
06:29la coupure, mais aussi sur les côtés, avec des lignes à destination des aveugles et
06:33malvoyants.
06:34Le nombre d'espaces entre les lignes permet de différencier les coupures.
06:37Un espace pour les 10 et 100 euros, deux pour les 20 et 200 euros et aucun pour les 5 et
06:4350 euros.
06:44Du relief, on en retrouve aussi au cœur du billet, à condition de bien regarder.
06:47Ces micro-lettres, on les retrouve un peu partout sur nos billets, dans l'ombre des
06:53ponts au verso, dans les arches au recto et même dans les étoiles.
06:57Après 72 heures de séchage, il ne reste plus qu'à numéroter les billets.
07:01Deux codes vont être ajoutés au verso, ils permettent de savoir d'où vient chacune
07:04des coupures.
07:05Si la première lettre est un U, votre billet a été imprimé ici, à Chamalières.
07:09Chaque lettre correspond à une imprimerie.
07:11Un W, ça vient de Leipzig en Allemagne, un E, c'est un billet breton, d'Auberturphie
07:16du Sierre qui est, en France, le seul concurrent de l'imprimerie de Chamalières.
07:19A partir de là, les billets sont quasi prêts, reste à les couper, les compter et les emballer.
07:24Pour éviter toute tentation, les opérations de découpe, d'emballage et de manutention
07:29sont entièrement assurées par des robots.
07:31En bout de ligne, les automates déposent les billets en palettes dans une zone sécurisée
07:35où ils attendent sagement le passage des forces de l'ordre.
07:37Les billets vont ensuite rejoindre les sites de stockage régionaux de la Banque de France,
07:41les banques commerciales vont alors pouvoir emprunter cet argent en fonction de leurs
07:45besoins de liquidité.
07:46Les billets n'entrent réellement en circulation que lorsqu'ils sortent de ces réserves pour
07:51alimenter l'économie réelle.
07:52Et c'est seulement à ce moment-là que ces bouts de papier imprimés prennent leur
07:55vraie valeur.
07:56L'euro est considéré comme l'une des monnaies les plus sûres au monde.
07:59En 2023, on est à 16 faux billets pour 1 million de billets authentiques, un bijou
08:04de technologie qu'on utilise pourtant de moins en moins.
08:06Le nombre de transactions réalisées avec du liquide est passé de 68% en 2016 à 50%
08:12en 2022.
08:13La France fait ainsi partie des pays de la zone euro qui utilisent le moins d'argent
08:18liquide.
08:19Pour autant, la planche à billets n'a pas fini de tourner.
08:20Chaque année, 15% des coupures trop usées doivent être remplacées, notamment les billets
08:25de 5 dont la durée de vie est d'environ 2 ans contre 8 à 10 ans pour les autres
08:29coupures.
08:30D'autant plus qu'une nouvelle génération de billets encore plus sécurisés devraient
08:33voir le jour dans la décennie à venir.
08:35L'objectif, inciter les gens à utiliser des billets plutôt que leurs cartes bleues.
08:39D'ailleurs, la Banque de France est en train de construire une nouvelle imprimerie qui
08:43remplacera le site historique de Chamalières à partir de 2026 pour s'installer directement
08:48à côté de la papeterie de Vic Lecompte.
08:50On aura donc toujours un petit morceau d'Auvergne à glisser dans nos portefeuilles.

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