• il y a 3 mois
La disparition de Patrice Laffont ce matin, après un accident cardiaque, est un choc au coeur de l'été pour tous ceux qui aiment la télévision. Il y a 3 ans, il était invité sur France 2 et il revenu sur les jeux nombreux qu'il avait présenté sur le service public. Avec l'humour et le détachement qu'on lui connaît il avait expliqué, qu'il avait souvent présenté des jeux qui "l'emmerdaient" !

Ajoutant même à propos "Des chiffres et des lettres" : "Franchement après 17 ans d'antenne, j'en avais vraiment marre à la fin".

Après avoir collaboré au magazine télévisé Aujourd'hui Madame, en 1972 il devient célèbre en présentant Des chiffres et des lettres pendant 17 ans, du 4 janvier 1972 au 9 janvier 1989, avant d'en devenir producteur en 2000. Dans les années 1990, il est le maître de Fort Boyard de 1990 à 1999 et l'animateur du jeu quotidien Pyramide de 1991 à 2001. Par ailleurs il commente pour Antenne 2 (devenue France 2), quatre éditions du Concours Eurovision de la chanson : en 1985, 1986, 1993 et 1994.

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Transcription
00:00Vous vouliez devenir comédien à l'origine ?
00:02Absolument, absolument.
00:03C'était ça qui vous coulait dans les rêves ?
00:04Il n'y avait que ça, il n'y avait que ça.
00:07J'étais, paraît-il, dès que j'avais l'âge de 5 ans,
00:10je refaisais, c'est le début de ma vocation,
00:13on allait à la messe le dimanche dans ma famille
00:16et je refaisais le sermon du curé après le repas.
00:21Avec un certain talent.
00:22J'ai du mal à t'imaginer.
00:24Pas du tout, je suis désolé.
00:25Et voilà, c'est parti comme ça.
00:27Et donc des cours de théâtre,
00:29vous avez eu des rencontres avec vos frères d'armes à l'époque
00:32avec lesquels vous avez, je crois, partagé des moments de complicité fort.
00:35Michel Sardou, c'est ça ?
00:36Oui, ils sont arrivés, Michel Sardou et Michel Fugain,
00:39en même temps dans le cours de dramatique dont j'étais un peu,
00:42on appelait ça vedette de cour,
00:43ça faisait 3 ans que j'y étais, j'avais une bouteille,
00:46je connaissais un petit peu les ficelles de tout ça.
00:49C'était la vedette un peu.
00:50Un petit peu.
00:51Et Armand Jameau m'a dit, prends ces deux-là et monte-leur une scène.
00:54Donc je leur ai monté une scène de Tennessee Williams,
00:57c'est vraiment la peau de serpent.
00:59Et puis, très vite, on est devenus potes
01:02et on n'a plus du tout parlé de théâtre.
01:05On jouait aux cartes, on bouffait des pâtes, enfin ados à l'époque.
01:08Chez Sardou, qui était le seul à avoir un appartement convenable,
01:11on avait plutôt des chambres de bonne, comme on disait à l'époque.
01:14Et puis voilà, c'est parti comme ça.
01:15Et vous avez commencé à lui écrire des chansons ?
01:17Bah c'est-à-dire que Michel Sardou, lui, finalement, il y est revenu depuis,
01:20mais le théâtre, ça ne m'intéresse pas trop, je voudrais chanter.
01:22Oui, d'accord, mais tu as des matériels.
01:24Bah non, Fugain lui a dit, tu sais, moi, il y a longtemps que je gratte
01:28et que je fais plein de mélodies et tout, mais qui va écrire des paroles ?
01:32Mais avec moi, je n'avais jamais écrit de paroles de ma vie,
01:35et c'est parti comme ça.
01:36Et vous avez écrit combien de chansons alors pour Michel Sardou ?
01:38Dizaines, qui malheureusement n'ont pas marché du tout.
01:41Sinon, je suis désolé, je ne serais pas là,
01:43je serais dans ma propriété à l'Espagne-France.
01:46Mais pourquoi vous n'avez pas persévéré dans cette carrière de parolier ?
01:49Parce que je pensais que ce n'était pas un métier.
01:51Ah bon ?
01:52Parce que souvent, on écrivait des chansons dans un restaurant,
01:55sur un bout de papier, vous savez, des nappes en papier de l'époque.
01:58Je me suis dit, mais ce n'est pas un métier, ce truc-là.
02:00Quelle erreur j'ai faite.
02:01Ah, c'est vrai, vous le pensez de temps en temps.
02:03Si j'étais resté parolier, peut-être qu'aujourd'hui,
02:05je serais donc dans ma propriété, sublime.
02:07Absolument.
02:08Alors, comment vous avez débarqué à la télévision,
02:10entre ces moments où vous mangez des pâtes à Michel ?
02:12C'est formidable que je considère que mon deuxième papa,
02:14en tout cas mon papa de télé, monsieur Armand Jameau…
02:16Célèbre producteur de télévision.
02:17C'est un célèbre inventeur des dossiers de l'écran
02:19et entre autres des chiffres de lettres.
02:20Et qu'un jour, connaissant mon père,
02:22ça se passe toujours un peu par relation, je ne vais pas le nier.
02:26Il m'a dit, il vient, il parlait comme ça,
02:29il m'a dit, coucou, si tu faisais un petit tour
02:33dans une émission que je vais faire,
02:34qui s'appelle aujourd'hui « Mode homme »,
02:35je lui écoute moins la télé, ça ne m'intéresse pas vraiment.
02:37J'y suis allé, j'ai porté les cafés, j'y étais assistant,
02:39puis peu à peu, il m'a mis à l'antenne.
02:41Ça serait trop long.
02:42Mais non, ce n'est pas trop long puisqu'on est là pour ça.
02:43Et à l'antenne, vous ressentez quoi ?
02:45Vous ne vous inquiétez pas, c'est mon travail maintenant ici.
02:47Non, non, vous ne vous inquiétez pas.
02:49Quand on change et que je vous interviewe, on va monter au rang.
02:51Un jour, on le fera.
02:52Mais en fait, je dis ça parce que c'est vrai que vous auriez aimé faire un talk show.
02:55On plaisante, on plaisante, mais vous auriez aimé faire ce genre d'émission.
02:57J'adorais que ça.
02:58Et pourquoi ?
02:59Je pense que je vais arrêter ma carrière à cause de ça.
03:01À quel moment vous vous êtes dit que vous aviez cette fibre là
03:03de présenter un talk show
03:04et pourquoi vous avez été embarqué vers d'autres choses ?
03:06Je me suis toujours dit, parce que j'ai commencé,
03:07Armand Jameau m'a mis sur les chiffres et lettres.
03:09Il voulait un type jeune, pas trop mal.
03:11Dans son équipe, il n'y avait à peu près que moi
03:13parce que c'était tous des vieillards.
03:15Non, j'exagère.
03:17Mais je me suis retrouvé à présenter des jeux.
03:19Il se trouve que les jeux que j'ai présentés ont marché.
03:21Alors, avais-je du pif ou est-ce que c'était un coup de bol dément ?
03:25Et peu à peu, vous savez comment ça se passe,
03:27surtout en France, quand vous avez une étiquette,
03:29on ne vous l'enlève pas facilement.
03:30Donc, je suis devenu présentateur de jeux.
03:32Et j'ai fait plein de jeux qui ont tous marché
03:34et qui ont duré très longtemps.
03:36Lesquels vous avez pu vous épanouir ?
03:38Pas toujours, non.
03:40Nous, on s'est emmerdé très vite.
03:42Les chiffres et les lettres, notamment, ça vous a emmerdé ?
03:44Oui, au bout de 17 ans.
03:46Je veux bien, mais au début ?
03:48Au début, ça m'a amusé moyennement.
03:50Les deux jeux qui m'ont passionné, c'est Fort Boyard,
03:52parce que je crois avoir créé un peu un style d'acteur-animateur.
03:58Et puis, c'était tellement extraordinaire.
04:02La mécanique de pyramide m'a passionné.
04:05Je jouais plus que je me présentais, d'ailleurs.
04:07Vous jouiez en même temps que les candidats ?
04:09En même temps, et quelques fois, la caméra revenait sur moi,
04:11je ne savais plus quoi dire, parce que j'étais en train de me dire,
04:13mais pourquoi il a fait ça ? Il n'aurait pas dû faire ça.
04:15Je jouais.
04:16J'adorais. Vous vous souvenez de Pyramide, Laurent ?
04:18En deux ?
04:19Moi, c'était mes pauses de révision de médecine.
04:21C'est vrai, pour jouer à Pyramide.
04:23Je suis psychiatre, je suis venu vous psychanalyser.
04:25C'est vrai que je ne vous ai pas dit qu'il est professeur en psychiatrie, Laurent.
04:29Il est là pour analyser le fait que vous n'aimiez pas vous regarder à l'antenne,
04:33le rapport à la notoriété, tout ça, on va en parler.
04:35C'est intéressant, vous ne me l'avez pas dit.
04:37Pardon, c'est une erreur.
04:39Il est incontournable.
04:41Vous avez aimé, parce que là, vous me dites oui, je me suis laissée embarquer.
04:45Vous avez pris du plaisir avec Pyramide et avec Fort Boyard.
04:48Les grands plaisirs, oui.
04:49Mais surtout avec les émissions que j'ai produites, inventées et produites,
04:52qui n'ont pas été connues, vous ne les connaissez pas, vous n'étiez pas nés.
04:55Mais en 70, un magazine de l'après-midi pour les jeunes,
05:01qui s'appelait 1 sur 5, générique de Daniel Malavoine.
05:04Je le cite toujours parce que ça m'est resté.
05:06Et puis après, une grosse émission de direct que j'ai tournée,
05:10que j'ai produite pendant deux ans, qui s'appelle « Mes vues, mes raisons »
05:13et qui sont mes deux meilleurs souvenirs, parce que finalement,
05:16je préfère être producteur que présentateur.
05:18Tu oublies que maintenant, tu es producteur de lettres et que ça te passionne.
05:24Je voulais dire que tu étais très content de travailler avec moi.
05:27Non, mais on voit qu'en tant que producteur, ça t'intéresse.
05:32Ah, donc c'est lui qui vous paye.
05:36Non, je plaisante.
05:39Si je l'ai payé, ils seront nettement mieux payés qu'ils ne le sont pas.
05:42C'est un autre débat. Vous avez présenté les amours également.
05:46Absolument.
05:47Quels souvenirs vous en avez, Patrice ?
05:49J'en ai un très bon souvenir parce que c'est après les chiffres à lettres
05:52qui étaient à l'époque une espèce de grande messe un peu lourde.
05:56Tout d'un coup, je me retrouvais les amours.
05:58C'est l'ancêtre de l'émission, comment il s'appelle,
06:02qui présente maintenant ?
06:04Bruno Guion.
06:06D'abord, c'est marrant à faire.
06:09Je pouvais dire des choses que j'avais envie de dire
06:11parce que les chiffres à lettres, dès que je faisais un truc
06:13qui sortait des grottes des rails, je me cognais méchamment.
06:17Le mot « les lettres », cette émission est un examen
06:23et vous êtes un examinateur.
06:24Vous êtes un examinateur. Fermez votre gueule.
06:26Je le dis sincèrement, j'ai reçu plusieurs lettres comme ça.
06:28Donc, on vous engueulait en fait.
06:30On m'engueulait. C'était méchant.
06:32On vous empêchait d'être vous-même.
06:34Exactement. Dans « Les mariés de la deux », tout d'un coup,
06:37j'ai pu parler de mon expression, déconner et tout.
06:40Il y avait un truc en plus qui était très sympa.
06:42C'était des couples.
06:44Quand ça marchait bien, ils étaient tout le temps dans les bras l'un de l'autre.
06:48Après l'émission, ils restaient comme public.
06:51Et quand ça marchait moins bien, qu'ils s'étaient engueulés et tout,
06:54les femmes et les hommes se séparaient.
06:56Ils étaient chacun d'un côté du public.
06:58Mais pourquoi vous aimez bien ça ?
07:00Je draguais un peu.
07:03Vous avez emballé, pardon, excusez-moi, je ne devrais pas dire ça,
07:06mais vous avez séduit des candidates, ex-candidates, des amoureux avec leurs amoureux ?
07:10Oui, quelques-unes, oui.
07:11Mais non !

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