• l’année dernière
Ce n'est pas le tsunami qu'il espérait, mais en remportant les élections européennes puis en passant de 88 à 143 députés en comptant ses alliés, le Rassemblement National est à marée montante. Avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2027, il espère demain tirer profit du paysage politique singulier qui se dessine en France.
Pour comprendre et analyser sa montée en puissance, mais aussi pour expliquer son échec au second tour des législatives, LCP s'est plongé au coeur de la machine Rassemblement National de septembre 2023 à juillet 2024.
Coulisses des débats télévisés, plongées dans les meetings et les déplacements de campagne : LCP vous raconte comment le RN fait campagne. Mais au-delà des élections, ce document propose une analyse plus large sur la progression du RN et le fameux plafond de verre qui continue de le freiner.

Chaque mois, LCP le Mag vous plonge dans l´application des lois, les grands dossiers d´actualité qui font débat à l´Assemblée nationale ou les coulisses des campagnes électorales.

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News
Transcription
00:00...
00:03Ils étaient 8 députés en 2017,
00:06puis 88 en 2022.
00:09En 2024, ils sont 126,
00:12143 en ajoutant leurs alliés.
00:15Le Rassemblement national
00:17poursuit sa montée en puissance à l'Assemblée.
00:20Applaudissements
00:23Nous sommes la 1re force parlementaire du pays.
00:25Le 1er parti
00:27en nombre de députés
00:29...
00:31Récits, coulisses
00:34et analyses d'une folle année de campagne
00:36où la machine RN a longtemps semblé irrésistible.
00:41Il y a une barbe à la manière.
00:42Il faut se dire que c'est une machine de communication.
00:46Il est maintenant l'heure de regarder...
00:48Avant de caler dans la dernière ligne droite.
00:51...
00:53Il y avait des candidats qui n'ont pas été à la hauteur,
00:56mais aussi quelques candidatures qui ont posé problème.
01:00Si la vague RN n'a pas encore emporté
01:03toutes les digues dressées contre elle,
01:05à 3 ans des présidentielles,
01:08le Rassemblement national reste aujourd'hui...
01:10à marée montante.
01:13Musique pesante
01:15...
01:17Réunions, chants de la foule
01:19...
01:22Ce jour-là, la grande famille Rassemblement national
01:26est au complet
01:27pour afficher sa puissance.
01:29...
01:33Septembre 2023, dans le Gard,
01:36le parti organise ses estivales,
01:39un moment de rencontre entre élus et militants.
01:42Les leaders déambulent dans des stands
01:45aux couleurs des régions françaises.
01:47...
01:52Entre selfies...
01:54...
01:55et dégustations.
01:56C'est léger, tu me l'as fait les cheveux.
01:59Rires
02:00Aux arènes de Bocaire,
02:02les 88 députés du parti occupent les premiers rangs.
02:05Élus un an plus tôt,
02:08ils sont devenus la vitrine
02:10et le symbole d'un RN qui apparaît plus fort
02:13et plus normalisé que jamais.
02:16...
02:1988 députés, ça change tout.
02:22C'est ainsi que Marine Le Pen le considère.
02:25Ca permet de montrer
02:26ce que pourrait être un futur gouvernement RN.
02:30Ca permet de montrer des visages
02:32et, espère-t-il, des compétences.
02:34Ca change l'image du RN, qui devient un parti,
02:37pas encore de gouvernement, mais de parlement.
02:41C'est la stratégie de la cravate.
02:43C'est la volonté, dès 2022,
02:45de faire attention à la façon dont ils sont habillés,
02:48à la façon dont ils vont s'exprimer,
02:50d'éviter tout débordement
02:52pour apparaître comme un parti propre sur lui,
02:55avec des gens qui sont capables d'être en responsabilité,
02:59donc presque capables de main de gouverner.
03:01...
03:02Dès la fin de l'été 2023,
03:04le parti a ciblé un rendez-vous électoral majeur,
03:07les élections européennes.
03:09Alexandre Loubet, 29 ans, député de Moselle,
03:13sera directeur de campagne.
03:14Il a fait ses classes auprès du souverainiste Nicolas Dubont-Aignan.
03:18Sa stratégie ? Démarrer la campagne très tôt
03:21et en dramatiser les enjeux.
03:23Le 9 juin 2024.
03:25Acclamations
03:27...
03:28On a neuf mois pour en faire un jour de mobilisation.
03:32Un rendez-vous démocratique
03:34dont nous tous, ici présents,
03:36nous souviendrons de longues années.
03:39Acclamations
03:41...
03:42L'intérêt, il est double.
03:43Évidemment, c'est affaiblir la macronie
03:46et apparaître plus que jamais comme le premier opposant.
03:49Le deuxième enjeu, c'est la préparation de 2027,
03:51l'arène des élections.
03:53Les européennes doivent être l'un des jalons
03:55pour la course à l'Elysée de 2027 pour Marine Le Pen.
03:58Musique douce
04:00Huit mois après Bocaire,
04:02le RN ne donne aucun signe d'essoufflement.
04:04...
04:06Jordan Bardella, tête de liste du parti,
04:09arrive sur de lui dans les studios d'RTL.
04:12Nous sommes à un mois des élections
04:14et le rythme de la campagne s'accélère.
04:16Je suis fatigué, alors.
04:18J'ai trop faim.
04:19En permanence à ses côtés,
04:20Alexandre Loubet est aux manettes.
04:23...
04:24J'ai lu l'interview d'Emmanuel Macron.
04:26Pas un mot sur l'insécurité,
04:28pas un mot sur l'immigration en dehors du passage vers Marseille.
04:31J'ai vu, ouais.
04:32...
04:35Dans quelques minutes, un grand débat en direct
04:38va opposer les principales têtes de liste.
04:40Jordan Bardella est loin devant dans les sondages.
04:44On est la voiture de tête,
04:46donc on a tout le peloton derrière.
04:48La moindre erreur peut coûter très cher.
04:50Voilà, c'est un chemin de croix, la politique.
04:53Quand vous êtes donné en tête, il faut non seulement convaincre,
04:56mais en plus éviter les pièges.
04:58Au-delà des pièges politiques,
05:01le candidat s'inquiète aussi de sa chemise.
05:05C'est très bien.
05:06C'est des suédoises, mais je les fous une fois à la machine.
05:09C'est bien.
05:10Le problème de s'habiller quand on est grand,
05:13c'est qu'on ne trouve jamais les bonnes tailles.
05:16Musique douce
05:18Jordan Bardella et son équipe
05:20viennent ensuite découvrir le plateau télé.
05:24...
05:26Vas-y, attends.
05:27...
05:29Dans ces moments-là, chaque détail compte.
05:32C'est bizarre, les caméras, tu les as là.
05:34Y en a que deux.
05:35Si je veux parler à Marion, on va se retourner comme ça.
05:38Pour débattre, c'est étrange.
05:40Là, vous avez le temps.
05:42La politique, c'est de l'image.
05:45Et Jordan Bardella prend toujours soin de la sienne.
05:49...
05:51Comme beaucoup de gens de 28 ans,
05:53il fait extrêmement attention à ce que rien ne dépasse,
05:56à ce que la mèche soit parfaitement gominée.
05:59Ca peut paraître futile, mais lui est convaincu
06:02que ce sont ces détails-là qui font la différence.
06:05Je dis à tous les Français, vous aimez la France.
06:07La France est aujourd'hui menacée de disparition.
06:10Sa voie est en train de s'éteindre. Allez voter pour la sauver.
06:13Jordan Bardella a eu ce qu'on appelle des médiatrainings.
06:16Il a été dans une salle où des gens l'ont entraîné
06:19pour que, dans toutes les situations,
06:21il puisse justement ne jamais être pris au dépourvu.
06:25Un énorme travail a été fait en termes de communication.
06:28Il faut se dire que c'est une machine de communication.
06:31...
06:33Loin des studios parisiens,
06:35la Moselle.
06:37Pour remporter une élection,
06:39il faut aussi arpenter la France,
06:41y compris là où l'ERN n'a pas toujours été le bienvenu.
06:45...
06:48Alexandre Loubet a organisé, dans sa circonscription,
06:51la visite d'un site industriel,
06:54la dernière centrale à charbon de France,
06:56à Saint-Avold.
06:57Comment ça va, Didier ? Ca va ?
06:59Salut.
07:00Messieurs, bonjour.
07:01Bonjour, messieurs.
07:03Merci de nous accueillir.
07:05Sincèrement, y a Jordan Bardella qui arrive dans 2-3 minutes.
07:08Y a même pas 2-3 minutes. Il est là.
07:12Le site doit être reconverti en centrale à biomasse
07:16pour produire de l'hydrogène.
07:17Président.
07:18Mais le projet patine et les salariés sont inquiets.
07:21Ferrar, leurs représentants ont accepté cette rencontre.
07:25L'ERN a pourtant longtemps été tenu à l'écart des usines
07:29par les syndicats.
07:30...
07:34Je vous cacherai pas, vous avez une réputation assez sulfureuse.
07:38A titre personnel,
07:40je pense qu'on partage pas forcément toutes les mêmes idées.
07:44On s'attend plutôt à ce que ce soit la majorité présidentielle
07:47qui porte ce genre de projet et vous qui soyez contre.
07:51Je suis désolé.
07:52Je suis pour, en fait.
07:54Je pense que l'Europe a fonctionné quand c'était l'Europe des projets.
07:57C'est l'Europe d'Ariane, d'Airbus.
07:59C'est l'Europe où on se met autour de la table.
08:02Ici, je pense que sur l'hydrogène, c'en est un.
08:05Donc, eux, les blocages sont incompréhensibles.
08:07Toutes les têtes de liste ont été invitées,
08:10mais Jordan Bardella est le premier à s'être rendu sur place.
08:13Je trouve que c'est très bien, qu'elle soit venue, c'est bien.
08:16Il faut laisser un peu sa chance à tout le monde.
08:19Qu'est-ce que tu veux, Jordan ? Plutôt merguez ? Saucisse blanche ?
08:22Plutôt saucisse blanche. Voilà.
08:24Aux côtés du candidat, les députés ERN de Moselle jubilent.
08:28Ce sont eux qui ont rendu possible cette visite.
08:31...
08:34Je suis député de Saint-Avold.
08:36Donc, j'ai été amené à tisser des liens, des relations
08:40avec plusieurs salariés, à rencontrer la direction plusieurs fois
08:43de cette usine, qui est quand même un symbole majeur
08:46de la région et du département.
08:48Musique douce
08:51Grâce au travail de ces députés en circonscription,
08:54l'ERN tisse patiemment sa toile
08:56pour pénétrer toutes les strates de la société.
08:59...
09:02L'ERN a toujours eu une implantation locale extrêmement faible.
09:05Donc, ces nouveaux députés, ils sont providentiels.
09:08D'abord, ils sont reçus par les notables de leur circonscription,
09:12de la préfecture, au club-service,
09:15à l'association d'entrepreneurs du coin,
09:18toujours avec la stratégie de la cravate,
09:20toujours avec une forme de respectabilité irréprochable.
09:24...
09:26Après la visite d'usine, le déplacement en Moselle
09:29se conclut par un meeting.
09:31...
09:34Les militants sont venus en ombre pour écouter et voir
09:38le phénomène Jordan Bardella,
09:40dont la cote ne cesse de grimper.
09:43...
09:44J'avais envie de le voir, ce jeune homme qui est très ambitieux,
09:48qui plaît aux femmes, naturellement.
09:50Il sort du lot, en ce moment. Il a un sacré avenir.
09:53...
09:54Il y a clairement eu une Bardella mania,
09:57quand on va dans les meetings.
09:58Les gens veulent le voir comme une pop star,
10:01mais quand on l'écoute, c'est le seul qu'on comprend.
10:04On comprend quand il parle, ses phrases sont simples.
10:06Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas vu,
10:09dans le paysage politique français,
10:11un lien entre une personnalité politique et son public,
10:14ses groupies, même, parfois.
10:15...
10:16Mais Jordan Bardella ne sera pas la seule star de la soirée.
10:20Une invitée qui n'était pas annoncée
10:24débarque au meeting.
10:25...
10:28Il a surpris, il a touché !
10:30Marine Le Pen ne s'efface pas pendant cette campagne.
10:34Merci d'être là, Marine.
10:36Merci beaucoup d'être là.
10:37Hors de question de laisser toute la lumière
10:41à Jordan Bardella.
10:42Je suis contente d'être là. J'aime beaucoup cette région.
10:45Moi, j'y étais beaucoup.
10:47Rires
10:48...
10:51La vraie patronne du RN, c'est encore elle.
10:54C'est un immense honneur, c'est une grande fierté.
10:57Mais c'est aussi son bilan.
11:00...
11:03C'est gentil.
11:04On avance, pas à pas, et on essaie
11:07d'être au milieu des Français, de leur ressembler.
11:10Je pense que c'est ce qui fait de nos singularités, d'ailleurs.
11:13...
11:14La politique, c'est une affaire d'égo.
11:17Quand vous avez une femme et un homme
11:19qui arrivent à un tel niveau de popularité,
11:21parce que c'est de ça dont il s'agit,
11:23les égos s'affrontent pour savoir qui peut être le champion.
11:26Faites pas de politique si vous n'estimez pas le meilleur.
11:29Eux affirment, assurent qu'il n'y a aucune rivalité.
11:32Très objectivement, depuis que ce duo a été mis en place,
11:35on ne peut pas les prendre en flagrant délit
11:38de friction ou quoi que ce soit.
11:40Sur la fin de la campagne des Européennes,
11:44Bardella est tellement haut dans les sondages
11:46que peut-être Marine Le Pen a-t-elle cru utile
11:48de se rappeler à son bon souvenir.
11:50Applaudissements
11:51Porté par son duo, le RN survole ses adversaires
11:55dans tous les sondages, jusqu'au jour du vote.
11:58...
12:00Soirée électorale au bois de Vincennes.
12:03Le parti a invité des élus et des militants
12:05à célébrer le triomphe annoncé.
12:08...
12:09Ambiance sereine, les premières remontées
12:12sont conformes aux attentes.
12:14...
12:173, 2, 1 !
12:19...
12:26Avec 31,37 % des suffrages,
12:29la liste du RN est très loin devant toutes les autres.
12:32C'est une victoire extrêmement large
12:34qui montre que le parti est présent dans toute la France
12:38et que les électeurs ont voté massivement pour lui.
12:41Le président de la République doit choisir
12:44de s'en remettre à l'esprit des institutions.
12:47Nous lui demandons solennellement
12:49d'organiser de nouvelles élections législatives.
12:52...
12:55Jordan Bardella croit-il vraiment
12:57que cette demande sera exaucée ?
12:59Sans doute pas.
13:00Mais quelques minutes plus tard,
13:02le président de la République prend à son tour la parole.
13:05J'ai décidé de vous redonner le choix de notre armée.
13:09...
13:13Dissolution ! Dissolution !
13:16Aussitôt, les cadres du parti s'activent.
13:19Ils comprennent qu'une nouvelle campagne express
13:22vient de commencer.
13:23A l'étage, Alexandre Loubet,
13:26le député directeur de campagne,
13:28quitte les lieux dans la précipitation.
13:31Direction le siège du parti
13:33pour une réunion de crise.
13:35...
13:36On repart en campagne
13:37et les Français ont enfin la possibilité de se prononcer.
13:41Voilà. Donc, sincèrement, de l'excitation.
13:43Parce que là, on vit un moment historique
13:45et je crois qu'on peut participer
13:47de réécrire l'histoire de la Vème République
13:50et peut-être amorcer le redressement du pays.
13:53La nuit sera très courte.
13:55En tout cas, il faudra m'y rendre. Merci.
13:58...
14:01Le RN doit alors montrer sa capacité à réagir très vite.
14:05Les discussions entre cadres du parti
14:07se poursuivront jusqu'à 3h du matin.
14:10L'état-major le promet.
14:11Tout est prêt pour repartir à la bataille.
14:14C'est ce qu'il raconte à la presse, publiquement.
14:16Nous sommes prêts, nous avons un plan,
14:18le plan Matignon.
14:20La formule célèbre, c'est nous n'avons qu'à appuyer
14:22sur le bouton et tout se mettra en place comme par magie.
14:26Le plan Matignon du RN,
14:27c'est surtout un plan de communication.
14:29C'est la méthode couée,
14:31c'est pour se persuader qu'on est prêts
14:33et les autres qu'on l'est.
14:34Je suis convaincue qu'ils étaient pas prêts, comme ils le disent.
14:38Ce plan Matignon, personne de la presse
14:40ne l'a jamais réellement vu.
14:42Alors qu'il existe, c'est entendu,
14:44mais c'était davantage une ébauche
14:46qu'un véritable plan d'action
14:48pour mener une campagne des législatives
14:50d'à peine trois semaines.
14:51Musique douce
14:53Le RN, comme tous les partis,
14:55n'a pas réellement anticipé cette dissolution.
14:58Qu'importe, il faut aller vite,
15:00dans un paysage politique en pleine recomposition.
15:02Une course aux alliances s'engage,
15:05et le parti, fort de ses bons résultats,
15:08va enregistrer un soutien de poids.
15:10Musique douce
15:12Le président des Républicains, Eric Ciotti,
15:14choisit de rompre le cordon sanitaire
15:16qui séparait la droite républicaine de l'extrême droite.
15:20Les Français voient les difficultés de pouvoir d'achat,
15:24ils voient l'insécurité,
15:25ils voient la submersion migratoire,
15:27et ils veulent des réponses.
15:29Chez les europénistes, on est ravis.
15:31C'est la première fois dans l'histoire du RN et du FN
15:33qu'une alliance est nouée avec un parti de la droite républicaine.
15:37Objectivement, à fait inédit, on peut imaginer un résultat inédit.
15:41Ce qui se passe avec Eric Ciotti
15:43montre que les digues, elles s'écroulent,
15:45parce que c'est pas juste Eric Ciotti,
15:48c'est le président des Républicains,
15:50qui est un groupe pourvoyeur de présidents de la République.
15:54Musique intrigante
15:56Malgré la ferme condamnation de cette alliance
15:58par presque tous les cadres des Républicains,
16:01dans une soixantaine de circonscriptions,
16:03des candidats sont investis
16:05sous la double bannière LR-RN,
16:08une première.
16:09Guillaume Carillon, 25 ans,
16:11proche d'Eric Ciotti et président des jeunes Républicains,
16:15fait partie de ces candidats.
16:17Il faut vraiment que chacun des gens se soivre,
16:20chaque personne se soira,
16:21et il se préoccupe pour dimanche prochain.
16:23Dans son appartement de Lavore, dans le Tarn,
16:27il est à pied d'oeuvre avec son suppléant.
16:30Il faut essayer de leur dire d'aller sur tout le canton,
16:33pas seulement Lavore.
16:34C'est lesquels, les plus favorables ?
16:36Euh...
16:37Mairie.
16:38...
16:41Pour préparer ses déplacements de campagne,
16:44le candidat enchaîne les coups de fil
16:46aux maires de la circonscription.
16:48Je suis candidat pour les initiatives anticipées.
16:51Le RN soutient,
16:53on a le soutien de Ciotti, président de LR.
16:56Je peux proposer à tous les maires de la Comcom...
16:59Ouais, OK, je fais ça.
17:01Tu penses que je peux passer à Saint-Germain ?
17:05Vendredi, 14h ?
17:07OK.
17:08OK.
17:09Les Républicains ont des réseaux locaux solides,
17:12notamment auprès des élus.
17:14Une aubaine pour le RN,
17:16qui a souvent du mal à obtenir publiquement leur soutien.
17:19Je suis pas étiqueté juste candidat investi par le RN.
17:23Je suis représentant d'une coalition
17:26avec plusieurs partis, dont le RN.
17:28Ca rassure beaucoup de maires
17:30qui n'ont pas l'étiquette RN,
17:32qui n'ont pas envie d'avoir l'étiquette RN.
17:34Ils me soutiennent, mais ils diront pas
17:36que je soutiens le RN, la personnalité de Guillaume Carayon.
17:40C'est la différence.
17:41Sur le papier,
17:42cette union des droites est séduisante pour le candidat,
17:45mais reste à voir son effet sur les électeurs.
17:49Dans un quartier populaire d'Ossillon, près de Castres...
17:53Je peux vous en laisser un ?
17:55Je suis candidat de la droite, soutenu par le RN.
17:57Guillaume Carayon récite sans sourciller
18:00le parfait argumentaire du candidat RN.
18:03Nous, dans le programme, on a mis les trois priorités.
18:05C'est un, la question du pouvoir d'achat.
18:08Deux, la question de la sécurité.
18:10Ah, putain, putain, putain, putain...
18:12Et trois, la politique migratoire,
18:13parce qu'elle n'est pas du tout contrôlée aujourd'hui.
18:15Il faut que les souverainistes, les patriotes,
18:17on s'associe tous.
18:18Bonjour.
18:20Bonjour.
18:21Vous voulez pas nous serrer la main ?
18:23Non, barrage à l'extrême droite.
18:25On veut pas te serrer la main, tu sais quoi ?
18:27On veut pas de fascisme dans nos mains, c'est tout.
18:29Votre comportement, il est rejeté par les gens.
18:31De pas serrer la main des adversaires, c'est ridicule.
18:32Vous êtes LR, monsieur, au départ.
18:34Ben oui, je suis LR, justement, c'est la droite.
18:36C'est la droite gaulliste. On n'arrivera pas à se convaincre.
18:38OK, OK, c'était intéressant.
18:40Bon, il y a beaucoup d'extrêmes gauches, là.
18:42Alors, je leur dis non à moi, alors sûrement pas, sûrement pas.
18:45Je leur dis pas ça.
18:46Si on transforme les sièges, on a la majorité
18:48et on pourra changer les choses, quoi.
18:49Tout à fait.
18:51La majorité absolue dont rêve désormais le RN
18:55est-elle un objectif réellement atteignable ?
18:58Réponse dans quelques secondes.
19:05Et c'est donc le Rassemblement national et ses alliés
19:07qui arrivent en tête de nos estimations...
19:09Au soir du premier tour,
19:10la vague amorcée par les Européennes se confirme.
19:13Et les premières projections n'excluent pas
19:16que le RN puisse gouverner au soir du second tour.
19:19Tous les signaux, ils étaient ouverts.
19:20Ils se sont enfermés dans la bulle où ils se disaient,
19:22c'est mathématique, on va forcément gagner
19:24puisqu'on est déjà sur une courbe qui est très forte.
19:28Ils parient que la dynamique qui leur est favorable
19:31sera plus forte que tout.
19:32Et c'est vrai qu'une vague lancée généralement
19:35atterrit encore plus haut au deuxième tour qu'au premier.
19:40Mais la vague RN voit très vite se dresser face à elle un barrage.
19:44Le front républicain, construit très rapidement
19:47par la gauche et la majorité sortante.
19:51Nulle part, nous ne permettrons au RN de l'emporter
19:56et c'est pourquoi,
19:58dans l'hypothèse où il serait arrivé en tête
20:00tandis que nous ne serions qu'en troisième position,
20:04nous retirerons notre candidature.
20:07Applaudissements
20:11L'issue du second tour va se jouer dans les nombreux cadres triangulaires
20:16que les désistements républicains ont transformés en duels.
20:21C'est le cas dans la deuxième circonscription d'Eure-et-Loire.
20:25Le député sortant, Olivier Marlex,
20:27était le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée
20:30lors de la dissolution.
20:33Je pense que le RN est un marchand d'illusions.
20:35Il accuse plus de 12 points de retard sur le RN
20:38mais bénéficie du désistement de la candidate socialiste.
20:42Je ne peux pas croire qu'un électeur de gauche,
20:45entre le RN et moi,
20:47dise que c'est bonnet blanc et blanc bonnet.
20:49Et vous, par exemple, est-ce que vous l'avez fait en 2022 ?
20:52En 2022, oui, j'avais expliqué très clairement
20:55que mon choix n'était évidemment pas...
20:57Enfin, que c'était non à Marine Le Pen, oui.
21:01Vous avez voté Macron ?
21:02Non.
21:03Je crois que j'ai voté blanc,
21:05mais je vais dire en tout cas qu'on ne vote pas Marine Le Pen.
21:10Le Front républicain n'est pas vraiment
21:12dans la culture politique de la droite.
21:15Adreux sait aussi ce que perçoit la candidate du Front populaire,
21:19qui s'est désistée, pour Olivier Marlex.
21:22Il vous a jamais appelé ?
21:23Jamais.
21:24Il vous a envoyé un SMS ?
21:26Non plus.
21:27Ce n'est pas pour soutenir M. Marlex,
21:30c'est pour soutenir la République.
21:33On ne veut pas qu'un parti antirépublicain
21:38soit à l'Assemblée nationale.
21:41Le barrage républicain se construit dans la douleur.
21:44Il semble usé, presque fissuré,
21:47à tel point que le candidat RN, dans cette circonscription,
21:51n'hésite pas, déjà, à l'enterrer.
21:57On est très loin devant M. Marlex.
21:59Les accords d'appareil, je pense que les électeurs n'en veulent plus.
22:02Ce sont les électeurs qui choisissent, qui votent.
22:05Ils veulent leur liberté.
22:06La tambouille politicienne de l'entre-deux-tours,
22:09entre une alliance qui pourrait aller de M. Marlex à M. Poutou,
22:13je ne vois pas très bien ce qui les rapproche.
22:17Baptisée Alliance du Déshonneur par Jordan Bardella,
22:21ce front républicain tracasse, sans alarmer,
22:25les cadres du parti.
22:28Au même moment, Alexandre Loubert, réélu en Moselle dès le premier tour,
22:32arrive au siège.
22:35Le directeur de campagne croit à la majorité absolue.
22:37Bonjour à tous.
22:39Merci d'être présents dans cette réunion quotidienne.
22:43En visioconférence, le directeur général du RN, Gilles Penel,
22:47se montre très optimiste.
22:49La campagne de terrain se passe bien.
22:54Nos militants sont extrêmement motivés.
22:57Il nous reste deux jours pour gagner.
22:59Excellent. Merci, Gilles.
23:02Les résultats du premier tour ont placé le RN en tête
23:06dans de très nombreuses circonscriptions.
23:09Reste à savoir, face à tous ces désistements,
23:11ce que feront les électeurs du nouveau Front populaire ou de la Macronie.
23:15Ils sont probables qu'ils aillent à la pêche.
23:18Ils iront à la pêche ou ils voteront pour le RN ?
23:23Je sais pas s'ils ont sous-estimé la puissance du Front républicain
23:26quand il n'y a plus de triangulaire,
23:28et qu'on voit ces barrages de Front républicain se mettre en place.
23:32Ils se raccrochent aux branches.
23:34Ils savent très bien que des gens de gauche ou des macronistes
23:38qui vont finalement voter pour eux au deuxième tour,
23:40si ça existe, ce sera moins que marginal.
23:44Au-delà du Front républicain,
23:46la campagne du RN est plombée dans les derniers jours
23:49par certains candidats au passé ou aux propos très embarrassants.
23:54J'ai comme hôtel mot un juif.
23:59Et j'ai comme dentiste un musulman.
24:01Au terme d'image, c'est absolument abominable.
24:04Je croyais que le parti était normalisé,
24:09quasiment bourgeoisé.
24:10Et puis en fait, je me retrouve 30 ans en arrière
24:12avec des candidats qui racontent à peu près n'importe quoi,
24:15avec des dérapages dignes de Jean-Marie Le Pen, voire pire.
24:19Et ce que ça montre, c'est l'amateurisme.
24:22Vous ne maîtrisez pas 577 élections.
24:24C'est impossible depuis Paris.
24:26Ils n'ont pas encore les cadres,
24:27ils n'ont pas encore la structure de parties suffisante.
24:32Au soir du second tour, au QG du RN,
24:36les visages d'un con se sont figés.
24:41Presque incrédules,
24:42les militants comprennent que la majorité absolue est très loin.
24:47Le parti obtient 126 sièges,
24:49143 en ajoutant ses alliés.
24:56Au pire, ils s'attendaient à 200 députés.
24:59La veille, encore, un cadre disait, j'ai tout regardé,
25:02nous ne pouvons pas avoir moins de 200 circonscriptions de gagnés.
25:06Ça n'est pas possible.
25:07Alors, si, c'est possible.
25:09Evidemment que c'est une déception,
25:11c'est même presque une humiliation d'être arrivé 3e.
25:13Ça, c'est terrible, derrière la gauche et la Macronie.
25:18C'est une défaite qui n'en est pas une,
25:19parce qu'ils n'ont pas réussi à imposer Jordan Bardella
25:22en tant que Premier ministre.
25:24Le RN reste quand même le parti qui a le plus de députés,
25:28qui a le plus de sièges aujourd'hui.
25:31Dans le Tarn, Guilhem Carréon, avec 49,1 % des voix,
25:35échoue de peu face au candidat de la majorité sortante.
25:40En Eure-et-Loire, Olivier Dubois est sèchement battu
25:43par Olivier Marlex, qui dépasse les 57 %.
25:48Dès le lendemain des élections,
25:50le directeur général, Gilles Penel,
25:53a lui démissionné de ses fonctions.
25:59Au moment de l'arrivée à l'Assemblée
26:01des députés Rassemblement national,
26:03la déception ne semble pas encore totalement évacuée.
26:10Alexandre Loubet assume des erreurs.
26:15Il y avait des candidats qui n'ont pas été à la hauteur,
26:18mais aussi quelques candidatures qui ont posé problème.
26:21C'est la raison pour laquelle nous convoquons
26:23une commission des conflits,
26:25pour sanctionner ceux qui ont posé problème.
26:27Nous allons développer la formation de nos candidats,
26:30de nos cadres, qui sont indispensables,
26:32et d'autre part, une véritable restructuration
26:34avec un vrai agendamento du mouvement.
26:40Marine Le Pen, ce jour-là, a demandé à ses troupes
26:43de ne pas apparaître comme les perdants,
26:46mais bien comme les gagnants de ces élections.
26:51Il faut sourire sur la photo de famille.
26:55Quelques jours plus tard,
26:56aucun député RN ne sera élu au bureau de l'Assemblée nationale.
27:01Au-dessus des têtes,
27:03plane toujours le plafond de verre.
27:09Sous-titrage ST' 501

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