Le double médaillé d'argent olympique Kevin Mayer, qui s'est blessé à une cuisse il y a moins d'un mois, ne participera pas au décathlon des Jeux olympiques qui débute vendredi au Stade de France.
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00:00Pour être clair, j'ai réussi à courir 20 mètres à peu près à 80-85%
00:04avant de ressentir, dès que je me relevais, j'ai senti une décharge.
00:08C'était pas énorme, mais voilà.
00:11C'est très très loin de faire un 100 mètres à 100%.
00:14J'ai eu trois heures de flottement où j'avais envie,
00:20mais je savais que c'était mort.
00:23Puis réunion avec mes proches, et là, clairement, chacun a parlé,
00:27chacun a dit vraiment ce qu'il y avait.
00:29Et ce qui en est ressorti, c'est que j'avais tout fait,
00:32mais qu'à un moment donné, il fallait s'admettre vaincu.
00:35Et je suis vaincu par mon sport, perma.
00:38Quand même un petit sentiment de fierté d'avoir fait une rééducation
00:43qui a duré trois semaines et qui a donné les résultats
00:47d'à peu près deux mois dans ce genre de blessure.
00:50J'ai bossé comme un taré pour en arriver là, mais c'est pas suffisant.
00:53Vibrer parce qu'il y a une belle foule dans le stade de France, c'est incroyable.
00:57Mais je suis venu pour faire des berces et les faire vibrer.
01:01C'était pas l'inverse.
01:03Et à partir du moment où je suis pas capable de faire les berces attendues,
01:07il n'y avait pas de raison d'aller sur ce stade
01:13et de se péter et de se donner en spectacle.
01:18Ce qui prédomine depuis que j'ai annoncé, et ça allait très vite,
01:22j'ai jamais eu autant de caméras, même quand je faisais des médailles,
01:25c'est bizarre d'ailleurs.
01:27Ce qui prédomine, c'est vraiment la décompression totale.
01:30Ça fait du bien, ça fait 25 jours que je fais cette rééducation
01:33où j'ai fait beaucoup trop d'entraînement pour essayer de faire en sorte
01:38que mon corps soit là, même un peu fatigué.
01:41Donc là, c'est de la décompression.
01:43Bien sûr, c'est pas comme un deuil normal quand on perd une personne,
01:46mais Paris 2024 était ancré dans mon cœur depuis très longtemps.
01:50Et ça va être un deuil, ça va être un deuil, je le sais.
01:53Pour l'instant, ça va, c'est bizarre.
01:55Peut-être qu'à un moment donné, ça va redescendre,
01:57mais je sais que j'aurai mes proches avec moi.
02:00Et quand on a une belle base comme j'ai, un bel entourage comme j'ai,
02:03on ne s'inquiète pas dans les moments difficiles comme ceux-là.
02:06Vivre ces Jeux à Paris, c'était tout donner pour aller chercher une médaille.
02:09J'ai vécu trois Jeux Olympiques, j'ai gagné deux médailles,
02:12j'ai battu un record du monde, j'ai été deux fois champion du monde.
02:15Aller sur le stade de France et faire 20 mètres et se péter,
02:19ça aurait été vraiment que mon égo qui parlait,
02:22juste pour me faire acclamer par la foule et arrêter,
02:25et repartir sur une rééducation qui aura duré très longtemps.
02:28Peut-être que je voudrais aggraver mon cas et que ça aurait été moche pour la suite.
02:32Je suis totalement en accord avec cette décision.
02:36Très content que mes proches m'aient aidé à voir que c'était la meilleure solution.
02:41Depuis le début de ces JO, je vibre comme un taré à travers les performances des Français.
02:46Demain, c'est l'athlétisme qui commence.
02:48Ça a d'ailleurs commencé ce matin.
02:50Petit big up à Aurélien Kiné, qui vient d'avoir une fille à 2h du matin
02:53et qui a fait 9e à 8h du matin à la marche.
02:56C'était incroyable.
03:00J'ai tendance à adorer l'athlétisme en tant qu'acteur,
03:02mais en tant que spectateur, je m'éclate aussi quand je regarde,
03:05quand c'est sur moi pour être derrière tous les autres athlètes.