• il y a 4 mois
Aujourd’hui dans Small Talk, on retrouve Céline Tran, ex Katsuni, et David Castello-Lopes pour une séance d’hypnose ou presque. Vous apprendrez que Céline Tran a été enfant de chœur, qu’elle adore les blagues qui mettent mal à l’aise, que sa plus grande douleur a été causée par une verrue et plein d’autres doss’

Son livre « Ne dis pas que tu aimes ça » ( La Musardine) est dispo en librairie !
Transcription
00:00A quel âge t'as commencé les booms ? Tu faisais quoi le mercredi après-midi ?
00:02Tu te souviens normalement de Beaufry et Steller ?
00:04Quelle mort violente est-ce que tu choisirais ?
00:06Tu préférais ne pas avoir de pied ou ne pas avoir de main ?
00:09Tu pratiques l'hypnose ericksonienne ?
00:13Tu penses m'interviewer et en fait, nous sommes en pleine séance hypnose.
00:17Et dans quelques instants, ta main va s'élever.
00:23Tu te souviens de la première interview que t'as donnée ?
00:25Je crois que c'était pour Canal+, pour le journal du Hard.
00:29Quand j'avais 21 ans, je commençais ma carrière dans l'OX.
00:33Et je m'en souviens parce qu'il y a une question qui m'avait marquée.
00:36On me posait la question si je voulais devenir célèbre, si je voulais devenir connue.
00:39Et t'avais répondu quoi ?
00:40J'avais répondu que ce qui m'importait surtout, c'est d'être reconnue.
00:43Qu'on dise de moi, mais elle est compétente dans son métier.
00:47Reconnue par tes pairs dans l'OX en fait, c'est ça ?
00:49Oui aussi, ouais.
00:51Et t'as le souvenir d'interviews qui t'a déplu ?
00:53Tu parlais à l'instant de...
00:56Alors vas-y, on a tout le temps.
00:59Non mais je ne suis pas là pour balancer, mais évidemment qu'il y en a eu beaucoup.
01:02Parce que quand on fait ce type de métier, forcément ça peut susciter des questions graveleuses.
01:08Et en même temps, ce n'est pas très étonnant.
01:10Il y en a eu une en particulier, effectivement, c'était sur un plateau de télé pour Laurent Ruquier en après-midi
01:16avec Christine Bravo en chroniqueuse, qui avait décidé de s'acharner contre moi.
01:21Et ça m'avait étonnée et déçue et même peinée.
01:25Elle avait essayé de me déstabiliser par rapport à ma carrière dans l'OX,
01:30à me faire culpabiliser.
01:32Et en fait, c'était tombé à l'eau.
01:34C'est-à-dire que son plan pour m'énerver, j'imagine, n'avait pas abouti parce que je...
01:39En fait, moi, plus les gens s'énervent et plus je suis calme.
01:42Et je ne voyais pas l'intérêt, mais ça m'avait déçue.
01:46Et est-ce que tu lui en as parlé après ?
01:49Non, mais peut-être que j'aurais dû.
01:51Parce qu'il y a ce qui se joue sur un plateau télé
01:54et ce qui se joue en coulisses.
01:56Donc effectivement, c'est peut-être que j'aurais dû lui parler en dehors.
01:59Tu te souviens normalement de beaufries stellaires,
02:02genre de grosses, grosses beaufries dans des émissions dans ce genre-là ou pas ?
02:06Oui, il y en a une que j'ai contournée.
02:09C'était après avoir justement fait l'émission du soir de Laurent Ruquier qui avait cartonné.
02:13C'était en 2007 et on m'avait invitée pour l'émission de Moustapha El Atrassi,
02:18si je ne me trompe pas sur son nom.
02:21Et ils avaient voulu un peu me piéger parce qu'il y avait une scène
02:25où ils devaient me faire basculer sur un lit.
02:29Enfin, vraiment un truc, je n'étais pas vraiment avertie.
02:33Et en fait, ils se sont trouvés un peu bêtes parce que je suis arrivée en jean basket très naturel.
02:39Ils s'attendaient à ce que j'arrive en minette avec la jupe et les talons.
02:44Et forcément, pour ce type de scène, ça aurait été très, très bien que la jupe puisse
02:49laisser entrevoir quelque chose, j'imagine.
02:51Sauf que quand ils m'ont vue arriver en jean, ça a été la panique à bord.
02:56Et la productrice était folle de rage.
02:59Mais comment ça, vous n'allez pas rentrer sur le plateau habillée comme ça ?
03:02Je ne sais pas, si.
03:05Et elle voulait même que je descende acheter vraiment dans l'urgence d'autres vêtements plus appropriés.
03:12Sachant qu'on était dans le quartier Pigalle, donc c'était parfait.
03:15Et évidemment, j'ai refusé.
03:16C'était soit je restais telle que j'étais, soit ça ne leur convenait pas et je partais.
03:22On a maintenu l'émission.
03:23Forcément, c'était trop tard pour annuler.
03:25On a battu des records d'audience.
03:26Et alors là, c'était oh, merci, vous étiez génial.
03:30Et voilà, c'était assez grotesque.
03:36Zeynep Tran, bonjour.
03:39Je te disais, bon, là, l'introduction était un petit peu longue.
03:41J'ai tout avoué.
03:43Je précise que je ne suis pas là pour balancer.
03:45Voilà, c'est juste de l'anecdote.
03:48Bien sûr, c'est pas pour ça qu'ils doivent brûler en enfer, ces gens-là.
03:50Non, mais non, je reçois une bonne continuation, en fait.
03:54Chacun son métier, en fait.
03:55Bienvenue dans Smalltalk.
03:57Moi, je m'appelle David Castello-Lopez et l'idée de Smalltalk, c'est qu'on parle de tout,
04:02sauf de ce pourquoi la personne que je reçois est connue.
04:06Je fais des entorses assez régulièrement.
04:08C'est minoritaire, mais il y aura quand même peut-être quelques questions
04:12sur ce pourquoi tu es connue.
04:15T'es née le 9 avril 1979.
04:19Est-ce que tes parents, ils t'ont raconté une anecdote sur ta naissance ?
04:23Oui, le soleil se levait sur le beau lac d'Annecy.
04:27Et mon père m'a dit que je lui ai souri quand j'étais bébé.
04:30Et j'ai envie de croire à ça.
04:32Annecy, au début des années 80.
04:35Oulà, ça paraît.
04:36Ça paraît très vintage, dit comme ça.
04:38Mais quand t'étais toute enfance, c'était bien.
04:40C'était un endroit bien.
04:41Mais quel bonheur, quel privilège de grandir dans une ville comme Annecy.
04:45C'est une ville où on est obligé d'être poète.
04:48On est obligé d'aimer les lettres, le recueillement, le calme.
04:53Ce n'était pas touristique comme aujourd'hui.
04:55C'était une petite ville tranquille de sportifs et de retraités.
04:59Oui, j'ai appris à nager dans le lac.
05:01Donc, c'est un cadre rêvé pour grandir.
05:05Quel est le premier souvenir que tu as de toute ta vie ?
05:09La chose la plus ancienne dont tu te souviens ?
05:11Oulà, on remonte à loin.
05:14J'ai des souvenirs, alors qu'apparemment, j'étais encore bébé.
05:18Ma mère me dit, mais ce n'est pas possible que tu aies des souvenirs.
05:21Lorsqu'elle me posait sur leur lit pour que je puisse faire ma sieste.
05:25J'ai le souvenir de la lumière, du volet baissé.
05:29Je sais qu'elle me place là où elle dort.
05:34Et c'est juste un bref souvenir où elle vient de me déposer et elle me laisse.
05:40Et puis après, l'apprentissage de la parole, ce sont mes premiers souvenirs de frustration.
05:44Tu te souviens de dire, comment on dit ce mot-là, je n'y arrive pas.
05:47Ouais, où j'ai besoin de me faire comprendre et je n'ai pas les mots.
05:50Alors ça, c'est terrible.
05:53C'est resté.
05:54C'est fou comme les enfants, ils ont souvent leurs premiers souvenirs.
05:58Ce n'est pas un truc incroyable.
06:00Mon premier souvenir à moi, c'est que je me souviens d'être aux Etats-Unis avec mes parents
06:04et que ma mère essayait d'allumer le plafonnier de la voiture.
06:08Et le bruit de ses oncles sur le plastique.
06:10Alors que c'était un voyage de malade, on est allé à Epcot, à Disneyland, tout ça.
06:15Mais mon souvenir, c'est ses mains sur le plastique et c'est tout.
06:19Ton père est bien d'origine vietnamienne, si je ne me trompe pas.
06:22Est-ce que tu as eu un lien avec le Vietnam par lui ?
06:27Mon lien avec le Vietnam, c'était effectivement lui.
06:29Mais sinon, je n'ai pas baigné dans la communauté vietnamienne.
06:33Il n'y en avait pas. Si, je ne pense pas qu'il y en ait encore aujourd'hui.
06:36Il ne m'a pas enseigné le vietnamien.
06:39Il a tout fait pour que je n'aie pas à me poser, moi et mes frères, la question de la double culture.
06:44Donc, on a baigné dans la culture française.
06:46Néanmoins, forcément, j'ai un lien avec le Vietnam de par l'hérédité, de par les valeurs transmises.
06:55Et puis, l'autre lien, c'est le cinéma.
06:58C'est ce qu'on nous montre du Vietnam à travers le cinéma, souvent américain.
07:02Et souvent, les Vietnamiens sont quand même les méchants.
07:04C'est vrai.
07:05Peut-être que c'est un petit peu mieux maintenant.
07:08Mais c'est vrai que dans l'ensemble, c'est les gens contre lesquels on fait la guerre.
07:12Voilà, c'est ça.
07:13Et qui crient très fort.
07:15Mais c'est vrai, ils aiment bien parler fort.
07:16Mais on va dire que je suis racistique, je commence à dire ça.
07:18Généralement, il y a une sorte de passe droit quand on fait partie de la culture elle-même à faire des généralités négatives sur les cultures françaises.
07:24Moi, j'adore faire des...
07:25Désolée, mais j'aime beaucoup faire des blagues qui mettent mal à l'aise.
07:28Quand on me demande, mais tu es de quelle origine ?
07:30Je suis hautsaouaillarde.
07:32Et là, souvent, il y a vraiment un blanc.
07:35Oui.
07:36Il y a un petit silence gêné.
07:38J'adore.
07:39C'est mignon.
07:40On n'est pas dans de la moquerie.
07:42Tes deux frères ?
07:43Oui.
07:44Ils sont...
07:45Ils sont plus vieux ?
07:46Ils sont bizarres.
07:47Tous les deux ?
07:48Non, non, ils sont plus âgés.
07:50Et j'ai eu beaucoup de chance de grandir avec deux frères parce qu'ils m'ont transmise
07:53une culture de garçon avec des références autour des films d'action, d'arts martiaux,
08:01de films d'horreur.
08:02Et comme le plus âgé a dix ans de plus que moi, j'ai aussi des références plus anciennes.
08:08Donc, c'est super parce que pour moi, ça, c'est un vrai patrimoine.
08:12J'ai été élevée aux films de Stallone, de Schwarzenegger et Jackie Chan.
08:17Au top 50 aussi dans les années 80 ?
08:19Exactement.
08:20Bien sûr.
08:21Même truc, j'ai une sœur qui a dix ans de plus que moi et j'ai une petite culture du
08:23début des années 80 grâce à ça.
08:25J'aime trop.
08:26Tu te souviens du moment où viens boire un petit coup à la maison et rester genre 19
08:30semaine numéro 1 du tome 5 ?
08:32Ça c'est dur.
08:33Non, les références camping, c'est moins mon truc.
08:42Non, moi à l'époque c'était Jean-Jacques Goldman, un peu Mylène Farmer et puis après
08:46j'ai basculé vers du bon métal.
08:48Ah, du bon métal ?
08:49Oui.
08:50Et quoi comme métal ?
08:51Étant de nature très dépressive, de base, j'aimais beaucoup Malmsteen, alors c'est
08:56pas vraiment très spécifique, parce qu'il associait justement le métal à la musique
09:02classique.
09:03En virtuose.
09:04Bon, Metallica évidemment, c'est un peu incontournable.
09:07Tes frères, qu'est-ce qu'ils font dans la vie ?
09:09Ils font du porno.
09:10C'est vrai ?
09:11C'est de la plaisance.
09:12Alors moi je comprends pas l'ironie en fait, moi quand on me dit un truc qui ne serait-ce
09:16que vaguement plausible, je fais, c'est fou quand même.
09:19Non, ils ont choisi des voix professionnelles qui n'ont rien à voir avec ce que j'ai fait,
09:24qui ne sont pas publiques et qui sont vraiment de super boulot, parce qu'ils ont suivi le
09:29cursus des études, contrairement à moi qui me suis permise à un moment donné de bifurquer.
09:35Et ta maman, elle était haute Savoyarde ?
09:39Oui, oui, c'est ça, pas très loin.
09:40Tu te souviens du nom de ton école maternelle ?
09:43Non.
09:44Je me souviens que je faisais semblant de faire la sieste.
09:47Je simulais la sieste.
09:48Je comprenais pas le principe de devoir faire la sieste.
09:51C'était assez insupportable, je suis d'accord, genre 14 heures.
09:53L'école maternelle m'ennuyait, moi.
09:55Je me souviens du premier jour maternel et effectivement, j'étais déçue parce que
09:58je voulais à fond apprendre à écrire, forcément, pour mieux manier les mots et enfin communiquer.
10:04Enfin !
10:05Ma première maîtresse d'école maternelle, Mme Beau, quand elle m'a dit « Bon, tu vas
10:10rejoindre tes camarades et jouer avec ? », j'ai dit « Ah non, en fait, non, puis non, j'ai
10:16pas envie de jouer avec vous ! »
10:18Toi, tu étais là, genre, écouter les cours de géopolitique qui sont où, c'est quoi
10:21ces colliers avec des couleurs vives, la marrelle, là ?
10:23Exactement.
10:24Non, mais vraiment, je n'exagère pas, je n'étais pas très sociable non plus.
10:30Mais non, ça s'est bien passé, ça a été une bonne expérience.
10:34Maternelle, c'était bien.
10:35Est-ce que tu peux décrire ta chambre d'enfant quand tu avais 8 ou 9 ans ? Qu'est-ce qu'il
10:41y avait au mur ? Comment c'était ?
10:42Il y avait une icône, forcément, de la Vierge Marie, papier peint… Ah, c'est drôle
10:48comme question, je ne me suis pas posée la question depuis bien longtemps.
10:51Probablement un rose pâle, et puis un petit lit de princesse, avec une super couette,
10:57plonchons, oreillers, une tonne de doudous, poupées de porcelaine…
11:02Les doudous, c'était quoi ?
11:03J'avais un lapin.
11:04Ah oui, j'avais un lapin, il s'appelait Chocolat.
11:06Pas très original.
11:07Lui, t'es encore en rapport avec lui ou pas ?
11:09Non, mais je l'ai toujours.
11:10T'as toujours Chocolat ?
11:11Oui, oui, bien sûr.
11:12Je garde tous mes doudous.
11:14Et Vierge Marie, parce que t'as fait… t'es allée au catéchisme.
11:18Oui, j'ai été enfant de cœur.
11:19C'était moi.
11:20Habillée tout en or avec de la dentelle.
11:22Non, pas de dentelle.
11:23Non, pas de dentelle ?
11:24Non, pas de coquetterie, voyons, c'est la sobriété.
11:27Mais j'ai l'impression, j'ai des images, des trucs jusqu'ici, des espèces de capes,
11:32mais avec une petite pendure.
11:33Non, je me trompe.
11:34Ah oui, alors ça c'est plus pour les communiantes peut-être.
11:38Ah oui, c'était sobre.
11:40Quand on porte une aube, en tant qu'enfant de cœur, on est asexué.
11:43Déjà, la non-binarité existait à l'époque.
11:45Existait dans l'Église.
11:47Les anges n'ont pas de sexe, monsieur.
11:49C'est vrai ça.
11:50D'ailleurs, je ne sais pas si je peux t'appeler monsieur.
11:52Si, vraiment, sans problème.
11:54C'est bien pour ceux le précis.
11:55Tu croyais en Dieu très fort à ce moment-là ou pas ?
11:57Oui, la question ne se posait pas.
11:59Comme c'était une foi qui me venait de mon éducation, moi je croyais ce qu'on me disait en fait.
12:06Et c'est vrai que ça a été une force.
12:08Après, ça s'est dissipé et après c'est revenu.
12:10Et aujourd'hui ?
12:11Aujourd'hui, j'ai la foi.
12:13T'es pratiquante donc, chrétienne pratiquante ?
12:16Disons que je m'intéresse aussi aux autres spiritualités.
12:20Comme le bouddhisme par exemple.
12:22Mais je ne me rattache pas spécifiquement à une église.
12:26C'est plus une spiritualité qu'une religion qui m'importe.
12:31Tu faisais quoi le mercredi après-midi quand t'étais à l'école primaire ?
12:36J'allais à la danse classique quand j'étais petite.
12:39Et tu sais faire encore ce truc ?
12:41Figure-toi que j'ai repris il y a quelques semaines.
12:44Ça m'a pris comme ça.
12:46Et j'avais oublié à quel point c'était super dur.
12:50On ne voit que douceur, sourire et grâce.
12:54Mais derrière ça, c'est une discipline militaire.
12:58Et tu sais faire les trucs où tu as...
13:00Les pointes, j'en avais fait un peu quand j'étais petite.
13:03Mais là, je ne prétendrais pas en refaire là maintenant.
13:06Parce que c'est quand même mettre tout son poids sur la pointe d'un doigt de pied.
13:09Ça ne peut pas bien se passer en fait.
13:11C'est pas possible.
13:13C'est nécessairement douloureux.
13:15Oui, mais la douleur est un prix à payer pour l'excellence.
13:19Et la danse classique n'est qu'excellence.
13:22Même pratiquer en tant que loisir,
13:25on le fait à fond ou on ne le fait pas en fait.
13:28Et c'est la beauté de cette discipline et ça fait du bien.
13:31D'être encore dans des disciplines qui respectent ça.
13:34Parce que là, il y a un laxisme général.
13:36Beaucoup de gens n'ont plus envie de faire des efforts.
13:40Mais la danse classique, elle est sans pitié.
13:43J'ai parlé à un musicien récemment qui me disait ça,
13:45qu'il y a en gros la virtuosité.
13:47En tout cas, lui, il parlait de la musique.
13:49Ça devient de moins en moins important par rapport à quand lui, il a grandi,
13:52où il devait faire 18 heures de piano par jour.
13:55C'est l'équivalent de la douleur pour la danse.
13:58C'est de moins en moins important pour quoi ?
14:00Pour vendre, pour avoir du succès, pour exister.
14:06Il n'y a pas de débat.
14:08Disons qu'il y a le business d'un côté et il y a l'art de l'autre.
14:12Quand on peut associer les deux, c'est magnifique.
14:14Maintenant, je pense que pour être excellent,
14:18pour être dans l'excellence, il faut du travail.
14:20Mozart était un génie, mais il travaillait.
14:23Sofiane Pamar est un génie aussi.
14:26Mais c'est 6 à 8 heures de piano par jour.
14:30Au bout d'un moment, de penser que ça tombe comme ça sur un plateau,
14:35je pense que c'est une horreur.
14:36Par contre, oui, il y a probablement des gens qui vendent énormément
14:41sans passer par là.
14:43Viens me voir un petit coup à la maison, par exemple.
14:45Exactement.
14:46Il n'y avait pas beaucoup de génie, peut-être.
14:48Ça dépend de son objectif.
14:51Tu te souviens de quelque chose que tu as fait
14:54spécifiquement pour impressionner tes parents ?
14:57Oulà, oui.
14:59Tu faisais genre, je vais leur emboucher un coup.
15:02Oui, j'ai souvent tenté, mais ça a souvent foiré.
15:05J'ai commencé à dessiner quand j'étais au collège.
15:07Ça m'a pris comme ça.
15:09Et je pensais les impressionner un petit peu.
15:13Et en fait, mon père, très pragmatique,
15:17plutôt que d'admirer le dessin,
15:21sachant que je faisais des portraits,
15:23c'était « c'est qui ? ».
15:25Donc, fin de discussion.
15:27En fait, tu te fais tout un film dans ta tête
15:29sur quelle va être sa réaction.
15:30Et ce n'est pas à la hauteur de ce que tu espérais.
15:32Ce n'est pas grave.
15:35Tu as parlé du collège.
15:36Tu étais populaire au collège ?
15:38Non, je ne faisais pas du tout partie
15:40des élèves populaires.
15:42Moi, je faisais partie de la team des geeks.
15:44Et à l'époque, il n'y avait pas encore
15:46cette notion de geek.
15:47Aujourd'hui, il y a une reconnaissance
15:50des geeks.
15:51Depuis qu'ils dirigent le monde, en fait.
15:53Exactement, mais à l'époque,
15:54on était les weirdos du groupe,
15:56les gens bizarres,
15:58qui s'habillaient bizarrement.
16:00Et entre gens bizarres, on se retrouve.
16:03Je faisais partie de ce groupe-là.
16:05Il y avait le groupe des jolies filles,
16:07le groupe des gens branchés,
16:09qui ont un scooter,
16:11qui ont des doudounes chevignons,
16:13qui fument et qui sortent.
16:15Moi, au collège, j'étais solitaire.
16:17J'étais vraiment solo.
16:19Et au lycée, j'ai rejoint la bande
16:21des gens bizarres.
16:22D'accord, mais tu n'étais pas non plus
16:24une bolosse au collège.
16:26Bolosse, c'est...
16:28Aujourd'hui, ce qu'on appellerait ça,
16:31les vicoses.
16:33Pardon, je ne maîtrise pas ces termes.
16:35C'est-à-dire les gens qui sont vraiment
16:37en bas de l'échelle du cool,
16:39de la hiérarchie du cool au collège.
16:41Ou peut-être ici,
16:43où même on peut les harceler.
16:45Ah non, non, non.
16:47En fait, moi, c'était cool,
16:49parce que j'étais admise partout.
16:51Vraiment, je n'ai jamais été rejetée.
16:53On m'a toujours...
16:55Je t'ai même invitée dans les groupes.
16:57J'ai toujours pu me fondre partout.
16:59En fait, des gens cools.
17:01Donc tu étais un peu satellitaire
17:03des gens cools.
17:05Oui, parce que je ne me prenais pas de place.
17:07Donc je ne mettais personne en danger.
17:09La ninja, quoi.
17:11Et donc tu es allée au boom.
17:13Tu te souviens des booms ?
17:15Tu te souviens de ta première boom ?
17:17Il y en a eu une en particulier,
17:19je me souviens, c'était un enfer,
17:21parce que je n'étais pas du tout à l'aise dans mon corps.
17:23Déjà, le principe de danser,
17:25même encore aujourd'hui.
17:27Heureusement, j'ai découvert
17:29entre-temps les danses de salon.
17:31La joie vraiment de danser.
17:33Mais alors, être debout
17:35et à bouger sur un rythme,
17:37ça a toujours été un enfer.
17:39Donc le maximum que j'ai pu faire,
17:41c'était d'être assise
17:43en tapant du pied
17:45pour marquer le rythme.
17:47Et là, c'était vraiment le maximum.
17:49J'étais très introvertie.
17:51J'aime bien ce truc du genre...
17:53Non, mais ce n'est pas parce que je ne danse pas que je passe un moment...
17:55Non, mais ça se passe bien.
17:57Je suis contente d'être là.
17:59Il y a eu quelques slow.
18:01C'était horrible,
18:03parce que j'étais tétanisée.
18:05C'était vraiment le slow.
18:07Oui, très loin.
18:09Tu te souviens des quart d'heure américains ?
18:11Quart d'heure américains ?
18:13C'est en discothèque, non ?
18:15J'ai connu ça que dans les booms.
18:17Il y avait ce truc
18:19complètement genré.
18:21La loi, c'est les garçons
18:23qui invitent les filles à danser.
18:25Et le quart d'heure américain, on disait
18:27le truc de fou, ça va être le contraire.
18:29Ah bon ?
18:31Et c'était genre, tiens, on fait un quart d'heure américain.
18:33Donc ça révélait
18:35les garçons qui plaisaient aux filles.
18:37Alors ça, non, je ne l'ai pas vécu.
18:39J'ai l'impression que c'est plus de la génération
18:41un petit peu avant la mienne.
18:43Tu n'as pas vécu le quart d'heure américain.
18:45Tu te souviens de la première fois où tu as embrassé un garçon ?
18:47C'était dans une boom ou pas ?
18:49Non, c'était à la sortie du lycée.
18:51C'est trop mignon.
18:53Parce qu'on était deux
18:55handicapés
18:57du flirt.
18:59Donc c'était parfait.
19:01C'était vraiment le baiser loupé.
19:03Pudique.
19:05Sec.
19:07Furtif.
19:09Mais vraiment
19:11sans même
19:13pulsion. J'ai presque
19:15envie de dire qu'il n'y avait pas de pulsion sexuelle derrière ça.
19:17C'était vraiment le baiser
19:19fleur bleue.
19:21C'est-à-dire que quand d'autres l'avaient
19:23probablement fait à 8 ans,
19:25nous on l'a vécu
19:27à 17.
19:29Et votre relation avec ce monsieur que tu as embrassé
19:31à 17 ans, elle s'est arrêtée là ?
19:33C'est resté un pote. Je suis toujours en contact
19:35au lointain avec lui.
19:37Avec la personne auquel tu as fait ton premier baiser.
19:39Et il est où maintenant ?
19:41Il est toujours à Annecy.
19:43Dernière question peut-être sur le collège
19:45et le lycée. Qu'est-ce qu'ils font, les filles
19:47et les garçons qui étaient
19:49au top de la hiérarchie du cool ?
19:51Quand j'ai eu des échos, évidemment
19:53ils ont tous 3 enfants
19:55ils sont tous
19:57beaucoup très vite
19:59casés.
20:01Moi comme j'ai pas eu un très bon collège, d'un coup
20:03quand je vois qu'il y a quelqu'un qui me
20:05martyrisait et qui par exemple
20:07a échoué, j'aime bien.
20:09J'ai un mauvais fond.
20:11J'imagine
20:13qu'il y a un peu de satisfaction.
20:15Mais tu dis, je veux pas non plus qu'il meure
20:17Non mais qu'il souffre un maximum
20:19ça va très bien. Un petit peu d'adversité dans ton existence.
20:21On ne souhaite du mal à personne.
20:23Et ensuite, t'as
20:25étudié à Grenoble.
20:27En sciences politiques, c'est ça ?
20:29Tu te souviens de cette année-là à Grenoble ?
20:31Oui. Mon expérience à Grenoble n'a pas
20:33été réjouissante.
20:35Et en plus j'étais dans des études que je n'avais
20:37pas choisies.
20:39Double peine quoi. Et c'est là que t'as
20:41bichurqué ?
20:43Je suis allée en fac
20:45de lettres modernes. Donc j'ai quand même
20:47passé mon DEUG et j'ai
20:49arrêté en cours de licence.
20:51Mais parallèlement, j'ai commencé...
20:53Un DEUG ça n'existe plus.
20:55Ça veut dire un diplôme
20:57d'études universitaire général.
20:59Je suis exactement
21:01de la même génération que toi.
21:03C'était deux ans d'études en fait, c'est ça ?
21:05C'était deux ans d'études. C'était avant la licence
21:07on avait un DEUG.
21:09Qui ne sert à rien.
21:11Aucune valeur. À la limite
21:13DEUG de sociologie...
21:15Ou de maths appliquée...
21:17Alors à l'être moderne, c'est vraiment...
21:19T'as un diplôme de touriste.
21:21Est-ce qu'à cette époque-là,
21:23ou même peut-être avant, t'as fait des petits boulots ?
21:25Mon premier petit boulot, ça a été de bosser
21:27en tant que go danceuse.
21:29Ça a été la première bifurcation
21:31où j'ai éprouvé
21:33l'envie, le besoin d'explorer,
21:35de faire autre chose en dehors de ma vie d'étudiante.
21:37Et en cachette.
21:39Forcément, ça avait plus de goût.
21:41Bah oui, évidemment.
21:43T'as dit qu'une des raisons pour lesquelles
21:45t'avais renoncé au romantisme,
21:47c'est que t'avais été
21:49déçue par le romantisme.
21:51À quelle occasion ?
21:53Je pense que c'était une succession
21:55de crises de conscience.
21:57Moi j'étais une grande rêveuse
21:59idéaliste,
22:01comme beaucoup de personnes introverties.
22:03J'étais beaucoup dans les livres, et ça c'est
22:05un grand danger quand on est rêveur.
22:07On s'expose aux déceptions.
22:11Très vite, j'ai eu le sentiment
22:13qu'en gros, que les belles
22:15histoires d'amour n'existaient que dans les films,
22:17les poèmes, ou qu'une belle histoire
22:19d'amour était forcément impossible.
22:21Qu'elle était forcément en train de prendre de souffrance.
22:23J'avais vraiment ce côté
22:25très chrétien aussi,
22:27en moi. Et comme
22:29j'avais du mal aussi à flirter,
22:31que je n'étais pas encore
22:33vraiment à l'aise avec mon corps,
22:35la meilleure manière d'apprendre, c'est
22:37d'aller dans la fosse
22:39au lion, et de jouer à
22:41de m'amuser
22:43à aller vers quelque chose qui ne me ressemble
22:45pas du tout, pour être plus dans le corps.
22:47Donc voilà, c'est ça aussi
22:49qui m'a poussée à aller dans
22:51quelque chose qui était tourné vers
22:53une forme de séduction.
22:55Est-ce que tu penses que parce que tu venais,
22:57que tu avais eu une éducation
22:59peut-être traditionnelle, catholique, etc.
23:01c'était d'autant plus
23:03attirant d'aller à quelque chose
23:05qui est à l'opposé de ça ? Oui, c'était transgressif.
23:07La transgression
23:09a beaucoup compté pour moi pendant longtemps.
23:11Et donc le plaisir aussi qu'on en tire est
23:13peut-être plus grand ? Bien sûr, c'est la saveur
23:15du secret, c'est
23:17l'impression de s'affranchir
23:19de quelque chose, de
23:21devenir adulte, en fait. Oui, je me dis qu'en fait
23:23on doit y trouver plus de plaisir
23:25que les fils de hippies qui font
23:27ça, en fait. Mais d'ailleurs,
23:29les fils de hippies, en général, deviennent plus
23:31coréaques. Enfin, un extrême en appelle
23:33un autre, bien souvent. Moi, je me souviens
23:35très bien de la première fois où j'ai
23:37vu un film porno, et je pense que c'était
23:39un peu trop tôt.
23:41C'est souvent le cas. Et j'imagine même pas
23:43ce que ça doit être maintenant, mais moi j'avais
23:45j'étais en sixième, et je me souviens
23:47de faire, ah la vache,
23:49c'était sur une minuscule
23:51télé
23:53en crypté. Ma soeur n'était pas là.
23:55Je raconte toute ma vie, comme ça on a tout.
23:57C'était
23:59un peu dur parce que ma soeur, en fait,
24:01ma soeur avait Canal+, mais c'était dans sa chambre
24:03et il fallait que ce soit un soir où elle soit pas là.
24:05Et donc, il se trouve que ce soir-là, elle n'était pas là.
24:07Donc on a vu ça avec mon
24:09ami de l'époque qui s'appelait Igor.
24:11Je dis toutes les informations.
24:13Et ça m'a un peu
24:15tétanisé. Mais c'est décrypté ?
24:17Tu l'as regardé avec un peigne, en le bougeant comme ça
24:19devant l'écran ? Une chose qui n'a jamais marché.
24:21Personne ne va comprendre cette vanne.
24:23Oui, c'est vrai. Avant, les enfants,
24:25Canal+,
24:27c'était crypté, mais c'était crypté.
24:29On pouvait quand même regarder
24:31Canal+, mais ça faisait
24:33comme une sorte de mosaïque et ça faisait un bruit.
24:35Avec un bruit, ouais. On comprenait ce qui se passait.
24:37Un bruit de papier froissé, un peu.
24:41Et je me souviendrai de mon pote Igor qui dit
24:43« Oh ! Ils font l'amour ! » Comme ça.
24:45Et ensuite, on s'est débrouillés pour aller le voir
24:47en clair, dans la chambre de ma soeur.
24:49Est-ce que toi, tu te souviens de la première fois
24:51où tu as vu un film ?
24:53J'en ai aperçu que quelques instants.
24:55Alors, c'était une exposition aussi assez
24:57brutale. J'avais
24:59déjà 18 ans, mais pour autant
25:01je n'ai pas apprécié cette exposition-là
25:03parce que j'étais chez des potes
25:05et à un moment donné, ils ont lancé un film
25:07X. Mais c'était un extrait d'une scène
25:09avec Rocco Cifredi
25:11que je ne connaissais pas. Et c'était tellement
25:13brutal que ça m'a tout de suite rebutée
25:15et je me suis dit franchement, si c'est ça...
25:17Enfin voilà, j'ai détourné
25:19le regard et je n'ai pas voulu en regarder
25:21davantage. Et après, ça a été Canal+,
25:23aussi, quelques extraits.
25:25Alors là, ça devenait un peu plus
25:27sulfureux,
25:29mais dans le bon sens.
25:31Et qu'est-ce qui te plaisait dans le porno quand tu
25:33le regardais à ce moment-là ? Quand tu as commencé à dire
25:35« Ah tiens, ça, ça peut être pas si mal... »
25:37En fait, ce qui me fascinait, c'était
25:39le fait que les femmes
25:41semblaient à ce moment-là toutes puissantes.
25:43Parce qu'on n'était pas encore
25:45dans l'ère du gonzo,
25:47donc des vidéos non scénarisées. C'était la grande
25:49époque de Gina Jameson, donc les films
25:51à l'époque étaient
25:53encore vendus sur VHS,
25:55vendus très chers, par des productions
25:57américaines
25:59avec beaucoup de budget, donc il y avait quand même
26:01un côté glamour. Et en fait, ouais, ça faisait rêver.
26:03C'est-à-dire que les actrices
26:05porno étaient des... Enfin moi, je les voyais
26:07comme des Marilyn Monroe du X
26:09et elles me semblaient puissantes.
26:11Et ça, ça me fascinait.
26:13Le fait qu'une femme puisse
26:15prendre en main sa sexualité
26:17et avoir
26:19du pouvoir tout en étant dénudée.
26:21Oui. Et donc, dans le porno
26:23que tu regardais, je ne sais pas, peut-être celui que tu as regardé par la suite,
26:25t'aimais bien
26:27ce porno qu'on pourrait dire
26:29peut-être même aujourd'hui à l'ancienne, c'est-à-dire
26:31avec une histoire où il n'y a pas
26:33que des gens qui font l'amour.
26:35Oui, il y avait un côté glamour et il y avait un sens
26:37de la transgression par les
26:39mises en scène, parce qu'il y avait un vrai côté social.
26:41Les films X
26:43de Dorcel représentaient...
26:45Ils étaient dans ce cliché de
26:47la soubrette, la bourgeoise
26:49typiquement, la bourgeoise qui
26:51s'émancipe et
26:53il y avait aussi beaucoup d'humour, plus de
26:55légèreté, je trouve.
26:57Et ils étaient aussi réalisés par des
26:59personnes qui venaient du cinéma.
27:01Ce n'était pas du tout la même industrie.
27:03Aujourd'hui, on peut vraiment
27:05regarder du porno quand
27:07on veut. Ça, moi, quand j'avais
27:0914 ans, si on m'avait dit qu'il y aurait un monde comme ça
27:11un jour, j'aurais dit c'est le paradis.
27:13Parce que moi, je viens d'une époque
27:15où le porno, il était rare. Comme tu disais,
27:17c'était les VHS, c'est-à-dire que moi, quand
27:19j'étais au collège, il y avait un trafic
27:21de magazines que certains allaient
27:23voler dans une librairie qui avait
27:25un venu de l'opéra qui s'appelait Brentano's, qui avait
27:27des magazines américains qui étaient plus
27:29porno. Il y avait aussi cette
27:31erreur que j'ai fait quelquefois d'aller
27:33au marchand de journaux et
27:35d'attendre 25 minutes d'avoir le courage de dire
27:37« Je pent house, s'il vous plaît ».
27:39Donc le monde d'aujourd'hui, ça me serait apparu à l'époque
27:41comme le paradis. Est-ce que tu trouves que c'est le paradis toi ?
27:43Pas du tout. C'est l'enfer même.
27:45C'est l'enfer.
27:47Comment dire, on n'a même plus de contrôle de ce
27:49qui est diffusé. En tout cas, en France,
27:51on n'a pas trop envie de reprendre le
27:53contrôle. Donc ça a des effets
27:55terribles parce qu'on se retrouve
27:57à exposer, nous adultes,
27:59des images qui ne sont pas destinées
28:01aux mineurs.
28:03Et du fait qu'ils ont leurs smartphones
28:05dans le creux de la main dès l'âge de
28:079-10 ans, parfois même avant,
28:09ils sont exposés à ces images-là
28:11qui génèrent vraiment des traumas,
28:13qui vont impacter leur sexualité
28:15mais d'une manière bien souvent
28:17négative.
28:19Donc non, c'est un enfer.
28:21Et puis ça fait beaucoup de mal aussi
28:23à l'industrie parce que
28:25je n'ai jamais souhaité en tournant mes scènes
28:27que ça puisse se retrouver comme ça
28:29un accès gratuit à la vue de tout le monde, n'importe où,
28:31n'importe comment.
28:33Mais voilà, quand on cède son image,
28:35on n'a plus le pouvoir là-dessus.
28:37Je trouve qu'avant, il y avait un aspect
28:39beaucoup plus transgressif et donc beaucoup plus
28:41excitant aussi parce qu'il fallait
28:43accéder au contenu
28:45et il y avait vraiment cette dimension
28:47privée et adulte.
28:49Un sex shop, pareil,
28:51c'était quelque chose qui
28:53suscitait de la curiosité,
28:55ça faisait un peu peur d'y rentrer mais
28:57on avait l'impression d'accomplir
28:59quelque chose d'incroyable en y allant
29:01et ce goût de l'interdit
29:03en soi était déjà excitant. Alors que là,
29:05du fait que tout soit
29:07accessible tout le temps,
29:09ça sature le marché et ça fait
29:11perdre en saveur.
29:13On sature en fait. Et quand on sature,
29:15les choses deviennent indigestes.
29:17Tu as des exemples peut-être
29:19d'hommages que ça a causé, le fait que
29:21le porno soit accessible à tout le monde, y compris
29:23aux jeunes enfants.
29:25En fait, c'est mon métier d'accompagner.
29:27J'ai des personnes qui viennent
29:29me parler de troubles
29:31dans leur sexualité, de comportements addictifs,
29:33de traumatismes
29:35et parfois ce qui est amené
29:37effectivement, c'est le fait d'avoir été exposé
29:39à des films X trop tôt.
29:41Et ça,
29:43je ne dis pas que c'est systématique,
29:45en tout cas ça ne génère pas forcément
29:47une sexualité dysfonctionnelle,
29:49mais en tout cas ça marque.
29:51Je le constate à mon échelle dans mon travail.
29:53Et il y a aussi des études
29:55qui parlent des effets.
29:57La plupart des gens, c'est quand même
29:59assez peu envisageable pour eux,
30:01c'est assez peu pensable de devenir acteur porno
30:03ou actrice porno,
30:05mais il y a une toute petite partie des gens qui font
30:07bon ouais, en fait je vais le faire.
30:09Est-ce que tu penses qu'il y a un truc
30:11que ces gens qui font
30:13ce choix ont en commun ?
30:15Ah !
30:17Très pertinente
30:19cette question, si je puis me permettre.
30:21C'est une super question.
30:23Ça dépend,
30:25je dirais que ça dépend quand même
30:27de la génération, parce que la génération
30:29actuelle est quand même
30:31très axée, très tournée
30:33vers la pas du gain,
30:35rapide, facile,
30:37ça c'est encore
30:39autre chose. Beaucoup de narcissisme
30:41et qui dit
30:43narcissisme, bien souvent,
30:45une faille dans l'estime de soi au départ.
30:47Donc beaucoup de gens qui ont
30:49vécu eux-mêmes des traumas,
30:51des abus sexuels, de l'abandon
30:53et qui veulent se réapproprier
30:55leur corps, qui veulent prendre une revanche
30:57en se tournant
30:59vers ce type d'activité, mais c'est pas forcément conscient
31:01bien sûr, mais c'est une manière en fait
31:03de reprendre sa sexualité en main
31:05et d'avoir une sensation de pouvoir.
31:07Mais c'est plus souvent une illusion qu'autre chose.
31:09Parce que c'est un métier qui peut
31:11abîmer beaucoup. C'est pas moral,
31:13c'est pas du tout un jugement, mais de ce que
31:15je constate, il y a souvent beaucoup de fragilité.
31:17C'est rarement
31:19quelque chose de choisi dans la joie.
31:21Moi j'ai eu la chance de le choisir
31:23et d'être vraiment
31:25dans un enthousiasme quand je l'ai
31:27pratiqué.
31:29Parce que j'avais le choix.
31:31Parce que j'ai grandi dans une famille
31:33structurée, que je pouvais faire des études et que financièrement
31:35j'avais la possibilité si je voulais
31:37de tout arrêter.
31:39Et tu parles aussi bien des hommes
31:41que des femmes.
31:43Mais chez les hommes, c'est vrai que la dimension
31:45sexuelle est beaucoup plus forte.
31:47Parce qu'à l'époque
31:49aussi, il n'y avait pas le Viagra.
31:51Donc on devenait
31:53plus ardeur, c'est le terme,
31:55que si on avait des capacités.
31:57Alors qu'aujourd'hui, il y en a plein
31:59qui trichent. Donc ce sont
32:01des corps avec une mécanique
32:03qu'ils vont
32:05doper malheureusement.
32:07Et bon,
32:09ils s'abîment avec ça.
32:11Mais ce sont plus des
32:13exécutants aujourd'hui. Alors qu'avant
32:15il y avait quand même une dimension sexuelle plus forte.
32:17Les femmes, c'est plus...
32:19Il y en a, mais c'est
32:21quand même plus l'image.
32:23Le rapport à la séduction.
32:25Le fait d'être regardé.
32:27Le fait d'être
32:29le centre de l'attention.
32:31Point commun à la plupart des actrices.
32:33Sans parler de porno.
32:35Oui, c'est vrai.
32:37Chez certaines personnes féministes,
32:39il y a une certaine méfiance pour le porno.
32:41Parce qu'elles disent, en gros,
32:43si je résume vite,
32:45que ça perpétue les stéréotypes
32:47de domination
32:49patriarcale d'un homme sur l'autre.
32:51Parce que tous les garçons, ils ont
32:53des zizis formidables.
32:55Et tout le monde...
32:57Je les imagine mal dire ça.
32:59Ils ont tous des zizis formidables. C'est scandaleux.
33:01Mon zizi est formidable.
33:03Parce que moi, à la maison,
33:05il n'est pas si formidable.
33:07Non, et puis c'est souvent
33:09un acte
33:11où l'homme est très dominant.
33:13Et la femme, en tout cas, semble très dominée.
33:15Qu'est-ce que tu penses de ça,
33:17toi, qui as vécu la chose de l'intérieur ?
33:19Il y a aussi des féministes
33:21qui vont dire que le porno
33:23est féministe. Et il existe
33:25un porno féminin et un porno
33:27aussi féministe. En fait, il existe plein
33:29de pornos différents. Maintenant,
33:31quand on tape sur le dos du porno,
33:33c'est bien souvent par rapport aux vidéos
33:35gratuites sur les tubes
33:37et qui sont rarement d'une qualité...
33:41C'est vite tourné
33:43et donc axé sur la performance
33:45et sur tous les bons
33:47hashtags qui vont générer du trafic.
33:49Mais à côté de ça, il y a
33:51beaucoup de pornos...
33:53En tout cas, il existe du porno
33:55de qualité, scénarisé,
33:57avec une éthique, et ça se développe de plus en plus.
33:59Je pense que c'est important de préciser
34:01parce qu'il y a plusieurs féminismes
34:03et plusieurs pornos.
34:05Maintenant, qu'elles puissent critiquer
34:07cette représentation, oui, je suis d'accord.
34:09Effectivement, parce qu'en fait,
34:11les études montrent que même
34:13s'il y a de plus en plus de femmes qui regardent
34:15des films X, mais vraiment une bonne proportion,
34:17le public
34:19majoritaire reste masculin.
34:21Donc, les contenus vont être tournés
34:23vers les attentes
34:25du public masculin et leur fantasme.
34:27Et dans ce cliché,
34:29beaucoup d'hommes
34:31sont excités
34:33par l'idée de voir une femme
34:35qui va dire oui
34:37à tout, qui va être
34:39très volontaire, très enthousiaste.
34:41Et donc, forcément,
34:43c'est caricatural. Et en cela,
34:45oui, ça représente
34:47une relation homme-femme
34:49très caricaturelle. Mais rappelons
34:51que c'est censé, en tout cas,
34:53être un jeu. Le problème, c'est quand
34:55ce n'est plus un jeu.
34:56Mais alors, est-ce que tu penses qu'il y a une...
34:58Et ça, c'est une question peut-être un petit peu
35:00sensible, mais est-ce que tu penses qu'il y a une différence
35:02de nature dans le désir entre les hommes
35:04et les femmes, dans la nature de leur désir ?
35:06Alors, déjà,
35:08je pense que beaucoup de personnes te
35:10diront que cette question, déjà,
35:12est beaucoup trop binaire.
35:14Une
35:16nature... Alors, tu parles du désir.
35:18Du désir, et puis pour
35:20donner un exemple... Parce que l'excitation et le désir, c'est pas la même chose.
35:22Oui. Je dis
35:24en gros que, en tout cas,
35:26le cliché qu'on a, c'est
35:28les hommes sont plus visuels dans leur désir.
35:30Ça ne veut pas dire que les femmes ne le sont pas.
35:32Ça veut dire que le coefficient visuel
35:34est plus important dans ce qui fait le désir des hommes.
35:36Est-ce que tu penses que
35:38tout ça, c'est vrai ?
35:40Moi, je me fie en tout cas aux statistiques
35:42du nombre
35:44de spectateurs. C'est que
35:46les films X attirent quand même plus
35:48les hommes.
35:50Et les femmes vont plus consommer de la littérature,
35:52des podcasts, des choses
35:54qui vont plus
35:56éveiller
35:58leur imaginaire avec
36:00une sensibilité plus importante
36:02pour ce qui est des mises en scène
36:04et des sensations. Alors que les hommes,
36:06en tout cas, de ce que je constate, je ne parle pas au nom des autres,
36:08la vue est vraiment un stimulus.
36:10Mais là, on est dans l'excitation,
36:12dans ce qui stimule.
36:14Le désir, c'est encore autre chose, parce que le désir,
36:16on est vraiment plus dans la relation.
36:18Et là, à mon sens,
36:20il y a autant de formes de désir
36:22que d'individus.
36:24Heureusement, d'ailleurs, c'est ça qui est bien.
36:26Oui, en fait, j'avais en tête,
36:28je finis là-dessus, mais
36:30la différence entre les clubs de strip-tease et les
36:32trucs de go-go-dancer, où genre,
36:34dans les clubs de strip-tease,
36:36la seule fois où j'y suis allé dans ma vie, j'étais vraiment genre...
36:38C'était en France ?
36:40C'était en France, à Paris.
36:42Et je suis resté une heure,
36:44mais j'étais facile.
36:46Et c'est fait pour ? Oui, bah voilà.
36:48Et les danseuses qui te regardent dans les yeux,
36:50t'as l'impression que tu les intéresses.
36:52Bon, non, en fait.
36:54Mais si, tu les intéresses.
36:56Et de l'autre côté, le truc des go-go-dancers,
36:58où il y a un côté, c'est pour rigoler, en fait.
37:00On n'est pas vraiment dans la même nature
37:02de désir.
37:04Les go-go-dancers
37:06et danseuses sont
37:08employés dans les discothèques,
37:10et ce sont des figurants
37:12sexys,
37:14des personnes qui sont là pour
37:16agrémenter la soirée, pour faire
37:18partie du décor et
37:20participer à l'ambiance.
37:22Mais il y a un côté, effectivement, festif. Ça peut être sexy,
37:24mais c'est avant tout festif.
37:26Les clubs de strip ont une dimension plus
37:28secrète, plus intimiste,
37:30et ce n'est pas
37:32la même relation au public. La stripteaseuse
37:34va essayer de créer une relation
37:36plus individuelle,
37:38pour ensuite vendre des lapdance,
37:40parce que c'est le principe. Donc, elles dansent
37:42sur scène, et ensuite, il y a le lapdance
37:44qui est la danse privée
37:46en one-to-one.
37:48En one-to-one, qui est payante et chère.
37:50Oui, puis après, ça dépend des lieux, et chaque
37:52lieu a ses règles, et chaque pays a ses règles.
37:54Moi, j'ai surtout travaillé aux Etats-Unis.
37:56Dernière question sur le porno.
37:58Tu es une intellectuelle,
38:00et tu as été dans un milieu
38:02où, intuitivement, alors sans savoir, ça se trouve,
38:04je me trompe complètement,
38:06on ne s'imagine pas qu'il y en a tant que ça.
38:08Est-ce que tu as eu, des fois, des réactions
38:10dans ce milieu-là, d'étonnement ?
38:12Oui, oui. On m'a plusieurs fois
38:14dit, mais qu'est-ce que tu fous, là ?
38:16Et je l'offrenais mal,
38:18j'étais vexée. Non, c'est pas
38:20cool.
38:22Je ne comprenais pas, en fait.
38:24Et on me disait, ouais, tu es trop
38:26intelligente pour être dans ce milieu.
38:28Et je me disais, ben non,
38:30au contraire, justement, la force, c'est la rareté.
38:32C'est comme d'être typée.
38:34Si c'est le royaume des blondes,
38:36ben, j'ai tout intérêt à être là
38:38où on ne m'attend pas.
38:40C'est vrai que j'étais très calme.
38:42Alors, du coup, on se disait, mais qu'est-ce qu'elle fout, là ?
38:44Et puis, en fait, la tornade se réveillait
38:46quand
38:48il le fallait, en fait.
38:50Mais donc, c'est un monde qui est moins un monde de
38:52bourrin qu'on peut l'imaginer, le monde du porno.
38:54Il y a de tout. Comme dans toute
38:56industrie, il y a de tout.
38:58Pas plus bourrin qu'une autre industrie.
39:00Honnêtement, quand j'ai découvert
39:02d'autres milieux professionnels, ensuite,
39:04on trouve les mêmes profils partout.
39:06Il y a toujours les personnes qui sont là parce qu'elles sont
39:08passionnées. Il y a ceux qui sont
39:10là pour le business, qui sont très détachés,
39:12qui sont carrés. Il y a
39:14les créatifs, qui sont souvent malheureux
39:16parce qu'ils sont déçus. Il y a les mythomanes,
39:18toujours.
39:20Il y a les grosses têtes, il y a les stars
39:22du milieu. Enfin, voilà.
39:24Chaque milieu, en fait, a toujours les mêmes profils.
39:26Mais aux Etats-Unis, c'était
39:28particulièrement professionnel, par contre.
39:30Aujourd'hui, t'es coach.
39:32Oui.
39:34Entre autres choses, t'es coach.
39:36Donc, tu enseignes des choses aux gens.
39:38Tu les aides à mieux vivre.
39:40Comment exactement ? Qu'est-ce que tu fais pour eux ?
39:42Eh bien, je les accueille et je les écoute.
39:44Ça commence par ça.
39:46Je suis un peu comme toi, finalement.
39:48Alors, je changeais peut-être un peu moins les questions.
39:50Déjà, la personne qui me
39:52contacte a une démarche.
39:54Elle expose par écrit, en fait, son besoin.
39:56Et puis après, c'est
39:58une discussion très naturelle.
40:00Et à partir de là, je vais utiliser
40:02les outils que j'ai à disposition
40:04pour l'accompagner.
40:06Et en quoi est-ce que c'est différent d'être psychothérapeute ?
40:08Déjà, le cursus
40:10n'est pas le même. Moi, j'ai pas
40:12étudié, comme tu le sais,
40:14j'ai pas fait des études de psycho.
40:16C'est un rôle d'accompagnant.
40:18Et la grande différence, c'est que
40:20les gens viennent me voir pour mon parcours.
40:22Ils viennent pour mon expérience
40:24de vie. Et donc, pas juste
40:26le X, mais beaucoup, en fait,
40:28le processus de reconversion.
40:30Je suis formée en hypnose, je suis aussi devenue
40:32formatrice.
40:34J'ai des techniques corporelles,
40:36comme le yoga, le massage,
40:38des techniques de relaxation,
40:40psychopathologie, enfin bref.
40:42Je suis formée autour des traumas aussi.
40:44Donc, c'est tout ça, en fait, que je rassemble
40:46pour accompagner au mieux.
40:48Et puis, parfois aussi, en collaboration avec d'autres
40:50professionnels.
40:52Et alors, les problèmes que tu règles chez eux, ou qu'en tout cas
40:54t'essayes de régler ? C'est pas moi qui les règle, ce sont eux.
40:56Oui, mais que tu les aides à régler.
40:58C'est quel type de problème ?
41:00Beaucoup de problèmes
41:02autour de l'estime de soi, de l'identité.
41:04Et ça, ça touche
41:06tout le monde, finalement. Derrière les apparences
41:08de warriors,
41:10il y a des personnes qui n'ont pas
41:12résolu des blessures
41:14d'enfance, de jeunesse.
41:16Et ça va se manifester à travers plusieurs troubles.
41:18Par exemple,
41:20la difficulté à se sentir légitime,
41:22la difficulté à dire non,
41:24le manque de confiance en soi.
41:26Je me suis spécialisée dans l'accompagnement
41:28des dirigeants, chefs d'entreprise,
41:30parce qu'ils sont, en termes de charge mentale,
41:32ils sont pas mal. Et dans le rapport
41:34à la performance aussi.
41:36Donc, voilà, j'accompagne
41:38beaucoup de personnes qui sont dans des
41:40moments
41:42où elles sentent que
41:44ok, elles veulent être performantes,
41:46mais là, elles se mettent en danger.
41:48Elles risquent le burn-out,
41:50ou elles en sortent. Et donc, elles cherchent
41:52un équilibre.
41:54Et tu disais que c'est ton parcours et la reconversion
41:56de ton parcours qui les attiraient. Est-ce que tu as
41:58des gens qui veulent faire
42:00des reconversions équivalentes et qui disent
42:02c'est pour ça qu'ils viennent te voir ?
42:04Oui, bien sûr.
42:06J'imagine que c'est pas que
42:08des gens du porno qui veulent faire autre chose.
42:10J'accompagne aussi
42:12des personnes qui ont été ou qui sont
42:14toujours trahieuses du sexe et qui
42:16veulent
42:18changer de profession.
42:20T'as dit
42:22à l'instant que tu pratiquais l'hypnose.
42:24Tu pratiques
42:26l'hypnose ericksonienne, c'est ça ?
42:28Oui. En quoi ça consiste ?
42:30Depuis tout à l'heure. Tu ne le sais pas, mais maintenant tu le sais,
42:32je te le dis. En fait,
42:34tu penses m'interviewer et en fait,
42:36nous sommes en pleine séance hypnose.
42:38Et dans quelques instants,
42:40ta main va s'élever.
42:44Et tu vas retourner dans ton
42:46plus beau souvenir d'enfance.
42:50Le principe, c'est de les amener à mettre en
42:52suspens leur mental,
42:54leur cogitation. Toute la partie
42:56qui analyse et qui juge,
42:58qui est bien utile, mais qui est parasite
43:00et qui fait
43:02que justement, on va pouvoir
43:04s'intéresser plus à la partie
43:06émotionnelle. Le principe, c'est
43:08d'inviter la personne à être dans un état
43:10propice pour qu'elle puisse
43:12vraiment vivre une expérience.
43:14Et c'est elle
43:16qui fait son chemin. Nous, on accompagne.
43:18Je ne sais pas
43:20si c'était de l'hypnose ericksonienne,
43:22mais j'ai fait de l'hypnose à un moment
43:24avec un psychothérapeute,
43:26et c'était qui m'a dit des choses, genre il fallait que je
43:28ferme les yeux, il fallait que j'imagine un écran sur lequel
43:30j'imaginais
43:32un moment
43:34désagréable, il fallait que je rentre dans l'écran,
43:36que je me parle à moi-même.
43:38J'allais très mal à ce moment-là,
43:40et il était
43:42vraiment très sûr de lui, parce qu'il m'a dit
43:44genre, si vous voulez une deuxième séance,
43:46à mon avis, là c'est bon, vous êtes guéri.
43:48J'ai pas été
43:50guéri, dans le sens où
43:52j'allais quand même mal après, mais pendant 2-3 heures,
43:54j'ai eu une sorte de répit
43:56total, et c'est déjà ça.
43:58Pendant 2-3 heures, j'allais beaucoup mieux.
44:00Oui, mais bon,
44:02une séance, c'est rarement suffisant.
44:04Il faut que la personne puisse vraiment
44:06suivre des étapes
44:08pour avancer, surtout quand il a
44:10du trauma, en fait. Mais il y a des choses qui sont rapides.
44:12Il y a quand même des choses...
44:14Arrêter de fumer, c'est le piège.
44:16Ne faites pas
44:18confiance aux praticiens qui vous diront
44:20en 3 séances c'est réglé, parce que
44:22le principe c'est de s'intéresser à la racine
44:24du problème. On peut facilement
44:26changer un comportement, on peut facilement
44:28générer du dégoût, par exemple,
44:30par rapport à la cigarette, de dire
44:32à chaque fois que tu prendras une clope, ça va sentir la crevette
44:34pourrie, par exemple.
44:36Ce n'est pas difficile, ça. Mais on ne règle pas
44:38le problème, parce que si la personne
44:40ne peut plus fumer sa
44:42clope, et qu'elle fume, par exemple,
44:44parce qu'elle est anxieuse,
44:46eh bien l'astronaute veut autre chose.
44:48Donc on déplace le problème dans un autre comportement.
44:50C'est le principe des poupées russes.
44:52On enlève à chaque fois chaque couche pour aller
44:54vraiment au noyau.
44:56Alors maintenant, c'est la
44:58toute dernière partie de l'interview, moi c'est ce que j'appelle
45:00en vrac. Alors ça laisse penser que c'était
45:02pas en vrac avant.
45:04C'était quand même un peu chronologique. Là, c'est
45:06quand même un peu en vrac.
45:08Des questions qui n'ont rien à voir les unes avec les autres.
45:10Est-ce que
45:12tu préférais ne pas avoir de pied
45:14ou ne pas avoir de main ?
45:16Elle est drôle,
45:18cette question. Mais les deux,
45:20carrément ?
45:22Alors on peut faire la question en plusieurs étapes,
45:24mais partons d'ailleurs, commençons par les deux.
45:26Je garde mes mains.
45:28Parce que les mains, vraiment, au quotidien,
45:30j'aime mes mains,
45:32elles sont pas jolies, mais elles me permettent
45:34de dessiner, de jouer,
45:36de masser,
45:38de palper.
45:40Voilà.
45:42Les pieds aussi, quoique, oh là là, j'aime bien les massages
45:44de pieds, c'est dur.
45:46Est-ce que tu as déjà fait l'amour avec des gens avec lesquels...
45:48Dis donc, c'est une question intime, monsieur.
45:50Comment osez-vous ?
45:52Tu peux ne pas dire, c'est trop intime, je ne veux pas répondre.
45:54Est-ce que tu as déjà fait l'amour avec des gens
45:56avec lesquels tu n'étais pas du tout d'accord politiquement ?
45:58Très bizarre, cette question.
46:00Avec qui
46:02je n'étais pas d'accord politiquement ? Genre,
46:04toi, tu votes...
46:06Tu votes nazi. Oui, par exemple.
46:08Oui, ça peut être gênant, effectivement.
46:10Je n'ai pas de réponse à ça, en fait, je ne suis jamais intéressée
46:12à cette dimension-là.
46:14Très bien, il n'y a pas de réponse, ce n'est pas grave du tout.
46:16Qu'est-ce que tu penses de ton propre visage ?
46:20Il me fait rire,
46:22déjà, d'emblée. Depuis tout à l'heure,
46:24je sens ma frange
46:26qui me chatouille les paupières.
46:28Et depuis tout à l'heure, depuis le début de l'interview,
46:30j'hésite à couper en disant, est-ce qu'on peut couper ?
46:32Parce que j'aimerais vérifier ma frange.
46:34C'était trop tard. C'est un petit peu tard
46:36pour vérifier la paupière.
46:38Donc, en fait,
46:40non, mon visage, ce que j'en pense,
46:42c'est que quand je ne suis pas maquillée,
46:44je dis toujours que j'ai une tête de balle de ping-pong.
46:46Certains diront que c'est raciste,
46:48mais on s'en fout parce que je le dis à moi-même.
46:50Je n'avais même pas pensé à ça.
46:52D'accord, de balle de ping-pong spécifiquement,
46:54c'est-à-dire une sphère.
46:56Voilà, c'est ça. J'aime bien le ping-pong.
47:00Qu'est-ce que tu penses de ta
47:02propre voix ?
47:04J'ai mis du temps à l'apprécier,
47:06mais comme on me dit
47:08qu'elle est apaisante,
47:10je finis par l'aimer,
47:12au point où moi-même, je compte faire
47:14un podcast, figure-toi.
47:16Et ça me plaît, en fait.
47:18De faire quelque chose qui soit
47:20centré sur la voix.
47:22Ça me saoule un peu, parce qu'on me dit que le podcast,
47:24il faut le filmer, il y a une image, c'est important.
47:26Et être sur la voix,
47:28ça me saoule.
47:30J'ai envie de faire que de la voix.
47:32Est-ce que tu préfères faire l'amour
47:34avec plusieurs personnes
47:36qui font moyennement
47:38bien l'amour ?
47:40Qui n'ont pas de pieds ou qui n'ont pas de mains.
47:42Ou alors, est-ce que tu préfères faire l'amour
47:44avec plusieurs personnes qui font moyennement
47:46bien l'amour, ou avec une seule personne
47:48qui fait très bien ?
47:50C'est quoi la différence entre un mauvais chasseur
47:52et...
47:54Ça se transforme en conversation de gens bourrés.
47:56Je précise que nous ne buvons que de l'eau.
47:58Mais vraiment, cette question...
48:00Toute l'idée, c'est que
48:02la question est teubée, mais
48:04essayer d'y répondre la plus...
48:06Je n'ai qu'une réponse,
48:08cher monsieur. Je préfère faire l'amour
48:10avec l'homme que j'aime.
48:12C'est très bien, et c'est une très bonne réponse.
48:14Est-ce que tu as déjà été jaloux
48:16du succès d'un ami ou d'une amie ?
48:18Je préfère...
48:20Envieuse, jalouse, non.
48:22La jalousie, je trouve que c'est...
48:24Il y a de l'aigreur
48:26là-dedans, et puis ce n'est pas constructif.
48:28Par contre, être envieux, c'est bien, ça pique.
48:30Ça pique l'ego, et ça donne envie
48:32de mieux faire. Ça stimule.
48:34Donc ça, oui, très souvent, en fait.
48:36Je me dis,
48:38tiens, il n'y a pas de raison...
48:40D'ailleurs, j'ai commencé à dessiner comme ça.
48:42Parce qu'une copine de classe
48:44faisait sa maligne avec ses dessins.
48:46Je me suis dit, je vais faire pareil,
48:48et puis voilà, c'est parti de ça. Mais c'est constructif.
48:50Oui, c'est ça.
48:52C'est l'émulation.
48:54T'as plus grande douleur physique
48:56la fois où tu as eu le plus mal
48:58physiquement de toute ta vie ?
49:00Oh la vache ! Ah oui...
49:02Tu vois, ça c'est hypnotique
49:04comme question. On m'a retiré
49:06une verrue plantaire
49:08alors que c'était
49:10pas suffisamment anesthésié.
49:12Et c'était à la...
49:14C'était à la flamme
49:16moyennageuse à l'époque. Tu sais, on brûlait.
49:18Voilà. Donc c'était
49:20sympa. On a mis le feu à ton pied.
49:22Exactement.
49:24Et là, j'ai compris que j'étais vivante.
49:26D'ailleurs, c'est ce que me dit
49:28ma coach en sport.
49:30Quand j'ai des bonnes grosses
49:32courbatures, elle me sourit, elle me dit
49:34t'as mal ? Je dis oui.
49:36Et elle dit, tu te sens vivante.
49:38Je souffre
49:40donc je suis.
49:42A quelle fréquence est-ce que tu
49:44penses à ta propre mort ?
49:46Alors là, franchement, j'y irai presque tous les jours.
49:48J'ai vraiment une grande conscience
49:50de ça. Et c'est ce qui
49:52fait que je vis pleinement ce que je vis.
49:54Quelle mort violente
49:56est-ce que tu choisirais ?
49:58Ah, violente ? Ah, c'est cool
50:00ça comme question, parce que tu t'adresses quand même à quelqu'un qui
50:02aime beaucoup les films d'horreur.
50:04Ça serait bien dans un énorme fou rire
50:06par exemple, en sautant d'un parachute
50:08Morts de rire.
50:10Oui, ça serait sympa. Morts de rire ou de plaisir.
50:12C'est possible ça ?
50:14Je sais pas si on peut dire que c'est violent.
50:16Mourir de plaisir, oui c'est vrai
50:18que ça va. Oui, arrêt cardiaque pendant
50:20l'ecstase.
50:22Ça c'est bien ça.
50:24Les dernières secondes doivent être aussi désagréables
50:26que dans une crise cardiaque normale.
50:28Mais disons que ce qui y mène...
50:30C'est quelque chose que t'aimerais acheter
50:32mais que tu n'as pas les moyens d'acheter.
50:34Ça c'est pas cool.
50:36J'ai une petite liste si tu veux.
50:38J'ai une petite wish list
50:40pour ceux et celles
50:42qui veulent me combler de cadeaux.
50:44Oui, bien sûr.
50:46Un manoir en fait, 19ème.
50:48Evidemment, avec
50:50le grand escalier comme dans Frankenstein.
50:52En toute simplicité quoi.
50:54L'immobilier, du bel immobilier.
50:56Avec une bibliothèque,
50:58avec l'échelle évidemment en bois
51:00et avec
51:02le fumoir. Je peux décrire
51:04chaque pièce si tu veux.
51:06Et surtout, il faut
51:08un petit train. Ça c'est important.
51:10Il n'y a que les gens de ma génération
51:12qui peuvent comprendre. Cici le petit train
51:14qui transporte des friandises
51:16d'une pièce à l'autre.
51:18Et oui.
51:20C'est dans Riki ou la belle vie.
51:22Riki ou la belle vie, que j'ai pas vu.
51:24Et un toboggan évidemment
51:26qui part de la chambre pour atterrir dans la piscine
51:28souterraine avec des passages
51:30secrets.
51:32C'est un peu compliqué à mettre en place.
51:34Il faut une belle entreprise.
51:36C'est pour ça que je dois être très connue
51:38pour avoir beaucoup de sous
51:40pour m'acheter mon manoir.
51:42On participe à notre petite échelle.
51:44Voilà, exactement.
51:46Dernière question, est-ce que tu as fait
51:48des choses dans ta vie que tu regrettes ?
51:50Alors il y en a un qui me vient
51:52c'est d'avoir
51:54vécu une relation
51:56amoureuse toxique que je décris
51:58aussi dans mon livre.
52:00Ça c'est un regret parce que c'est vraiment du gâchis.
52:02En fait quand on est dans une situation toxique
52:04on se gaspille.
52:06On perd du temps, on perd de l'énergie.
52:08Mais je l'ai transformé
52:10parce qu'aujourd'hui je m'en sers
52:12pour accompagner des personnes qui vivent des situations
52:14comparables.
52:16Tu as dépassé ton regret.
52:18Oui, c'est ça qui est important.
52:20Merci beaucoup Céline.
52:22Cet épisode il est fini, il va y avoir plein d'autres épisodes
52:24et si vous voulez être sûr d'en manquer aucun
52:26et bien cliquez, cliquez
52:28sur le bouton qui permet de vous abonner à Smalltalk.
52:30Après je sais que s'abonner
52:32c'est un choix personnel donc je ne vais pas vous forcer
52:34mais si j'étais vous, je le ferais.
52:36C'est tout ce que je dis. A dans deux semaines
52:38parce que c'est tous les quinze jours.
52:40OK ?
52:46C'est quoi cet objectif de merde là d'ailleurs ?
52:48C'est une focale fixe ?
52:50Ça ouvre à 2.8.
52:52Ça ouvre à 2.8 partout.
52:54Je m'y connais en technique, OK ?

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