Asloum : « Ce qui va être extrêmement dur, c'est la gestion de l'émotion » - JO 2024 - Boxe

  • il y a 3 mois
Le piège du village olympique, les raisons du fiasco de la boxe française aux Jeux de Tokyo, le niveau de l'équipe de France Le champion olympique se livre sans retour à quelques jours du début de la compétition.

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Transcription
00:00L'explication, elle est dure, parce qu'on a plus vécu d'injustice qu'autre chose.
00:22Quand tu vois Mourad Aliyev qui se fait sanctionner pour des coups de tête qui n'existent pas,
00:29ou Sofiane qui était déjà vice-champion olympique, qui était déjà champion du monde,
00:33se fait contrer par un bon boxeur, là il est compté, alors est-ce que ça soit un peu trop tôt ou pas ?
00:39En tout cas, il s'incline.
00:41On a eu une mauvaise dynamique, on a manqué d'influence,
00:44je pense que c'est un ensemble de plein de choses.
00:48Est-ce qu'on a mal géré Rio ? Sans doute, parce qu'on était quand même sur un nuage,
00:51on avait fait six médailles d'argent, de bronze et de d'or.
00:54La compétition est égale pour tout le monde, mais on a quand même vécu le Covid,
00:57donc est-ce que nos athlètes ont au moins bien vécu le truc ?
01:00Je pense qu'il y a plein de paramètres qui sont durs à mesurer réellement,
01:04pour être très objectifs, mais je pense que c'est un ensemble de choses
01:07et je pense qu'on est descendus nos trois pieds des stades aussi.
01:13Je pense qu'on s'est remis en question,
01:15on a le président Dominique Nato qui connaît bien la boxe,
01:18qui a su recréer une nouvelle dynamique avec un nouveau DTN qui s'appelle Médine Hicham,
01:24qui est très performant, qui s'est occupé déjà d'athlètes et principalement de Mathieu Bauderligue,
01:29donc qui connaît parfaitement la boxe et les athlètes en eux-mêmes,
01:34cette discipline qui est très spécifique.
01:36Mais en plus, on s'est amélioré, donc on a un plus gros travail technique,
01:41on a un travail digital qui est hors norme,
01:45on est capable aujourd'hui d'analyser et de travailler vraiment sur les adversaires.
01:49Moi, je suis une génération où on ne travaillait pas sur les adversaires, c'était notre ressenti.
01:53On savait comment les boxeurs boxaient,
01:55mais voilà, c'était un vrai ressenti, là c'est étudier.
01:58Donc on est passé vraiment dans une autre dimension,
02:00elle ne se voit pas, parce que ce n'est pas quelque chose que tu filmes,
02:03mais il y a un travail derrière qui est beaucoup plus pointu que toutes ces dernières années.
02:10En fait, ce qui va être extrêmement dur pour Paris 2024,
02:13et ce n'est pas spécialement que pour les boxeurs, mais c'est pour tout le monde,
02:16c'est la gestion de l'émotion.
02:18En fait, c'est un piège l'émotion.
02:20Déjà quand tu arrives dans le visage olympique, c'est Euro Disney.
02:23Alors malheureusement, vous n'avez pas eu le droit d'accéder à un village olympique,
02:27mais quand je te dis que c'est Euro Disney, c'est vraiment Euro Disney.
02:29Et dis-toi que chaque jour dans un village olympique, le village change de visage.
02:34Parce que tous les jours, il y a des gens qui sortent de compétitions, qui sont médaillés,
02:37et le village se transforme tout doucement, ça devient de plus en plus festif.
02:41Donc vraiment, c'est un truc qui n'est pas palpable.
02:44En plus, tu peux manger, il y a de la nourriture et toutes les nourritures du monde,
02:49quand t'es en 24, ça vit, tu sens qu'il y a de l'énergie.
02:54C'est assez incroyable, un village olympique.
02:56Donc si t'es pas pris, si t'arrives à gérer déjà cette émotion,
02:59parce que moi j'ai fait des erreurs, j'aurais pu les payer très cher.
03:02Et puis, quelque chose qui n'est pas mesurable, c'est le fait que ce soit chez nous.
03:07Comment tu vas percevoir ça ?
03:10Est-ce que gérer ta famille, savoir où est-ce qu'ils sont,
03:13parce que tu ne pourras pas te permettre de sortir aussi de l'effectif ?
03:16Est-ce que ça sera bien géré et pas frustrant ?
03:19Il y a plein de paramètres comme ça.
03:21C'est pour ça qu'il faut rester dans sa bulle en réalité et rester sur son objectif.
03:23Tant que le dernier combat n'est pas acté, il n'y a rien qui est fait.
03:32Je vais être très honnête et je ne l'ai jamais dit.
03:34En 2004 ou en 2008, oui, je souhaitais à mes boxeurs de trucs,
03:38mais je voulais toujours être le champion olympique français.
03:40Et profondément, je te jure, j'avais envie.
03:43J'avais toujours cette retenue mine de rien.
03:46Il m'a fallu du temps, et je pense pour tous les athlètes qui sont honnêtes avec eux-mêmes.
03:51En fait, moi, en 2016, ça y est.
03:52J'avais besoin et j'avais envie qu'il y avait d'autres champions olympiques de boxe.
03:56Je ne voulais plus être le seul.
03:59Et je savais que mon sport en avait besoin.
04:02Donc, j'étais libéré sans doute de quelque chose et j'ai commenté peut-être différemment encore.
04:06En fait, je savais commenter, je sais parler de mon sport,
04:08mais j'étais libre de ça, je n'avais pas de peur.
04:12J'avais que de l'envie.
04:14Et je pense retrouver ça et retransmettre ça pour 2024.
04:20Je pense que l'école française de boxe est performante
04:23et fait partie vraiment des 3, 4, 5 meilleures nations mondiales.
04:28Même si à Tokyo, on s'est cassé la gueule,
04:30mine de rien, on est resté performant.
04:32Encore, Sofiane, champion du monde.
04:35Benamma, champion d'Europe, vice-champion du monde.
04:38Les filles, pareil.
04:39Franchement, c'est consistant.
04:41Et ce n'est pas parce qu'on est français, je le pense profondément.
04:45C'est solide, la France, c'est solide.
04:46Ce n'est pas prétentieux, mais je pense que 2000, avec ma médaille d'or olympique,
04:50a déclenché la capacité à pouvoir être à ce niveau-là.
04:53Et c'est vrai que depuis, on n'a pas arrêté de faire des médailles.
04:55Pékin, on a fait 3 médailles, c'était notre premier record.
04:59Là, on a tout exposé avec Rio.
05:02On a pris un mauvais coup, on s'est fait compter.
05:05Mais je pense qu'on est prêts pour 2024.
05:07Il y en a 4 qui devraient être sur le podium
05:10et je pense, belle médaille, belle couleur.

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