#A.L.

  • il y a 3 mois
Transcription
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:30Bonjour Alexandre Stéphanesco.
00:44Bonjour Rihanna Dubois.
00:46Vous êtes un Français installé à Russie depuis 16 ans.
00:49Vous avez entamé votre carrière dans le recrutement il y a très très longtemps
00:53et c'est comme ça d'ailleurs qu'on a fait connaissance il y a presque 16 ans.
00:59Vous êtes fondateur du concept Russpatriation.
01:02On va en parler.
01:03Nous avons également brièvement parlé de ce projet tout juste un an.
01:07Et moi j'invite tous les auditeurs à visionner cet échange qu'on a fait
01:11avec trois Français vivant à Moscou justement.
01:14C'est pour la troisième fois depuis le début du conflit en Ukraine que je suis à Moscou.
01:19Et c'est vrai que je vois la différence dans l'ambiance dans cette ville.
01:24On est en plein cœur de Moscou, en vacances.
01:28Mais c'est plus léger, c'est plus spontané.
01:31Que pensez-vous de ça ?
01:33Quel regard, puisque vous côtoyez les Moscovites et notamment les Russes,
01:38quel regard porte le Moscovite moyen sur ce conflit en Ukraine ?
01:43Comment il est perçu en Russie ?
01:45Et ce qu'il pense de ce qui se passe dans le monde à cause de tout ça ?
01:49Alors, je crois qu'il y a deux moments, deux périodes.
01:53La première, c'est quand ça a commencé.
01:55Tout le monde était sous le choc, on va se le cacher, en Russie comme ailleurs.
01:59Et donc les gens sont un peu inquiétés, fondamentalement, logiquement.
02:03Il y a une espèce de sensation globale que ça n'allait pas durer longtemps.
02:07Donc on s'est dit, il y a une forte secousse, mais elle va être provisoire.
02:11Après, les gens ont commencé à comprendre que ça durait,
02:14et donc que c'était parti pour durer.
02:16Après, il y a eu une mobilisation en Russie, l'automne 2022,
02:19qui a en fait généralisé le conflit dans la tête des gens.
02:22Parce que jusqu'à la mobilisation, ça ne concernait pas les gens.
02:25Peu les gens.
02:26Les gens entendaient bien qu'il y avait un conflit territorial-militaire
02:30sur le territoire d'Ukraine,
02:32mais il n'y avait pas vraiment dans la vie de tous les jours
02:35un espèce de ressenti qu'il y a un conflit.
02:38Avec la mobilisation, c'était 350 000 personnes sur tout le territoire
02:42qui ont été mobilisées.
02:44Et bien, entre guillemets, chaque famille a été directement ou indirectement concernée.
02:49Le ressenti que ce conflit est là a touché tout le monde.
02:54Tout le monde a un proche qui...
02:56Ensuite, il y a des décès, ensuite il y a des blessés, ensuite il y a ci...
03:00Donc globalement, en 2022, on va dire que l'ambiance des Moscovites
03:04était plutôt entre...
03:07Il y avait du stress.
03:09Du stress et de l'inquiétude.
03:11Et puis en 2023, les choses ont changé.
03:14Les choses ont changé, ça s'est inversé,
03:16les gens ont compris qu'ils allaient vivre avec ça.
03:19Plausiblement, les nouvelles en 2023 du front sont devenues bien meilleures.
03:25Aussi, ça a sans doute contribué.
03:27Je pense que les autorités russes ont fait un énorme travail
03:30de communication pour positiver la situation.
03:34Et puis, il y a eu l'inattendu, c'est-à-dire qu'en fait,
03:37le miracle économique, c'est-à-dire que la Russie était un pays en redéveloppement
03:40depuis de longues années, ça a commencé dans les années 2000.
03:43L'URSS, c'était appauvri, les années 90, etc.
03:46Et donc, à partir des années 2000, le redressement,
03:49le renouveau économique s'est mis en place.
03:51Et tout le monde s'est demandé si avec les 22.000 sanctions
03:55déclarées par l'Occident contre la Russie,
03:58ça n'allait pas casser ce mécanisme.
04:01Et non, ça n'a pas cassé.
04:03Au contraire, ça l'a presque accéléré.
04:05Donc il y a eu un contre-effet inattendu par quasiment tout le monde.
04:08Et le fait que les sanctions n'aient pas fonctionné,
04:12qu'il y ait des contournements, que tout reste un peu comme avant,
04:15voire même mieux qu'avant,
04:17ça a contribué à redonner le moral aux gens, en fait, tout simplement.
04:21Et puis, la Russie est un pays qui produit les matières premières
04:26avec lesquelles sont produits la quasi-majorité du complexe météo-industriel.
04:32Donc en gros, quand vous avez l'État russe qui augmente de 3-6%
04:36la part des dépenses pour la défense,
04:39ça impacte tous les segments de l'économie russe, en fait.
04:42Donc la croissance des dépenses a accéléré la croissance économique,
04:48la soutenue, et de facto, ça a créé des emplois,
04:52ça a créé des hausses de salaire.
04:54J'habite au recrutement,
04:56on constate chez nos clients des hausses de salaire sur 2024,
04:59de 20% à 30%.
05:01Dans l'oral, c'est 35%.
05:03Donc les gens ont beaucoup plus d'argent, les gens se sont enrichis.
05:06Les sanctions ont enrichi les Russes.
05:08Quand on y pense, c'est un concept absolument incroyable.
05:11Donc il y a plus d'argent, le moral est revenu,
05:14les gens se sont enrichis,
05:16et globalement, les Russes se réorientent.
05:20Par exemple, quand les sanctions ont commencé
05:23et que les producteurs de voitures allemands célèbrent,
05:26pour qui la Russie était un très gros marché,
05:28on dit qu'on arrête de livrer la Russie.
05:30Moi, je me suis demandé comment ça allait faire.
05:32Et le basculement de consommation des Russes avec un peu d'argent,
05:35mais pas seulement à acheter des voitures de luxe chinoises,
05:38il a été très rapide.
05:40Les Russes sont très souples.
05:42Et ça, ça a permis d'amortir le choc.
05:44Donc aujourd'hui, c'est vrai qu'en 2024,
05:46en Russie, dans une Russie sous 22 000 sanctions,
05:49en conflit militaire indirect avec l'Occident,
05:52on a une situation économique qui s'améliore,
05:54on a une situation d'ambiance générale qui s'améliore,
05:57on a une ambiance absolument incroyable.
06:00À Moscou, je veux dire...
06:02C'est vrai qu'on parle beaucoup de Moscou.
06:04L'économie moscovite n'existait pas.
06:06On me reproche parfois pourquoi Moscou-Moscou,
06:08c'est plus facile d'accès, notamment depuis Paris,
06:10pour voyager en Russie, il faut beaucoup de temps.
06:13Mais nous, on parle beaucoup de Moscou,
06:15mais vous voyagez en Russie.
06:17Comment, finalement, est-ce que vous voyez aussi
06:19également cette différence ?
06:20Partout.
06:21Ce redressement économique, cette espèce d'optimisation,
06:23ces villes qui se reconstruisent,
06:25ces immeubles qui se construisent partout,
06:27l'amélioration des routes, des infrastructures,
06:29ça concerne toutes les grandes villes russes.
06:32Avant, il y a 15 ans, il y avait Moscou,
06:34le reste du pays.
06:35Aujourd'hui, il y a les villes et les campagnes.
06:37Certes, il y a des campagnes un peu plus abandonnées.
06:40Un tiers des Russes vivent...
06:4225 % des Russes vivent en campagne,
06:4475 % vivent dans les villes.
06:46Mais non, le redressement, il frappe toute la Russie
06:48et l'ambiance, les infrastructures pour les enfants,
06:51les infrastructures pour les gens,
06:53ça concerne la très grande majorité du territoire russe
06:55aujourd'hui.
06:56Donc, il y a vraiment un renouveau russe
06:58qui s'accélère depuis le début de l'opération
07:00spéciale, ce qui est incroyable.
07:02On va revenir à la question économique
07:04un petit peu plus tard.
07:05Ce qui m'intéresse aussi,
07:07par rapport à la perception de cette guerre,
07:09clairement, on dit qu'en France, c'est la guerre.
07:11Ici, l'opération spéciale, le conflit en Ukraine.
07:15Le président Poutine même a dit
07:17que c'est une guerre civile.
07:19Il a prononcé cette expression pour la première fois
07:21dans son discours et je pense que
07:23dans l'interview avec Taker Carlson, c'était aussi le cas.
07:26Est-ce que les Russes
07:28le verbalisent ?
07:30Oui.
07:32Moi, quand ça a commencé, mon meilleur ami russe,
07:34sa charme,
07:36il m'a dit ça tout de suite.
07:38Il m'a dit que c'est une guerre
07:40civile entre peuples frères.
07:42Et lui m'avait dit tout de suite
07:44que ça risque de durer parce que
07:46les Ukrainiens, c'est des Russes.
07:48Les Ukrainiens sont comme nous,
07:50donc ils sont aussi entêtés que nous.
07:52Donc, en gros, c'est une guerre fratricide
07:54presque entre deux peuples frères, chrétiens et orthodoxes.
07:56La plupart des gens ici,
07:58ils font avec.
08:00Deux ans et demi de conflit,
08:02maintenant, il y a des décès quand même.
08:04Il y a dans les entreprises dans lesquelles on travaille
08:06des groupes étrangers encore présents.
08:08Il y a des employés encore mobilisés
08:10qui ont été mobilisés et qui sont encore sur le front.
08:12Il y a eu des blessés aussi, des décès.
08:14Ce quotidien est devenu le quotidien réel.
08:16Mais les gens,
08:18peut-être en Russie, je pense,
08:20ont plus un côté
08:22acceptant, fataliste.
08:24C'est comme ça.
08:26C'est très russe.
08:28C'est très russe.
08:30Cette guerre, entre guillemets,
08:32n'était pas voulue par la Russie.
08:34La Russie a été contrainte de déclencher
08:36une opération de militaire spécial.
08:38Et c'est cette opération de militaire spécial qui doit amener la guerre à la fin.
08:40Donc, les gens
08:42comprennent que la Russie
08:44n'est pas l'agresseur, n'est pas le coupable.
08:46Et donc, ils ont
08:48plutôt, je pense, à mon avis,
08:50les gens à qui je parle, une espèce de sensation que
08:52ce qui est fait,
08:54est fait pour le mieux, en fait.
08:56Même si c'est dur, avec toutes les conséquences
08:58tragiques qu'il y a, à la fin,
09:00l'après, les choses iront mieux.
09:02Donc, je pense
09:04vraiment que les Russes pensent ça
09:06et sont convaincus de ça.
09:08Mais effectivement, tout le monde se demande quand ça va s'arrêter.
09:10C'est tout à fait logique.
09:12Lors de mon récent
09:14échange avec Slobodan Despote,
09:16que vous connaissez certainement,
09:18il s'est exprimé
09:20au sujet du complexe d'infériorité
09:22des Russes. Ce que j'ai envie
09:24de vous demander, puisque vous connaissez la Russie
09:26un petit peu plus, est-ce que ce complexe
09:28qui a certes existé dans les années 90
09:30existe encore ?
09:32Il existait encore jusqu'à
09:34il y a peu.
09:36Et là, pour le coup, il y avait toujours
09:38cette sensation que parce que c'est fait en Allemagne,
09:40c'est mieux, parce que c'est fait en Europe,
09:42c'est mieux. C'est vrai
09:44que l'Europe est en pointe sur un tas
09:46de technologies. Bon,
09:48ça a été dépassé pour les voitures par les Asiatiques
09:50quand même. Donc, il y avait déjà,
09:52par exemple, si on prend les voitures, c'est un sujet important
09:54pour les Russes, la voiture.
09:56Le parc automobile allemand
09:58était en train d'être remplacé par le parc automobile coréen.
10:00Et là, maintenant, c'est le parc automobile
10:02chinois qui a pris le dessus. Mais oui,
10:04il y avait déjà de facto
10:06dans la vie de tous les jours, on achète plus de produits
10:08d'Asie que d'Europe
10:10dans la vie de tous les jours. Donc, il y avait déjà
10:12quand même une espèce de regard vers l'Asie
10:14des Russes. Mais aujourd'hui, je pense qu'avec
10:16l'opération militaire spéciale
10:18et l'espèce de confrontation avec l'Occident,
10:20oui, moi, je sens que
10:22ce complexe, qui était en
10:24décroissance quand même,
10:26là, a pris un coup et qu'il est
10:28beaucoup moins
10:30présent maintenant dans la tête des gens.
10:32Les gens ont fait une coupure.
10:34Je pense, encore une fois, que les autorités russes ont vraiment
10:36bien travaillé la communication. Il y a eu l'exposition
10:38russie à VDNKh,
10:40exposition russie qui vient d'être
10:42arrêtée malheureusement, mais depuis
10:446 mois, depuis octobre, avec vraiment
10:46la présentation de stand sur la culture russe,
10:48les régions russes, les traditions russes.
10:50La Russie est une famille de deux familles au pluriel.
10:52Je crois que près de
10:5415 millions, 20 millions, 30 millions
10:56de Russes l'ont visitée. Et moi,
10:58je l'ai fait 5 fois. C'est la chose la plus
11:00incroyable que j'ai vue de mes yeux.
11:02C'est-à-dire des pavillons géants dans lequel
11:04on montre
11:06les régions russes, les traditions,
11:08les nouvelles technologies, les robots,
11:10les robes traditionnelles,
11:12les femmes, les coiffures traditionnelles russes,
11:14les minorités
11:16russes très peu connues,
11:18les VEPS, etc.
11:20Et au milieu de la technologie, des robots Yandex,
11:22des voitures sans chauffeur, des robots
11:24qui parlent pour l'administration.
11:26Donc cette espèce de mix entre tradition et modernité
11:28que la Russie est en train de mettre en place,
11:30à mon avis, c'est un modèle gagnant
11:32et je pense qu'il permet aux Russes
11:34de reprendre totalement confiance en eux,
11:36de s'apercevoir que finalement,
11:38dans la balance, ce que l'Occident avait amené
11:40en Russie, je pense qu'il l'a amené.
11:42Je pense que maintenant, ça suffit, on a fait le plein.
11:44Et je pense que la Russie n'a plus de complexe
11:46à avoir parce que sous nombre d'aspects,
11:48aujourd'hui, la vie en Russie
11:50aujourd'hui, pour quelqu'un de lambda,
11:52on vit dans un pays qui est beaucoup plus moderne,
11:54développé, avancé
11:56que la plupart des pays européens.
11:58La vie à Moscou en 2024,
12:00on est dans le XXIe siècle.
12:02Dans le XXIIe siècle, donc déjà.
12:04Il y a des robots livreurs, il y a des voitures sans chauffeur,
12:06il va y avoir des livraisons par drone,
12:08tout est propre, tout est sous caméra,
12:10il n'y a pas d'insécurité, tout est magnifique,
12:12il y a des terrasses,
12:14les gens sont dehors, il y a de l'argent,
12:16donc c'est un mode de vie, un mode de fonctionnement
12:18de société, à mon sens, qui est réussi.
12:20Et le modèle russe, le modèle russe
12:22pour ça, est un modèle réussi
12:24et qui fonctionne, et qui permet
12:26de réussir ce qu'on n'arrive pas à faire ensemble,
12:28notamment qu'est le vivre ensemble. Les gens sont très variés ici,
12:30mais ils vivent ensemble, et le pavillon
12:32des régions à l'exposition Russie,
12:34c'est ça, c'est les cultures russes, les régions russes,
12:36mais c'est la Russie.
12:38Qu'est-ce que vous dites à ces personnes-là, parce que lors de notre dernier échange
12:40avec Gilles Rémy
12:42et vous,
12:44également il y avait le représentant de Barnes,
12:46on m'a dit, oui,
12:48de toute façon, ils ne peuvent pas dire autre chose,
12:50puisqu'ils sont obligés de le dire,
12:52ils vivent en Russie, ils travaillent,
12:54il faut être positif.
12:56Qu'est-ce que vous dites ? Est-ce que vous critiquez
12:58la Russie parfois ?
13:00Beaucoup, on m'accuse même d'être trop critique envers la Russie,
13:02alors je lui dis, mais ce n'est pas possible,
13:04j'aime la Russie, comment je peux...
13:06Non, mais qui aime bien châtie bien, on dit en France.
13:08Donc, non,
13:10on peut tenir tous les discours possibles et imaginables,
13:12mais
13:14si vous n'aimez pas un pays, il ne faut pas y habiter, en fait.
13:16Donc globalement, si on est en Russie, c'est parce qu'on aime la Russie,
13:18on aime ce pays,
13:20si on n'aime plus ce pays, comme certains Français ont quitté la Russie
13:22depuis la développement de l'état spécial, c'est leur choix,
13:24mais non,
13:26il y a une liberté de ton, quand même, qui est beaucoup
13:28plus importante en Russie qu'on ne le pense en Europe,
13:30on a l'impression qu'on ne peut rien dire,
13:32que ci, que ça,
13:34mais les gens qui pensent ça ne parlent pas russe,
13:36parce que s'ils parlaient russe, ils écouteraient des émissions, des talk shows,
13:38des émissions à télé, ils verraient bien qu'on
13:40peut dire un tas de choses.
13:42La scène internet russe est très ouverte,
13:44il y a énormément de blogueurs russes,
13:46c'est très critique sur le pouvoir,
13:48il y a une grosse...
13:50Il s'est développé en Russie une immense
13:52on va dire...
13:54culture citoyenne,
13:56à faire des choses,
13:58à...
14:00Il y a des groupes WhatsApp de gens qui
14:02résolvent les problèmes, il y a des blogs
14:04pour commenter les situations,
14:06il y a une vie de quartier, il y a beaucoup
14:08de mouvements citoyens
14:10associatifs qui sont en train d'être créés,
14:12donc ça prend une très bonne tournure.
14:14Et non, non, on est absolument obligé de rien dire en Russie,
14:16c'est un mythe complet.
14:18Pour revenir à l'économie, effectivement,
14:20les experts s'étonnent de la croissance en Russie,
14:22malgré des milliers de sanctions.
14:24Seulement 22 000.
14:26Effectivement. Avant, c'était la Syrie
14:28ou l'Iran, le pays le plus
14:30sanctionné il y a quelques années. Là, c'est la Russie.
14:32Et les autres s'interrogent
14:34si cette résilience va durer.
14:36Vous avez partiellement
14:38répondu à cette question.
14:40Connaissant la Russie, oui, ça va durer,
14:42je pense. Entre autres,
14:44ce qui m'intéresse, est-ce que les classes moyennes,
14:46parce que ça concerne nous tous,
14:48parce qu'avant, le fossé entre...
14:50Dans les années 90, le fossé
14:52quand même était assez important. Est-ce que les classes
14:54moyennes revivent et existent
14:56aussi réellement ou pas ?
14:58Ou c'est la question de Moscou, puisqu'on est vraiment
15:00dans la capitale ? C'est les deux.
15:02Parce que dans
15:04les années 90, effectivement, il y avait
15:06les riches et beaucoup de pauvres.
15:08Et c'était dur.
15:10Le cadre légal, peu à peu,
15:12qui est en train de s'installer en Russie depuis une vingtaine
15:14d'années,
15:16il a permis une espèce de normalisation
15:18de l'économie.
15:20Un secteur étatique
15:22qui a bien structuré son économie.
15:26Le retour de l'industrie.
15:28Je crois qu'un emploi sur dix
15:30à Moscou, c'est l'industrie.
15:32Paris, je crois que c'est un sur...
15:36un sur vingt-deux ou un sur vingt-cinq.
15:38Donc Moscou est une ville très industrielle.
15:40Il a permis le retour
15:42du privé. Les autorités ont créé des statuts
15:44de self-employed ou d'auto-employés
15:46extrêmement faciles à mettre en place, avec des taux d'imposition
15:48de 4 à 6%.
15:50Donc aujourd'hui, je crois
15:52qu'un actif sur quatre à Moscou, maintenant,
15:54en plus d'avoir un travail, il a une activité propre.
15:56Donc il y a un retour de l'entrepreneuriat.
15:58Tout va dans le bon sens, globalement.
16:00Mais effectivement, il y a des très grandes différences
16:02de niveau de vie et de niveau de salaire entre les Russies.
16:04Il y a vraiment des Russies.
16:06Donc il y a Moscou, qui est la tête émergée.
16:08Il y a des grandes villes.
16:10Une quinzaine de villes
16:12qu'on appelle les millions d'équilibres.
16:14Donc c'est les villes qui ont plus d'un million d'habitants.
16:16Donc c'est Yekaterinburg, Novosibirsk,
16:18Crasnodar, Cazan,
16:20Saint-Pétersbourg,
16:22etc. Dans ces villes-là,
16:24le niveau de vie
16:26est inférieur à Moscou d'à peu près 25%,
16:2825-30%.
16:30Il y a un diapason.
16:32Et puis après, il y a une... Mais ça, c'est 25%
16:34du pays, 25-30% du pays.
16:36Après, il y a un gros 40%
16:38de population qui habite dans les
16:40petites villes. Donc c'est les villes de 50.000,
16:42100.000, 200.000, 400.000 habitants.
16:44Donc ça, c'est vraiment une Russie qui est plus
16:46industrielle. C'est les villes de l'industrie.
16:48C'est une Russie qui est plus pauvre,
16:50qui est un peu plus soviétique encore,
16:52qui sort moins. Mais c'est cette Russie-là
16:54qui est en train de bénéficier du boom de l'industrie
16:56par l'effort de guerre.
16:58Et puis, il y a une autre Russie qui est la Russie des campagnes.
17:00Donc c'est plutôt des gens
17:02plus âgés. Et là,
17:04cette Russie-là, elle est très peu
17:06dépendante de l'agenda politique. Elle est très peu
17:08dépendante de l'agenda du conflit en Ukraine.
17:10Elle est beaucoup sur la production propre.
17:12Les gens cultivent, se développent,
17:14font leur...
17:16cultivent ce qu'ils mangent. Donc
17:18cette Russie-là, c'est un tiers du pays à peu près,
17:2025-30% du pays. Ils sont
17:24loin de tout ça. Ça ne les concerne pas.
17:26Et puis après, il y a une autre Russie,
17:28on va dire parcellaire, 7-10%
17:30du pays, c'est la république ethnique.
17:32Et là, vous avez des gaps énormes
17:34entre Kazan, au Tatarstan, qui est une ville
17:36moderne, développée, industrielle. Il y a de l'Haïti.
17:38C'est énorme. C'est une ville très moderne.
17:40Et puis des villes comme...
17:42des zones comme dans le Caucase russe,
17:44donc Dagestan, Linguchi, Lachechin, etc.
17:46Ça, c'est des zones où il n'y a pas d'industrie.
17:48Ah si, en Tchétchénie, on va avoir une usine de voitures.
17:50Mais c'est traditionnellement des zones qui sont sans industrie
17:52et qui sont portées
17:54par le budget moscovite. C'est Moscou
17:56qui les nourrit. Mais ces zones,
17:58on participe activement à l'effort de guerre du point de vue humain
18:00et donc, là aussi,
18:02la relation a changé. Donc il y a vraiment
18:04des diapasons forts, mais globalement
18:06aujourd'hui, l'enrichissement,
18:08depuis le début du conflit,
18:10les sanctions, ils concernent toute la Russie.
18:12Et donc,
18:14au milieu de tout ça, vous avez
18:16créé votre projet
18:18Russpatriation.
18:20Pourquoi en français ? Parce que ça
18:22s'adresse aux francophones d'abord,
18:24puisque vous communiquez en français,
18:26j'imagine en anglais aussi. Pourquoi,
18:28puisqu'on est le dialogue francorusse, pourquoi en français
18:30le moyen s'intéresserait à la Russie
18:32maintenant ? Alors ça, c'est quelque chose d'incroyable,
18:34d'inattendu,
18:36comme le rebond économique russe après la sanction.
18:38Moi, j'ai toujours,
18:40dans le cadre de mon activité de ressources humaines
18:42et de cabinet de recrutement,
18:44travaillé plutôt des entreprises, mais
18:46j'avais souvent, par-ci, par-là, des demandes individuelles
18:48de gens qui voulaient venir travailler en Russie,
18:50venir vivre en Russie, typique
18:52de la nature moscovite.
18:54Typiquement, c'était un profil
18:56plutôt masculin,
18:58trentenaire, qui venait
19:00pour travailler en Russie,
19:02qui venait aussi pour les femmes,
19:04qui venait pour fonder un foyer,
19:06c'était un double.
19:08La Russie dynamique, être français
19:10en Russie, ça a toujours été classe,
19:12c'est bien vu, et ça continue.
19:14C'est intéressant, parce que ce serait après,
19:16j'aimerais bien qu'on développe ça. Avec grand plaisir.
19:18Et puis, depuis le début
19:20de l'opération militaire spéciale,
19:22moi, j'ai quitté la France il y a bien longtemps,
19:24mais, de manière
19:26assez inattendue, cet événement
19:28a réveillé chez beaucoup de gens
19:30des questionnements profonds,
19:32géopolitiques et civilisationnels.
19:34Et donc,
19:36les gens, beaucoup de gens qui me contactent,
19:38ont l'impression que le grand déclassement
19:40est en cours, on parle des Français,
19:42que ça va de plus en plus mal en France,
19:44au fond, depuis le Covid, ça s'est aggravé,
19:46ça continue de s'aggraver, et que
19:48en Russie, malgré tout,
19:50ça va de mieux en mieux. Et donc, il y a beaucoup de gens
19:52qui ont cette vision géopolitique
19:54de se dire, de toute façon, la Russie
19:56veut gagner ce conflit,
19:58et donc, dans l'après-conflit, les Européens seront encore
20:00plus déclassés, et les Russes seront encore plus
20:02surclassés, parce que le monde entier va être avec
20:04les Russes, c'est ce qu'on voit avec les BRICS,
20:06on a la tournée des présidents
20:08étrangers en Russie, la tournée de Poutine
20:10dans le monde émergent. Donc, ça, c'est une réalité.
20:12Ce n'est pas ce qu'on dit sur
20:14la LCI, gros.
20:16Donc,
20:18aujourd'hui,
20:20les délégations qu'accompagnent le président indien,
20:22turc, vietnamien, c'est
20:24des milliers d'entreprises.
20:26Il faut voir ce qu'il se passe. Les gens ne se rendent pas
20:28compte. Le nouveau monde serait organisé.
20:30Et donc,
20:32les gens cherchent des moyens
20:34d'avoir un pied dans ce nouveau monde,
20:36ou d'y avoir un pied pour
20:38permettre à leurs enfants d'y vivre à terme, etc.
20:40Et donc, j'ai développé, parce que je les demande
20:42de plus en plus, un projet
20:44qui s'appelle la Russpatriation, un projet
20:46que je réalise depuis maintenant peut-être 3 ans,
20:48qui est un projet de
20:50formation à la Russie, d'explication de la
20:52Russie, de réalisation de la Russie,
20:54de permettre aux gens de mieux comprendre
20:56la Russie, de comprendre si la Russie est faite pour eux
20:58ou faite pour la Russie. Donc,
21:00j'ai créé, en fait,
21:02une formation qui s'appelle Cap sur la Russie,
21:04qui est un produit unique.
21:06C'est 11 heures d'enregistrement où je décris
21:08tous les aspects de la Russie,
21:10économiques, humains, les lois, le cadre juridique,
21:12les routes, les voitures,
21:14les comportements d'achat, la culture
21:16des enfants, les religions. Je parle de tout.
21:18Voilà. Et cette formation,
21:20elle a
21:22plusieurs centaines de personnes qui l'ont achetée.
21:24Je l'ai réalisée
21:26il y a 2 mois seulement.
21:28Cette formation, elle a pour but de donner
21:30une meilleure compréhension du cadre aux gens,
21:32ce qu'est la Russie réelle d'aujourd'hui,
21:34loin des fantasmes et loin des clichés.
21:36Et derrière, je
21:38complémentarise ça par des voyages
21:40d'accompagnement
21:42sur la Russie. Donc aujourd'hui, c'est sur 3 villes,
21:44Moscou, Krasnodar et Saint-Pétersbourg,
21:46avec 2 partenaires sur les 2 autres villes.
21:48Là, c'est des programmes d'accompagnement
21:50soit individuels
21:52sur 4, 5, 7, 10 jours
21:54où on va découvrir la Russie réelle,
21:56on va en banlieue, on va à l'administration,
21:58on va à l'hôpital.
22:00L'administration, c'est intéressant.
22:02J'emmène l'hôpital, on va voir le poste de police,
22:04on va passer 2 jours dans un quartier
22:06dortoir en banlieue lointaine,
22:08on fait le métro à l'heure de pointe,
22:10on va voir le beau et le pas beau,
22:12on va voir dans les parcs, on sort le soir.
22:14C'est vraiment un parcours de vie
22:16pour voir comment c'est réellement quand on gratte
22:18et qu'on creuse. Et là, à la fin
22:20du mois de juillet, pour la première fois,
22:22on a un premier voyage de groupe avec mes 2 partenaires,
22:24donc on a 12 personnes
22:26qu'on accompagne pour le projet
22:28RUSPATRIP, dont vous aviez
22:30parlé dans une de vos newsletters.
22:32Donc là, on a un voyage de groupe de 9 jours, 12 personnes
22:34sur Moscou et Saint-Pétersbourg.
22:36Et ça, ça va être
22:38un voyage extraordinaire
22:40de découverte de la Moscou technologique et traditionnelle.
22:42Et avec des rencontres
22:44avec des entrepreneurs ici, avec des communautés
22:46d'affaires, on fait vraiment quelque chose de très poussé.
22:48Et derrière, on va initier
22:50un autre projet qui s'appelle
22:52le RUSPATOUR.
22:54Et là, on va faire des formats
22:56de voyages XYZ très variés
22:58pour des publics très différents, à des prix
23:00assez accessibles, donc des voyages très démocratiques
23:02en Russie. Et là, on va faire pareil
23:04Moscou, Saint-Pétersbourg, Krasnodar,
23:06les petites villes, Anodor, etc. Le but, c'est
23:08de réinitier des voyages
23:10de découverte de la Russie pour des Français,
23:12des Suisses, des Belges, pour l'instant, c'est les francophones principalement,
23:14afin de remettre du contact
23:16déjà entre les peuples,
23:18de leur permettre de découvrir l'incroyable réalité
23:20russe d'aujourd'hui sous 20.000 sanctions, l'âme russe
23:22sous 20.000 sanctions, comme j'aime dire, et puis
23:24de permettre aussi, dans le paquet de ces gens,
23:26ceux qui ont des projets personnels russifs
23:28forts, de venir toucher les réalités
23:30russes. Ce sont quand même des gens qui s'installent en Russie,
23:32qui viennent vivre, s'installer, c'est
23:34souvent des hommes, mais là,
23:36on a installé des femmes, des femmes célibataires,
23:38des femmes retraitées, des femmes pré-retraitées, des femmes
23:40actives, qui sont venues seules s'installer en Russie,
23:42c'est incroyable. Est-ce qu'ils ont des liens
23:44quelconques ? Aucun. Ils ont
23:46eu un coup de foudre
23:48civilisationnel sur ce qu'est la Russie d'aujourd'hui, la vie
23:50dans la Russie d'aujourd'hui, et là, on accompagne
23:52pour la première fois, sur la rentrée de septembre,
23:54on est cinq personnes à bosser
23:56pour la Russie de l'attraction,
23:58on accompagne des familles franco-françaises avec
24:00des enfants. Et donc, nous
24:02avons créé,
24:04j'ai créé avec mon épouse qui travaille avec moi sur ce projet,
24:06on a créé un programme spécial avec une
24:08école privée russe, un programme
24:10que pour les enfants francophones,
24:12donc belges, suisses, français, canadiens,
24:14etc. Un programme de
24:16modification linguistique accélérée
24:18et un programme de
24:20préparation au système scolaire
24:22russe. Parce que l'idée de ces familles, c'est de mettre les
24:24enfants dans le système scolaire russe
24:26pour qu'ils aient un bac russe et que derrière, ils fassent
24:28des études supérieures en Russie.
24:30Donc là, on a créé ce programme. Il n'a jamais existé en Russie
24:32non plus, je pense.
24:34Et on va, à la rentrée de septembre, on a
24:36nos cinq premiers enfants français qui
24:38vont commencer une scolarité
24:40dans le système scolaire russe. Donc c'est vraiment quelque chose d'incroyable et c'est
24:42vraiment du réel. C'est-à-dire qu'il y a vraiment des gens qui viennent maintenant
24:44s'installer en Russie, des gens
24:46qui viennent visiter la Russie, qui ont un coup de foudre, qui disent
24:48« Ok, je m'installe en Russie, je vais faire ma vie en Russie. »
24:50Il y a le contingent d'hommes qui vont refaire sa vie
24:52en cherchant une épouse russe
24:54parce que les femmes russes sont quand même
24:56plus belles et un peu plus traditionnelles sous
24:58beaucoup d'aspects. Donc elles sont
25:00un réservoir de valeurs valables
25:02pour un homme qui veut faire un foyer sain.
25:04Mais il y a aussi vraiment des gens qui viennent
25:06pour la dimension économique, des gens qui viennent pour la dimension
25:08civilisationnelle,
25:10des gens qui viennent parce qu'il y a la religion
25:12qui est là, qui existe. Il y a encore des églises
25:14pleines et des cloches. C'est un monde normal.
25:16Donc, ils retrouvent
25:18peut-être une forme d'Europe ancienne
25:20qui sont peut-être connues pour les plus âgés
25:22mais qui n'existe plus actuellement.
25:24Donc les gens qui viennent en Russie par le Belaruspatriation,
25:26c'est réel, ça existe.
25:30C'est étonnant en même temps parce que
25:32je me demandais, je pensais
25:34initialement, et quand j'ai parlé
25:36avec quelques Français qui viennent au Dialogues franco-russes,
25:38c'est souvent les personnes qui
25:40cherchent des racines puisque
25:42c'est aussi ceux dont
25:44les grands-parents avaient immigré
25:46au début du XXe siècle. Il y a aussi
25:48également des familles comme ça, tant que je sache.
25:50Mais comme vous dites, beaucoup de Français
25:52belges, tout à fait, qui n'ont jamais
25:54eu des liens directs avec
25:56la Russie.
25:58Moi, je travaille avec un Autrichien qui est un Krasnodar
26:00et qui accompagne les germanophones.
26:02Il faut savoir que ce flux, ça ne concerne pas que les Français.
26:04Lui et son équipe,
26:06ils font la même chose que je fais avec les francophones
26:08pour les germanophones. Sur juillet-août,
26:10ils accompagnent 74 familles.
26:12Familles.
26:14Pas des Russes, pas des Russes
26:16d'Allemagne, des Allemands
26:18et des Autrichiens souches.
26:2074 unités, donc des individuels ou des familles
26:22ou des couples, de gens qui viennent en Russie
26:24faire un mois, deux mois, apprendre un peu
26:26le russe, visiter, c'est principalement
26:28Moscou et Krasnodar.
26:30Ça veut dire qu'il y a près d'une centaine de familles
26:32d'Allemands ou d'Autrichiens qui envisagent
26:34de partir d'Allemagne ou d'Autriche pour venir habiter
26:36en Russie. Donc cette tendance, elle est forte.
26:38Il y a des Canadiens, il y a des Australiens,
26:40il y a des Allemands, des Français. C'est une tendance
26:42des Occidentaux, d'un certain
26:44public occidental, d'un certain contingent
26:46d'Occidentaux à vouloir venir
26:48habiter dans la Russie de 2024,
26:50dans la Russie du monde d'après.
26:52Justement dans les conditions actuelles,
26:54c'est très étonnant puisque la
26:56propagande anti-russe marche.
26:58Je le vois en France.
27:00Bon, elle n'est pas majoritaire
27:02quand même parce qu'on a beaucoup d'amis
27:04franco-russes,
27:06ceux qui aiment la Russie, français,
27:08qui voudraient bien effectivement voyager, visiter
27:10et venir et qui posent beaucoup de questions.
27:12D'ailleurs,
27:14la propagande marche auprès toujours du même type
27:16de personnes. On va peut-être développer ça
27:18dans d'autres échanges.
27:20Quelle est la question ?
27:22Quelles sont les peurs et les inquiétudes ?
27:24Quelles étaient les vraies questions
27:26que vous posent comme ça
27:28les Français directement ?
27:30Alors, bon,
27:32la première question,
27:34alors,
27:36celle qui devrait poser, c'est sur le climat,
27:38mais ils ne la posent pas assez.
27:40L'hiver est long, mais ça, on ne peut rien faire.
27:42Il ne faut pas vomiter dans le sud.
27:44Les problèmes principaux auxquels ils font face,
27:46c'est les programmes administratifs,
27:48c'est-à-dire les documents
27:50à obtenir pour pouvoir
27:52avoir le droit de résider en Russie.
27:54À quel coût ? Parce qu'on peut très bien
27:56créer une entreprise, s'auto-embaucher, se payer son salaire
27:58et développer une activité, ça c'est légal, etc.
28:00Mais ce qui est l'obtention de permis de séjour,
28:02de résidence en Russie,
28:04c'est assez strict.
28:06Les quotas attribués aux étrangers sont en réduction massive,
28:08et il y a le système du regroupement familial,
28:10mais ça c'est pour les gens
28:12qui ont des racines russes,
28:14des parents, des enfants, des épourus ou des conjoints russes, etc.
28:16Donc,
28:18le mode opératoire administratif pour avoir le droit
28:20de rester en Russie, c'est compliqué.
28:22Très compliqué, c'est
28:24le transfert d'argent,
28:26qui est aujourd'hui interdit en direct,
28:28dans les pays tiers.
28:30Très compliqué, c'est l'apprentissage de la langue russe,
28:32qui est une langue très difficile à apprendre, mais surtout au-delà d'un certain âge.
28:34Et en plus,
28:36on accompagne beaucoup un contingent de retraités.
28:38Il y a énormément de retraités qui envisagent
28:40de partir en Russie pour leur retraite.
28:42C'est tout à fait cohérent, puisque leur pouvoir d'achat va être augmenté
28:44par 2,5.
28:46Mais bon, quand on est vieux,
28:48apprendre le russe, apprendre une langue nouvelle, c'est difficile.
28:50Donc, les enfants jeunes absorbent vite,
28:52et après, en vieillissant, on absorbe moins.
28:54Donc, il y a la langue aussi.
28:56Et puis après, je pense qu'il y a toujours
28:58cette ambiguïté, un petit peu,
29:00sur laquelle moi, je travaille énormément,
29:02et sur laquelle je fais du travail aux gens
29:04que j'accompagne, c'est de séparer le fait
29:06de vouloir partir de France,
29:08pour des raisons X, Y, Z, que moi je comprends,
29:10je suis parti de France,
29:12et le fait de vouloir aller en Russie.
29:14C'est-à-dire qu'en fait, les raisons X, Y, Z pour quitter la France,
29:16c'est une chose, mais il faut qu'il y ait des raisons X, Y, Z
29:18de vouloir vraiment choisir la Russie.
29:20Et pas que la Russie devienne un choix
29:22par défaut.
29:24C'est important parce que c'est un pays difficile.
29:26C'est quand même un pays dans lequel
29:28il y a beaucoup de points négatifs et beaucoup de points positifs.
29:30La vie en Russie est dure pour les Russes.
29:32Donc, elle sera dure pour les étrangers.
29:34Et par conséquent, il faut vouloir.
29:36Il faut aimer ce pays pour traverser
29:38les épreuves qu'il fait traverser aux gens.
29:40Donc, quitter la France
29:42en est une chose, et vouloir choisir la Russie,
29:44je pense que c'en est une autre.
29:46Vous avez dit tout à l'heure
29:48que les Français sont
29:50bien vus en Russie.
29:52Les Russes sont devenus antioxydants.
29:54Est-ce qu'il est vrai de dire
29:56que ceux qui votent Poutine,
29:58les vrais patriotes,
30:00comme on nous présente, je simplifie évidemment,
30:02ils ne veulent pas.
30:04L'Occident, ça suffit. On n'aime personne.
30:06On est plus proche,
30:08ça ne sert à rien.
30:10Et ceux qui, au contraire, sont des opposants,
30:12libéraux,
30:14ils déménagent,
30:16ils partent en Occident,
30:18ils pensent qu'il y a toujours l'herbe,
30:20pour nous tous, en quelque sorte.
30:22Mais pour simplifier,
30:24quel est le regard, vous,
30:26quand vous, je ne sais pas,
30:28côtoyez des Russes
30:30dans la rue, ici,
30:32ils savent que vous êtes Français,
30:34quelle est leur attitude ?
30:36Comme le premier jour où je suis arrivé.
30:38Et d'ailleurs, peut-être qu'au début,
30:40quand je suis arrivé en Russie en 2008,
30:42il y avait en 2010, en 2012,
30:44il y avait beaucoup d'Occidentaux,
30:46beaucoup d'Européens, il y avait une habitude d'avoir des Français.
30:48Donc, ce qui est sûr, ce qui a changé,
30:50c'est qu'en 2008, vous parliez français,
30:52une femme russe, beaucoup de femmes russes,
30:54vous regardiez en tremblant, en se disant
30:56un Français, il est beau, il doit être riche,
30:58il doit être intelligent, et voilà,
31:00je vais partir en France, schématisé.
31:02Ça, c'est fini.
31:04Aujourd'hui, l'argent est dans les poches des hommes russes,
31:06et donc les Européens qui sont restés...
31:08Donc, ce que vous dites, c'est que les femmes sont matérialistes.
31:10Non, mais ce que je veux dire,
31:12c'est que, notre opinion,
31:14le rêve des expats étrangers
31:16au sein de la société russe,
31:18du côté féminin, il est terminé,
31:20et du côté masculin, il y a un autre
31:22changement, c'est que
31:24il n'y a plus d'expat.
31:26Il n'y a plus d'étrangers.
31:28Et depuis l'opération militaire spéciale, les Européens, c'est devenu une denrée
31:30hyper rare. Au dernier recensement,
31:32je crois qu'on était 10 000 en 2008, recensés
31:34au consulat, on devait être 15 000. Je crois qu'aujourd'hui,
31:36là, dernier recensement, début de l'année,
31:38pour les élections
31:40en France,
31:42on était 2500.
31:44Mais dans ces 2500, le consulat
31:46a recensé 30%
31:48de binationaux. Donc, c'est
31:50quelques Français qui ont pris le passeport russe, et les femmes russes
31:52qui ont pris le passeport français. En fait, les hommes
31:54français sur le territoire de la Fédération de Russie
31:56aujourd'hui, en juillet 2024, on doit être
31:58un gros millier. Il y en a quasiment plus.
32:00Donc, en fait,
32:02moi, je parle souvent, je fais des vidéos
32:04dans les rues, je parle français, etc., je sors
32:06beaucoup. Je n'ai jamais eu un regard déplacé.
32:08J'ai plutôt eu deux fois des remarques, en mode,
32:10mais il reste des Français.
32:12Oui, mais être français a toujours été très bien
32:14vu. Je pense que c'est une des nationalités européennes
32:16et étrangères le mieux vu en Russie.
32:20La francité met de l'émotionnel
32:22aux Russes, sur le plan de vue culturel, etc.,
32:24historique. Et la relation est
32:26beaucoup plus
32:30plate, on va dire,
32:32avec les
32:34Allemands, les Américains.
32:36Avec les Français, il y a toujours eu un petit peu
32:38de... Quelque chose.
32:40Vraiment, un lien.
32:42Et plus qu'avec les Italiens.
32:44Donc, même si l'Italie était
32:46devenue, dans les années,
32:48destination touristique très prisée,
32:50mais pour les Français, il y a
32:52quelque chose à un autre niveau, je pense.
32:54Et c'est dommage, parce que je pense que
32:56la touche diplomatique française et la présence
32:58économique française auraient pu se servir de ça
33:00pour activer des leviers colossaux
33:02et ça n'a pas été fait.
33:04C'est un grand gâchis.
33:06Oui, effectivement, je valide ce que vous dites.
33:08Il y a quelque chose entre les Français et les Russes.
33:10D'ailleurs, c'est pourquoi le dialogue
33:12existe encore.
33:16J'aimerais bien revenir
33:18rapidement. Vous vous souvenez, quand vous êtes
33:20venu à Paris, il y a quelques années,
33:22vous avez présenté votre livre.
33:24Et notamment, vous avez beaucoup parlé de la démographie
33:26russe. C'est un sujet
33:28clé qui reste important.
33:30Quelques mots sur ça, les dernières...
33:32Oui.
33:34On fait des enfants dans ce monde.
33:36Et...
33:38C'est pour ça qu'en Russie,
33:40lundi dernier, c'était le jour
33:42de la famille, de l'amour et de la
33:44fidélité.
33:462024 est l'année de la famille.
33:48La Russie n'a pas eu de chance, parce que
33:50ils ont toujours...
33:52Ils sont sortis de la Seconde Guerre mondiale avec beaucoup de pertes
33:54masculines. Donc ça a mis
33:56un impact très fort sur la démographie
33:58qui prendra
34:00des générations à se rétablir.
34:02Ensuite, ils ont eu les années 90
34:04où les hommes sont morts,
34:06beaucoup, par l'effondrement économique,
34:08par l'alcoolisme, par les mafias,
34:10par les guerres dans le Caucase, etc. Donc ils ont eu
34:12ces doubles impacts. Et puis, dans les années
34:1490, surtout, les femmes,
34:16logiquement, les femmes russes qui étaient seules,
34:18sans argent et dans des situations économiquement terribles,
34:20n'ont fait pas d'enfants.
34:22Donc, aujourd'hui, on est au moment où
34:24les enfants qui ne sont pas nés dans les années 90
34:26sont en âge de faire des enfants.
34:28Donc,
34:30ce contingent de femmes, il est peu nombreux.
34:32Donc, il y a peu de naissances.
34:34Donc là, on est dans la période la plus creuse.
34:36On est retombé
34:38comme en 1999, 2000,
34:402001, où il n'y avait pas d'enfants.
34:42On est retombé dans la période creuse. Ce qui est surprenant,
34:44c'est que l'indice de fécondité
34:46va être cette année
34:48de 1,45 enfants par femme.
34:50Donc, la Russie sera dans
34:52parmi
34:54les pays, si on ne croit pas que l'Union Européenne,
34:56en tête, avec la Roumanie,
34:58avec sans doute
35:00avec la Suède, etc. Mais la Russie
35:02aura plus d'enfants par femme que l'Allemagne,
35:04plus d'enfants par femme que la plupart des pays européens, que la Tchéquie,
35:06etc. La Pologne, que l'Italie, que l'Espagne,
35:08la France sera 1,6 seulement.
35:10Donc, on n'est plus si loin.
35:12Donc, il n'y a toujours pas assez d'enfants
35:14en Russie. Mais l'impact
35:16du conflit en Ukraine n'a pas,
35:18pour l'instant, porté atteinte
35:20aux morales russes.
35:22Ça n'a pas entraîné une chute des enfants. Ça reste comme avant.
35:24Et ça se maintient même.
35:26Donc, l'écorte
35:28de femmes en âge de faire des enfants,
35:30le point central d'âge de 30 ans,
35:32elles sont en diminution de 3,5%
35:34par an. Ça va durer jusqu'à
35:362027-2028, à peu près.
35:38Puisque, à 28 ans,
35:40c'est l'âge du premier enfant pour des femmes qui sont
35:42nées en 2000. Et après 2001-2002,
35:44il y a de plus en plus de naissances.
35:46Donc, à partir de 2028, on repartira
35:48sur une tendance de naissance à la hausse très forte.
35:50Jusqu'à 2045, à peu près.
35:52Mais,
35:54il n'y a en Russie pas assez d'enfants.
35:56Il y a des raisons à cela.
35:58Il y a quand même 35% de la population
36:00qui vit dans une situation économique
36:02difficile. Il y a encore des gens
36:04pauvres. Il y a des problèmes de logement.
36:06Il y a beaucoup de problèmes de santé
36:08à cause du froid. Il y a beaucoup
36:10de...
36:12Donc, il y a encore
36:14des difficultés à résoudre.
36:16Mais, on va dire que la question
36:18démographique qu'on nous
36:20présentait comme étant la mort et la fin
36:22de la Russie, non, ce ne sera pas le cas.
36:24Il va y avoir une population qui va un peu réduire et un peu vieillir.
36:26Mais, peut-être
36:28moins vite que dans beaucoup de pays européens
36:30où il y a aussi une chute forte
36:32de la démographie, malgré une immigration
36:34soutenue.
36:36Mais, on constate que dans le monde entier, la démographie
36:38baisse, en fait. Les naissances baissent partout.
36:40Donc, la Russie s'en sort beaucoup mieux que
36:42beaucoup de pays asiatiques, que beaucoup de pays d'Amérique centrale,
36:44que beaucoup de pays européens
36:46vieillissants, catholiques,
36:48soit Chypre, l'Italie, l'Espagne, la Pologne.
36:50Donc, finalement, peut-être que dans 5 ans,
36:52on s'apercevra que la Russie est sortie
36:54dans une situation démographique beaucoup plus
36:56normale et saine que
36:58beaucoup de pays occidentaux.
37:00Donc, on regarde plutôt
37:02apaisé là-dessus.
37:04Vous comprenez, Sérus,
37:06les jeunes, surtout ceux qui ont 20-30 ans,
37:08entre 20 et 30 ans,
37:10qui sont partis
37:12au début du conflit.
37:14D'ailleurs, il y avait pas mal de personnes qui sont parties.
37:16On me dit qu'ils reviennent. Vous avez
37:18les chiffres plus exacts là-dessus.
37:20Et la jeunesse
37:22moscovite, c'est une chose, mais la jeunesse
37:24russe en soi, est-ce qu'elle souffre
37:26de la dictature en Russie ?
37:28Ah oui, terrible. Non, évidemment
37:30qu'aujourd'hui, un russe
37:32moyen, si on peut qualifier un russe moyen
37:34d'une ville russe, il est beaucoup
37:36plus libre qu'un français moyen.
37:38Déjà, il est beaucoup plus libre dans l'expression politique.
37:40Il est beaucoup plus libre parce qu'il peut
37:42sortir se balader le soir sans se faire agresser.
37:44Pour les jeunes femmes,
37:46j'étais hier au parc Gorky.
37:48J'étais au parc dans le centre.
37:50Il y a une zone
37:52dans les bois de bronzage.
37:54Il y a des filetopelesses en train de bronzer.
37:56Elles ont le téléphone portable posé à côté de l'iPhone 15.
37:58Elles dorment. Il n'y a rien qui est volé.
38:00Il n'y a pas d'insécurité.
38:02Il y a une forme de liberté beaucoup plus forte
38:04dans la société russe aujourd'hui.
38:06Les jeunes et les jeunes russes sont vraiment
38:08très libres. Mais au début du
38:10conflit, il faut bien comprendre que
38:12l'organe
38:14de recrutement,
38:16ce qu'on appelle le bureau militaire en Russie,
38:18c'est un organe assez
38:20soviétique.
38:22Des erreurs de dossier
38:24peuvent y en avoir.
38:28L'organe lui-même est poussiéreux.
38:30Les gens le savent.
38:32Il faut comprendre
38:34qu'à l'époque,
38:36il y a beaucoup de gens
38:38qui ont fui
38:40le VONKOMAT à l'époque.
38:42Ils ont obtenu
38:44un billet militaire
38:46dans les années 2000, acheté.
38:48Donc, vous êtes un russe,
38:50vous ne voulez pas aller à l'armée,
38:52vous payez. On vous donne un billet
38:54militaire comme si vous aviez fait l'armée. On met quoi dessus ?
38:56Tankistes ! Puis après, vous pouvez impressionner
38:58les filles. Dans le fichier central,
39:00vous êtes tankiste. Et donc, quand la mobilisation
39:02commence et qu'on cherche des artilleurs et des tankistes,
39:04parce que c'est ce qui manque,
39:06on prend le fichier tankiste. Mais vous, vous n'avez jamais
39:08vu de tank de votre vie ? Il y a eu des cas comme ça
39:10qui sont sortis dans la presse. Des gens qui ont avoué,
39:12qui ont dit, je suis sur le front. Je crois que
39:14sur les 270 mobilisés,
39:16d'ailleurs, il me semble que maintenant, il n'y en a plus que 200 000,
39:18ils en ont envoyé déjà 50 000.
39:20C'est des erreurs de casting catastrophiques.
39:22Donc, il y a eu des décès, bien sûr, des blessés, mais il y a eu aussi
39:24des gens qui ont été renvoyés.
39:26Donc, il y a eu tout ça.
39:28Il y a des gens qui ont eu peur. Il y a beaucoup de gens qui sont partis
39:30dans les pays tiers.
39:32Moi, j'ai vu ça en Arménie où je vais souvent.
39:34C'était blindé de russes. Non, c'est fini.
39:36Les gens reviennent peu à peu. Ils reviennent
39:38peu à peu parce que vivre dehors, c'est compliqué.
39:40C'est pouvoir bosser. Il faut de l'argent.
39:42Finalement, le niveau de vie que vous avez
39:44dehors n'est pas super. On vit mieux en Russie.
39:46Et que maintenant que le
39:48spectre de la mobilisation
39:50ou d'une deuxième mobilisation semble
39:52lointain,
39:54la confiance est revenue. Il faut bien comprendre.
39:56Vous parliez des russes de Moscou et des autres russes.
39:58Aujourd'hui,
40:00l'État russe a créé un système
40:02de volontariat en donnant des
40:04très gros salaires aux volontaires.
40:06Donc, en fait, les hommes qui s'engagent,
40:08c'est des hommes qui partent de la Russie profonde
40:10dont je parlais précédemment, les petites villes et la campagne.
40:12C'est des gens qui ont
40:14des revenus de 200, 300,
40:16400 euros par mois.
40:18Ils vivent comme ça, 30 000, 40 000 euros,
40:2025 000 euros, ça existe vraiment.
40:22Et donc,
40:24ils font un an à l'armée
40:26en Ukraine,
40:28en Nouvelle-Russie,
40:30et ils ont des salaires de 3, 4 000 euros par mois.
40:32Donc, ils tiennent
40:3412 mois, ça fait 40 000 euros.
40:36Et 40 000 euros,
40:38c'est-à-dire 4 millions de roubles,
40:40dans une toute petite ville russe,
40:42c'est une maison, c'est un appart,
40:44c'est une voiture.
40:46Donc, il y a énormément,
40:48ils ont un vivier potentiel,
40:50les russes, à Piochet.
40:52Dans des gens masculins,
40:54on le voit sur les avis de décès,
40:56d'où sont originaires les gens, c'est les petites villes.
40:58Donc, cette Russie-là, et c'est des jeunes ou des pas jeunes,
41:00cette Russie-là, elle est énorme.
41:02Et plus ils payent,
41:04plus ils vont payer cher,
41:06et les caisses sont pleines, donc ils peuvent,
41:08plus ils vont pouvoir avoir de volontaires.
41:10Donc, globalement, ils peuvent, comme ça,
41:12évacuer le besoin d'immobilisation,
41:14et ça rassure aussi le business.
41:16Vous avez parlé tout à l'heure de l'âme russe.
41:18Est-ce qu'il y a un durcissement
41:20d'un caractère russe
41:24depuis que vous êtes là ?
41:26Moi, je trouve les gens
41:28beaucoup plus apaisés
41:30qu'avant, en Russie.
41:32Les gens sont beaucoup plus sereins,
41:34beaucoup plus apaisés, beaucoup moins en conflit.
41:36Tout s'améliore. L'administration, c'est plus facile.
41:38La route, ça va mieux.
41:40Donc, il y a moins stress,
41:42j'ai l'impression, de tensions
41:44face au monde extérieur,
41:46comme on le ressent en Russie.
41:48Le climat, bien sûr. Dans le Grand Nord russe,
41:50en Sibérie, les immensités, le climat,
41:52on sait que c'est dur.
41:54Mais, en général, au global, j'ai l'impression
41:56que les choses... Moi, je qualifie la Russie
41:58comme un pays apaisé.
42:00Les Russes sont beaucoup plus apaisés.
42:02Pour vous répondre sur le point que vous mentionnez précédemment,
42:04sur le fait d'être anti-occident ou pas,
42:06moi, je ne sens pas d'hostilité
42:08aux occidentaux.
42:10Je pense qu'on n'a jamais eu. En fait, spécialement,
42:12il y a eu une bonne compréhension des Russes,
42:14là-dessus, les médias russes ont bien joué,
42:16une bonne compréhension de l'hostilité géopolitique
42:18occidentale à l'égard de la Russie.
42:20Ça, c'est acté.
42:22Mais ce que les Russes ne veulent pas
42:24d'occident, c'est tout le sociétal.
42:26Ça ne marche pas.
42:28Pour le reste,
42:30ce qu'ils ont eu à prendre, ils l'ont pris.
42:32Donc, les Russes, dans un sens,
42:34sont européens, mais ils font peut-être partie
42:36de l'Europe. Civilisationnellement, la Russie, c'est une partie
42:38de l'Europe. Mais ce n'est pas que ça.
42:40C'est aussi autre chose. Moi, j'ai plutôt l'impression
42:42qu'il y a une réaffirmation
42:44patriotique, civilisationnelle russe,
42:46qui ne se fait pas en opposition
42:48avec les Européens
42:50et les Occidentaux. Elle se fait baser
42:52sur un logiciel russo-russe, en fait.
42:54Donc, c'est
42:56le patriotisme cool, c'est-à-dire que vous allez
42:58à l'exposition Russie, c'est des cœurs,
43:00des cœurs en fleurs, des cœurs rouges,
43:02le drapeau russe dessus.
43:04Ce n'est absolument pas contre.
43:06C'est plutôt une fierté
43:08personnelle.
43:10Merci, Alexandre, de maintenir
43:12le dialogue,
43:14d'avoir trouvé le temps
43:16pour le dialogue franco-russe à Moscou.
43:18Toujours dispo.
43:20Que peut-on faire ensemble,
43:22peut-être, pour renouveler
43:24ce dialogue ? Comment nos élites
43:26vont renouveler ce dialogue, puisqu'il est perdu ?
43:28Nous, on maintient le dialogue
43:30entre les sociétés civiles, ce qui est déjà
43:32beaucoup. Mais
43:34est-ce qu'il y a une relation franco-russe
43:36d'après ?
43:38Alors, moi, c'est ce que j'essaie de faire
43:40à mon homme le niveau, c'est-à-dire de faire venir
43:42des Français en Russie, des Belges, des Suisses, et leur montrer que
43:44on peut se parler avec les Russes et qu'on vit bien
43:46en Russie. Du point de vue
43:50on est en juillet 2024, on verra comment
43:52les choses évoluent, mais moi, j'ai la sensation
43:54qu'il y a un grand
43:56divorce. Et j'ai la sensation
43:58que dans les divorces difficiles,
44:00les choses mettent du temps à se remettre
44:02en place. Donc moi, je pense que
44:04le divorce entre la Russie et la France,
44:06entre la Russie et les Européens
44:08et les Occidentaux, il est assez fort.
44:10Les Russes, plausiblement, ont la main
44:12et décideront de
44:14renouer le contact.
44:16Et je pense qu'ils vont décider quand ils vont le renouer
44:18avec qui.
44:20Et les Européens seront en position d'attendre.
44:22Merci Alexandre.
44:24Merci Irina.
44:50Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org