Sur les pas de Christian Louboutin

  • il y a 3 mois
"Sur les pas de Christian Louboutin" est un documentaire sorti en 2020 qui offre un aperçu intime de la vie et de la carrière du célèbre créateur de chaussures français. Voici les principaux éléments à retenir sur ce film :

Le documentaire suit Christian Louboutin dans son processus créatif et son quotidien, offrant un regard unique sur son travail et sa personnalité

.
On y découvre l'univers coloré et excentrique du créateur, reflété dans ses collections de chaussures et d'accessoires. Pour l'été 2020, par exemple, Louboutin a créé une collection particulièrement pop et audacieuse, avec des sandales fluorescentes, des escarpins fuchsia et des bottines à paillettes
.
Le film met en lumière l'importance de la semelle rouge emblématique de Louboutin, devenue sa signature mondialement reconnue
.
On suit le créateur dans ses voyages et ses sources d'inspiration, qui vont de l'art à l'architecture en passant par les cultures du monde entier
.
Le documentaire montre également l'expansion de la marque au-delà des chaussures pour femmes, avec le développement des collections pour hommes. On y voit notamment la présentation de la collection printemps-été 2020 pour homme au musée des Arts forains à Paris
.
Le film souligne l'attention portée par Louboutin aux détails et à la qualité artisanale de ses créations, qu'il s'agisse de chaussures, de sacs ou d'autres accessoires
.
On y découvre aussi l'histoire de la marque, depuis ses débuts jusqu'à son statut actuel de maison de luxe internationale

.

Ce documentaire offre ainsi une plongée fascinante dans l'univers créatif de Christian Louboutin, mêlant glamour, artisanat et innovation dans le monde de la mode de luxe.
Transcription
00:00Je voulais dessiner, dessoulier et de cette manière je voulais qu'il plaise à des femmes
00:19et que les femmes le portent.
00:20C'était mon ambition certaine et la seule.
00:31Je n'étais pas dans l'idée de construire une marque, de construire un nom, de ce que
00:35ça voulait dire derrière, on fait des licences, je ne sais pas quoi.
00:40J'avais vraiment, honnêtement, authentiquement, pas la moindre idée de tout ce qui était
00:47le business de la mode.
01:05Alors on me pose souvent cette question, à quel moment les choses ont décollé.
01:12Vraiment, je n'en sais rien, je ne vois pas, il n'y avait pas vraiment de changement,
01:18je ne peux pas dire, voilà, il y a eu un événement qui a fait que, tac, tout à coup,
01:24les choses ont basculé.
01:28La première fois où je me suis dit, tiens, vraiment, là, j'étais étonné, étonné
01:33qu'on connaisse mon nom, c'était, j'étais à l'aéroport et donc il y a une dame,
01:37une dame, genre douanière, qui récupère les choses et qui les redonne et qui s'est
01:41mise à hurler en disant, oh my god, Louboutin, oh my god, I love them, etc.
01:46Et donc c'était la dame qui, et je me suis dit, ah bon, bah tiens, c'est drôle là.
02:08Oh my god.
02:33Les choses me semblaient bien parties en tout cas.
02:37On avait plus de clients, il y avait des gens qui aimaient, que ça faisait plaisir,
02:41que ça me faisait plaisir et que les choses étaient sympathiques, que je rencontrais
02:47des gens très rigolos, j'apprenais plusieurs même tits en même temps, j'adorais mon
02:52dessin, j'adorais dessiner, j'adorais voir les choses se réaliser.
03:06Quand je dessine, moi je vais me mettre dans un endroit que je connais bien.
03:26Si je ne connais pas l'endroit, je suis trop curieux pour rester à une table quand même.
03:31Donc ici, c'est un endroit complètement familier.
03:36On est au Portugal, c'est plutôt des collections d'automne, hiver que je fais ici.
03:44Il y a une mise en route, c'est pas que le premier jour, paf, je ponds des dessins,
03:54etc.
03:55Mais en revanche, je dessine.
03:56Si je ne suis pas en train de pondre des merveilles les deux premiers jours, ça ne
04:04m'angoisse pas.
04:05C'est toujours comme ça.
04:06Il y a toujours une espèce de mise en route, un peu fébrile sur la qualité des premières
04:11choses.
04:12Mais en revanche, je soigne les dessins.
04:14Le premier jour, le second jour, j'ai besoin de corriger les lignes, mais c'est de toute
04:21manière tout à fait un plaisir.
04:24Et c'est une parfaite mise en route.
04:26C'est comme un échauffement.
04:34Je commence à dessiner et il faut que ce soit un flux.
04:37Le propre d'une collection, c'est de dessiner abondamment.
04:43Ce qui m'inspire le plus, c'est quand même...
04:46Je pense qu'il y a quand même...
04:48Les objets viennent assez tôt, la musique vient assez tôt, et les gens en général
04:55quand même.
04:56Ce sont des gens que je connais, des gens complètement imaginaires, ou des gens que
05:00j'ai croisés, ou quelqu'un que j'ai vu dans un spectacle.
05:03Donc ça peut venir de gens.
05:06Il y a aussi quand même les plantes, qui est un truc qui me vient assez naturellement.
05:15Là par exemple, on est ici, il y a une santoline, c'est un jaune très précis avec un vert.
05:21Quand c'est à côté d'une autre plante ici, la plante dans le sable, qui est un violet
05:27assez doux, c'est très joli.
05:29C'est des combinaisons de couleurs et presque de matières, après ça va se transformer
05:32en matières aussi, qui me viennent vraiment des plantes.
05:55J'ai un peu le sentiment d'être un artiste.
05:58J'ai un peu le sentiment d'être un peu Obélix.
06:00Obélix dans Astérix, dès qu'il voit une chose, il l'imagine en cochon rôti, comme
06:07ça, il l'imagine cuisinée.
06:09Alors moi j'ai un peu cette chose, je vois n'importe quoi, j'en extrais un peu un dessin.
06:17Là par exemple, je regarderais ce tapis, et bien ce tapis c'est un type de tressage
06:20de cuir.
06:21Je vais voir une sandale, comme ça que je vais travailler.
06:23Et puis donc il y a un point de départ qui part d'un objet, qui m'est familier,
06:28donc une chose que j'aime de toute manière.
06:34Mais de temps en temps aussi, je veux dire que je laisse complètement mon crayon me
06:38diriger, et ça c'est le goût du dessin.
07:23La semelle rouge, en fait elle n'est pas née d'une idée, elle est née d'un dessin.
07:28Alors j'avais le soulier, j'avais le dessin, et à chaque fois je me disais, le soulier
07:33est bien, mais quand même le dessin est mieux.
07:36Je l'ai tourné dans tous les sens, et puis quand je l'ai eu comme ça, la semelle était
07:40noire.
07:41Et moi j'avais pas de noir dans mon dessin, j'avais pas de beige, j'avais pas de marron,
07:46j'avais pas de gris, j'avais que des couleurs vives.
07:49Et donc il y avait la personne, Sarah, qui essayait les souliers.
07:54Elle était en train de se vernir les ongles, donc elle avait une…
07:58Alors je lui ai dit, écoute, laisse-moi un truc, je peux te prendre ton vernis là,
08:04ta bouteille ?
08:05Elle m'a dit, attends, je finis les ongles, et puis je dis non, j'ai vraiment un truc
08:09que je voudrais vérifier.
08:11Alors bon, petite bataille, je réussis à récupérer la bouteille de vernis.
08:16Elle avait que deux ongles de fait, elle était pas contente.
08:18Mais il n'y a que deux ongles !
08:20Et puis j'ai vidé finalement la bouteille de vernis sur la semelle.
08:23Puis tout à coup, j'ai regardé mon dessin, j'ai dit, ben voilà, ça c'est mon dessin.
08:30Et alors, à cette époque-là, il y avait beaucoup de femmes qui ne portaient que du
08:34noir, qui disaient, je n'aime pas la couleur.
08:36Alors à une des femmes, je lui ai dit, mais vous dites que vous n'aimez pas les couleurs,
08:39mais enfin vous avez quand même de la couleur.
08:41Elle dit, ben non, j'ai pas de couleur.
08:42Je lui ai dit, ben si.
08:44Et là, elle dit, ah oui, rouge.
08:47Et donc cette femme m'a dit, ah non, mais rouge c'est différent.
08:50Rouge c'est différent.
08:51C'est pas vraiment une couleur, c'est plus qu'une couleur.
08:55Alors je me suis dit, oui, je vois ça.
08:57Et j'ai vraiment compris à ce moment-là que, même si on n'aimait pas les couleurs,
09:01le rouge existait.
09:14Bonjour.
09:15Bonjour.
09:16Bonjour.
09:17Ici, je parle avec les techniciens de ce qu'il doit rester du dessin.
09:46Il faut d'abord respecter le dessin.
09:48Et ensuite, la technique viendra au service du dessin.
09:52C'est-à-dire que s'il y a une chose collée au pied ici,
09:54bon, elle ne va pas être collée.
09:55Donc, un jeu de bride transparente, une chose qui ne se voit pas.
10:00Mais au stade du dessin, je préfère être complètement libre.
10:04Et ça, c'est important.
10:05Parce que sinon, si on a déjà trop de technique,
10:08on s'enferme dans la technique et le dessin va déjà se rétrécir,
10:12au terme imaginaire, enfin, dans le côté imaginatif,
10:15parce que là, on sait que ça, ce n'est pas possible.
10:18Il y a plein de choses qui ne sont pas possibles, mais ce n'est pas tellement important.
10:43On a commencé à travailler sur des lignes de décolleté.
10:47Moi, je n'avais jamais vu des choses comme ça.
10:49Et mon père, qui à ce moment-là, il avait déjà une soixantaine d'années,
10:53il me disait, non, non, ce sont des lignes qui sont impossibles,
10:56on ne peut pas les porter au pied.
10:57Mais je disais, écoute à mon père, écoute,
11:00on va suivre ce que nous dessine Christian et on va voir ce que ça donne.
11:03Et ça, c'était le grand succès.
11:05Le fait d'avoir des lignes qui montrent là où les orteils,
11:09ça commence du pied, ça donne un aspect super sexy à la chaussure.
11:20Dans un travail créatif, il y a des gens qui s'inspirent de la technique.
11:24Je me souviens, par exemple, très bien chez Jourdan,
11:27le technicien qui était un monsieur barbu, adorable,
11:30qui était avec sa blouse blanche,
11:32et puis il arrive devant moi et puis il me pose un soulier,
11:34alors il pose un soulier comme ça,
11:36il fait paf, sur mon bureau,
11:38et puis il me dit, tu vois, c'est génial,
11:41dans ce talon, il y a un clou.
11:46Je dis, ben, et alors ?
11:49Il me dit, mais tu n'y connais rien, on voit bien,
11:51il avait l'accent du médic, je ne suis pas très bien fait,
11:53mais tu n'y connais rien, qu'est-ce que tu veux ?
11:55Un clou dans un talon, c'est une chose très compliquée techniquement,
11:58ça tient avec un seul clou.
12:00Je dis, ben oui, mais n'empêche qu'il est moche.
12:07Pour moi, une femme, quand elle regarde un soulier,
12:09l'idée, c'est que ça lui développe une émotion ou une envie.
12:12Pas qu'elle se dise, wow, techniquement, challenge.
12:16Elle ne le voit pas, elle ne le voit pas.
12:18Et c'est pour ça que moi, par exemple, même le mot confort,
12:22je me suis beaucoup fait engueuler quand il s'agit du confort,
12:25parce que ça ne rentre pas dans ma tête, le confort,
12:28au moment de faire mes dessins.
12:30Et alors, ah, gna gna gna, le créateur français
12:33qui n'aime pas les femmes, qui s'en fout,
12:35qui veut les torturer, ça n'a rien à voir avec la torture.
12:37Mais c'est que si on a comme motif à la base le confort,
12:43je demande toujours, quand les gens me disent,
12:45je dis, mettez-vous dans la tête, mettez le premier mot confort.
12:49Dessinez après, vous allez voir ce que vous allez dessiner.
12:51Vous allez nous faire des pantoufles et des cholles.
12:57C'est juste le talon, sinon elle est bonne.
12:59Oui.
13:01On dirait des écailles, c'est assez beau, cela dit.
13:06Le principe, c'est vraiment de réaliser que jusqu'au bout,
13:10il y a les pyramides.
13:12Les pyramides, d'ailleurs, inversées.
13:16Pas dans le sens large, mais dans le sens large.
13:20C'est vraiment joli d'avoir une pointe ici,
13:22de la laisser en hauteur, ça va faire un ornement assez épais,
13:25vraiment comme un bijou.
13:26Et là, d'avoir une boule.
13:32Vous pouvez la maintenir.
13:39J'ai des pensées qui correspondent à différentes personnalités.
13:42J'ai le regard d'un créateur,
13:45j'ai le regard d'un homme
13:49qui pense à sa femme.
13:53Et puis j'ai le rapport, le copain des filles.
13:56Et puis j'ai le rapport, presque fille.
14:02Et ça, c'est un, sur le même dessin,
14:04je vais avoir une analyse complètement différente.
14:06Il y a quand même, dans mon travail,
14:09il y a différents types de caractères
14:11qui sont très différents,
14:13et c'est ce que j'aime le plus,
14:15c'est ce que j'aime le plus,
14:17c'est ce que j'aime le plus,
14:19c'est ce que j'aime le plus.
14:22Qui s'entremêlent,
14:24et qui de temps en temps s'entrechoquent,
14:26de temps en temps s'engueulent,
14:27et de temps en temps ne sont pas d'accord.
14:28Alors disons, dans toute la collection,
14:30il y a une partie de toutes ces fragmentations
14:32de ma propre personnalité,
14:34mais que je laisse parler à l'intérieur de moi.
14:36C'est important.
14:38Le soulier,
14:39chez une femme,
14:40il irradie,
14:41c'est un petit endroit,
14:43il touche les pieds,
14:44mais il irradie complètement
14:46le corps en entier.
14:48Le corps en entier,
14:49la silhouette complète,
14:50et puis donc ça irradie jusqu'à la tête,
14:52enfin la manière d'être, dans le fond.
14:54Et donc c'est vrai que c'est un objet
14:56très transformiste, quand même,
14:58un soulier.
14:59C'est un objet très transformiste,
15:01un soulier.
15:02C'est un objet très transformiste,
15:04un soulier.
15:05C'est un objet très transformiste,
15:06un soulier.
15:08La femme,
15:09elle porte ses vêtements,
15:11alors que le soulier porte la femme.
15:29Mystique, là.
15:30Mystique, là.
15:31Et là, c'est un peu pour la carrière.
15:33Alors, pour la carrière, c'est...
15:36Ça fait assez rivière, ça.
15:38Allez, que je regarde.
15:41Ça, ça fait fleurs.
15:43Himalayan flowers.
15:46Himalayan flowers.
15:51Bah, Bhutan beauty, celle-là.
15:55Bhutan beauty.
15:59Alors, celle-là,
16:02c'est Patra.
16:04Ah, zut, c'était celle-là,
16:05Himalayan flowers.
16:06Là, il y a toutes les fleurs.
16:12Allez, fairy's garden.
16:14Donc maintenant,
16:16si elle était, on est d'accord.
16:19Ça,
16:21Himalayan garden.
16:23Flowers.
16:28Voilà tous les noms.
16:29Bon, voilà, on a tous les noms.
16:30OK, alors.
16:32C'est ça.
16:36Donc, c'est Patra.
16:37Voilà.
16:38OK, moi, je continue.
16:45Je vais ici, je dirais,
16:46une semaine par mois.
16:48Parce que ça avance.
16:49C'est-à-dire que
16:50quand on reste une semaine,
16:51ça permet de commencer des choses,
16:52de corriger des choses
16:53et de les revoir
16:54deux ou trois jours après
16:55plutôt que d'attendre
16:56la prochaine fois
16:57et de se dire, ah ben...
16:58Donc, de les corriger
16:59presque plusieurs fois.
17:00Et puis, c'est instantané.
17:03C'est important pour moi
17:04de dormir dans l'usine
17:05parce que peut-être qu'à
17:069h, 10h du soir,
17:07il y a des choses
17:08qui me reviennent en tête.
17:09Je descends,
17:10l'usine est fermée,
17:11mise sous clé, etc.
17:12Avec les...
17:13Donc, je ne descends pas
17:14dans l'usine.
17:15Mais moi, j'avais besoin
17:16de pouvoir être capable
17:17d'être relié au bureau,
17:19là où il y a les crayons,
17:20etc.
17:21À n'importe quel moment.
17:23Quand ce qu'on fait
17:24dans son travail marche,
17:25ça veut dire qu'on peut
17:26le faire mieux.
17:28Tout ce qui est
17:29de mon stade imaginaire,
17:30tout ce qui est dessin
17:31qui est peut-être
17:32plus compliqué,
17:33dessin qui est
17:34très difficile
17:35à faire techniquement
17:36ou des choses
17:37qui peuvent être très chères
17:38à la fabrication,
17:39je peux quand même
17:40me permettre de les faire.
17:43Ça mène toujours
17:44à quelque chose.
17:45Ça veut dire
17:46qu'il y a des choses
17:47qui sont très difficiles
17:48à faire,
17:49des choses qui sont
17:50très difficiles
17:51à faire.
17:52Ça mène toujours
17:53à quelque chose.
17:54Ça veut dire que,
17:55dans le fond,
17:56on a écarté cette chose.
17:57De toute manière,
17:58dès que je fais une chose
17:59que j'écarte
18:00pour plein de raisons,
18:01des raisons visuelles,
18:02des raisons
18:03que ça ne marche pas,
18:04etc.,
18:05ce n'est pas
18:06ni de l'argent perdu
18:07ni du temps perdu.
18:08En fait,
18:09le succès,
18:10ça m'a apporté
18:11la possibilité
18:12de continuer
18:13à beaucoup expérimenter
18:14et de le faire
18:15même plus.
18:21Sous-titrage MFP.
18:52Christian,
18:53je le connais
18:54depuis 20 ans.
18:55Quand je l'ai rencontré
18:56en 2000,
18:57il avait déjà un nom,
18:58une certaine notoriété,
18:59mais il y avait
19:00assez peu de boutiques.
19:01Le nom Christian Louboutin
19:02n'avait pas,
19:03à l'époque,
19:04le rayonnement
19:05planétaire
19:06et assez incroyable
19:07qu'il peut avoir
19:08aujourd'hui.
19:09Mais néanmoins,
19:10le mode de vie
19:11de Christian
19:12est rigoureusement
19:13le même.
19:14Il n'a pas changé.
19:15Et ça,
19:16ça force l'admiration
19:17parce que ça veut dire
19:18qu'en lui,
19:19il y a quelque chose
19:20qui est plus fort
19:21que le succès,
19:22que le désir
19:23de réussite,
19:24que la spirale
19:25comme ça
19:26de l'enrichissement,
19:27c'est rester fidèle
19:28à lui-même.
19:29Il aurait très bien
19:30pu transformer
19:31sa vie
19:32en enfer
19:33de grands patrons,
19:34d'industriels,
19:35comme beaucoup
19:36de gens
19:37qui connaissent
19:38le succès
19:39qui ne peuvent pas
19:40s'arrêter en chemin
19:41et qui,
19:42comme ça,
19:43rachètent
19:44des entreprises,
19:45ils veulent bâtir
19:46un empire,
19:47ils veulent
19:48construire
19:49ils veulent bâtir
19:50un empire,
19:51ils veulent être
19:52le numéro 1,
19:53etc.
19:54Christian,
19:55pas du tout.
20:01Ils sont où ?
20:04Ils sont où ?
20:06Je sais que Delphine
20:07est devant
20:08en train de filmer.
20:09Je ne sais pas.
20:15Ça,
20:16il faut vraiment
20:17les essayer.
20:19C'est très très joli
20:20en tout cas maintenant.
20:21Il faut en faire une paire
20:22en 43,
20:23marcher avec,
20:24marcher avec,
20:25marcher avec.
20:30Au-delà de dessiner
20:31les souliers,
20:32il y a maintenant,
20:33c'est une compagnie,
20:34donc il y a
20:35beaucoup de choses,
20:36il y a des événements,
20:37il y a de la photographie,
20:38il y a des magasins,
20:39il y a des décors,
20:40il y a de l'architecture,
20:42il y a des rencontres,
20:43il y a des collaborations,
20:44il y a beaucoup
20:45de choses qui se passent
20:46et j'aime tout voir
20:47j'aime m'occuper de tout
20:48et parce que ça m'intéresse
20:49et je recherche
20:50d'avoir vraiment du plaisir
20:51dans tout ce que je fais
20:52et d'améliorer
20:53tout de partout.
20:58Oscar et Marie,
20:59on les met à 13 heures.
21:01À 13 heures,
21:02tu as raison.
21:03Ah oui,
21:04alors à 12h30.
21:07Oscar et Marie.
21:09Parce qu'il n'y en a pas
21:10pour longtemps.
21:12A quelle heure
21:13elle m'a dit,
21:14la vignole ?
21:15Oui Simon,
21:16tu peux venir voir Christian
21:17maintenant ?
21:19Ah,
21:20vous êtes prêt quand Simon ?
21:25Dans 20 minutes ?
21:26Quelle heure il est là ?
21:2811h30.
21:29Alors à midi.
21:31À midi ?
21:32Merci.
21:34Donc midi Simon,
21:35ça c'est bon.
21:39Qu'est-ce qu'il se passe d'autre ?
21:4013h voilà.
21:42Il est là pour combien de temps Simon ?
21:44Il en a pour une demi-heure.
21:46Du velours alors.
21:48Oui, on ne peut pas le faire.
21:49Simon n'accroche pas.
21:51Je ne peux faire qu'en velours
21:52ou en satin.
21:53Le satin.
21:55Ouais, le satin c'est bien.
21:59Le satin ou alors
22:00le truc qu'on a vu en dessous.
22:03Tous les essais,
22:04c'est très beau ça.
22:05C'est bien,
22:06c'est bien pour ce modèle.
22:07Fais-le réessayer.
22:08Ouais.
22:09Quitte à faire essayer
22:10un beau velours.
22:12Ouais mais ça ne prend pas.
22:13Je ne pense pas que ça va prendre une demi-heure.
22:15Ça prend du temps.
22:16Ben non.
22:17Pas sûr.
22:25Je ne suis pas un contrôle freak.
22:26Je trouve qu'on entend beaucoup comme ça.
22:28Et ça a besoin d'être parfait.
22:29Moi je veux que ce soit parfait.
22:30Moi je ne cherche pas la perfection.
22:31Je cherche que les choses soient bien.
22:32Je cherche que les choses soient belles.
22:34Je cherche à ce que les choses soient intéressantes.
22:37Je n'arrive pas à comprendre
22:38pourquoi on doit être parfait.
22:41Oh !
22:43Alors.
22:46Hello.
22:48La vitrine de cet été.
22:49Ski nautique.
22:50Tous les produits qui font du ski nautique.
22:54Certaines sont des bouées de sauvetage.
22:56Super fun.
22:58La seule chose.
22:59C'est très bien.
23:00La seule chose,
23:01je trouve qu'il faudrait
23:02qu'il y ait plus de découpage dans les bagues.
23:05C'est ça.
23:06C'est ça.
23:07C'est ça.
23:08C'est ça.
23:09Ça va être dans les bagues.
23:10Ça va être un peu droit.
23:11Ça va être boum, boum, boum, boum.
23:13Il faudrait que ça tourne.
23:15Ce n'est pas joli d'avoir les choses droites.
23:17Surtout que comme tout est à base de ronds,
23:19tout à coup,
23:20on a un truc droit avec des lignes.
23:22C'est le premier truc que je vois moi.
23:25Ok.
23:28Et le outline.
23:30Oui.
23:31Très bien.
23:33C'est mieux.
23:34Oui.
23:35Plus féerique.
23:37Féerique ?
23:38Féerique et plus…
23:39Ça a plus de dynamisme.
23:43C'est comme ça.
23:44Ça fait un peu nuage maintenant,
23:45mais bon.
23:46Non, mais ça marche.
23:47C'est génial.
23:48Là, il faudrait une boule.
23:49D'accord.
23:50Ah oui.
23:51Ok.
23:52Une petite boule rouge.
23:53Une petite boule rouge.
23:54Il n'y a jamais de ronds dans les boutiques
23:55parce que sinon,
23:56ça serait joli d'avoir
23:57comme un débutant,
23:58un truc comme…
23:59Ah oui.
24:00Un peu…
24:01Un petit ressort.
24:02Un petit ressort.
24:03Non, mais ça,
24:04c'est une très bonne idée.
24:09Je travaille tout à fait
24:10dans le grand domaine de l'inutile,
24:12mais le grand domaine de l'inutile,
24:14c'est assez formidable.
24:18J'ai un souvenir moi-même
24:19assez précis d'une femme
24:20qui arrive dans la boutique.
24:22Ça, c'était les premières années
24:23où à Paris,
24:24je travaillais dans la boutique,
24:25donc comme vendeur aussi.
24:29Et je me rappelle cette femme
24:30qui voit…
24:31Alors, c'était le pluminette.
24:34C'était une sandale
24:35atteinte à l'intérieur
24:36C'était une sandale
24:37à talons hauts
24:38avec le talon trèfle
24:40en crêpe rose pâle
24:41avec un chou de plume
24:42sur l'avant du pied.
24:45Rose poudrée,
24:46vraiment le truc,
24:47si on a les doigts sales,
24:48ça y est, c'est déjà fini.
24:49Ça marque et tout,
24:50enfin bon, en crêpe.
24:52Et alors,
24:53elle regardait les choses
24:54et au bout d'un moment,
24:55elle arrive sur ce soulier,
24:56elle dit
24:57Oh !
24:58Mais j'adore ça,
24:59mais c'est tellement inutile.
25:01J'en ai trop besoin.
25:02Visiblement,
25:03elle n'avait jamais vu
25:04un soulier comme ça
25:05On a absolument besoin
25:06de choses
25:07qui vous font rêver.
25:08On a absolument besoin
25:09Ça protège aussi
25:10les choses
25:11qui vous font rêver.
25:12Ça protège
25:13les choses
25:14complètement inutiles.
25:29Les chaussures,
25:30c'est des histoires
25:31de ceux qu'on rêve d'être.
25:35De ce qu'on est vraiment
25:36ce jour-là,
25:37de ce qu'on croit qu'on est
25:39mais qu'on n'est pas du tout.
25:41C'est une espèce
25:42de choix d'accessoires
25:43qui va être
25:44un peu déterminant.
25:45Moi, j'ai l'impression
25:46que dans les chaussures
25:47de Goutin,
25:48il y a cette espèce
25:49de clé de passage
25:51d'un univers à un autre.
25:53C'est comme si,
25:54tout d'un coup,
25:55il y avait une telle
25:56concentration de temps,
25:57de précision,
25:58de réflexion,
25:59d'histoire potentielle,
26:00tout ça,
26:01ramassé tout au bout du pied.
26:04C'est comme s'il y avait
26:05un paquet de signifiants
26:06comme ça
26:07qu'on mettait
26:08au bout de course.
26:13Ce que je trouve frappant
26:14dans son travail,
26:15c'est qu'on a le grand sentiment
26:17d'une continuité
26:18et que,
26:20même avant la semelle rouge,
26:22on a cette impression
26:24que, dès le début,
26:26tout est déjà,
26:27les codes sont déjà là
26:29parce que les codes,
26:30c'est lui.
26:35Je pense que,
26:36dans toute une partie
26:38de mon apprentissage
26:40de la création,
26:41il y a ce que j'ai vécu
26:43en magasiné assez tôt.
26:45Et le palais s'en fait partie.
27:05C'est passionnant
27:06parce que, finalement,
27:07c'est un kid on the block,
27:09un kid from the block
27:11de la fin des années 70,
27:12début des années 80,
27:13et qui devient
27:14une figure majeure mondiale
27:16de la création.
27:17Je pense que du gamin
27:18qui rentre en loose day
27:19au palace
27:20à, aujourd'hui,
27:21quelqu'un qui est à la tête
27:22d'un business planétaire,
27:26je trouve que c'est quand même
27:27pas inintéressant non plus.
27:28Ça donne aussi un peu d'espoir,
27:30voilà, d'une certaine manière.
27:34Le palace, c'était vraiment
27:35une représentation de la liberté.
27:38Déjà, tout le monde se mélangeait.
27:40Et puis, avec peu de choses,
27:44on pouvait faire beaucoup d'effets.
27:46Il fallait, comme ça,
27:48fabriquer les vêtements, etc.,
27:50s'amuser, parader.
27:53Enfin, c'était comme ça.
27:54C'était super parade.
27:56Il y avait, en fait,
27:57un travail assez sérieux
27:58de ne pas être sérieux.
27:59Et ça, ça a disparu.
28:05Quand on a une compagnie,
28:07au bout d'un moment,
28:08il y a des années contre.
28:10Ça a approché les 25 ans,
28:12donc je me suis dit,
28:13c'est pas mal
28:14d'avoir une exposition
28:15qui n'est pas une rétrospective,
28:17mais qu'est-ce qui s'est passé
28:18pendant ces 25 ans?
28:20Et c'est ça qui m'a motivé,
28:21qui m'a donné envie
28:22de faire des expositions
28:23qui, en fait,
28:24sont un peu plus
28:31Et c'est ça
28:32qui m'a motivé,
28:33qui m'a donné envie,
28:34et surtout aussi
28:35de donner la parole
28:36à beaucoup de gens
28:37avec qui je travaille
28:38et de mettre aussi
28:39en lumière
28:40toutes les collaborations
28:42et tout ce qui concerne
28:43aussi l'artisanat.
28:57Pour l'instant,
28:58on a vachement gardé
28:59le projet secret.
29:01On n'a pas du tout
29:02parlé du projet.
29:04Donc, les rares personnes
29:06qui ont commencé
29:07à émettre un désir d'œuvre
29:09sont des gens
29:10qui étaient de l'interne,
29:12mais on n'en a surtout
29:13pas parlé.
29:15Du coup, on garde
29:16le côté expressionniste,
29:17et là, on arrive
29:18avec le switch
29:19exhibitionniste,
29:21en deux temps.
29:23Un petit peu d'accompagnement,
29:24là, c'est des choses
29:25qu'on peut pousser.
29:28C'est avec deux N,
29:29c'est sûr ?
29:30Ouais, ouais.
29:31C'est bon.
29:32Il y a deux N.
29:34C'est moche, avec deux N.
29:35On peut tout à fait
29:36le faire avec un N,
29:37on s'en fout.
29:40C'est moche, en plus.
29:41C'est vrai ?
29:42Non ?
29:43C'est moche, avec deux N.
29:44C'est sûr que c'est
29:45avec deux N ?
29:46Ouais, ouais, ouais.
29:47Mais, vous savez,
29:48on le fait avec un N.
29:51Parce que là,
29:52c'est la langue des N.
29:53On aurait vu le N,
29:54mais on l'aurait vu.
29:55Ça marche pas très bien.
29:56Non, on marque carrément
29:58« We decided for one N ».
30:06C'est pas une faute d'orthographe,
30:07on l'assume, quoi.
30:08Honnêtement, c'est plus joli.
30:11Non, c'est vrai, ouais.
30:12C'est plus joli.
30:15Je trouve que ça fait partie
30:16des casse-têtes au début.
30:17Ou alors, on fait un N comme ça.
30:22Vous voyez, qui est doublé
30:23et qui est accroché.
30:24Et qui est avec un N comme ça.
30:26Et comme ça, on dit,
30:27ben voilà, il y a le double N.
30:28Si vous l'avez pas compris,
30:29c'est parce que vous êtes...
30:30Bien.
30:31OK, ouais.
30:35Comme ça.
30:37Une exposition en soi,
30:38c'est formidable,
30:39mais pas une exposition
30:40n'importe comment.
30:41Je pense que c'est quelqu'un
30:42qui est, on le voit
30:43dans ses sources d'inspiration,
30:44la façon dont il a à la fois
30:45construit sa carrière,
30:46mais aussi construit
30:47ses amitiés, sa famille.
30:49C'est quelqu'un qui est
30:50dans l'exposition.
30:51C'est quelqu'un qui est
30:52dans l'exposition.
30:53Et sa famille, c'est quelqu'un
30:54qui ne fait pas les choses
30:55par opportunisme.
30:56Donc, on aurait pu lui proposer
30:58d'autres lieux dans Paris.
30:59Je pense qu'il y a un lieu
31:00qui l'intéresse,
31:01celui de la Porte Dorée.
31:02Parce qu'il a grandi
31:03à proximité de ce palais
31:04incroyable.
31:14Le premier dessin de soulier
31:16que j'ai vu, petit,
31:17c'était dans ce musée.
31:19Et en fait,
31:20c'était de la signalétique.
31:21C'était interdit.
31:22interdit aux talons hauts et c'était barré de rouge, c'était interdit aux talons parce que cette partie là était en métal dans les années 50
31:29et donc quand les talons étaient fins
31:31cette partie là en métal faisant ça, ça casse, aïe, je me fais même mal à la paume, ça cassait, ça cassait les bois et ça cassait
31:38les mosaïques, donc c'était interdit et moi ce premier signe d'interdiction sur un dessin
31:43c'est une chose qui m'a interrogé parce que j'allais très souvent dans cet endroit puisqu'il était à côté de chez moi, donc mes parents
31:48m'expédiaient assez facilement dans le musée parce que quand on était enfant du douzième arrondissement, c'était gratuit
32:01Quand on sait pas ce qu'on veut faire, on a toujours la pression des
32:04grandes personnes qui disent ben alors qu'est ce que tu vas faire quand tu seras grand et si on sait pas ce qu'on veut faire
32:10ça peut poser un problème
32:12alors moi j'avais cet échappatoire, je disais que j'allais dessiner des souliers, alors on me fichait une paire royale
32:17Je pensais pas que c'était un métier dans le fond, vraiment je pensais pas que c'était un métier, c'est vraiment quand on m'a offert le livre
32:24de quelqu'un que j'ai beaucoup admiré par la suite qui est Roger Vivier, Monsieur Roger Vivier
32:31Il y avait juste son nom dessus et puis il y avait des photos de beaucoup de ses souliers
32:37et quand j'ai regardé ça je me suis dit mais quelle merveille, c'est un vrai métier en plus, on peut faire des choses extraordinaires
32:47Presque au hasard, j'avais décidé pour moi d'un métier qui était en fait un très beau métier
32:57Puis en 88, j'avais 24 ans, Roger Vivier m'a proposé d'être son assistant complet pour l'exposition qui avait lieu au
33:07Musée des Arts Décoratifs, alors évidemment j'ai tout de suite dit oui
33:11C'était du travail de muséologie, j'allais récupérer des prototypes, j'écrivais toutes les fiches techniques etc.
33:19Mais pas du tout un travail de dessin, et d'ailleurs j'en avais franchement pas envie, quand on est comme ça face à son maître absolu
33:28on est content de le voir agir, on absorbe, mais j'avais pas envie de m'immiscer dans son histoire qui était déjà faite, il avait 80 ans à l'époque
33:41Alors après avoir travaillé pour Roger, je me suis dit, moi j'ai pas envie de travailler pour d'autres gens, là j'avais vraiment atteint une forme de Graal pour moi
33:50Donc je me suis dit, j'ai été sur un rêve d'enfant pendant longtemps, c'est très bien et ça m'a vachement satisfait, mais maintenant je passais autre chose
34:01Je passais autre chose parce que je voulais plus travailler pour des gens, et j'ai pas vraiment pensé à monter dans ma compagnie
34:08Donc en fait en 89 j'ai arrêté de dessiner des souliers et j'ai fait du paysagisme
34:16Donc j'ai commencé à créer des jardins, des terrains, des parcs etc
34:22Mais ça me manquait quand même de dessiner des souliers, c'était quand même une chose différente et ça me manquait
34:27Et donc c'est complètement par hasard quand je suis passé dans le passage vers Odada où j'ai essayé d'acheter une lampe
34:35Et Eric Philippe qui avait sa galerie, qui a toujours sa galerie dans le passage vers Odada, j'ai essayé de lui acheter une lampe
34:42Mais il s'est passé cette chose, c'est qu'on a beaucoup discuté et puis il m'a dit, mais pourquoi, comment vont les souliers ?
34:48J'ai dit, mais moi j'ai arrêté les souliers, je fais du paysagisme et alors ça te manque pas ?
34:52Mais si ça me manque
34:58Philippe m'a dit, mais là au bout du passage il y a un endroit qui se libère, c'est une galerie de photos, pourquoi tu la prends pas ?
35:07J'en ai parlé à mes deux plus vieux amis Henri et Bruno, c'est Bruno qui a dit, ben oui, faisons ça, faisons une compagnie, on fait une boutique
35:17Et puis voilà, t'as des milliers de dessins, tu les réalises et puis on commence avec un magasin
35:28Pendant j'imagine deux ans, on a vraiment vivoté, vivoté, super vivoté, à peine vivoté, mais c'était pas tellement important pour moi
35:48Vraiment j'étais tellement content de voir chaque dessin se réaliser, chaque chose que j'avais dans la tête pouvoir exister
35:55Et c'était mieux si on les vendait, mais si on les vendait pas, je me disais, bon ben voilà, les gens aiment pas, je suis peut-être le seul à aimer tel type de modèle, tel truc, etc
36:06Mais ça me traumatisait pas d'autre mesure
36:08Mais au bout de deux ans, Bruno m'a dit, ben là on vient de passer la barre d'un truc qui s'appelle break-even, ça veut dire qu'on gagne pas d'argent mais on perd pas d'argent
36:17Et c'est la première fois, j'ai dit, ah bon on perdrait de l'argent, il m'a dit, ben on perdrait beaucoup d'argent
36:21J'ai dit, ben t'aurais pu me le dire, il m'a dit, non surtout pas, et j'ai dit, ben merci
36:25C'était vrai que c'était mieux de pas me le dire, ça m'aurait peut-être cassé les pieds
36:32Je crois vraiment pas que je serais capable de faire ce que je fais, s'il y avait pas Bruno
36:36Il m'a toujours laissé une énorme liberté, mais aussi si j'avais tendance à déraper, s'il y a des choses qu'il estime ne font pas de sens, il est toujours là me le dire
36:49On est vraiment un couple de travail, et ça je crois que c'est pour un équilibre, je crois que c'est très important
37:05Parallèlement à ça, j'ai pu y penser parce que ma mère venait de mourir
37:14Elle est morte fin 90, et donc un an après, j'ai commencé cette aventure
37:21Et je pense qu'elle est aussi très liée au fait que j'étais devenu un adulte
37:28Grâce à tout ce qu'on m'avait donné, je pouvais peut-être faire quelque chose, et je le devais un peu
37:34J'ai un énorme enthousiasme, et que l'enthousiasme c'est un espèce de talisman, c'est-à-dire qu'il faut le garder vivant
37:42Et que de briser l'enthousiasme de quelqu'un, c'est un truc dangereux, vraiment dangereux
37:48Et dans mon cas, je suis très enthousiaste très facilement, mais si j'ai pas d'enthousiasme, je suis comme chiffre molle, je fonctionne plus
37:56Je suis vraiment encéphalogramme plat
38:12Le seul moment qui me fait peur, c'est quand je vois tous ces gens qui dépendent de moi, et qui me regardent
38:16Et je suis comme ça, le nom, le dessinateur
38:21Le créateur, et tout le monde travaille pour moi, etc.
38:24Ça me traumatise assez, parce que je me dis, j'ai un accident de voiture, le plafond me tombe sur la tête, je me coupe la main
38:33Qu'est-ce qu'il se passe avec tous ces gens ?
38:38Que les choses se passent bien, que les choses grossissent, que les choses se démultiplient
38:44Que les choses atteignent des pays où j'habite
38:46Tout ça, c'est quand même une aventure sympathique, c'est une aventure avec plein de tiroirs
38:52C'est une histoire inattendue, c'est des choses que j'avais pas calculées, que j'avais pas imaginées, donc tout va bien
39:00J'ai cet ami que j'aime beaucoup, qui s'appelle Dita Ventis, qui est une artiste burlesque, qui danse, qui s'effeuille, qui fait tous ses spectacles
39:10J'aime quand je vois l'audience et qu'ils regardent juste les chaussures et rien d'autre
39:14Ils sont complètement mesurés par les chaussures, c'est vraiment excitant pour moi
39:40J'ai pensé à ce que nous pouvions essayer de faire, au lieu d'un zip, c'est un drapeau invisible
39:46Vous savez, avez-vous jamais vu, parfois on peut le faire avec une robe, où il y a une fermeture comme ça, et un drapeau qui passe en dessous, et tu l'enlèves
39:55Vous savez ?
39:57Ça me fait sentir bien, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé, et pas juste parce que c'est quelque chose qui n'est pas un symbole luxueux pour moi
40:05C'est que le rouge sur la jambe, c'est un peu comme le rouge de la peau que je suis obsédée avec
40:10Une des premières chaussures que j'ai achetées, qui étaient très jolies, c'était une des premières chaussures de Louis Vuitton
40:18Dita Vantis, à son mariage, son père vient me voir, et me dit qu'on vivait vraiment dans un village américain, il n'y avait rien, il n'y avait même pas un cinéma
40:28Vous pouvez m'expliquer pourquoi ma fille, à 10 ans, m'a demandé un livre de Louis Vuitton ?
40:34C'est un livre de Louis Vuitton, c'est un livre de Louis Vuitton, c'est un livre de Louis Vuitton
40:39C'est un livre de Louis Vuitton, c'est un livre de Louis Vuitton
40:42Vous pouvez m'expliquer pourquoi ma fille, à 10 ans, m'a demandé un livre sur les perruques et Marie Antoinette ?
40:49Elle m'a demandé ce livre sur les porcelaines chinoises il y a 11 ans
40:55Mais d'où ça lui sort ?
40:58Je lui ai dit, il y a une chose qu'on a en soi comme une vieille âme et les choses salivent
41:03On était en train de discuter avec Dita d'avoir une tige de métal et quand la tige de métal
41:13sort, elle est dans un fourreau, dans une coulisse, en fait, ça détache tout.
41:33Je pense qu'il manque une peau de rousse comme ça, mais vraiment dont la peau est blanche
41:47avec la veine bleue, blanc, blanc, blanc, blanc.
41:51Quand j'ai montré les mules la première fois, la presse mode, les gens regardaient
41:56et ont dit « oui, c'est intéressant, oui ». Il n'y a pas de marron dans les collections,
42:03c'est ce qui m'a été dit une fois sur deux.
42:06On se demande si on n'a pas besoin d'une couleur plus rose que celle-ci, il n'y en a rien.
42:12Pour quelqu'un qui est rose, quand même, ce n'est pas…
42:17Ça vient d'une chose très simple et nude, c'est qu'il y a assez longtemps, je montrais
42:23la collection à Paris à des acheteurs américains et je montrais certains souliers et je disais
42:29« voilà, on les a en noir, on les a en nude, nude, c'est beige, c'est la couleur de la peau,
42:38donc ça disparaît sur la couleur, ça allonge la jambe et c'est fait pour épouser la couleur ».
42:43Et puis, il y avait une fille qui travaillait chez moi, elle s'appelle Shandy, et elle est noire,
42:48et qui venait et qui soupirait.
42:52Je la choppe à la fin, je dis « mais ça ne va pas, je suis avec des acheteurs,
42:57tu arrives et tu es en train de soupirer, c'est quand même très très mal élevé ».
43:00Elle me répond en anglais « oui, mais il y a des choses qui m'énervent ».
43:06Je dis « mais genre quoi ? » Elle me dit « tu montres un soulier et tu dis « nude »
43:11et ça, je suis désolé, ce n'est pas la couleur de ma peau ».
43:13Je regarde et je dis « ben oui, c'est vrai, absolument ».
43:18Et je suis absolument désolé, j'avais jamais pensé, mais « you have a point ».
43:22Mais ça m'a quand même beaucoup interrogé.
43:24Donc à partir de ce moment-là, j'ai dit « bon, maintenant, quand on fait « nude »,
43:29on ne va pas faire un « nude », on va en faire de clair à foncé, de foncé à clair,
43:34on va faire une variété de « nude ».
43:37Et c'est ensuite, par un journal, pas un journal de mode,
43:42un journal-journal-newspaper anglais qui a parlé de ça,
43:48plutôt comme une chose sociologique.
43:52Et à ce moment-là, ça s'est enclenché à travers d'autres personnes,
43:56mais ça a été tout de suite pris comme un fait sociologique,
43:59pas du tout comme un fait de mode.
44:01Merci.
44:03Je vous ai sauté dessus, là, mais bon.
44:23Ce qui est important dans une exposition, c'est de montrer des choses différentes,
44:27des très belles vitrines, que fait Christian Louboutin dans le monde du commerce,
44:31et de translater ça dans le monde muséal, en essayant de préserver la magie,
44:35mais en essayant aussi de donner du contenu, du contenu scientifique, artistique, culturel,
44:39technique, par rapport à ce monde de la création-là.
44:42Et aussi de montrer dans ce type d'exposition qu'en effet,
44:46la mode est devenue un sujet d'études, un sujet de musée,
44:49et qu'un soulier de Christian Louboutin participe de l'écriture de l'histoire de l'art,
44:54comme il participe de l'écriture de l'histoire de la mode.
45:00Là, il n'y a pas assez de masse, à mon avis.
45:02Il faudrait que ça monte au moins... Cette partie-là, il faut qu'elle soit plus haute en proportion.
45:06Voilà. Mais cette partie-là, eh bien, il faut qu'elle soit plus haute en proportion.
45:11Il y a dans l'exposition une représentation de l'idée du soulier,
45:16de l'idée merveilleuse du soulier, de l'idée vraiment du soulier qui est devenu comme une espèce d'icône,
45:21comme ça, et qui est une chose qui fait rêver.
45:23Donc, le soulier rêvé, pour beaucoup de gens, c'est vraiment le soulier de Cristal, quoi.
45:29C'est... C'est un soulier qui fait rêver.
45:31C'est un soulier qui fait rêver.
45:33C'est un soulier qui fait rêver.
45:35C'est un soulier qui fait rêver.
45:37C'est un soulier qui fait rêver.
45:39Le soulier de Cristal, quoi. C'est... C'est le soulier imaginaire.
45:42C'est la transparence. C'est la luminosité.
45:45C'est... C'est même presque la virginité à travers les contes, etc.
45:50C'est pratiquement ça, la base.
45:52Et de là, un peu plus épais là. Enfin, un peu plus large là.
45:56Et de là, on sort ça, on sort le talon, et on sort la pointe.
46:03C'est une forme inachevée.
46:04C'est une forme inachevée, c'est-à-dire que c'est encore un...
46:07C'est entre le dessin et la réalité, le tout cristallisé.
46:12C'est bien qu'on ait préparé des petits cristaux.
46:14Ouais, c'est bien.
46:16Et donc ça, c'est un...
46:18Ça, c'est le gros challenge, parce que c'est un bloc de cristal qui, à l'heure qu'il est,
46:22ferait 12 tonnes avant d'être taillé,
46:26et ensuite serait réduit à 7 à 8 tonnes.
46:31Là, il faut de la colle.
46:33Ah ouais, OK.
46:34Il reste des cristaux, là ?
46:36Ah ouais, c'est bon.
46:37Non, non, c'est bon.
46:39Là, là aussi.
46:41Jusqu'à 1850, la plupart des artistes étaient des chefs d'entreprise.
46:45Delacroix, Ingres compris.
46:47Breugel, ils étaient 250.
46:50Michel-Ange, ils étaient 200.
46:51Il était fils d'Industriel si elle était fils de Pierrot.
46:54Ils avaient tous des assistants. Raphaël, pareil.
46:56Les mecs, ils devaient avoir des gars qui broyaient les pigments,
46:59d'autres qui faisaient les liants, d'autres qui préparaient les châssis,
47:02d'autres qui faisaient les fonds, d'autres qui faisaient la dorure.
47:05C'est là où il y a un trou.
47:10Allô ?
47:11Ouais, dites-moi une chose.
47:13Qu'est-ce que j'ai demain ?
47:15Alors, demain, demain, demain,
47:18assez chargé, on a le Meeting Capitine à 9h15.
47:21Ouais.
47:22À 11h, vous voyez l'Avigna.
47:24Ouais.
47:25À 12h15, vous êtes chez Jean-Noël.
47:27Ouais.
47:28À 13h30, vous passez l'IRM de l'École.
47:30À 14h, vous êtes avec Paris.
47:31À 17h30, vous voyez Sarah Boston.
47:36OK.
48:02On arrive vraiment au cœur d'une chose, d'idolâtrie,
48:06qui est le palanquin sous lequel il y a tous les cristals.
48:09Il fallait une sorte de temple portable
48:12pour abriter le soulier, le symbole même du soulier.
48:16Un, deux et trois.
48:18Parce que ça va rajouter au parallèle,
48:20et en plus, vraiment, la forme,
48:22la forme, elle va arriver là.
48:24Il est fait en Espagne et il est fait aussi en Inde.
48:28Il est entièrement, entièrement, entièrement brodé
48:31par les abéliens de Sabia Satchi.
48:43Mon travail, c'est aussi le travail des autres.
48:46L'exposition, je sais que ce soit une célébration
48:48de tout ce qui est lié aux artisans
48:50avec lesquels je travaille, aux artistes.
48:54Les mariages avec différentes personnes,
48:57différents caractères,
48:59qui forment le tout de mon travail dans son entier.
49:54L'exposition, c'est pour moi de regarder le travail,
49:58de faire une synthèse de choses qui ont été faites,
50:01de faire une synthèse de choses que j'ai aimées,
50:03de voir ce que je continue à aimer,
50:05de voir ce que j'ai gardé, de voir ce que ma mémoire a gardé,
50:08et puis de voir aussi l'évolution de son travail
50:11et comment les choses se sont articulées
50:13avec d'autres gens, les collaborations, etc.
50:18À la base, c'est une chose complètement égoïste,
50:20qui se mélange avec l'envie de partager
50:22avec un très grand nombre qui aimeraient beaucoup
50:25savoir plus sur le travail,
50:27qui aimeraient beaucoup pouvoir le regarder
50:29de manière plus large.
50:33On peut même essayer quelque chose comme ça,
50:35de couleur aussi, comme ça, tout là-bas,
50:37juste pour voir.
50:45Dans ce pays, il y a beaucoup d'artistes
50:49Dans ce pays, il y a une chose qui est
50:52très importante et qu'on voit partout,
50:55c'est à travers déjà la nature,
50:57mais ensuite tout de suite l'architecture,
50:59l'architecture de maisons, l'architecture des temples.
51:02On voit bien qu'il y a un goût inné
51:05et très forcené du détail.
51:07Et ça, c'est une chose
51:09auquel je peux me rattacher complètement
51:11parce que moi je fais un travail qui est petit,
51:13mais où il y a vraiment une attention au détail.
51:18Oui, il y a une intervention très importante.
51:49J'ai toujours regardé les shows,
51:52j'ai toujours collectionné,
51:54j'ai toujours visité les endroits,
51:57je me suis toujours intéressé à beaucoup de choses
52:00et de manière totalement gratuite,
52:02je ne me suis pas dit que ça allait nourrir
52:04un travail futur.
52:06Mais dans le fond, je me rends compte maintenant
52:08que ce n'est pas que je crois à l'écriture,
52:10c'est-à-dire que les choses étaient écrites,
52:12mais dans le fond, tout ça,
52:14ça participe à mon travail.
52:18C'est comme si j'avais déjà fait des choses
52:20très disparates,
52:22mais qu'il commençait à y avoir
52:24une espèce de cliquetis,
52:26que les choses se mettaient à s'imbriquer un peu.
52:42Aujourd'hui,
52:44on est genre le 22,
52:46donc disons qu'on est le 24,
52:48on est à...
52:50Il nous reste...
52:54novembre à mois,
52:56donc novembre, décembre, janvier.
52:58On est à quatre mois pile-poil,
53:00pratiquement jour pour jour.
53:02À deux jours près, on est à quatre mois de l'exposition.
53:04Jusqu'à l'exposition,
53:06maintenant, je connais mon agenda par cœur,
53:08jour après jour.
53:10Je crois que je peux tomber malade
53:1248 heures maximum,
53:14ça entacherait...
53:16Si je tombe malade, je dois tomber malade un week-end,
53:18et je dois tomber malade
53:20le 21, le 22
53:22et le 23 décembre, je dois être guéri.
53:26Comme vous pouvez l'imaginer,
53:28il y a un travail de fou.
53:30Le rouge est beau aussi.
53:32C'est le rouge qu'on avait...
53:34Oui, qu'on avait choisi.
53:36Je pense que c'est normal qu'à quatre mois,
53:38il y ait beaucoup de choses qui soient faites,
53:40et je pense que c'est normal qu'à quatre mois,
53:42il y ait encore des interrogations,
53:44il y a encore des zones d'ombre et tout,
53:46mais ça va. Non, ça va.
53:48Le plus gros est fait,
53:50et puis la part de choses
53:52qui n'est pas faite,
53:54la part de mystère,
53:56c'est plutôt excitant quand même.
54:13Le nom de Louboutin revient
54:15dans les chansons de rap,
54:17dans des séries télévisées mondialement,
54:19diffusées, etc.
54:21Ça incarne quelque chose, qu'on le veuille ou non,
54:23et c'est là où l'humain l'emporte
54:25sur l'idéologie, les concepts, etc.
54:27Je pense qu'il y a un truc très fort
54:29et qu'il a réussi à incarner.
54:31Oui, ça fait partie d'une culture commune.
54:37J'ai l'impression que
54:39c'est amené cette dimension théâtrale
54:42de la vie dans la rue.
54:44Ouvrir chacun une expérience
54:46qui est un petit peu
54:48une expérience de scène
54:50pour le commun des mortels,
54:52et certainement pas une expérience de processus.
55:08Pour l'orientation de ces deux-là,
55:10ce qui est important, c'est de partir de ce point de vue.
55:14Là, par exemple, d'ici, je le vois mieux.
55:16Je vois mieux le dessin.
55:20Je ne suis pas un modèle.
55:22Je ne peux pas expliquer ma recette
55:24et dire que ça s'est passé comme ça,
55:26ça s'est plutôt bien passé.
55:28Alors faites comme moi, ça va bien se passer.
55:32De temps en temps,
55:34quand il y a des élèves, des étudiants
55:36qui viennent me voir et qui me demandent
55:38ce qui pourrait les aider dans leur travail,
55:40c'est assez compliqué pour moi.
55:44Le truc que je dis en général aux étudiants,
55:46c'est n'essayez pas d'être
55:48une idée de vous-même dans 15 ans.
55:50N'essayez pas de vous mettre des buts trop précis
55:52parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer.
55:54On ne sait jamais ce qui va se passer
55:56pour soi-même.
55:58C'est compliqué, et tant mieux.
56:00Tant mieux.
56:08Sous-titrage MFP.
56:38...
57:08...

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