• il y a 4 mois

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Transcription
00:00Je m'appelle Marion, Marion D'Ariotor, et je suis une entrepreneure dans le monde de la communication.
00:05Je crée des agences de com, comme on dit.
00:08J'ai créé ma première agence en 2008, qui s'appelait Elan, je l'ai revendue à un grand groupe américain.
00:14Et puis, j'ai eu envie de réentreprendre, donc je dirais que je suis une récidiviste.
00:18Et j'ai créé Arcane, une autre agence, entre deux confinements,
00:23alors qu'on n'avait pas encore beaucoup de visibilité sur le retour à la normale et sur le business.
00:27Donc voilà, c'est ça l'entrepreneuriat pour moi, ça se fait dans le monde de la communication.
00:31C'est un déclencheur malheureux, mais qui a été heureux.
00:34J'ai eu à vivre un épisode familial un peu compliqué, à faire face à la maladie d'un proche.
00:41Et puis, quand on fréquente la mort de près, on en sort avec, en tout cas moi, une énergie qui était de dire,
00:49la vie, elle peut s'arrêter demain, donc en fait, il est urgent de vivre ses rêves.
00:54Et en fait, en me reconnectant à mon rêve, je me suis dit, c'est quoi ton rêve ?
00:59Et en fait, je suis retombée sur cette idée d'entreprendre.
01:01Et donc, face à cet accident de vie, je puis dire, ça m'a tout simplement donné l'énergie d'entreprendre.
01:08Donc je me souviens, j'ai démissionné, j'ai lâché ma belle voiture de fonction,
01:13je n'ai même pas négocié un chômage, je me suis cassée et j'ai créé Elan.
01:18Voilà, c'est comme ça que c'est né.
01:20Oui, ça suscite des jalousies et c'est dur à vivre.
01:23Ce qui est dingue, c'est que la première entreprise, quand elle marche, ça suscite des jalousies,
01:28qu'il faut s'en foutre, mais que parfois c'est difficile, ça nous touche.
01:32Enfin, je ne vais pas dire le contraire.
01:33Avec les rumeurs, les « quand dira-t-on ? », le « de toute façon, Marion, elle réussit »,
01:39« parce que c'est une femme », « que ses clients, c'est des hommes »,
01:42je vous passe tous les trucs divers et variés.
01:44Et la deuxième boîte, en fait, elle est dure parce qu'on est encore plus attendu au tournant.
01:51Et je sais que quand j'ai créé Arkane, certains disaient « elle a réussi une fois, elle ne le fera pas deux fois ».
01:56Je démarre du coup Arkane en me disant « je suis attendue au tournant ».
02:00Double peine.
02:01Double peine parce qu'il y a le risque et en plus, il y a « si je me plante, ça fera jaser, ça fera sourire ».
02:08Du coup, ça donne quoi ?
02:10Ça donne juste l'agnac pour ne pas se planter et pour super réussir et ne pas laisser le champ à la critique.
02:18Mais oui, ça serait vraiment bien que les regards changent un peu sur derrière l'entreprenariat,
02:23il y a des gens qui prennent des risques.
02:24Contrairement aux apparences, moi, je n'ai pas du tout eu confiance en moi pendant longtemps.
02:30Et au contraire, c'est parce que je n'avais pas confiance en moi
02:33que j'allais chercher une zone d'effort pour me prouver quelque chose.
02:38Donc en fait, le manque de confiance en soi peut être aussi un accélérateur et un déclencheur.
02:42Il y a quand même un truc que je trouve chez les entrepreneurs qui est cette recherche de liberté.
02:47Un truc de la liberté, alors elle se joue à plein de niveaux.
02:51Ça peut être la liberté de penser, la liberté d'innover, le fait de ne pas être pris dans un système.
02:57Je pense que la liberté, c'est important.
02:59Il faut un côté joyeux, il faut un côté optimiste, il faut un côté presque naïf parfois
03:05parce qu'en fait, il faut se dire « en fait, je vais y arriver, tout est possible ».
03:09Avant d'être entrepreneur, comme vous voyez, j'ai les cheveux frisés.
03:13J'avais un patron qui me disait « tu sais, ces cheveux frisés, ça fait un peu sale,
03:17c'est un peu pas très élégant et tout ça ».
03:20Pendant des années, je me suis fait des brushings pour être dans le code.
03:24Et puis quand je suis devenue entrepreneur, j'ai arrêté de faire des brushings,
03:27j'ai assumé mes cheveux frisés et ça a été mon identité.
03:31Et donc, c'est marrant parce que l'entreprenariat pour moi,
03:33c'est aussi une façon de l'avoir brisé mon plafond de verre parce qu'on en a tous et toutes.
03:38Parfois, les femmes, elles s'en rajoutent un peu.
03:41Du coup, le symbole des cheveux, c'est juste la réappropriation de « en fait, tout est possible
03:47et je vais le faire à ma façon avec mon identité ».
03:49Parfois, on joue un rôle.
03:51On est leader, on a réussi parce qu'on est devenu leader ou manager.
03:57Et donc, on joue des codes qu'on a appris dans les bouquins de management.
04:02Et donc, on reproduit des modèles de management descendant, autoritaire,
04:07contrôlant, top-down et tout ça.
04:10Et je me suis rendu compte que ce code, cette case dans laquelle on nous fait rentrer,
04:15elle n'est souvent pas adaptée à qui nous sommes.
04:18Et donc, moi, ce que j'ai appris, c'est que quand j'ai vendu ma première agence aux Américains,
04:24je me suis raconté une histoire qui était « maintenant que je suis présidente,
04:29j'ai fusionné deux boîtes, il faut que j'incarne la présidente ».
04:34Et donc, je m'étais raconté cette histoire de « il faut que je sois dans l'autorité,
04:39dans cette posture-force, dans la puissance, dans des codes très masculins ».
04:44Je l'ai fait et en fait, ça ne marchait pas du tout.
04:46Le business n'était pas bon, il y avait des démissions, c'était un échec.
04:50Et donc, je suis partie sur les routes de l'Inde pour essayer de faire un peu mon introspection de leader.
04:55Et je suis revenue en disant « je ne peux pas jouer un rôle parce qu'en fait,
04:58quand je joue un rôle, je suis désalignée et donc, je ne suis pas performante ».
05:01Et donc, mon gros enseignement est tiré de mes erreurs, de mes échecs, de mes doutes,
05:07de mes tâtonnements parce que j'ai fait plein d'erreurs.
05:10C'est de dire « on ne peut pas être un leader désaligné ».
05:13Et donc, être leader et notamment quand on est entrepreneur parce qu'on en a beaucoup sur les épaules,
05:17c'est se connaître un peu, savoir qui on ne veut pas être, savoir qui on veut être
05:24et faire en sorte de ne pas jouer de personnage.
05:27Non, j'adorerais dire oui.
05:30Il y a le cap des 50 ans qui m'a permis aussi de me libérer de ça.
05:35Je pense qu'il y a un truc à 50 ans, ce qui est une bonne nouvelle.
05:39Tout ne va pas mal à 50 balais.
05:41Mais à 50 ans, je me suis dit « c'est le premier jour du reste de ma vie,
05:46je veux juste kiffer et il faut que j'arrête ce truc du syndrome de l'imposteur
05:51parce qu'en fait, on se le fait soi-même ».
05:52Le message, c'est aussi de dire aux femmes et je le dis beaucoup à mes équipes,
05:57« prenez votre place ».
05:58Notamment les filles, je leur dis tout le temps « prenez votre place, libérez votre puissance,
06:03allez chercher votre singularité, votre signature
06:07et arrêtez d'essayer de vous conformer à la norme
06:09parce que le syndrome de l'imposteur, il vient aussi de la représentation qu'on se fait
06:13de « où est-ce qu'on m'attend ?
06:14C'est quoi la norme ou la case dans laquelle on va mettre ? »
06:17En fait, c'est cette idée de prendre sa place
06:19et à un moment, quand on prend sa place, il y a une puissance, il y a une énergie,
06:23il y a un charisme, une aura qui arrive.
06:27Et ça, c'est vraiment un message pour les femmes.
06:31Peut-être n'attendez pas d'avoir 50 ans, peut-être.
06:34Ça serait mieux d'en profiter avant.
06:36Est-ce que c'est tabou ? Les gens n'en parlent pas tellement.
06:38Par exemple, j'ai des dirigeants qui méditent,
06:42mais en fait, ils n'osent pas toujours le dire.
06:44J'ai un dirigeant que j'accompagnais qui méditait avant chaque interview,
06:47avant de rentrer en plateau,
06:49mais en fait, il le faisait un peu en cachette.
06:50Donc comme quoi, c'est encore un peu tabou.
06:55En revanche, entre dirigeants,
06:58maintenant, ce qu'ils se disent et ce qu'ils acceptent de dire,
07:01c'est parfois, ce n'est pas facile.
07:03Parfois, c'est difficile.
07:05L'alignement, c'est ce que je fais correspond à ce que je suis.
07:09Quand on n'est pas aligné,
07:11je pense que quand on fait le bilan à la fin de sa vie,
07:14ce n'est pas top.
07:17C'est le fait d'avoir contribué à quelque chose.
07:20Je porte une cause qui est plus grande que moi
07:23et j'ai conscience que parce que je suis dirigeant,
07:27j'ai une puissance, j'ai une influence, j'ai des réseaux.
07:31Ça, il faut que j'en fasse quelque chose.
07:33Et c'est quelle société j'ai envie de laisser à mes enfants ?
07:36Et cette puissance et cette influence,
07:39ce n'est pas juste pour bien gagner ma vie
07:41ou pour emmagasiner des choses,
07:45mais c'est pour laisser quelque chose
07:46et être plus dans la générosité et le give back.

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